Octobre 1800
1er octobre 1800
Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies. (Pierre-Alexandre Forfait, 1752-1807. Ministre de la marine de novembre 1799 à octobre 1801, période pendant laquelle il met en place les préfectures maritimes)
Le secrétaire d'État, Citoyen Ministre, vous fait passer un arrêté qui nomme onze capitaines de vaisseau en activité de service. Je n'ai pas confirmé le citoyen Bonnefoux (Pierre-Marie-Joseph de Bonnefoux, 1782-1855. Il va néanmoins participer à la campagne de l'escadre Bruix en Méditerranée), parce qu'il a demandé du service à conditions qu'il ne s'embarquerait pas; ni le citoyen Mahé La Bourdonnais, parce qu'il n'a pas voulu s'embarquer sur l'escadre de l'amiral Bruix.
Paris, 2 octobre 1800
Au général Bernadotte, commandant en chef l'armée de l'Ouest
J'ai lu avec intérêt, Citoyen Général, ce que vous avez fait pour ramener l'ordre dans la 52e, ainsi que le rapport du général Liébert, du 5 vendémiaire. Donnez à cet officier des témoignages de la satisfaction du Gouvernement. La nomination que vous avez faite du chef de brigade au rang de général de brigade est confirmée. Je désire que ce brave officier puisse venir à Paris. Il a donné l'exemple de fermeté et d'énergie le plus honorable pour un militaire.
Paris, 3 octobre 1800
Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies.
Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, les différentes pièces que vous m'avez envoyées sur la Guadeloupe et Saint-Domingue.
Faites-moi connaître, par un rapport, ce qui a été fait dans la partie espagnole de Saint-Domingue, depuis la prise de possession par les Français, et envoyez-moi des notes sur la population de cette partie et le degré de résistance qu'elle est susceptible d'opposer à Toussaint.
Quant à la Guadeloupe, je vous prie de me faire connaître le nombre des troupes qui s'y trouvent, et de me faire un rapport sur la population de la Guadeloupe et sur ce que cette colonie a rapporté depuis dix ans (ce rapport présentera ces résultats d'un coup d'œil), afin que je puisse prendre un parti.
Vous me remettrez ces deux rapports le 14 vendémiaire.
Paris, 4 octobre 1800
NOTE AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
C'est à l'époque où le Corps législatif doit se réunir, Citoyen Ministre, que le Gouvernement veut et doit offrir au Peuple francais le tableau de son administration. Ce tableau ne peut être forme que des comptes particuliers des différents Ministères et il est nécessaire pour remplir ses vues, que tous ces comptes lui soient fournis dans le courant de la décade.
Le votre, Citoyen Ministre, comme ceux de tous vos collègues, commencera au 4 Nivôse de l'An VIII, et continuera jusqu'au 1er Frimaire. Vous direz :
1° quelle était au 4 Nivôse la situation de l'Europe et la position particulière de la France; quelles étaient ses relations et son influence; vous le direz du ton simple de la vérité, sans blâmer le passe, sans flatter l'avenir.
2° Vous développerez ensuite tout ce qui peut être révélé des actes et de la marche de votre administration dans le cours des dix mois suivant;
3° Vous dévoilerez les principes qui ont dirigé la politique du Gouvernement et vous ne cacherez ni ses fautes ni ses erreurs;
4° Vous ferez connaître autant qu'il sera convenable les citoyens et les étrangers qui dans leurs rapports avec votre département ont acquis des droits à la reconnaissance de la Nation et surtout les peuples et les souverains dont elle a reçue les marques d'affection et de confiance;
5° Vous rappellerez les améliorations qui ont eu lieu dans l'organisation de votre département et vous indiquerez celle dont vous croyez qu'il peut être encore susceptible;
6° Vous donnerez le tableau comparé de la dépense de l'An VIII et de celle qui a été arrêtée pour l'An IX dans le Conseil d'administration en plus ou en moins.
Les dépenses de votre département et leur objet doivent être présentées avec autant de développement que le permet le secret nécessaire à ces opérations.
Il faut que la Nation n'ignore rien de ce qu'elle peut apprendre sans blesser ses intérêts. De la précision, de la clarté, enfin des expressions aussi simples et aussi franches que l'est la conduite du Gouvernement.
Par le Premier Consul
Le Secrétaire d'État
Maret
Lettres à Talleyrand
Paris, 7 octobre 1800
ARRÊTÉ
ARTICLE 1er. Le nom du général de brigade Champeaux, qui a fait toutes les campagnes de la Révolution et est mort sur le champ de bataille de Marengo, est rayé définitivement de la liste des émigrés.
ART. 2. -Les héritiers de ce citoyen rentreront dans la jouissance de ceux de ses biens qui n'auraient pas été vendus, sans néanmoins pouvoir prétendre à aucune indemnité pour ceux qui se trouve aliénés.
ART. 3. - Les ministres de la justice, des finances et de la police générale, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui ne sera pas imprimé.
Paris, 8 octobre 1800
Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies.
J'ai l'honneur de vous transmettre, Citoyen Ministre, une lettre imprimée du citoyen Gaye jeune au Premier Consul. En rendant publique, par l'impression, la lettre qu'il adresse au Premier Consul, le citoyen Gaye a fait un acte contraire au respect dû à l'autorité, et que l'on pourrait même qualifier plus sévèrement, puisqu'il tend à faire intervenir l'opinion publique dans des débats sur l'objet desquels l'exaspération des partis est connue. Si le citoyen Gaye jeune appartient, en quelque manière, à votre département, l'intention du Premier Consul est que vous fassiez connaître à ce citoyen ce qu'y a de répréhensible dans sa conduite, et que vous lui infligiez la punition de quelques jours d'arrêt.
Paris, 9 octobre 1800
Au général Brune, commandant en chef l'armée d'Italie.
Je reçois, Citoyen Général, votre lettre du 8 vendémiaire.
Le ministre de la guerre a dû vous écrire pour vous faire connaître les différentes propositions que vous deviez faire au général autrichien.
J'en ai fait prévenir la cour de Vienne; ainsi vous devez tenir à leur exécution.
J'ai vu avec peine que vous ayez abandonné Lucques. Faites armer cette place et mettez-y une garnison. Elle est utile dans toutes les circonstances, parce qu'elle défend la Ligurie et menace Florence et Livourne. Il faudrait bien que vous laissassiez, pour couvrir Gênes, les hommes qui composeraient sa garnison. J'imagine que vous avez réoccupé cette place, sans quoi vous ne perdriez pas un instant à le faire.
Pendant que cette place contiendrait les Anglais et les Napolitains, elle vous donnerait le temps d'accourir, et vous n'auriez aucune inquiétude pour Gênes.
