Mars 1800
Paris, 1er mars 1800
Au général Moreau, commandant en chef l'armée du Rhin
Le ministre de la guerre vous aura instruit, Citoyen Général, de l'organisation que je souhaite que vous donniez à votre armée, pour qu'elle se trouve à même de remplir tous les objets que je désire obtenir dans la campagne prochaine.
Votre e chef d'état-major, ou le général Lecourbe, que le ministre de la guerre vous demande à Paris, vous reportera les idées précises de ce que je désire faire. Il n'est pas impossible, si les affaires continuent à bien marcher ici, que je ne sois des vôtres pour quelques jours.
La Vendée continue à bien aller. Les Anglais font toujours, aux îles, des dispositions qui nous obligent de laisser une grande partie des forces de ce coté.
D'ailleurs, quoique la Vendée soit pacifiée, et que j'attende demain georges, que le désarmement soit presque terminé, il ne m'est pas possible, cependant, d'ôter davantage que 12 ou 15,000 homms.
Je prépare une bonne division de demi-brigades qui n'ont ppoint fait la guerre l'année dernière, et qui pourront donner un bon coup de collier.
Je désire que Lemarois aille dans les parties où n'a pas été Duroc, et spécialement au Saint-Gothard.
Paris, 1er mars 1800
Au général Lefebvre, commandant supérieur des 14e, 15e et 17e divisions militaires, à Paris
Je vous prie, Citoyen Général, de donner les ordres nécessaires pour réunir le plus promptement possible, tous les détachements de la 43e et de la 96e demi-brigade, du 8e et du 9e de dragons, et du 19e de hussards. Faites-moi connaître ce qui manque à ces divers corps pour entrer bientôt en campagne, mon intention étant d'en former la première division de l'armée de réserve, et de les faire partir le plus tôt possible. Incorporez des conscrits dans les deux demi-brigades désignées ci-dessus, afin de les porter à 3,000 hommes.
Je vous invite également à faire préparer une batterie d'artillerie légère et une division d'artillerie à pied, composée de quatre pièces de 8 et de deux obusiers, avec les attelages nécessaires.
Paris, 2 mars 1800
Au citoyen Lucien Bonapartem ministre de
l'Intérieur
Le ministre de la guerre me rend compte, Citoyen Ministre, que les départements de la
Charente et de la Corrèze sont les seuls qui n'aient point commencé la levée des
chevaux qui est déjà presque terminée dans un grand nombre de départements. Je vous
prie de faire connaître aux administrateurs de ces deux départements que je suis
mécontent de cette négligence, et de m'envoyer leur nom et celui des commissaires près
ces administrations.
Paris, 2 mars 1800
ARRÊTÉ
Les Consuls de la République, voulant prononcer sur le sort des Francais qui, les premiers, reconnurent et proclamèrent, à l'Assemblée constituante, les principes de l'égalité, arrêtent ce qui suit:
ARTICLE ler - Les membres de
l'Assemblée constituante inscrits sur la liste des émigrés présenteront au ministre de
la police générale des attestations authentiques qui constatent qu'ils ont voté pour
l'établissement de l'égalité et l'abolition de la noblesse, et qu'ils n'ont, depuis,
fait aucune protestation ou aucun acte qui ait démenti ces principes.
ART. 2. - Le ministre de la police générale enverra au ministre de la justice, avant le
1er germinal prochain, l'état des réclamations et les titres de chacun des individus qui
croiront avoir droit à l'application de cet arrêté; ces réclamations seront soumises
à l'examen de la commission créée par l'arrêté du 7 de ce mois, et ensuite
présentées à la décision définitive des Consuls, conformément au même arrêté.
ART. 3. - Les membres de l'Assemblée constituante qui obtiendront leur radiation, en
exécution du présent, rentreront dans la jouissance de ceux de leurs biens qui
n'auraient pas été vendus; mais ils ne pourront prétendre à aucune indemnité pour
ceux qui se trouveraient aliénés.
ART. 4. - Les ministres de la justice et de la police générale sont chargés, chacun en
ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré au Bulletin
des lois.
Paris, 2 mars 1800
Au général Brune, commandant en chef l'armée de l'Ouest
J'ai reçu, Citoyen Général, votre lettre du 7. Ni votre aide de camp ni Georges ne sont encore arrivés. Vous avez 7,000 fusils; j'espère qu'en cet instant vous aurez complété le nombre que je vous ai demandé.
Les Russes sont, au moment actuel, en Pologne. Il sera décidé dans quinze jours si la campagne s'ouvrira ou non; et, en cas que nous devions la faire, j'ai de très-vastes projets. Une armée de réserve, que je vais former et dont je me réserverai le commandement et dans laquelle vous serez employé, doit être composée des 40e, 58e, 6e légère, 60e, 22e demi-brigades. Ces cinq demi-brigades sont à votre armée. Si les événements le permettent, faites-les partir dans la décade prochaine, en en formant deux divisions. Fournissez à chaque division six pièces d'artillerie. A l'une vous attacherez le 22e de chasseurs, et à l'autre le 2e de chasseurs. Dirigez-les sur Dijon. Faites-les marcher par division ; c'est le meilleur moyen pour qu'il n'y ait pas de désertion. Passez-en la revue et faîtes-moi connaître l'état de leurs besoins et leur nombre. Mettez leur solde à jour. Nantes doit pouvoir vous offrir quelques ressources en capotes, souliers, etc.
Faites commander les divisions ci-dessus par un très-bon général de brigade et un bon adjudant général.
Je fais partir de la 17e ou 14e division militaire la 24e légère, la 43e et la 96e, ainsi qu'une douzaine d'escadrons. Cette division part également primidi pour former l'armée de réserve.
Envoyez au ministre de la guerre l'ordre
de route que vous donnerez à vos divisions, afin de savoir où les prendre pour les
diriger
sur les points précis quelles devront oceuper.
Faîtes-moi connaître si vous croyez qu'il y ait possibilité d'ôter d'autres troupes de l'Ouest, et dans ce cas, quels seront les corps les plus propres à faire la grande guerre.
Ce mouvement doit vous faire sentir
combien il est nécessaire d'activer toutes les mesures. L'herbe va bientôt
commencer à croître, et
l'heure de l'ouverture de la campagne va sonner.
Quand vous aurez fait votre tournée et pris une partie des mesures qui vous paraîtront nécessaires, je vous ferai connaître la ville sur laquelle vous pourrez diriger vos équipages, et de votre personne vous pourrez venir passer une dizaine de jours à Paris. Voici, à ce que je pense, ce qu'il vous reste à faire:
1° Avancer davantage le désarmement,
surtout dans les Côtes-du-Nord et l'Ille-et-Vilaine.
2° Envoyer en surveillance, dans différentes communes de France, une soixantaine
de chefs les plus dangereux parmi les chouans. Je ne me refuserai pas à faire passer les
secours que vous devez accordez à ceux qui n'auraient pas de moyens d'exister.
3° Donner un mouvement pour faire rejoindre la masse de conscrits.
4° Commencer l'organisation des trois bataillons francs. Il fandrait qu'ils pussent
sortir le plus tôt possible de l'Ouest, et achever soit à Dijon, soit à Troyes, etc.,
leur entière formation.
5° Commencer l'organisation de la gendarmerie à pied, que j'ai ordonnée pour ces
départements. Je donne l'ordre au général Wirion de se rendre à votre quartier
général pour cette organisation et 1a réorganisation de la gendarmerie à cheval.
Paris, 2 mars 1800
Au général Berthier, ministre de la guerre
Vous voudrez bien, Citoyen Ministre, donner l'ordre au général brigade Wirion de se rendre sur-le-champ au quartier général du général en chef Brune, afin de se concerter avec lui, tant pour la réorganisation de la gendarmerie à cheval des départements de lOuest, que pour l'organisation de la endarinerie à pied, que j'ai ordonné qu'on y étabit. Il sera utile que, dans l#instruction que vous remettrez au général Wirion, il puisse trouver assez de latitude pour écarter tous les obstacles de détail. La marche qu'il a suivie pour la gendarmerie des quatre départements réunbis me paraît devoir être adoptée, sauf les modifications que vous jugerez convenables et que fait naître la nouvelle organisation civile.
Paris, 2 mars 1800
Au général Hédouville
J'ai lu avec intérêt, Citoyen Général, l'ordre que vous avez donné pour le désarmement; suivez-le avec la plus grande activité, car c'est sur cela, et sur cela seul, que nous pouvons compter. Le moment va arriver où je serai obligé d'extraire un corps considérable de l'armée de l'Ouest. D'un autre côté, la saison des débarquements s'avance. Il faut profiter du temps actuel pour consolider la tranquillité. Faites-moi connaître si vous vous occupez de la levée du bataillon franc, afin de débarrasser la division des vagabonds qui peuvent s'y trouver.
Tâchez de faire arrêter les nommés Chandelier et Charles. Ce sont deux scélérats couverts de tous les crimes.
Paris, 3 mars 1800
Au citoyen Lucien Bonaparte, ministre de l'Intérieur
Je désirerais, Citoyen Ministre, que vous engagiez les citoyens Lebrun et Rouget del'Isle à faire un Hymne aux combats sur un air connu, tel que celui de la Marseillaise ou du Chant du départ. Il faudrait que cet hymne contint des choses qui pourraient s'appliquer à toutes les circonstances de la guerre, et y mettre l'idée que, chez les grands peuples, la paix vient après la victoire.
Au général Berthier, 3 mars 1800
Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, un arrêté pour la formation de l'armée de réserve. Vous tiendrez la totalité de cet arrêté secret, en prévenant cependant tous les individus qui y sont nommés de se préparer à partir, et en prenant toutes les mesures nécessaires pour réunir à Dijon, les subsistances indispensables pour l'approvisionnement de cette armée. Son quartier général sera à Dijon, et le parc d'artillerie à Auxonne.
Vous regarderez sans doute comme
nécessaire de diriger le plus tôt possible sur Dijon 100,000 paires de souliers, 40,000
habits ou
capotes et autres effets d'habillement.
Faites réunir chez vous ordonnateur et
les différents commandants d'armes, pour que chacun vous présente l'organisation de son
arme.
Vous pourrez faire faire à Auxonne les traîneaux que je vous avais demandé de faire à Grenoble.
