Janvier 1805


Paris, 1er janvier 1805

A M. Fouché

Monsieur Fouché, Ministre de la police, ayant jugé à propos de faire racheter, de la famille du général Moreau, Grosbois et la maison de la rue d'Anjou, et désirant reconnaître les bons services des maréchaux Berthier et Bernadotte, je vous fais cette lettre pour que vous ayez à leur faire passer la vente en bonne et due forme de ces propriétés (Grosbois au maréchal Berthier et la maison rue d'Anjou au maréchal Bernadotte), afin qu'ils en jouissent sur-le-champ dans l'état où elles sont.


Paris, ler janvier 1805

A l'empereur d'Autriche

Monsieur mon Frère, plein de confiance dans les sentiments que Votre Majesté Impériale a bien voulu me témoigner, je m'empresse de lui écrire directement pour l'instruire des nouvelles circonstances qui m'ont mis à même de lui donner une preuve de ma considération et du prix que j'attache à l'union de nos deux États. De concert avec le gouvernement de la République italienne, j'ai cédé tous mes droits sur ce pays, que j'avais depuis la consulte de Lyon, à mon frère Joseph, que j'ai proclamé roi héréditaire de cette contrée, avec la clause de renonciation à la couronne de France, comme cela fut fait au commencement du siècle dernier pour Philippe V, de manière que les deux couronnes ne puissent être réunies sur une même tête. J'ai sacrifié ma grandeur personnelle, j'ai affaibli mon pouvoir; mais j'en serai amplement récompensé si je puis avoir fait quelque chose d'agréable à Voire Majesté. Ayant ainsi banni toute l'inquiétude que l'on pouvait nourrir de l'idée de la réunion du territoire de la Lombardie à la France, que Votre Majesté me permette de me confier dans ses bonnes dispositions, qu'elle se repose entièrement sur ma parole de vouloir absolument maintenir la meilleure intelligence entre nos États, et qu'elle considère que la formation d'armées en Carniole et dans le Tyrol m'obligerait à une réunion d'armées en Italie et sur le Rhin; opérations très-coûteuses pour nos finances et qui ne produiraient que de nouvelles charges pour nos peuples. Elles seraient entièrement inutiles, si Votre Majesté partage mon désir de maintenir la paix du continent et de se mettre en garde contre les instigations des Anglais, qui seuls ont la volonté de la troubler, quoique leur intérêt bien entendu serait enfin de laisser se consolider l'Europe, et, après des secousses si violentes, de laisser se rasseoir l'ordre social. Toutefois, que Votre Majesté veuille recevoir avec sa bonté ordinaire les nouvelles assurances de ma plus haute estime et de ma parfaite amitié. Sur ce, je prie Dieu, Monsieur mon Frère, qu'il veuille bien tenir Votre Majesté Impériale en sa sainte et digne garde.

De Votre Majesté Impériale le bon frère,

NAPOLÉON


Paris, 1er janvier 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, les500 chevaux que vous avez envoyés en Italie seront précomptés sur les 1,200 que je veux y envoyer. Faites partir les 232 qui restent au cantonnement d Saintes, de qui fera 700, et faites-en partir 500 de Paris de ceux de ma Garde. Mettez le plus grand ordre dans ces envois. Faites marcher les chevaux à très-petites journées et donnez-leur de fréquents repos. Rien n'est pressé. C'est une mesure de prudence pour n'être point obligé de faire des mouvements précipités. Quant aux 162 qui sont à Turin, laissez-les-y; il sera à temps de les envoyer où l'un voudra. Concertez-vous avec le vice-président Melzi et le ministre Marescalchi sur les mesures à prendre pour ramasser les 1,300 chevaux qui sont en Italie, car l'artillerie est toujours ce qui retarde la formation des armées. Mettez de la prudence et de la lenteur dans ces mouvements, afin de ne point porter d'alarmes, et que les chevaux et leurs harnais ne soient point fatigués. Les hommes de la Garde qui iront à Milan avec les chevaux y resteront jusqu'à nouvel ordre. Recommandez que ces chevaux soient tenus en bon état, qu'ils ne soient point fatigués et point éparpillés. Je vous recommande encore une fois beaucoup d'ordre et de lenteur dans leur marche.


Paris, 2 janvier 1805

Au roi d'Angleterre

Monsieur mon Frère, appelé au trône de France par la Providence et par les suffrages du Sénat, du peuple et de l'armée, mon premier sentiment est un vœu de paix. La France et l'Angleterre usent leur prospérité. Elles peuvent lutter des siècles. Mais leurs gouvernements remplissent-ils bien le plus sacré de leurs devoirs ? Et tant de sang versé inutilement, et sans la perspective d'aucun but, ne les accuse- t-il pas dans leur propre conscience ? Je n'attache point de déshonneur à faire le premier pas. J'ai assez, je pense, prouvé au monde que je ne redoute aucune des chances de la guerre; elle ne m'offre d'ailleurs rien que je doive redouter. La paix est le vœu de mon cœur, mais la guerre n'a jamais été contraire à ma gloire. Je conjure Votre Majesté de ne pas se refuser au bonheur de donner elle-même la paix au monde. Qu'elle ne laisse pas cette douce satisfaction à ses enfants! Car enfin il n'y eut jamais de plus belle circonstance ni de moment plus favorable pour faire taire toutes les passions et écouter uniquement le sentiment de l'humanité et de la raison. Ce moment une fois perdu, quel terme assigner à une guerre que tous mes efforts n'auraient pu terminer ? Votre Majesté a plus gagné depuis dix ans en territoires et en richesses que l'Europe n'a d'étendue. Sa nation est au plus haut point de prospérité. Que veut-elle espérer de la guerre ? Coaliser quelques puissances du continent ? Le continent restera tranquille; une coalition ne ferait qu'accroître la prépondérance et la grandeur continentale de la France. Renouveler des troubles intérieurs ? Les temps ne sont plus les mêmes. Détruire nos finances ? Des finances fondées sur une bonne agriculture ne se détruisent jamais. Enlever à la France ses colonies ? Les colonies sont pour la France un objet secondaire; et Votre Majesté n'en possède- t-elle pas déjà plus qu'elle n'en peut garder? Si Votre Majesté veut elle-même y songer, elle verra que la guerre est sans but, sans aucun résultat présumable pour elle. Eh ! quelle triste perspective de faire battre les peuples pour qu'ils se battent ! Le monde est assez grand pour que nos deux nations puissent y vivre, et la raison a assez de puissance pour qu'on trouve les moyens de tout concilier, si de part et d'autre on en a la volonté. J'ai toutefois rempli un devoir saint et précieux à mon cœur. Que Votre Majesté croie à la sincérité des sentiments que je viens de lui exprimer et à mon désir de lui en donner des preuves.

NAPOLÉON


Paris, 2 janvier 1805

Au roi d'Espagne

Monsieur mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté. J'attendais, pour y répondre, que je connusse le parti définitif qu'elle avait pris. J'y répondrai avec toute la franchise de mon caractère. J'eusse conçu un souverain mépris pour le cabinet espagnol s'il se fût prêté à un accommodement ignominieux après l'outrage que l'Espagne a reçu de l'Angleterre, et je n'aurais pu que déplorer la bassesse de ceux qui le lui auraient conseillé. Votre Majesté a pris le vrai parti : ce n'est que par les armes qu'on repousse des affronts aussi sanglants; mais aussi c'est ici que commence le devoir de Votre Majesté. Qu'elle manifeste la volonté de défendre son trône; qu'elle fasse armer ses vaisseaux; qu'elle exige de ses ministres cette activité et cette énergie d'exécution qui seule peut sauver votre empire et le montrer avec gloire aux yeux de la postérité. Votre Majesté a trente vaisseaux; qu'elle les fasse armer. Il ne lui manque point de matelots; il ne lui manque que de l'argent; elle peut facilement en trouver; puisqu'elle a réuni à sa couronne les biens de l'ordre de Malte, qu'elle les fasse vendre; qu'elle exige du clergé, et des ordres de l'État des contributions et des dons patriotiques.

L'Espagne a essuyé de grands maux; le ciel a voulu éprouver Votre Majesté. Que Votre Majesté, que la reine son épouse, que les princes, les princesses, les grands de l'État soient les premiers à faire des sacrifices. Le peuple espagnol est fier, généreux et brave. Il répondra à la voix de son souverain. Quant aux opérations de la guerre, je verrai avec plaisir que Votre Majesté charge le prince de la Paix de s'entendre directement avec la France, sans le concours des ministres, afin que le secret soit mieux gardé et l'exécution plus rapide. L'Europe regarde Votre Majesté. Si elle laisse manquer ses ports d'argent; si les forces de l'Espagne ne sont pour rien dans la balance de la guerre; si de petites intrigues ou des ministres ineptes paralysent ses opérations ou trompent Votre Majesté, elle peut s'attendre à perdre les Amériques. Car, enfin, il n'est pas juste ni conséquent que l'Espagne possède les meilleures colonies de l'Europe si elle ne veut ni montrer de l'énergie, ni mettre en état ses escadres. Que Votre Majesté chasse tous les ministres qui ne font que se plaindre et déplorer les malheurs de l'Espagne; ce sont des remèdes qu'il faut apporter, des ressources qu'il faut réunir, et le courage de ses peuple qu'il faut ranimer.