Faites finir tout ce qui se passe à Gênes: qu'il n'y ait ni clubs ni cercle constitutionnel; dites à tous les partis que vous le voulez ainsi. Nommez, pour commander cette place, le général Dulauloy (Charles-François de Randon Dulauloy, 1764-1832. Artilleur), qui commande à Tortone; il y sera d'une manière plus analogue à ses talents. Faites sortir de Gênes tous les officiers d'état-major accoutumés au train du siège. On a dû, dans ce temps, prendre des mesures et un ton qui étaient nécessaires, mais qui ne doivent plus exister.
Vous désirez que je vous mette au fait des vues du Gouvernement sur l'Italie.
La Prusse, mais surtout la Russie, prend un intérêt très-vif et très-marqué au roi de Sardaigne. Il parait que, moyennant son rétablissement , elle s'engagerait à forcer l'Autriche à reprendre les limites de l'Adige. Rien n'est cependant encore décidé. Paix et considération pour le Pape.
Dans la position des choses, il ne paraît pas qu'il y ait du doute pour la Cisalpine. Au reste, vous pouvez compter que, si la paix n'est pas signée le 15 brumaire, il y aura guerre. Si donc, pour cette époque, vous pouviez être secondé par un mouvement dans les États vénitiens, ce serait une opération fort habile.
Vous devez avoir reçu, depuis le ler
vendémiaire, les sommes suivantes :
l° 1,500,000 francs,
2° 1,000,000,
3° 1,000,000,
4° 2, 1 00, 000 francs pour vendémiaire.
Vous pouvez compter que tous les mois vous recevrez exactement deux millions. Il faut faire faire des réformes et des revues, de manière que cette somme suffise à la solde de votre armée.
Le fort en bois peut nous être utile en ce qu'il exige peu de garnison et qu'il est impossible de ne pas avoir à Bologne, à Modène, un tas d'hommes isolés et qui s'y jettent dans un cas d'événements; ce fort a encore l'avantage de gêner les mouvements de l'ennemi sur 1a rive gauche du Pô. Je crois donc que vous devez le réarmer et le réapprovisionner.
Agissez rigoureusement contre les rebelles; brûlez, s'il le faut, leurs villages. Faites arrêter leurs correspondants et mettez l'énergie possible dans votre conduite.
Je vous recommande l'archevêque de Milan ; il ne faut pas chercher les torts qu'il peut avoir eus.
Vous trouverez ci-joint une lettre que m'écrit le neveu de Pie VI ; faites-lui répondre en peu de mots, et faites quelque chose pour lui, si cela est possible.
Paris, 15 octobre 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Vous voudrez bien, Citoyen Ministre, expédier un courrier ordinaire à S. A. R. le grand-duc de Toscane (Ferdinand III), à Vienne.
Vous lui ferez connaître que la levée en masse des paysans de la Toscane donne lieu à des rixes fréquentes qu'il est dans l'intention du Gouvernement francais de voir promptement terminées; que le général Brune a, en conséquence, écrit la lettre ci-jointe au général commandant en Toscane au nom de Son Altesse Royale;
Que, quelle que soit l'issue des négociations entre la République française et Sa Majesté Impériale, Son Altesse Royale ayant été toujours reconnue comme souverain indépendant, le Premier Consul n'oublie pas la manière dont Son Altesse Royale s'est conduite pendant son séjour en Italie.
Le Premier Consul est donc prêt à entrer en négociation avec Son Altesse Royale, indépendamment des négociations ouvertes avec Sa Majesté Impériale, et à conclure un traité d'amitié, basé sur celui de.. .
Le ministre des relations extérieures me communiquera le projet de lettre.
Paris, 15 octobre 1800
Au général Lacuée, ministre de la guerre par intérim
Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, une lettre que le commandant de l'armée intermédiaire de Sa Majesté Impériale a écrite au général Brune.(Il s'agit du corps d'armée sur le Danube, sous le commandement du général Klenau)
Expédiez sur-le-champ un courrier au général Macdonald, pour qu'il fasse connaître à ce commandant que, si on attaque les positions françaises-de la Valteline, il attaquera sur-le-champ l'armée autrichienne.
Paris, 16 octobre 1800
ALLOCUTION AU TRIBUNAT,
EN RÉPONSE AU DISCOURS DE SON
PRÉSIDENT
Je remercie le Tribunat de cette preuve d'affection. Je n'ai point réellement couru de dangers. Ces sept ou huit malheureux, pour avoir la volonté, n'avaient pas le pouvoir de commettre les crimes qu'ils méditaient. Indépendamment de l'assistance de tous les citoyens qui étaient au spectacle, j'avais avec moi un piquet de cette brave garde. Les misérables n'auraient pu supporter ses regards. (Le Premier Consul vient d'échapper, le 10 octobre, à ce qui est connu sous le nom de "Conspiration des poignards", et dont les auteurs seront arrêtés le 24)
La police avait pris des mesures plus efficaces encore.
J'entre dans tous ces détails, parce qu'il est peut-être nécessaire que la France sache que la vie de son premier magistrat n'est exposée dans aucune circonstance. Tant qu'il sera investi de la confiance de la nation, il saura remplir la tâche qui lui a été imposée.
Si jamais il était dans sa destinée de perdre cette confiance, il ne mettrait plus de prix à une vie qui n'inspirerait plus d'intérêt aux Français.
Paris, 17 octobre 1800
ALLOCUTION AU CORPS MUNICIPAL DE PARIS
Le Gouvernement mérite l'affection du peuple de Paris. Il est vrai de dire que votre cité est responsable à la France entière de la sûreté du premier magistrat de la République. Je dois déclarer que, dans aucun temps, cette immense commune n'a montré plus d'attachement à son gouvernement ; jamais il n'y eut besoin de moins de troupe de ligne, même pour y maintenir la police.
Ma confiance particulière dans toutes les classes du peuple de la capitale n'a point de bornes; si j'étais absent, que j'éprouvasse le besoin d'un asile, c'est au milieu de Paris que je viendrais le trouver.
Je me suis fait remettre sous les yeux tout ce que l'on a pu trouver sur les événements les plus désastreux qui ont eu lieu dans la ville de Paris dans ces dix dernières années. Je dois déclarer, pour la décharge du peuple de Paris, aux yeux des nations et des siècles à venir, que le nombre des méchants citoyens a toujours été extrêmement petit. Sur 400, je me suis assuré que plus des deux tiers étaient étrangers à la ville de Paris; 60 ou 80 ont seuls survécu à la révolution.
Vos fonctions vous appellent à communiquer tous les jours avec un grand nombre de citoyens; dites-leur que gouverner la France, après dix ans d'événements aussi extraordinaires, est une tâche difficile.
La pensée de travailler pour le meilleur et le plus puissant peuple de la terre a besoin elle-même d'être associée au tableau du bonheur des familles, de l'amélioration de la morale publique et des progrès de l'industrie, je dirai même aux témoignages de l'affection et du contentement de la nation.
