1 - 15 mai 1805


Alexandrie, ler mai 1805

DÉCRET

ARTICLE ler. - Le ministre de l'intérieur fera construire, à Lans-le-Bourg, une auberge dans une bonne situation et détachée du village, avec grange et écurie pouvant contenir au moins vingt chevaux, jardin, cour, basse-cour et remise.
L'auberge devra contenir une vingtaine de chambres.
ART. 2. - La dépense ne pourra pas excéder 40,000 francs. Elle sera prise sur les fonds affectés aux travaux du passage du mont Cenis.
ART. 3. - Cette auberge sera louée immédiatement par le préfet du Mont-Blanc, à la diligence du sous-préfet de la Maurienne; le locataire s'obligera à y tenir auberge pour les voyageurs.
Elle pourra être louée pour trois, neuf ou vingt-sept années. Le loyer en sera appliqué à l'entretien de la route du mont Cenis. 
ART. 4. - Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.


Alexandrie, 2 mai 1805

A M. Cambacérès

Je vous envoie des pièces relatives à l'affaire du cardinal. Si c'était une affaire sérieuse, je m'en mêlerais; elle parait trop ridicule pour prendre sur mon temps pour approfondir s'il a raison ou tort. Il ne me convient pas d'examiner si le préfet peut avoir tort, après la phrase, "que ce préfet ne possède plus ma confiance, et qu'il ne correspondrait plus avec lui." Je ne suis pas en tutelle, et je n'ai pas besoin qu'on dise qu'on ne possède plus ma confiance, ce qui est impertinent, et cela me donne peu d'opinion de l'esprit de Cambacérès. Qu'aurait-il donc fait au XII siècle de l'Église ?

Je ne conçois rien à vos jurisconsultes; ou mademoiselle Paterson est mariée ou non : non , il ne faut aucun acte pour annuler son mariage; et si Jérôme voulait contracter un nouveau mariage en France, les officiers de l'état civil l'admettraient, et il serait bon.


Alexandrie, 2 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Le ministre de l'intérieur écrira au préfet du Tanaro de présenter cinq personnes pour être nommées maires d'Alba et de Brà. Il fera connaître les maires qui doivent être changés, ses motifs pour ce changement, ceux qui pourraient les remplacer, et la fortune dont ils jouissent. Il fera également les présentations de toutes les places vacantes dans le conseil général du département. Pour chaque place, il présentera des ex-nobles et des non-nobles, et des hommes de tous les partis, en les désignant par leurs opinions. Il ajoutera aussi ses motifs pour les choix qu'il proposera de faire. L'intention de l'Empereur n'est point de donner gain de cause à aucun parti ; elle est de les porter à la conciliation par des nominations, qui sont les plus efficaces de toutes les proclamations. Mais il exige, pour ces places de membre de conseil général de département, qu'ils aient, par leur fortune, un état indépendant.

L'Empereur n'est restreint par aucune clause constitutionnelle lorsque le conseil n'est pas complet.

Le ministre de l'intérieur présentera un projet de décret pour appeler à d'autres fonctions les commissaires de police de la ville d'Alexandrie, et présentera pour ces places des hommes au-dessous de quarante ans.


Alexandrie, 2 mai 1805

A M. Champagny

Monsieur Champagny, le grand nombre de militaires qui passent dans la vallée de Maurienne exigerait l'établissement d'hôpitaux militaires. Mon intention est d'y suppléer en encourageant et en dotant des hospices civils. Je viens d'accorder un bâtiment à l'hospice Saint-Jean-de-Maurienne. Je désire que vous me fassiez un rapport qui me fasse connaître la situation des hospices de Suze, de Saint-Michel et d'une autre commune à égale distance de Saint-Michel à Lans-le-Bourg. Il faut que l'hospice de Lans-le-Bourg, celui de Saint-Michel et celui qui est intermédiaire entre ces deux communes puissent avoir des sœurs de la Charité et vingt à vingt-cinq lits à donner à des militaires. Quant à celui de Saint-Jean-de-Maurienne, je pense qu'il est dans le cas de donner jusqu'à cinquante lits aux militaires passant. Cependant il sera à propos que vous le compreniez dans le rapport que vous me ferez. 


Alexandrie, 2 mai 1805

A M. Fouché

Je ne vois pas d'inconvénient à une commission militaire pour l'affaire des plombs. Présentez-moi un projet de décret là-dessus.

Le Journal des Débats se permet de dire que Saliceti a reçu 200.000 francs. On ne peut considérer cela que comme un acte de malveillance. L'extrait de cette gazette et le rapport du ministre constatent que ce présent, non reçu, est de 20,000 francs, présent d'usage; ce qui est d'une nature bien différente. Faites relever cela dans les journaux.


Alexandrie, 2 mai 1805

A M. Fouché

Le Journal des Débats ne dit plus que des bêtises. A présent il envoie le prince Charles à Milan, pour avoir le plaisir de déclarer, d'ici à quinze jours, qu'il n'a pas voulu y venir. Il envoie Merveldt à Saint-Pétersbourg. Qu'est-ce que cela me fait ? Quelle espèce d'intérêt y prend le publie ? Comment un misérable bulletin de Francfort peut-il savoir, en avril, ce que fera le prince Charles, et comment Merveldt, qui n'est point parti, partira ? Mais ce sont des moyens d'alarmer. Il doit voir dans le bulletin qu'on lui envoie ce qui est de fait et non. Ce qui est de fait, on peut le lui pardonner; mais ce qui ne l'est pas, ce n'est que de la malveillance ou de l'extrême bêtise.

Demandez à Brune s'i1 amène des chevaux de chasse et autres; s'il les amène, ne rien dire; sinon c'est faire croire à un luxe qui n'existe pas. Il en est de même de la fameuse partie de chasse de Stupinigi, qui consistait en un mauvais daim lancé dans un petit parc, et qui n'a point coûté un louis. Par ces relations ampoulées, ne dirait-on pas qu'il y a eu une partie de chasse, qu'on a fait venir, de tous les coins de l'Italie, des chiens, et dépensé un demi-million ? Je crois qu'il faut prévenir ce rédacteur, par un chef de division, que je n'attribue point à la malveillance une bêtise, quoique je compte le rendre responsable. On a dit que j'avais fait cinq princes à Milan : tourner cette nouvelle en ridicule; elle vient de Francfort; il était beaucoup plus simple d'attendre que ces princes fussent nommés que d'en parler d'après les journaux étrangers. On publie les articles publiés dans les journaux étrangers; et, quand ils sont relatifs aux affaires de France, on part de là pour y croire.


Alexandrie, 2 mai 1805

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, comme les phrases des lettres que je signe, quand ce n'est pas moi qui les ai rédigées, sont souvent composées par Durand et compagnie, il n'est pas extraordinaire qu'après la lettre qu'on m'a fait écrire à l'Ordre équestre, l'empereur d'Allemagne se soit enhardi à attaquer les princes. On me fait faire dans cette lettre, qu'on a imprimée, l'éloge de Wachter ; c'est mettre ma patience à l'épreuve; vous m'avez dit cent fois que cet homme était un coquin. Il y a des gens qui me croient sans bile et sans griffes. Écrivez-leur, pardieu ! qu'ils ne s'y fient pas. Le métier des relations extérieures était toujours de faire ces lettres de protocole; il faut en charger un bureau à part; je joue un trop sot rôle en signant ainsi.


Alexandrie, 2 mai 1805

Au général Menou

Faites passer à Paris, au dépôt des Invalides, les reliefs des dix-sept places fortes du roi de Sardaigne, de Parme et de Genève, aujourd'hui à l'Académie de Turin.


Alexandrie, 2 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

La marine, à Boulogne, a quatre mois d'arriéré de solde.

Vous ferez connaître à Decaen mon mécontentement sur la vexation de l'amiral; le droit d'avoir en main les dépêches à l'amiral est une véritable usurpation sur le droit de la métropole, qui, tout en accordant confiance à ses capitaines généraux, a des moyens direct d'être informée par une juste et sage politique; et que l'intention de l'Empereur n'est point de souffrir que les abus de l'assemblée coloniale se renouvellent sur ce point; qu'au lieu d'un contre-amiral n'y eût-il qu'un commandant de brick, il a droit d'avoir son paquet séparé; mais le préfet ni le grand juge n'ont le droit de prendre les paquets, qui doivent rester dans les mains des agents des postes; que vous le prévenez désormais que l'Empereur a ordonné que les dépêches de l'État seraient remises, en main propre, au commandant de la croisière, au capitaine général, au préfet colonial et au grand juge; et que tous les bâtiments de l'État doivent directement recevoir celles du capitaine général, de la croisière et du grand juge; qu'il est trop bon collègue pour ne pas sentir la nécessité de ces précautions pour des temps différents; que j'ai vu avec peine qu'on désorganisait des vaisseaux pour armer des corsaires; que, du reste, je rends justice à son zèle; mais qu'il est convenable qu'il se tienne dans de certaines mesures avec les chefs des différents services.

L'affaire de Hadir-Mirza, dont rend compte Decaen, n'est point aussi peu importante. Il se peut qu'il soit sans aveu, et, dans ce cas, il est difficile de voir ce qu'il voulait; et, par mes relations actuelles avec la Perse, et les communications fréquentes qui existent, je ne serais point étonné que le chàh ait écrit et envoyé un agent au gouverneur de l'île de France. S'il avait eu la précaution d'interroger l'agent, il eût été facile de voir s'il venait de Perse. Toutefois, lui écrire que cette affaire mérite une mûre délibération; elle ne doit pas être examinée légèrement. Il n'y avait point de mal à ne pas punir un aventurier, et il y en avait beaucoup à tenir en prison un agent de la Perse. Decaen est trop vif dans ses opérations. Envoyez une note aux relations extérieures pour voir ce qu'il en est.


Alexandrie, 2 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Un courrier de Naples m'apprend que Nelson était sur le Maretimo le 2 floréal, et a appris là seulement que l'escadre de Toulon avait passé le détroit. Il s'est aussitôt dirigé sur Gibraltar. Il n'est pas probable qu'il arrive devant cette rade avant le 10 ou le 12. Notre escadre aura vingt jours d'avance.


Alexandrie, 2 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Je suis surpris d'apprendre que Rochefort n'est prêt à partir que le 2. Il me semble que vous devez être assez an fait pour savoir que les troupes d'embarquement n'étaient plus nécessaires lorsque Villeneuve avait passé, et que, d'ailleurs, pour une expédition particulière comme l'est celle-là, il ne fallait pas . . . . .. de troupes. Si on vous rendait compte de Rochefort tous les jours, vous leur auriez répondu. Le ministère est organisé de manière que rien ne s'y fait que par extraordinaire, et rien par la marche ordinaire des choses.

J'imagine que les frégates de Lorient sont prêtes. Écrivez qu'elles doivent partir, toutes trois, six-heures après mon courrier. Interdire la terre aux équipages et faire coucher à bord. Beaucoup de gens instruits m'assurent que Ganteaume a manqué sa sortie, parce qu'il l'a retardée de vingt-quatre heures, et que beaucoup de capitaines n'étaient pas à bord.


Alexandrie, 2 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Faites connaître à M. Lescalier que j'ai reçu sa lettre; qu'un conseiller d'État que j'envoie en mission ne doit point retourner sans ordre; que c'est là la cause de mon mécontentement; que, si les généraux en faisaient autant, les postes seraient très-mal gardés.


Alexandrie, 2 mai 1805

Au vice-amiral Ver-Huell

Monsieur le Vice-Amiral Ver Huell, je suis fâché que vous n'ayez pas fait partir de chaloupes canonnières avec les bateaux canonniers, les uns servant de protection aux autres. Des bateaux canonniers seuls n'ont point la force nécessaire pour résister à des bricks et cutters. Trop de confiance produit des échecs et une erreur nouvelle, comme celle de la flottille; l'échec le plus petit a des conséquences désagréables. L'officier qui commandait le Batave n'avait pas les instructions convenables pour passer le cap Grisnez, qui n'est point un passage égal à Dunkerque ou Ostende.


Alexandrie, 2 mai 1805

A M. Barbé-Marbois, ministre du trésor public

J'ai reçu votre lettre du 6. Faites faire un petit pamphlet sur l'affaire Melville pour montrer l'immoralité de M. Pitt et du gouvernement anglais. Un écrit bien frappé la rendra évidente à tout le monde, et l'immoralité des chefs n'est point indifférente pour leur crédit.

(Lecestre)


Alexandrie, 3 mai 1805

A M. Cambacérès

Mon Cousin, les affaires du culte marchent très-lentement. M. Portalis, avec la meilleure volonté, ne voit pas clair. Il ne reste plus qu'un moyen de lui conserver le portefeuille, c'est de mettre son fils à côté de lui, de manière qu'il prime toutes les jalousies de bureau, et fasse expédier toutes les affaires. Si ce moyen ne suffit pas, quelque considération que j'aie pour les talents et les services de M. Portalis, je serai obligé de pourvoir d'une manière au service.

Un article d'un rapport du ministre de la police me donnerai de soupçonner qu'il y a un projet d'insurrection formé dans le département du Cher. J'ai chargé ce ministre d'envoyer dans ce département le conseiller d'État dans l'arrondissement duquel il se trouve pour le visiter et me faire un rapport sur l'esprit des différents fonctionnaires publics qui y sont employés.


Alexandrie, 3 mai 1805

A M. Barbé-Marbois

Monsieur Marbois, j'ai reçu votre numéro 16, daté du 8 floréal. Je suis sans inquiétude sur la tranquillité du continent. J'avais communiqué à l'empereur d'Autriche et aux rois de Prusse et d'Espagne les événements qui m'avaient déterminé aux nouveaux arrangements d'Italie. J'ai reçu de ces trois souverains les réponses les plus satisfaisantes. Cela est bon à répandre, mais sans affectation.


Alexandrie , 3 mai 1805

A M. Fouché

Monsieur Fouché, la police ne marche point du tout à Alexandrie. Un délégué de la police générale y serait fort utile. Il aurait pour but de surveiller toute la frontière de la Ligurie, et de donner à la gendarmerie les renseignements nécessaires pour la recherche des brigands, qui viennent même souvent se promener à Alexandrie.


