16 - 30 Juin 1803


Saint-Cloud, 16 juin 1803

Au citoyen Gaudin, ministre des finances

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner des ordres pour que droit de tonnage soit rétabli dans l'île d'Yeu, et que le produit en soit affecté en entier à la réparation du port.


Saint-Cloud, 16 juin 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, citoyen Ministre, d'écrire au général Mortier que le général Dessolle a reçu ordre de se rendre dans l'évêché d'Osnabrück avec ses trois demi-brigades. Il sera nécessaire que le général Mortier fournisse à cette division l'artillerie dont elle aura besoin. Je désire qu'elle reste à Osnabrück, de l'administration duquel évêché le général Dessolle sera chargé sous les ordres du général Mortier. Cette division sera en force suffisante pour surveiller les troupes hanovriennes, et, selon les circonstances, pouvoir appuyer contre tout espèce d'événements le général Mortier, qui se trouvera par là avec plus de 30,000 hommes sous ses ordres. Le corps batave continue à rester à Deventer, et il sera nommé incessamment au commandement de cette réserve; il sera envoyé trois nouvelles demi-brigades pour remplacer les trois qui partent, et l'artillerie française destinée pour le général Dessolle restera à Deventer.


Saint-Cloud, 16 juin 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, d'écrire au général Mortier que j'attends de connaître les intentions de Sa Majesté Britannique pour ratifier la convention; qu'il doit faire connaître aux chefs de l'armée hanovrienne qu'ils peuvent compter sur la parole qui leur a été donnée; mais qu'en attendant que la résolution de Sa Majesté soit connue, il est convenable qu'ils se rendent dans l'évêché d'Osnabrück, au lieu de Lauenburg.

Faites sentir au général Mortier combien il est dangereux d'avoir un corps de 10 à 14,000 hommes et une nombreuse cavalerie entre l'Elbe et nous; qu'il vaut mieux les avoir à Osnabrück, où on les fera surveiller par le corps du général Dessolle.

Recommandez au général Mortier de faire placer des batteries et des pièces de gros calibre à l'embouchure de l'Elbe, et dans les autres endroits les plus favorables pour être toujours à portée d'intercepter l'Elbe et le Weser.


Saint-Cloud, 16 juin 1803

Au général Berthier

Ayant besoin, Citoyen Ministre, de compléter rapidement notre train d'artillerie, afin de pourvoir à la levée des 6,000 chevaux qui va être faite et qui, avec les 2,000 du général Mortier, et les 2,000 de l'Italie, feront 10,000 chevaux du train, ce qui exigera une levée de charretiers, il me paraît convenable de faire un appel de 4,000 conscrits de la réserve de l'an IX et de l'an X, et de les faire choisir parmi des individus ayant l'habitude de conduire des attelages, et dès lors de commencer le dédoublement des huit bataillons du train. Je vous prie de m'apporter samedi un projet de répartition et un projet d'arrêté sur ces objets.


Saint-Cloud, 16 juin 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de me faire connaître l'état des fusils français et de calibre qui existent dans la République italienne, et dans la 27e division militaire, ainsi que l'état de l'artillerie et des affûts. Faites faire l'armement d'Alexandrie, en supposant déjà finis les travaux commencés, et en exécutant entièrement le projet de fortification qui y est établi. Et comme je désirerais qu'il n'y ai dans cette place que des pièces de calibre français, il est indispensable de s'y prendre d'avance, afin qu'au mois de mai toute l'artillerie de la 27e division militaire se trouve renfermée dans les places d'Alexandrie et de Fenestrelle.


Saint-Cloud, 16 juin 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre à l'ingénieur et à l'officier de marine français qui sont en Hanovre de faire réparer frégate hanovrienne qui a été prise à Stade, et de faire les préparatifs nécessaires pour faire mettre en construction sur l'Elbe vingt chaloupes canonnières de chaque espèce, et autant sur le Weser. Recommandez également à cet officier de marine de voir s'il y a en Hanovre une assez grande quantité de cuivre pour mériter de fixer votre attention. Il devait y avoir des mâts à Cuxhaven et à Stade.


Paris, 17 juin 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Il sera construit, dans le plus court délai, à la fonderie de Douai, douze mortiers de 12 pouces à la Gomer.
On donnera de telles dimensions à la chambre qu'elle puisse tenir vingt et une livres de poudre.
Ces mortiers seront coulés à semelle et les parois renforcée en conséquence.
ART. 2. - Les mesures seront prises pour que les mortiers soient placés en batterie pour la défense de Boulogne avant le 1er thermidor.
ART. 3. - Il sera Construit, à la fonderie de Strasbourg, douze mortiers à la Gomer de 12 pouces et à chambre sphérique. La chambre devra contenir vingt et une livres de poudre. Les pièces seront renforcées en conséquence.
ART. 4. - Ces mortiers seront dirigés sur Boulogne, où ils seront mis en batterie avant le ler fructidor.
ART. 5. - Les deux mortiers à la Comminges qui sont à Strasbourg seront éprouvés sur-le-champ, et si, à chambre pleine, ils ont une portée de plus de 1,800 toises, ils seront sur-le-champ transportés à Boulogne.
ART. 6. - Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 17 juin 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DE LA MARINE

Indépendamment des chaloupes que l'on construit à Saint-Dizier, faire construire du no 3.