Paris, 2 janvier 1805

Au roi de Naples

Je réponds à la lettre de Votre Majesté. Les troupes françaises sont dans le royaume de Naples en conséquence du traité de Florence. Elles y seront tant que les affaires du Levant ne seront point finies, et je ne pourrai les considérer comme telles que lorsque Malte sera évacuée par l'Angleterre, et Corfou par la Russie. Sans l'arrivée à Corfou des troupes que l'empereur de Russie y a envoyées, à la sollicitation spéciale du ministre de Votre Majesté, j'aurais diminué le nombre des troupes françaises et n'aurais laissé à Tarente que les 4 ou 5,000 hommes nécessaires à l'occupation de ce poste. L'arrivée des Russes m'a obligé, au contraire, à en augmenter le nombre. Que Votre Majesté me permette de le lui dire, elle est mal conseillée; elle suit un système passionné, et contraire aux intérêts de sa Maison. Paris, Madrid et Vienne : voilà les véritables appuis de Votre Majesté. Votre Majesté est intéressée à la paix plus qu'aucun autre prince. Qu'elle repousse ces conseils perfides dont l'entoure l'Angleterre. Elle a conservé son royaume sans aucune perte, au milieu du bouleversement de l'ordre social; qu'elle ne risque point de le perdre lorsque l'ordre social s'est rassis. Un moment de plus peut-être, et le monde pacifié et tranquille reprendra sa politique et son allure de tous les temps. J'ai pourvu moi-même à la solde des troupes françaises, tandis que, par le traité de Florence, Votre Majesté s'y était engagée. J'ai voulu, en cela, lui donner une preuve de mon désir de répondre, autant qu'il est conciliable avec la politique générale, aux sentiments que Votre Majesté veut bien me témoigner.


Paris, 2 janvier 1805

A la reine de Naples

Madame, la lettre de Votre Majesté m'a été remise par M. le marquis de Gallo. Il m'est difficile de concilier les sentiments qu'elle contient avec les projets hostiles que l'on paraît nourrir à Naples. J'ai dans mes mains plusieurs lettres de Votre Majesté qui ne laissent aucun doute sur ses véritables intentions secrètes. Quelle que soit la haine que Votre Majesté paraît porter à la France, comment, après l'expérience qu'elle a faite, l'amour de son époux, de ses enfants, de sa famille, de ses sujets, ne lui conseille-t-il pas un peu plus de retenue et une direction politique plus conforme à ses intérêts ? Votre Majesté, qui a un esprit si distingué entre les femmes, n'a-t-elle donc pas pu se détacher des préventions de son sexe, et peut-elle traiter les affaires d'État comme les affaires de cœur ? Elle a déjà perdu une fois son royaume; deux fois elle a été la cause d'une guerre qui a failli ruiner de fond en comble sa maison paternelle; veut-elle donc être la cause de la troisième? Déjà, aux sollicitations de son ambassadeur à Saint-Pétersbourg, 10,000 Russes ont été envoyés à Corfou Quoi ! sa haine est-elle tellement jeune, et son amour pour l'Angleterre tellement exalté, qu'elle veuille, quoique assurée d'en être la première victime, embraser le continent, et opérer cette heureuse diversion pour l'Angleterre ? J'avoue que des passions si fortes auraient quelque part à mon estime, si les plus simples idées de raison m'en faisaient sentir la frivolité et l'impuissance. Son neveu, l'empereur d'Autriche, ne partage point ses sentiments et ne veut point recommencer la guerre, qui n'aurait pour son empire que des résultats peu satisfaisants. La Russie elle-même, que les sollicitations du ministre de Votre Majesté ont portée à envoyer 10,000 hommes à Corfou sent très-bien que ce n'est pas par là qu'elle peut faire la guerre à la France, et les dispositions de l'empereur Alexandre ler ne son point guerrières. Mais, en supposant que la catastrophe de votre famille et le renversement de votre trône armassent la Russie et l'Autriche, comment Votre Majesté peut-elle penser, elle qui a si bonne opinion de moi, que je sois resté assez inactif pour être tombé dans la dépendance de mes voisins ? Que Votre Majesté écoute cette prophétie, qu'elle l'écoute sans impatience : à la première guerre dont elle serait cause, elle et sa postérité auraient cessé de régner; ses enfants errants mendieraient, dans les différentes contrées de l'Europe, des secours de leurs parents. Par une conduite inexplicable, elle aurait causé la ruine de sa famille, tandis que la Providence et ma modération la lui avaient conservée. Renonce-t-on ainsi à un des plus beaux royaumes de l'univers ? Je serais cependant fâché que Votre Majesté prit cette franchise de ma part pour des menaces. Non, s'il était entré dans mes projets de faire la guerre an roi de Naples, je l'aurais faite à l'entrée des premiers Russes à Corfou, ainsi que l'aurait voulu une politique circonspecte; mais je veux la paix avec Naples, avec l'Europe entière, avec l'Angleterre même; et je ne crains la guerre avec personne, je suis en état de la faire à quiconque voudra me provoquer, et de punir la cour de Naples, sans craindre de ressentiment de qui que ce soit. Que Votre Majesté reçoive ce conseil d'un bon frère : qu'elle rappelle les chefs des milices; qu'elle ne provoque aucune espèce d'armement; qu'elle renvoie les Français qui l'excitent contre leur patrie; qu'elle rappelle de Saint-Pétersbourg un ministre dont toutes les démarches ont pour but de gâter les affaires de Naples et de la mettre dans des dangers imminents; qu'elle renvoie M. Elliot, qui ne trame que des complots d'assassinat et excite tous les mouvements de Naples; qu'elle donne sa confiance au chef de sa Maison, et, j'ose le dire, à moi, et qu'elle ne soit pas assez ennemie d'elle-même pour perdre un royaume qu'elle a gardé au milieu d'un si grand bouleversement où tant d'États ont péri. Je ne fais pas ma cour à Votre Majesté par cette lettre; elle sera désagréable pour elle. Cependant qu'elle y voie une preuve de mon estime. Ce n'est qu'à une personne d'un caractère fort et au-dessus du commun que je me donnerais la peine d'écrire avec cette vérité. Sur ce, je prie Dieu, Madame ma Sœur et Cousine, qu'il ait Votre Majesté en sa sainte et digne garde.


Paris, 3 janvier 1805

DÉCISION

Le ministre de l'intérieur propose à l'Empereur de nommer à des places vacantes d'agents de change et de courtiers de commerce. 

Je renvoie à M. Champagny ce  travail. Il  me le présentera mercredi avec les titres et les noms de tous les candidats, ainsi que ses notes. Il importe de bien choisir.


Paris, 4 janvier 1805

NOTE POUR LE DIRECTEUR DU MUSÉE NAPOLÉON ET DE LA MONNAIE IMPÉRIALE

Quel est le nombre des médailles du couronnement remises au secrétaire d'État et au trésorier général de la couronne?

Faire frapper six mille petites médailles en or pour la garde impériale.

Il sera mis une somme de
          6,282 francs,
          5,451
         48,000
      ------------
           59,733 pour supplément des fonds de médaille; cette somme sera imputée sur le supplément de crédit pour le sacre.

Combien coûteraient quatre cent mille médailles en bronze, première dimensions ?

La note des médailles d'encouragement et des achats de tableaux.


Paris, 4 janvier 1805

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, voici deux lettres, une pour le roi d'Angleterre et l'autre pour le contre-amiral Lacrosse. Mon intention est que vous n'écriviez que trois lignes à lord Harrowby. Le courrier ne pourra être porteur d'aucune autre dépêche que de la vôtre. Il s'arrêtera à Boulogne près le contre-amiral Lacrosse, que je charge d'expédier sa dépêche par un officier de son état-major.


Paris, 4 janvier 1805

Au contre-amiral Lacrosse

Monsieur le contre-amiral Lacrosse, mon ministre des relations extérieures expédie une dépêche à Londres. Mon intention est que vous donniez des ordres pour qu'un bâtiment la porte à bord de la première frégate qui paraîtra devant Boulogne. Vous en chargerez un officier d'état-major, auquel vous recommanderez de ne se permettre aucune espèce de propos ni de conjectures sur la nature de cette dépêche. Il se bornera à dire qu'un courrier l'a apportée à Boulogne, avec ordre de la remettre à bord de la première frégate anglaise; que cependant elle est assez importante pour que le capitaine ne perde pas de temps à la faire parvenir. Il prendra du capitaine un reçu, que vous enverrez au ministre des relations extérieures par le retour de son courrier. Veillez à ce que l'officier que vous enverrez ne soit porteur d'aucune dépêche autre que celle de M. Talleyrand. Mettez dans cette expédition tout le mystère qu'il vous sera possible, et qu'on ignore surtout que je vous ai écrit.


Paris, 4 janvier 1805

DÉCISION

Le ministre de la guerre présente me demande de AI. de Montesquiou, fils d'un ancien colonel, sous-lieutenant au 7e de chasseurs, pour être nommé lieutenant et attaché à l'état-major du maréchal Davout. 

Il faut quatre ans de grade  pour être susceptible d'avancement. Je suis étonné que le ministre me propose de pareilles demandes.


Paris, 4 janvier 1805

Au vice-amiral Decrès

Je vous envoie une note que vous passerez demain au général Gravina. Vous passerez également, dans la journée de demain, un traité avec lui. Vous insérerez dans ce traité, 1° que je me réserve de me concerter, dans un mois, avec le roi d'Espagne sur la destination de ses flottes; 2° qu'au ler mars ces dites forces seront disponibles. Vous pourrez d'ailleurs, avant de signer le traité, me le présenter avant minuit, quoique mon intention soit cependant qu'il soit signé demain avant minuit.