Alexandrie, 3 mai 1805

A M. Fouché

Je vois dans le bulletin du 5 (floréal) un article sur le département du Cher qui laisserait soupçonner qu'il y eût un projet d'insurrection établi dans ce département. Mon intention est que le conseiller d'État chargé de l'arrondissement s'y rende. Il sera reçu comme un conseiller d'État en mission, visitera le département, se rendra à chaque chef-lieu de sous-préfecture, dans l'occasion parcourra aussi le département voisin et me fera sur l'esprit public de l'Indre, des différents magistrats, des fonctionnaires publics un rapport détaillé.

(Brotonne)


Alexandrie, 3 mai 1805

Au général Dejean

Les gains que font les fournisseurs sur les fourrages sont incalculables, et partout ils fournissent mal. Le général Songis me rend compte que, au camp de Saint-Omer, les chevaux sont très-mal, qu'ils dépérissent. Il serait cependant bien temps de porter remède à ces abus. C'est la partie de l'administration qui marche le plus mal.


Alexandrie, 3 mai 1805

Au prince Murat

Mon Cousin, j'ai reçu vos différentes lettres. Je suis ici au milieu d'une armée bonne et dont je suis extrêmement satisfait. Donnez-moi des nouvelles de madame Murat. Qu'elle se ménage et ne sorte pas de trop bonne heure. J'approuve qu'elle ne vienne pas à Milan, et c'est surtout des ménagements qu'il faut après des couches. Partez demain; je pense vous revoir sur le champ de Marengo, auquel j'ai fait une visite hier soir.


Alexandrie, 3 mai 1805

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, je suis satisfait de la lettre de l'empereur. Je désire que vous écriviez à Berlin, à Naples et à Madrid, pour connaître ce nouvel état de choses. Il est bon aussi de le répandre à Milan, mais sans affectation. Dites-en même un mot à Marescalchi et rédigez un petit article pour les journaux de Milan, que vous ferez mettre aussi dans ceux de Gènes, et dans lequel vous direz que les cours de Madrid, Berlin, Vienne, Naples, Lisbonne, Toscane, Ratisbonne, Bade, et tous les petits princes d'Allemagne, ont reconnu les nouveaux arrangements en Italie.


Alexandrie, 3 mai 1805

A M. Portalis

Mon intention est d'établir des sœurs de la Charité dans les hôpitaux de la 27e division militaire; il n'y en a pas. Faites, en attendant, le travail nécessaire pour desservir les hôpitaux d'Alexandrie, d'Asti, etc.


Alexandrie, 3 mai 1805

A M. Portalis

Monsieur Portalis, je ne puis que vous témoigner mon mécontentement de ce que les diocèses des Alpes ne sont pas encore organisés. Cependant le secrétaire d'État vous a expédié, le 9 germinal, le décret. Une affaire de cette importance aurait dû être expédiée le 10.


Alexandrie, 4 mai 1805

A M. Fouché

Je n'ai pu qu'être extrêmement étonné de l'article Oise de votrebulletin. Mon intention est que le conseiller d'État se rende à Com-piègne, y fasse venir le préfet, et me fasse un rapport détaillé. Je veux connaître le commissaire corrompu et le dessous de cette affaire, Vous ordonnerez à l'ancien maire de Compiègne de se rendre à votre ministère et de vous donner tous les renseignements. Je ne raille point sur l'objet de la corruption , et je serai inexorable sur les agents corrompus. Vous témoignerez mon mécontentement au préfet de l'Oise, et lui ferez connaître que, si je ne connais point le dessous de cette affaire, je m'en prendrai à lui et le destituerai comme indigne de sa place.

Portez la plus sérieuse attention sur la conscription et, en général, sur l'administration des préfets et sous-préfets. L'administration n'est bonne nulle part, et elle tue par sa racine l'ordre social. Ne manquez pas de me communiquer les nouveaux renseignements sur la contrebande de Mayence; le chef de bataillon doit être puni sévèrement. Un officier qui fait la contrebande n'a point d'honneur. J'ai appris avec plaisir que des bandes de colporteurs avaient été arrêtées. Le conseiller d'État de cet arrondissement y portera une attention particulière; si c'est celui de Bourges, il le verra; si c'est un autre, il ira et approfondira cette affaire. Un homme puni sévèrement, à propos, et livré à la vengeance des lois, épargne la vie de beaucoup de monde et évite un incendie. Je n'approuve pas que, sur un objet si important, vous vous en soyez remis au préfet d'Indre-et-Loire. Mon intention est de me servir, pour les faire marcher, des agents mis auprès de vous. Réunissez dans un seul rapport, comme celui de Vanlerberghe du 20 thermidor, celui de Compiègne; le faire imprimer, et faire connaître par une apostille sévère la manière dont je prétends punir ceux qui se livreront à des spéculations sur la conscription.

Faites connaître au préfet de Nîmes mon mécontentement de ce qu'il laisse mettre sur la scène les sœurs hospitalières. Ces bonnes filles nous sont trop utiles pour les tourner en ridicule.

Je suis étonné que vous n'ayez pas procédé contre le curé d'Hyères; si les faits sont vrais, lancez un mandat d'amener et faites-le arrêter. Avant, vérifiez les faits et faites-lui demander la copie de son discours. Vous ne prenez pas, en général, assez de mesures. En demandant un état à deux colonnes, mettre sur un tableau les mesures que vous prenez.

Si le sieur Ravel, de Paris, fait des voyages à Londres, faites-le arrêter au retour avec toutes les lettres dont il pourrait être porteur. Si la conduite de Blanchard , de Nantes, se vérifie, faites-le arrêter.

On veut me faire croire que les agents forestiers de ma forêt de Fontainebleau font des coupes à leur profit; faites veiller sur cela.


Alexandrie, 4 mai 1805

Au maréchal Berthier

Présentez-moi, dans la journée de demain, un décret pour l'établissement d'hôpitaux à Alexandrie. Il faut là quatre hôpitaux, éloignés les uns des autres, chacun pouvant contenir facilement 400 lits et 600 dans des moments pressés. En temps de paix, on ne tiendra que 200 malades dans ces quatre hôpitaux, qu'on tiendra tous les quatre en activité. Vous me présenterez un projet pour le casernement de l'artillerie.

L'artillerie doit avoir dans la ville un bâtiment pour le parc de siège, c'est-à-dire tant pour les affûts de siège, les armements, un parc à boulets, les caissons, une salle d'artifices; pour cela seul il faut un très-grand couvent. Mon intention est qu'il y ait un garde chargé de tous les inventaires des équipages de siège, ainsi que de leur entretien et réparation.

Un autre emplacement doit contenir les équipages de campagne; celui-là doit être plus considérable, vu la grande quantité de caissons. Il y aura également un garde logeant là, et chargé de l'entretien de ces équipages.

Un troisième sera le magasin de la place, et contiendra tous les affûts de place, armes, approvisionnements nécessaires à la place. Il y aura un garde général pour cet objet.

Un quatrième bâtiment sera l'arsenal; là sera l'atelier, capable de faire travailler 200 armuriers, avec les magasins nécessaires pour donner du travail. Si cela est nécessaire, on pourra faire un magasin à part pour cet objet.

La citadelle devra avoir, 1° un arsenal consistant en quatre forges, en ateliers et charrons; 2° la salle d'artifices; 3° les hangars, avec des parcs aux boulets, pour armements et approvisionnements, et affûts de toutes les pièces de la citadelle.

Après ces objets, vous me présenterez un projet de décret pour le casernement de la troupe, qui doit consister en un régiment complet d'artillerie à pied, 4 compagnies d'ouvriers, 1 bataillon du train et ses chevaux, 1 bataillon complet de sapeurs, 2 compagnies de mineurs, 2 régiments complets de cavalerie, 4 régiments complets d'infanterie, c'est-à-dire 12 bataillons, 12,000 hommes; tout cela pour la ville seulement, et absolument indépendant de la citadelle.

Les officiers et soldats doivent être également casernés.

Le gouverneur général, le commandant d'armes, l'état-major, le commissaire ordonnateur, le commissaire des guerres, la mairie, la préfecture, tous les chefs de service, tels que payeurs, munitionnaire général, etc., doivent tous être logés sur la grande place, et, à cet effet, s'il est nécessaire, on achètera toutes les maisons qui environnent la place.


Alexandrie, 4 mai 1805

Au maréchal Berthier

Vous donnerez l'ordre au 2e bataillon bis du train d'artillerie, qui est en Hanovre, composé de plus de 500 hommes, de se rendre à Douai, avec 1,000 chevaux du train harnachés. Vous donnerez l'ordre au maréchal Bernadotte de former ces 1,000 meilleurs chevaux de son train de Hanovre. Vous lui ferez connaître que le bataillon se mettra en marche le 15 prairial. Je vous prie d'ordonner qu'on me remette, au 1er prairial, un nouvel état de situation des 16 bataillons du train et des chevaux de ces bataillons, ainsi que de l'endroit où ils se trouvent. 

On a autorisé à substituer, dans la 27e division militaire, le maïs à l'avoine, six jours par mois; faites-moi connaître qui a donné cette autorisation.

Le pain n'est pas bon dans la 27e division militaire, parce que le froment est de mauvaise qualité, parce que l'on emploie de mauvais grain. Le riz est de meilleure qualité. Au lieu de haricots blancs, des haricots jaunes constamment. Le ministre Dejean a traité de la viande pour dix sous. Cependant le traitant a sous-traité pour huit sous avec un boucher d'Alexandrie. Présentez-moi un décret pour casser le marché du ministre Dejean, et pour que le sous-traitant reçoive directement les fonds.

Faites-moi connaître pourquoi le premier médecin manque à l'hôpital d'Alexandrie.


Alexandrie, 4 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, votre lettre du 8 floréal m'annonce que l'amiral Magon est prêt à partir. Vous devez être sans inquiétude sur le Ferrol; l'escadre espagnole n'aura pas un mois de vivres, elle en aura six. Vous croyez que Beurnonville fait quelque chose; c'est la mouche du coche. Ce grand nombre de vaisseaux espagnols qu'il dit être en armement ne le sont pas; les Espagnols ne peuvent en armer plus qu'ils n'ont d'équipages, et il serait ridicule que j'allasse refroidir leur zèle; ne faites donc rien. On ne réagit pas sur des alliés, et on fait à peine ce que l'on veut, sur ce point, dans ses propres ports. Quant aux troupes qui doivent s'embarquer sur l'escadre du Ferrol, elles sont indispensables pour dérouter l'ennemi, en supposant qu'elle se réunisse à l'amiral Ganteaume. Si, cependant, au lieu de se réunir à l'amiral Ganteaume, cette escadre se réunissait à l'amiral Villeneuve, je serais à temps de faire connaître, d'ici à deux mois, ce qu'il faudrait faire. Les tempêtes que vous me dites exister sur l'Océan me font espérer qu'enfin Ganteaume sortira. Je crois que le nombre des vaisseaux espagnols que l'amiral Villeneuve pourrait rallier à Cadix ne serait qu'égal à celui des vaisseaux anglais qu'il attirerait. Si l'Espagne envoie les 6 vaisseaux de Carthagène à Toulon, je ferai une telle peur aux Anglais, qu'ils seront forcés d'y tenir une flotte imposante, car je menacerai l'Égypte de tant de manières et si évidemment, qu'ils craindront un grand coup; ils croiront que mes escadres vont aux Indes orientales, ce qui dès lors paraîtrait une opération combinée. Ajoutez que la saison dans laquelle nous allons entrer est la véritable saison pour une expédition d'Égypte. Si les Anglais sont obligés de tenir 6 vaisseaux à Toulon et 6 vaisseaux à Cadix pour être maîtres du détroit, ce sera une belle et puissante diversion. Quand l'amiral Villeneuve se présentera devant le Ferrol, il n'y trouvera pas une escadre anglaise égale à celle qui doit le joindre, car les Anglais observeront plutôt qu'ils ne bloqueront le Ferrol. D'ailleurs, l'escadre anglaise du Ferrol ne saura pas où va Villeneuve; elle ne saura pas si l'escadre qu'elle voit n'est pas celle de Brest. Villeneuve a déjà avec lui 22 vaisseaux; en supposant que Magon le rejoigne, cette force serait suffisante pour se présenter devant Brest, l'amiral Ganteaume surtout étant prévenu. Soyez certain qu'il trouvera au Ferrol plus de 14 vaisseaux français ou espagnols, ce qui rompra tout équilibre, quand même les 7 ou 8 vaisseaux anglais du Ferrol joindraient à temps Cornwallis.

Parlez à Vanlerberghe et à Ouvrard pour qu'ils fassent passer du biscuit au Ferrol.

Missiessy va arriver. Il y aurait un projet qui pourrait avoir quelque avantage, ce serait de le faire venir à Toulon, avec les 6 vaisseaux de Carthagène; cela ferait 11 vaisseaux. L'Annibal, qui pourrait être propre à une campagne d'été, ferait le douzième. Ou les Anglais me les bloqueraient, ou ils ne me les bloqueraient pas : s'ils les bloquent, je ne les fais point sortir, et j'occuperai ainsi, entre Cadix et Toulon , 20 vaisseaux de guerre anglais; s'ils ne les bloquent pas, je les enverrai à Cadix se joindre aux 8 vaisseaux espagnols et venir débloquer le Ferrol. Cette hypothèse ne paraît pas très-probable, car la garnison de Malte serait compromise, et l'Égypte leur donnerait alors une alarme épouvantable. J'ai une armée prête à Tarente , et j'y ai un million de rations de biscuit. Si Missiessy y arrivait avant le 1er prairial, il pourrait être avant le 5 à Toulon. Cependant ces combinaisons sont soumises au départ du général Magon. S'il ne partait pas avant le 20 floréal et qu'il dût aller à Santiago, il faudrait réunir beaucoup de forces à Cadix : l'escadre de Carthagène, approvisionnée , et l'escadre de l'amiral Missiessy pourraient nous offrir à Cadix une vingtaine de vaisseaux. Dans cette hypothèse, il serait nécessaire d'avoir à Toulon une certaine quantité de vivres que l'on chargerait sur des flûtes,et que l'amiral Missiessy porterait à Cadix pour l'escadre de l'amiral Villeneuve. Ainsi, si le général Magon n'était point parti et que l'amiral Villeneuve dût aller à Santiago, quand même l'amiral Magon ne pourrait sortir assez à temps pour arriver dans cette baie, l'amiral Villeneuve doit retourner à Cadix, d'après ses instructions. Il ne s'agit plus que de réunir dans ce port le plus de vaisseaux possible : les deux vaisseaux de l'amiral Magon, s'il n'a pu aller à Santiago, ceux de l'amiral Missiessy, et tous les espagnols de Carthagène. J'ai tout cet échiquier très-présent.