Paris, 4 mars 1800
À l'amiral Mazarredo, général en chef de la flotte de Sa Majesté Catholique, à Brest
J'ai reçu la lettre du 10 ventôse an VIII que vous m'avez fait l'hinneur de m'écrire, et la note qui y était jointe. Une réflexion me frappe en lisant le plan qui y est développé, celle du danger de laisser aller jusqu'à Malte douze vaisseaux français seuls. Cette force ne vous parait-elle pas insuffisante ? En effet, les Russes et les Anglais combinés peuvent réunir environ vingt-quatre vaisseaux et les rassembler devant Malte. Ils seraient évidemment en mesure d'exécuter ce mouvement, puisqu#ils seraient sur-le-champ avertis par des courriers extraordianires, expédiés par terre, de la sortie de la flotte de Brest, et qu'ils auraient conséquemment le temps de se disposer à s'opposer à ses succès.
Quant à la réunion de la division du Ferrol, ne pensez-vous pas, Monsieur, que les fausses routes ou les heures perdues décident, à la mer, des succès dees campagnes, et qu'il est préférable de ne pas perdre une heure à attendre la division du Ferrol pour accomplir, dès l'abord, l'objet qu'on a en vue ?
Dès l'instant que l'escadre combinée aura dépassé la hauteur du Ferrol, vous pourrez faire filer lesvaisseaux qui sont dans ce port, pour se rendre à Cadix.
Le Premier Consul persiste à désirer que les deux escadres parties de Brest arrivent devant Malte, fassent lever le blocus de cette place, y fassent entrer les approvisionnements que ls escadres peuvent avoir; et, l'instant après cette opération, il ls laisse toutes les deux à la disposition de Sa Majesté Catholique le roi d'Espagne, soit pour Mahon, soit pour tout autre objet. Soit que vous pensiez qu'il faille aller aux îles d'Hyères, ou se diriger sur Minorque, ou bien sur Carthagène, le Premier Consul fera à cet égard tout ce qui pourra convenir à Sa Majesté Catholique.
Le Premier Consul regrette la perte du temps et celle de chaque jour qui s'écoule sans utilité pour la cause commune.
(Par ordre du Preinier Consul
Paris, 4 mars 1800
NOTE POUR LE MINISTRE DE LA MARINE.
On fera publier à Marseille et en Espagne que tous les comestibles, comme blé, vins, eau-de-vie, viande salée et autres vivres qui arriveront à Malte, seront payés par le Gouvernement au double de la valeur, à l'époque et au port de départ, suivant les mercuriales. Il faudra un récépissé des commissaires, visé par le commandant.
Paris, 5 mars 1800
AU SÉNAT CONSERVATEUR
Sénateurs, le Premier Consul, pensant que les places au Sénat doivent être occupées par des citoyens qui ont rendu des services éminents à la République, ou que distinguent des talents supérieurs, vous propose, en conformité de l'article 16 de la Constitution, pour candidat à la place vacante de sénateur, le citoyen d'Arçon (Jean-Claude-Éléonore Le Michaud, chevalier d'Arçon, 1733-1800), l'officier le plus estimé du corps du génie, un des corps militaires les plus considérés de l'Europe.
Paris, 5 mars 1800
Au général Brune, commandant en chef de
l'armée de l'Ouest
Je recois, Citoyen Général, avec votre lettre du 11 ventôse (2
mars), votre arrêté relatif'au citoyen Cossin. (Tàchez qu'il vous paye dans le
mois de ventôse; pour le mois de germinal, c'est bien.) Je viens de l'envoyer an ministre
des finances, pour qu'il me propose l'arrêté à
rendre à ce sujet.
J'ai vu ce matin Georges; il m'a paru un gros Breton dont peut-être il sera possible de tirer parti pour les intérêts mêmes de la patrie.
Les Russes sont aujourd'hui à douze marches de Prague; les voilà en Pologne. Leur départ et l'affaire de la Vendée déconcertent furieusement le cabinet de Saint-James. La première bataille le déconcertera bien davantage.
J'ai vu aussi Chatillon, qui a dîné aujourd'hui avec moi; j'ai été fort content de lui; mais je crois que toujours le meilleur parti à prendre, c'est de désarmer le plus que l'on peut. Je prendrai en considération votre demande pour le général Houdetot : il sera placé comme il le désire.
Tout ici va de mieux en mieux. Les préfets se rendent à leur poste, et j'espère que dans un mois la France sera enfin un État organisé.
Aurons-nous la paix? Aurons-nous la guerre? Cela est encore très-problématique. Quoi qu'il en soit, l'Empereur traite avec nous avec la plus grande gentillesse; les formes sont en sa faveur autant qu'elles étaient contre notre ami Georges.
Il serait possible que vers le 10 germinal (31 mars), je me portasse au Rhin. Faîtes-moi connaître si, indépendamment des cinq demi-brigades que je vous ai demandées par mon dernier courrier, vous pouvez encore disposer d'une ou deux demi-brigades des meilleures, et les diriger sur Dijon, sauf à les faire revenir dans trois mois. Il faut nous résoudre à arpenter la France comme la vallée de l'Adige; ce n'est jamais que le rapport des décades aux jours.
Paris, 5 mars 1800
ARRÊTÉ
Les Consuls de la République arrêtent ce qui suit:
ARTICLE 1. - Il sera établi
sur les hauteurs de Saint-Côme une citadelle capable d'être défendue par 4 ou 500
hommes de garnison et de conserver la communication entre la presqu'île du Cotentin et
l'intérieur de la République, en se rendant maître d'un des passages de la rivière de
la Douve.
ART. 2. Les travaux seront conduits de manière que, vers le commencement de prairial, ce
fort se trouve armé, approvisionné et à l'abri d'un coup de main; qu'au commencement de
fructidor la contrescarpe se trouve entièrement revêtue, et que l'on puisse
successivement, les autres campagnes, le fortifier par des ouvrages avancés, casemates et
tout ce qui peut augmenter sa résistance.
ART. 3. Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Paris, 10 mars 1800
À Talleyrand, (Ministre des relations extérieures)
... Le citoyen Otto (Louis-Guillaume Otto, comte de Mosloy,
1754-1817, diplomate, il rempli alors une mission à Londres) fera sentir ... combien est peu digne de la nation anglaise la
menace d'appesantir le joug des prisonniers français en Angleterre. Serait-il possible
que la tion de Newton
et de Locke s'oubliât à ce point-là? En effet, les prisonniers ne peuvent ni ne doivent
répondre de la conduite de leur gouvernement. Ils sont tout entiers à la générosité
de celui qui les a pris. Ces principes étant ceux du Gouvernement français, il n'imitera
jamais le droit odieux de représailles.
Paris, 19 mars 1800 (28 ventôse an VIII)
À Joseph
M. de Staël est dans la plus profonde misère, et sa femme donne des dîners et des bals. Si tu continues à la voir, ne serait-il pas bien que tu engageasses cette femme à faire à son mari un traitement de mille à deux mille francs par mois? Ou serions nous donc déjà arrivés au temps, où l'on peut, sans que les honnêtes gens le trouvent mauvais, fouler aux pieds non seulement les moeurs, mais encore des devoirs plus sacrés que ceux qui réunissent les enfants aux pères?
Que l'on juge des moeurs de Mme de Staël comme si elle était un homme; mais un homme qui hériterait de la fortune de M. de Necker, qui aurait longtemps joui des prérogatives attachées à un nom distingué, et qui laisserait sa femme dans la misère, lorsqu'il vivrait dans l'abondance, serait-il un homme avec lequel on pourrait faire société?
Paris, 5 mars 1800
Au général Augereau
Commandant en chef l'armée française en
Batavie
Je recois, Citoyen Général, votre, lettre du 7 de ce mois. Schimmelpenninck (Roger
Jean Schimmelpenninck, 1761-1825, ambassadeur à paris de la république batave) , qui sort de chez moi, m'assure que l'affaire du
commandement est terminée, et que le Gouvernement batave a mis sous vos ordres les
troupes bataves, avec quelques exceptions pour la ville de la Haye.
Vous savez combien les gouvernements sont entourés d'intrigues, et combien de gens écrivent ce qu'ils ne savent pas. Restez persuadé que ma confiance en vous est entière, et que c'est avec une bien vive satisfaction que je vois que tout le monde est content de votre conduite en Batavie.
Tout ce que vous ferez pour donner un peu d'impulsion au Gouvernement batave et pour activer ses moyens de défense aura toujours mon approbation.
Schimmelpenninck doit m'envoyer demain un courrier pour réitérer ma demande des deux demi-brigades bataves. Ayez soin qu'elles soient complètes, qu'elles partent dans le mois. Dirigez-les sur Coblentz.
Indépendamment des demi-brigades déjà annoncées, dès l'instant que j'apprendrai le départ des deux demi-brigades bataves, j'en dirigerai deux nouvelles dans la Belgique, où elles seront à même de vous seconder, si vous en avez besoin.
Paris, 5 mars 1800
Au général Masséna, commandant en chef l'armée d'Italie
J'ai recu, Citoyen Général, vos lettres du 5 ventôse (24 février). Toutes les décades l'on fait partir 800,000 francs pour votre armée; cette décade, il en partira 1,300,000.
Je réunis à Dijon, une armée de réserve, dont je me réserve le commandement directement. Je vous enverrai d'ici à huit ou dix jours un de mes aides de camp avec le plan de toutes les opérations pour la campagne prochaine, où vous verrez que votre rôle sera beau et ne dépassera pas les moyens qui sont à votre disposition.
Cependant, si vous craigniez que l'ennemi n'ouvrît la camp avant nous, je ne vois pas dinconvénients que vous rappeliez 2,000 hommes des 6,000 qui sont aux Alpes. Les neiges couvrent le Dauphiné, et d'ailleurs l'armée que je vais rassembler à Dijon sera toujours à même d'y accourir.
Si l'ennemi réunit des forces du côté de la Spezzia, pour attaquer en même temps de ce côté-là, par Novi et par Montenotte ne laissez qu'un corps très-léger au col de Tende : pourdeux mois les neiges le défendent suffisamment, et dailleurs l'ennemi ne peut rien entreprendre sur Nice.
A votre place, pendant ventôse et tout le mois de germinal, j'aurais à Gènes les quatre cinquièmes de mes forces. Ainsi, si la totalité se monte à 50,000 hommes, j'en aurais 40,000 dans les positions qui ont pour appui Gênes; 2,500 dans toutes les Alpes; 1,500 dans Sospello et le col de Tende; 2,500 pour garnison d'Antibes, château de de Nice, château de Vintimille, garnison de Savone; 1500 popur le Tanaro, Ormea, et le reste sur les points de la circonférence, à deux journées de Gênes. Dans cette situation,. je ne craindrais pas que l'ennemi m'enlevât Gênes.
Quant aux mois de floréal et de prairial, ce serait une autre chose; nous aurions pris l'initiative de la campagne, et les instructions que je vous enverrai dans dix jours vous traceront votre conduite.
Le fort de Savone doit être bien approvisionné, et tous vos dépôts doivent pouvoir se replier dedans.