NOTE A PASSER A M. DE GRAVINA

Monsieur, j'ai mis sous les yeux de S. M. l'Empereur votre dernière lettre. Sa Majesté ne peut qu'applaudir au choix que le roi d'Espagne a fait de vous pour commander une de ses escadres. Elle désire que vous partiez le plus tôt possible pour presser vos armements. Les temps se pressent, et Sa Majesté est résolue à frapper de grands coups, auxquels elle s'est préparée depuis longtemps. Elle adhère cependant à votre idée de conclure un traité, et je suis autorisé à cet effet.

S. M. l'Empereur a et maintiendra au Texel une armée de 30,000 hommes et une escadre de guerre prête à la transporter.

A Flessingue, Dunkerque, le Havre et Boulogne, des flottille sont prêtes à transporter 120,000 hommes et 25,000 chevaux.

Une armée de 25,000 hommes est prête à partir de Brest su 21 gros vaisseaux, des frégates et des transports.

Une armée de 9,000 hommes est à toujours prête à s'embarquer sur une escadre de 11 vaisseaux et de 8 frégates;

Et une armée de 4,000 hommes est à l'île d'Aix avec 5 gros vaisseaux et 4 frégates.

Quelque confiance que S. M. l'Empereur veuille avoir en vous et en moi, la véritable destination de ces escadres est encore son secret. Il se réserve de s'en expliquer, dans un mois, avec S. M. le roi d'Espagne ou le généralissime de ses armées.

Voici ce que S. M. l'Empereur désire de l'Espagne.

Il y a au Ferrol 5 vaisseaux et 2 frégates. Il désire que Sa Majesté puisse, avant le commencement de mars, y joindre 8 vaisseaux ou au moins 7, et 4 frégates : ce qui formerait une escadre de 12 à 13 vaisseaux; elle devrait être prête à partir à cette époque, les équipages étant approvisionnés de six mois de vivres et les garnisons complètes. Il suffirait qu'il y eût, prêts à s'embarquer sur les vaisseaux espagnols, 2,000 hommes d'infanterie et 200 hommes d'artillerie, avec dix pièces de campagne approvisionnées à 300 coups par pièce et 200 cartouches par homme, sous les ordres d'un général-major.

S. M. l'Empereur désire qu'il y ait à Cadix, à la même époque 15 vaisseaux ou au moins 12, approvisionnés pour six mois, et portant, indépendamment de leurs garnisons, 2,500 hommes, dont 2,000 d'infanterie, 100 d'artillerie et 400 de cavalerie, sans aucun chevaux, avec dix pièces de campagne et 200 cartouches à tirer par homme;

Qu'il y ait à Carthagène une escadre de 6 vaisseaux sans troupes.

Ainsi, Monsieur, si l'Espagne fournit exactement ces différentes escadres, l'Angleterre payera chèrement et se repentira trop tard de l'agression faite à deux nations loyales qui n'avaient épargné aucun soin pour se maintenir eu paix. Si S. M. le roi d'Espagne peut faire davantage, nul doute que cela ne soit plus avantageux. Les demandes de S. M. l'Empereur ne paraissent point disproportionnées avec les forces de l'Espagne, puisqu'il ne demande véritablement que 29 vaisseaux dans une hypothèse, et 25 dans une autre. Quant aux détachements de troupes, il ne demande que 4,700 hommes; et ce ne sera qu'à la condition que les ministres d'Espagne exécuteront fidèlement ces dispositions, que Sa Majesté pourra garantir les possessions espagnoles dans les deux mondes.

Dans tous les cas, S. M. l'Empereur est plein de confiance dans la droiture et l'énergie du peuple espagnol, dans les sentiments de Sa Majesté, et dans les talents de vous, Monsieur, qu'elle a choisi pour commander son escadre.


Paris , 4 janvier 1805

A l'électeur de Hesse

Mon Frère, au moment où il a plu à la divine Providence de m'appeler au trône de France , rien ne peut m'être plus agréable que de recevoir de vous un témoignage de la part que vous prenez à cet événement. J'ai reçu la lettre de félicitation que vous m'avez écrite le 7 décembre l804; elle m'a fait juger combien vos sentiments envers moi correspondent à la ferme intention où je suis de maintenir constamment les rapports d'amitié qui nous unissent. J'ai chargé mon ministre plénipotentiaire près de Votre Altesse Électorale de vous en renouveler souvent les assurances, et de saisir toutes les occasions de vous convaincre de la sincérité de mon affection pour vous et de mes vœux pour votre satisfaction personnelle et pour la prospérité de votre Maison. Sur ce, je prie Dieu, mon Frère, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

Votre frère, NAPOLÉON

Des lettres semblables sont adressées aux princes de Reuss, d'Isenbourg, de Nassau; au landgrave de Hesse-Hombourg; aux membres de la noblesse immédiate de l'Empire; aux sénats de Hambourg, de Lubeck, de Brème, de Nuremberg; aux magistrats d'Augsbourg et de Francfort; au duc de Saxe-Gotha et Altenbourg; aux gouvernements de la République de Batavie, de la République ligurienne; au landamman de la Suisse; aux gonfalonier et anciens de la République de Lucques, etc.

On lit en marge de la minute : "Je prie monsieur Petit de refaire toutes ces lettres avec la correction que l'Empereur y a faite, et qui consiste à remplacer les mots : de consacrer par mon couronnement l'autorité que je tiens des institutions de l'Empire, par ceux-ci : de m'appeler au trône de France. -


Paris, 7 janvier 1805

A M. Portalis

Monsieur Portalis, mon Ministre des cultes, mon intention est que ma paroisse soit en bon état et qu'elle soit au moins aussi bien établie qu'aucune autre. Vous pouvez à cet effet disposer d'une somme de 100,000 francs sur le fonds appartenant aux dépenses des cultes qui se trouve entre les mains de M. Estève.


Paris, 7 janvier 1805

DÉCISION

Le général Gouvion et le préfet de la Vendée demandent le changement du général Malet, commandant le département. Sa mésintelligence avec le général Paulet nuirait aux opérations de la conscription. 

Renvoyé au ministre de la guerre pour me faire un rapport  sur le général Malet; tout le monde s'en plaint.


Paris, 8 janvier 1805

A M. Dauchy, conseiller d'État

Sa Majesté m'a chargé, Monsieur, de communiquer à la section les notes ci-jointes, qui ont pour objet de faire connaître le sens dans lequel l'Empereur désire que le projet de loi relatif à l'aliénation des biens affectés à la Légion d'honneur soit rédigé. C'est à vous, Monsieur, comme rédacteur de ce projet, que j'ai l'honneur d'adresser ces notes, l'Empereur désirant que ce projet soit définitivement rédigé demain. 

ARTICLE ler. - Les dotations affectées par l'institution de la Légion d'honneur aux seize cohortes qui la composent seront définitivement constituées pendant le cours des années XIII et XIV. Il sera conservé à chaque cohorte des biens-fonds d'un revenu de 100,000 francs au moins. Ces biens se composeront du moindre nombre de lots possible. Il sera procédé par voie d'acquisition ou d'échange aux réunions qui seront jugées nécessaires à cet effet.

ART. 2. - Le surplus des biens actuellement affectés à la dotation de chaque cohorte sera mis en vente en vertu d'un règlement d'administration publique. Le produit de ces ventes sera versé à la Caisse d'amortissement pour être converti en cinq pour cent constitué au cours de la place le jour du versement des valeurs.

ART. 3. - La constitution définitive de la dotation de chaque cohorte ou la vente du surplus des biens sera déterminée sur un rapport du grand chancelier de la Légion d'honneur. Chaque dotation une fois constituée, les biens-fonds ou les cinq pour cent qui en feront partie ne pourront subir aucun changement dans leur capita1 qu'en vertu d'une loi.

ART. 4. - Le grand trésorier de la Légion d'honneur sera spécialement chargé de placer tous les ans, en accroissement de capital et en cinq pour cent, le dixième du produit des rentes appartenant à chaque cohorte.


Paris, 9 janvier 1805

A M. Estève, trésorier général de la Couronne

A payer par ordre de S. M. l'Empereur,

(SALON DE L'AN XIII. - MUSÉE NAPOLÉON.)

A M. Gros, pour le tableau de 1a Peste de Jafa, ordonné par M. l'Impératrice, sans en avoir fixé le prix, ce qu'il ne faudrait jamais faire, la somme de 16,000 francs, qui ne satisfera pas l'amour-propre de cet artiste, attendu le prix désordonné du tableau Phèdre par Guérin, ci . . . . . . . . . . . . . 16,000 fr. 

A M. Rigo, pour le tableau de l'ange El-Mahdi, celle de  . . . . . . 4,000
A M. Serangeli, pour gratification à lui accordée en sus du prix de son tableau d'encouragement, celle de 3,000

(TABLEAUX ACQUIS AU SALON PAR ORDRE DE S. M. L'IMPÉRATRICE

A M. Demarne, pour un port de mer et un charlatan de village, acheté . . . . . . . . 2,000

A M. Lecomte, pour un paysage représentant des chevaliers se rendant à la terre sainte. . . . . . . . 1,800 

A M. Laurens, pour un tableau d'une jeune fille à une croisée, tenant un luth 1,000 

A M. Roehn, pour une foire de village . . . . . . 1,000 

A M. Duperreux, pour une vue des Eaux-Bonnes . ......700 

A M. Gérard, pour un dessin de la signature du Concordat, prix fixé à . . . . . . . . . . . . . . . 1,200 

Total à payer . . . . 30,700

Monsieur Estève payera ladite somme de 30,700 francs.