A la fin de floréal, où il sera décidé si les généraux Magon et Ganteaume partent ou ne partent pas, les choses seront déjà éclaircies; mais, pour être en état d'agir selon les circonstances, il faut beaucoup de vivres à Toulon , à Rochefort, à Brest, à Lorient. Ce n'est donc pas le cas de faire de ridicules économies, d'autant plus que cette dépense ne peut être considérée comme de l'argent perdu. Faites doubler les commandes qui ont été faites, afin que, dans le cas où j'aurais besoin de vivres, je les trouve. Calculez les différentes chances qui se présentent, et que partout les vivres ne soient un obstacle à rien. Vous ordonnerez donc bien positivement que la fin de floréal et les mois de prairial et de messidor soient employés à confectionner le plus de vivres qu'il sera possible dans les ports de Brest, Rochefort, Lorient et Toulon. Après tout, une ration complète coûte vingt sous; c'est donc une avance de deux ou trois millions; je dis avance, car, quand je n'en aurais pas besoin, les vivres me restent. Et si, par des événements qu'on ne peut calculer, mon grand plan venait à être déjoué, vous entendez bien que je ne veux pas arrêté par le défaut de vivres. J'ai fait faire du biscuit à Ostende; Savary  m'en a apporté de deux ans; il est sain comme s'il était d'hier. Quand on peut si longtemps garder des vivres, et dans une guerre aussi active, c'est une grande ignorance de n'en pas en avoir beaucoup. Je ne veux pas être retardé de deux jours pour raison de vivres. Forcez tous les moyens, et que j'aie, dans mes quatre grands ports, au moins 7 à 8,000,000 de rations de vivres.

Ayez soin, si vous expédiez des bâtiments, indépendamment de l'amiral Magon, de ne rien écrire qui puisse nous gêner ensuite, dans l'incertitude de savoir si un bâtiment est ou non arrivé. C'est cette manière de voir que je vous ai prescrit de vous borner, en expédiant un brick à l'amiral Villeneuve, à l'instruire de l'état des choses, et lui ordonner d'attendre quelques jours , sans lui donner aucun autre ordre. Si le général Magon est parti, j'approuve que les deux frégates de Lorient partent, quand il sera décidé que Ganteaume ne doit plus partir, et portent à l'amiral Villeneuve l'ordre de se porter sur le Ferrol, sans perdre de temps. Je n'ai pas besoin de vous que, en écrivant par ces frégates, vous devez remettre une lettre à chaque capitaine, afin d'en prévenir la perte en cas de séparation ou d'événements malheureux. J'imagine que vous avez fait autant de copies de ma dépêche que l'amiral Magon a de bâtiments, en faisant sentir à cet amiral la nécessité de la faire parvenir à sa destination et que vous avez donné ordre, en cas de séparation, à ces bâtiments d'arriver.


Alexandrie, 4 mai 1805

Au général Gassendi

Le général Gassendi prendra connaissance de la lettre ci-jointe que j'adresse à M. le maréchal Bernadotte et la fera mettre immédiatement à la poste.

L'Empereur désire avoir un nouvel état de situation, au 1er prairial, des 16 bataillons du train et des chevaux de ces bataillons, avec l'indication des lieux où ils se trouvent.

Le général Gassendi s'entendra avec l'adjudant commandant Lomet pour faire dresser cet état avec la plus grande exactitude. Il devra m'être adressé, en double expédition, à Milan, par un des courriers extraordinaires qui partent chaque jour de Paris

(Picard)


Alexandrie, 4 mai 1805

Au maréchal Bernadotte, commandant en chef l'armée de Hanovre

L'intention de Sa Majesté l'Empereur, Monsieur le Maréchal est que le 2e bataillon bis du train d'artillerie, qui est actuellement dans le Hanovre et dont la force est de plus de 500 hommes, se rende à Douai, avec 1.000 chevaux du train enharnachés.

Vous voudrez bien, en conséquence, Monsieur le Maréchal, donner les ordres nécessaires pour l'exécution de cette disposition et faire partir ce bataillon de Hanovre le 15 prairial prochain, suivant les intentions de S. M, pour le diriger sur Reuss, où j'adresse des ordres pour sa marche ultérieure.

Comme il faut éviter de faire passer plus de 200 chevaux à la fois dans les lieux de logement militaire situés sur le territoire prussien, il sera nécessaire que, depuis Osnabrück, ce bataillon ne marche que par compagnie ou détachement, dont la force n'excède pas 200 chevaux ; au moyen de cette disposition, ce bataillon pourra être réuni à Reuss du ler au 6 messidor, et se mettre en marche le 8 messidor, pour se rendre à Douai.

J'ai l'honneur de vous prévenir au surplus, M. le Maréchal, que l'intention de S. M. est que vous composiez ces 1.000 chevaux des meilleurs de votre train d'artillerie ; veillez à ce qu 'ils soient pouvus de leurs harnais avant leur départ, et donnez les ordres et instructions nécessaires pour qu'ils soient conduits de manière à ce qu'ils soient le moins possible fatigués de la route.

Je vous prie, Monsieur le Maréchal, de m'informer de l'exécution de ce mouvement.

(Picard)


Alexandrie, 5 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Le ministre de l'intérieur me fera connaître quel emploi peut être donné au maire d'Alba. Un emploi de 2 à 3,000 livres de rente peut convenir à sa modique fortune. Je ne veux pas le destituer, vu qu'il est un des coryphées du parti qui a fait triompher la France, et que sa destitution ne pourrait être qu'un mauvais exemple et peu encourageant pour ses amis.


Alexandrie, 5 mai 1805

DÉCRET

ARTICLE ler. - Il sera élevé dans la plaine de Marengo un monument à la mémoire des braves morts dans cette journée.
ART. 2. - Ce monument consistera en une pyramide de grande dimension. Dans l'intérieur de cette pyramide sera pratiquée une chambre revêtue de tables de marbre, sur lesquelles seront inscrits les noms des hommes qui sont morts.
ART. 3. - Le génie militaire sera chargé de l'exécution dudit monument. Il y sera employé, dès cette année, 30,000 francs sur les fonds du génie.
ART. 4. - Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret.


Alexandrie, 6 mai 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, vous trouverez ci-joint un projet de décret pour le monument dont j'ai posé la première pierre. Mon intention est que sur-le-champ le génie fasse travailler à poser la première pierre; que des fondations soient faites autant qu'il sera nécessaire, et que l'on construise un bloc de maçonnerie; on y mettra des médailles et pièces de monnaie qui puissent conserver le souvenir de l'époque actuelle. Mon intention est que ce monument soit une pyramide toute en grosses pierres, afin d'être à l'abri du temps. Je désirerais qu'elle coûtât tout au plus 300,000 francs. On mettra, s'il est nécessaire, deux ou trois ans à la construire; 30,000 francs cette année, du génie. On suivra les mêmes dimensions de la grande pyramide d'Égypte, bien entendu qu'elle sera moindre; une disposition analogue peut être déterminée par le prix à y mettre; assez grande pour avoir une belle salle intérieure, obscure; et, sur des tables de marbre, seront écrits les détails de la bataille, les noms des soldats morts et différents événements. Je ne verrai aucun inconvénient à ce que sur une table de marbre soit le plan figuré de la bataille. Il n'y aura pas besoin d'escaliers pour monter dessus; qu'on y monte de bloc en bloc, comme sur celle d'Égypte. Ainsi, avant huit jours, je désire que la première pierre soit véritablement posée sous de gros blocs, de manière qu'elle ne soit pas dérangée, et que ce qu'on y a fait ne soit pas à faire. Vous me présenterez le plan à Milan. Cette année, avant le ler frimaire, je déterminerai ce qui devra être fait. Je désire que Chasseloup fasse
placer, cette année, à Dego et Montenotte, des inscriptions su r de petits monuments d'un goût extrêmement simple, et qui ne doivent pas coûter plus de 5,000 francs : à Dego, à l'endroit au delà de la rivière, où j'ai fait les dispositions de la bataille; à Montenotte, au delà de .......... au point où la colonne qui a tourné est venue attaquer l'ennemi. Vous mettrez les inscriptions, qui devront inscrites sur des tables de marbre. Il y sera rappelé la reprise de Dego et l'affaire de Cosseria.
Un à Mondovi, où les ennemis avaient leur redoute.


Alexandrie, 6 mai 1805

A M. Cambacérès

Mon Cousin, vous trouverez, ci-joint un rapport du préfet de police, que je vous prie de lire avec attention. Comme c'est une affaire d'espionnage, je crois qu'il faut traduire ces individus devant une commission militaire et les faire fusiller. Si vous trouvez les preuves suffisantes, envoyez-moi le projet de décret. Cet exemple produira un bon effet, et je le crois nécessaire. Vous comprenez facilement que, dans un moment où je fais mouvoir tant d'escadres, il faut sévir contre les espions.


Alexandrie, 6 mai 1805

A M. Cambacérès

M. Jérôme est arrivé à Lisbonne avec mademoiselle Paterson, sa maîtresse. J'ai donné l'ordre qu'il se rende auprès de moi, et j'ai ordonné que sa maîtresse fût rembarquée pour l'Amérique. Je vous prie de me faire connaître ce qu'il faut faire, pour le train de cette affaire, et pour que le mariage fût tout à . . . . . . . . . ; et le modèle des actes qu'il faudrait qu'il signât, s'il y avait son consentement.


Alexandrie, 6 mai 1805

A M. Jérôme Bonaparte

Mon Frère, votre lettre de ce matin m'apprend votre arrivée à Alexandrie. Il n'y a point de fautes qu'un véritable repentir n'efface à mes yeux. Votre union avec mademoiselle Paterson est nulle aux yeux de la religion comme aux yeux de la loi. Écrivez à mademoiselle Paterson de s'en retourner en Amérique. Je lui accorderai une pension de 60,000 francs, sa vie durant, à condition que, dans aucun cas, elle ne portera mon nom, droit qu'elle n'a pas dans la non-existence de son union. Vous-même, faites-lui connaître que vous n'avez pu ni ne pouvez changer la nature des choses. Votre mariage ainsi annulé dans votre propre volonté, je vous rendrai mon amitié, et je reprendrai les sentiments que j'ai eus pour vous depuis votre enfance, espérant que vous vous en rendrez digne par les soins que vous porterez à acquérir ma reconnaissance et à vous distinguer dans mes armées.


Alexandrie, 6 mai 1805

A la princesse Élisa, grande-duchesse de Toscane

Ma Sœur, M. Jérôme est arrivé; j'ai été satisfait de ses sentiments. Son secrétaire, qui est à Milan, doit se rendre auprès de mademoiselle Paterson pour lui faire connaître l'État des choses, et lui faire sentir que son mariage, nul aux yeux de la religion comme aux yeux de la loi, doit l'être à ses yeux. Parlez à M. Lecamus, et écrivez dans ce sens à M. Jérôme. Faites-lui connaître la nécessité dont il est pour lui de tenir exactement les promesses qu'il m'a faites, car c'est à cette condition que j'ai pu lui rendre mon amitié.


Alexandrie, 6 mai 1805

A M. Fouché

Faites-moi un rapport qui me fasse connaître de quelle manière messieurs les inspecteurs et sous-inspecteurs dilapidaient la forêt d'Armainvilliers : faisaient-ils des coupes à leur compte ou coupaient-ils des arbres isolés ? 


Alexandrie, 6 mai 1805

Au maréchal Davout

Mon Cousin, les échecs qu'a éprouvés l'amiral Ver Huell proviennent de l'excès de confiance de cet amiral et du peu de précaution qui ont été prises. Nous avons pour principe de ne point faire marcher seuls les bateaux canonniers. Je regrette peu les bâtiments, beaucoup les 200 hommes des 5e et 108e régiments, qui sont prisonniers. Veillez à ce que l'on prenne plus de précautions; le passage du cap Grisnez n'à rien de commun avec les passages d'Ostende et de Dunkerque.


Alexandrie, 7 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, je reçois votre lettre du 12 floréal. Il parait que vous avez reçu des dépêches télégraphiques du 11, et que l'escadre de Brest n'était pas partie; cependant les dépêches du 10 annonçaient que l'ennemi s'était éloigné, et faisaient espérer que l'escadre aurait pu sortir. Envoyez-moi copie de toutes les dépêches que vous avez envoyées par le Président.

Ordonnez une presse de matelots à Bordeaux; vous aurez alors de quoi armer la Thétis.

Mon intention est que toute la flottille batave, chaloupes canonnières et bateaux canonniers, soit réunie à Ambleteuse. Les corvettes de pêche doivent rester à Calais avec une portion des écuries. La question n'est point de savoir si les travaux qu'on fait dans la cunette d'Ambleteuse se comblent ou non, mais bien si cette cunetti contenir des bateaux. Je pense donc qu'il faut ordonner ce travail, afin que la flottille batave soit contenue tout entière dans ce port.

Une fois l'année passée et l'expédition terminée, nous n'aurons plus besoin de tous ces ports de campagne.

Il paraît, par la dépêche télégraphique ci-jointe, que l'escadre de Brest aurait pu sortir.

Je vous avais ordonné d'envoyer en Corse des frégates pour ramener des conscrits et des marins. L'ennemi ne tient plus la mer actuellement dans ces parages; faites-moi connaître si mes ordres sont exécutés.

Je désire que vous m'envoyiez un journal des forces que les Anglais tiennent devant Rochefort, Lorient, Toulon et Marseille.


Milan, 7 mai 1805

DÉCISIONS

Le ministre propose à l'Empereur d'accorder à 26 militaires retirés du service la solde de retraite

Renvoyé au Conseil d'État, section de la guerre

 

Le ministre propose de confier la fourniture des fourrages en Italie et dans la 27e division militaire, du 1er messidor an XIII au 1er fructidor an XIV, au sieur Ghizzoni, de Plaisance

S. M. a répondu qu'elle acceptait le marché, pourvu que le prix n'exédât pas 60 centimes.

(Picart)


Pavie, 8 mai 1805

A M. Lebrun

J'ai nommé M. Plancy, sous-préfet de Soissons, préfet d'Ivrée. Je désire qu'il s'y rende le plus tôt possible, et y déploie le zèle, l'assiduité et le talent que je suis en droit d'attendre de votre beau-fils. Il arrive dans un pays où il y a du bien à faire, dans un pays où l'on est extrêmement sensible à la bonne administration, à la sévère probité et aux bonnes manières. Je suis extrêmement satisfait de la partie de mon royaume où je suis arrivé. J'y ai trouvé le même esprit qu'au delà des Alpes.


