21- 25 Septembre - 1805


Saint-Cloud, 21 septembre 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin l'armée hollandaise n'ayant fourni que 800 hommes de cavalerie à l'armée du généra1 Marmont, cela n'est pas suffisant. Mon intention est, en conséquence, qu'elle en fournisse encore 800, et vous donnerez les ordres nécessaires à cet effet, en enjoignant que ces 800 hommes se rendent à Mayence. La Hollande n'a rien à craindre dans les circonstances actuelles. J'ai 30,000 hommes à Boulogne, et j'en garderai toujours bien une quinzaine de mille à Mayence, prêts à se porter rapidement au secours de la Hollande, si elle était attaquée. Vous recommanderez au général Michaud d'avoir toujours une réserve de 1,500 à 1,800 hommes, Français et Hollandais, avec des pièces d'artillerie, et prête à être envoyée rapidement sur Anvers et sur Boulogne, si l'ennemi fait quelque tentative de ce côté. Vous direz au général Michaud qu'il ne faut pas qu'il considère ce secours comme insuffisant, parce que plusieurs secours de cette espèce, et plus ou moins nombreux, se réuniraient en même sur des points indiqués. Vous recommanderez, au général Michaud d'envoyer au maréchal Brune un tableau détaillé de cette réserve, dès que les troupes qui la composeront auront été désignée, à l'instant que j'aurai pris un parti définitif sur le Hanovre, tous dépôts qui s'y trouveront devront se rendre dans la 26e division militaire. Faites connaître enfin au général Michaud que mon intention est qu'il fasse partir de chacun des dépôts qui sont en Hollande 100 hommes pour renforcer les régiments qui sont au corps d'armée du général Marmont. Cette mesure procurera environ 600 hommes qui, réunis sous le commandement d'un chef de bataillon, devront être rendus, bien armés et bien équipés, à Mayence, le ler brumaire prochain. 400 hommes des dépôts bataves devront parti également, pour renforcer les corps auxquels ils appartiennent. Ainsi le général Marmont recevra au ler brumaire un secours de 1,000 hommes.

Il est nécessaire que tous les 3e bataillons du corps d'armée du maréchal Davout soient dirigés sur Mayence et Juliers, et sur d'autres places des 25e et 26e divisions militaires. Vous les ferez réunir par divisions, de telle sorte que tous les 3e bataillons dont les régiments, à l'armée active, composent ensemble un corps d'armée, soient dans la même division de la réserve. Vous en excepterez toutefois les 3e bataillons qui sont eux-mêmes à la réserve de Boulogne, tels celui du 13e d'infanterie légère, celui du 17e de ligne, ceux de des 48e et 108e qui sont nécessaires à Anvers, et celui du 25e de ligne qui est au camp des côtes. Ainsi, sur quatorze régiments dont se compose le corps d'armée du maréchal Davout, neuf 3e bataillons feront partie de la réserve de Mayence. Il est également nécessaire de donner l'ordre aux 3e bataillons du corps d'armée du maréchal Soult de se rendre sur le Rhin pour faire partie de la réserve de Strasbourg. Vous en excepterez ceux qui sont destinés à rester à la réserve des côtes. Le 64e restera à Besançon; mais il enverra régulièrement l'état de sa situation au maréchal commandant la réserve de Strasbourg, et il sera censé en faire partie. Il y a dix-neuf régiments à ce corps d'armée; six font partie de la réserve des côtes; il en reste donc treize qui doivent faire partie de celle de Strasbourg. Vous donnerez pareillement l'ordre aux dépôts des régiments du corps d'armé maréchal Lannes de se rendre à Strasbourg, pour y faire partie réserve commandée par le maréchal Kellermann. Quant aux 3e bataillons des régiments qui composent le corps d'armée du maréchal Ney, vous leur enjoindrez de se rendre à Mayence pour y faire partie de la réserve; cependant vous n'y comprendrez pas le 3e bataillon du 50e, qui fait partie de la réserve de Boulogne. Ainsi le corps d'armée du maréchal Ney fournira dix bataillons à la réserve de Mayence. Enfin vous donnerez le même ordre aux 3e bataillons du 7e corps d'armée, commandé par le maréchal Augereau, de sorte qu'il fournira six bataillons à la réserve de Strasbourg. Moyennant ces ordres, la réserve de Strasbourg aura dix-neuf bataillons, sans parler des dépôts du corps d'armée du maréchal Lannes, et la réserve de Mayence aura également dix-neuf bataillons. Il y aura autant de généraux de brigade, pour commander ces 3e bataillons et veiller à leur instruction, qu'il y a de corps d'armée. Ainsi les neuf 3e bataillons du corps d'armée du maréchal Davout formeront la 1e division de la réserve de Mayence, et les dix 3e bataillons du corps d'armée du maréchal Ney formeront la 2e division. Les treize 3e bataillons de la réserve du maréchal Soult formeront la 1e division de la réserve de Strasbourg, et les six 3e bataillons du corps d'armée du maréchal Augereau formeront la 2e division de la réserve de Strasbourg.

Vous me remettrez, lundi, un état de l'organisation des deux réserves, avec le détail de l'emplacement de chacune des divisions de la réserve, et le nom des bataillons qui les composent, celui des généraux qui les commandent, et la force approximative de ces 3e bataillons. Vous aurez soin de spécifier si vous y comprenez ou non les 100 hommes que j'ai ordonné, dans le courant de fructidor, que ces corps fournissent aux bataillons de guerre. J'ai eu pour but, en donnant cet ordre, de maintenir les bataillons de guerre à la même force qu'au moment de leur départ pour Boulogne. Les conscrits de la réserve, soit des années X, XI, XII et XIII, que je viens d'appeler, soit ceux de l'an XIV et ceux de l'an XV, qui vont être appelés dans le courant de nivôse, rejoindront ces 3e bataillons.

Je vous ai fait connaître les trois bataillons de grenadiers qui feront partie du camp volant qui doit se réunir à Rennes sous les ordres du général de brigade Boyer. Indépendamment de toute autre destination, cette réserve aurait pour destination spéciale de se rendre à marches forcées du côté de Boulogne , en cas que le maréchal Brune y fût attaqué sérieusement par les Anglais.

Le deuxième camp votant qui doit se réunir à Napoléon s'assemblera à Poitiers. Le général sénateur Gouvion le commandera. Les départements de la Vendée, de la Loire-Infèrieure, des Deux-Sèvres, de la Charente, et les côtes depuis la Gironde jusqu'à la Vilaine, seront sous son commandement. Ce camp volant sera composé du 5e régiment d'infanterie légère , du 7e, du 66e, du 82e et du 86e régiment d'infanterie de ligne. Ces cinq régiments, forment déjà ensemble, aujourd'hui, plus de 5,000 hommes. La conscription de l'an XV les portera, avant le 1er nivôse, à plus de 10,000 hommes. C'est là la véritable réserve qui doit garantir Bordeaux, Nantes, marcher au secours de Brest, de Saint-Malo, de Cherbourg, et même de Boulogne. Mon intention est qu'elle soit réunie tout entière à Poitiers, que deux généraux de brigade, bons instructeurs, ayant l'habitude des détails, soient chargés de les former, et qu'on attache un bon inspecteur aux revues. Les onze ou douze compagnies de grenadiers de ce corps, qu'on se contentera pour le moment de compléter à 60 hommes, tiendront garnison à Napoléon, aux Sables et seront toujours disponibles et en mouvement, pour mainte la tranquillité et se montrer dans ce département, où leur vue ne peut produire qu'un bon effet. Le reste du camp ne marchera qu'en cas d'événements importants, et vous ferez connaître au général Gouvion que c'est un corps dont je peux avoir besoin, même pour l'armée active, en germinal prochain. Ce corps aura six pièces d'artillerie attelées. Vous ferez pourvoir à son armement et à tous ses moyens d'habillement. Mon intention est que le général Gouvion parte dès le 3 vendémiaire; qu'il se rende successivement où sont les différents régiments qui doivent être réunis sous ses ordres; qu'il en passe la revue pour connaître bien l'état dans lequel ils se trouvent, visite leurs magasins et examine leur comptabilité, afin qu'il n'y ait, en un mot, pas une minute de perdue pour prendre les mesure nécessaires pour la formation et la mise en bon état de ces troupes.