Paris, 20 octobre 1800
INSTRUCTIONS
PRÉLIMINAIRES
POUR LES CONFÉRENCES DE LUNÉVILLE
Le citoyen Joseph Bonaparte, ministre plénipotentiaire pour traiter du rétablissement de la paix entre la République française et S. M. l'Empereur, roi de Hongrie et de Bohême, doit être prévenu que l'intention du Premier Consul est que les instructions qui lui seront données soient divisées par époques, ainsi que la négociation qui va s'ouvrir.
En conséquence, comme la première question est de savoir si la négociation sera générale entre toutes les puissances belligérantes, ou s'établira d'abord particulièrement entre la France et l'Autriche, le citoyen Joseph Bonaparte doit être averti que le général Clarke a déjà été chargé de faire, à cet égard, au ministre autrichien, comte de Cobenzl (Louis Cobenzl, 1753-1809, chef de l diplomatie du saint-Empire depuis le 25 septembre), des insinuations, et d'obtenir de lui des éclaircissements qu'il s'empressera de communiquer au plénipotentiaire de la République.
Le plénipotentiaire français s'attachera donc , dans ses premières conversations avec M. de Cobenzl, à lui faire sentir tous les avantages d'une négociation séparée; et, à cet égard , il ne sera pas embarrassé d'établir à quel point l'intervention de l'Angleterre peut compliquer la négociation et doit en éloigner le terme.
Il cherchera à connaître pour quels motifs Sa Majesté Impériale a refusé de ratifier des préliminaires dont la modération fait aujourd'hui l'étonnement de l'Europe.
Il fera sentir qu'après ce refus de ratification l'Empereur aurait dû au moins en faire connaître les motifs, et proposer, en forme de contre-projet, ses propres vues pour la pacification , puisqu'il n'accueillait pas celles de la République.
Le citoyen Joseph Bonaparte insistera ensuite sur la nécessité, toujours existante, de convenir des bases de la négociation avant de se jeter dans la discussion des articles d'un traité définitif.
Et, à cet égard, il fera connaître que les vues du Gouvernement français n'ont pas cessé d'être telles qu'il les avait exprimées dans les préliminaires; qu'en conséquence il veut conserver à la République les pays définis dans cette convention, savoir : la Flandre maritime, les provinces belgiques, celles qui sont situées à la gauche du Rhin, depuis l'endroit où il quitte le territoire helvétique pour entrer dans le territoire batave, et pareillement la Savoie, le comté de Nice, l'évêché de Bâle, et, en général, tout ce qui a été réuni législativement au territoire français; mais qu'en même temps il persiste à reconnaître que Sa Majesté Impériale doit obtenir en Italie l'indemnité de ce qu'elle aura perdu par les cessions faîtes à la République; et que, si à cet égard le plénipotentiaire autrichien doit expliquer les vues de son Gouvernement et les mettre en discussion, il peut toujours, au préalable, se contenter de faire stipuler, comme base, ce qui sera développé ensuite comme article du traité définitif.
Il est donc décidé
que le citoyen Joseph Bonaparte fera d'abord en sorte d'amener M. de Cobenzl à convenir
séparément des bases de la négociation entre la France et l'Autriche, en arrêtant et
signant des préliminaires conformes à ceux qui avaient été conclus à Paris.
Si M. de Cobenzl y consent, il y aura à examiner ensuite si la négociation définitive
doit s'ouvrir en congrès; et alors il sera transmis au citoyen Joseph Bonaparte de
nouvelles instructions.
Si, au contraire, M. de Cobenzl refuse d'entrer même en discussion des préliminaires, séparément de la Grande-Bretagne, le citoyen Joseph Bonaparte, qui en aura prévenu le Gouvernement, recevra encore, pour la conduite qu'il devra tenir, les directions nécessaires.
En général, il aura soin de ne rien exprimer, soit en conversation, soit par écrit, au delà de ce qui lui aura été recommandé, et il suivra les instructions qui lui seront transmises, époque à époque, pour que la négociation ne puisse jamais s'écarter des vues du Gouvernement et du point vers lequel il veut la diriger.
Paris, 21 octobre 1800
PAROLES DU PREMIER CONSUL
AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR,
EN REMETTANT AU GÉNÉRAL MOREAU DES PISTOLETS ENRICHIS DE DIAMANTS
Citoyen Ministre, faites-y graver quelques-unes des batailles qu'a gagnées le général Moreau; ne les mettez pas toutes, il faudrait ôter trop de diamants; et, quoique le général Moreau n'y attache pas un grand prix, il ne faut pas trop déranger le dessin de l'artiste.
Paris, 21 octobre 1800
Au général Lacuée, ministre de la guerre par intérim
Je vous prie, Citoyen Ministre, d'expédier par un courrier extraordinaire l'ordre à la 52e, qui est à Dijon, de se rendre à grandes marches à Milan. Cette demi-brigade ne fera aucun séjour.
Le courrier sera porteur de 50,000 francs en or, qui seront employés à solder l'arriéré de l'an VIll à cette demi-brigade. Cette somme sera prise sur les 700,000 francs destinés aux diverses divisions militaires par l'arrêté d'hier
Vous me ferez connaître le jour où cette demi-brigade arrive à Milan. Vous lui donnerez l'ordre de brûler toutes les petites étapes.
Paris, 22 octobre 1800
Au général Lacuée
Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner au général Macdonald l'ordre faire occuper la Valteline par la droite de son armée. Vous lui enverrez cet ordre par un courrier extraordinaire, afin qu'il exécute ce mouvement le plus promptement possible. Vous préviendrez ce général et le général Brune que la Valteline ne fait partie de l'armée des Grisons que pour les opérations militaires, ce pays devant toujours, pour ce qui regarde l'administration, faire partie de la Cisalpine.
Vous ferez connaître au général Brune que, par cette nouvelle disposition, les troupes de son armée se trouveront plus concentrées, et que le général Macdonald se trouve plus en mesure d'appuyer avec toutes ses forces sur sa gauche.
Paris, 22 octobre 1800
Au général Lacuée
Le général Brune me mande que le général Dupont (Pierre Dupont de l'Étang, 1765-1840, l'infortuné de Baylen !) est entré en Toscane; que, les insurgés de ce pays ayant fait une invasion dans la Cisalpine, le général Dupont les a battus et poursuivis, et qu'il doit être dans ce moment-ci à Florence. Tous les Autrichiens qui auront été faits prisonniers seront évacués sur Gênes et Nice. Faîtes sentir au général Brune que si par suite des explications entre les deux Gouvernements il faut rendre ces troupes, on le fera par le Rhin; il est inutile, jusqu'à ce moment, d'augmenter le nombre de nos ennemis.
Il faut que le général Brune opère le plus tôt possible le désarmement de la Toscane et fasse des exemples sévères.