L'armée du Rhin est magnifique, elle a beaucoup gagné depuis votre départ; elle a actuellement 120 000 combattants sous les armes, que l'on réunira sur le même champ de bataille. Ainsi, quand vous aurez 40,000, hommes à Gênes, nous, occupant le Saint-Gothard et le Saint-Bernard, si l'ennemi peut tenter une expédition sur les Alpes.
Si l'ennemi fait la gaucherie de réunir 12,000 hommes dans la Rivière, entre la Spezzia et Gênes, tombez-lui dessus avec toutes vos forces et massacrez-le.
Enfin, je vous le répète, en votre place je trouve votre position belle; tirez-en parti. Ne vous effrayez pas si l'ennemi tend à se mettre sur vos derrières. Abandonnez de suite toutes les positions qu'il veut attaquer, pour vous trouver vous-même avec toutes vos forces sur une de ses ailes.
La Vendée est parfaitement pacifiée.
Souwarov et les Russes sont déjà à quinze marches de Prague. Dieu merci, les voilà en Pologne.
Quels que soient les événements, mettez une bonne garnison dans Gavi, des approvisionnements, un brave homme; recommandez-lui de ne pas se décourager; car, dans tous les cas, nous le dégagerons, fût-ce même par Trente.
Dans les positions que nous occupons, on n'est jamais battu lorsqu'on veut fortement vaincre. Souvenez-vous de nos belles journées! Tombez sur l'ennemi avec toutes vos forces dès qu'il fera quelque mouvement.
Si vous avez bien battu ce qui se présentera par la Rivière du Levant, ce qui viendra ensuite par Montenotte sur Savone le sera également.
L'ennemi, à la manière autrichienne, fera trois attaques; par le Levant, par Novi et par Montenotte : refusez-lui deux de ces attaques, et trouvez-vous avec toutes vos forces sur la troisième.
J'imagine que les forts de Vintimille et de San-Remo sont approvisionnés et armés de manière à pouvoir tenir contre de l'artilleric de campagne et des troupes légères. Au reste, je ne verrais pas de grands inconvénients à ce que vous fissiez sauter le fort de Vintimille.
Paris, 6 mars 1800
Au citoyen Lucien Bonaparte, ministre de l'intérieur
Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, copie de la proclamation qui va paraître. Il est nécessaire que vous fassiez une proclamation pour développer l'article 3. Vous ferez sentir que voilà le moment arrivé de prouver que l'on est digne d'être Français, non par des phrases insignifiantes, mais par des faits.
Aux yeux du Gouvernement, le meilleur patriote, c'est le plus brave. Le plus zélé pour la République est celui qui montre le plus d'empressement à la faire triompher de ses ennemis.
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Je vous prie de tenir secrète la proclamation que je vous adresse
Paris, 6 mars 1800
Au général Berthier, ministre de la
guerre
Vous trouverez ci-joint, citoyen Ministre, copie d'une proclamation qui paraîtra demain
ou après.
Il est nécessaire que vous prépariez:
1°une prolamation
2°une instruction, pour les préfets et commandants des places, sur la manière dont ils
doivent diriger les conscrits sur Dijon;
3° sur la manière dont doivent se former les compagnies de volontaires, surtout les
compagnies à cheval.
En entrant dans ces détails, vous y mettrez:
1° Qu'ils formeront des corps
particuliers et qu'ils auront des officiers particuliers; que, dans aucun cas, ils ne
seront encadrés dans les autres corps;
2° Que, lorsque le Premier Consul quittera l'armée, ils rentreront aussi en
France;
3° Que les extraits d'enrôlement dans un corps de volontaires donnés par les conseils
d'administration, seront les meilleures preuves de civisme qu'eux et leurs familles
puissent fournir;
4° L'état de ce que doit avoir un citoyen qui voudrait faire partie d'un escadron
volontaire: cheval, habillement à la hussarde, sabre, portemanteau, harnachement à
la hussarde, etc.
Il sera donné à tous la subsistance, et la solde à ceux qui, par l état de leur fortune, en auraient besoin.
Vous direz que, pour ceux compris dans l'article 2, auxquel préfets et généraux ne pourraient pas procurer d'habillement et équipement dans le pays, il leur en sera fourni à Dijon.
Vous arrêterez pour les hussards un uniforme qui soit très-beau
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Dans les endroits où les sous-préfets ne seraient pas encore nommés, les citoyens qui voudront s'inscrire le feront aux administrations militaires. Vous engagerez les généraux à seconder, autant que possible, l'inscription de ces citoyens. Je vous prie de tenir la proclamation secrète.
Tous les soldats qui auraient déserté à l'intérieur par une raison de mécontentement quelconque, et qui voudront prouver qu'ils ne l'on font pas fait par lâcheté, devront déclarer, dans les cinq jours de la publication, aux préfets, leur intention de rejoindre, et ils prendront leur route pour Dijon
Paris, 6 mars 1800
Au général Berthier, ministre de la guerre
La 30e demi-brigade a douze officiers piémontais. Mon intention n'est point de faire tort à ces braves gens, qui se sont bien montrés pour la France; mais je désire que vous en placiez une partie dans la légion italique, et que vous répartissiez l'autre partie dans les demi-brigades de la République, un par an
Paris, 7 mars 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Je vous prie, Citoyen Ministre, de mander chez vous, à l'instant même, l'ambassadeur d'Espagne, et de lui remettre la note ci-jointe:
"L'amiral Bruix vient d'instruire le Gouvernement qu'il n'est bloqué dans le port de Brest que par vingt et un vaisseaux anglais; que, lui, il a dix-sept vaisseaux francais dans le meilleur état et parfaitement armés, et que M. de Gravina a quinze vaisseaux espagnols prêts à lever l'ancre; que le Premier Consul trouve humiliant et honteux pour les deux nations d'être bloquées par des forces aussi inférieures; qu'il donne l'ordre par le télégraphe à l'amiral Bruix de sortir sur-le-champ du port pour donner la chasse aux vingt et un vaisseaux anglais; que l'intention de Sa Majesté Catholique, en tenant quinze vaisseaux à Brest, n'a pas été de les rendre inutiles pour l'avantage et la gloire des deux puissances; qu'ainsi le Premier Consul désire que l'ordre soit donné par le télégraphe au général Gravina de seconder la flotte française dans cette sortie. "
Vous lui ferez sentir que, dans la position actuelle militaire et politique de l'Europe, la sortie de ces deux flottes, n'eût-elle pour objet, que de donner la chasse à l'escadre anglaise pendant vingt-quatre heures, aurait pour les deux nations un résultat extrêmement avantageux.
Paris, 8 mars 1800
AUX PRÉFETS DES DÉPARTEMENTS.
Le voeu et l'espoir du Gouvernement, Citoyens, étaient que votre entrée dans l'administration fût marquée par la paix. Ses démarches pour l'obtenir sont connues de l'Europe; il l'a voulue avec franchise; il la voudra toujours quand elle sera digne de la nation.
Et en effet, après des succès qu'avouent ses ennemis, quelle autre ambition peut rester au Premier Consul que celle de rendre à la France son antique prospérité, d'y ramener les arts et les vertus de la paix, de guérir les blessures qu'a faites une révolution trop prolongée, et d'arracher enfin l'humanité tout entière au fléau qui la dévore depuis tant d'années? Tels étaient ses sentiments et ses voeux lorsqu'il signait la paix à Campo-Formio; ils n'ont pu que s'accroître et se fortifier, depuis qu'une confiance honorable l'a porté à la première magistrature et lui a imposé le devoir plus étroit de travailler au bonheur des Français.
Cependant ses désirs ne sont point accomplis. 1
L'Angleterre respire encore la guerre et l'humiliation de la France. Les autres puissances, pour se déterminer, attendent quelle sera notre attitude et quelles seront nos ressources.
Si nous sommes toujours cette nation qui a étonné l'Europe de son audace et de ses succès, si une juste confiance ranime nos forces et nos moyens, nous n'avons qu'à nous montrer, et le continent aura la paix. C'est là ce qu'il faut faire sentir aux Francais, c'est à un généreux et dernier effort qu'il faut appeler tous ceux qui ont une patrie et l'honneur national à défendre. Déployez, pour ranimer ce feu sacré, tout ce que vous avez d'énergie, tout ce que votre réputation et vos talents doivent vous donner de pouvoir et d'influence sur les esprits et sur les coeurs. Portez dans les familles cette juste confiance que le Gouvernement ne veut que le bonheur public, que les sacrifices qu'il demande seront les derniers sacrifices et la source de la prospérité commune. Réveillez dans les jeunes citoyens cet enthousiasme qui a toujours caractérisé les Français; qu'ils entendent la voix de l'honneur et la voix plus puissante de la patrie; qu'ils se remontrent ce qu'ils étaient aux premiers jours de la révolution, ce qu'ils n'ont pu cesser d'être que quand ils ont cru qu'ils avaient à combattre pour des factions. Qu'à votre voix paternelle tout s'ébranle. Ce ne sont plus les accents de la terreur qu'il faut faire entendre aux Français. Ils aiment 1'honneur, ils aiment la patrie : ils aimeront un Gouvernement qui ne veut exister que pour l'un et pour l'autre. Vous trouverez, dans la proclamation ci-jointe et dans l'arrêté qui l'accompagne, tout ce que les Consuls attendent de votre zèle et du courage des Francais.
Paris, 8 mars 1800
PROCLAMATION.
Francais, vous désirez la paix. Votre Gouvernement la désire avec plus d'ardeur encore. Ses premiers voeux, ses démarches constantes ont été pour elle. Le ministère anglais a trahi le secret de son horrible politique. Déchirer la France, détruire sa marine et ses ports, l'effacer du tableau de l'Europe, on l'abaisser au rang des puissances secondaires; tenir toutes les nations du continent divisées, pour s'emparer du commerce de toutes et s'enrichir de leurs dépouilles; c'est pour obtenir cet affreux succès que l'Angleterre répand l'or, prodigue les promesses et multiplie les intrigues.
Mais ni l'or, ni les promesses, ni les intrigues de l'Angleterre n'enchaineront à ses vues les puissances du continent. Elles ont entendu le voeu de la France; elles connaissent la modération des principes qui la dirigent; elles écouteront la voix de 1'humanité et la voix puissante de leur intérêt. Si elles balancent, le Gouvernement, qui n'a pas craint d'offrir et de solliciter la paix, se souviendra que c'est à vous de la cornmander.
Pour la commander, il faut de l'argent, du fer et des soldats. Que tous s'empressent de payer le tribut qu'ils doivent à la défense commune. Que les jeunes citoyens se lèvent. Ce n'est plus pour des factions, ce n'est plus pour le choix des tyrans qu'ils vont S'armer; c'est pour la garantie de ce qu'ils ont de plus cher, c'est pour 1'honneur de la France, c'est pour les intérêts sacrés de l'humanité.