Aux dispositions ci-dessus, vous ajouterez de faire connaître au commandant de la 15e division militaire qu'en cas que les Anglais tentassent de débarquer à Boulogne-sur-Mer, il devrait réunir sur le champ le 31e régiment de ligne et le porter sur Abbeville, afin former l'avant-garde des gardes nationales et autres forces qui se dirigeraient sur la Somme pour secourir Boulogne. Vous préviendrez le commandant de la 14e division que, dans le cas dont je viens de parler, il aura à réunir sans délai le 112e de ligne et le 28e d'infanterie légère, afin de se porter à marches forcées sur Abbeville. Le commandant confierait la garde de Cherbourg aux gardes nationales. Ce que mon frère le connétable, le maréchal Brune et l'inspecteur de gendarmerie Lagrange, qui se tiendra à Lille, auront à faire en cas d'une attaque sur Boulogne de la part des Anglais, complétera l'ensemble de ces mesures, et je vous ferai connaître incessamment mes instructions pour ces trois officiers.

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Les bataillons devront être mis en divisions : ceux du maréchal Augereau, par exemple, à Neuf-Brisach et Huningue; ceux du maréchal Lannes, tous réunis à Schelestadt; ceux du général Soult, tous réunis à Strasbourg; ceux du général Ney, à Landau; ceux des généraux Davout et Bernadotte, à Mayence.

La cavalerie pourra être placée en arrière le long de la Meuse. Il y aura un général qui les (sic) passera en revue, et qui sera chargé de les instruire.


Saint-Cloud, 21 septembre 1805

Au prince Murat

Vous devez avoir reçu les ordres du ministre de la guerre. La division du général Baraguey d'Hilliers, je le prévois, ne pourra pas, le 3 (26 septembre), être arrivée à Strasbourg, mais peut facilement y être arrivée le 4 (27 septembre) au soir. Vous enverrez vos dragons, sur les trois routes de Fribourg, de la Kinzig, c'est-à-dire du coté d'Offenburg, et du Kniebis  c'est-à-dire d'Oberkirch, et vous pousserez des reconnaissances aussi loin qu'il vous sera possible. S'il arrivait que les ponts à jeter par l'artillerie ne puissent être prêts, le 4 (27 septembre), à Durlach et Spire, vous écrirez aux maréchaux Ney et Soult, et leur mouvement sera alors retardé d'un jour.

Dès que d'Hilliers sera arrivé, vous reconstituerez les dragons. Si le mouvement se trouvait retardé, le général Lannes passerait une journée à Rastadt.

Le ministre de la guerre n'a donné l'ordre qu'à deux régiments de chasseurs de partir; je n'en vois pas la raison; il faut que le maréchal Lannes fasse partir toute sa cavalerie légère. Mais j'espère que le général Songis sera prêt et que, du 3 (26 septembre) à midi au 4 (27 septembre) à minuit, il aura jeté ses ponts.

Le 2 (25 septembre), faites connaître à M. Thiard, à Bade, que l'armée marche, et instruisez-le qu'il est nécessaire que les Badois suivent le mouvement du maréchal Ney à Durlach et se rangent sous ses ordres. 

Si l'ennemi s'était emparé de Freudenstag, position principale de la route du Kniebis, alors la division Lannes resterait en position du coté d'Oberkirch, en attendant que les autres divisions soient arrivées; mais je ne pense pas que l'ennemi ait été si imprudent. Si l'ennemi était au Kniebis en petite force, je laisse à vous concerter avec Lannes pour l'enlever. Cependant je ne désire point engager une affaire un peu sérieuse de ce côté.

Vous écrirez à Didelot (Charles-François-Luce Didelot, 1769-1850, préfet du palais, envoyé depuis 1801 comme ministre plénipotentiaire à la cour de Würtemberg), quand vous aurez passé le Rhin, pour lui faire connaître vos mouvements. Vous aurez soin aussi qu'il vous fasse connaître le jour où les troupes du. Wurtemberg seront réunies, mon intention étant que ces troupes soient immédiatement, sous vos ordres. S'il arrivait que les Autrichiens fissent un mouvement  sur Stuttgart, et que le Wurtemberg voulût continuer à rester avec nous, je désire qu'une forte colonne avance par le Kniebis et occupe Freudenstadt.

Le général Lannes vivra des réquisitions qu'il fera sur la droite du grand chemin de Durlach à Stuttgart; les pays de la gauche nourriront le maréchal Ney sur la route jusqu'où passe le marée Soult; Soult, les pays situés sur la gauche de sa route jusqu'à route de Davout; et Davout, les pays qui sont sur sa gauche. Les États de Bade doivent être ménagés,, puisque nous sommes amis.

Au moment de passer le Rhin, vous écrirez à l'électeur de Bade que mes troupes sont passées pour défendre l'indépendance du Corps germanique, et protéger les États de Bade contre les violations de l'Autriche; que le corps qu'il a doit passer à Durlach et se mettre sous les ordres du maréchal Ney.


Saint-Cloud , 21 septembre 1805

Au général Lemarois (Jean-Leonor-François Le Marois, 1776-1836, général de brigade)

Monsieur le Général Lemarois, vous partirez dans la nuit; vous vous rendrez à Bâle, sans faire connaître votre nom ni vos qualités.

Vous y recueillerez, avec une grande attention, les renseignements les plus exacts sur les Autrichiens qui sont dans les villes forestières, à Stockach, dans la forêt Noire et dans le Vorarlberg. Vous longerez le Rhin du côté de la Suisse, et vous vous rendrez à Schaffhouse pour y recueillir de semblables renseignements. De là, vous irez à Coire, et vous reviendrez par Berne, après y avoir également pris connaissance de tout ce qu'on y peut savoir au sujet des troupes autrichiennes, tant auprès de l'ambassadeur Vial (Honoré Vial, 1766-1824, ambassadeur en Helvétie, poste qu'il occupera jusqu'en 1806) que dans la ville, ainsi que sur la situation des choses en Suisse.

Vous recommanderez de ma part au général Vial de me prévenir souvent, et par courrier extraordinaire, des mouvements de l'ennemi. Vous y prendrez des notes sur le contingent que la Suisse doit fournir pour défendre sa neutralité. Enfin vous vous rendrez de nouveau à Bâle, où vous prendrez de nouvelles informations, et de là à Strasbourg, où vous me rejoindrez avant l'expiration de la première décade de vendémiaire. 


Saint-Cloud,  21 septembre 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, je compte aller, le ler vendémiaire (23 septembre), au Sénat, et être rendu à l'armée le 3 (25 septembre). Les opérations militaires commenceront probablement sur le Rhin, le 4 (26 septembre).