Paris, 10 janvier 1805

A M. Champagny

Monsieur Champagny, mon Ministre de l'intérieur, mon intention serait de terminer le monument de la Madeleine. On pourrait affecter, pour concourir à cette dépense, le produit de la vente du terrain des Capucines ou de tout autre qui serait encore à vendre à Paris. Je désire que vous me présentiez un projet en conséquence.


Paris, 11 janvier 1805

Au maréchal Bessières

M. le maréchal Bessières remettra sur les 217,705 francs qu'il touchera des relations extérieures, savoir : 100,000 pour lui; il achèvera le payement de sa terre; 50,000 pour le général Caffarelli 30,000 pour le général Rapp; il tiendra 37,705 francs à ma disposition pour donner aux officiers de la Garde qui se sont mariés ou qui auraient des besoins.


Paris, 12 janvier 1805

Le secrétaire d'État à M. Talleyrand

L'Empereur me charge de renvoyer à Votre Excellence la convention que vous avez négociée avec M. Gravina, et d'y joindre une autre copie qu'il m'avait renvoyée pour en faire les rectifications. Sa Majesté désire que, si M. Gravina est encore ici, vous signiez et vous fassiez signer cette copie, à laquelle on n'a rien ajouté, si ce n'est un préambule explicatif du but des puissances contractantes.

Sa Majesté désire aussi que vous engagiez M. Gravina à arrêter un article dont le sens serait que les deux puissances s'engagent à prendre les mesures nécessaires pour que le Portugal fasse cause commune avec elles et pour qu'au 1er germinal prochain tous ses ports soient fermés aux Anglais.

Dans le cas où M. Gravina serait parti, je vous prie de me renvoyer sur-le-champ les pièces que j'ai l'honneur de vous transmettre, afin que je puisse me conformer aussitôt aux ordres que Sa Majesté m'a donnés pour cette occurrence.


Paris, 12 janvier 1805

Au vice-amiral Decrès

Faites conduire à Brest et désarmer :

l° Les 10 péniches qui sont à Concarneau;
2° Les 3 bateaux canonniers et les 15 péniches qui sont à Benaudet;
3° La chaloupe canonnière et les 4 bateaux canonniers qui sont à Audierne;
4° Les 9 péniches qui sont à Penmarch;
5° Les 5 chaloupes canonnières et les 16 péniches qui sont à Brest.

Les équipages renforceront l'escadre. Tous les détachements des 44e et 63e régiments rejoindront leurs corps à Brest.

Tous les autres rejoindront leurs corps au camp de Boulogne. Pressez le départ de tous les bâtiments de la flottille qui se trouvent à Saint-Malo, Granville, au Havre, etc., pour les ports de rassemblement.


Paris, 14 janvier 1805

A M. Luçay

Monsieur Luçay, mon premier Préfet du Palais, je ne puis qu'être mécontent des états de pensions que vous avez soumis à mon approbation. Mon intention est qu'aucun artiste de mon Académie impériale de musique ne soit mis hors de service sans mon ordre. M. Benoît n'a pas le temps nécessaire pour avoir droit à une pension. Veuillez désormais ne me rien proposer que de conforme aux principes. M. Simon Denèle a déjà obtenu une pension par un arrêté du 27 ventôse an XII; je ne vois pas de raison de lui en accorder d'autre. M. Gerval Durand est dans le même cas. Mon intention est que Mme Boullet soit placée de manière à ne pas être à charge au théâtre; j'ai du reste fait passer au ministre du trésor public votre proposition de pensions, afin qu'il fasse vérifier si, pour la quotité et les droits, ces pensions sont conformes aux règlements.


Paris, 14 janvier 1805

A M. Fouché

Monsieur Fouché , mon Ministre de la police, je vous envoie un nouvel arrêté pour 213,000 francs. Je vous recommande le plus grand ordre pour tout ce qui concerne l'emploi de ces fonds. Mon intention est de faire imprimer l'état des dépenses des derniers six mois de cette année; et, l'année prochaine, l'examen de ce compte sera placé sous les yeux de mon Conseil d'État.

Je ne veux absolument aucune espèce de désordre. L'argent des jeux n'est réellement qu'un impôt indirect et dangereux sur les citoyens. Mon intention est que vous me fassiez un rapport sur tout ce qui concerne les jeux dans les départements. Il faut que les commissaires de police ne reçoivent d'autre traitement quelconque que leur appointements, et je ne puis approuver que les préfets, généraux ou commandants de place reçoivent aucune rétribution quelconque sur les produits des jeux. Mon intention est également qu'il n'en soit souffert aucun dans les petits endroits. La compagnie Perrin en établi de cette sorte, et à l'époque actuelle, ce qui ne s'était jamais vu, des agents obligent, avec des invitations écrites, les autorité locales à permettre l'établissement de ces jeux. Vous me ferez un rapport sur les villes où le malheur veut qu'on soit obligé d'en maintenir; niais je me propose d'en appliquer le produit aux hôpitaux ou aux objets nécessaires aux localités. Il y a encore à réformer, même sur les articles que j'ai arrêtés. Il n'existe aucune raison pour que les agents de police jouissent en même temps de deux traitements; dans le ministère de la police, comme dans les autres, l'honneur doit être le seul guide, ainsi que le désir de servir l'État; l'argent n'est qu'in accessoire de peu de considération près des autres motifs.

Il suffira de s'en tenir, cette année, à mon budget; mais, dans un an, vous en présenterez un où l'ordre se montrera réuni à la plus sévère économie.

Je désire que vous me fassiez un rapport sur les produits que la compagnie Perrin tire des jeux dans les départements, en les détaillant ville par ville et en y insérant l'emploi des fonds.


Paris, 14 janvier 1805

PROJET DE LETTRE A L'EMPEREUR DE RUSSIE

Monsieur mon Frère, je ne veux pas tarder à instruire Votre Ma-jesté de ce que je fais dans ce moment pour consolider la tranquillité de l'Europe et diminuer cette jalousie qu'on affecte d'avoir de la France, sans considérer cependant que, si elle est forte et populeuse, elle a aussi des charges bien grandes à supporter : d'un côté, une armée qui doit être aussi forte que celle de chacune des grandes puissances; de l'autre, une marine comme celle de l'Angleterre, fardeau trop pesant pour la France et que cependant elle doit supporter pour maintenir et l'équilibre du continent et celui des mers. Sous le nom de président, je suis vraiment roi d'Italie; les peuples de ces contrées me pressent d'en accepter le titre; je fais le sacrifice de ma grandeur, et je renonce à mes droits en faveur d'un prince de ma Maison; mais, si cette modération a l'approbation de Votre Majesté, je serai content, quelque diminution de pouvoir et de puissance que la France en éprouve. Le projet que l'on m'assure avoir Votre Majesté de procurer Corfou et Malte au roi de Sardaigne serait (manque)....  et tirerait d'embarras deux grandes puissances; j'y accéderai de tout non cœur, comme à tout ce qui peut tendre à rétablir et maintenir la paix des nations. Les copies des lettres que je viens d'écrire au roi d'Angleterre et à la reine de Naples mettront Votre Majesté au fait de ma position. Cette communication étant un effet de ma confiance personnelle en Votre Majesté, je la prie de n'en point donner connaissance à son cabinet. Que Votre Majesté veuille bien être persuadée de mon désir constant de lui être agréable.


Paris, 

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, donnez l'ordre à six escadrons de cavalerie de ma Garde de partir, mercredi 26, sous les ordres du colonel-général Beauharnais, pour se rendre à Lyon, où ils recevront de nouveaux ordres. Ces six escadrons formeront 900 hommes, et seront composés ainsi qu'il suit :

Deux escadrons de chasseurs de 150 hommes chacun.         300 hommes.
Deux id. de grenadiers id . . . . . .                                                300
Un id. de mameluks de . . . . . . . . . . .                                           100
Un id. de gendarmerie d'élite . . . . . . . .                                     150
Et cinquante canonniers . . . . . . . . . . . . . . .                                 50
                                                                                                        _____
                                                                                                         900

Donnez des ordres, par précaution, pour qu'on prépare leur passage pour les Alpes. Ils partiront de Paris, mercredi, en autant de détachements que vous ou le colonel-général Beauharnais le jugerez convenable pour moins fatiguer les troupes.

Vous donnerez également ordre à quatre compagnies du premier bataillon des grenadiers à pied, à quatre compagnies du second, à quatre compagnies des deux bataillons de chasseurs à pied (ces seize compagnies complétées par des vélites à 100 hommes chacune) , et au bataillon de grenadiers de la garde du Président de la République italienne, de partir également, sous les ordres du général Soulès, jeudi, pour se rendre à Lyon, où ils recevront de nouveaux ordres.

ORDRE ANNEXÉ 

Les troupes doivent emporter leur grand uniforme.

Arrivés à leur destination, chaque bataillon de grenadiers sera commandé par un chef de bataillon que désigneront les Maréchaux colonels généraux.

Les quatre maréchaux en passeront la revue, chacun pour l'arme qui le concerne, et s'assureront qu'ils sont en bon état et au complet.

Pour pouvoir faire le service du palais, les compagnies de chasseurs et de grenadiers restant à Paris seront complétées à 100 hommes par des vélites. Le reste continuera à rester à Fontainebleau et à Écouen.