Pavie, 8 mai 1805

A M. Gaudin

Les rentes à Turin sont à moins de trente pour cent. Mon intention est d'en faire acheter le plus possible. Vous trouverez ci-joint un mandat du payeur de la 27e division militaire, que vous remettrez à M. Mollien, qui le fera rembourser. Vous trouverez aussi une note que m'envoie ce payeur, à laquelle vous répondrez. Il faut distinguer si ce sont des rentes du royaume d'Italie que nous ne devions pas payer, et il n'y a nul doute qu'il ne faille accepter cette proposition; si, au contraire, cela appartenait à des couvents supprimés ou autres objets de cette nature que vous croyiez ne devoir point rembourser en conséquence du droit d'épargne, alors je pense qu'il ne faut pas acheter. Le royaume d'Italie doit un million pour la portion de la dette du Novarais. Si ce royaume avait des crédits sur Turin , ne pourrait-on pas les effacer et les prendre en compte de ce qu'il doit ? Mon intention donc est que M. Mollien fasse acheter, jusqu'à concurrence de deux millions argent, toutes les rentes qui pourraient se trouver et revenant à moins de trente pour cent. Je n'ai besoin de vous dire combien il est essentiel de garder le plus profond secret, et que M. Mollien traite cette affaire directement avec le payeur. Il y a là-dessous des rentes qui appartiennent à quelques étrangers; il faudrait tâcher de les acheter à ce cours. Je désirerais bien que, l'année prochaine, les rentes viagères et pensions du Piémont fussent toutes payées à Paris.


Pavie, 8 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Je vous renvoie vos lettres de l'île de France. Je n'y vois que des discussions assez peu modestes entre Linois, qui est un homme médiocre, et Decaen, homme ardent et fougueux, qui ne connaît de manière de se. . . . .  que la force. Le résultat de ces discussions est que Linois restera le moins possible à l'île de France; qu'il fera beaucoup de croisières, et que, s'il perd une ou deux frégates sera une perte sur laquelle j'aurai calculé, mais qui aura coûté cher à l'ennemi. Dans cette situation des choses, vous devez modérer un peu le général. Écrivez à Linois qu'un plus de zèle, d'activité, de hardiesse à la mer doit être l'esprit d'une croisière comme celle des Indes.


Pavie, 8 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, j'ai reçu votre lettre du 14. Magon est parti; cette nouvelle m'est bien précieuse; dès lors toutes les hypothèses sur Santiago sont à bas, et il est de toute évidence que l'amiral Villeneuve se dirigera sur le Ferrol. Si la frégate la Didon n'est pas partie, vous la chargerez de modifications aux instructions dont le général Magon est porteur, et vous lui ordonnerez, au lieu de rester trente cinq jours, de ne rester qu'un mois. Si la Didon était partie, faîtes alors partir la Topaze. Vous ferez connaître, par cette frégate, 1'état des choses à l'amiral Villeneuve; vous lui direz que mon intention n'est pas qu'il reste en Amérique plus d'un mois après l'arrivée de l'amiral Magon; que, si l'amiral Ganteaume peut sortir avant le 1er prairial, il sortira; que, passé le ler prairial, il ne sortira plus et l'attendra de pied ferme.

Ainsi donc, au plus tard, le 10 messidor (29 juin), Villeneuve doit marcher et arriver comme un trait sur le Ferrol. Quant à Ganteaume, si, au 30 floréal (20 mai), il n'est pas parti, mon intention est qu'il ne sorte plus, mais qu'il reste cependant toujours embarqué, toujours en haleine, toujours bien approvisionné. Vous lui ferez connaître alors le plan de campagne; mais, pour qu'il se tienne plus sur ses gardes, vous lui annoncerez que Villeneuve doit paraître devant Brest du 20 au 30 messidor (9-19 juillet). Je pense qu'il est assez utile que vous fassiez mettre dans les journaux de Hollande qu'une nouvelle escadre, sous les ordres de l'amiral Magon, forte de 3 vaisseaux et de 4 frégates, est partie de Rochefort, qu'elle a à bord cet officier que devait amener Lauriston, que vous nommerez, et qu'on dira avoir été prisonnier à Sainte-Hélène tant de temps. En définitive, je tiens invariablement à ce système : Ganteaume doit sortir, s'il le peut, jusqu'au 30 floréal, à minuit. Au moment du lever du soleil du ler prairial, aurait-il toutes les occasions possibles, il attendra de pied ferme à Brest, et ne sortira plus. L'amiral Villeneuve sera instruit de ces dispositions par la Topaze; il aura l'ordre, le 10 messidor (29 juin), de partir; le Président partira de Lorient le ler prairial; il fera connaître à Villeneuve que Ganteaume n'est pas parti, qu'il ne doit plus perdre une heure, qu'il est inutile qu'il attende davantage. A cet effet, vous ordonnerez à Ganteaume, si le 30 floréal (20 mai) à minuit il n'est pas parti , d'expédier aussitôt un courrier au commandant du Président pour le faire partir sur-le-champ. Par ce moyen, on épargnera beaucoup de jours. Le paquet aura été envoyé d'avance au commandant du Président. Au 25 messidor (14 juillet) je serai sur la côte, et, au 10 thermidor (29 juillet), j'attendrai le retour de mes escadres.

Quant au Régulus et à la Cybèle, si je pouvais les envoyer au Sénégal ravager les colonies anglaises d'Afrique, cela obligerait les Anglais à y envoyer 2 vaisseaux; si cela n'est pas possible, faites-les armer promptement, et je les combinerai avec l'escadre de Missiessy, dont le retour me parait imminent. Quant au. Ferrol, faites armer les 5 vaisseaux. Quand le 1er prairial (21 mai) sera arrivé, j'écrirai en Espagne pour que tous les efforts soient dirigés sur ce port; j'ai la confiance que j'y aurai 10 vaisseaux espagnols; Villeneuve aura alors 19 vaisseaux français et 16 espagnols; total 35 vaisseaux. Il sera facile de faire que l'ennemi n'en ait devant Brest que 18; il n'y aura qu'à faire grand bruit de 2 vieux vaisseaux de l'escadre, et les faire rentrer dans le port; mais il faut d'abord gagner l'époque du 1er prairial. Tâchez donc de faire armer l'Océan, si vous pouvez, ne serait-ce que pour le combat de Brest. Il y aurait tout le temps de faire à Bertheaume toutes les batteries qu'on voudrait. Donnez l'ordre à l'amiral Ganteaume et au préfet maritime de les faire faire sur champ par la marine. Il me semble qu'il peut y avoir tel cas où une forte protection bien assurée là peut être très-importante. Je pense aussi que vous ferez armer toutes les chaloupes canonnières sont à Brest, ne fût-ce qu'avec des ouvriers et les mouvements port. Ce seront des ressources précieuses au mois de messidor et au moment du combat; mais nous avons le temps de penser à tout cela. Pressez l'armement du Régulus et des vaisseaux du Ferrol. Écrivez à M. Schimmelpenninck pour faire armer les 2 autres vaisseaux qu'on a, afin qu'on les envoie au Texel, pour obliger l'ennemi à renforcer sa croisière d'Yarmouth.

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Je vous recommande les vivres; que j'en aie à Cherbourg, à Brest, à Boulogne; que l'amiral Missiessy, quelque part qu'il se présente, ne soit pas arrêté d'une heure; enfin il me faut des vivres partout; arrangez-vous en conséquence. Donnez ordre au contre-amiral Gourdon de vous envoyer des courriers, tous les cinq jours, pour vous instruire du mouvement des croisières; cela est nécessaire pour les opérations de Missiessy.


Pavie, 8 mai 1805

A l'Amiral Villeneuve

PREMIÈRES INSTRUCTIONS

Votre armée, composée de 14 vaisseaux français et de 6 vaisseaux espagnols, sera renforcée au Ferrol par 5 autres de nos vaisseaux, et par 9 vaisseaux du roi d'Espagne; ce qui portera votre force à 19 nos vaisseaux et à 15 vaisseaux du roi d'Espagne.

Nous avons 5 vaisseaux et 3 frégates dans la rade de l'île d'Aix un vaisseau et une frégate dans la rade de Lorient, tout prêts à appareiller. Nous vous laissons le maître de vous détourner de votre route pour rallier ces 6 vaisseaux à votre escadre, consultant à cet effet la nature des vents et des circonstances.

Si notre escadre du Ferrol était plusieurs jours sans pouvoir sortir, vous y verriez une raison pour vous présenter devant l'île d'Aix sans perdre de temps, donnant ordre à l'escadre du Ferrol de vous y joindre, ce qu'elle pourrait faire facilement, puisque vous dispersez la croisière ennemie. Si, au contraire, les escadres du Ferrol avaient le temps favorable pour sortir et se ranger sous votre pavillon sans éprouver aucun retard , et que les vents fussent tels que vous conçussiez l'espérance de vous porter rapidement à votre destination , peut-être serait-il préférable de laisser de côté l'escadre de Rochefort pour ne point vous détourner de votre route, parce que tout retard aurait pour résultat de rendre plus considérable la croisière ennemie devant Brest. Vous manœuvrerez donc pour opérer votre réunion avec l'escadre de l'amiral Ganteaume, mouillée en avant du goulet sous la protection des batteries considérables que nous avons fait établir entre Bertheaume et Camaret. Depuis un mois , l'ennemi n'a été signalé qu'au nombre de 15, de 18, et jamais plus de 20 vaisseaux. Notre intention est que vous fassiez votre jonction en évitant le combat, et que, si vous êtes contraint à un combat, il ait lieu le plus près possible de Brest , afin que l'amiral Ganteaume puisse y prendre part. Nous estimons que, dans votre marche du Ferrol à Brest, vous devez changer de direction, afin d'éviter de rencontrer la croisière devant Brest, si elle prenait le parti de s'avancer à quinze ou vingt lieues au-devant de vous. Dans votre dernière fausse route, vous devrez vous diriger sur le cap Lizard, de manière à ne pouvoir rencontrer l'ennemi , ou à le rencontrer le plus près qu'il vous sera possible de Brest.

Votre jonction faite avec l'escadre de l'amiral Ganteaume vous renforçant de 21 bons vaisseaux, vos forces seront beaucoup plus considérables que celles que l'ennemi pourrait vous opposer, et vous vous dirigerez sur Boulogne, où nous serons de notre personne.

De toutes les opérations, celle-ci me paraît préférable comme la plus sûre. Mais si, arrivé devant le cap Lizard, des vents ou d'autres circonstances favorables vous portaient à penser qu'il vous fût possible d'entrer dans la Manche, de gagner plusieurs jours sur l'escadre ennemie de Brest, et d'arriver trois ou quatre jours avant elle devant Boulogne, nous vous laissons le maître de ne point vous approcher de Brest et de venir sur Boulogne. Si votre présence nous rend maîtres de la mer pendant trois jours devant Boulogne, nous avons toute faculté de faire notre expédition, composée de 150,000 hommes embarqués sur 2,000 bâtiments.

Cherbourg est armé, et peut contenir votre escadre et la protéger contre toute espèce de forces. Nous avons des vivres pour votre escadre à Brest, Cherbourg et Boulogne.

Nous nous en rapportons entièrement à votre zèle, à votre expérience, à votre connaissance parfaite de la mer et des localités où vous allez agir, pour faire tout ce qui paraîtra convenable pour remplir le but que nous nous sommes proposé.

D'après la connaissance que nous avons de la distribution des forces ennemies, nous avons lieu de croire qu'avec une escadre plus forte que 16 vaisseaux de guerre , nous serions devant Boulogne maîtres absolus de la mer, en supposant que l'escadre de Brest eût été passée et laissée en arrière. 

Notre ministre de la marine est chargé de vous écrire en détail pour vous recommander toutes les précautions possibles pour que l'amiral Ganteaume soit prévenu de tous vos mouvements, soit à votre départ du Ferrol, soit à votre arrivée sur les parages de Brest.


DEUXIÈMES INSTRUCTIONS

La direction que vous devez prendre immédiatement après votre jonction au Ferrol dépend de tant de circonstances différentes, que je ne puis que m'en rapporter à votre expérience de la mer et à votre zèle pour mon service. En effet, tant d'événements se sont passez depuis votre départ pour la Martinique; la connaissance des forces ennemies que vous avez attirées en Amérique, la force de l'escadre du Ferrol et de la croisière ennemie devant ce port, la situation de notre armée, sont autant d'éléments nécessaires pour ordonner impérieusement de votre destination ultérieure.

Le but principal de toute l'opération est de nous procurer pendant quelques jours la supériorité devant Boulogne. Maîtres du détroit pendant quatre jours, 150,000 hommes embarqués sur 2,000 bâtiments achèveraient entièrement l'expédition. Pour arriver à ce grand but, immédiatement après votre apparition au Ferrol, vous aurez quatre partis à prendre :

Le premier, de vous porter devant Rochefort, et de vous réunir aux 5 vaisseaux que j'ai dans cette rade; j'ai envoyé des instructions au vaisseau le Régulus, qui est à Lorient, de vous joindre; ainsi, au nombre de 25 vaisseaux français et de 15 vaisseaux espagnols, de faire votre réunion avec l'escadre de Brest, et, au nombre de plus de 60 vaisseaux de ligne, d'entrer dans la Manche.

Le deuxième parti est de laisser l'escadre de Rochefort, qui occupe un  pareil nombre de vaisseaux ennemis , et de vous diriger le plus promptement possible sur Brest , pour opérer votre jonction avec l'amiral Ganteaume.

Le troisième parti serait, après votre jonction avec l'escadre du Ferrol, de doubler l'Irlande, et vous joindre à l'escadre du Texel, forte de 7 vaisseaux, et au convoi, et d'arriver devant Boulogne.

Le quatrième parti parait devoir être celui de se diriger sur le cap Lizard, et, à trente lieues au large, de profiter d'un vent d'ouest pour longer la côte d'Angleterre, éviter la rencontre de l'escadre qui bloque Brest, et arriver quatre ou cinq jours avant elle devant Boulogne.