Faites aussi connaître au général Brune que le Gouvernement désire qu'il ne soit point touché aux statues et tableaux de la galerie de Florence. On fera simplement l'envoi, par Lucques et Gênes, de la statue de la Vénus de Médicis, pour le moment.
Il doit du reste ne faire aucune proclamation ni aucune démarche qui pourrait faire croire que l'on veut républicaniser la Toscane et, dès lors, alarmer les diverses puissances de l'Europe.
Paris, 22 octobre 1800
Au général Brune, commandant en chef l'armée d'Italie
Je reçois, Citoyen Général, votre courrier du 24 vendémiaire. Je vous ai fait connaître, par ma dernière dépêche, la situation politique du Piémont. Faites écrire, et dites que, si j'appelle à Paris M. de Saint-Marsan (Antoine Marie Philippe Asinari, comte Saint-Marsan, 1767-1828), c'est pour concerter avec lui la manière dont on pourrait indemniser le roi de Sardaigne.
Le général Macdonald a ordre d'étendre son armée jusqu'à la Valteline; cela doit s'entendre pour les opérations militaires, car ce pays continuera à faire partie de la Cisalpine. Par ce moyen, les troupes de l'armée d'Italie seront plus concentrées, et le général Macdonald pourra appuyer votre armée de sa droite ou même de toute son armée, si cela devient nécessaire.
Faites donc finir promptement ce qui se passe à Gênes; envoyez-y un officier qui soit d'accord avec Dejean (Jean-François-Aimé Dejean, 1749-1824, conseiller d'État, chargé de l'exécution de la convention d'Alexandrie), par exemple le général Dulauloy. Concentrez toutes vos troupes au delà de l'Adda. J'estime que vous ne devez pas laisser à Gênes plus de 500 hommes, surtout occupant la Toscane. Tirez de Nice tout ce qu'il sera possible.
La 52e, qui est de 2,500 hommes, part de Dijon et se rend à marches forcées à Milan.
J'espère que le général Delmas (Antoine-Guillaume de La Coste, dit Delmas, 1766-1813) sera arrivé; je connais bien les généraux que vous avez; j'estime que c'est un homme dont vous avez besoin.
Faites connaître à la 96e demi-brigade et à la 24e légère qu'en témoignage de la conduite qu'elles ont tenue au passage du Saint Bernard je fais présent de bonnets aux grenadiers.
Défendez que l'on fasse aucune proclamation en Toscane; prenez sans bruit toutes les mesures que vous croirez nécessaires à la police; surtout faites des exemples sévères et désarmez promptement, afin que vous puissiez rappeler la plus grande partie des troupes du général Dupont sur la rive gauche du Pô.
A mon sens, si l'ennemi vous attaque pour délivrer la Toscane vous devez l'attendre sur les hauteurs de Castiglione, Lonato ou Montechiaro. Moquez-vous de tout ce qu'il pourrait faire sur la rive droite du Pô; tant que vous serez là, ce ne sera rien de sérieux. 300 hommes dans le petit château du fort Urbain, avec 15 pièce de canon et des vivres pour un mois, seraient d'un bon effet. 500,000 rations de biscuit dans le château de Brescia et dans Orzi-novi vous rendraient maître d'agir comme vous voudriez et selon les circonstances.
Je viens de passer en revue aujourd'hui 6,000 grenadiers ou éclaireurs que je vais faire partir pour Dijon, afin de former la réserve de la République.
Moreau est à Paris. Il va partir pour son armée. Depuis la convention de Hohenlinden, nous n'avons pas eu de nouvelles officielles de Vienne.
La Malmaison, 22 octobre 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Le Ministre des relations extérieures expédiera un courrier au général Jourdan, pour lui faire connaître que le sort du Piémont est effectivement indécis, puisqu'il dépendra du plus ou moins intérêt qu'y prendront le roi de Prusse et l'empereur de Russie; que, si le Premier Consul a désiré avoir à Paris M. de Saint-Marsan , ce n'est pas qu'il ne continue à prendre intérêt au Piémont, mais pour s'entendre avec M. de Saint-Marsan sur la manière d'indemniser son prince. Faites partir ce courrier avant le jour.
Je désire vous voir demain, à midi précis, à la Malmaison.
Paris, 24 octobre 1800
Au citoyen Abrial, ministre de la Justice
Je vous prie, Citoyen Ministre, de me faire un rapport sur la manière dont on pourrait faire casser le jugement qui condamne seulement à six ans de fers les trois assassins du courrier de Nantes, pris en flagrant délit.
Paris, 25 octobre 1800
Au général Brune, commandant en chef l'armée d'Italie
M. de Cobenzl est arrive hier à Lunéville, Citoyen Général. Il est à la fois ministre plénipotentiaire de l'Empereur et ministre des affaires étrangères à Vienne; ainsi, sous peu de jours, la paix ou la guerre sera décidée.
Vous devez garder la Toscane jusqu'à la paix générale. Dans toutes vos relations avec M. de Bellegarde, comme dans tous les journaux qui impriment à Milan, vous pourrez alléguer quatre raisons de votre conduite :
1° L'article 2 des préliminaires, par lequel Sa Majesté s'engage dissoudre la levée en masse de la Toscane : vous n'avez donc fait qu'exécuter ce qui aurait dû l'être;
2° La convention de Castiglione, qui ne parle pas de la Toscane;
3° La violation manifeste de la convention d'Alexandrie, qui nous donnait toute la rive droite du Pô, que les Autrichiens ont gardée pour eux;
4° La non-exécution de la convention d'Alexandrie par les patriotes italiens, les actes d'hostilité commis par la levée en masse sur le territoire de Bologne et dans la Romagne, et enfin l'interception la libre navigation du Pô.
Expédiez un courrier que vous adresserez an général commandant l'armée du roi de Naples. Vous lui direz que vous n'avez point l'intention d'entrer sur le territoire napolitain, mais que vous demande que le citoyen Dolomieu et les généraux Dumas (Alexandre Davy de la Pailletterie, dit Dumas, 1762-1807. C'est le père du romancier) et Manscourt soient sur-le-champ rendus, ainsi que tous les Français échappés aux massacres de Sicile. Cette lettre doit être d'un style honnête.
Faites expédier de Livourne un bâtiment pour Alexandrie. Envoyez au général Menou une collection de journaux et le détail de nos positions militaire et diplomatique. Rendez un de vos officiers porteur de vos dépêches. Faites embarquer, si vous le pouvez, 1,000 fusils et 4 ou 500 sabres
La 86e demi-brigade, forte de 9,500 hommes, qui n'a pas fait la guerre depuis longtemps, a ordre de passer en France. Deux frégates doivent partir de Toulon pour la prendre. Envoyez au général Ambert un officier pour lui dire que, s'il y a possibilité de la faire débarquer à Livourne, il le fasse. Cet officier ne sera porteur d'aucun écrit, pour que, s'il était pris, les Anglais ne sussent pas que notre intention est de faire passer des troupes sur le continent.