Cependant, jusqu'à ce que vous soyez instruit de mon départ de Paris, écrivez-moi ce que vous auriez d'important à me transmettre, en double, à Paris et à Strasbourg. Lorsque vous aurez reçu cette lettre , je pense que vous pourrez faire partir votre premier courrier pour Strasbourg. Je ne doute point qu'à l'heure qu'il est mon armée ne soit réunie entre la Chiese et l'Adige, que Mantoue ne soit armée et approvisionnée, que son gouverneur, le général Miollis, ne soit arrivé, qu'enfin toute l'artillerie ne soit partie de Plaisance, et que mon armée n'en soit abondamment pourvue. J'imagine également que tous les dépôts des corps de l'armée sont au delà de l'Adda, à Cassano, Lodi, Pizzighettone, Codogno; cela est important sous tous les points de vue. Ils ne doivent se porter sur la Chiese et l'Adige qu'autant que l'armée aurait fait de grands progrès, et aurait passé le Tagliamento. Faites-moi connaître là-dessus ce qu'il en est. Guicciardi doit trouver des hommes qui de la Valteline peuvent se rendre dans le Tyrol italien, et des Grisons dans le Tyrol allemand; et ces hommes doivent vous donner des renseignements sur tous les différents mouvements des Autrichiens.


Saint-Cloud, 22 septembre 1805

INSTRUCTION POUR LA DÉFENSE DE BOULOGNE

De tout ce que peuvent faire les Anglais, ce qui serait le plus funeste et ce qui pourrait leur permettre de réunir le plus de troupes, ce serait l'expédition de Boulogne pour brûler notre flottille. Le maréchal Brune a plus de 30,000 hommes sous ses ordres; la côte est parfaitement armée : il paraîtrait cependant qu'une armée de 40,000 à 50,000 hommes serait suffisante pour débarquer de vive force. Les 7 points où ce débarquement peut s'opérer avec quelque facilité, c'est sur la plage d'Étaples à Boulogne, où il n'y a que peu de batteries; mais la mer y est presque constamment mauvaise dans cette saison. Peut-être préféreraient-ils de débarquer dans la baie de Wissant; et cette côte est fortement armée. Il est difficile aux Anglais de pouvoir disposer pour une telle expédition de plus de 20,000 à 25,000 hommes de troupes de ligne. Tout ce qu'ils emploieraient en sus serait des volontaires ou des miliciens. Mai supposons-les débarqués, et que tous les efforts du maréchal Brune pour les rejeter dans la mer aient échoué, et qu'il se trouve lui même cerné, avec ses 30,000 hommes, entre les ouvrages qui défendent aujourd'hui le port de Boulogne : le débarquement, les événements qui auront lieu , l'investissement, prendront à l'ennemi plus d'une semaine de temps, et il se passera plus d'une autre semaine avant qu'il soit retranché, qu'il ait fait des chemins, placé son artillerie; et, pendant ce temps, la garnison pourra communiquer avec l'intérieur et en recevoir des secours.

Quoique ces choses soient en quelque sorte improbables, cependant il est bon que les forces existant dans un rayon de quinze à vingt marches autour de Boulogne puissent se mettre en marche sur Calais, Saint-Omer et Montreuil, qui sont trois places fortes, où même en petit nombre, elles seraient dans une bonne position et où elles pourraient attendre les secours qui arriveront. Dans cet état des choses, tous les corps que j'ai en Hollande, soit français, soit hollandais, fourniraient une réserve de 1,500 à t,800 hommes qui se tiendraient à Berg-op-Zoom et autres places fortes sous les ordres d'un des généraux de brigade qui sont en Hollande. Au premier ordre, ils se mettraient en route pour se rendre à Calais à marches forcées. Tout ce qui se trouverait disponible dans la 24e division militaire, soit les bataillons qui sont à Anvers où les conscrits ouvriers qui s'y trouvent, se mettrait en marche et se réunirait sous les ordres du général commandant la division, à Calais. Tout ce qui se trouverait disponible dans la 16e division militaire se réunirait
sur-le-champ à Saint-Omer; et tout ce qui se trouverait disponible dans les 12, 2e et 15e divisions se réunirait à Montreuil. Le connétable se rendrait de sa personne à Saint-Omer pour y prendre le commandement de ces trois corps. La réserve de Rennes, au premier bruit du débarquement des Anglais, marcherait sur Montreuil à grandes journées, par Rouen et Amiens. Enfin toutes les troupes de ligne des 14e et 15e divisions militaires marcheraient sans exception, laissant Cherbourg, Granville et le Havre aux soins de la garde nationale. Tout ce qui se trouverait à Paris marcherait sous les ordres du général Broussier. Tout ce qu'il y aurait, dans la capitale, de garde impériale ou de troupes de ligne, ainsi que les corps de la garde de Paris, marcherait. La garde nationale ferait le service.

Le général Lagrange se tiendra à Saint-Omer, où il se rendra le 4 vendémiaire (25 septembre). Il y prendra une exacte connaissance de tous les débouchés qui, de Calais, Saint-Omer et Montreuil, se rendent à Boulogne. Il aura toujours toutes ses lettres prêtes et signées, de manière qu'au moindre mouvement il puisse convoquer la gendarmerie des 15e, 16e et 17e légions et moitié de la 1e, de la 2e, de la 14e et de la 18e légion, pour qu'elles se rendent à marches forcées sur Saint-Omer, de manière toutefois à se réunir en route, en compagnies, sans pour cela que leur marche éprouve de retards. Le général Lagrange aura préparé d'avance le mouvement avec les colonels et capitaines, et on me fera connaître quelle sera la force qu'il aura le quatrième jour après le débarquement, le huitième jour et le douzième jour. Il faut que, pendant cet espace de temps, il puisse réunir 3,000 hommes de cavalerie. Le général Lagrange, avant l'arrivée du connétable, aura le commandement des troupes qui se porteront aux divers rendez-vous de Saint-Omer, Montreuil et Calais. Le ministre de la guerre, en envoyant les instructions au connétable, au maréchal Brune et au général Lagrange, ne manquera pas d'y joindre le tableau des corps qui se réuniront aux rendez-vous indiqués, de manière qu'on sache quelle sera la force dans chacun de ces rendez-vous, le premier jour, le second, etc., et ainsi de suite jusqu'au douzième jour. Il sera fait des dispositions relatives à la garde nationale, de manière que 60,000 ou 80,000 hommes de gardes nationales puissent être réunis en peu de jours derrière les trois premiers postes qu'on vient d'indiquer, et les gardes nationales seront également sous les ordres du connétable.

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Faire connaître que les 1,500 hommes de Hollande qu'on réunira à Berg-op-Zoom formeraient la réserve aussi de toutes les côtes de Hollande.

Le général Lagrange, après avoir pris connaissance des débouchés de Calais, Boulogne, etc., et après s'être concerté avec le maréchal Brune, ira faire l'inspection de ses légions.


Saint-Cloud, 22 septembre 1805

A M. Fouché

Il faut prendre, dans le jour, des mesures efficaces pour que, d'ici à ce soir, jusqu'au 5 ou 6 vendémiaire (27/28 septembre), aucun courrier ne soit expédié, ou pour le commerce ou pour les ambassadeurs; de manière que ce qui transpirera de la séance de demain ne soit pas porté. On ne fournira de chevaux, ni à la poste, ni aux frontières, que pour les courriers de la guerre.