Pour chacune de ces opérations, en calculant les vivres que vous trouverez à bord des vaisseaux français et espagnols, les vivres que vous trouverez à Rochefort, vous en serez suffisamment pourvu ; et, prévoyant dès longtemps votre expédition, j'en ai fait réunir une grande quantité à Brest, Cherbourg et Boulogne.

Si vous prenez le parti de faire votre réunion avec l'escadre de Brest, vous devez tenter de le faire sans combat, et, si cela est trop difficile, calculer de manière à vous battre le plus près de Brest qu'il vous sera possible, et, à cet effet , de tromper l'ennemi par de fausses routes , si, sur la nouvelle de votre apparition au Ferrol, il prenait le parti de marcher une vingtaine de lieues à votre rencontre. Si, au contraire, vous prenez le parti de doubler l'Irlande, vous devez passer hors de vue des côtes, et rendre votre navigation la plus inconnue que possible à l'ennemi, qui pendant un temps vous croira retourné dans la Méditerranée, comme on ne manquera pas de le répandre par tous les moyens.

L'amiral Ganteaume, avec 21 vaisseaux approvisionnés pour six mois, est mouillé en dehors du goulet, entre Bertheaume et Camaret, sous la protection de batteries de plus de 150 bouches à feu. Du moment de votre arrivée au Ferrol, il mettra à la voile; il se trouve avoir des facilités pour sortir qu'il n'aurait point dans toute autre position, en dedans du goulet. Dans le cas où vous préféreriez votre réunion avec Brest, vous aurez soin de prévenir par des bricks que vous ferez aborder sur la côte la plus près de Brest, avec un officier qui ne perdrait pas un moment pour se rendre auprès de l'amiral Ganteaume.

Si vous doublez l'Irlande, vous irez au Texel; des instructions positives y ont été envoyées, ainsi que sur la situation de l'ennemi dans ces parages.

Si, par les événements survenus en Amérique ou dans le cours de votre navigation, vous vous trouviez dans une situation qui ne vous permît pas de remplir ces instructions, et que vous ne dussiez penser à aucune nouvelle opération, vous ferez partir l'escadre de l'amiral Gourdon avec les 3 ou 4 vaisseaux meilleurs marcheurs espagnols du Ferrol, pour établir une croisière conformément aux instructions jointes. Notre intention est que vous leviez le blocus de Rochefort, que vous donniez les instructions ci-jointes au capitaine Allemand dont vous favoriserez la sortie, et que, cela fait, vous rameniez mon escadre à Cadix avec les vaisseaux du Ferrol; que vous favorisiez l'entrée de l'escadre de Carthagène à Cadix, que vous occupiez le détroit, que vous ravagiez la rade de Gibraltar, et que vous vous approvisionniez là de vivres.

Ce serait avec bien du regret que je verrais que ces dernières circonstances, quelques combats même avec des forces inférieures que vous auriez soutenus, des circonstances de séparation et d'autres évènements, ajourneraient l'époque de notre opération importante. J'ai voulu toutefois pourvoir aux partis que vous auriez à prendre dans des événements que je ne puis calculer, et dont je ne puis avoir connaissance.


Pavie, 8 mai 1805

A M. Maret

Monsieur Maret, vous trouverez ci-joint trois lettres que vous mettrez vous-même. Je les laisse ouvertes pour que vous voyiez qu'elles contiennent; vous les recachetterez avant que de les remettre. Vous vous concerterez avec le grand chancelier pour que, dans la première heure de mon arrivée à Milan, vous puissiez me présenter le projet de décret qui institue le Conseil d'État, le divise en cinq sections, nomme les présidents de chacune. Les ministres ne seront d'aucune section, comme dans le Conseil d'État de Paris. Mon intention est d'y placer le cardinal Caprara, l'archevêque de Ravenne, l'archevêque de Bologne, et deux prêtres, l'un de Vigevano, et l'autre de Milan, capables de travailler et qui seraient dans le cas d'être évêques. Vous parlerez à M. Marescalchi et au cardinal Caprara pour connaître les deux individus que je pourrais choisir.


Pavie, 8 mai 180

A M. Aldini, secrétaire d'État du royaume d'Italie

Mon intention est que vous voyiez mon ministre secrétaire d'État Maret pour vous mettre au fait de la manière dont je travaille, et que vous raccordiez votre marche à celle que j'ai établie. Vous ne devez désormais ni signer ni sceller aucun acte qui n'émane de moi.


Pavie, 8 mai 1805

A M. Felici, ministre de l'intérieur du royaume d'Italie

Monsieur Felici, mon Ministre de l'intérieur, mon intention est que vous me présentiez un projet de décret pour joindre au territoire de la fonderie de Pavie les jardins appartenant au domaine, pour lui procurer le courant d'eau dont elle a besoin pour faire aller les foneries et les martinets; que vous me remettiez sous les yeux un mémoire qui me fasse connaître l'historique des travaux faits au canal de Pavie à Milan, ce qu'il y a de fait, ce qui reste à faire, avec une évaluation de cette dépense.

Remettez-moi, dans la journée d'aujourd'hui, le budget de vos dépenses pour le couronnement et de celles qu'on calcule faire à l'occasion de mon arrivée, soit pour ma suite, soit pour les personnes qui m'accompagnent.


Pavie, 8 mai 1805

A M. Melzi, Grand Chancelier du royaume d'Italie

Monsieur le Grand Chancelier, mon intention est que vous fassiez connaître aux ministres que mon intention est de travailler et de correspondre directement avec eux. L'exercice de l'autorité que je vous avais conférée se trouve alors suspendu. Mon intention n'en est pas moins de prendre vos conseils dans les circonstances importantes, désirant même que, toutes les fois qu'il y aurait à votre connaissance quelque partie du service en souffrance, vous me la fassiez connaître directement.

Mon intention est de réunir, sous le titre de Conseil d'État, vous, les membres actuels de la Consulte, le ministère, autant que les affaires lui permettront de s'y trouver, et des membres du Corps législatif. Il sera divisé en cinq sections : justice, intérieur, finances, guerre et marine, culte.

Je désire que vous me présentiez, ce soir, un projet de décret sur cet objet, et la division entre les cinq sections.


Milan, 9 mai 1805

Au roi de Prusse

Monsieur mon Frère, ce qui m'a été agréable dans la lettre Votre Majesté, ce sont les choses aimables qu'elle a bien voulu dire. J'ai donné l'ordre que des passe-ports soient expédiés à la personne que l'empereur Alexandre voudra envoyer. Mais j'attends peu d'effet d'une négociation détournée, qui peut tout compliquer e peut conduire à rien de définitif. La Russie est trop loin, trop étrangère aux intérêts coloniaux et maritimes, les Voronzof trop vend à l'Angleterre, le caractère de l'empereur Alexandre trop incertain et trop faible, pour que, raisonnablement, on puisse espérer rien de bon pour la paix générale. La Russie ne peut pas être partie, puisqu'elle n'est pas en guerre; elle le serait que je ne l'admettrais pas à traiter avec l'Angleterre, à moins d'y être contraint par la force. Elle ne peut pas être médiatrice, puisque ses relations sont interrompues avec la France. Votre Majesté connaît trop bien l'Angleterre pour ne pas savoir que, si le conseil royal voulait la paix, il n'aurait fait tenir au roi le discours qu'il a prononcé au Parlement. Toutes les fois que l'on fait passer les propositions à Saint-Pétersbourg pour arriver à Paris, on ne veut pas s'entendre; on veut, à Londres, gagner du temps, fasciner les yeux à ses peuples, peut-être essayer de nouer une coalition qui tournerait, bien autrement que les deux premières, à la honte de l'Angleterre. Toutefois, il ne dépendra pas de moi, si l'on parle le langage de la modération et de la franchise, que les choses ne prennent un aspect favorable, et que la malheureuse humanité ne soit consolée. Je pense aussi que l'empereur Alexandre respecte assez son caractère, apprécie trop bien ses forces et les miennes pour continuer à tenir à mon égard une conduite inconsidérée. Toutes les fois que cela est arrivé, je ne l'ai considéré que comme une conduite ridicule. La Russie ne devrait pas méconnaître mon caractère et celui de mes peuples. La Russie n'a le droit de prendre ce ton avec personne, avec moi moins encore moins qu'avec qui que ce soit. Monsieur mon Frère, je veux la paix; mais je ne puis souscrire à ce que mon peuple soit déshérité du commerce du monde. Je n'ai point d'ambition; j'ai deux fois évacué le tiers de l'Europe sans y être contraint. Je ne dois à la Russie, sur les affaires d'Italie, que les comptes qu'elle me doit sur les affaires de la Turquie et de la Perse. Toute paix avec l'Angleterre, pour être sûre, doit porter la clause de cesser de donner asile aux Bourbons et aux émigrés, et de contenir les injures de leurs écrivains. Ces injures sont méprisables, je le sais; mais, cependant, si on les tolère en silence, elles donnent un privilège exclusif à une nation qui sait se faire un privilège de tout. Il ne me reste plus qu'à remercier Votre Majesté de ses bons sentiments à seconder mes intentions pacifiques, qu'à la prier de me continuer son amitié, et de croire que tous les jours où je puis lui donner des preuves de la mienne sont des jours heureux pour moi. Je me plairai à faire connaître à Votre Majesté les suites que pourront avoir ces premières ouvertures. Sur ce, je prie Dieu , Monsieur mon Frère, qu'il ait Votre Majesté en sa sainte et digne garde.

Votre bon frère ,

NAPOLÉON


Milan, 10 mai 1805

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, expédiez par un courrier extraordinaire la lettre ci-jointe adressée au roi de Prusse; elle sera remise par M. La forest. Vous enverrez également les passe-ports. Vous répondrez au ministre, en lui envoyant ma lettre, que je vous ai donné l'ordre exprès d'expédier les passe-ports qu'il demande, et que je vous ai chargé d'assurer que mes dispositions pour la paix et le repos du monde sont constantes toutes les fois que l'on n'exige rien d'incompatible avec l'honneur de ma couronne et le bonheur de mes peuples.


Milan, 10 mai 1805

A M. Cretet, directeur général des ponts et chaussées

Monsieur Cretet, je reçois votre lettre du 6, par laquelle vous me rendez  compte de ce que rendent les bassins de la Loire, de la Charente, de la Seine et du Rhône.

Il est essentiel d'organiser promptement les bassins de la Garonne, du Rhin, de l'Escaut, de la Vilaine, de la Somme, de la Saône, du Pô.

Vous me dites que le produit des octrois de ces quatre bassins peut être évalué, pour l'an XIII, à 1,600, 000 francs; ce qui peut faire supposer que le produit total des bassins des rivières de France est de plus du double. Une ressource aussi considérable est tout à fait due au zèle et à la suite que vous avez portés dans cette partie de l'administration. Je désirerais également que l'emploi de ces fonds fût arrêté par un budget, ce qui n'empêchera pas de suivre la loi pour les autres bassins; soumettez-moi donc le budget de l'an XIII pour que je l'approuve.

Faites-moi connaître qui perçoit les droits : sont-ce les droits réunis, ou des agents que vous nommez directement ? Les fonds sont- ils versés au trésor public ?

J'ai lu avec intérêt l'article de la navigation de la Seine. Je désire que vous donniez plus de développement à vos observations. D'abord quelles sont les objections qu'il y a contre les écluses de vingt-quatre pieds ? J'ai en vain provoqué l'ingénieur de Troyes de me les faire connaître.

L'économie d'eau, qui me paraît devoir être l'objection la plus forte, n'en est pas une dans un fleuve. Quant à la construction en bois, j'approuve que les constructions, depuis Méry jusqu'à Marcilly, soient faites en pierre, et mon projet est bien de convertir en pierre les écluses en bois qui iront jusqu'à Troyes, progressivement et à mesure qu'elles se détérioreront. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous fassiez construire une écluse à Bar-sur-Seine. Je n'ai pu voir qu'avec grand intérêt les améliorations que vous projetez pour l'Yonne, la Marne, l'Oise et l'Eure. Le temps va arriver où je pourrai dépenser douze à quinze millions l'an , indépendamment de l'octroi, pour améliorer cette partie de l'administration , qui excite toute ma sollicitude. Ce n'est point de palais ni de bâtiments que l'empire à besoin, mais bien de canaux et de rivières navigables.

La navigation du Pô est tout à fait négligée. Je n'ai point trouvé assez d'ingénieurs; je désirerais qu'il y eût un ingénieur divisionnaire chargé des six départements de la 27e division militaire, indépendamment de celui du mont Cenis et du mont Genèvre. Nos ingénieurs là ne savent rien; il y en a qui y sont depuis trois ou quatre ans et qui ne savent pas combien il y a de moulins sur une rivière.

Vous me manquez ici; cependant je ne veux point que vous pressiez votre voyage; je vous engage, au contraire, à ne vous mettre en route que lorsque vous serez en état de supporter la fatigue. Un homme malade qui veut agir comme s'il se portait bien prolonge sa maladie et se paralyse pendant un plus long temps.


Milan, 10 mai 1805

A M. Gaudin

Ne croyez point que la régie des poudres soit aussi faiblement organisée; elle devrait figurer au moins pour un million au budget de l'État, puisqu'elle figurait pour 800,000 francs autrefois, que la poudre est renchérie, et que la consommation augmente d'un cinquième. Présentez-moi un projet pour les compensations que vous prescrirez, afin de porter cette comptabilité à jour. Présentez-moi un projet pour augmenter la poudre de chasse; ce n'est pas qu'il n'y ait déjà une espèce de poudre que la régie vend très-cher. Portez donc une attention particulière à cette régie; assurez-vous que sa comptabilité est en règle, faites en sorte qu'elle figure, cette année, dans vos comptes pour un million de recettes.

J'éprouverai un grand plaisir de voir l'affaire de la succession de Bouillon terminée et une barrière aux dilapidations. Je désirerais que la terre de Navarre fût mise en vente, si elle appartient au domaine. Vous me deviez sur cet objet un rapport, que vous ne m'avez jamais fait.


Milan, 10 mai 1805

A M. Barbé-Marbois

J'ai reçu la lettre par laquelle vous me faîtes part des nouvelles venues d'Angleterre. Vous pouvez compter sur la rentrée des trois millions portés au budget, dus par le royaume d'Italie. Les finances de mon royaume d'Italie sont dans une situation prospère, et, avec les changements et le coup d'œil que je vais y donner, je me trouverai dans une situation tout à fait satisfaisante.