Continuez à vivre en bonne harmonie avec le Pape; je vous enverrai incessamment des instructions plus amples relativement à ce prince.
Faites-moi, je vous prie, connaître où en est la démolition des places.
Donnez ordre qu'on prépare des fourneaux pour faire sauter l'enceinte de Livourne; vous pourrez assurer Lucques avec le surplus d'artillerie qui se trouvera dans cette place et inutile à la défense de son port. Mettez une contribution sur Livourne, au moins de deux ou trois millions, pour solder un mois de l'arriéré de Parme.
Je m'imagine que vous avez pris des mesures pour que la Toscane contribue à payer à l'armée ce quelle payait à M. Sommariva pour la levée en masse. Je compte ue ce supplément de ressources vous mettra à même de solder tout l'an VIII à l'armée.
Paris, 25 octobre 1800
Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies
Je vous prie de me présenter un projet d'arrêté tendant à retarder jusqu'à la paix la prise de possession de la partie espagnole de Saint-Domingue, en continuant de mettre à exécution les dispositions du Directoire exécutif, dans son arrêté de l'an VII, qui confiait l'administration de cette partie à un commissaire du Gouvernement. Vous me proposerez le commissaire à y envoyer.
Vous me présenterez un projet de ce qu'il y aurait à faire dans la partie française pour se concilier Toussaint sans lui donner un trop grand accroissement de pouvoir. Il est donc nécessaire que vous me proposiez les distinctions à accorder à quatre ou cinq de ses lieutenants qui ont le plus d'influence.
Paris, 25 octobre 1800
Au général Jourdan, ministre extraordinaire de la République en Piémont
J'ai reçu, Citoyen Général, votre lettre du 23 vendémiaire, que j'ai lue avec la plus grande attention.
Le ministre des relations extérieures a dû vous écrire sur l'objet de votre lettre.
Vous pouvez assurer les Piémontais que je prends beaucoup d'intérêt au sort futur de leur pays. Rien ne pourra être définitivement arrêté qu'à la paix.
L'empereur de Russie et la Prusse s'intéressent très-vivement au roi de Sardaigne.
J'ai fait appeler à Paris M. de Saint-Marsan, pour voir s'il n'y aurait pas de moyens de concilier l'intérêt que prennent an roi de Sardaigne les deux grandes puissances avec celui que nous prenons aux Piémontais.
Cette lettre est tout entière pour vous; elle est la preuve de l'entière confiance que j'ai en vous et de la satisfaction de la bonne conduite que vous tenez à Turin.
Paris, 26 octobre 1800
Au citoyen Lucien Bonaparte, ministre de l'intérieur
Les Consuls, Citoyen Ministre, veulent et doivent présenter à la nation le tableau de leur administration au moment où le Corps législatif va se réunir. Pour le former, il faut que les différents ministres leur présentent à eux-mêmes le compte de leur administration particulière, et qu'ils le leur aient présenté dans le cours de cette décade.
Le vôtre, comme celui de tous vos collègues, Citoyen Ministre commencera au ler nivôse an VIll.
1° Il offrira la situation
de votre département et de toutes branches qui le composaient à cette époque; quels
étaient l'organisation, l'activité des bureaux de votre ministère, le nombre de leurs
employés, leurs dépenses et ce qui en était dû à cette époque.
2° Vous tracerez de même la situation de toutes les parties répondant à votre
ministère; quels étaient l'esprit et la marche leur administration, leurs dépenses et
leurs besoins.
3° Vous développerez ensuite quel a été le progrès et le résultat des
administrations nouvelles, quelle influence elles ont eue sur l'esprit public; quels
départements et quels administrateurs ont le mieux répondu aux vues du Gouvernement,
quels ont montré ou plus négligence ou plus de faiblesse.
4° Vous indiquerez quels progrès a faits l'instruction publique, quel est l'état actuel
des arts, de l'industrie et du commerce.
5° Vous direz quelle est la situation des hospices et des différentes institutions
soumises à votre administration.
6° Vous indiquerez les règlements et les lois que vous croirez nécessaires pour obtenir
ou plus d'économie ou des résultats plus heureux.
Les Consuls ne vous demandent que des faits précis et l'exposition la plus simple et la plus vraie de ce qui est. Quant aux améliorations, ils vous invitent à vous renfermer dans celles qui sont actuellement possibles, et à remettre à un autre temps des projets plus vastes et des idées plus étendues.
Paris, 26 octobre 1800
Au citoyen Fouché
Les Consuls, Citoyen Ministre, veulent et doivent présenter à la nation le tableau de leur administration au moment où le Corps législatif va se réunir.
Pour le former, il faut que les différents ministres leur présentent à eux-mêmes le compte de leur administration particulière, et qu'ils le leur aient présenté dans le cours de cette décade.
Le vôtre, comme celui de tous vos collègues, Citoyen Ministre, commencera au ler nivôse de l'an VIII.
1° Vous direz quels étaient, à cette
époque, l'esprit public et la situation générale des divers départements.
2° Vous exposerez quels ont été, depuis cette époque jusqu'au moment actuel, les
changements qui se sont opérés dans les dispositions générales; comment la liberté
des cultes a été protégée ou blessée dans les différents départements; quelle a
été la conduite des ministres de ces cultes; quelle a été l'activité on la
négligence des magistrats dans la poursuite des délits publics ou privés; si ces
délits ont été ou plus multipliés ou plus rares; quels administrateurs ont montré du
zèle, quels autres ont mérité la censure par leur négligence.
3° Vous indiquerez les règlements et les lois que vous croyez nécessaires pour donner
plus d'activité à la police, pour rétablir les mœurs, pour rendre au caractère
national sa véritable dignité.
4° Vous donnerez le tableau comparé de la dépense de votre département pour l'an IX
avec votre dépense pour l'an VIII.
5° Vous établirez ce qui a été dépensé sur le crédit de l'an VIII, et ce qui reste
à consommer.
Vous ne présenterez que des faits précis et rendus avec la plus grande simplicité d'expression. Quant aux améliorations, les Consuls vous invitent à vous renfermer dans celles qui sont actuellement possibles, et à remettre à un autre temps des projets plus vastes et des idées plus étendues.
Paris, 26 octobre 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
C'est à l'époque où le Corps législatif doit se réunir, Citoyen Ministre, que le Gouvernement veut et doit offrir au peuple français le tableau de son administration. Ce tableau ne peut être formé que des comptes particuliers des différents ministères; et il est nécessaire, pour remplir ses vues, que tous ces comptes lui soient fournis dans le courant de la décade.
Le vôtre , Citoyen Ministre, comme tous ceux de vos collègues, commencera au 1er nivôse de l'an VIII et continuera jusqu'au ler frimaire. Vous direz :
1° Quelle était au Ier nivôse la
situation de l'Europe et la position particulière de la France; quelles étaient ses
relations et son influence. Vous le direz du ton simple de la vérité, sans blâmer le
passé, sans flatter l'avenir.