Déjà les armées ont repris cette attitude, présage de la victoire; à leur aspect, à l'aspect de la nation entière réunie dans les mêmes intérêts et dans les mêmes voeux, n'en doutez point, Francais, vous n'aurez plus d'ennemis sur le continent. Que si quelque puissance encore veut tenter le sort dans des combats, le Premier Consul a promis la paix; il ira la conquérir à la tête des guerriers qu'il a plus d'une fois conduits à la victoire. Avec eux, il ssaura retrouver ces champs encore pleins de souvenirs de leurs exploits; mais, au milieu des batailles, il invoquera la paix, et il jure de ne combattre que pour le bonheur de la France et le repos du monde.
Paris, 8 mars 1800
ARRÊTÉ
Les Consuls arrêtent:
ARTICLE 1er. - Le département
qui, à la fin de germinal, aura payé la plus forte partie de ses contributions, sera
proclamé comme ayant bien mérité de la patrie. Son nom sera donné à la principale
place de Paris.
ART. 2. - Tous les anciens soldats qui auraient obtenu leur congé, tous ceux qui,
même faisant partie des compagnies de vétérans, sont encore en état de faire la
campagne, tous les jeunes gens de la réquisition et de la conscription, seront sommés,
au nom de l'honneur, par une proclamation des préfets et des généraux commandant les
divisions, de rejoindre leurs drapeaux avant le 15 germinal. CVeux qui ne seraient
attachés à aucun corps se rendront au quartier général de l'armée de réserve, à
Dijon, où ils seront armés et habillés. Le Premier Consul les passera en revue dans le
courant de germinal.
ART. 3. - Les citoyens français, autres que ceux nommés à l'article 2, qui, dans
cette circonstance extraordinaire, voudront accompagner le Premier Consul et participer
aux périls et à la gloire de la prochaine campagne, se feront inscrire chez les préfets
et sous-préfets. Le minstre de la guerre donnera les ordres nécessaires pour qu'ils
soient formés en bataillons volontaires. Ceux qui auraient le moyen de se procurer des
chevaux seront formés en escadrons volontaires. Ils seront défintivement organisés à
Dijon, et les officiers seront nommés par le Premier Consul.
ART. 4. - Au 20 germinal prochain, les préfets de chaque département enverront au
ministre de l'intérieur l'état des jeunes gens qu'ils auront fait rejoindre, et il en
sera fait un rapport aux Consuls de la République, qui feront proclamer dans toute la
République et à la tête des armées les six départements qui auront le plus fourni,
comme les plus sensibles à l'honneur et à la gloire de la patrie.
Paris, 8 mars 1800
ARRÊTÉ
Les Consuls de la République arrêtent:
ARTICLE ler. - Il sera
créé une armée de réserve forte de 60,000 hommes.
ART. 2. - Elle sera directement commandée par le Premier Consul.
ART. 3. - L'artillerie sera cornmandée par le général Saint-Remy; le parc, par le chef
de brigade Gassendi (Jean Jacques Basilien, comte Gassendi,
1748-1828); le génie, par le premier inspecteur du génie Marescot (Armand Samuel, comte Marescot, 1758-1832. Il va diriger le passage du Grand Saint-Bernard et le siège du
fort de Bard)).
ART. 4. - L'ordonnateur Dubreton remplira les fonctions d'ordonnateur en chef.
ART. 5. - Les différents corps et les conscrits qui doivent composer cette armée se
mettront sur-le-champ en marche pour Dijon; ils seront cantonnés dans les villes à vingt
lieues à la ronde.
ART. 6. - Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Il prendra toutes les mesures pour faire réunir à Dijon tous les objets nécessaires
pour l'armement, l'habillement et l'équipement de l'armée de réserve.
Paris, 8 mars 1800
AUX OFFICIERS MUNICIPAUX
ET NOTABLES
DE LA VILLE D'AMSTERDAM
L'Europe veut la paix, et depuis trois mois les efforts de la République n'ont pas eu un autre but. C'est trop longtemps souffrir des maux que la guerre entraîne; il faut que l'année ne se termine point sans voir enfin l'humanité consolée et le commerce rétabli.
J'ai tout préparé pour rendre la campagne décisive; mais, afin d'en mieux assurer le succès, j'aurais besoin sur-le-champ d'un fonds extraordinaire de 10 ou 12 millions; et, comme dans une cause qui est commune les efforts doivent être réciproques, je m'adresse à vous, Citoyens; je vous envoie le général Marmont, conseiller d'État, et je le charge de vous présenter un plan d'après lequel les avances qui seraient faites par le commerce et les citoyens d'Amsterdam an Gouvernement francais trouveraient la certitude de leur remboursement dans les plus fortes garanties.
Connaissant le bon esprit dont les citoyens d'Amsterdam et leurs magistrats se sont montrés constamment animés, je n'hésite point, dans une circonstance aussi décisive, à réclamer leur zèle; et, comme il n'y a pas un moment à perdre, je supprime tou intermédiaire pour leur adresser des propositions qui, bien loin de froisser aucun de leurs intérêts, leur mériteront une part utile et honorable dans les succès qui pourront être obtenus.
Le général Marmont leur donnera, à cet égard, des assurances qu'ils sauront apprécier et dont je garantis l'effet.
Recevez, Citoyens, l'assurance de ma parfaite estime.
Paris, 8 mars 1800
A l'amiral Bruix
L'amiral Mazarredo, Citoyen Général, a
envoyé au général Gravina l'ordre de sortir pour donner la chasse à l'escadre
anglaise; c'est à
vous à faire le reste.
Je ne cesserai pas de vous recommander ces quatre points:
1°. Passer hors de vue du continent
d'Espagne et de Portugal;
2°. Passer le détroit de nuit, et si vous êtes obligé de le passer dc jour, masquer le
plus possible la direction que vous prendrez;
3°. Naviguer constamment hors des vues des côtes de Sardaigne, de Sicile et d'Afrique ;
4°. Ne pas vous arrêter plus de soixante et douze heures devant Malte.
Cependant, si avec vos 3,000 hommes d'embarqueent, joints aux 3,000 que pourrait fournir l'escadre por ,vingt-quatre heures, et à la garnison vous pouviez prendre les deux régiments à la solde de l'Angleterre qui font le blocus de cette place, ce serait un beau trophée popur votre retour. Toute bataille qui se donnera en présenc de l'escadre française, après le découragement où sera l'ennemi de se voir abandonné de ses forces navales, sera avantageuse. Au reste vous agirez selon les circonstances.
En faisant votre expédition pour l'Egypte, vous y destinerez vos meilleurs marcheurs; et, dans votre retour, faites tout le mal possible au commerce napolitain et impérial.
L'on m'assure que Perrée a eu le bonheur d'entrer dans Malte; cette nouvelle n'est pas certaine.
Si, à votre retour à Malte, la Sardaigne était à nous, vous feriez tooutes les dispositions pour faire passer ce dette île à malte tous les secours possibles.
Mazarredo est ici. Il est très difficile de lui faire entendre une expédition raisonnable. D'ailleurs, il paraît que rien n'est prêt pour l'expédition de Mahon.
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On s'occupe à réunir le plus possible de vivres à Toulon, où trois vaisseaux et deux frégates vénitiennes en sont chargés. Ils lèveront l'ancre dès l'instant qu'on aura de vos nouvelles.
Paris, 9 mars 1800
RÉPONSE AU DISCOURS DES ORATEURS DU TRIBUNAT.
Les Consuls de la République reconnaissent dans ce que vous venez de leur dire le bon esprit qui a animé le Tribunat pendant toute la session.
Toute espérance de paix continentale n'est pas encore entièrement évanouie, et, s'il est hors du pouvoir de la République de réaliser promptement le dernier des voeux que vous venez de manifester au nom du Tribunat, l'union et l'élan de tous les Frauvais leur est un sûr garant que le premier sera remplie
Paris, 10 mars 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Vous ferez connaître, Citoyen Ministre, au citoyen Otto, commissaire du Gouvernement à Londres, que le Gouvernement consentira à l'échange du général Don pour Napper Tandy et ses compagnons, et que, si cela ne convient pas au Gouvernement anglais, le Gouvernement français consentira à l'échange des généraux Hermann, Don et Mack, contre les généraux Colli, Pérignon et Grouchy. Le citoyen Otto fera sentir, par une note séparée, et qui suivra la première de cinq jours, combien est peu digne de la nation anglaise la menace d'appesantir le joug des prisonniers français en Angleterre. Serait-il possible que la nation de Newton et de Locke s'oubliât à ce point-là? En effet, les prisonniers ne peuvent ni ne doivent répondre de la conduite de leur gouvernement. Ils sont tout entiers à la générosité de celui qui les a pris. Ces principes étant ceux du Gouvernement français, il n'imitera jamais le droit odieux de représailles.
Paris, 12 mars 1800
Au cotoyen Lucien Bonaparte, ministre de l'intérieur
Vous voudrez bien, Citoyen Ministre,
faire connaître ma satisfaction aux départements du Nord et de la Seine-inférieure de
l'activité qu'ils ont mise dans la levée du quarantième cheval. Vous me ferez passer
les noms des administrateurs et commissaires de ces deux départements.
Cette opération traîne dans les départements de la Dyle, de Jemmapes et de la
Meuse-inférieure. Prenez, je vous prie, des mesures pour l'activer.
Paris, 12 mars 1800
Au citoyen Lacuée, Conseiller d'État
Je prie le citoyen Lacuée de relire avec attention 1a loi sur la gendarmerie, du 28 germinal an VI, et le règlement du Directoire exécutif qui suivit cette loi, et de me présenter un projet de règlement qui tienne lieu de cette loi.
Le citoyen Lacuée trouvera ci-joint quelques observations qui m'ont frappé en parcourant la loi du 28 germinal.
NOTE
1°. - L'article 149 défend
aux autorités civiles et militaires d'employer la gendarmerie à porter leurs dépêches:
c'est cependant à l'inexécution de cette loi que l'on doit en grande partie
l'inactivité de la gendarmerie.
2°. - Revoir le titre III; il ma paraît qu'un chef de division de gendarmerie, et à
plus forte raison un chef d'escadron et un capitaine, n'a pas le droit de réunir
plusieurs brigades sans une réquisition. Il faut réformer ce titre. Les officiers de
gendarmerie doivent avoir le droit de réunir les brigades pour escorter les diligences,
faire des battues sur les chemins, dans les boiss, et dresser des embûches aux brigands:
opérations qui ne se peuvent faire qu'avec le secret de l'organisation militaire; ils
doivent pouvoir aussi se trouver aujourd'hui dans un canton, et le lendemain à dix
lieues.