Milan, 10 mai 1805

A M. Fouché

J'ai lu votre article Toulon dans votre bulletin du 13 floréal. Toulon est une ville tellement précieuse qu'il ne doit y avoir aucun parti. Faîtes demander la liste des dix principaux chefs des deux partis; assurez-vous qu'elle est exacte, et prescrivez leur domicile au delà la Durance. Toulon et Brest sont des villes où l'on ne doit jamais souffrir aucune espèce de nuages. Je vous prie de me présenter un projet de décret par lequel aucun étranger ne pourra non-seulement séjourner, mais même passer ni s'approcher de Toulon ni de Brest de cinq lieues, sans une permission de l'Empereur. Ne sont pas compris les matelots étrangers venus sur un bâtiment de leur nation.

Les nommés Dubuc et Rossolin doivent être fusillés. Vous devez me soumettre un rapport propre à être imprimé, sur lequel je mettrai le renvoi à une commission militaire. Cet ordre est absolument nécessaire dans la situation des choses.

Écrivez à mon ministre à Hambourg pour qu'il fasse connaître que la maison Power est celle qui est le canal des complots que trament les Anglais; que, si, elle ne change pas de conduite, je la ferai arrêter au milieu de Hambourg même. Rien ne doit être écrit. Mon ministre doit parler fortement et dire bien haut que j'ai le bras assez long pour les saisir au milieu de leur comptoir et les ruiner à plat s'ils continuent leur commerce.

Faites arrêter M. la Sauvagère et saisir ses papiers; point de doute qu'il ne soit de ce complot. Sachez quelles sont les correspondance de Toulon avec le nommé Rossolin.


Mitan, 10 mai 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, vous donnerez l'ordre à un général d'artillerie de se rendre à l'île d'Aix, et de visiter l'artillerie des îles d'Aix, de Ré et d'Oléron. Vous lui donnerez l'autorisation nécessaire pour que les batteries de ces îles soient armées et approvisionnées parfaitement et les grils à boulets rouges en état. Cet officier général restera l'été dans ces îles, fera faire constamment l'exercice aux troupes, demandera au général Chabran les hommes qu'il jugerait nécessaire Il prendra des mesures pour que ces îles soient dans le meilleur état de défense, et spécialement la batterie des Saumonards, et à l'abri de l'attaque d'une division ennemie.


Milan, 10 mai 1805

Au général Lacuée, président de la section de la guerre au Conseil d'État

Je vous envoie plusieurs pièces relatives à l'organisation de mon armée italienne. Je désire que vous voyiez le ministre Pino, et que vous prépariez un rapport général qui fasse connaître l'organisation de cette armée, de son administration et de sa conscription. Quand vous aurez ces renseignements, vous me présenterez une organisation générale sur toutes les branches du service, une bonne organisation pour la conscription, une bonne comptabilité pour l'artillerie et le génie, une bonne organisation générale pour la comptabilité des corps. Je désire que vous passiez en revue ma garde italienne et que vous vérifiiez sa comptabilité. Je désire aussi que vous passiez en revue le 4e régiment, qui est à Milan, et que vous vérifiiez également sa comptabilité.


Milan, 10 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, nos nouvelles de Londres portent que, le 25 avril, c'est-à-dire le 5 floréal, on ne savait rien du départ de la flotte de Toulon, je ne dis pas de son arrivée à Cadix, mais de son départ de Toulon. Il y avait un mois qu'elle était partie de nos ports et quinze jours qu'elle était passée à Cadix, et ces Anglais si vantés, qui prétendent être instruits de tout, qui ont des agents partout, des courriers bottés partout, ne savaient rien. Cela nous fait grand bien, car l'expédition secrète est partie. Si elle est destinée pour le cap de Bonne-Espérance, comme je l'imagine, la crainte de voir cette expédition interceptée par l'escadre française va leur donner un nouveau stimulant, et ils s'empresseront de faire partir de nouveaux vaisseaux pour les Indes. Il paraît que, le 14 floréal, il y avait 27 vaisseaux devant Brest; aucune nouvelle ne pouvait m'être plus agréable; cela suppose que, le 14, on savait à Londres le passage de la flotte devant Cadix, et qu'on la croyait encore destinée pour Brest. Ainsi l'amiral Villeneuve, le 14 floréal, était arrivé, et les Anglais l'attendaient encore à Brest.

L'amiral anglais qui est à la poursuite de Missiessy, selon les indices que j'ai, aura été au cap de Bonne-Espérance. Il paraît que la Ville-de-Milan a été prise, mais non la Cléopâtre, qui s'est sauvée. Les renseignements que j'ai me donnent lieu de croire que la Cléopâtre était très-loin dela Ville-de-Milan, et n'a pu prendre part au léger combat qui a eu lieu contre le Léandre; que le commandant de la Ville-de-Milan, voyant que l'état de délabrement où elle était la compromettrait, lui fit le signal de s'éloigner, et que, lorsqu'il la vit hors de danger, il amena son pavillon ; c'est dans ce sens que vous devez en parler dans les journaux.

Je recevrai probablement demain les nouvelles de Bordeaux qu'a apportéesle Dauphin. Il a fait ici, cette nuit, un ouragan épouvantable; s'il a régné à Brest, rien n'aura pu s'opposer au départ Ganteaume.


Milan, 10 mai 1805

S'il ne faut pas réunir des vivres à Cherbourg, il en faut beaucoup réunir au Havre et à Honfleur. Il est nécessaire qu'on en fasse faire à Cherbourg pour le Havre.

Je n'ai rien à répondre à votre lettre du 15; vous verrez, par ma dernière, que j'ai prévu qu'il faut, au ler prairial, que la Topaze et autres de Lorient partent, si vous le jugez nécessaire.

Je vais prévoir une autre circonstance, celle de l'arrivée Missiessy à Lorient ou à Rochefort. Dans ce cas, mon intention est qu'il prenne ses vivres et parte sur-le-champ pour joindre l'amiral Villeneuve. Je suppose qu'il fût arrivé et pût partie au . . . . . . prairial : il n'y a pas pour lui les mêmes conséquences que pour Ganteaume de rester en arrière. Il est donc nécessaire que envoyiez des dépêches cachetées à Rochefort et à Lorient, et qu'on soit prévenu de lui remettre ses dépêches et ses vivres en quarante-huit heures. Vous y ajouterez l'instruction que, si un vaisseau était hors d'état de suivre, il resterait, et le reste continuerait sa route.

Vous donnerez à l'amiral des ordres cachetés, dans lesquels vous lui direz que si, à son arrivée à la Martinique, l'amiral Villeneuve était parti, et qu'il puisse espérer de le rattraper, il ait à se diriger sur le lieu où va l'amiral Villeneuve. Et enfin, si Magon arrive le 5 prairial, mon intention est qu'avant qu'il soit bloqué il se rende à Cadix, et, dans ce dernier cas, six jours de retard n'étant pas une affaire, j'aurai le temps de donner des ordres sans éprouver de retard. Je regarde sa station à Rochefort ou à Lorient comme mauvaise, et contraire à mes projets, parce qu'elle réunit un trop grand nombre de vaisseaux anglais dans les mêmes parages.

Envoyez un courrier à Cadix, avec l'ordre de vous rapport sur-le-champ la situation des croisières ennemies dans ces parages. Vous sentez bien qu'ayant ce projet, c'est que je n'ose pas espérer de pouvoir faire parvenir au Ferrol; et puis on peut peut-être mettre en discussion si cela serait avantageux.


Milan, 10 mai 1805

A M. Prina, ministre des finances du royaume d'Italie

Je donne ordre à M. Collin, directeur général des douanes de France, de prendre connaissance de la législation et du tarif des douanes en Italie, afin d'acquérir des lumières sur ce qui se pratique ici, et, par contre-coup, les réunir aux vôtres pour dresser un plan d'amélioration de cette partie de l'administration.


Milan, 10 mai 1805

DÉCISION

Le ministre de la marine propose à l'Empereur d'employer des troupes aux travaux du fort Boyard, attendu qu'on ne peut se procurer les ouvriers nécessaires.

Le ministre donnera ordre au commandant de la 12e division militaire de fournir tous les hommes nécessaires pour les travaux du fort Boyard. Il peut en faire fournir aussi à l'île d'Yeu, qui, dans la situation des choses, n'est point menacée.

(Picard)


Milan, 10 mai 1805

A M. Perregaux, sénateur.

Monsieur Peregaux, j'ai reçu votre lettre du 10 floréal. L'affaire du nommé Dubuc m'avait déjà été mise sous les yeux. Elle n'a donné lieu a aucune espèce de plainte contre votre masion. Je connais déjà et ne mets en aucun doute votre attachement à ma personne.

(Brotonne)


Milan, 11 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

J'ai appris le départ de la Didon. Assurez le vice-amira1 Théveliard que je récompenserai ses services à la première occasion; puis, qu'il est encore utile à Lorient. Fixez toute son attention surle Régulus.

J'ai vu avec peine que, par la Didon, vous n'ayez pas envoyé copie de ma dépêche que porte Magon, à Villeneuve. S'il arrivait malheur à Magon, et que la Didon arrivât heureusement, Villeneuve ne saurait que faire; je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous expédiiez le Néarque.Nous voilà au 21 floréal; lorsque vous recevrez cette lettre, nous serons au 26; ainsi, nous serons donc au ler prairial. Je pense que la frégate de Nantes, le Néarque et la Cybèle peuvent partir tous trois. Le Néarque ou la Cybèle et le Président pourraient marcher ensemble jusqu'à une certaine latitude; et, comme l'un et l'autre auraient la copie des ordres qu'ils doivent porter à l'amiral Villeneuve, s'il arrivait que la Cybèle fit la rencontre d'une frégate ou un vaisseau, le brick filerait; c'est dans ce sens que je désire que vous joigniez à l'expédition de Nantes un brick; une goélette même serait suffisante. Une frégate seule court risque d'être prise par une frégate ou un vaisseau; si elle avait avec elle une goélette ou un brick, elle leur donne la facilité de filer. Un brick ou goélette marchant sous la protection d'une frégate ne court pas risque d'être pris. En résumé, il est bon que la Cybèle ou Le Président, le Néarque et même une goélette partent ensemble; que, passé les eaux de France, la frégate ne retarde pas d'une heure pour attendre les autres bâtiments, et qu'à la première voile suspecte les bâtiments naviguent pour s'éloigner les uns des autres.

Faites partir de Nantes, avec la Terpsychore, un brick ou au moins une goélette. Je crois que ces goélettes n'exigent qu'une vingtaine d'hommes d'équipage; elles peuvent rendre un service immense pour porter les dépêches, en cas d'événement arrivé à la frégate; et, dans tous les cas, ces petits bâtiments seront utiles aux colonies. L'art de la guerre n'est que l'art d'augmenter les chances pour soi. Or, je les augmente d'une manière évidente.

Écrivez à l'amiral Martin que j'ai besoin de la Thétis pour le 15 prairial. Votre commissaire à Nantes ne vaut rien; changez le. Faites-moi connaître si la Malicieuse est partie avec l'amiral Magon; si la corvette le Département-des-Landes, qui est à Bayonne, est marcheuse, expédiez-la aussi; de sorte que, pour prévenir Villeneuve des mouvements de Ganteaume, vous auriez trois divisions parties de trois points différents, du Nord, de Lorient et des Landes, et chacune composée de trois bâtiments, un gros et deux petits.

La frégate la Topaze, qui est à Nantes, prendra le nom de l'Italienne. Vous pourrez faire partir de Lorient, avec le Néarque et une frégate, soit le Lodi, soit le lougre le Bellilois; et de Nantes, avec la frégate, soit le Pont-d'Arcole. Faites donc, à Nantes, armer le Surveillant. Il y a des matelots à Nantes, soyez-en certain. Appelez l'Amphitrite, qui est à Dunkerque, la Milanaise. Ordonnez que cette frégate soit sur-le-champ mise à l'eau et armée. Outre que l'objection des matelots u'est pas bien sérieuse et qu'on en trouvera à Dunkerque, il sera possible qu'on lui donne un supplément de la flottille, si les circonstances l'exigeaient. Je suis étonné que le Borée, à Toulon soit encore qu'aux douze vingt-quatrièmes. Faites mettre à l'eau ce vaisseau dans le courant de l'été. Écrivez aussi à Toulon et à Gênes, qu'il faut que deux frégates et deux bricks tiennent la mer pour la protection de notre commerce et l'exercice de la navigation. Il n'y a aucun vaisseau anglais devant Toulon ni devant Gênes, et le commerce est inquiété par de misérables corsaires. L'Endymion, la Muiron,  l'Incorruptible, la Thémis, l'Uranie, la Fauvette, la Tactique, etc., doivent croiser sur nos côtes et protéger notre commerce.

Faites-moi connaître si la corvette la Tapageuse est bonne marcheuse.

A mesure que nous portons la guerre plus loin, les bâtiments qui protègent la côte deviennent moins nécessaires; d'ailleurs, il se trouve assez de vieux matelots pour armer ces bâtiments, qui vont côte à côte. C'est ainsi qu'on peut armer rapidement la Thétis, le brick le Surveillant et le Régulus. Il faut que le Régulus ne me retarde pas et puisse se joindre à l'escadre de l'amiral Missiessy.

Faites terminer le brick l'Euryale, à Granville; vous pouvez être certain qu'il y a beaucoup de matelots dans cet arrondissement.

Mon dernier état de situation de la marine est du 5 germinal. Vous ne m'avez pas envoyé celui du ler floréal; envoyez-m'en aussi un au ler prairial, mais qu'il soit fait avec soin; car, au premier coup d'œil, j'y vois plusieurs erreurs de constructions que je sais être plus avancées et qui y sont portées comme il y a quatre mois. Les bureaux ne font que copier les états précédents.


Milan, 11 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Je reçois votre lettre du 17 floréal. Il faut avoir à Verdon, à l'embouchure de la Garonne, un officier de marine intelligent qui vous enverra les rapports qui mériteraient attention, par des courriers extraordinaires. Faites la même chose à l'embouchure de la Loire et dans les ports où des bâtiments doivent arriver. Ordonnez la même chose à Cadix et de vous expédier s'il arrivait des nouvelles un peu importantes des différentes mers. La circonstance exige cette promptitude.