Saint-Cloud, 22 septembre 1805

NOTE SUR LES MOUVEMENTS DE LA GRANDE ARMÉE (de la main de Napoléon)

  6 vend. (28 septembre) 14 (6 octobre) 17 (9 octobre) 24 (16 ocotobre)
Bernadotte Würzburg Anspach Nuremberg Ratisbonne
Marmont Id. Id. Id. Id.
Davout Manheim Mergentheim Anspach Dietfurt
Ney Setz Crailsheïm. Weissemburg Ingolstadt
Lannes Strasbourg Gmünd Noerdlitigen Neubourg
Soult Landau Aalen Donauwerth  

Saint-Cloud , 22 septembre 1805

Au maréchal Berthier

Donnez ordre au général de la 26e division militaire et au directeur du service de faire toutes les dispositions pour relever les fortifications de Cassel, de requérir les ouvriers, s'il le faut, de Mayence et de la rive droite, pour que d'ici à un mois ce fort soit en état de se défendre, le demi-revêtement déblayé, les fossés et chemins couverts rétablis et la place en état de défense. Faites passer 100,000 francs à Mayence pour cela. Donnez ordre au directeur d'artillerie, non-seulement d'armer la place de Mayence , mais encore de tenir tout prêt pour l'armement de Cassel. Relevez tous les saillants et bastions, et du moment qu'ils seront relevés, on y placera de l'artillerie. Du ler au 15 vendémiaire, les bastions de Cassel doivent être armés.

Quand Cassel commencera à prendre figure, au 20 vendémiaire (12  octobre), on commencera à entreprendre les fortifications de Mayence dans les îles du Mein, armer la ville et tout préparer pour la guerre.

Il est une autre tête de pont à s'occuper, c'est Neuf-Brisach, que je préfère à Huningue. Ordre à Kellermann de faire occuper le plus tôt possible le Vieux-Brisach, et qu'il nous reste, ne voulant plus l'évacuer. Le Vieux-Brisach, Kehl et Cassel seront les trois têtes de pont que je conserverai sur le Rhin.

Faites-moi connaître l'officier du génie de Mayence, Kehl et Neuf-Brisach.


Saint-Cloud, 22 septembre 1805

Au maréchal Berthier

Le camp volant d'Alexandrie sera composé de la légion hanovrienne à cheval de 500 hommes, du 67e régiment de 900 hommes, du 13e régiment de ligne de 1,500 hommes, d'un bataillon suisse de 400 hommes.

Le but de cette réserve est :

1° De garder la citadelle d'Alexandrie; 2° de se porter devant Gênes, si cette ville était menacée d'un débarquement; de se porter sur Turin, sur Novare, sur Milan et enfin sur tous les points où l'on pourrait inquiéter les derrières, de l'armée, de manière que la rapidité des mouvements de ce camp volant étouffe les insurrections au moment même où elles commenceraient à se former. Bien entendu qu'on laisserait toujours dans la citadelle d'Alexandrie une partie de cette réserve pour assurer la défense de la place.

Le général Menou commandera ce camp volant; il aura l'œil sur Plaisance, de manière que si une avant-garde de l'ennemi ou des partisans se portaient sur cette place pour inquiéter notre armée, dans le cas où des circonstances, qui ne sont pas présumables, la mettraient dans la nécessité de défendre l'Adda, ce camp volant pût se porter pour éclairer la droite de notre armée; enfin, si, par des suppositions encore plus invraisemblables, Alexandrie était menacée d'être investie, le camp volant formerait une partie de la garnison de cette place.

Le 13e et le 67e vont recevoir une grande quantité de conscrits cet hiver. Le général Menou portera un soin tout particulier à l'habillement et à l'armement de ces conscrits.

Enfin, dans des circonstances qui ne sont pas plus à présumer que les précédentes, si l'armée française était tournée, alors le camp volant aurait soin de fournir non-seulement des garnisons à Alexandrie, mais encore à la citadelle de Turin, à Gavi et à Fenestrelle.

En résumé, ce camp volant a donc pour but de veiller à la sûreté de la côte de Gènes, de dissoudre les rassemblements du pays, faire marcher les conscrits, et enfin, si des événements désastreux pouvaient arriver, il donnerait une garantie à l'Empereur que ces places se trouveraient pourvues de bonnes garnisons approvisionnées, etc.

Le général Menou doit organiser ce camp volant de manière à avoir toujours trois petites colonnes mobiles de 100 hommes de cavalerie, 300 hommes d'infanterie et deux pièces d'artillerie à pied. Ces colonnes parcourraient tout le pays pour faire exécuter rigoureusement la conscription et toutes les autres mesures qui pourraient être ordonnées.

L'Empereur préfère ce système de camp volant à un système de pure garnison, qui, en exigeant beaucoup plus de monde, n'assurerait pas autant la tranquillité. 

Un autre but de ce camp volant serait de garder les prisonniers que ferait l'armée d'Italie; on les recevrait soit à Plaisance, soit à Verceil, et les troupes de l'armée d'Italie qui les auraient escortés jusque-là retourneraient de ce point rejoindre leurs corps respectifs à l'armée, après les avoir consignés aux troupes du camp volant.

De Verceil, et de Plaisance les prisonniers seraient envoyés à Fenestrelle, et de là à Grenoble, d'où des détachements de la gendarmerie et des détachements des troupes de la 7e division les prendraient et les escorteraient jusqu'aux dépôts de l'intérieur que je désignerai ; et, comme il y a peu de troupes à Grenoble, on pourra employer le bataillon génois qui s'y organise.

On évitera toujours de faire passer les prisonniers par le Valais ou par la Suisse, parce que dans ce pays il leur est aisé de se sauver. Si cependant on avait une trop grande quantité de prisonniers, on pourrait en faire passer par Gènes.

Les commandants de gendarmerie des 27e et 28e divisions pourront aussi se servir de la gendarmerie départementale pour escorter les prisonniers.

Le général Menou donnera des ordres pour que le grand chemin ne passe plus à travers la citadelle d'Alexandrie; on tournera les glacis pour passer sur le pont et entrer dans la ville.

Le général Menou préviendra le maréchal Masséna, le général Montchoisy et l'architrésorier des dispositions ci-dessus.


Saint-Cloud, 22 septembre 1805

Au maréchal Berthier

Témoignez mon mécontentement au général Chasseloup de ce qu'il n'est pas au quartier général du maréchal Masséna; il faut qu'il s'y tienne et l'aide de tous ses moyens.

Écrivez au général Marmont d'avoir soin de dater ses lettres. 


Saint-Cloud, 22 septembre 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 16 septembre. Je vous expédie un courrier extraordinaire pour vous porter ma réponse. Il faut aider l'armée; c'est le premier devoir dans notre position actuelle. Ses réquisitions faites aux communes, aux départements en blé, vins, fourrage, avoine, paille, sont la seule ressource qu'on puisse employer pour nourrir une armée de 80,000 hommes, réunie sur un seul point . En Alsace, quelle que soit la bonne organisation de l'armée et la facilité de lui faire passer des fonds de Paris, on a pris cette mesure.. Tous les prix étaient montés à un tel point, qu'il était impossible avec beaucoup d'argent d'y suffire. Lorsqu'on a des magasins formés de longue main, on peut quelquefois éviter la voie des réquisitions; mais partout ailleurs, elle sont indispensables. Les Autrichiens requièrent en Allemagne, ils requièrent dans le pays vénitien ; on ne peut pas nourrir autrement de grandes armées. Les réquisitions qui seront faites aux communes, aux départements, seront payées à un prix raisonnable, en bons dont je vous ai parlé, dans ma lettre d'avant-hier, que le trésor du royaume d'Italie donnera au trésor de France en payement de la contribution de frimaire. Vous aurez vu, par ce que vous auront envoyé mon secrétaire d'État et mon ministre Dejean, que j'ai été obligé de prendre en Alsace les mesures de requérir les voitures et les chevaux, lesquelles ont été fidèlement et exactement exécutées. Je vous ai déjà écrit sur cet article. La peine contre ceux qui recèlent l'avoine est inutile. Il faut leur ordonner de l'apporter, et ceux qui ne le font pas, il faut leur prendre. Quant aux magasins, le général en chef doit avoir toute espèce d'autorité; ordonnez que les établissements publics, quel que soit leur destination, soient mis à sa disposition, lorsqu'ils seront nécessaires. Il ne doit pas y avoir d'entraves dans le Piémont; le blé doit pouvoir y être transporté. Ne croyez-pas que ces mesures déplaisent au pays; on crie, mais on ne pense pas ce qu'on dit; on sait bien que, dans toutes les circonstances pareilles, on ne fait pas autrement; que les Autrichiens en font autant chez eux et en feraient bien davantage dans le royaume d'Italie; et puis, on est bien persuadé que, si l'on ne se prête point aux réquisitions, l'armée les fera de force, et que le pays sera bien plus malheureux; et puis, votre autorité serait compromise. Pour le bien de l'armée, ayez de la sévérité; frappez des réquisitions dans tous les départements de mon royaume. Écrivez à M. Moreau de Saint-Méry de faire la même chose dans les États de Parme et de Plaisance, soit pour les vivres, soit pour les fourrages, les voitures, les chevaux, les locaux et tout ce dont on aurait besoin. Ne vous-fichez de rien. Ces moments-ci sont des moments de souffrance. Ayez constamment devant vous qu'il faut aider l'armée et lui préparer toute espèce de moyens.