3°. - Il y aura près du ministre de la police un chef de division de gendarmerie qui
pourra, si cela est nécessaire, avoir le grade d'adjudant général ou de général de
brigade, lequel sera chargé de la correspondance avec tous les chefs de division, et de
rédiger, tous les cinq jours, un extrait de cette correspondance et des bulletins et
procès-verbaux.
4°. - Les chefs de division de gendarmerie doivent avoir le droit de réunir toute la
gendarmerie dans un département qui en aurait besoin.
5°. - Faire un titre pour l'escorte des diligences, courriers de malle et circulation des
deniers publics.
6°. - Établir la gendarmerie à pied, au lieu de la gendarmerie à cheval, dans les pays
montagneux, et, dans les pays coupés, diminuer la gendarmerie à cheval et augmenter la
gendarmerie à pied.
7°. - Présenter un tableau de comparaison de ce que coûte une compagnie de gendarmerie
à cheval, avec une compagnie de gendarmerie à pied.
Paris, l2 mars 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Je vous prie, Citoyen Ministre, d'expédier un courrier extraordinaire au citoyen Alquier, et, comme cette dépêche renfermera des détails militaires, de l'écrire en entier de votre main.
Vous ferez connaître au citoyen Alquier la note que vous avez écrite à M. Muzquiz (Ambassadeur de l'Espagne en France), motivée sur la nécessité de donner la chasse an petit nombre de vaisseaux anglais qui sans cesse viennent nous narguer jusque sous les batteries de Brest. Il est donc possible qu'à l'heure qu'il est les deux escadres soient sorties.
Si cette sortie réussit et que l'escadre anglaise prenne chasse devant les escadres combinées, la circonstance sera on ne peut plus favorable pour remplir les voeux de Sa Majesté Catholique, de ramener la guerre dans la Méditerranée.
Dans ce cas, le Premier Consul désirerait pouvoir, 1° débloquer Malte, 2° reprendre Mahon.
Il faudrait que les six vaisseaux qui sont au Ferrol, les quatre qui sont à Cadix et les troupes destinées à l'expédition de Mahon se trouvassent prêtes afin que, dès l'instant que les deux escadres auraient, par leur entrée dans la Méditerranée, éloigné les escadres ennemies, on pût se porter à Mahon.
Les deux escadres réunies, après avoir fait passer des secours à Malte, manoeuvrerait de manière à protéger l'expédition de Mahon et à contenir les forces ennemies qui pourrraient venir dans la Méditerranée.
Il est nécessaire de faire sentir au ministère espagnol la grande confiance que le Gouvernement français a dans M. Gravina, surtout pour l'exécution.
Paris , 12 mars 1800
ARRÊTÉ.
Article 1er. - Le général
du génie Dejean (Jean-François-Aimé,
comte Dejean, 1749-1824. En juin il sera chargé de veiller à l'exécution de la
convention d'Aleessandria. Il sera plus tard ministre de l'administration de la guerre), conseiller d'État, partira dans la journée de
demain pour se rendre à Brest, à Lorient et Quiberon.
ART. 2. - Il inspectera, dans le plus grand détail, le génie, l'artillerie et le magasin
des vivres.
ART. 3. - Il ordonnera aux Directeurs les travaux qui sont nécessaires. Il prendra des
notes sur le général commandant à Brest, sur les officiers de son état-major, sur les
officiers employés dans le génie et l'artillerie.
ART. 4. - Il conférera avec l'ordonnateur, le commandant de armes et le général
commandant, afin de s'assurer si les mesures sont prises pour, en cas de descente des
Anglais, mettre le port et la ville de Brest en état de résister jusqu'à l'arrivée des
secours.
ART. 5. - Il nommera un état-major pour chaque fort, et laissera les instructions
nécessaires pour que les ouvriers de l'arsenal, les troupes de la marine et de terre,
soient organisés et distribués pour la défense de la place.
ART. 6.- - Il rassurera si les travaux ordonnés au fort Penthièvre sont achevés.
ART. 7. - Il prendra tous les renseignements sur l'esprit qui anime les ouvriers, soldats
et la garde nationale, et leur fera connaître que le Gouvernement s'occupe sans relâche
de subvenir à leurs besoins. Il sera de retour, au plus tard, au 15 germinal.
ART. 8. - Il se comportera avec la prudence nécessaire pour ne donner aucune espèce
d'alarme.
ART. 9. - Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Paris, 12 mars 1800
Au général Brune, commandant l'armée de l'Ouest
Je recois, Citoyen Général vos lettres du 19 ventôse (10 mars). Faites votre possible pour que le bataillon de la 58e ne s'embarque pas et qu'il se rende sur-le-champ à Dijon.
Vous savez combien les mots font aux soldats: ainsi faites connaître aux différentes demi-brigades qu'elles composent la 2e et la 3e division de l'armée de réserve.
Vous aurez recu l'ordre du ministre de la guerre de faire partir la 19e légère. Cependant, si les deux bataillons de la 9e légère étaient plus sous votre main, vous pourriez les faire partir en place.
Envoyez-moi l'ordre de route de vos différentes troupes, afin que je sache où elles couchent chaque jour.
Je désire avoir une division de réserve à Rennes. Il me parait que c'est le point central d'où elle se peut porter dans la Manche, à Brest ou à Quiberon. Je désirerais que cette division fût composée d'une demi-brigade légère et de quatre de ligne, d'un parc de douze pièces d'artillerie, dont quatre à cheval, et de quelques escadrons de cavalerie. Il faudrait que cette division restât toujours réunie et cantonnée dans un cercle de dix lieues de Rennes. Donnez, pour la commandr un général de division qui ait fait la grande guerr et deux généraux de brigade et un adjudant général.
On emploierait les deux mois qui restent d'ici à la fin de mai à armer, recruter et exercer cette division, de manière qu'elle pût être le point d'appui autour duquel se grouperaient les gardes nationales et les troupes dispersées dans l'intérieur, pour repousser une descente. Choisissez les meilleurs corps, ceux qui n'auraient pas fait la campagne passée, pour composer cette division. Que ces 15,000 hommes soient dans le cas d'en battre 30,000.
Je passe, le 25 (16 mars), la revue des 24e, 43e, 96e, qui forment la 1ère division de l'armée de réserve, avec 3,000 hommes de cavalerie et dix-huit pièces d'artillerie. Cela fera 13,000 hommes qui partent le lendemain.
Donnez le mouvement pour que vos départements fournissent promptement les chevaux qu'ils doivent pour la levée du quarantième.
J'espère avoir, le 10 germinal (31 mars), à Dijon, 50,000 hommes.
Il parait que, dans la Mayenne, le désarmement ne va pas aussi bien qu'on pourrait le désirer.
Le ministre de la guerre donne l'ordre pour que le général Béthencourt remplace le général d'Arnaud, qui me paraît beaucoup trop lent.
Profitez du moment d'enthousiasme que peuvent produire les dernières proclamations, pour faire partir les bataillons que vous avez formés dans le pays. Il est possible qu'ils vous suivent avec plaisir.
Si nous avons la guerre, j'espère que nous nous en tirerons très- brillamment; si nous avons la paix, les puissances étrangères seront convaincues que nous étions dans le cas de les y forcer.
J'aurais bien désiré qu'avant de venir ici vous eussiez pu jeter un coup d'ceil sur Brest, parler aux matelots, et vous assurer par vous- même si les forts de cette ville, la garnison, l'état-major, sont organisés de manière à nous ôter toute inquiétude. Vous y feriez les changements que vous croiriez nécessaires.
Paris, 12 mars 1800
Au général Moreau, commandant en chef l'armée du Rhin
Le ministre de la guerre, Citoyen Général, vous aura envoyé la proclamation et la création de l'armée de réserve. Elle ne sera pas sur le papier. Le 26 (17 mars), la 1ère division part de Paris. Elle est composée des 24e, 59e, 96e et 43e, faisant 9,000 hommes, avec douze pièces d'artillerie et quatre régiments de hussards et de dragons, faisant 15,000 hommes.
A 1'heure qu'il est, la 2e division, composée des 6e légère, 22e et 40e de ligne et de six pièces de canon, doit être partie de Nantes. La 3e division part également de Nantes dans la décade; elle est composée des 19e légère, 58e et 60e de ligne et six pièces d'artillerie.
Toutes ces demi-brigades sont à 2,500 hommes et seront, arrivées à Dijon, à 3,000.
Tout cela marche en colonne et ensemble. Aussi j'espère qu'avant le 15 germinal (5 avril) nous aurons près de 50,000 hommes à Dijon.
La 4e division se forme à Paris ; elle ne sera prête que dans première décade de germinal.
J'imagine que Dessolle (Jean-Joseph Dessolle, 1767-1828) arrivera demain. Masséna a dû concentrer sur Gênes toutes les forces qui étaient sur les Alpes. Il a 40,000 hommes ; s'il joue bien, qu'il ne se fasse pas de craintes chimériques, il ne doit pas craindre 60,000 hommes ; et, pour que l'ennemi ait 60,000 hommes d'infanterie en bataille contre lui, il faut qu'il en ait au moins 90,000 dans son armée, tant pour tenir garnison dans ses places que pour le corps d'observation à Bellinzona et à Milan et 90,000 hommes d'infanterie supposent l20,000 hommes, en y joignant la cavalerie et l'artillerie. Ni l'une ni l'autre ne peut, vous le sentez, faire grand'chose dans la Rivière de Gênes.
Au reste, quand nous nous trouverions obligés d'évacuer Gênes, ce n'est plus cela aujourd'hui qui décidera la paix et donnera le succès de la campagne.
Ne laissez à Mayence et dans vos places que des dépôts. Réunissez tout votre monde de Strasbourg à Constance.
Avecune avant-garde de 30,000 hommes et un corps de réserve de 50,000 hommes, on peut parler bien haut.
Je ne me souviens pas si je vous ai écrit que 1,500,000 francs sont dus à la caisse de Mayence par des particuliers, et que les tribunaux donnent des délais ridicules. Faites-les payer militairement en envoyant des garnisons chez les débiteurs. Je crois que la créance est pour des achats de bois. Votre commissaire à Mayence connaît cette affaire.
Il est parti, la décade dernière, 1,500,000 francs pour votre armée.
Je vous salue comme ami.
Paris, 12 mars 1800
Au général Masséna, commandant en chef l'armée d'Italie
Votre aide de camp Reille, Citoyen Général, m'a remis votre lettre du 9 ventôse. Les nouvelles que je recois de Marseille m'annoncent qu'à l'heure qu'il est plusieurs bâtiments chargés de blé sont partis pour Gênes ; ainsi, j'espère que vous vous trouverez un peu mieux approvisionné.