Je conçois très-bien que Ganteaume fait ce qu'il peut. Mais ce que je désire, c'est qu'on profite de la liberté de la Méditerranée (je suis certain que les Anglais n'y ont pas dans ce moment un seul vaisseau), 1° pour envoyer en Corse l'argent nécessaire ; 2° pour faire venir la Conception de Corse et quelques matelots; 3° pour faire une croisière avec la Muiron, l'Incorruplible et un bon brick, entre Cagliari et l'Espagne; elle interceptera les convois de Malte à Gibraltar. Ce moment nm paraît assez favorable pour les corsaires armés à Tarente. Il paraît que le 16 il y avait encore 27 vaisseaux devant Brest; cela suppose qu'à Londres on pensait que l'escadre de Toulon viendrait à Brest. Je crois vous avoir dit de faire imprimer le départ de Magon dans les journaux de Hollande, par des articles. Accidenter la carrière militaire de Magon, et dire que ce qu'il connaît spécialement ce sont les Indes orientales; le dire simplement et naturellement.


Milan, 11 mai 1805

DÉCISION

Le ministre propose d'exclure de la garde cinq vélites dont les parents ont déclaré ne pouvoir payer la pension de 200 francs, en dépit de l'engagement pris.

Renvoyés dans d'autres corps.

DÉCISION

Demande d'un cultivateur du département du Tarn tendant à être déchargé du paiement de l'amende de 1.500 francs encourue par son fils, conscrit réfractaire de l'an X.

Approuvé

DÉCISION

Le maréchal Berthier, ministre de la guerre, demande sur quels fonds seront payés les cinq bataillons de chasseurs corses qui doivent former une légion à Livourne.

Seront payés par la reine d'Étrurie, parce qu'il n'y aura pas d'autres troupes françaises en Toscane.

DÉCISION

Le maréchal Berthier, ministre de la guerre, propose à l'Empereur de renvoyer à son corps le détachement du 50e régiment de ligne dont la présence n'est plus nécessaire à Anvers depuis le départ ou le désarmement des bâteaux de la flotille batave sur lesquels il devait être embarqué. Il demande en même temps l'autorisation de faire fournir par le 3e bataillon du 108e régiment un détachement pour le service de l#arsenal et du port d'Anvers et d'envoyer dans cette ville les deux compagnies de vétérans qui sont à Gand et à Bruxelles.

Approuvé ce mouvement.

(Picard)


Milan, 12 mai 1805

A M. Fouché

Faites-moi connaître qui a donné au Journal de Paris un article de Marseille du 9 floréal, dans lequel on dit qu'il se fait beaucoup de biscuit à Toulon. Je désire beaucoup que vous enjoigniez de nouveau dans les ports de ne rien écrire sous peine d'être destitué. Écrivez aussi aux commissaires de police. Si l'on attend une escadre à Toulon, je ne vois pas pourquoi le Journal de Paris fait la grâce d'en avertir l'Europe.


Milan, 12 mai 1805

A M. Schimmelpenninck (il vient d'être nommé grand pensionnaire de Hollande)

Nous avons appris avec plaisir que le peuple batave et la constitution de votre patrie vous avaient appelé à la première magistrature. Vous ferez le bien de votre patrie en la rendant utile à l'alliance qui nous unit. Chercher des moyens de prospérité pour la Hollande autre part que dans notre amitié et notre confiance et dans le rétablissement de la paix, ce serait se faire de vaines illusions. C'est pour n'avoir point senti ces principes que les gouvernements qui vous ont précédé ont mal secondé l'alliance et ont cherché quelquefois, au moins autant qu'il était en eux, des refuges dans la protection des puissances étrangères et dans les ménagements de l'Angleterre, en favorisant indirectement son commerce et ses intérêts.

Mon très-fidèle allié le roi d'Espagne a été réveillé par l'événement de Sainte-Marie et s'est occupé sérieusement de rétablir sa marine. Plusieurs de nos escadres se sont déjà combinées. Votre République cependant, ne nous offre que 5 vaisseaux de guerre, ce qui permet à l'ennemi de ne tenir à sa croisière d'Yarmouth que 6 ou 7 vaisseaux. Toutefois, c'est de votre patriotisme éclairé et de votre bonne administration que nous attendons l'amélioration de votre marine, et nous espérons que votre escadre du Texel sera portée avant le ler thermidor à 8 vaisseaux de guerre, et avant le ler vendémiaire prochain à 11 ou 12; ce qui aurait le double résultat d'obliger l'ennemi à tenir 12 ou 15 vaisseaux devant le Texel et d'assurer des opérations qui sont déjà commencées et que nous désirons agrandir aux Grandes Indes. Un effort soutenu d'un an peut nous conduire à une paix sûre et honorable. Le convoi que vous portez à l'armée doit d'ailleurs être toujours prêt, afin de pouvoir se combiner avec les opérations de notre flottille.

Faites bien connaître au commerce de votre pays ces vérités : que l'Angleterre, après être arrivée au plus haut point de sa prospérité, est sur son déclin et ne peut plus que perdre. Par le bien que nous voulons à nos fidèles alliés les Hollandais, dans la chute que nous croyons imminente des affaires financières de l'Angleterre, notre intention est qu'ils y éprouvent le moins de pertes possible.

De toutes les entreprises que l'Angleterre peut faire, je n'en vois qu'une qui soit raisonnable, c'est la conquête du cap de Bonne-Espérance. J'ai vu vraiment avec peine que les agents qui s'y trouvent ne sont point d'accord et avaient refusé de recevoir un renfort de Français qu'y avait envoyés le capitaine général de nos possessions aux Indes. Je pense qu'il est urgent actuellement d'envoyer partout des instructions pour que nos opérations se combinent aux Indes.

Il est scandaleux que 5 vaisseaux et plusieurs frégates que vous avez aux Indes n'aient fait aucune espèce de mal aux Anglais, tandis que la croisière que nous avons dans ces mers, dont la force est moindre du tiers que la vôtre, a fait un tort notable à leur commerce.

Le gouverneur de Batavia doit être changé. N'employez point les hommes qui, sous la maison d'Orange, ont vendu des colonies. Dans toutes les époques, dans toutes les circonstances, il n'y a qu'un traître qui obéisse à un souverain au pouvoir de l'ennemi; cela s'applique moins à tout autre qu'au stathouder, qui n'a jamais été souverain.


Milan , 13 mai 1805

A M. Cambacérès

J'ai reçu vos lettres du 18 floréal. Je ne puis point être de votre opinion sur Jérôme. S'il s'était marié en France, devant des officiers de l'état civil, il faudrait un jugement pour l'annuler. Marié à l'étranger, son contrat n'étant inscrit sur aucun registre, mineur, sans aucune publication de bans, il n'y a pas plus de mariage qu'entre deux amants qui se marient dans un jardin, sur l'autel de l'amour, en face de la lune et des étoiles. Ils se disent mariés; mais, l'amour fini, ils s'aperçoivent qu'ils ne le sont pas.

Il y aurait plutôt. . - . . religieux . . . . . prêtre ; le Pape l'a cru; il est revenu de son erreur. J'ai renvoyé la demoiselle, et je suis content du jeune homme, qui a de l'esprit, qui sait qu'il a fait une sottise et veut la réparer autant qu'il dépend de lui.


Milan, 13 mai 1805

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 19 floréal. Voyez, je vous prie, Portalis pour qu'il expédie véritablement tout ce qui est relatif aux diocèses du Piémont. Instruisez-vous vous-même de ce qui pourrait rester à faire pour le clergé de ce pays. J'attache un grand intérêt à ce que, à mon retour par Alexandrie et Turin , tout soit terminé. Portalis ne finit rien et perd un temps infini, et l'organisation de diocèses dans le Piémont est de la dernière importance.


Milan, 13 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Je ne trouverai point de difficulté de vendre à une compagnie la Mandria, à deux conditions : la première, c'est qu'on me payera en argent; la seconde, qu'on me donnera un prix à peu près équivalent à sa valeur. Ce domaine ne peut pas valoir moins de 600,000 francs. En sortant ici de la règle générale, mon projet est d'affecter ces 5 ou 600,000 francs à des travaux d'utilité publique en Piémont, soit à la route d'Alexandrie à Savone, soit à la route de Casal à Alexandrie et de Casal à Turin, soit aux travaux que pourrait exiger le Tanaro, d'Alexandrie au Pô, pour ses chemins de halage et pour rendre la navigation aussi facile que possible, soit au canal de la Stura au Pô, soit à celui de la Bormida.

M. Prony, que mon intention est de retenir cinq à six mois dans ce pays, sera chargé de parcourir ces contrées. Il fera venir le nombre de subordonnés et de jeunes gens dont il aura besoin pour préparer le plan de ces travaux.

Il me semble, d'après cela, que M. Champagny doit écrire au directeur des domaines pour savoir ce que vaut ce domaine; et, quand il aura une réponse, il pourra appeler le chef de cette société et le lui vendre, si le prix se rapproche des 600,000 francs auxquels je l'évalue.

S'il y avait d'autres biens que je pusse aussi vendre, par exception je désirerais y trouver de quoi établir une auberge au pied du Saint- Bernard et au pied du col de Tende.


Milan, 13 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Il faut beaucoup s'occuper de la route de Chambéry à Lans-le-Bourg; il faut absolument que cette route soit toute en plaine, qu'elle n'offre aucun danger dans les deux ou trois montées nécessaires pour passer d'une rivière à l'autre. M. Champagny doit faire mettre 5 à 600,000 francs sur ce morceau de route, à prendre sur le fonds de 5,600,000 francs; et il n'a besoin de rien changer à sa destination, puisqu'il y a déjà un million affecté à la route de Lyon à Alexandrie. Rien n'est important comme ce morceau de route.

Il faut qu'on ne monte point en partant de Montmélian; qu'on ne monte plus après avoir passé Saint-Jean-de-Maurienne jusqu'au pied du mont Cenis. Cela est possible; il n'y a qu'à suivre les eaux. De tous les chemins ou routes, ceux qui tendent à réunir l'Italie à la France sont les plus politiques.

Le Piémont n'est considéré que comme une division par le département des ponts et chaussées : cela n'est pas convenable; le Piémont doit être considéré comme le seizième de la France. S'il y a trente-deux divisions de ponts et  chaussées en France, le Piémont doit être considéré comme deux.

L'octroi de navigation n'est pas établi sur le Pô; aussi rien n'est barbare comme l'état de cette rivière. Je l'ai naviguée depuis Valenza jusqu'à . . . . cette année, et j'y ai vu des arbres au milieu de la rivière, faisant autant d'écueils; il ne faudrait pas plus de quelques louis pour les faire disparaître; cela donne une idée d'abandon absolu.


Milan, 13 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Demander à M. Moreau de Saint-Méry une statistique du duché de Parme, avec des tableaux à l'appui, faisant connaître sa population, par divisions territoriales, le genre de ses impositions, leur produit, la situation de ses forêts et des domaines nationaux, les biens du clergé, le nombre de couvents et de moines mendiants et non mendiants, les manufactures, le commerce, et toutes les dépenses d'administration, ainsi que l'emploi de tous les fonds en 1803, 1804 et les premiers mois de 1805. Mon intention est d'y voir clair. Jusqu'à ce moment, le trésor public n'a reçu que deux millions. Le duché doit rendre davantage.

Je désire connaître aussi ses communications avec Gênes, soit comme chemins, soit comme commerce ; quelle était la dette constituée et la dette non constituée du pays, ainsi que la manière dont s'exerce la police, lorsqu'il n'y a pas de troupes françaises.

Quelle est la valeur du pays de Pontremoli, qui appartient à Ligurie ? Qu'est-ce qu'on pourrait lui donner en échange ? Discutez avec lui ce que rend l'octroi du Pô; quel est le commerce de Parme et de Plaisance sur le Pô ?

Quand tous ces renseignements me seront parvenus, mon intention est que M. Champagny se rende à Parme et à Plaisance, afin d'examiner la situation du duché, et pouvoir me faciliter, par un rapport, mon travail sur ce pays.


Milan, 13 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

M. Champagny pourra réunir MM. Collin et Moreau de Saint-Méry, prendre ici, à Milan, les instructions nécessaires, et me faire un rapport sur le Pô; me faire connaître sa situation actuelle, les péages qui existent. Mon intention serait qu'un bâtiment de Marseille remontât le Pô jusqu'à Turin, sans être assujetti à rien payer, ni au douanes italiennes ni aux douanes françaises. Cependant, comme Turin est un bureau dans d'intérieur, il faudrait établir un entrepôt à Alexandrie ou à Casal. Par ce moyen, mon but de faire rivaliser Casal avec Turin serait rempli. On prendra pour les douanes italiennes toutes les précautions que désignera M. Collin. -

Je désire également qu'un bâtiment sortant de l'entrepôt de Casal ou d'Alexandrie se rende à Marseille sans être visité et sans rien payer à qui que ce soit.

Alexandrie serait mieux pour le dépôt que Casal, à cause de son voisinage de Gènes. Je me détermine pour Alexandrie.

Je veux que les choses soient arrangées comme elles le seraient si Alexandrie était sur le bord de l'Adriatique. Les douanes de d'Italie seront maîtresses de plomber et de mettre des gardes, surtout lorsque les bâtiments porteront des marchandises prohibées.

J'offrirai en équivalent, au commerce d'Italie, l'affranchissement de tous les péages de Parme, de manière que mon premier article de décret sera : La navigation du Pô est libre.

Je ne comprends pas les petits péages que l'on déterminera par le décret pour l'octroi de navigation, et qui seront perçus au profit du royaume d'Italie et de l'Empire et destinés à l'amélioration du Pô. M. Prony sera chargé de parcourir cette rivière dans toute son étendue. Le Pô est navigable, mais il, ne l'est que le jour. La solution du problème consiste à le rendre navigable la nuit.


Milan, 13 mai 1805

A M. Collin, directeur général des douanes

Monsieur Collin, je vous prie de me faire un mémoire sur cette question : Ne pourrait-on point établir un entrepôt à Alexandrie, obliger toutes les marchandises de Gênes qui transitent à se rendre à cet entrepôt et à s'embarquer sur le Tanaro, pour, de là, se rendre par le Pô dans toute l'Italie ? Ne pourrait-on pas également accorder un entrepôt à Alexandrie pour que tous les bâtiments chargés de marchandises puissent y arriver par le Pô, sans payer aucun droit en naviguant sur le Pô, le long des États d'Italie et de Parme, et, une fois arrivés à Alexandrie, sortir du département pour se rendre soit à Gênes, soit dans le Piémont.