Écrire au citoyen Forfait que les demandes qui lui ont été faites pour le 1er vendémiaire sont le minimum; que, si les ressources peuvent offrir le double, le Premier  Consul entend qu'elles soient toutes employées ; l'argent ne manquera pas. Il voit donc avec peine qu'on ne construise qu'une chaloupe canonnière à Rouen et six au Havre. Il lui semble qu'on pourrait quintupler ce nombre et construire trente chaloupes canonnières au Havre et six à Rouen.

On ne voit pas non plus qu'il soit question des constructions qu'on peut faire à Honfleur et dans tous les petits ports.

On désirerait que les péniches pussent porter un petit obusier, sans que cela nuisît à leur marche.

Les bateaux de pêche qui vont être achetés au compte de la République pour la flottille, et qui seraient susceptibles de porter un obusier ou une pièce de canon d'un calibre quelconque, devraient aussi être notés.

Le citoyen Fleurieu donnera connaissance des nouvelles qu'il a de la 5e commission pour la flottille.

Le ministre de la marine écrira sur-le-champ que, dans le cas où la commission pour la flottille ne serait pas encore arrivée, on passe sur-le-champ des marchés pour des chaloupes canonnières. Le prix de la coque d'une chaloupe canonnière ne doit pas excéder 30,000 francs.


Saint-Cloud, 17 juin 1803

Au citoyen Forfait

Citoyen Forfait, Conseiller d'État, inspecteur général de la flottille nationale, je reçois votre lettre du 26 (15 juin). Je ne saurais trop vous recommander de hâter le plus possible toutes les constructions. Le ministre ne vous a désigné, pour être construit au ler vendémiaire, que le minimum; tâchez d'en avoir le double; l'argent ne manquera pas. Je désirerais qu'on pût placer un obusier sur chaque péniche.

On offre de beaucoup construire à Abbeville et à Saint-Valery sur la Somme. Je serai, dans le courant de la première semaine de messidor à Saint-Valery et Boulogne; je vous y verrai. Songez que les heures sont précieuses.


Saint-Cloud, 18 juin 1803

Au citoyen Gaudin, ministre des finances

Je vous envoie, Citoyen Ministre, les états des sénatoreries, avec les observations qui me sont remises et que j'adopte.

La vénerie, en Piémont, doit rester aux domaines; tous les biens provenant des fortifications, également.

Veuillez vous concerter avec la commission du Sénat pour changer ces biens.

En général, je désirerais que, le plus possible, la sénatorerie eût son apanage dans l'arrondissement du tribunal d'appel. Quant aux bois, je pense qu'il est essentiel d'étendre le plus possible notre administration forestière. Je désire donc que vous me présentiez un arrêté par lequel tous les parcs ayant plus de 500 arpents de bois, qui se trouveraient administrés aujourd'hui par les domaines, seraient remis à l'administration forestière. Il est convenable de porter une grande attention à ce que, dans les sénatoreries et les biens réservés, il y ait des biens nationaux de toute nature, car tous ont un même titre légitimité aux yeux de la loi. Du reste, la masse du travail me paraît bien; il ne s'agit que de le modifier sur ces principes et conformément à la note ci-jointe.


Saint-Cloud, 18 juin 1803

Au citoyen Gaudin

Je vous envoie, Citoyen Ministre, un mémoire fort important sur tout ce qu'il y a à faire pour le séquestre de la rive gauche du Rhin.

J'avais chargé, il y a plusieurs mois, le citoyen Duchâtel, de prendre des renseignements sur cet objet. Il doit donc savoir, 1° si ce mémoire décide du séquestre sur tous les biens sur lesquels il n'a pas été prononcé; 2° la somme totale des biens dont on augmenterait le domaine national en adoptant ces bases, et les masses totales des biens que nous restituerions en levant les séquestres conformément aux principes du mémoire. Il y a aux relations extérieures des hommes qui pourront vous donner des renseignements pour éclaircir cette matière. Je vous prie de m'apporter mercredi un travail sur cet objet.


Saint-Cloud, 18 juin 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er - Les citoyens Charles-Étienne et Charles-Stanislas Grosourdy, défenseurs de la patrie, sont remis en possession des biens qu'ils possédaient dans le département de l'Orne.
ART. 2. - Le ministre des finances est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 18 juin 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DE LA MARINE

Je suis très-mécontent de ce qu'on expose une seule frégate tandis qu'il y a dans le port plusieurs vaisseaux qui doivent tenir la mer. Il était bien plus naturel que le général Dumanoir restât à croiser entre la Corse, Gênes, Toulon et Marseille, ayant de tous côtés des refuges, plutôt que de rester ancré dans la rade. Il est extrêmement honteux que quelques frégates anglaises se fassent signaler à Toulon et puissent faire des prises sur nos côtes, lorsque la République a des vaisseaux armés.


Saint-Cloud, 19 juin 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

Donnez ordre, Citoyen Ministre, au préfet de la Manche de prendre les mesures nécessaires pour employer 3,000 ouvriers aux travaux du bassin du port de Cherbourg.


Saint-Cloud, 19 juin 1803

Au citoyen Chaptal

Le Premier Consul me charge, Citoyen Ministre, de vous renvoyer la lettre ci-jointe et de vous faire connaître qu'il juge convenable que le citoyen Garat (Pierre-Jean Garat, 1764-1823, chanteur. Trahi par sa voix, il ne chante plus guère que dans les salons) ne cesse pas de recevoir le traitement dont il a joui jusqu'au ler vendémiaire dernier. Les services que le citoyen Garat a rendus à l'art du chant, ceux qu'il rend encore en formant des sujets qui sont l'espoir de nos théâtres, le talent célèbre qui place à la tête de l'école française, dont il peut être considéré comme le fondateur, sont des considérations qui ne vous auront pas échappé. Ce sont elles qui déterminent les dispositions du Premier Consul.


