Consulat - Premier Empire
Les armées

La bataille d'Austerlitz

La Grande Armée (5)

L'organisation


L'organisation générale suit le schéma: corps d'Armée, division, brigade, régiment, bataillon, compagnie (escadron). A Austerlitz, ce seront essentiellement les corps d'Armée 3 (Davout), 4 (Soult) et 5 (Lannes) qui vont participer à la bataille.

La base de l'armée, c'est, bien sûr, le fantassin, qui va bientôt devenir le grognard, célébré par Rostand:

Et nous, les petits, les obscurs, les sans-grades
Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades,
Sans espoir de duchés ni de dotations;
Nous qui marchions toujours, et jamais n'avancions."

Les régiments d'infanterie comprennent chacun deux bataillons, eux mêmes subdivisés en 5 compagnies, lesquelles comprennent également 5 escadrons. On y trouve: les grenadiers, les fusiliers, les voltigeurs et l'infanterie légère. Ils sont vêtus de bleu: c'est d'ailleurs la couleur dominante de toute la Grande Armée, depuis la Révolution.

Capitaine Coignet:

"Quand nous étions sous es armes, nous portions l'habit bleu à revers blancs, échancré sur le bas de la poitrine, la veste de bazin blanc, la culotte et les guêtres de même... En petite tenue, nous avions le frac bleu, la veste de bazin blanche, la culotte de nankin et les bas de coton blanc uni.(..) Nous étions magnifiques."

Comme ses camarades, il porte avec lui le fusil modèle 1777, à peine modifié, pesant 4 kg 375, dont la manœuvre est lente: la vitesse d'un tireur exercé est de deux coups par minute. Et encore: le silex rate une fois sur quinze. Le tir est précis entre 100 et 200 mètres, voire efficace jusqu'à 500, mais alors le soldat tire au jugé. Une baïonnette de 56 cm complète le fusil. En tout, notre brave fantassin porte environ 25 kilos, auxquels s'ajoutent de menues choses pour le campement:

"Nous sur lesquels pendant dix-sept ans, songez-y
Sac, sabre, tourne-vis, pierre à feu, fusil,
- Ne parlons pas du poids toujours absent des vivres! -
Ont fait le doux total de cinquante-huit livres !"

tonitrue encore Flambeau.

La cavalerie est partagée en cavalerie légère (hussards, chasseurs à cheval) et cavalerie lourde (cuirassiers, carabiniers, dragons), dont la fonction est d'éclairer les armées, d'intervenir ponctuellement, souvent d façon décisive et, enfin, de parachever la victoire en poursuivant l'ennemi vaincu. Ici, on ménage l'élégance, on est pas loin des fastes de l'Ancien Régime, d'où une grande diversité des tenues. A Austerlitz, c'est Murat qui conduit les cuirassiers d'Hauptoul et de Nansouty, les dragons de Walther et Beaumont, les chasseurs de Milhaud et Kellermann. Napoléon les déploiera efficacement dans la petite plaine s'étendant devant le Santon.

Quant à l'artillerie, l'arme savante et chérie de Napoléon, qui ne peut oublier ses premiers lauriers de Toulon, elle comprend des régiments à pieds et à cheval, complétés par des bataillons du train et du génie. Elle utilise le canon Gribeauval, système An XI. On utilise le boulet plein, les boites à mitraille remplies de 42 balles de fonte, ou encore des obus creux chargés de poudre et pourvus d'une fusée à mèche. On engage le tir à 600 mètres, qui demeure satisfaisant jusqu'à 1200; la précision est très relative de 1500 à 1800 m; au delà les tirs sont très hasardeux. La cadence st de trois coups par minute, avec du personnel bien entraîné. Détail très important, l'artillerie est organisée au niveau du corps d'armée, de façon à en permettre une utilisation plus rapide et plus ponctuelle, la réserve générale d'artillerie étant constituée de l'artillerie de la Garde. La batterie de 18 pièces commandée par Cafarelli, sur le Santon, fera merveille.

La garde

La garde Impériale ! Formellement établie le 18 mai 1804, de la fusion de la garde du Directoire  et de celle du Corps Législatif, c'est une véritable armée d'élite dans les mains de l'Empereur. Composée, en cette année 1805 d'environ 5000 hommes, elle comprend un régiment de grenadiers à pied, un régiment de chasseurs à pied, un régiment de grenadiers à cheval et une compagnie d'artilleurs à cheval. Tous ses membres sont triés sur le volet: 1 m 80 au moins sous la toise, 10 ans de service au minimum, excellents sujets, quitte à être illettrés (comme le sera longtemps Coignet9, mais cela ne jouera qu'au niveau de leur avancement.

Cette Garde, lorsqu'elle défile en tenue d'apparat, ne laisse pas d'impressionner. Un témoin ira jusqu'à dire:

"C'est un des plus étranges et magnifiques spectacles de l'Univers !"

Cette Garde, que l'Empereur chérira jusqu'à Sainte-Hélène, il l'utilisera comme une véritable armée de réserve. A Austerlitz, elle ne jouera qu'un rôle effacé.

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