Consulat
Premier Empire

Campagnes

2 décembre 1805

La bataille d'Austerlitz


Postface

Léon Tolstoï - Portrait de Pasternak - Musée d'Orsay (RMN)Sur la montagne de Pratzen, gisait le prince André Bolkonski, à ce même endroit où il était tombé, la hampe du drapeau dans la main....Il perçut le piétinement de chevaux qui s'approchaient, et le son de voix qui parlaient français...

Ces cavaliers n'étaient autres que Napoléon et deux aides de camp. Bonaparte (...) examinait les morts et les blessés qui restaient sur le champ de bataille. < Les munitions des pièces de position sont épuisées, Sire > dit à ce moment l'aide de camp qui arrivait des batteries qui tiraient sur Ujezd. < Faîtes avancer la réserve > dit Napoléon, et , s'éloignant de quelques pas, il s'arrêta près du prince André qui était couché sur le dos, avec la hampe du drapeau près de lui. < Voilà une belle mort > dit-il en regardant Bolkonski.

Le prince André compris que des paroles étaient dîtes par Napoléon et se rapportaient à lui (...) Il savait que c'était son héros, Napoléon, mais à ce moment, Napoléon lui semblait un homme si petit, si minime en comparaison de ce qui se passait entre son âme et ce haut ciel infini où couraient des nuages !... Il rassembla toutes ses forces, pour remuer, émettre un son. Il agita faiblement la jambe et poussa un gémissement faible, maladif...

< Ah, il vit > dit Napoléon. < Enlevez ce jeune homme et conduisez-le à l'ambulance>. Puis Napoléon partit plus loin, à la rencontre du maréchal Lannes, qui, soulevant son chapeau, s'approchait de l'Empereur et le félicitait de la victoire.

.....Le prince André, ainsi que les autres malades désespérés fut abandonné aux soins des habitants du pays.

Leon Tolstoï, Guerre et Paix.


Philippe Paul, comte de Ségur (1780-1873) - Portrait de Gérard - Château de Versailles (RMN)Vers quatre heures, la bataille était finie; il n'y avait plus qu'à poursuivre et à ramasser des débris épars et en déroute. L'Empereur en donna l'ordre. Il adressa plusieurs mots heureux aux officiers et aux soldats près desquels il se trouvait; puis, quittant les lacs, il revint de notre droite à notre gauche, jusque sur la route d'Olmutz. Dans ce trajet sur toute la ligne de bataille jonchée de blessés, comme il s'arrêtait à chacun d'eux, la nuit le surprit. Le brouillard du matin retombait alors en pluie glacée et augmentait l'obscurité. Il recommanda le silence, afin de pouvoir entendre les gémissements de nos malheureux soldats mutilés; lui-même allait les secourir, leur faisant donner, par Yvan et son mamelouk, l'eau de vie de sa cantine.

Enfin, vers dix-heures du soir, arrivé ainsi, de blessé en blessé et presqu'à tâtons, sur la route d'Olmutz, au point où s'embranche celle d'Austerlitz, il y passa la nuit dans la pauvre maison de poste de Posorsitz...

Ségur, Histoire et Mémoires .

FIN