Paris, 14 janvier 1805

A M. Portalis

Monsieur Portalis, Ministre des cultes, mon intention est que vous donniez, de ma part, des anneaux aux évêques d'Aix-la-Chapelle, d'Ajaccio, d'Amiens, d'Autun, de Cambrai, de Clermont, de Digne, de Grenoble, Liége, Mayence, Namur, Nice, Poitiers, Tournay, Trèves, Troyes, Valence, Verceil, Saluces, Mondovi, Ivrée, Asti et Acqui. Vous me présenterez aussi un décret pour que ces évêques soient faits membres des hospices de leur résidence, s'ils ne le sont déjà. Je n'exclus point les autres évêques, en en choisissant quelques- uns, comme je viens de faire; mais je veux être assuré, avant tout, que les évêques que je n'ai point indiqués plus haut sont animés d'un esprit qui les porte surtout à réunir tous les partis et à tranquilliser toutes les consciences.


Paris, 16 janvier 1805

Il est présenté à l'Empereur un rapport au sujet de diverses propositions d'échange de propriété entre la Malmaison et le Prytanée militaire.

Je prie M. Fleurieu de voir où en sont les projets de loi sur les échanges, à la section de l'intérieur, et de faire ce qui est nécessaire pour faire rendre, cette année, la loi qui échange le bois du Butard contre la ferme du Trou d'Enfer, et les bois du Prytanée contre d'autres propriétés, afin que je puisse procurer à l'impératrice une propriété agréable et économique, et qui aujourd'hui lui coûte beaucoup. Mais il faudrait que cette loi passât dans la quinzaine, car il n'y a pas de temps à perdre. Si l'on adoptait l'échange du bois du Prytanée contre la ferme du Trou-d'Enfer, cela serait absurde, puisque, comme l'observe l'auteur de cette note, cela gênerait tout autant le Prytanée que moi.


Paris, 16 janvier 1805

Au maréchal Berthier

Il faut dissoudre de suite le cantonnement de Saintes. Présentez- moi un rapport sur cet objet. Du moment que l'escadre de Toulon sera partie, il faudra dissoudre également le cantonnement de Toulon.

Toutes les divisions de la flottille étant passées, vous ferez relever toute la cavalerie placée sur les côtes, depuis la Garonne jusqu'à Saint-Malo. Vous me ferez un rapport sur les détachements du train et les chevaux attachés à l'artillerie mobile, afin qu'il leur soit donné une destination; et, en attendant, vous les ferez placer dans les parties de la côte où ils souffrent le moins. 

Du moment que l'escadre de Toulon sera partie, vous réunirez le 10e de chasseurs à Avignon, et vous porterez un soin particulier à la réorganisation de ce régiment. Vous aurez soin de réunir également le 25e, au moins par escadrons, dans les villes à portée de la côte, pour qu'ils souffrent moins pendant l'hiver.

Vous supprimerez toutes les gratifications et traitements extraordinaires qui ont été affectés aux inspections de l'Océan et de la Méditerranée, depuis la Garonne jusqu'à Saint-Malo. Les troupes qui les composent rentreront sous les ordres des généraux des divisions, et des départements.

Je pense que Belle-Île est approvisionnée de vivres.


Paris, 16 janvier 1805

Au maréchal Berthier

Écrivez au général Gouvion Saint-Cyr que je suis surpris que le général Damas soit encore à Naples; qu'il doit le faire arrêter comme émigré, s'il met le pied dans les cantonnements français, et insister pour le faire chasser de Naples; que M. Alquier a reçu des instructions en conséquence, ainsi que pour faire dissoudre tout armement, et que, le cas échéant, il doit le seconder avec activité.


Paris, 16 janvier 1805

Au vice-amiral Decrès

Vous trouverez ci-joint un tableau qui vous fera comprendre comment je conçois l'expédition de l'lnde.

Elle serait composée de trois escadres : Brest, Rochefort et le Ferrol.

Brest fournirait 15,000 hommes ; Rochefort , 2,000 ; le Ferrol, 3,000 Français et 3,000 Espagnols.

L'expédition de Brest aurait avec elle 6 flûtes qui seraient destinées à aller jusqu'aux Indes, et pourrait en avoir un certain nombre d'autres qui n'iraient qu'au Ferrol, pour y verser leurs vivres à bord de deux vaisseaux armés en flûte que fourniraient les Espagnols.

L'escadre de Brest serait composée de 21 vaisseaux, de 6 frégates, 6 flûtes et 3 ou 4 bricks.

L'escadre de Rochefort serait composée de 2 vaisseaux, 5 frégates et 8 ou 10 flûtes.

Il serait possible qu'une portion de ces flûtes se rendissent au Ferrol pour y verser leurs vivres à bord de 2 vaisseaux armés en flûte.

L'escadre du Ferrol serait composée de

5 vaisseaux français,
2 frégates armés en guerre,

français

armés en guerre

5 vaisseaux,
2 ou 3 frégates espagnols

espagnols

et de 3 on 4 frégates espagnoles armées en flûte, chargées de vivres. Les Espagnols auront les équipages et les vaisseaux; il n'y aura que les vivres qui leur manqueront.

Notre escadre du Ferrol ne peut se procurer les vivres; il faut donc que Brest et Rochefort y pourvoient.

Il faudrait donc que l'escadre de Brest sortît de Brest, se rendît à Rochefort, s'y joignît à l'escadre; se rendît au Ferrol, s'y joignît à l'escadre, et se mît en route.

Vous sentez la nécessité pour Brest de se rendre à Rochefort, parce qu'il ne sera pas commode de trouver des vivres à Brest, et peut-être pas même les transports pour porter les vivres et les chargements au Ferrol.

Il est d'ailleurs facile à concevoir qu'il est difficile à Brest de sortir en un trop grand nombre de convois. Toute l'artillerie serait embarquée sur des vaisseaux de guerre, et il est facile de comprendre que, voulant annuler 6 vaisseaux aux Indes, les boulets de ces vaisseaux serviraient à ce que l'on voudrait et formeraient une riche dotation pour l'île de France.

L'opération ainsi calculée, on doit porter au moins neuf mois de vivres pour l'armée et l'escadre, et trois mois de farine et légumes pour l'armée et l'escadre.

20,000 Français , 3,000 Espagnols et 3,000 autres Français des îles de France et de la Réunion feront indubitablement une terrible guerre à l'Angleterre, quel que puisse d'ailleurs en être le résultat final.

Il n'y a plus de difficulté que pour l'eau et (manque) même. La moitié de l'escadre doit faire eau à l'île de France, et l'autre au cap de Bonne-Espérance, et enfin on pourra charger d'eau , s'il est nécessaire, des frégates espagnoles armées en flûte. Remettez-moi, je vous prie, les calculs de ce projet pied à pied. Vous ne doutez pas que l'Espagne ne puisse vous fournir au Ferrol cinq ou six vaisseaux fournissant les vivres. Et enfin, s'il était vrai que l'Espagne pût fournir tout au Ferrol, on irait à Cadix et on augmenterait l'escadre de 2,500 Espagnols , et on aurait 10 vaisseaux à Cadix, dont 5 ou 6 portant des vivres et de l'eau.

L'expédition d'Irlande aura un prétexte. Le chargement à Brest de tant d'hommes serait même une raison de déguiser parfaitement le projet, puisqu'il serait absurde de mettre sur des vaisseaux à trois ponts 17 à 1800 hommes voulant aller aux Indes.

NOTA. La Pensée et la Romaine pourraient servir au moins pour aller, armées en flûte, jusqu'au Ferrol, et chargées de vivres.


Paris, 19 janvier 1805

Au maréchal Berthier

Je vous renvoie la lettre de la reine de Naples (au général Sain Cyr). Écrivez au général Saint-Cyr qu'il ne doit ajouter aucune espèce de foi aux protestations de cette femme; que j'ai dans la main des lettres de cette femme, où elle dit que, pour 15,000 Français elle se charge de les faire égorger, mais qu'elle craint ceux qui viendraient après; qu'il doit insister fortement pour que le général Damas soit chassé de Naples, pour qu'Elliot soit renvoyé au moins en Sicile que tout soit désarmé et que rien n'ait l'apparence d'un mouvement ou d'un armement; qu'au cas contraire, il a ordre de marcher sur Naples.


Paris, 19 janvier 1805

Au vice-amiral Decrès

Comme il est possible que nous ayons des ordres à envoyer en Amérique, ordonnez que la frégate la Canonnière, qui est à Cherbourg, se tienne prête à partir vingt-quatre heures après la réception de vos courriers.


Paris, 22 janvier 1805

Au général Pino

Monsieur Pino, mon Ministre de la guerre à Milan, mon intention est que vous fassiez confectionner sans aucun retard un million de rations de biscuit, savoir : 500,000 en pluviôse et 500,000 en ventôse. Les premières 50,000 seront déposées à Peschiera et les secondes 50,000 à Legnago. Mon intention est qu'au 15 pluviôse ces deux approvisionnements existent dans ces deux places. Vous ferez placer tout le reste à Mantoue. Ce biscuit doit être fait de manière à durer deux ans. Les véritables lieux de sa confection sont Mantoue, Crémone et Brescia, quoique les transports de cette dernière ville soient plus difficiles. Je ne sais si les places de Legnago, Peschiera et Mantoue sont désarmées; au cas qu'elles le soient, faites-les sur-le-champ réarmer. Quant à Mantoue, cependant, on n'y fera qu'un demi-armement, c'est-à-dire seulement ce qui est nécessaire pour parer à un coup de main, et ne mettant que la moitié des pièces sur les remparts. Enfin mon intention est d'avoir à Peschiera et à Legnago, indépendamment de l'approvisionnement ci-dessus, un approvisionnement complet pour trois mois, dans chacune de ces villes, pour 2,000 hommes. Ces mesures devront être exécutées sans éclat et avec la plus grande économie.