Pour ce grand entrepôt, Alexandrie est le point convenable, il est le plus près de Gênes; car Alexandrie, Gênes et Venise peuvent se communiquer par eau, hormis trois jours de portage. Cette matière est importante. Faites-moi un mémoire qui me fasse connaître les objections que le royaume d'Italie et la république de Gênes peuvent faire sur cet objet, et présentez-moi un projet qui organise ce grand entrepôt.


Milan, 13 mai 1805

A M. Fouché

J'ai reçu votre lettre du 18. M. Jérôme est arrivé ici; je suis satisfait de lui. Mademoiselle Paterson est retournée en Amérique. M. Jérôme sait bien qu'elle n'est point sa femme. J'avais déjà donné des ordres à Amsterdam que, si elle y arrivait, elle fût sur-le-champ renvoyée.

Donnez-moi un détail particulier sur cette maison Power. Surveillez le nommé Thornton et faites-le arrêter à son retour d'Angleterre.


Milan, 13 mai 1805

A M. Fouché

Le rapport du commissaire de police de Turin sur . . est tout à fait faux, et ce système de calomnier 1'esprit public des villes est bien funeste. J'ai été content des dispositions et acclamations réelles et apparentes de la ville de Turin.


Milan, 13 mai 1805

Au général Chabran

Monsieur le général Chabran, commandant la 12e division militaire, vous tiendrez à la disposition du ministre de la marine un détachement de 600 hommes. Vous en prendrez 480 dans le 93e et 120 dans le bataillon suisse. Le 93e fournira quatre compagnies de 120 hommes chacune, et le bataillon une compagnie de 120 hommes également. Je vous écris cette lettre directement pour que l'exécution de cet ordre ne souffre point de retard. Ces troupes seront prises à l'île de Ré et à Rochefort, de manière que leur embarquement ne souffre pas une heure de retard.


Milan, 13 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, je reçois vos lettres des 17 et 18 floréal. Il paraît que l'escadre de l'amiral Missiessy est partie le 25 ou 26 ventôse; elle est restée à la Martinique moins d'un mois. Elle a dû partir de Santo-Domingo avant le ler avril; elle ne doit pas mettre plus de quarante jours pour revenir de Santo-Domingo en France. Elle devrait donc être rentrée au 10 mai; nous sommes au 12. Si elle est arrivée, hâtez-vous de m'informer en détail des affaires.

Vous aurez reçu la lettre que je vous ai écrite il y a deux jours. Faites que l'escadre ne communique point avec la terre; faites-y mettre des vivres, et envoyez-la sans délai à la Martinique; ne partirait-elle que le 5 prairial, elle arriverait à temps. Je pense qu'il est probable qu'elle arrivera avant le 10 messidor. Vous pouvez faire embarquer sur chaque vaisseau 100 hommes de supplément d'équipage, qui peuvent être fournis par les canonniers de Rochefort. Au pis aller, voici un ordre que je vous envoie pour que 600 hommes soient mis à votre disposition. Quand vous recevrez cette lettre, vous aurez reçu l'ordre de faire approvisionner sur-le-champ l'escadre du Ferrol.

Si l'escadre de l'amiral Missiessy est arrivée le 14 ou le 15, comme le fait croire la lettre du commissaire de la Rochelle, elle peut partir avant le 5 prairial. Cependant, si le cas arrivait qu'arrivée à la Martinique elle trouvât que l'amiral Villeneuve en est parti, et qu'elle n'eût plus aucun espoir de le joindre au Ferrol, vous laisseriez manœuvre indépendante à l'amiral Missiessy; il ravagera le commerce ennemi partout où il se trouvera; et surtout, si le général Lauriston n'a pas pris la Dominique et Sainte-Lucie, il favorisera l'expédition de la Dominique, qui sera faite par le général Ernouf; l'attaque en sera faite sur les deux points de l'île; il y sera employé 2,000 hommes de la Guadeloupe, et 2,000 hommes de la Martinique; ceux de la Martinique seront commandés par un général de brigade, et ceux de. la Guadeloupe par le capitaine général Ernouf en personne, qui aura le commandement général de l'expédition. Il faudra donc qu'à tout hasard l'amiral soit porteur d'une dépêche dont l'objet sera que, si le général Ernouf juge l'expédition de la Dominique possible, il l'attaque avec ses forces, et que le capitaine général Villaret expédie le plus tôt possible 2,000 hommes de la garnison de la Martinique pour attaquer l'île par le Roseau. Une fois conquise, l'île serait sous les ordres du capitaine général Ernouf, qui la ferait commander par un général de brigade ou de division.

Dans tous les cas, approvisionnez l'escadre de tout ce dont elle a besoin, et faites-la partir. Je ne pense pas qu'elle soit bloquée à Rochefort avant le 10 prairial. Si la Martinique, la Guadeloupe et la Dominique étaient en bon état, et que Villeneuve fût parti, Missiessy attaquera Sainte-Lucie, et, si cette île était en notre pouvoir, il porterait à Santo-Domingo les 600 hommes qu'il a. Il y débarquera aussi de la poudre.

Je vous renvoie vos dépêches. Je fais mettre dansle Moniteur l'historique des opérations aux îles du Vent.


Milan, 13 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Je reçois votre lettre du 19 floréal. Je suis étonné que l'escadre de Rochefort ne soit pas arrivée; il y a près de cinquante jours qu'elle est partie de la Martinique. Je suis porté à croire qu'elle y est restée plus de temps, et que, lorsque l'aviso est parti de la Guadeloupe le 27 germinal, l'escadre n'en était pas encore partie. Toutefois, prenez toutes vos précautions pour pouvoir l'approvisionner promptement et la remettre sur-le-champ en activité.


Milan, 13 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, M. Jérôme est arrivé. Mademoiselle Paterson est retournée en Amérique. Il a reconnu son erreur et désavoue cette personne pour sa femme. Il promet de faire des miracles. En attendant, je l'ai envoyé à Gênes pour quelque temps.


Milan, 13 mai 1805

A Jérôme Napoléon

Mon Frère, j'ai reçu votre lettre. Vous neme parlez pas de frégate la Pomone, ni des deux bicks que j'ai à Gênes. Visitez-les en détail et assurez-vous qu'ils sont armés et en état de faire une sortie. Faîtes-moi connaître si vous vous sentez capable de prendre le commandement de la Pomone. Ne feriez-vous qu'une course en Corse, et la mener à Toulon, ce sera toujours une continuation de votre m´tier, et je désire que vous vous y remettiez entièrement. Je me rendrai bientôt sur la côte et je vous emmenerai avec moi.

(du Casse)


Milan, 14 mai 1805

A M. Lebrun

Mon Cousin, j'ai eu et j'ai toujours des nuages sur la conduite du préfet d'Anvers. La contrebande se fait ouvertement dans son département. Ses bureaux sont mal composés et pleins de corruption. Le préfet n'a point d'énergie et est absent depuis longtemps de son département. On dit qu'il désire quitter le service; je le verrai s'en aller sans peine. Il paraît que toutes ses actions ont pour but de faire sa cour à la ville d'Anvers, et non de l'administrer avec la fermeté et les moyens convenables.


Milan, 14 mai 1805

A M. Régnier

L'ordre civil ne se maintient que par l'exécution des lois. La contrebande est un acte déshonorant, non « malheureux» Je me refuse à penser qu'un officier supérieur de mon armée ait fait une action si honteuse. Ordonnez à mon procureur général d'informer et de frapper n'importe sur qui. Sous mon règne les lois ne seront jamais accessibles à l'impunité. Je vous avais ordonné de faire mettre dans le Moniteur la sentence correctionnelle rendue contre Flachat; je ne puis que vous témoigner mon mécontentement de laisser ainsi errer l'opinion. Faites insérer sur-le-champ cette sentence au Moniteur,quelque individu que cette affaire puisse atteindre.


Milan, 14 mai 1805

DÉCISION

Le ministre de l'intérieur présente un projet de décret pour la concession d'un bâtiment destiné à l'établissement d'un dépôt de mendicité à Chambéry.

Je désire accorder une autre maison, dans le département du Mont-Blanc, pour cet objet; les maisons, à Chambéry, sont trop précieuses; il ne manque point dans le département d'anciens couvents dont on ne sait que faire.


Milan, 14 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Le ministre de l'intérieur écrira au préfet du département de la Sesia, pour qu'il ait à lui envoyer la composition de l'arrondissement de la sous-préfecture de Masserano; un sous-préfet est nécessaire à ces montagnes. Il écrira également au préfet de la Stura, pour la formation de l'arrondissement de Ceva, et à celui du Pô, pour l'arrondissement de Lanzo.

Le préfet de la Stura diminuera les arrondissements de Coni et de Mondovi, de manière que ces deux arrondissements soient à peu près égaux entre eux en population , et avec celui de Ceva.


Milan, 14 mai 1805

A M. Champagny

Monsieur Champagny, je lis dans un de vos rapports que l'arrondissement de Biella a perdu une manufacture qu'il avait. Ce fait excite toute ma sollicitude. Ce canton s'est toujours distingué par son bon esprit. Mon intention est de faire quelque chose pour rétablir cette manufacture.

Je ne vois pas d'inconvénient à établir un tribunal à Biella.

Voyez M. Collin, et proposez-moi un projet de décret pour la mine d'Alagna.

Donnez ordre au général Menou de renvoyer l'évêque de Verceil dans son diocèse.


Milan, 14 mai 1805

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Chercher, à portée de Casal, une campagne d'un particulier ayant 100,000 livres de rente, telle que je puisse racheter pour en faire présent au prince Louis, en lui adjoignant des fonds pour lui composer ses revenus.


Milan, 14 mai 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, l'aide de camp Faujas va et revient très-souvent de la Guadeloupe en France. Je suis surpris que, lorsque vous lui avez demandé s'il avait des dépêches pour moi, il ne vous les ait pas remises. Il m'en fait parvenir deux par des voies particulières. Je pense qu'il serait assez convenable de le mettre aux arrêts pendant quarante-huit heures, et cela de votre propre mouvement, pour ne vous les avoir pas remises, car c'est manquer à un ministre que de se conduire ainsi. Il avait aussi d'autres lettres qu'il a répandues dans Paris. Après l'avoir tenu quarante-huit heures aux arrêts, et lui avoir témoigné mon mécontentement, vous le ferez partir. Vous écrirez au capitaine général Ernouf que je ne suis point satisfait de la conduite de son aide de camp; que les comptes que me rendent les capitaines généraux ne doivent pas être rendus à des particuliers, quel que soit leur rang dans l'État et la confiance dont je les honore; qu'il n'envoie plus l'aide de camp Faujas, mais un aide de camp d'un grade plus simple. Vous devez ordonner que toutes les lettres quelconques adressées à des particuliers, venant des colonies, vous soient remises dans une valise. Cela n'empêche pas qu'un capitaine général ne charge un officier de remettre une lettre à l'Empereur; mais cet officier doit en prévenir le ministre et se rendre sur-le-champ auprès de l'Empereur. L'aide de camp Faujas s'est en cela fort mal comporté; il devait à l'heure même se rendre auprès de moi, pour me remettre la lettre de son capitaine général.

Ce n'est point suffisant de faire surveiller la famille du pilote Jean Derrimer, d'Ostende; il faut la tenir en prison tant que cet individu restera à bord du bâtiment anglais; écrivez-en au ministre de la police.

Je vous ai fait connaître que mon intention était que l'amiral Ganteaume essayât de sortir jusqu'au ler prairial.


Milan, 15 mai 1805

A M. Prima, ministre des finances du royaume d'Italie

Je vous prie de vous concerter, si cela est nécessaire, avec le ministre de l'intérieur pour dresser et me remettre l'état des revenus et des dépenses de chaque département. D'un des tableaux que vous m'avez présentés, il résulte que l'impôt foncier de 1805 comprend une somme de 9,920,000 francs au profit des départements. Je ne sais pas s'ils ont d'autres ressources que celles-là. S'ils n'en ont pas d'autres, l'objet de ma demande se borne à avoir l'état des dépenses de 1804, ou l'état de celles présumées de 1805, pour chaque nature de service. Après cet état, vous me donnerez celui des communes, qui se compose de plusieurs espèces de revenus. Ies deniers additionnels aux contributions, les revenus fonciers, les deniers additionnels aux octrois. Le seul article des deniers additionnels à l'imposition prediale monte à 5,490,000 francs pour 1805; ce qui fait, entre le communal et le départemental, une dépense de 14,700,000 francs, c'est-à-dire un peu moins de la moitié du principal de l'imposition qui entre dans le trésor. Cette dépense me paraît énorme. Ce n'est que lorsque ces deux tableaux m'auront été fournis que je pourrai me faire une idée précise des affaires de mon royaume d'Italie, et établir mes principes sur la division des revenus et sur la formation d'un véritable budget. Si l'on n'a pas des renseignements très-exacts pour former ces états, il faut les faire par approximation.

Je désirerais connaître s'il existe, au profit du trésor public, un droit d'ancrage et de tonnage dans les ports italiens de l'Adriatique, et un octroi de navigation sur les canaux et les rivières navigables du royaume. Si ces droits ne sont point établis, prenez connaissance des lois et des règlements qui les ont organisés en France, et proposez-moi un projet analogue qui soit adapté à l'Italie. Cela peut être pour le pays un objet de 7 à 800,000 francs.

Je vous ai envoyé hier une note sur les postes, qui me paraissent mal organisées, et qui pourraient l'être de manière à rendre 500,000 francs. La loterie devrait aussi produire un million.

J'attendrai, pour les douanes, le travail que vous me présenterez après vous être concerté avec M. Collin, qui dirige cette partie du revenu public en France, et qui est un homme très-versé dans cette matière.

Il faut organiser autrement le timbre et les droits de greffe; cette partie devrait rendre beaucoup plus. Nous avons en France des droits d'enregistrement et de timbre qui produisent deux cents millions. Le timbre figure pour une somme considérable dans ce produit. Il y a ici un inspecteur général de l'enregistrement, M. Hourier, qui connaît très-bien cette partie; il vous donnera tous les renseignements qui pourront vous être utiles. Je désire connaître les autres améliorations qu'il est possible d'introduire dans les autres impositions sans aggraver les charges du peuple.


16 - 31 Mai 1805