Saint-Cloud, 19 juin 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

J'ai reçu, Citoyen Ministre, la traduction des deux notes : ni l'une ni l'autre ne me paraissent mériter de réponse.

J'ai fait expédier l'ordre au général Mortier de signifier à l'armée hanovrienne que le roi d'Angleterre avait refusé de ratifier la convention du 14 prairial; que, dès lors, elle ait à capituler. J'ai prescrit à ce général de la faire défiler avec les honneurs de la guerre, de la désarmer, de mettre la cavalerie à pied, et de l'envoyer prisonnière en France.

Comme il sera obligé, avant cette signification, de faire faire mouvement à ses troupes, et que ce mouvement ne pourra être exécuté que cinq ou six jours après la réception de l'ordre, il me parait nécessaire de prévenir le citoyen Laforest (Antoine-René-Charlöes-Mathurin, comte de Laforest, 1756-1846) qu'il doit, en forme de conversation, instruire la cour de Berlin que je n'ai pas ratifié la convention, et que je l'ai envoyée à Londres, en faisant connaître que je la ratifierais lorsque Sa Majesté Britannique aurait communiqué sa résolution de la ratifier. Quatre jours après cette communication, le citoyen Laforest pourra notifier que le roi d'Angleterre n'a pas voulu approuver la convention, et qu'en conséquence je me suis refusé à le faire. Il fera sentir toute l'inconséquence et la mauvaise foi de ce refus de l'Angleterre, qui dénote à la fois l'incapacité et le manque de foi des conseils du roi.

Il sera nécessaire d'écrire au citoyen Reinhard, à Hambourg, et au citoyen d'Aguesseau, à Copenhague, pour qu'ils s'expriment à peu près dans le même sens.


Saint-Cloud, 19 juin 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Les travaux d'Alexandrie, Citoyen Ministre, ne marchent point avec la rapidité que je désirerais. On me rend compte que les troupes de la garnison fournissent 2,000 travailleurs, les sapeurs 600, et le pays 1,000, ce qui ne fait que 3 à 4,000 ouvriers ; pourquoi n'en prendrait-on pas 3 à 4,000 parmi les gens du pays ? Il ne manque pas d'oisifs qu'on pourrait facilement employer. Je désirerais que le nombre d'hommes employés aux travaux d'Alexandrie montant au moins à 6,000.

Je suis instruit également qu'il n'y a pas 200 maçons y travaillant. Écrivez au général Chasseloup que mon intention est qu'il y ait 1,000 maçons, afin que les travaux avancent avec la plus grande rapidité.

Écrivez au général Menou de prendre des mesures pour faire fournir 3,000 ouvriers et 500 maçons du pays pour les travaux d'Alexandrie.

Je vous prie de me renvoyer les pièces relatives au travail de l'artillerie du Piémont, que vous avez emportées hier.


Saint-Cloud, 19 juin 1803

Les plates-formes des forts du port de Cherbourg, Citoyen Ministre, sont en mauvais état ; elles auraient besoin d'être enduites de pouzzolane. Je vous prie de donner des ordres pour que cela soit fait promptement.

Il y a des affûts commandés à la Fère pour Cherbourg; donnez des ordres pour qu'ils y soient envoyés dans le plus court délai.


 Saint-Cloud, 19 juin 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Toute la 32e demi-brigade, Citoyen Ministre, a eu ordre de rester réunie à Cherbourg; cependant j'apprends qu'il n'y en a que deux bataillons. Veuillez vous faire rendre compte d'où vient cette désobéissance aux ordres donnés. Elle doit fournir au moins 900 hommes aux travaux du port.


Saint-Cloud, 19 juin 1803

Au citoyen Fleurieu (Charles-Pierre Claret, comte de Fleurieu,1738-1810, capitaine de vaisseau), chargé par intérim du portefeuille de la marine

Je vous prie, Citoyen Ministre, de témoigner mon mécontentement au préfet maritime de Dunkerque. Il n'avait pas le droit de diriger des canonnières de Boulogne sur Flessingue, puisque tous les ordres du ministre de la marine sont, au contraire, que toutes les canonnières se réunissent à Boulogne. La raison qu'il allègue pour avoir exposé ces canonnières au trajet de Flessingue est tout à fait futile ; le moindre bateau pêcheur remplissait ce but. Le capitaine qui mandait ces canonnières s'est lâchement conduit. Comment, avec deux pièces de 24, a-t-il pu se rendre sans tirer un coup, et comment, étant échoué, n'a-t-il pas brûlé ses canonnières ? Il y a tout à la fois de l'ineptie et de la lâcheté dans cette conduite. Il faut faire un  exemple sur cet officier.


Paris, 20 juin 1803                              

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - A dater de la publication du présent arrêté, il ne  sera reçu dans les ports de la République aucune denrée coloniale provenant des colonies anglaises, ni aucune marchandise venant directement ou indirectement de l'Angleterre.
En conséquence, toutes denrées et marchandises provenant de fabrique ou de colonie anglaise seront confisquées.
ART. 2. - Les bâtiments neutres destinés pour les ports de la République devront être munis d'un certificat délivré par le commissaire ou agent des relations commerciales de la République au port d'embarquement, lequel certificat portera le nom du vaisseau, celui du capitaine, la nature de la cargaison, le nombre d'hommes d'équipage et la destination du bâtiment.
Dans cette déclaration, le commissaire certifiera qu'il a vu le chargement s'opérer sous ses yeux, et que les marchandises ne sont point de fabrique anglaise et ne proviennent ni de l'Angleterre ni de ses colonies.
Un double de cette déclaration sera adressé au ministre de l'intérieur par le commissaire de la République, le jour même du départ du bâtiment.
ART. 3. - Tout capitaine qui, par oubli de formes ou par changement de destination, ne se trouvera pas muni d'une semblable déclaration, ne sera admis dans les ports de la République qu'à condition de charger en retour, en produits des manufactures françaises, pour une valeur égale à celle de sa cargaison.
Le directeur des douanes enverra au préfet du département l'état de la cargaison et celui des marchandises prises en retour; sur cet état, le préfet délivrera le permis de sortir du port.
ART. 4. - Les ministres de l'intérieur, des relations extérieures et des finances, sont chargés de l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré au Bulletin des lois.