Vous aurez recu, par un courrier extraordinaire, ma lettre du 14 ventôse, par laquelle je vous faisais connaître le parti que vous aviez à prendre, en concentrant autour de Gênes les forces du col de Tende et des Alpes, afin de pouvoir prendre promptement votre parti et profiter des fautes que fera l'ennemi, en entreprenant de vous attaquer en même temps par les Rivières du Levant et du Ponant.
Tous les préparatifs se font ici avec la plus grande activité pour organiser à Dijon une armée de réserve et pour faire marcher les jeunes gens.
La campagne ne va pas tarder à s'ouvrir du côté du Rhin. Les coups que nous porterons attireront l'attention des ennemis. Melas, que vous avez contre vous, n'est pas un homme très-habile. Il n'a pas vos talents militaires, ni votre activité.
Les Russes, que vos troupes paraissaient estimer, sont aujourd'hui chez eux.
La création de l'armée de réserve vous met à même de retirer touit ce qui est possible de l,yon et des 7e et 8e divisions.
N'ayez point de ligne, mais tenez toutes vos troupes réunies et groupées autour de Gênes, en tenant vos dépôts dans Savone.
Voilà les vrais principes militaires ; en agissant ainsi, vous battrez 50,000 hommes avec 30,000, et vous vous couvrirez d'une gloire immortelle. Le Gouvernement et le public sauront apprécier les difficultés que vous aurez eu à vaincre.
Si vous étiez obligé d'évacuer Gênes absolument, appuyez-vous à Savone.
Reille partira sous quatre ou cinq jours et vous portera le plan de campagne.
Des agents sont partis pour le Languedoc, afin d'activer l'exportation des blés. On en fait descendre beaucoup par le Rhône.
Je ne peux vous peindre mon indignation contre ces malheureux fournisseurs.
Toutes les décades il part un million pour votre armée.
Je suis extrêmement peiné de la situation pénible où vous vous trouvez ; mais je compte sur votre zèle et vos talents.
Paris, 12 mars 1800
Au citoyen Forfait, ministre de la marine
Pourquoi donne-t-on, Citoyen Ministre, une livre de boeuf aux prisonniers anglais, tandis
que la ration du soldat n'est que demi-livre ?
Paris, 13 mars 1800
ARRÊTÉ
ARTICLE 1er. - Il y aura un vérificateur général par division
militaire, chargé de parcourir continuellement les départements compris dans sa
division.
ART. 2. - Les receveurs et payeurs des divisions qui n'auraient
point fourni d'obligations verseront la moitié de toute leur recette provenant des
contributions directes et indirectes, et généralement de tous les produits affectés au
trésor public, dans les lieux, dans les lieux ci-apès désignés, à savoir
Les receveurs et payeurs des 1ère, 2e, 14e, 15e,
16e, 17e et 22e divisions, à Paris;
Ceux des 3e, 4e, 5e, 6e, 24e, 25e et 26e divisions, à l'armée du Rhin;
Ceux des 7e, 8e, 9e, 10e et 19e divisions, à l'armée d'Italie;
Ceux de la l2e division, à Rochefort;
Ceux des 11e, 13e et 20e, à Brest;
Ceux des 18e et 21e divisions, à Dijon, à l'armée de réserve.
Ceux qui ont souscrit des obligations y verseront seulement la moitié des contributions
indirectes et autres produits destinés an trésor public.
L'autre moitié sera affectée à la solde des troupes en garnison dans la division, et
tenue à la disposition du ministre des finances.
ART. 3. - Les vérificateurs généraux seront tenus d'accélérer les mouvements de toute
espèce, constateront le progrès des rentrées, hâteront le versement des fonds, en
dirigeront l'envoi aux points indiqués par l'article 2, vérifieront les caisses des
receveurs et pré posés des contributions, soit directes, soit indirectes, et feront
enfin tout ce que leur prescrira le ministre des finances.
ART. 4. - Tous les cinq jours, ils adresseront au ministre des finances l'état des
versements qu'ils auront fait effectuer, et généralement de toutes les opérations
qu'ils auront faites, en conséquence des ordres qu'ils auront recus.
ART. 5. - Les payeurs, sous leur responsabilité, préviendront l'officier
commandant la gendarmerie du département du jour où ils voudront faire partir les fonds,
afin qu'ils soient escortés. Le capitaine de la gendarmerie prendra les mesures
pour fournir l'escorte qui mette les fonds en sûreté. C'est lui qui requerra les gardes
nationales lorsqu'il jugera la gendarmerie insuffisante.
ART. 6. - Chaque décade, le ministre des finances présentera aux consuls l'état de ces
versements et de ces opérations.
ART. 7. - Nulle autre autorité que celle du ministre des finances ne pourra changer,
modifier, ni atténuer les dispositions faites par les vérificateurs généraux en vertu
du présent arrêté ou des ordres qu'ils auront reçus du ministre auquel ils sont
subordonnés.
ART. 8. Le ministre des finances est chargé de l'exécution du présent arrêté.
ARRÊTÉ.
ARTICLE q 1er. - Le général de division Ferino est revêtu de pouvoirs extraordinaires dans les départements de la Drôme, de Vaucluse, des Basses-Alpes et de l'Ardèche.Paris, 14 mars 1800
ARRÊTÉ
Rapport
On ferait rétrograder les beaux-arts en France, si l'on forcait de partir
pour les armées les jeunes élèves qui ont dejà donné des preuves de talent.
L'étude de ces arts est longue et difficile; une interruption, même assez courte, dans
les travaux, ôte tout espoir de réussite.
Le Conservatoire de miisiqlle m'a fourni une liste de... éléves qu'il est essentiel de
conserver, et pour les fêtes publiques et pour que l'on puisse remplir les cadres du
théâtre des Arts. Ce spectacle étant un établissement national, il paraît que ceux
qui s'y destinent peuvent être assimilés aux élèves des écoles d'application auxquels
la loi accorde des exemptions.
Les élèves qui ont remporté des grands prix dans les écoles de peinture, sculpture et
architecture, me paraissent avoir les mêmes titres. Ils seraient en ce moment en IOtalie
auy frais du Gouvernement, si les circonstances ne s'y opposaient; mais il paraît juste
qu'ils continuent ici leurs études, jusqu'à ce que le Gouvernement, en les envoyant en
Italie, remplisse l'espèce d'engagement qu'il apris avec eux.
Il est quelques autres artistes qui, sans avoir obtenu les grands prix, méritent
cependant d'être conservés pour les arts. Ceux, par exemple, qui avec l'autorisation du
Gouvernement, ont commencé de grands travaux, verraient s'évanouir tout espoir de gloire
et le bonheur de leur vie entière, si on les arrachait à l'instant même à leurs
ateliers.
Au reste, le nombre des exemptions que je demande aux Consuls est très-borné; je ne l'ai
porté qu'à dix-neuf.
Je propose, en conséquence, aux Consuls, le projet d'arrêté ci-joint.
Salut et respect - Le ministre de l'intérieur, Lucien Bonaparte.
Les Consuls de la République après avoir entendu le Ministre de l'intérieur, considérant qu'il importe à la prospérité et à la gloire de la République de conserver aux arts , dont les études sont longues et difficiles, les citoyens qui ont déjà donné des preuves d'un véritable talent, arrêtent:
Les citoyens Guérin ,Harriet, Tannay,
Gaulle, Tallamar, Dupaty, Grand-Jean, qui ont obtenu les grands-prix dans les écoles de
peinture, sculpture et architecture;
Les citoyens Hyacinthe Jadin, professeur; Jacques-Martial Lamarre, Casimir Éloi,
Isidore Montlaur, Bénigne Henry, Jean Bousquier, Charles Manceau, Louis Fournier,
Dominique-Prudent Portheaux, élèves désignés par le consevatoire de musique;
Et les citoyens Tahan de Spa, Colas, dessinateur, Casimir Rostan, qui sont chargés des
travaux relatifs aux arts,
Sont autorisés à rester dans leurs foyers jusqu'à nouvel ordre.
Les ministres de l'intérieur et de la guerre sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l'exécution du présent arrêté.
Paris, 14 mars 1800
Note au Ministre de l'Intérieur
Le Pemier Consul reçoit dans l'instant des lettres de Marseille qui disent que l'exportation éprouve encore des difficultés. Le général Saint-Hilaire a dû employer la force pour faire apporter 8,000 quitaux. Je prie le ministre de l'intérieur de faire sentir à cette ville combien il est urgent qu'elle fournisse aux besoins de la Ligurie et de l'armée
Paris, 14 mars 1800
ARRÊTÉ
Les Consuls de la République, sur le rapport du ministre de la police générale, arrêtent ce qui suit:
ARTICLE 1er. - Les communes de
Lyon et de Marseille ne sont plus en état de siège; les autorités civiles et militaires
y rentrent respectivement dans les limites constitutionnelles.
ART. 2. - Les ministres de la guerre et de la police générle sont chargés de
l'exécution. Cet arrêté ne sera pas imprimé.
Paris, 14 mars 1800
ARRÊTÉ
Les Consuls de la République, considérant que les prisonniers de ,guerre sont confiés aux soins et à l'humanité des nations au pouvoir desquelles les a mis le sort des combats, arrêtent :
ARTICLE ler. - Les ministres
de la guerre et de la marine assureront par tous les moyens qui sont en leur pouvoir la
subsistance et l'habillenient des prisonniers de guerre russes, autrichiens et anglais.
Ils veilleront à ce qu'ils soient traités avec tous les ménagements qui sont
compatibles avec la sûreté publique.
ART. 2. - Ils prendront d'ailleurs toutes les mesures nécessaire pour accélérer
l'échange des prisonniers.
Paris, 14 mars 1800
INSTRUCTION POUR LE CHEF DE
DIVISION CASTAGNIER
Commandant les frégates l'Incorruptible, la Désirée, la Poursuivante, la Carmagnole
Les frégates l'lncorruptibe, la Désirée, la Poursuivante et la Carmagnole, armées au port de Dunkerque sous le commandement du citoyen Castagnier, se rendront successivement sur la rade de Fleissingue, pour y compléter leurs équipages et leurs vivres, et former en division.
Le Citoyen Castagnier fera ses dispositions pour être en état de prendre la mer avant la fin de germinal (15 avril).
L'objet de la mission qui lui est confiée est de s'emparer des bâtiments anglais qui font la pêche de la baleine, soit dans les parages de l'ouest, entre l'Islande et la côte orientale du Groënland, soit dans le détroit de Davis, soit enfin dans les parages de l'est ou nord-est de l'Islande, jusqu'à la hauteur du cap Nord de la Laponie.