2° Vous développerez ensuite tout ce qui peut être révélé des actes et de la marche
de votre administration dans le cours des dix mois suivants.
3° Vous dévoilerez les principes qui ont dirigé la politique du Gouvernement, et vous
ne cacherez ni ses fautes ni ses erreurs.
4° Vous ferez connaître, autant qu'il sera convenable, les citoyens et les étrangers
qui, dans leurs rapports avec votre département, on acquis des droits à la
reconnaissance de la nation, et surtout les peuples et les souverains dont elle a
reçu des marques d'affection e de confiance.
5° Vous rappellerez les améliorations qui ont en lieu dans l'organisation de votre
département, et vous indiquerez celles dont vous croyez qu'il peut être encore
susceptible.
6° Vous donnerez le tableau de la dépense de l'an VIII et de celles qui a été
arrêtée pour l'an IX dans le conseil d'administration, et vous développerez les raisons
qui ont motivé la différence en plus ou en moins.
Les dépenses de votre département et leur objet doivent être présentés avec autant de développements que le permet le secret nécessaire à ses opérations. Il faut que la nation n'ignore rien de ce qu'elle peut apprendre sans blesser ses intérêts. De la précision, de la clarté, enfin des expressions aussi simples et aussi franches que l'est la conduite du Gouvernement.
Paris, 26 octobre 1800
Au général Lacuée, ministre de la guerre par intérim
Les Consuls, Citoyen Ministre, veulent et doivent présenter à la nation le tableau de leur administration au moment où le Corps législatif va se réunir. Pour le former, il faut que les différents ministres leur présentent à eux-mêmes le compte de leur administration particulière, et qu'ils le leur aient présenté dans le cours de cette décade.
Le vôtre, comme celui de tous vos collègues, Citoyen Ministre, commencera au ler nivôse an VIll. Vous tracerez la situation de toutes les parties de votre ministère à cette époque.
1° Quelles étaient l'organisation et la
dépense de vos bureaux;
2° Dans quel état étaient nos armées;
3° Quels étaient leur discipline, leur esprit, la tenue et le nombre des troupes qui les
composaient;
4° Ce qui leur était dû de leur solde;
5° Ce qui était dû aux fournisseurs;
6° Quelles étaient les conditions de leurs marchés et de leurs entreprises;
7° Quelle avait été leur exécution.
Vous exposerez ensuite:
1° Quels ont été, relativement à
toutes les parties, l'esprit et la marche de l'administration dans les mois suivants;
2° Quels changements ont été opérés dans les bureaux;
3° Quels changements dans l'organisation militaire, et les raisons de ces changements;
4° Quelles mesures ont été prises pour augmenter les troupes, pour les entretenir et
les faire mouvoir, pour améliorer les différentes parties du service.
Vous indiquerez les économies qui ont été faites et aussi les méprises et les erreurs qu'on a pu commettre.
Vous rappellerez les règlements qui ont déterminé et les lois qui ont autorisé les différentes mesures qui n'ont pas été de simples actes d'administration.
Vous indiquerez toutes les mesures que
vous croirez nécessaires, soit pour l'économie, soit pour le bien du service, et les
règlements
et les lois qui devront en assurer l'exécution.
Vous direz les crédits qui ont été ouvertes à votre département, ce qu'en ont déjà consommé les ordonnances, et ce que vous prévoyez qu'absorberont les dépenses qui ne sont pas encore ordonnancées.
Ce compte ne doit contenir que des faits précis et des calculs vrais, sans exagération, sans cet art oratoire qui ne fait souvent que tromper la crédulité et dissimuler les abus.
Parîs, 26 octobre 1800
Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies
Les Consuls, Citoyen Ministre, veulent et doivent présenter à 1a nation le tableau de leur administration an moment où le Corp législatif va se réunir.
Pour le former, il faut que les différents ministres leur présentent à eux-mêmes le compte de leur administration particulière, et qu'il le leur aient présenté dans le cours de cette décade.
Le vôtre, comme celui de tous vos collègues, Citoyen Ministre commencera au 1er nivôse de l'an VIll.
1° Vous direz quelle était, à cette
époque,, la situation de notre marine, quelle en était l'organisation, quelle en était
la dépense; à quelles sommes s'élevait l'arriéré de la solde et des
traitements; en quel état étaient la discipline et les arsenaux.
2° Vous exposerez ensuite quels ont été l'esprit et la marche de l'administration dans
les mois suivants; quels changements ont été opérés dans l'organisation, et la raison
de ces changements;
3° Quelles mesures ont été prises pour assurer l'économie et la régularité du
service, pour faire disparaître les dilapidations et les abus, pour mettre plus d'ordre
et d'activité dans les approvisionnements.
4° Vous rappellerez les règlements et les lois qui ont autorisé les différents actes
de votre administration, qu'il importe à la nation de connaître, et qui peuvent la faire
apprécier.
5° Vous direz ce qui a été fait pour la conservation ou pour le rétablissement de nos
colonies.
6° Vous indiquerez quels succès ont eus les mesures qui ont été prises dans les
différentes parties, ou par quelles raisons le succès leur a manqué.
7° Vous rappellerez les crédits qui avaient été ouverts pour votre département, ce
qui a été déjà consommé, soit par la solde, soit par des ordonnances, et ce qu'il
faudra encore pour achever le payement des dépenses de l'an VIII.
8° Vous placerez à côté de ce tableau l'aperçu des dépenses l'an IX, tel qu'il a
été arrêté dans le conseil d'administration.
9° Vous indiquerez enfin les règlements, les lois et les mesures qui vous paraissent
nécessaires pour donner à notre marine une constitution et un éclat dignes de la
nation française.
Les Consuls ne veulent que des faits précis, sans emphase et sans tournure oratoire.
Paris, 26 octobre 1800
NOTE POUR LE MINISTRE DE LA GUERRE.
Je prie le ministre de la guerre de me présenter un projet d'arrêté remplissant le but suivant:
Le ministre de la guerre fera faire un contrôle nominatif, par département, de tous les individus admis à la retraite ou au traitement de réforme, et qui ont servi.
Pareil état se trouverait à l'état-major de la division militaire pour les individus de la division.
Pareil état se trouverait, par département, chez le commandant du département, et par arrondissement, chez le sous-préfet.
Chaque officier réformé sera tenu d'avoir toujours chez lui son sabre et un fusil de munition, une giberne et trente cartouches.
Toutes les fois que le préfet du département, ou le sous-préfet, croirait avoir besoin d'un certain nombre de ces officiers pour prêter main-forte à l'autorité publique, il leur ferait une réquisition de se rendre à un jour fixe à un endroit désigné, où ils seraient sous les ordres soit du commandant du département, soit d'un officier délégué par le général commandant la division, pour, de concert avec la gendarmerie, prêter main-forte à l'autorité publique.