Saint-Cloud, 21 juin 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

J'ai reçu vos lettres de Cherbourg, du Havre et de Boulogne.

Je ne serai probablement que mardi 9 (28 juin), au soir, à Saint-Valery-sur-Somme; vous avez donc le temps d'aller jusqu'à Flessingue.

J'ai chargé le citoyen Fleurieu de témoigner mon mécontentement au préfet de Dunkerque, qui a ordonné des mouvements opposés à notre position actuelle.

Chargez un officier de marine de parcourir la côte de Boulogne à Dunkerque, pour désigner les points où l'on pourrait construire des batteries. Il est nécessaire d'en avoir un si grand nombre sur cette côte que les canons pour ainsi dire se croisent, afin que nos chaloupes soient toujours protégées. Comme il nous sera difficile de nous passer de Dunkerque, il faut le plus possible faciliter les communications.


Saint-Cloud, 21 juin 1803

Au citoyen Fleurieu, chargé de l'intérim du portefeuille de la marine

Mon intention, Citoyen Ministre, est que l'on donne à l'atelier à Paris une nouvelle activité. Je désire avoir au 1er vendémiaire vingt chaloupes canonnières, vingt bateaux canonniers et vingt péniches construite, mâtées et gréées. Chaque chaloupe portera quatre pièces de 24 légères; si cela est nécessaire, elles seront en bronze. Chaque bateau canonnier portera une pièce de 24 et une pièce de campagne de 8. Chaque péniche portera un obusier. Ces soixante bâtiments seront sur la Seine et prêts à partir au 1er vendémiaire; ils feront le plus bel ornement de la fête de la fondation de la République.

Il y a aujourd'hui deux chantiers à Paris où il y a six bâtiments en construction. Il est indispensable que, d'ici au 15 messidor, soixante bâtiments soient sur le chantier.

Il faut établir des chantiers, s'il n'y a aucun inconvénient, hors des barrières de Paris. Les bois reviendraient moins cher, puisqu'ils ne payeraient point d'octroi. Dans le cas contraire, on fera exempter l'octroi les bois destinés à cet objet.

Il faudrait donner à ces constructions une direction uniforme; on pourrait donc établir tout ce qui est relatif au parc et à l'artillerie à Vincennes ou au Champ-de-Mars; et, pour cet effet, on nommerait un officier d'artillerie de la marine et on établirait un atelier. On choisirait un endroit convenable pour travailler aux mâtures, voilures, gréements, etc. On nommerait un commissaire de marine, un garde-magasin et un ingénieur en chef.

Vous vous concerterez avec le ministre de l'intérieur pour que tous les ouvriers existant sur les rivières, dans les départements de Seine, de Seine-et-Oise, de l'Oise, de Seine-et-Marne, soient requis et appelés aux travaux de Paris.

Comme d'ici au 1er vendémiaire il n'y a que le temps nécessaire pour qu'une pareille opération soit possible, il est nécessaire d'y porter la plus grande activité.

Apportez-moi vendredi un travail détaillé.

Ces soixante bâtiments devraient porter les noms des soixante principaux quartiers de Paris.


Saint-Cloud, 21 juin 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Je désire que vous lanciez un mandat d'arrêt contre les prêtres du diocèse de la Rochelle dont les noms suivent : Kemme, Gautier, Croisetière, Archambaud, Francois, et contre l'imprimeur Commandite.

Vous donnerez l'ordre de saisir à la fois leurs papiers, et d'envoyer ces individus en toute diligence à Paris. Faites saisir toutes les brochures qui se trouveraient chez l'imprimeur Commandite et imprimées par lui.

Envoyez un courrier extraordinaire. Il me paraît convenable que cette arrestation se fasse par la gendarmerie. Expédiez à cet effet un capitaine, qui prendra ses mesures pour que ces individus soient arrêtés à la même heure et à la fois.


Paris, 22 juillet 1803

ARRÊTÉ

1° Les dispositions présentées par le ministre de la guerre, en conséquence du travail rédigé par le premier inspecteur général de l'artillerie, relatif à l'artillerie des camps de Saint-Omer, Gand et Compiègne, annexé au présent arrêté , sont approuvées en tout ce qui n'est pas contraire aux dispositions ci-après :