Envoyez-moi, deux fois par semaine, un rapport de la situation des troupes du cordon autrichien sur l'Adige, et sur les nouveaux régiments arrivés depuis trois mois, même dans les pays vénitiens, dans le Tyrol au-dessus de Botzen, et dans le Frioul et la Carniole. Je viens de faire partir 600 chevaux d'artillerie et 3,000 hommes de ma Garde; moi-même je compte aller voir mes peuples de la République italienne dans un délai assez court.

Envoyez-moi, par le retour de mon courrier, les renseignements que vous pouvez avoir sur Legnago et Peschiera; ces deux places doivent être tenues dans le meilleur état de défense. 

Faites mettre dans les papiers publics de Milan, sous toutes les couleurs, des articles pour faire sentir le ridicule de faire un cordon lorsque la maladie a cessé; que, si ce sont des menaces qu'on veut faire par là , elles n'ont jamais réussi.

Vous pouvez annoncer aux ministres, à Milan, que je serai dans le courant du mois en Italie.

Cependant, jusqu'à cette heure, je n'ai aucune idée que l'Autriche veuille faire la guerre; mais le système militaire est d'opposer la force à la force, et la saine politique veut qu'on se mette en garde, dès l'instant qu'une force parait vous menacer.

Mon intention est que vous me fassiez connaître l'état exact des corps de la République italienne, et que vous preniez des mesures pour avoir 800 chevaux du train d'artillerie italienne, afin qu'au moindre mouvement un bon train de campagne soit attelé.

Faites-vous rendre compte de l'état des poudrières et faites-les mettre dans la plus grande activité.

J'ai donné ordre à mon cousin le maréchal d'empire Jourdan de mettre Legnago en état de siège et d'y porter une grande surveillance afin que, dans aucun événement, elle ne puisse être surprise.


Paris, 22 janvier 1805

Au maréchal Berthier

J'ai ordonné à mon ministre de la guerre à Milan de faire armer les places de Legnago, Peschiera et Mantoue, cette dernière seulement pour la mettre à l'abri d'un coup de main.

J'ai ordonné qu'il fit confectionner un million de biscuits pou mettre dans ces trois places, et, indépendamment de cet approvisionnement, d'approvisionner Legnago et Peschiera pour 2,000 hommes pour deux mois.

Mon intention est que le commandant général de mes troupes en Italie soit prévenu de ces dispositions; qu'il nomme un commandant d'armes à Legnago et à Peschiera; que Legnago soit mis en état de siège, et qu'il rende le cordon sur l'Adige aussi fort que peut l'être le cordon autrichien. Sans disséminer ses troupes, il suffit d'avoir simplement une force assez considérable à Vérone. Faites-moi remettre, dans la journée de demain , l'état exact de la situation qu'occupent les troupes françaises.

Envoyez-moi également un rapport sur le nombre des bataillon du train et des chevaux d'artillerie qui se trouvent en Italie, et de ceux qui viennent d'y être envoyés. Présentez-moi un projet pour en envoyer mille autres.

Donnez ordre aux 4e, 6,, 7e et 8e de cuirassiers de se rendre à Lodi (République italienne). Ils iront à petites marches, et vous les ferez passer par le Simplon.

Donnez ordre au 56e de ligne de se rendre à Turin, ainsi qu'à son bataillon d'élite; vous recommanderez au général commandant la 27e division militaire de le réunir à Turin, et de veiller à sa formation et à sa réorganisation.

Ordonner à une compagnie de 100 hommes du 81e, qui est à Besançon, de se rendre dans le Valais pour y relever les postes du 56e.


Paris, 23 janvier 1805

DÉCISION

Le général Campredon propose de mettre la citadelle de Piombino en état de résister quelques jours, à l'effet d'assurer le maintien constant des communications entre l'île d'Elbe et le continent.

Approuvé l'idée de mettre la citadelle de Piombino en état de se défendre; faire faire des projets et faire lever le terrain à 1,200 toises de la place.


DÉCISION

Le grand chancelier de la Légion d'honneur présente un projet de décret ordonnant la démolition du château de Puttelange, dans le département de la Moselle, et la vente des matériaux provenant de cette démolition.

On est toujours à temps de démolir; il faut bien s'assurer que ce château ne peut, dans aucun cas, servir à rien.


Paris, 25 janvier 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DES FINANCES

Le budget de l'an IX sera porté à 545 millions, et le ministre exposera dans son compte que cette somme a été nécessaire pour solder les dépenses de l'an IX. Il fera remarquer que les exercices de l'an IX et de l'au X seront ainsi entièrement liquidés. Les 6 millions nécessaires pour cette opération seront pris sur les ressources extra-ordinaires de l'an XIII. On dira dans une note que ces ressources sont déjà réalisées. Il ne s'agira plus que de répartir entre les ministères pour l'an IX ces 6 millions, que l'on réunira à 1,400,000 fr, du fonds de réserve; total 7,400,000. Cette répartition se fera de la manière suivante :

Guerre et administration de la guerre

4,000,000 fr. 

Marine

3,000,000

Trésor public

400,000

Somme égale

7,400,000
___________

Le budget de l'an IX sera donc définitivement fixé comme il suit :

Dette publique 

77,000,000 fr

Guerre et administration de la guerre

250,000,000

Marine 

95,600,000

Intérieur

39,095,150

Finances

32,331,000

Relations extérieures

6,000,000

Justice

10,300,000 

Police

1,500,000

Trésor publie.

(Pour mémoire.)

Frais de négociations

32,000,000

Fonds de réserve

1,400 000

Le ministre, dans la partie raisonnée du compte de fan XII, où il jette un coup d'œil sur les différents exercices, ajoutera que l'an VI a encore 32 millions, somme plus que suffisante pour liquider ce qui est dû; que les budgets de l'an IX et de l'an X se trouvent satisfaits au moyen de ressources plus que suffisantes; que l'an XI l'an XII paraissent également avoir des moyens suffisants, quoiqu'ils soient encore tellement près de nous, etc., etc.


Paris, 25 janvier 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, mon intention est que le maréchal Jourdan réunisse à Vérone les ler, 10e, 52e et 101e régiments de ligne, et les 3e et 15e régiments de chasseurs, avec douze pièces d'artillerie attelée sous les ordres du général de division Gardanne et de deux généraux de brigade; qu'il mette à Legnago un des deux bataillons suisses qui sont à Forli, pour former le fonds de la garnison de cette place sans que le commandant puisse distraire aucun homme du service habituel de la place, et que l'autre bataillon soit mis à Ferrare pour le même objet; que le général Gardanne tienne réunies, le plus possible, ses forces à Vérone et villages environnants, pouvant cependant s'étendre à Villefranche, Peschiera et Bussolengo; qu'il tienne quelques détachements de cavalerie aux principales communications de l'Adige jusqu'au canal Blanc; que le 2e de hussards italiens, également sous les ordres du général Gardanne, se cantonne à Rovigo et fournisse des détachements depuis le canal Blanc jusqu'à la mer. Vous ferez connaître au maréchal Jourdan que, pour aujourd'hui, ces dispositions me paraissent suffisantes, jointes à l'armement que j'ai ordonné des places et à un premier approvisionnement. Cette division du général Gardanne portera le titre de contre-cordon. Ce général doit d'ailleurs se comporter avec la plus grande urbanité, ne témoigner aucune méfiance et ne pas laisser penser que cela vienne du Gouvernement; il se bornera à dire, dans la conversation, que ce sont de simples mesures de précaution qui cesseront dès que le cordon autrichien sera dissous. Vous lui recommanderez de porter par-dessus tout la plus grande attention sur Legnago, et de faire mettre sur-le-champ, par le directeur du génie, cette place à l'abri d'un coup de main. Vous ferez connaître au maréchal Jourdan que je n'ai aucune vue hostile, que je ne veux pas faire la guerre à l'Empereur, et que je ne pense pas qu'il veuille me la faire; que j'ai lieu d'être tranquille; mais que, voyant un mouvement de troupes extraordinaire, il ne serait rien moins que convenable que les places se trouvassent toutes exposées; au lieu que, moyennant ces premières dispositions, Legnago, Peschiera et Mantoue se trouveront suffisamment garnies. Faites-vous rendre compte de la situation de ces places. C'est surtout contre Legnago qu'on doit maintenir la plus grande police; elle est en état de siège, et, étant sur le cordon, elle pourrait être surprise tous les matins.

Donnez ordre au 22e régiment d'infanterie légère de se rendre à Novare, ainsi qu'au 9e de ligne et au 15e d'infanterie légère. Ces régiments emmèneront avec eux leurs compagnies d'élite et passeront par le Simplon. Faites-les marcher à très-petites journées, en augmentant les repos prescrits par l'ordonnance, et dirigez leur route, autant que possible, hors du pays où ils se sont recrutés, en prenant toutes les mesures pour empêcher la désertion.

Donnez ordre à la compagnie d'artillerie légère italienne, qui est en France, de retourner en Italie.