Étendre cette formalité
aux soldats qui jouissent de leur traitement. An moins une fois tous les trois mois, ils
seraient tous réunis par
le commandant du département, et passés en revue par un inspecteur, qui constatera
qu'ils ont leurs fusils et qu'ils sont prêts à prêter main-forte à la loi lorsqu'il
en serait besoin.
Paris, 26 octobre 1800
Au général Lacuée, ministre de la guerre par intérim.
J'ai recu, Citoyen Ministre, l'état des fonds nécessaires au payement des divers objets compris dans les attributions du 21e bureau.
Il est composé de quatre principaux articles. Je n'y comprends pas les secours aux femmes d'Egypte et secours mensuels, qui n'entrent pas dans le système général.
Sur ces quatre articles, trois sont relatifs aux retraites, et un aux traitements de réforme.
Ce dernier, qui monte à 289,282 francs, me paraît être un compte terminé en conséquence de l'article 52 , et dès lors ne me parait susceptible d'aucune observation.
Mais il n'en est pas de même des trois premiers articles.
Le premier, de 182,058 francs, est intitulé : Solde provisoire, en exécution de la loi du 28 fructidor an VII. Cette somme se compose de toutes les sommes accordées en conséquence de l'article 28 de la loi du 28 fructidor; mais ce même article dit : "Il en jouit jusqu'à ce que le Corps législatif ait prononcé sur l'état de solde de retraite".
La première question est celle-ci :
Pourquoi les individus qui, ensemble, touchent 182,058 francs par mois, n'ont-ils pas encore leur solde de retraite définitive?
L'article 2 est intitulé : Solde provisoire, en exécution de l'arrêté des Consuls du 11 prairial an VIII. Cet article est relatif aux articles 54 et 55 de la même loi.
Le troisième se monte à 238,535 francs, et est intitulé: Pensions converties en solde de retraite.
On concoit bien comment l'article 2 existe, puisque l'article 3 est déjà le résultat de ce qui a été liquidé pendant l'année en conséquence des articles 54 et 55 de la loi du 28 fructidor; mais on ne conçoit pas comment l'article 1er n'a pas été rendu définitif.
L'aspect de ce tableau donne lieu à une observation qui peut ne pas être fondée : c'est qu'il paraît que les individus compris dans les articles 54 et 55 coûtent près de 414,000 francs par mois, tandis que l'exécution de l'article 28 ne coûte que 182,000 francs, et que tous les traitements de réforme ne coûtent que 129,000 francs.
Cependant il paraît que les articles 54 et 55 regardent spécialement les individus qui ont servi avant la guerre de la révolution, tandis que les articles 1 et 4 regardent les individus qui ont fait la ,guerre de la révolution.
Comment, avant la loi du 28 fructidor au VIl, les individus compris dans les articles 54 et 55 touchaient-ils leurs pensions, et comment s'opère cette conversion en solde provisoire et en solde de retraite, des pensions converties?
Avant la loi du 28 fructidor, il était accordé des retraites aux militaires. Cependant les 182,058 francs sont intitulés : Solde provisoire, en exécution de la loi du 28 fructidor an VII; ce qui paraît ne pas contenir la solde de retraite des individus qui l'auraient obtenue par des lois antérieures au 28 fructidor an VIl.
Je désire avoir un état des quatre articles ci-dessus, divisé en plusieurs colonnes :
1ère colonne les employés aux
administrations;
2e colonne les commissaires ordonnateurs et des guerres;
3e colonne soldats, caporaux et sergents;
4e colonne les sous-lieutenants, lieutenants, capitaines;
5e colonne les chefs de bataillon de brigade;
6e colonne les adjudants commandants, les généraux de brigade et de division.
Je désire avoir le montant de chaque classe, et le montant de ce que coûte leur réforme.
Paris, 27 octobre 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des
relations extérieures
Le ministre de la marine va faire partir un brick pour Tunis; faites connaître au citoyen
Devoize (Consul de France à
Tunis) que le Gouvernement est satisfait du
succès qu'il a obtenu. Il attend de lui de plus grands services encore; c'est qu'il
prenne des mesures pour qu'on expédie une grande quantité de blé à Marseille et à
Gênes.
Dites-lui également qu'il prenne des mesures pour nous faire faire la paix avec le bey de Tripoli. Recommandez au citoyen Devoize d'expédier, deux fois par mois, un petit bâtiment tunisien pour Alexandrie, avec toutes les nouvelles d'Europe qu'il pourra recueillir. Il y joindra tous les journaux qu'il pourra ramasser, n'importe en quelle langue.
Vous écrirez au général Menou de payer ces bâtiments avec du café et autres objets nécessaires aux Tunisiens.
Le citoyen Devoize fera connaître aux capitaines de ces bâtiments, tant que tunisiens, que tout bâtiment qui apportera à Toulon des nouvelles d'Égypte de trente-cinq jours de date recevra, autre le prix du fret, une gratification de francs.
Vous joindrez à votre dépêche au citoyen Devoize une lettre au général Menou, par sextuplicata, dans laquelle vous lui ferez connaître la situation de la République en Europe et en Amérique, l'ouverture des négociations à Lunéville, ce que vous pourrez dire de celles entamées avec l'Angleterre, et le beau rôle que joue l'armée d'Égypte en conservant avec courage cette précieuse colonie. Le citoyen Devoize expédiera ces lettres par six bâtiments différents, et y joindra une lettre de lui, dans laquelle il donnera au général Menou toutes les nouvelles qu'il saura, en y insérant les journaux qu'il aura pu se procurer.
Paris, 27 Octobre 1800
Au général Berruyer, commandant l'Hôtel National des Invalides (Jean-François Berruyer, 1738-1804. Il a commandé les troupes chargées de défendre la Convention, au 13 vendémiaire. Il est commandant en chef de l'hotel des Invalides depuis 1797).
Le Premier Consul désirerait, Citoyen Général, qu'on pût établir dans la maison nationale des Invalides quelques manufactures. Cette institution présenterait le double avantage d'occuper les militaires invalides et d'améliorer leur existence.
Le Premier Consul me charge, Citoyen Général, de vous demander vos vues à cet égard.
Paris, 27 Octobre 1800
Au citoyen Forfait, ministre de la marine
et des colonies
Je vous prie, Citoyen Ministre, d'expédier un brick pour Tunis; il
partira de Toulon.
Il sera porteur d'une dépêche du ministre des relations extérieures à notre consul et de vos dépêches au général Menou, dans lesquelles vous lui ferez connaître la situation de la République. Vous y joindrez une collection du Moniteur, depuis le ler vendémiaire an VIII.
Le brick, après avoir mouillé à Tunis, prendra son temps pour doubler le cap et se dirigera sur Alexandrie.