2° Il ne sera pris aucune pièce d'artillerie à Maëstricht.
Il n'en sera pris aucune ni à Metz ni à Strasbourg.
Il sera fondu cent pièces de 24 courtes.
Les fonderies de Douai, Metz, Strasbourg, seront, à cet effet, mises en activité.
3° Le premier inspecteur général d'artillerie soumettra au ministre tous les mouvements à faire pour l'artillerie de siège; il fera autant de rapports qu'il y aura de places d'où il proposera d'en tirer, afin de faire connaître quel est l'armement de la place, et s'il restera complet indépendamment des pièces qu'on en tirera. Le ministre présentera au Gouvernement ces dispositions pour être autorisé à ordonner les déplacements.
4° Il sera fondu deux cents pièces de 24 longues, avec les pièces de différents calibres inutiles qui sont à Toulon, et que le minis de la marine doit mettre à la disposition du ministre de la guerre.
Le ministre de la guerre prendra les mesures nécessaires pour la fonderie de Toulon puisse fondre des pièces de ce calibre.
5° Aucun directeur des parcs des six camps ne sera choisi parmi les colonels des régiments d'artillerie, qui doivent rester à leurs corps pour commander les batteries.
Le 4e bataillon du train d'artillerie restera à Turin.
6° Les troupes d'artillerie destinées aux camps de Saint-Omer, Gand et Compiègne, seront composées de dix compagnies du 1er régiment à pied, de dix du 5e, de dix du 7e.
7° Parmi le nombre des compagnies ci-dessus, quatre du 5e régiment et quatre du 7e seront sur-le-champ complétées au pied de paix et se rendront le plus tôt possible à Douai.
8° Il sera dirigé de suite sur Douai deux compagnies de chacun des bataillons du train, destinées aux camps de Saint-Omer, Gand et Compiègne; ces compagnies mèneront avec elles les chevaux du bataillon.
9° Il sera dirigé sans délai sur Douai quatre compagnies de pontonniers, ainsi que la 1e et la 7e compagnie d'ouvriers.
Quat à la 4e compagnie, qui est à Auxonne, et à la 15e, qui est à Grenoble, elles recevront l'ordre de se rendre à Douai aussitôt que ce mouvement pourra s'exécuter sans inconvénient; en conséquence,  il sera pris des mesures pour que les travaux de ces arsenaux soient continués, malgré le départ de ces compagnie.
10° Les huit bataillons du train seront sur-le-champ dédoublés.
11° Le ministre de la guerre fera la reprise de 6,000 chevaux d'artillerie, pris parmi ceux qui ont été placés chez les cultivateurs.
Dans ce nombre sont compris les chevaux levés pour le train d'artillerie de la garde des Consuls.
12° Le ministre de la guerre fera confectionner 3,000 harnais, 3,250 selles pour les bataillons du train.
13° Le premier inspecteur général d'artillerie donnera tous les ordres pour les mouvements du matériel du parc, d'après ceux qui lui auront été envoyés directement par le ministre.
Le premier inspecteur général soumettra au ministre successivement tous les ordres pour les travaux dans les deux arsenaux de Douai et de la Fère.
14° Les arsenaux de la Fère et de Douai seront sous l'inspection particulière du directeur des parcs des six camps des côtes de l'Océan.
Chacun de ces arsenaux conservera néanmoins son mode de comptabilité ordinaire pour les nouveaux travaux à y exécuter.


Saint-Cloud, 22 juin 1803

ORDRE

1° Toutes les pièces du calibre de 4 et de 8 qui se trouvent dans la 27e division militaire et dans la République italienne, appartenant à l'équipage de campagne, seront fondues et remises au calibre de 6 et de 12 du nouveau modèle, de manière qu'au ler germinal il y ait, entre Alexandrie, Fenestrelle et Plaisance, trois cents pièces de campagne du calibre de 12, de 6,. de 3, et obusiers.
La moitié de cet équipage sera réunie à Alexandrie.
2° On travaillera sur-le-champ à l'approvisionnement d'Alexandrie.
Il sera composé de cent pièces de 24, dont vingt légères, cent pièces de 12, cent pièces de 6, cinquante pièces de 3, cinquante obusiers ou mortiers; total, quatre cents pièces, indépendamment de l'équipage de campagne.
L'approvisionnement de Fenestrelle sera le tiers de celui d'Alexandrie.
Les pièces des calibres conservés qui se trouveront à l'arsenal, ou à la citadelle de Turin, ou dans toute autre position du Piémont, seront dirigées sur ces deux-points, de manière qu'il n'y ait à Turin, ni dans aucune autre place, aucune salle d'armes ni dépôt de munitions de guerre, et surtout aucune bouche à feu.
On travaillera à la construction des affûts dans l'arsenal de Turin; il devra y avoir deux affûts pour chaque pièce.
3° Il sera choisi, à Alexandrie, un emplacement pour l'établissement d'un arsenal et de magasins et chantiers de toute espèce, nécessaires à une place de cette importance et destinée à être le centre des opérations de l'armée française sur cette frontière.
On choisira un emplacement tel qu'on puisse, avec le temps, y transporter tout l'arsenal de Turin.
4° Tout le nouveau système d'artillerie sera mis sur-le-champ en exécution pour l'Italie et dans la 27e division militaire.
On conservera toutes les pièces de 3 et de 16.
5° La citadelle de Turin restera armée des cinq pièces de 23 qui s'y trouvent, de cinquante pièces du parc de campagne qui doit être transporté à Fenestrelle, ainsi que de quelques mortiers et pièces irrégulières, jusqu'à ce qu'elles soient fondues.
Sous quelque prétexte que ce soit, il ne pourra y avoir, au1er germinal de l'an XII, aucune bouche à feu dans les villes de la 27e division militaire, tout devant être réuni à Fenestrelle, Alexandrie, à la citadelle de Turin pour ce qui est nécessaire à son armement.