J'ai permis l'extraction des bœufs du Piémont.

Faites réunir, à petit bruit, 3 à 400,000 rations de biscuit à Pizzighettone. Il est des circonstances où ce petit approvisionnement qui ne doit pas entrer dans l'approvisionnement de place, pourrai être très-utile à l'armée et éviterait des embarras. L'évacuation de hôpitaux a été faite précipitamment, cela arrive souvent. Dans le fait, ils devaient être évacués au delà de l'Adda; mais il y a de hôpitaux à Cassano, à Lodi, Codogno, Pavie, Como, même à Novare, où l'on peut mettre les malades. Si l'hôpital civil de Milan n'est pas suffisant, faites établir un grand hôpital militaire, dans lequel vous recevriez les malades de l'armée. Je ne puis trop vous le répéter, ne vous rebutez de rien ; remédiez à tout. Dans tout ceci je suis surpris d'une chose, c'est que le ministre de la guerre ne vous éclaire pas, lui qui a fait si longtemps la guerre avec nous, et ne vous instruise pas de ce que faisait l'armée française, et jamais, dans ce temps-là, elle n'a été si considérable ni réunie en si grand nombre sur ce point. Ajoutez que nous sommes un peu pressés par les circonstances.

Je vous ai écrit d'organiser des attelages de quelques centaines de chevaux d'artillerie. Je vous ai écrit pour des souliers et pour du biscuit. Je ne puis que vous répéter les mêmes choses. Entrez dans tous les détails; faites-moi connaître quels sont les corps qui ont passé l'Adda pour se rendre à l'armée, leur situation, leur esprit, le nom des généraux qui ont passé, et, en général, tous les détails qui peuvent me faire connaître la situation des choses. J'imagine que vous avez envoyé à l'armée le bataillon de grenadiers de votre Garde; si vous ne l'avez pas fait, faites-le partir une heure après l'arrivée de ma lettre. Des régiments sans grenadiers perdent tout leur nerf, et c'est aujourd'hui surtout qu'ils sont nécessaires. Faites-moi connaître si le général Miollis est arrivé à Mantoue. J'imagine que la citadelle de Ferrare a sauté; je n'en entends pas parler, ce qui m'inquiète beaucoup , car je serais fâché qu'elle tombât au pouvoir de l'ennemi. Vous devez, tous les jours, recevoir de la municipalité de Vérone et des préfets de Brescia et de Mantoue des rapports par lesquels ils doivent vous faire connaître les choses comme ils les voient. Envoyez- moi l'analyse de ces rapports.

Faites écrire à M. Denon, qui était le 21 fructidor (8 septembre) à Vérone, et qui est à présent je ne sais où, que je resterai dans les environs de l'armée jusqu'au 15 vendémiaire (7 octobre); qu'il vienne me joindre à cette époque; que je désire qu'il m'instruise de ce qu'il voit, et de tout ce qui viendra à sa connaissance, et qu'il vous envoie ses lettres, que vous me ferez passer par l'estafette.

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Encouragez Masséna, encouragez les officiers. 60,000 hommes en Italie, c'est le tiers de plus que je n'ai jamais eu. Les vanteries des Autrichiens ne peuvent tromper de vieux soldats; c'est leur habitude. Les Autrichiens n'ont pas 70,000 hommes en Italie, et c'est un ramassis qui ne saurait se mesurer avec mes troupes. Le 4 vendémiaire (26 septembre), je serai à Strasbourg. Bessières est parti hier.


Saint-Cloud, 22 septembre 1805

A M. de Talleyrand

Monsieur Talleyrand, donnez ordre au général Junot de se rendre en toute diligence à Paris. Il fera connaître qu'il a un congé. Il laissera son secrétaire de légation ou M. Sérurier. Madame Junot pourra rester à Lisbonne ou revenir à petites journées, selon son désir.

(De Brotonne)


Saint-Cloud, 23 septembre 1805

ORDRE DU SERVICE PENDANT L'ABSENCE DE L'EMPEREUR.

Nous avons réglé, pour être exécutées pendant la durée de notre absence, les dispositions suivantes :

L'archichancelier, faisant les fonctions de grand électeur, pourra convoquer et présider le Sénat dans toutes les circonstances où ce corps se réunit, sur la convocation du président, soit pour les élections qui lui sont attribuées, soit pour délibérer sur ses affaires intérieures.

Le grand conseil d'administration sera présidé par lui.

Le connétable commandera, sous nos ordres, notre garde impériale, la garde nationale de Paris et celle des villes et départements de la le division. Il commandera également la garde municipale de Paris et toutes les troupes qui se trouveront dans l'étendue de ladite division. Il fera exécuter toutes les dispositions relatives à l'objet de son commandement, et prescrites, soit par le ministre de la guerre, soit par le directeur de l'administration de la guerre en faisant les fonctions.

L'archichancelier présidera le Conseil d'État, conformément notre décision de ce jour. Il signera les renvois des affaires des dits départements du ministère, qui seront de nature à être délibérées au Conseil.

Tous les ministres correspondront directement avec nous pour les affaires de leur département.

Néanmoins, ils se rassembleront le mercredi de chaque semaine chez l'archichancelier. Ils y porteront les objets de détail et du contentieux de leur administration, lesquels seront remis à l'archichancelier pour nous être transmis dans la forme ordinaire.

L'archichancelier y joindra une courte analyse de ce qu'il y aura de plus pressant à expédier et des notes sur les affaires qui lui en paraîtront susceptibles.

Nous entendons, en général, que toutes les affaires qui, dans l'ordre ordinaire du gouvernement et de l'administration, ont besoin de notre signature, continuent à nous être présentées à cet effet.

Toutes les fois que le grand juge jugera qu'une demande en grâce est dans le cas d'être admise, et que les circonstances urgentes exige une prompte décision , l'archichancelier pourra, sur la demande ce ministre, convoquer un conseil privé dont nous désignerons les membres. Il nous adressera le procès-verbal de ce conseil, dressé par l'un des ministres appelés, et, en cas de diversité d'opinions, y joindra le résumé de celles qui auront été énoncées de part d'autre.

Toutes les fois qu'un ministre jugera nécessaire une conférence avec d'autres ministres, pour traiter une affaire de son département, il en fera la demande à l'archichancelier, qui convoquera à cet effet les ministres dont le concours sera nécessaire.