Les baleiniers se portent souvent à des latitudes beaucoup plus élevées, à 77, 79 degrés et même au-dessus, principalement entre le Groënland et le Spitzberg; mais le citoyen Castagnier ne cherchera point à pénétrer si avant dans les glaces du pôle : la navigation y serait trop difficile, trop dangereuse pour les grandes frégates qui composent la division sous son commandement. Il bornera ses recherches aux parages compris entre le 59e et le 72e parallèle. Il n'est pas possible de lui indiquer lequel des parages renfermés dans ces limites doit être préféré à un autre : les Anglais ne s'attachent à aucun en particulier. Un hiver plus ou moins rigoureux, des vents qui ont soufflé avec violence d'une partie ou d'une autre et surtout l'état de la mer, lorsque les vaisseaux baleiniers sont parvenus aux glaces, décident chaque capitaine sur le parage où il lui convient d'établir sa pêche. Dans cette incertitude, il est nécessaire que le citoyen Castagnier divise ses forces et en destine une partie pour les parages de l'ouest, et l'autre pour ceux de l'est. Il pourra indiquer pour point de rendez-vous le port de Patreks-Fiörd, situé à la côte nord-ouest de l'Islande, à 66 degrés un tiers de latitude.
Le citoyen Castagnier est
prévenu que les vaisseaux baleiniers combinent leur départ des ports d'Angleterre et
leur route de manière à être rendus sur les parages de la pêche dans le mois de
germinal (avril), et que leurs opérations sont ordinairement terminées avant la
fin de thermidor (la mi-août).
Le citoyen Castagnier causerait sans doute un grand préjudice à l'Angleterre par la prise ou la destruction d'une partie des baleiniers anglais qui seraient occupés à la pêchc, ou par leur dispersion, qui pourrait rendre nul le produit de l'année. Mais la perte serait plus grande pour l'ennemi, et la France tirerait de cette expédition un avantage plus réel, si le citoyen Castagnier pouvait s'emparer de plusieurs bâtiments qui auraient terminé leur pêche et en faire parvenir le produit dans les ports de la République. Pour remplir ce second et important objet, il conviendrait que, vers le milieu de messidor (commencement de juillet), il établit une croisière sur les iles Shetland, où les baleiniers se rassemblent avant que de faire leur retour dans les ports d'Angleterre. Mais cette croisière exige une surveillance active et continuelle, parce qu'il se pourrait que les Anglais détachassent quelques vaisseaux pour aller attendre dans le parage des Shetland les baleiniers qui ont coutume de s'y réunir.
Quel que soit le succès de ses recherches et de ses croisières, le citoyen Castagnier combinera tellement ses opérations qu'il puisse détacher avant le milieu de thermidor (commencement d'août) deux frégates, qui devront porter sur le parallèle et à peu de distance du cap nord de la Laponie. Elles croiseront à cette hauteur, pour surprendre et intercepter les bâtiments anqlais qui, vers cette époque font leur retour de la mer Blanche.
Cette seconde partie de l'expédition confiée au citoyen Castagnier est cependant subordonnée à la possibilité d'une expédition dans la baie d'Hudson, et le Premier Consul de la République a cru devoir lui laisser l'alternative. Cette dernière pourrait se concilier avec la course sur les baleiniers, S'il renoncait seulement à la croisière sur le cap Nord ; car, quoique la pêche de la galeine et la navigation dans la baie d'Hudson aient une limite de temps déterminée, les époques auxquelles l'une et l'autre expédition pourraient avoir lieu diffèrent assez pour qu'elles puissent être combinées, et assez peu pour qu'il soit possible de les terminer dans une même saison. La croisière sur les Shetland peut être abandonnée vers la fin de messidor (15 juillet), et ce n'est que vers le milieu de thermido (les premiers jours d'août) qu'il convient de se présenter à l'entrée de la baie d'Hudson, pour en sortir avant le 15 de fructidor (les premiers jours de septembre).
Si le citoyen Castagnier, d'après ses réflexions, d'après les évènements de sa campagne et l'état des bâtiments sous ses ordres, estime qu'il doit préférer l'expédition de la baie d'Hudson à la croisière du cap Nord contre les navires qui reviennent de la mer Blanche, il mettra tout en usage non-seulement pour détruire les principaux établissements de la compagnie d'Hudson : le fort du Prince of Wales (du Prince-de-Galles), à l'entrée de la rivière Churchill ; celui d'York sur une pointe saillante entre les embouchures de la rivière de Hayes et de Nelson, et celui d'Albany, à l'entrée de la rivière de ce nom, dans la partie méridionale de la baie ; mais encore pour s'emparer des bâtiments de la compagnie qui viennent charger les pelleteries de l'Amérique du Nord. S'il prévoyait trop de difficultés à détruire les forts et principalement le dernier, le plus enfoncé dans la baie, ou que cette opération lui parût exiger plus de temps que ne le comporte la navigation dans cette partie, il se bornerait à assurer les navires de la compagnie, qui probablement, à l'époque de l'arrivée des frégates françaises, auraient recu à bord leurs cargaisons Ces bâtiments sont armés de canon, mais leurs forces, fussent-elle réunies, ne sont pas en état de résister à celles que le citoyen Castagnier aura à sa disposition.
Dans tout le cours des expéditions dont la conduite lui est confiée il distribuera les frégates et autres bâtiments qu'il a sous son commandement de la manière, qui lui paraîtra la plus propre à en préparer et à en assurer le succès.
Il est instruit que la
pêche des Anglais n'est protégée que par une ou deux frégates de moyenne force, et
quelques bâtiments de force inférieure destinés à maintenir la police parmi les
pêcheurs Plus encore qu'à les défendre en temps de guerre contre l'ennemi, qui rarement
est tenté d'aller troubler leurs opérations parmi les glaces; mais, comme les baleiniers
occupent plusieurs parages et que les bâtiments protecteurs doivent se partager pour
entretenir l'ordre dans toutes les parties, il n'est pas à présumer que, nulle part, le
citoyen Castagnier les trouve réunis. Dans tous les cas, les bâtiments qu'il a sous ses
ordres sont de force à se montrer partout avec la supériorité. On peut compter que les
expéditions confiées au citoyen Castagnier seront terminées vers le milieu de fructidor
(commencement de septembre) ; il fera son retour au port de Flessingue, et prendra toutes
les précautions que lui impose à cette époque la possibilité de trouver
dans ce parage les Anglais réunis en forces supérieures.
Le Premier Consul de la
République est persuadé que le citoyen Castagnier emploiera avec autant de zèle que
d'intelligence tous les moyens que la guerre autorise pour nuire au commerce des ennemis
et procurer à la République les avantages qu'elle doit retirer des expéditions dont la
conduite lui est confiée. Il saura ajouter, dans cette occasion, de nouvelles preuves à
celles qu'il a déjà données de
son patriotisme et de son habileté.
Paris, 15 mars 1800
Aux Magistrats de la ville de Francfort
J'ai recu votre lettre du 5 ventôse (24 février).
De tous les fléaux qui peuvent affliger les peuples, la guerre est un des plus terribles.
Votre intéressante ville, entourée des différentes armées, ne doit espérer la fin de ses maux que dans le rétablissement de la paix.
L'Europe entière connaît le désir du peuple français pour terminer cette guerre, qui n'a déjà que trop duré. Rien ne m'a coûté pour seconder son désir, et, si la paix n'avait pas lieu, c'est que des obstacles insurmontables s'y seraient opposés ; alors la cause du peuple français sera celle de toutes les nations, puisque la guerre pèse sur toutes.
Si le peuple français est assez fort pour suffire à sa cause, il ne lui est pas moins important que l'Europe en connaisse la justice et s'intéresse au succès de ses armes.
Paris, 15 mars 1800
Au général Moreau, commandant en chef l'armée du Rhin
Je ne vous reçois qu'aujourd'hui votre lettre du 21 (12 mars). Il a été arrêté hier de vous envoyer 1,400,000 francs; je vais donner des ordres pour qu'on les fasse partir en argent.
Puisque la saison paraît encore dure, et que vous voyez des difficultés à vous nourrir dans les positions que je vous ai indiquées, retardez le mouvement
La 1ère division de l'armée de réserve, forte à peu près de l2,000 hommes, partira après-demain dePparis. Les deux autres divisions sont parties de Nantes et de Rennes depus le 21.
Je pense que le 15 germinal, la réserve sera assez près de vous pour que toute votre armée vous soit disponible
Le général Dessolle partira le 26. Il
résulte des conférences que j'ai eues avec lui qu'il serait nécessaire que vous
donnassiez les ordres
les plus prompts :
1° Pour réparer les chemins de Brunnen
à Altorf, de manière que l'infauterie et la cavalerie pussent y passer ;
2° Réparer les chemins de Stanz à Brunnen et Altorf, de manière que l'infanterie et la
cavalerie pussent y passer ;
3° Réunir à Lucerne 100,000 boisseaux d'avoine et 5 à 600,00 rations de biscuits et
d'eau-de-vie;
4° Faire construire à Wasen quelques fours;
5° Accélérer le plus posssible la flottille du lac de Constance, pour avoir, si cela
est possible, la supériorité sur ce lac. Je vais vous envoyer deux ou trois officiers de
marine pour commander vos barques.
L'on m'asure à l'instant, de différents côtés, que les 25,000 Russes qui sont à Jersey ont eu ordre de retourner chez eux. Si cela se vérifie, je me trouverai à même d'augmenter la réserve d'une bonne divisionde 8 à 10,000 hommes.
Quant aux besoins d'extraction de blé de Suisse, il me semble que je vous avais autorisé à faire ce que vous croiriez utile, et de la manière que vous jugeriez convenable, et d'en faire part au ministre de l'intérieur, qui a ordre d ratifier tout ce que vous auriez fait.
Un vaisseau de 64, anglais, a échoué vis-à-vis de Brest.
Paris, 16 mars 1800
Au citoyen Fouché, ministre de la police générale
J'ai l'honneur de vous envoyer, Citoyen Ministre, un arrêté pris par les Consuls pour la répression du brigandage dans les départements du Lot, Lot-et-Garonne, de la Dordogne, de la Corrèze, de la Charente-Inférieure. Les Consuls désirent que vous annonciez à ces départements que le Gouvernement compte dans cette circonstances sur le concours de leur zèle. Un sentiment d'honneur doit s'unir dans tous les citoyensens à celui de leur propre sûreté. Ne voient-ils pas que des Français, qui tous s'honorent d'être des soldats, ne peuvent sans honte abandonner à quelques brigands leurs propriétés, la vie même de leurs concitoyens ? Ne rougissent-ils pas de rester paisibles spectateurs de ces attentats, comme si ce n'était pas sur eux-mêmes qu'ils se commettent ? Si les gardes nationales sédentaires ne laissaient pas inutiles entre leurs mains les armes que la liberté leur a confiées, si, prêtes à seconder la surveillance des autorités, leur zèle se manifestait par une courageuse vigilance, l'audace des brigands serait contenue, et le Gouvernement n'aurait pas à s'affliger de tant de malheurs particuliers, et aurait moins de crines à punir.