Paris, 22 juin 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Il sera confectionné sur-le-champ 50,000 outils, comme pioches, louchets, pelles rondes, pics à hoyau, haches, scies et serpes, dans les proportions nécessaires. Cette confection aura lieu dans les places du Nord. Ils seront rendus le 15 vendémiaire à Saint-Omer.
ART. 2. - Il sera confectionné 6,000 sacs à terre, dont 4,000 pour le service de l'artillerie et 2,000 pour celui du génie.
ART. 3. - Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution présent arrêté.


Paris, 22 juin 1803

Au citoyen Fleurieu, chargé de l'intérim du portefeuille de la marine

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au vice-amiral Truguet que mon intention est qu'il prenne le commandement de l'escadre qui s'arme à Brest. Il est donc indispensable qu'il s'y rende dans le plus court délai, afin d'arborer son pavillon en rade. Recommandez-lui de veiller, dans le plus grand détail, à l'armement de ses vaisseaux et à l'exercice de ses équipages.


Paris, 22 juin 1803

DÉCISION

Il est rendu compte que l'on n'a pas envoyé de lettres de marque à Ancône.

Savoir pourquoi on s'est permis de contrarier l'ordre donné. Envoyer sur-le-champ des lettres de marque à Ancône.


Saint-Cloud, 23 juin 1803

Au citoyen Roederer, sénateur

J'aurais éprouvé un vrai plaisir de vous avoir auprès de moi pendant le voyage que je vais entreprendre; mais, le Sénat devant immédiatement s'occuper d'une de ses fonction les plus importantes, la nomination du cinquième des membres du Corps législatif, j'ai pensé que votre présence était nécessaire au Sénat pour cette nomination. Cette opération terminée, quelque part que je me trouve, je vous verrai toujours auprès de moi avec plaisir, car vous ne doutez pas des sentiments tout particuliers que vous m'avez inspirés.


Saint-Cloud, 23 juin 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je n'ai point répondu, Citoyen Ministre, aux cantons de Zug, de Bâle, de Lucerne, de Fribourg, de Berne, de Glaris, des Grisons, de Ticino, de Schaffouse, de Zurich et d'Argovie. Vous trouverez les lettres que ces cantons m'ont écrites, dans le Moniteur. Je vous prie d'y faire des réponses, de les faire transcrire sur vélin par le citoyen Maret, et de me les apporter à signer.

Je vous prie de répondre également à la lettre ci-jointe du conseil d'État du Valais.


Saint-Cloud, 23 juin 1803

Au général Bourcier, conseiller d'État

Je vous renvoie votre projet de travail sur la cavalerie. J'y ai encore fait quelques changements. Je désire que le nombre d'hommes dont on alimente chaque compagnie en temps de guerre soit égal au sixième des hommes qui composent un escadron sur le pied de paix. La raison en est qu'au moment de la guerre on doit former, des quatre escadrons sur le pied de paix, trois seulement sur le pied de guerre, et laisser le cadre d'un escadron pour recevoir le complément de guerre. Une fois cet escadron complété, il rejoint le régiment; on rend, s'il est nécessaire, à chaque escadron ses hommes et on forme alors une compagnie de dépôt; ce qui peut être vers la moitié ou la fin de la première campagne.

Cette manière est plus simple et économique. On a diminué deux hommes sur le nombre d'hommes à pied dans les chasseurs, et quelques hommes sur ceux à cheval, afin de conserver de l'uniformité avec les régiments de cuirassiers et de cavalerie.  


Saint-Cloud, 23 juin 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE ler. - La veuve de Léon Aune, officier de la garde qui s'est distingué par des actions d'éclat et est mort des suites des blessures nombreuses qu'il a reçues à la guerre, jouira d'une pension de 500 francs par an.
ART. 2. - Les ministres de la guerre et du trésor public sont chargés de l'exécution du présent arrêté.  


Saint-Cloud, 23 juin 1803

Au général Victor

Citoyen Lieutenant Général Victor, commandant les troupes françaises en Batavie, j'ai appris avec un vif plaisir, par votre lettre du 3 prairial, que vous vous mariez avec la fille du contre-amiral hollandais Vosch van Avezaet. Je ne puis voir qu'avec satisfaction des liens qui tendent à unir les citoyens distingués des deux républiques.


Paris, 23 juin 1803

ORDRES POUR LE MINISTRE DE LA MARINE

Écrire au général Ganteaume de presser la 6e commission d'exécuter avec activité ses instructions et de mettre sur-le-champ en construction une trentaine de chaloupes canonnières. Quels que soient les objections et les inconvénients que l'on voie à envoyer les gréements à Boulogne, il faut que l'ou obéisse.

Écrire au commissaire à Bordeaux de recommander à la 5e commission de mettre en construction le plus tôt possible, et surtout à Bayonne, où les ouvriers sont sans travail. Et, comme on a besoin de tous les moyens, il faut interdire toutes autres constructions que celles de l'État, surtout défendre les constructions pour l'Espagne et la sortie des bâtiments construits.

Écrire au citoyen Forfait qu'il y a encore bien peu de bâtiments en construction sur tous les points; qu'on en voit bien peu à Honfleur; qu'on n'en voit point à Dieppe, Fécamp, Tréport, Caen, Cherbourg, la Hougue, etc.

Lui dire d'assurer les commissions que tout sera exactement payé; que deux millions d'extraordinaire viennent encore d'être donnés pour cet objet, etc.

Demander à Lorient pourquoi la quille de l'Alcide n'est pas encore sur le chantier.

Demander à Rochefort pourquoi L'Ajax et le Triomphant ne sont point encore sur leur quille.


Paris, 24 juin 1803

DÉCISION

Rapport de la police sur une brochure où la Révolution française est traitée par le citoyen de Sales avec les plus noires couleurs.