Paris, 25 janvier 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, vous donnerez ordre au 4e bataillon du du train qui est à Cambrai, et au 8e bataillon de se rendre à la Fère. Là, le 8e bataillon remettra tous ses chevaux, au nombre de 750, au bataillon n° 4 bis. Vous ferez compléter ce bataillon à 900 par les chevaux d'artillerie qui sont à mon service et que le grand écuyer fera remettre. Vous préposerez un officier pour veiller à ce que la remise s'en fasse dans le plus grand ordre et que les matricules et procès-verbaux soient en règle. Vous dirigerez alors ce bataillon n° 4 bis sur Turin à très-petites journées, et vous lui marquerez de fréquents séjours. Le bataillon n° 4 est à Turin et a 150 chevaux Mon intention est de le porter à 1,000. A cet effet, les 490 chevaux de ma Garde partis le 22 nivôse de Paris seront réunis à Turin au bataillon n° 4, et, immédiatement après, les hommes opéreront leur retour sur Paris. Vous ferez partir un détachement du train de ma Garde avec 200 chevaux pour Turin. Les hommes reviendront à Paris après avoir fait la remise de leurs chevaux. Vous me proposez un mouvement de 150 chevaux tirés des 11e, 12e ou 13e division militaires pour compléter le nombre de 1,000 que ce bataillon peut servir. Les deux bataillons n° 6 sont en Italie. Le bataillon principal est dans le royaume de Naples; il n'a que 530 chevaux : mon intention est qu'il soit porté à 800. A cet effet, vous autoriserez le conseil d'administration , sous la surveillance du directeur du parc d'artillerie de l'armée française dans le royaume de Naples, à acheter 300 chevaux ou gros mulets de trait et à y affecter le produit de vente des chevaux de la République italienne. Vous établirez pour cet effet une masse. En ne donnant à ce bataillon que 800 chevaux, quoiqu'il ait 600 hommes, j'ai égard à la circonstance et à la facilité qu'on aurait en cas de guerre à lever des chevaux, et à ce qu'on ne manquerait point d'en prendre au train napolitain. Le bataillon n° 6 bis est à Plaisance; il n'a que 150 chevaux; les 400 chevaux partis de Saintes le 5 nivôse y seront réunis, ainsi que les 232 partis le 26 nivôse, ce qui le complétera à près de 800 hommes. Ces dispositions une fois exécutées, j'aurai donc au delà des Alpes quatre bataillons du train formant 2,400 hommes et ayant 3,500 chevaux harnachés et pour le service uniquement du train d'artillerie. Il vous restera à me faire connaître ce qu'il manque au complet de ces bataillons du train, quelles mesures il faut prendre pour les compléter, et enfin combien ils peuvent encore servir de chevaux. Vous vous assurerez aussi que les harnais et tout ce qui est nécessaire soient dans le meilleur état. Vous donnerez ordre qu'à mesure que ces chevaux arriveront dans la 27e division militaire, ils soient placés dans des villes où ils soient bien tenus, bien nourris, et où ils ne fassent d'autre service que les mouvements d'artillerie locaux. Faites-moi connaître par un rapport particulier s'ils sont de bonne qualité, et si l'on peut compter généralement sur un bon service. Faites-moi également connaître le temps qu'il faudrait pour organiser un bon équipage de campagne en Italie, lorsque ces chevaux y seront arrivés, et les mesures qu'il y aurait à prendre pour sa réparation. Enfin, j'ai besoin de connaître la situation des salles d'armes de la République italienne et de la 27e division militaire. Faites aussi vérifier l'état des magasins d'habillement en vestes et en culottes, ou du moins en draps propres à les confectionner, qui doivent être établis dans la 27e division militaire. Les charrois d'artillerie, ceux des vivres et des ambulances ont aussi leur importance et retardent souvent la formation des armées : faites-moi connaître le nombre des caissons de vivres qui se trouvent dans la 27e division militaire; combien il en existait à la paix en l'an IX, et, si le service se continuait par les charrois du pays, combien il en faudrait pour une armée de 60,000 hommes; et enfin quelles mesures à prendre pour se procurer des attelages. Donnez ordre au colonel du 2e régiment d'artillerie à pied de rejoindre son corps.


Paris, 27 janvier 1805

A M. Champagny

Monsieur Champagny, mon Ministre de l'intérieur, la malpropreté des égouts et des canaux d'Anvers, y accroît les maladies. Il est nécessaire que vous preniez des mesures pour remédier à cette cause d'insalubrité, d'autant plus digne d'attention que cette place est devenue  un arsenal important.


Paris, 28 janvier 1805

A M. Champagny

Monsieur Champagny, mon Ministre de l'intérieur, le Louvre faisant partie du domaine de la couronne, mon intention est de n'avoir qu'un seul architecte pour tous les travaux qui peuvent s'y faire, soit pour le service de la couronne, soit pour l'établissement de la bibliothèque. M. Fontaine, que j'ai nommé architecte du palais impérial des Tuileries et du Louvre, sera chargé de tous ces travaux.


Paris, 28 janvier 1805

DÉCISION

M. Portalis propose d'autoriser une association de prêtres qui se forme à Lyon, sous le patronage du cardinal Fesch, pour l'éducation de la jeunesse.

Je ne veux d'aucune congrégation ecclésiastique; cela est inutile; de bons curés, de bons évêques, de bons prêtres, des séminaires bien tenus, c'est tout ce qui est utile.


Paris, 28 janvier 1805

Au vice-amiral Decrès

Faites partir la frégatela Canonnière de Cherbourg, avec 250 hommes du 102e régiment, pour la Martinique, et chargée d'autant de poudre qu'il sera possible. Vous ferez aussi embarquer deux mortiers à grande portée à la Gomer, avec deux crapauds. Vous enverrez vos ordres par cette frégate. Le 37e fournira 50 hommes et un officier, pour s'embarquer sur le brick que vous faites partir de Lorient. La 24e légère en fournira 50 sur le brick que vous faites partir de Nantes. Ces 350 hommes ne peuvent être que fort utiles. Ordonnez aux bricks de prendre autant de poudre qu'ils en pourront porter.

Si cela ne l'encombre pas trop, la frégate embarquera quelques centaines de bombes de 12 pouces.

Chacun des bricks de Nantes et Lorient embarquera un mortier de 8 pouces, avec un crapaud et une cinquantaine de bombes de 8 pouces.

Il sera nécessaire d'envoyer un brick ou corvette à Cayenne avec une centaine d'hommes.

Il faudrait aussi envoyer une centaine d'hommes au Sénégal.

Je désire que vous donniez l'ordre à une corvette, ou à un brick, de se tenir prête à partir de Rochefort. Elle embarquera 60 ou 100 hommes des dépôts de l'expédition, et sera aussi porteur de vos ordres. Ce brick sera très-utile à la Martinique et à la Guadeloupe, pour maintenir la communication entre ces deux îles, puisque les frégates et vaisseaux anglais ne pourront pas se trouver partout.


Paris, 29 janvier 1805

DÉCISION

État des secours à payer sur le fonds annuel de 40,000 francs mis à la disposition du ministre de la police.

Faire connaître les titres de chaque individu. S'ils n'en ont pas plus que le premier, M. d'Aigrefeuille, ce serait de l'argent jeté.


Paris, 30 janvier 1805

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je vous envoie le statut organique de la République italienne. Le décret de Lyon est son premier acte constitutionnel, comme la constitution de l'an VIII l'est pour nous. Ce statut en contient les modifications. J'ai dicté différentes autres observations sur chaque titre, à mettre dans la nouvelle rédaction. Vous lirez aussi les observations de M. Melzi et de la Consulte, et vous verrez s'il y en a qui méritent considération. Quand vous aurez pris connaissance de toutes ces pièces, vous pourrez en causer avec moi. Lisez bien la constitution de Lyon, pour voir les articles dont la suppression serait nécessaire, et ajoutez les observations que votre expérience vous suggérera. Le premier titre est L'Autorité royale, déjà rédigé dans mon portefeuille. Je désire que vous puissiez me remettre cela bien en règle pour dimanche prochain.


Paris, 30 janvier 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Pour exécuter les projets qu'on peut avoir sur la Madeleine, il convient d'abord d'y affecter la valeur du terrain des Capucines.

Cette affectation ne serait qu'une avance, et l'on pourrait trouver définitivement le remplacement de cette dépense en achetant secrètement et sans délai les chantiers et terrains qui environnent la Madeleine. Après l'exécution du projet, on les vendrait avec un bénéfice de deux cents pour cent.

Le ministre de l'intérieur est invité à présenter les projets sur l'usage à faire des terrains et du bâtiment de la Madeleine. Sa Majesté désire connaître ce que produirait l'exécution des projets qui existent déjà, pour tirer parti du terrain des Filles de Saint-Thomas et savoir si l'on pourrait en affecter la valeur à l'établissement de la Bibliothèque impériale au Louvre.


Paris, 30 janvier 1805

DÉCISION

Le ministre de l'intérieur demande l'autorisation de louer, aux frais de I'État, un local destiné à servir d'atelier à M. David, premier peintre de Sa Majesté.

Approuvé la location de l'église de Cluny.