S'il survient des événements extraordinaires de police sur lesquels nous ne puissions pas statuer à temps, à raison de notre éloignement, et qui exigent le concours de différents ministres, l'archichancelier convoquera les ministres dont la présence sera nécessaire. Si l'exécution des mesures que l'archichancelier aura approuvées excède les bornes de l'autorité ministérielle, et qu'il ne soit pas possible d'attendre notre décision, il sera tenu de cette conférence un procès-verbal dressé par le ministre du département que l'affaire concerne, et signé par l'archichancelier. En conséquence dudit procès-verbal, le ministre se trouvera autorisé à exécuter les dispositions telles que les aura prescrites l'archichancelier, après avoir entendu l'opinion des ministres.

Dans tous les cas d'événements extraordinaires militaires, l'archichancelier, sur la demande du ministre faisant les fonctions de ministre de la guerre, convoquera les ministres dont le concours sera jugé nécessaire, et il sera procédé, ultérieurement comme il est dit ci-dessus.

Pendant tout le temps où le ministre de la guerre sera à l'armée, il continuera à faire le travail du personnel, la répartition des fonds de son département, l'expédition des ordres qui seront donnés directement par nous, soit relativement au mouvement et à ce qui tient aux opérations militaires, soit pour ce qui concerne les bureaux du génie et de l'artillerie, enfin tout ce qui est relatif aux prisonniers de guerre. Les autres parties de son administration seront exercées par le ministre directeur de l'administration de la guerre, qui signera les décisions et les ordonnances qui ne l'auront pas été par le ministre de la guerre, lesquelles seront délivrées conformément à la désignation qui aura été faite par ledit ministre pour l'emploi des fonds.

Le travail sera soumis au ministre directeur de l'administration de la guerre par M. Denniée , secrétaire général, qui travaillera avec tous les chefs de division et de bureau , et qui continuera à faire, au nom du ministre de la guerre, toutes les signatures que nécessiteront les décisions données, soit par ce ministre, soit par le ministre directeur.

Le connétable nous adressera, tous les jours, un rapport sur la partie que nous lui avons confiée.

Le ministre de la police nous écrira, tous les jours, par l'estafette dont nous avons ordonné rétablissement.

Le ministre de la marine nous écrira pour tous les objets importants, et au moins deux fois par semaine.

Les autres ministres nous écriront tout aussi souvent qu'ils auront à nous entretenir des affaires de leur département.

Toutes les lettres nous seront adressées directement.

Les dépêches télégraphiques transmises à Paris ou à transmettre de Paris seront portées à l'archichancelier avant qu'il puisse y être donné cours.


Saint-Cloud, 23 septembre 1805

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, le général Menou mande qu'il n'a pas d'argent pour la citadelle de 'Turin : il est donc urgent que vous vous hâtiez de pourvoir à cet objet, sans qu'il y ait une heure de perdue. On m'écrit que M. Chasseloup remue de la terre à Plaisance et fait des travaux immenses et cependant inutiles. Écrivez-lui que c'est par trop bête et qu'il est ridicule de ne pas commencer par le plus pressé.


Saint-Cloud, 23 septembre 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 16 septembre. On m'écrit que M. Chasseloup à Plaisance fait des travaux immenses, remue la terre, sans s'occuper des choses essentielles. Parlez-en à Chasseloup et faites-lui sentir combien il est ridicule de ne pas commencer par le plus pressé. Je ne puis que vous répéter qu'il faut aider l'armée, qu'il ne faut point s'étonner des réquisitions et moyens violents; tout est bon, pourvu que mon armée ne manque de rien. Je voisavec plaisir la mission de M. de Brême. Les moments sont urgents.

Si le fort Urbain est en si mauvais état, faites-le sauter; qu'il ne puisse pas servir à l'ennemi.

J'apprends avec plaisir que la citadelle de Ferrare n'existe plus.

Je pars pour Strasbourg demain à quatre heures du matin.


Paris, 23 septembre 1805

Au maréchal Masséna

L'Empereur va aujourd'hui au Sénat, Monsieur le Maréchal. Sa Majesté sera le 3 vendémiaire (25 septembre) à Strasbourg. Le Rhin sera passé le 4 (26 septembre). Il est probable qu'avant le 10 (2 octobre) la guerre se trouvera décidément déclarée. Dans cette circonstance, je ne puis que vous transmettre les propres termes de l'Empereur :

"Si j'étais en Italie, je formerais mon armée en six divisions, chacune de 7,000 hommes d'infanterie et de 1,000 hommes de cavalerie et d'artillerie.

Je laisserais mes cuirassiers, avec un ou deux régiments de dragons, pour réserve.

Du 6 au 8 (28 au 30 septembre), à petit bruit, je passerais avant le jour au vieux pont; j'enlèverais toutes les hauteurs de Vérone, la ville; je ferais entrer une réserve de cuirassiers, et, suivant les événements, je pousserais l'ennemi l'épée dans les reins, ou je prendrais mes positions, la droite à l'Adige, la gauche aux montagnes, et opposées à celles que l'ennemi prendrait sur les hauteurs de Caldiero, s'il était en force.

Quelle que soit la force de l'ennemi, il doit garder beaucoup de troupes vis-à-vis Padoue et vis-à-vis Legnago; il doit aussi en avoir dans le Tyrol; il est donc impossible que, le jour de la bataille, il ait même 30,000 hommes, à Vérone et sur les hauteurs.

Enfin, à cette manœuvre, il n'y a aucun danger, le vieux pont étant garanti par un bon ouvrage et par une bonne batterie; on peut donc passer l'Adige sous cette protection.

Une fois qu'on se serait emparé de Vérone, il n'y aurait donc aucun danger subséquent, puisque toute l'enceinte de Vérone servirait de tête de pont, et qu'en mettant quelques pièces sur les remparts et sur les tours, on protégerait toujours le ralliement de l'armée. 


Paris, 23 septembre 1805

Au général Gouvion Saint-Cyr, à Pescara

Le roi de Naples, Général, ayant paru désirer rester neutre et ne recevoir ni Anglais ni Russes, hier on a conclu un traité à Paris, dont je vous envoie ci-joint copie; il doit être adressé à M. Alquier.

Du moment que les ratifications auront eu lieu (et elles doivent lieu sous trois ou quatre jours), vous vous dirigerez sur Pesaro, de là sur le Pô; vous ferez évacuer vos malades sur Pesaro, et garderez cette place jusqu'à ce que tout ce qui vous appartient de l'armée se trouve évacué. En passant, vous placerez aussi garnison à Ancône. Vous me ferez connaître votre ordre de route, afin que je puisse vous transmettre à temps les ordres de l'Empereur.

La guerre sera commencée lorsque vous lirez cette lettre. Si par une circonstance quelconque, les ratifications ne s'échange pas promptement, vous attaquerez le royaume de Naples, et suivrez, par-dessus tout, l'esprit de votre instruction. L'Empereur ne doute pas que vous n'ayez déjà évacué vos malades et vos bagages sur Pesaro.


Paris,  23 septembre 1805

DISCOURS DE L'EMPEREUR AU SÉNAT

Sénateurs, dans les circonstances présentes de l'Europe, j'éprouve le besoin de me trouver au milieu de vous et de vous faire connaître mes sentiments.

Je vais quitter ma capitale pour me mettre à la tête de l'armée pour porter un prompt secours à mes alliés, et défendre les intérêts les plus chers de mes peuples.

Les vœux des éternels ennemis du continent sont accomplis; la guerre a commencé, au milieu de l'Allemagne; l'Autriche et la Russie se sont réunies à l'Angleterre, et notre génération est entraînée de nouveau dans toutes les calamités de la guerre. Il y a peu de jours que j'espérais encore que la paix ne serait point troublée; les menaces et les outrages m'avaient trouvé impassible; mais l'armée autrichienne a passé l'Inn; Munich est envahie ; l'électeur de Bavière est chassé de sa capitale; toutes mes espérances se sont évanouies.