Je prie le Consul Cambacérès de prendre connaissance de cette brochure, et de savoir pourquoi on n'a pas empêché cet insensé, d'écrire et s'il n'y a pas moyen d'empêcher cette publication; savoir si l'on ne pourrait pas exclure de l'Institut un homme qui écrit contre l'État.


Amiens, 26 juin 1803(Du 25 juin au 11 août 1803, le Premier Consul effectue un long voyage dans le nord de la France et en Belgique)

Au consul Cambacérès

J'ai reçu votre lettre, Citoyen Consul. Je suis arrivé samedi à sept heures du soir à Amiens. Une voiture où était madame Talhouet a versé. Cette dame a reçu une légère contusion.

J'ai lieu d'être très-satisfait de l'esprit de cette ville et de toutes les communes que j'ai traversées. Partout j'ai reçu l'expression des sentiments qui animent la nation dans la guerre injuste que nous sommes obligés de faire.

Je suis resté ce matin quatre ou cinq heures à cheval. J'ai descendu la Somme pendant une lieue. Ce pays est très-beau et est appelé à un plus haut degré de prospérité. J'ai reçu après la messe toutes autorités constituée.

J'envoie à Paris les quatre cygnes qui m'ont été offerts par la ville d'Amiens selon une antique coutume; je compte les faire mettre dans le bassin des Tuileries.

Demain la ville me donne une petite fête. Je partirai mardi pour Abbeville.


Amiens, 26 juin 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DE LA MARINE

Le ministre de la guerre fera réparer le clocher de l'île d'Yeu. Il fera réparer et agrandir le port.

Il fera dresser le plan de l'ouvrage permanent, et prendra toutes les dispositions nécessaires pour qu'on travaille à cet ouvrage en temps de guerre, afin d'y employer la nombreuse garnison de l'île.

Le ministre de la guerre se concertera avec le générai Dejean pour l'établissement régulier du bateau de poste. Il fera établir et monter par les matelots du pays deux chaloupes dans le genre des chaloupes espagnoles, sur lesquelles on placera une pièce de 18 et une de 24, servies par les canonniers garde-côtes de la compagnie de l'île d'Yeu.


Amiens, 26 juin1803

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les lettres dont j'ai pris connaissance. J'imagine que vous avez écrit au général Rusca que tout ce qui concerne la police doit être sous sa dépendance, et que la chaîne ne doit se fermer et s'ouvrir que par ses ordres.

Il n'y a aucune espèce de doute qu'il ne doive former une commission et punir sévèrement les déserteurs.

Donnez ordre que les batteries soient approvisionnées dans les îles de Ré et d'Oléron, et prenez des mesures pour que le commandement de l'île d'Aix soit entre les mains d'un officier ferme et intelligent.


Amiens, 26 juin 1803

Au citoyen Fleurieu

Citoyen Fleurieu, Conseiller d'État, chargé par intérim du portefeuille de la marine, l'atelier de Compiègne offre les plus grandes ressources : bois, ouvriers, local, tout s'y rencontre. Donnez des ordres pour qu'on construise dans le chantier de cette ville quatre bâtiments de chaque espèce, en tout douze. Cette commune n'étant pas éloignée, les constructions pourront servir à compte de ce que doit fournir Paris.


Amiens, 27 juin 1803, à midi.

Au consul Cambacérès

Quoiqu'il n'y ait que quatorze procès-verbaux, Citoyen Consul, il me paraît nécessaire de les expédier sur-le-champ au Sénat. Avant qu'il ait fini son travail, on lui enverra les autres.

Je vais aujourd'hui visiter les manufactures d'Amiens. Demain je partirai pour Saint-Valery.

Le citoyen Talleyrand est arrivé à deux heures après minuit.


Amiens, 27 juin 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

J'ai reçu, Citoyen Ministre, la lettre que votre courrier extraordinaire m'a apportée. Je vous prie de montrer aux consuls Cambacérès et Lebrun la brochure de ce fou de l'institut, et de voir s'il n'y a pas moyen d'empêcher ce corps d'être déshonoré par une conduite aussi folle que coupable. La seule punition à infliger à l'auteur serait de le faire chasser de l'Institut.

Vous trouverez ci-joint une série de questions à faire au vicomte de Caraman. Dans tous les cas, il faut le tenir au secret. Il m'est prouvé que cet homme a eu des liaisons coupables avec le ministre anglais.

Questions à faire à Caraman :

1° Combien de fois a-t-il vu MM. Merry, Jackson et Withworth ? 
2° Quelle espèce de conversations, de liaisons, de renseignements avait-il à leur donner ou à en recevoir ?


 Amiens, 27 juin 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Le port d'Amiens sera prolongé de toute la longueur du rempart jusqu'au fossé qui borde la Somme.
ART. 2. - Il sera construit un bassin dans la prairie située entre la porte de la Hautoye et la Somme.
ART. 3. - Les portes de Noyon et de Beauvais seront élargies ce qui est nécessaire pour le passage des grandes voitures chargées.
ART. 4. - Tous ces travaux seront conduits de manière que la place ne se trouve point ouverte, et quelle conserve toujours l'avantage qu'elle a de pouvoir facilement être mise à l'abri d'un coup main.
ART. 5. - Le maire d'Amiens fera faire les projets de ces différents travaux, qui seront exécutés par la commune, avec l'approbation du directeur du génie.
ART. 6. - Les ministres de l'intérieur et de la guerre sont chargés de l'exécution du présent arrêté.