Paris, 16 mars 1800 (date présumée)
Au général Moreau, commandant en chef l'armée du Rhin
Le général Dessolle vous fera part, Citoyen Général, de mes vues pour la campagne qui va s'ouvrir. Il vous dira que personne s'intéresse plus que moi à votre gloire personnelle et à votre bonheur.
Les Anglais embarquent à force! Que veulent-ils? Je suis aujourd'hui une espèce de mannequin qui a perdu sa liberté et son bonheur.
Les grandeurs sont belles, mais en souvenir et en imagination.
J'envie votre heureux sort; vous allez, avec des braves, faire de belles choses. Je troquerais volontiers ma pourpre consulaire pour une épaulette de chef de brigade sous vos ordres.
Je souhaire fort que les circonstances me permettent de venir vous donner un coup de main. Dans tous les cas, ma confiance en vous, sous tous les rapports, est entière.
Paris, 17 mars 1800
A l'amiral Mazarredo
L'amiral Bruix, Monsieur, me mande à l'instant, par le télégraphe, que vingt et un vaisseaux anglais seulement bloquent la rade de Brest, qtl'il est prêt à lever l'ancre avec dix-sept vaisseaux français, et que M. Gravina, avec quinze vaisseaux espagnols, est également prêt de son côté. Je désire, en conséquence, que vous fassiez passer à M. Gravina, par le télégraphe, l'ordre de se joindre aux dix-sept vaisseaux français, afin que ces trente-deux vaisseaux donnent la chasse sur-le-champ à l'escadre anglaise. Dans la position actuelle de l'Europe, j'attache, Monsieur, la plus grande importance à 1a sortie des deux escadres, ne feraient-elles que chasser pendant vingt quatre heures l'escadre anglaise, et rentrer après. Je regrette, Monsieur, que votre éloignement ne vous permette pas de vous y trouver, et le moindre retard ferait perdre l'occasion.
Paris, 18 mars 1800
Au citoyen Jean Debry, membre de l'Institut
Je reçois, Citoyen Tribun, votre lettre du 19 (10 mars).
Je crois qu'il n'était pas convenable que ce fût vous qui portiez le voeu du Tribunat, et vous devez le sentir par la réponse que j'ai faite.
Comment, effectivement, annoncer l'espoir de la paix sans, au préalable, témoigner un désir de vengeance de l'affront qui a été fait à la nation entière dans votre personne, surtout vous ayant devant les yeux ?
Vous ne seriez pas juste si vous doutiez de l'empressement que je mettrai à saisir la première occasion de vous donner une preuve d'estime toute particulière que j'ai pour vous.
Paris, 19 mars 1800
ARRÊTÉ
ARTICLE ler. - Les nommés
Vandeck et Gevert, courtiers de navire et d'affrétement, seront arrêtés partout où ils
se trouvent comme ayant attenté à la sûreté intérieure de la République. Les
scellés seront apposés sur leurs papiers. Ces individus seront transférés, sous bonne
et sûre escorte, à Paris, dans ls prisons du Temple.
ART. 2. - le ministre de la police générale enverra, en toute diligence, des agents
secrets dans les départements réunis et dans les ports de la Somme, du Pas-de-Calais et
de la Seine-Inférieure, pour prendre des renseignements sur les lieux où se trouveront
ces étrangers et des mesures pour leur arrestation.
Paris, 19 mars 1800
Au général Gardanne, commandant la 14e
division militaire, à Caen
J'ai recu, Citoyen Général, vos différentes lettres. Je vous rends la justice qui vous
est due pour l'activité que vous avez mise à consolider la tranquillité dans la 14e
division.
Je suis bien fàché que vous soyez prisonnier de guerre, et de ne pouvoir vous employer à l'armée de réserve. J'ai donné les ordres pour activer votre échange. Je désire fort qu'il ait lieu promptement. Dans tous les cas, vous êtes dans un poste où vous pouvez encore rendre des services essentiels à la patrie.
Paris, 19 mars 1800
Au général Berthier, ministre de la guerre
Une vingtaine de brigands infestent le département de la Creuse. Je vous prie, Citoyen Ministre, d'ordonner au chef de la division de gendarmerie dont ce département fait partie de réunir un piquet de 60 hommes, et de se rendre lui-même dans ce département pour, de concert avec l'adjudant général qui y commande et le préfet, prendre des mesures pour la destruction de ces brigands.
Adressez quatre congés en blanc pour quatre conscrits au préfet de la Creuse. Ces quatre congés seront motivés pour avoir rendu des services essentiels. Le préfet donnera ces congés aux quatre conscrits qui ont promis, moyennant ce, de faire arrêter les brigands. Ces congés ne seront délivrés par le préfet qu'après leur arrestation.
Paris, 19 mars 1800
Au général Commes, commandant la 10e division militaire
Je reçois, Citoyen Général , votre lettre du 21(12 mars). Les nouvelles qu'elle contient sont bien affligeantes.
Lorsque les malveillants montrent tant d'activité, comment les bons citoyens en montreint-ils si peu? Comment les administrations tant civiles que militaires montrent-elles tant de lâcheté? Comment avec les troupes que vous avez à votre disposition, n'avez-vous pas pu faire repentir les individus, quels qu'ils soient, qui ont osé mettre leur volonté particulière en opposition à la loi? Comment la garde nationale de Toulouse ne sentirait-elle pas que c'est obéir à la loi et servir le peuple que de réprimer les mouvements séditieux?
Le pain n'est pas cher à Toulouse, et les insurrections sont un grand moyen de le renchérir ou de produire une famine factice.
Le préfet Richard vous remettra cette lettre; secondez-le avec zèle que je vous connais. N'oubliez pas que la faiblesse produit des guerres civiles, et que l'énergie maintient la tranquillité et la 1a prospérité des États.
Le Gouvernement a mis sa confiance en vous; je vous ai connu brave, montrez-vous tel.
Paris, 19 mars 1800
Au général Moreau, commandant en chef de l'armée du Rhin
Je vous prie, Citoyen Général, de me faire connaître si un ingénieur de la marine s'est rendu à l'armée du Rhin pour diriger constructions sur le lac de Constance. S'il y a des moyens en bois, je désirerais que vous fissiez construire des chaloupes canonnières à la suédoise, qui vous assureraient la supériorité sur la flottille ennemie.
Paris, 20 mars 1800
AUX JEUNES FRANÇAIS.
Le Premier Consul reçoit beaucoup de lettres de jeunes citoyens empressés de lui témoigner leur attachement à la République, et le désir qu'ils ont de s'associer aux efforts qu'il va faire pour conquérir la paix. Touché de leur dévouement, il en reçoit l'assurance avec un vif intérêt; la gloire les attend à Dijon. C'est lorsqu'il les verra réunis sous les drapeaux de l'armée de réserve qu'il se propose de les remercier et d'applaudir à leur zèle.
Paris, 20 mars 1800
ARRÊTÉ
Les Consuls de la République, après avoir entendu le ministre de l'intérieur, arrêtent ce qui suit:
ARTICLE ler. - Il sera
élevé dans chaque chef-lieu de déparrtement, sur la plus grande place, une colonne à
la mémoire des braves du département morts pour.la défense de la patrie et de la
liberté.
ART. 2. - Sur cette colonne seront inscrits les noms de tous les militaires domiciliés
dans le département, qui, après s'être distingués par des actions d'éclat, seraient
morts sur le champ de bataille.
ART. 3. - Le nom d'aucun homme vivant ne pourra être inscrit sur la colonne, à
l'exception de celui des militaires qui, en conséquence de l'arrêté du 4 nivôse
dernier, auront obtenu des sabres, fusils, grenades ou baguettes d'honneur.
ART. 4. - A Paris, outre la colonne du département de la Seine, qui sera élevée sur la
place Vendôme, il sera érigé une grande colonne nationale au milieu de la place de la
Concorde.
ART. 5. - Les noms des militaires morts après avoir rendu des services d'une importance
majeure seront inscrits sur la colonne nationale.
ART. 6. - Les conseils de départements sont chargés d'arrêter, dans la prochaine
session, sur la présentation du préfet, les noms des militaires qui doivent être
inscrits sur la colonne départementale.
ART. 7. - Les frais des colonnes des départements seront pris sur les centimes
additionnels. Le ministre de l'intérieur réglera le maximum.
ART. 8. - Les frais de la colonne nationale seront pris sur le trésor public.
ART. 9. - Les formes et les dimensions des colonnes seront arrêtées par un jury
d'artistes et approuvées par le ministre de l'intérieur, qui est chargé de l'exécution
du présent arrêté.
ART. 10. - Le présent arrêté sera imprimé au Bulletin des lois.
Paris, 20 mars 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Je désirerais, Citoyen Ministre, que vous fissiez connaître aux citoyens Serbelloni, Justiniani et aux agents napolitains, qu'il me paraît nécessaire que leur Gouvernement fasse des proclamations et des arrêtés pour requérir les Cisalpins, Napolitains et Romains, de rejoindre, dans le plus court délai, les légions italiques, pour servir, chacun selon ses moyens, dans la campagne qui va s'ouvrir.
Vous n'écrirez rien.
Paris, 20 mars 1800
A l'amiral Bruix, commandant l'armée navale, à Brest
L'amiral Mazarredo est toujours à Paris. Il dit qu'il veut partir tous les jours: il est possible qu'il parte demain ou après. Si vous n'êtes pas parti le 7 germinal, le destin voulait qu'il y fût.
Dans l'expédition que vous allez entreprendre, je compte sur vos talents, sur le bien que tout le monde me dit de votre escadre, enfin sur la rapidité de vos mouvements.
Les Anglais sont extrêmement
disséminés. Par mes dernières nouvelles, ils ont quatre vaisseaux devant Gênes, trois
vaisseaux
Port-Mahon, huit vaisseaux qui ont mouillé à Cagliari et qui ont croisé devant Malte;
ce sont ceux qui ont chassé le Généreux. Les corvettes qui accompagnaient le
Généreux sont de retour dans nos ports; elles ont fait une grande quantité
de prises.
Je tiens ces corvettes, ainsi que plusieurs frégates vénitien chargées de vivres, que je ferai partir dès que j'aurai de vos nouvelles et qu'on pourra le faire sans danger.