C'est dans cet instant que s'est dévoilée la méchanceté des ennemis du continent. Ils craignaient encore la manifestation de mon profond amour pour la paix; ils craignaient que l'Autriche, à l`aspect du gouffre qu'ils avaient creusé sous ses pas, ne revînt à des sentiments de justice et de modération; ils l'ont précipitée dans la guerre. Je gémis du sang qu'il va en coûter à l'Europe; mais le nom français en obtiendra un nouveau lustre.

Sénateurs, quand, à votre vœu, à la voix du peuple français tout entier, j'ai placé sur ma tête la couronne impériale, j'ai reçu de vous, de tous les citoyens, l'engagement de la maintenir pure et sans tache. Mon peuple m'a donné, dans toutes les circonstances, des preuves de sa confiance et de son amour; il volera sous les drapeaux de son Empereur et de son armée qui, dans peu de jours, auront dépassé les frontières.

Magistrats, soldats, citoyens, tous veulent maintenir la patrie hors de l'influence de l'Angleterre, qui, si elle prévalait, ne nous accorderait qu'une paix environnée d'ignominie et de honte, et dont les principales conditions seraient l'incendie de nos flottes, le comblement de nos ports et l'anéantissement de notre industrie.

Toutes les promesses que j'ai faites au peuple francais, je les ai tenues; le peuple français, à son tour, n'a pris aucun engagement avec moi qu'il n'ait surpassé. Dans cette circonstance si importante pour sa gloire et la mienne, il continuera à mériter ce nom de Grand Peuple, dont je le saluai au milieu des champs de bataille.

Français, votre Empereur fera son devoir, mes soldats feront le leur, vous ferez le vôtre.


Paris, 22 septembre 1805

Au général Menou, commandant général des départements au delà des Alpes

L'Empereur ordonne, Général, qu'un camp volant soit formé à Alexandrie et que vous en preniez le commandement.

Il sera composé de la légion hanovrienne à cheval qui doit arriver à Alexandrie le 29 vendémiaire, forte de 500 hommes.

Du 3e régiment d'infanterie légère, de 1.500 Id.

Du 67e régiment, de 900 Id.

D'un bataillon du ler régiment suisse, de 400 Id.

Et d'une compagnie d'artillerie à cheval de 72 Id.

Avec... (2) pièces de canon.

J'ai donné l'ordre au général commandant la 28e division militaire de faire réunir ces troupes à Alexandrie le plus promptement possible.

Les 13e et 67e régiments vont recevoir une grande quantité de conscrits cet hiver , vous voudrez bien, Général, porter un soin tout particulier à l'habillement de ces corps et à l'armement de leurs conscrits.

Le but de cette réserve est

1° De garder la citadelle d'Alexa'ndrie

2° De se porter devant Gênes si cette place était menacée d'un débarquement ;

3° De se porter sur Turin, sur Novare, sur Milan et enfin sur tous les points où l'on pourrait inquiéter les derrières de l'armée, de manière que la rapidité des mouvements de ce camp volant étouffe les insurrections au moment même où elles commenceraient à se former ; bien entendu que vous laisserez toujours dans la citadelle d'Alexandrie une patrie de cette réserve, pour assurer la défense de la place.

Sa Majesté vous recommande, Général, d'avoir l'oeil sur Plaisance, de manière que si une avant-garde de l'ennemi ou des partisans se portaient sur cette place pour inquiéter notre armée, dans le cas où des circonstances qui ne sont pas présumables la mettraient dans la nécessité de se défendre sur l'Adda, ce camp volant pût se porter sur Plaisance pour éclairer la droite de notre armée.

Mais si par des suppositions encore plus invraisemblables, Alexandrie était menacée d'être investie, l'intention de Sa Majesté est que le camp volant forme alors une partie de la garnison de cette place.

Enfin, en admettant des circonstances qui ne sont pas plus à présumer que les précédentes, si l'armée française venait à être tournée, alors le camp volant aurait soin de fournir, non seulement des garnisons à Alexandrie, mais encore à la citadelle de Turin, à Gavi et à Fenestrelle.

En résumé, ce camp volant a donc pour but de veiller à la sûreté de la côte de Gênes, de dissoudre les rassemblements du pays, faire marcher les conscrits, et enfin, si des événements désastreux pouvaient arriver, il donnerait une garantie à l'Empereur que ces places se trouveraient pourvues de bonnes garnisons, approvisionnernents, etc.

L'intention de Sa Majesté est que vous organisiez ce camp volant, dont elle vous confie le commandement, de manière à avoir toujours trois petites colonnes mobiles de cent hommes de cavalerie, trois cents hommes d'infanterie et deux pièces d'artillerie à pied.

Ces colonnes parcourront tout le pays, pour faire exécuter rigoureusernent la conscription et toutes les autres mesures qui pourraient être ordonnées.

L'Empereur préfère ce système de camp volant à un système de pure garnison qui, en exigeant beaucoup plus de monde, n'assurerait pas autant la tranquillité.

Un autre but de ce camp volant serait de garder les prisonniers que ferait l'armée d'Italie ; on les recevrait soit à Plaisance, soit à Verceil, et les troupes de l'armée qui les auraient escortés jusque-là retourneraient de ce point pour rejoindre leurs corps respectifs après les avoir consignés aux troupes du camp volant.

De Verceil et de Plaisance, les prisonniers seraient conduits à Fenestrelle, et de là à Grenoble, d'où des détachements de gendarmerie et des détachements des troupes de la 7e division rnilitaire les prendraient et les escorteraient jusqu'au dépôt de l'intérieur qui serait désigné.

L'intention de Sa Majesté est que l'on évite toujours de faire passer les prisonniers de guerre par le Valais on par la Suisse, parce que, dans ce pays, il leur serait aisé de se sauver.

Si cependant on avait une trop grande quantité de prisonniers, on pourrait en faire passer par Gênes.

Les commandants de gendarmerie des 27e et 28e divisions militaires pourront aussi se servir de la gendarmerie départementale pour escorter les prisonniers.

L'Empereur vous charge, Général, de donner des ordres pour que le grand chemin ne passe plus désormais à travers la citadelle d'Alexandrie. On tournera le glacis pour passer le pont et entrer en ville.

L'Empereur vous charge, Général, d'informer M. le maréchal Masséna, le général Montchoisy, ainsi que son S. A. S. l'Archi-trésorier de l'Empire, des dispositions ci-dessus, dont vous êtes spécialement chargé, et de me tenir exactement informé de toutes les mesures que vous aurez prises pour remplir à cet égard les intentions de Sa Majesté.

(Picard)


Saint-Cloud, 23 septembre 1805

Au vice-amiral Willaumez

Ayant résolu d'attaquer le commerce de l'ennemi sur tous les points, nous avons fait choix de vous pour commander une de nos escadres, composée de nos vaisseaux le Foudroyant, capitaine Bigot, de quatre-vingts; le Véléran, capitaine Jérôme Bonaparte; le Cassard, capitaine Faure; l'Impétueux, capitaine Leveyer-Belair; le Patriote, capitaine Khrom, et le Jupiter, capitaine Laignel, de soixante-quatorze; et de nos frégates la Valeureuse, capitaine Saizieu, et la Volontaire, capitaine Bretel, réunis en rade de Brest.

Notre intention est que cette escadre, munie de sept mois de vivres et de quatre mois d'eau, se porte d'abord dans l'Océan méridional, pour y établir une croisière au vent de l'île Sainte-Hélène, située vers le seizième degré de latitude sud.