Amiens, 27 juin 1803

Au citoyen Gaudin, ministre des finances

J'ai reçu, Citoyen Ministre, votre lettre du 7 messidor. j'y lu avec plaisir que, dans ce seul mois, vous avez vendu 4,,400,000 francs de biens nationaux. On ne saurait trop presser ces ventes, car l'exercice de l'an IX ne laisse pas d'avoir besoin de ses 20 millions. Activez-les donc le plus possible.


Amiens, 27 juin 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Écrivez au cardinal-légat, Citoyen Ministre, que je le verrai avec plaisir à Bruxelles; sa présence ne pourra qu'être fort utile à la religion et à l'Église. J'ai donné des ordres pour que, dans tout son voyage, il fût servi par les postes aux frais du Gouvernement.


Amiens, 27 juin 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le roi de Prusse, Citoyen Ministre, ayant accordé le passage sur une lisière de son territoire pour des détachements et convois qui se rendraient à l'armée de Hanovre ou qui en reviendraient, il me paraît convenable de diriger une route qui passerait par Düsseldorf et irait droit en Hanovre.

Il faudra avoir soin,

1° de bien marquer les journées d'étape;
2° de faire des marchés avec des habitants du pays pour fournir ce qui sera nécessaire ; 
3° que ce passage ne soit d'aucune charge aux habitants ; 
4° que la solde et une indemnité de route soient payées aux détachements qui iront à l'armée de Hanovre et en reviendront.

Il faudrait de plus charger un adjoint d'état-major et un commissaire des guerres de s'assurer que le service se fait bien, et d'instruire le commandant da pays où doit passer la route du nombre d'hommes qui passeront et du jour de leur arrivée. L'avis doit précéder d'au moins vingt-quatre heures.

Il faudrait de plus qu'il ne passât jamais plus de 200 hommes et de 200 chevaux à la fois.


Amiens, 21 juin 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de recommander au général Mortier de laisser la place de Hameln en approvisionnement de siège.- Donnez ordre de faire passer en France toute l'artillerie française qui avait été prise dans la guerre de Hanovre, ensuite tout ce qui est inutile à la défense de cette place. Nommez un commandant, un commissaire des guerres, un garde-magasin, un officier d'artillerie et un officier du génie, qui y soient à demeure, afin que dans toutes les circonstances cette place puisse servir de point d'appui à l'armée.


Amiens, 27 juin 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Il sera mis en construction 30 bateaux plats sur l'Elbe et 30 sur le Weser. De ces 60 bateaux plats, 20 seront de première espèce, 20 de la seconde et 20 de la troisième.
ART. 2. - Les bois, fers, canons, munitions de guerre et tous les objets nécessaires à l'armement et à l'équipement de ces bateaux seront pris dans les forêts, magasins, arsenaux du pays de Hanovre.
ART. 3. - Chacun de ces bateaux portera le nom d'une des demi-brigades qui sont en Hanovre, et d'un général de division ou de brigade qui s'y trouvent
ART. 4. - Les ministres de la marine et de la guerre sont chargés de l'exécution du présent arrêté.


Amiens, 27 juin 1803

Au citoyen Fleurieu

Citoyen Fleurieu, Conseiller d'État, chargé par intérim du portefeuille de la marine, les départements du Haut et du Bas-Rhin ont offert de construire chacun 15 chaloupes canonnières à leurs frais; le département de l'Ourthe en a offert le même nombre. Il est nécessaire que vous vous mettiez en correspondance avec ces trois préfets et que vous leur fassiez connaître qu'il est important que ces bâtiments soient construits pour vendémiaire, et que les ingénieurs de la marine dirigent ces constructions. Il y a un grand nombre de charpentiers sur le Rhin et sur la Meuse, qui traversent les départements qui ont fait l'offre de ces constructions.

Le département de l'Eure a offert plusieurs chaloupes canonnières; écrivez au préfet de les faire mettre en construction sur l'Eure.

Le ministre de la marine, qui est à Flessingue, me mande que de tous côtés on construit sur la Manche. Il paraît que nous aurons besoin d'une grande quantité de canons. Il faudrait faire en sorte de s'en procurer deux cents nouvelles pièces de 24, deux cents de 18 et deux cents obusiers, qu'il faudrait diriger sur Boulogne. Il serait nécessaire que ces pièces fussent rendues dans cette place dans le courant de vendémiaire.

Les fonderies de la marine doivent nous fournir de grands moyens. Faites-vous faire un rapport sur les mesures à prendre pour se procurer promptement le nombre de canons nécessaire, sans dégarnir nos ports.

Écrivez au préfet maritime de Toulon pour lui faire connaître l'importance de travailler avec la plus grande activité à réparer et armer ses vaisseaux.

Je pense que nous aurons bientôt 500 chaloupes. Si vous pensez que l'on puisse être embarrassé pour des ancres, commandez-en.


Abbeville, 29 juin 1803

Au consul Cambacérès

J'ai reçu votre lettre du 8 messidor, Citoyen Consul. Je suis parti d'Amiens hier mardi, à huit heures du matin, après avoir été en pompe à la cathédrale faire les prières de partance.

J'ai traversé Abbeville ; je nie suis rendu à Saint-Valery; j'y suis resté six heures à cheval, en parcourant les points les plus importants de la côte. Je suis revenu coucher à Abbeville, d'où je vais partir, dans une heure, pour Étaples et Boulogne.

Partout les constructions commencent à se mettre en train. J'ai trouvé à Abbeville, Saint-Valery et sur toute ma route le même esprit qu'à Amiens.


1er - 15 juin 1803