Paris, 28 Octobre 1800
DÉCISION
Le ministre de la guerre propose de remettre en activité le citoyen Faissoles,
ex-sous-lieutenant au 21e régiment de chasseurs
Un officier qui a abandonné , pendant la guerre ne doit pas être remis à la paix.
Paris, 28 octobre 1800
Au général Brune, commandant en chef l'armée d'Italie
J'ai reçu, Citoyen Général, votre lettre du 30 (vendémiaire). Le citoyen Belleville va se rendre en Toscane avec le titre de consul général de la République.
Tout va parfaitement bien à Paris, et tout est tranquille en France. Les dangers que j'ai courus sont, je vous assure, très-petite chose. Si cela en avait mérité la peine, soyez persuadé que vous ne l'auriez pas appris par d'autres que par moi.
La 52e doit être à Chambéry lorsque vous lirez cette lettre.
Les anglais répandent de l'argent à pleines mains dans le Midi et à Paris, mais en pure perte.
Faites faire à Florence et à Livourne des recherches pour savoir par quel canal Willot faisait passer de l'argent dans le Midi et avec qui il correspondait.
Faites chasser des États du Pape Willot, Assareto et les émigrés corses qui seraient dans le cas de fomenter l'inquiétude dans ce pays.
Réprimez avec vigueur tous les malveillants, faites arrêter ceux qui troubleraient l'ordre public. Si quelques officiers ne se comportent pas comme ils le doivent, destituez-en quelques-uns.
Les réformes se sont faites à l'armée du Rhin avec la plus grande activité et le plus grand ordre.
Les officiers qui rentrent en France seront exactement payés.
Nous venons de conclure une suspension d'armes avec Tunis, et je recois ce soir la nouvelle que nous avons fait la paix avec Alger.
Prévenez-en sans délai, par voie de Livourne, les préfets des départements de la Corse, pour qu'ils aient à faire respecter par les corsaires les pavillons de ces deux puissances.
Paris, 29 octobre 1800
Au général Menou, commandant en chef de l'armée d'Orient
Le contre-amiral Ganteaume, Citoyen Général, qui vous remettra cette lettre, porte à l'armée des secours que les circonstances ne nous ont pas permis de lui envoyer plus tôt.
La paix est conclue avec l'Amérique (Traité franco-américain de Mortefontaine du 3 octobre 1800), Alger (Paix d'Alger du 30 septembre 1800) et Tunis. Les congrès particuliers entre l'Autriche, la Russie, l'Angleterre font espérer que nous touchons à la paix générale, et que vous et votre armée retirerez tous les fruits de la glorieuse expédition dont je m'honore d'avoir été le conducteur.
Nous n'avons point eu directement de vos nouvelles depuis l'arrivée de l'Osiris. Avec quel intérêt l'Europe a lu la proclamation par laquelle l'armée d'Orient s'engage à conserver à tout prix ce pays important, auquel se rattachent tant d'intérêts et tant d'espérances!
Les nouvelles de Constantinople, du 10 septembre, nous apprennent la désorganisation dans laquelle se trouve l'armée du grand vizir et la dissolution qui menace ce vaste empire.
Des pensions ont été accordées et sont exactement payées aux femmes et aux enfants dont les maris et les pères composent l'armée d'Orient.
Lorsque cette dépêche vous parviendra, ou la paix continentale sera conclue, ou une de nos armées sera maîtresse de Naples et se sera approchée de la botte; dans tous les cas, notre correspondance avec vous sera plus facile.
Les plus grands obstacles que vous avez à vaincre sont surmontés.
Le contre-amiral Ganteaume, selon les circonstances, attendra votre réponse ou partira après avoir jeté sur un point de la côte les secours qu'il vous conduit. Dans tous les cas, avant de partir, il vous donnera, sur la situation intérieure et extérieure de la République, tous les renseignements que vous pouvez désirer.
Dites bien à l'armée que, parce qu'elle n'a pas souvent des nouvelles de France, elle ne doit pas croire qu'elle est oubliée. Toutes les pensées du Gouvernement sont tournées vers elle.
Tous ceux qui sont revenus en France d'une manière honorable ont déjà recueilli les témoignages de l'estime et de la reconnaissance publique.
Je plains ceux, s'il en est, qui n'auraient pas les vertus nécessaires pour vous seconder dans votre noble résolution, et dont le courage fléchirait: ils ne trouveraient en France que le mépris dû à l'homme qui, quels qu'aient été d'ailleurs ses services, n'a pas en la constance nécessaire dans les grands événements.
Paris, 30 octobre 1800
Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures
Quand vous verrez M. Cetto Anton von Cetto, 1756-1847, ambassadeur à Paris), il faudra lui demander positivement s'il a des pleins pouvoirs; s'il n'en a pas, vous lui ferez connaître qu'il ne peut pas être présenté au Gouvernement, puisqu'il n'a aucun caractère. Il sera porteur d'une lettre du duc pour moi, que vous prendrez.
Paris, 31 octobre 1800
Au général Lacuée, ministre de la guerre par intérim
Je vous prie, Citoyen Ministre, de me présenter un projet de règlement contenant les dispositions suivantes:
l° Le 21e bureau de la guerre sera
uniquement chargé de l'exécution de la loi du 28 fructidor an VlI et de l'arrêté des
Consuls du 11 prairial an VIII, pour le courant depuis le ler vendémiaire an IX.
2° Il sera établi deux bureaux différents, chacun sous la direction d'un inspecteur
général ou d'un inspecteur, pour liquider la solde provisoire en exécution de la loi du
28 fructidor an VIl, et la solde provisoire en exécution de l'arrêté des Consuls du 1
prairial en VIII.
3° Il y aura autant de bureaux qu'il y a de fois mille individus à liquider, avec le
nombre d'employés nécessaire. Chaque bureau sera sous la direction d'un
sous-inspecteur.
4° Toutes ces liquidations devront être terminées le ler pluviôse prochain , à moins
qu'il ne s'en trouve de tellement contentieuses que l'on ait besoin des renseignements de
conseils d'administration éloignés: et alors elles rentreront dans le travail du 2le
bureau, où il sera créé un bureau particulier pour cette liquidation.
5° Il sera pris des mesures telles, que le 21e bureau donnera, dans le mois qui
suivra la retraite ou la réforme d'un officier, son traitement définitif, et que, dans
le mois de brumaire, ce 2le bureau ait entièrement liquidé tout ce qui regarde l'an IX,
et soit au courant du travail.
Par les états qui m'ont été remis, il me paraît qu'il y a 40,000 militaires qui ont des pensions de la République. Je vous prie de me faire remettre un état de ces militaires par grade et par département.
L'on m'assure qu'il est dû six millions d'arriéré. Je vous prie de me faire remettre l'état, par division militaire, de ce qui est dû aux officiers retirés pour l'anl VIII, afin que je prenne, avec le ministre des finances, des mesures pour les liquider.