Le Congrès de Vienne
Si tout le monde est insatisfait, le Congrès a fait du bon travail.
Les résultats
Le 9 juin 1915 (neuf jours avant Waterloo), le Congrès de Vienne arrive à son terme. Les but vers lesquels il tendait, à savoir
la restauration de l'équilibre politique tel qu'il était en 1792 (c'est à dire avant la première Coalition), grâce à la solidarité des monarques régnants et à leur intérêt commun à réprimer les influences révolutionnaires et libérales,
se préserver d'éventuelles nouvelles entreprises de la France, en créant un ensemble d'États indépendants secondaires, l'entourant à la manière d'un "cordon sanitaire"
sont atteints. L'Acte Final du Congrès, qui comporte 121 articles, instaure l'équilibre entre les cinq grandes puissances, qui commencent d'abord par se répartir "le butin" (les réarrangements territoriaux sont l'objet de la majorité des articles de l'Acte: articles 1 à 107)
l'Angleterre conserve les colonies conquises sur la Hollande et la France (Trinité, Tobago, Sainte-Lucie, Maurice), le roi d'Angleterre récupérant son royaume personnel du Hanovre; elle s'assure des bases navales stratégiques (Héligoland, Malte).
la Russie gagne, par le quatrième partage de la Pologne ce que l'on a appelé la Pologne du Congrès (incluant la capitale Varsovie), qui se voit dotée d'une Constitution, et devient par là même une puissance continentale (articles 1 à 14). Elle garde la Finlande (prise aux suédois en 1809) et la Bessarabie (prise aux turcs en 1812)
l'Autriche (articles 93 à 95) renonce à ses possessions des Pays-Bas (la Belgique), mais obtient en échange la Galicie, le Milanais et la Vénétie (qui vont former le royaume lombardo-vénitien), ainsi que le Tyrol et la province de Salzbourg;
la Prusse reçoit la plus grande partie de la Saxe, ainsi que les provinces rhénanes et la Westphalie, et la Poméranie suédoise.(articles 15 à 25)
la France, quant à elle, reste dans ses frontières de 1792 (ce sera précisé dans le traité de Paris du 20 novembre 1815).
L'Acte Final du Congrès de Vienne
Les signatures, assortis des sceaux respectifs, apparaissent dans l'ordre alphabétique des noms de pays, en français.
On trouve donc, successivement, les représentants de l'Autriche (Metternich, Wessenberg), de la France (Talleyrand, Dalberg, Noailles), de l'Angleterre (Clancarty, Cathcart, Stewart), du Portugal (Palmella, Saldanha da Gama, Lobo da Silveira), de la Prusse (Hardenberg, Humbolt), de la Russie (Rasumovsky, Stakelberg, Nesselrode), enfin de la Suède (Löwenjelhm)
Les autres remaniements territoriaux sont nombreux:
création d'un royaume des Pays-Bas (Belgique plus les anciennes Provinces-Unies et le Luxembourg), donné à la maison d'Orange (articles 65 à 73);
reconstitution de la Confédération Helvétique (agrandie des cantons de Genève, Neuchâtel, Bâle, Valais), et dont les grandes puissances garantissent la neutralité (articles 74 à 92)
le royaume de Piémont-Sardaigne retrouve Nice et la Sardaigne, acquiert Gênes et la Ligurie.
La question allemande est résolue par la création de la Confédération germanique (conglomérat de 39 États), solution mise au point par Metternich, et dont le but est "le maintien de la sûreté extérieure et intérieure de l'Allemagne, de l'indépendance et de l'inviolabilité des États fédérés." L'empereur d'Autriche est président de droit de la Confédération, mais ne dispose que d'une voix, à égalité avec les autres souverains.
Les articles 53 à 64 qui traite de la Confédération sont en fait les articles 1 à 11 de l'acte fondateur (annexé en original et dans une traduction française), fixant les Conditions Générales, ce qui donne, ipso facto, la garantie des puissances signataires (cet acte fondateur sera en vigueur jusqu'en 1866)
Quant à l'Italie, enfin, elle reste divisée en sept États souverains. Mais l'influence de la cour de Vienne y est prépondérante, soit qu'un prince de Habsbourg y règne (Toscane, Modène, Parme), soit l'Autriche y soit un garant de la souveraineté (États Pontificaux, Naples).
Ajoutons que les articles 108 à 117 traitent de sujets relatifs aux droit des peuples, comme par exemple la libre circulation des bateaux sur les fleuves traversant plusieurs États, mais aussi l'abolition de l'esclavage.
L'Europe d'après le congrès
À cet acte final sont ajoutés différents traités, conventions, etc., qui sont considérés comme en faisant partie intégrante,
1. Le traité entre la Russie
et l'Autriche,
du 21 avril (3 mai) 1815;
2. Le traité entre la Russie et la Prusse, du 21 avril (3 mai) 1815;
3. Le traité additionnel relatif à Cracovie, entre l'Autriche, la Prusse et la
Russie, du 21 avril (3 mai) 1815;
4. Le traité entre la Prusse et la Saxe, du 18 mai 1815;
5. La déclaration du Roi de Saxe sur les droits de la maison de Schoenberg, du 18
mai 1815;
6. Le traité entre la Prusse et le Hanovre, du 29 mai 1815;
7. La convention entre la Prusse et le grand-duc de Saxe-Weimar, du 1er juin 1815;
8. La convention entre la Prusse et les ducs et prince de Nassau, du 31 mai 1815;
9. L'acte sur la constitution fédérative de l'Allemagne, du 8 juin 1815;
10. Le traité entre le roi des Pays-Bas et la Prusse, l'Angleterre, l'Autriche et
la Russie, du 31 mai 1815
11. La déclaration des Puissances sur les affaires de la confédération
helvétique, du 20 mars, et l'acte d'accession de la diète, du 27 mai 1815;
12. Le protocole du 29 mars 1815, sur les cessions faites par le roi de
Sardaigne au
canton de Genève;
13. Le traité entre le roi de Sardaigne, l'Autriche, l'Angleterre, la Russie, la
Prusse et la France, du 20 mai 1815;
14. L'acte intitulé Conditions qui doivent servir de bases à la réunion des
États de Gènes à ceux de S.M. Sarde;
15. La déclaration des Puissances
sur l'abolition de la traite des nègres,
du 8 février 1815;
16. Les règlements pour la libre navigation des rivières;
17. Le règlement sur le rang entre les agents diplomatiques,
Il est intéressant de noter que c'est Talleyrand qui fut à l'origine de ce dernier "Règlement de Vienne (19 mars 1815)", qui, complété par les décisions du congrès d'Aix-la-Chapelle (1818) sera en vigueur...jusqu'en 1961 !