 Paris, 30 janvier 1805

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, j'ai signé le décret relatif à la grande décoration de la Légion, d'honneur, qui consistera en une plaque et un cordon rouge. Je désire que vous vous entendiez avec M. Lacépède pour la faire faire et l'expédier sans délai au roi de Prusse. Faites-moi demain matin un rapport sur cet objet, et apportez avec vous toutes les pièces originales qui me fassent connaître comment tout doit se faire. Je pense aussi qu'il serait convenable de faire la même chose vis-à-vis de l'Espagne pour la Toison d'or. On pourrait suivre le même système pour Munich. Ces idées me viennent naturellement, au moment où je serai obligé de désigner sept ou huit personnes pour les cordons du roi de Prusse, qui, étant d'une nature toute différente, formeront ici une grande disparate; il faudrait en donner une trentaine, soit de ceux du roi de Prusse, soit de l'Espagne, des électeurs d'Allemagne, ou du Portugal.


Paris, 30 janvier 1805

A l'Empereur de Turquie

Très-haut, très-excellent, très-puissant, très-magnanime et invincible Prince, le grand empereur des Musulmans, sultan Selim, en qui tout honneur et vertu abonde, notre très-cher et parfait ami, Dieu veuille augmenter ta grandeur et hautesse, avec fin très-heureuse. Toi, descendant des grands Ottomans, empereur d'un des plus grands empires du monde, as-tu cessé de régner ? Comment souffres-tu que la Russie te donne des lois ? Tu refuses de me rendre ce que je te rends : es-tu aveuglé à ce point sur tes intérêts ? Si la Russie a 15,000 hommes à Corfou, crois-tu que c'est contre moi ? Ses bâtiments armés prennent l'habitude de se présenter devant Constantinople : es-tu assez aveugle pour ne pas voir qu'un jour, soit sous le prétexte de ramener en Russie les troupes qui sont à Corfou, soit sous celui d'accroître ces forces, une escadre et une armée russes, favorisées par les Grecs, envahiront ta capitale, et ton empire, aura cessé avec toi ? Ta dynastie descendra dans la nuit de l'oubli. Le reis-effendi te trahit; la moitié du divan est vendue à la Russie. La mort du capitan-pacha t'a privé de ton meilleur ami. Je t'ai prévenu deux fois, je te préviens une troisième. Chasse ton divan, punis le reis-effendi et règne dans Constantinople, où tu te perds. Quant à moi, j'ai voulu être ton ami. Si tu persistes à me refuser ce que la France a eu de tout temps, le premier pas à Constantinople, si tu veux rester servilement soumis à tes ennemis, je me mettrai aussi contre toi; je n'ai jamais été un ennemi faible. Ton divan ne prend aucune mesure pour rétablir l'ordre en Égypte et en Syrie; il laisse perdre la Mecque et Médine; il insulte à tes amis et se prosterne et caresse tes ennemis de tous les temps. La Perse a la guerre; elle est menacée par la Russie, et, loin de la secourir, le faible divan, ou plutôt les traîtres qui le mènent, ne savent pas même intervenir pour elle; ce n'est que contre moi qu'ils ont du courage. Je t'écris donc à toi; tu es le seul ami que la France conserve dans le sérail, si toutefois les hommes qui se sont emparés de toutes les issues de ton trône permettent à ma lettre de t'arriver. Réveille-toi, Selim. Appelle au ministère tes amis; chasse les traîtres; confie-toi à tes vrais amis, la France et la Prusse, ou tu perdras ton pays, ta religion et ta famille. Tes vrais ennemis sont les Russes, parce qu'ils veulent régner sur la mer Noire, et qu'ils ne le peuvent sans avoir Constantinople; parce qu'ils sont de la religion des Grecs, qui est celle de la moitié de tes sujets. J'attends ta réponse, pour savoir ce que je dois penser et faire. Si tu ne gouvernes plus, si tu es tout à fait à la disposition des ennemis de la France , je gémirai sur l'aveuglement et la mauvaise politique du plus ancien allié de la France; mais je comprendrai que le destin, qui t'a fait si grand, veut détruire l'empire des Soliman, des Mustapha, des Selim; car tout change sur la terre, tout périt; Dieu seul ne périra jamais. Sur ce, je prie Dieu qu'il augmente les jours de Ta Hautesse et les remplisse de toutes prospérités, avec fin très-heureuse.

Ton très-cher et parfait ami.

NAPOLÉON

En mon château impérial des Tuileries, ce 10 pluviôse an XIII


Paris, 30 janvier 1805

A M. Lacépède

Voici des notes dont je désire que vous fassiez usage le plus tôt possible, afin que le résultat en soit porté, par un courrier extraordinaire, demain. N'écrivez ni ne signez rien, mais dictez.

NOTES

Voyez l'agent du prince de la Paix et dites-lui qu'il n'y a aucune espèce de crainte; que j'ai lu ses dépêches, mais à la hâte; que cependant j'en ai assez compris pour pouvoir y faire une première réponse dès aujourd'hui; que l'ambassadeur que j'ai nommé en Portugal, le général Junot, qui a été mon aide de camp, a toute ma confiance, et que le prince petit lui dire, sur l'intérieur et l'extérieur, tout ce qu'il voudra, que ce sera comme s'il me l'eût dit à moi- même; qu'il partira sous quinze jours; que la reine de Naples, ayant écrit à l'empereur de France, en a reçu la réponse ci-jointe, qui est pour lui seul; qu'il y verra combien l'Empereur est indisposé contre cette princesse, et qu'il la connaît bien;

Que l'Empereur vient d'autoriser l'exportation des grains par le canal de Vanlerberghe et d'Ouvrard, comme le cabinet l'a désiré; que les bois de construction demandés seront fournis, autant que possible, ainsi que l'approvisionnement des corsaires, dans les ports de France, en munitions de guerre et de toute espèce;

Que le prince ne doit avoir aucune crainte sur la guerre continentale; que même les affaires de Russie s'arrangent par l'intermédiaire de la Prusse; que si la guerre avait lieu, l'empereur d'Allemagne serait perdu, car l'armée française n'a jamais été si nombreuse et si animée; qu'il y a même eu des pourparlers et des démarches conciliatoires avec l'Angleterre; que jusque-là elles ne paraissent pas devoir rien produire, mais qu'il a paru toutefois de l'adoucissement et une certaine crainte de la part du cabinet de Londres; que l'on peut donc attendre une paix assez prompte, si une fois les escadres espagnoles sont en état et que l'Angleterre voie les ressources de la France considérablement augmentées;

Que l'escadre de Rochefort, composée de vaisseaux tout neufs et ayant 4,000 hommes de bonnes troupes, a mis à la voile; qu'elle fera du tort aux Anglais dans le lieu où elle se rend : ce que le général Junot sera chargé de confier au prince de la Paix seul; que les expéditions contre l'Angleterre vont prendre une telle activité, qu'elle n'osera pas éloigner un seul de ses hommes pour une autre partie du monde; qu'il doit être facile à l'Espagne d'approvisionner les escadres qui lui sont demandées de vin, de viande et d'un ou deux mois de biscuit; qu'on considérera, dans les opérations, la pénurie de l'Espagne en blé, et qu'on tâchera que les vaisseaux français puissent, le plus possible, leur en procurer;

Que, quant au Portugal, il faut absolument et entièrement exiger qu'il se déclare avec l'Espagne et la France;

Que l'Empereur a vu que des plaintes avaient été portées contre des relations existant entre l'ex-général Moreau et le capitaine général Solano; qu'elles sont inconvenantes; qu'il faut insinuer à ce général de se rendre en Amérique, sa destination ;

Qu'il faut que l'Espagne mette de l'énergie à se procurer de l'argent, seul moyen d'avoir des matelots et de mettre en état ses escadres; que cela ne va pas aussi vite que cela pourrait aller; que, comme l'Empereur compte sur la stricte exécution de la convention passée avec l'amiral Gravina, il espère aussi beaucoup pour l'exécution des projets militaires; que le moyen d'acquérir sa confiance et son estime est que cela ait lieu ; car, s'il n'y a point d'escadre à Cadix, ni au Ferrol, il n'aura point pour le prince l'estime qu'il est porté à lui accorder;

Enfin que l'Empereur a lieu d'espérer beaucoup de son zèle, et que, dans deux ou trois mois, lui, prince de la Paix, peut acquérir la protection, l'appui et l'estime de l'Empereur, ou se perdre entièrement dans son esprit; qu'il faut qu'il ait des matelots, et qu'ils soient soldés; et que le prince aura, dans tous les temps, appui contre ses ennemis intérieurs et extérieurs.


Paris, 30 janvier 1805

Au vice-amiral Decrès

Faites partir de Cherbourg sur la CanonnièreM. Tascher, adjoint du Palais, pour être chargé de dépêches. Il pourra donner de vive voix les renseignements qui pourront être utiles à ses compatriotes. Vous lui ordonnerez de revenir sur la même frégate ou sur l'escadre. Il ne faut pas cependant qu'il le sache. Vous lui remettrez cet ordre dans une lettre qu'il ouvrira à la Martinique.


Paris, 31 janvier 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, vous donnerez l'ordre au général Oudinot de se rendre à Arras pour y prendre le commandement de la réserve des grenadiers, en remplacement du général Junot.

Donnez ordre aux maréchaux Soult, Davout, Jourdan, Bernadotte, Augereau, et au général Marmont, de rejoindre leur armée avant le Ier ventôse.

Donnez le même ordre aux généraux, colonels, etc., qui n'auraient point obtenu une permission spéciale de vous.


Paris, 31 janvier 1805

Au vice-amiral Decrès

Comme il serait possible que, sur la fin de ventôse, j'allasse à Gênes, écrivez à Saliceti pour savoir s'il ne serait pas possible de faire lancer le vaisseau.

Donnez ordre que tous les généraux et officiers appartenant à la flottille et à l'armée de Brest rejoignent leur poste.