Quoique la saison la plus favorable pour cette croisière soit en mars et avril, époque à laquelle y abordent ordinairement les convois des possessions orientales de l'ennemi, cependant notre intention est que, dès ce moment, vous ne manquiez pas de saisir la première occasion favorable pour appareiller avec la division sous votre commandement.

Vous vous porterez d'abord au Cap de Bonne-Espérance, où vous remplacerez votre eau et ferez au moins un mois de vivres de campagne, et plus, s'il vous est possible, indépendamment du journalier qui vous sera fourni.

Vous devrez, pendant votre séjour au Cap, faire croire que vous vous rendrez à l'île de France.

A votre arrivée, vous mettrez embargo sur tous les bâtiments qui se trouveront dans les établissements bataves, et il devra être continué vingt jours après votre départ.

Après vous êtes approvisionné dans cette relâche et y avoir rafraîchi vos équipages, vous vous dirigerez sur l'île Sainte-Hélène. Pour cela, vous appareillerez le soir de Table-Baie, afin que votre route ne soit pas connue.

Il importerait que le 10 mars au plus tard, vous ayez établi votre croisière au vent de cette île. Vous ne vous éloignerez jamais de  plus de vingt lieues, et vous manoeuvrerez de manière à n'en point être aperçu et à vous en trouver tous les matins à dix ou quinze lieues, parce que l'île étant très haute et très saine, les bâtiments ennemis vont la chercher de nuit.

Vous empêcherez tous les bâtiments neutres que vous rencontrerez d'y relâcher, afin qu'ils n'y donnent pas avis de votre présence.

Vous resterez sur Sainte-Hélène jusqu'à ce que vous n'ayez plus que deux mois d'eau, et alors vous vous dirigerez sur les petites Antilles et vous vous rendrez à notre île de la Martinique, où vous remplacerez votre eau et vos vivres aussi abondamment qu'il vous sera possible. Il importe que vous ne séjourniez pas dans cette colonie plus de huit jours. Vous devrez établir une croisière sur les îles anglaises, et y ravager toutes les rades où le commerce de l'ennemi peut être attaqué.

Après lui avoir fait dans ces parages tout le mal possible, vous les quitterez pour vous porter à Terre-Neuve et y détruire la pêche.

Les prises importantes que vous aurez faites en vous rendant au Cap seront conduites sur ce point. Celles que vous aurez faites sur Sainte-Hélène seront envoyées à l'île de France, et les autres dans nos Îles du Vent. Quant aux bâtiments de peu de valeur que vous aurez pris, et tous ceux de Terre-Neuve, vous les brûlerez; mais nous vous prescrivons de porter une attention particulière à faire enlever de tous les bâtiments dont vous vous emparerez, et répartir sur l'escadre, tout ce qu'ils pourront procurer de vivres, eau, mâture et agrès.

L'art consiste surtout à savoir faire la guerre aux dépens de l'ennemi, et à prolonger l'activité de l'escadre en remplaçant ses consommations par ses prises.

Et comme la plus grande difficulté de nos opérations maritimes consiste dans la sortie et la rentrée dans nos ports, nous vous ordonnons d'y faire votre retour qu'autant qu'il sera indispensablement nécessaire. Vous devez donc vous attacher essentiellement à être en état de vous maintenir à la mer et d'y multiplier vos opérations avec la plus grande activité.

En quittant Terre-Neuve, vous VOUS porterez, selon que le permettront l'état de l'escadre et celui de vos approvisionnements, soit en croisière au nord de l'Islande, et même au Spitzberg et Groënland, pour y détruire encore la pêche de l'ennemi, soit sur les côtes de l'Islande pour y ravager la navigation, soit enfin, si vous ne pouviez absolument faire plus, par le 49o de latitude nord, dans les parages compris entre les 22e et 17e de longitude occidentale, parages où passent tous les bâtiments qui, pour atterrir sur l'Angleterre, vont chercher ordinairement la sonde du Banc-des-Soles.

Nous vous ordonnons de ne rien négliger, dans la campagne que vous allez faire, pour qu'elle tourne à l'avantage de l'instruction de nos marins, aspirants et officiers, qui seront employés dans l'escadre.

Notre intention est que, partout où vous trouverez l'ennemi en forces inférieures, vous l'attaquiez sans hésiter, et ayez avec lui une affaire décisive.

Nous nous confions dans vos talents, votre activité et votre courage pour le succès de l'importante mission que nous avons jugé à propos de vous confier. Nous vous laissons une entière liberté dans son exécution, et notamment dans le choix des opérations qui termineront votre campagne, vous autorisant à vous départir du texte des présentes instructions toutes les fois que vous trouverez le moyen de porter de plus grands coups à l'ennemi ou de multiplier vos opérations, de manière à vous procurer l'avantage incalculable de rentrer le plus tard possible dans nos ports.

Si donc, aux Indes, à la Martinique, Guadeloupe, île de Cuba, Porto-Rico, Açores, Îles et côtes d'Afrique, ou partout ailleurs, vous trouvez le moyen de renouveler vos vivres, de quelque manière que ce soit, nous vous ordonnons de le faire et de prolonger vos croisières tant que vous le pourrez, en vous portant dans toutes les mers et parages où vous croirez pouvoir faire le plus de mal à l'ennemi, pourvu cependant que vous rentriez dans l'un de nos ports le quatorzième mois après votre départ.

Et si vous conceviez un projet qui procurât une croisière plus avantageuse, soit en vous rendant dans les mers de l'Inde, soit en parcourant la côte du Brésil ou tout autre point, vous êtes autorisé à vous y livrer.

Si, dans le cours de votre navigation, vous touchiez dans un port quelconque d'une puissance alliée ou neutre et que vous y puissiez faire des vivres immédiatement, vous êtes le maître d'en repartir sans avoir reçu nos ordres, attendu que le temps qu'il faudrait pour vous les faire parvenir vous fera peut-être manquer l'occasion d'appareiller.

Nous vous informons qu'un grand nombre de nos bâtiments de guerre va se répandre sur les mers, et si, dans votre course, vous rencontriez des bâtiments détachés qui n'eussent pas de destination spéciale, vous êtes le maitre de les réunir à votre pavillon.

Dans toutes les circonstances où vous pourrez communiquer avec nos colonies, vous le ferez, et vous rendrez compte par ces occasions des détails de votre campagne.

Nous vous réitérons que notre butunique est de faire le plus de mal possible à l'ennemi, et que tout moyen qui atteindra ce but doit être employé. Vous êtes autorisé à diviser les forces sous votre commandement toutes les fois que cela vous paraîtra utile, et à vous livrer enfin à toutes les opérations que vous pourrez concevoir les plus propres à remplir l'objet que nous nous proposons.

(Lecestre)


La Ferté-sous-Jouarre, 24 septembre 1805

A M. Cambacérès

Monsieur Cambacérès, comme j'ignore si M. Maret est parti, je vous prie de vous charger de veiller à ce que le serment que le général Miollis a prêté entre mes mains soit imprimé selon sa forme et teneur, demain ou après; que l'ordre du jour qui organise la Grande Armée, les réserves de Boulogne, de Mayence et de Strasbourg, les camps volants de Rennes, de Poitiers, d'Alexandrie, soient mis également dans le Moniteur; également le décret qui forme les vélites à cheval. Faites passer au Conseil d'État un décret pour établir 1,000 vélites à pied.


La Ferté-sous-Jouarre, 24 septembre 1805

A Monsieur de Talleyrand, ministre des relations extérieures, à Paris.

Monsieur Talleyrand, faites mettre dans le Moniteur ce qui est relatif au passage dans la Hesse de l'armée du général Bernadotte et à la conduite de l'Électeur. Écrivez-lui une lettre pour lui témoigner ma satisfaction.

(De Brotonne)


25- 30 septembre 1805