9 - 13 décembre 1806
Posen, 9 décembre 1806
A l'Impératrice
J'ai reçu ta lettre du ler décembre. Je vois avec plaisir que tu es plus gaie, que la reine de Hollande veut venir avec toi. Il me tarde d'en donner l'ordre, mais il faut encore attendre quelques jours.
Mes affaires vont bien.
Adieu, mon amie, je t'aime et te veux voir heureuse.
Posen, 9 décembre 1806
Au général Bertrand
Monsieur le Général Bertrand, je reçois votre lettre sans date, avec les échantillons de biscuit qui y étaient joints. Expédiez ce biscuit sur Varsovie, ainsi que 200,000 boisseaux de farine et 100,000 boisseaux d'avoine. Réservez les selles et les autres objets nécessaires à la cavalerie pour les 1,000 chevaux que j'ai ordonné qu'on levât en Silésie. Les hommes vont vous arriver.
Activez le plus possible le versement des draps, des capotes et surtout des souliers. Vous verrez que j'ai requis 1,000 chevaux et 1,000 bœufs pour Varsovie. Ce sera à compte sur le payement de la contribution. Les 10,000 rations de biscuit qu'a fait faire M. Galiza me paraissent fort bonnes; faites-les diriger sur Varsovie et faites-en faire d'autres. Il n'y a pas de doute que mon intention ne soit que les invalides soient soldés; vous pouvez leur en donner l'assurance.
Vous devez avoir reçu l'ordre d'expédier 4,000 paires de souliers sur Varsovie.
Posen, 9 décembre 1806
Au grand-duc de Berg, à Varsovie
J'ai reçu votre lettre du 6 à minuit. J'ai donné l'ordre à l'intendant de l'armée de faire passer un marché pour l'achat de 25,000 quintaux de blé et de 100,000 boisseaux d'avoine en Galicie. J'ai ordonné qu'on envoyât des bestiaux à Varsovie. 200,000 francs partent aujourd'hui pour cette ville; 100,000 francs y sont également envoyés de Glogau. Du moment que vous aurez passé la Narew, faites travailler à la tête de pont. Je vous ai mandé de faire établir une manutention à Praga. J'ai ordonné que les 25,000 quintaux de blé qu'on achèterait en Galicie fussent mis en magasin à Praga.
Le maréchal Ney est à Thorn et a poussé des reconnaissances très-loin; il n'y a là que des Prussiens qui fuient partout. Il est bien important que nous occupions Plock, qui passe pour le pays le plus abondant des environs. Du moment que vous aurez passé la Narew, votre cavalerie inondera le pays et accélérera la retraite des Russes. Faites imprimer des proclamations pour engager les soldats des Polognes russe et prussienne à déserter et à se ranger sous les drapeaux de leur patrie, et faites-les répandre partout par les avant-postes.
Posen, 9 décembre 1806
Au grand-duc de Berg
J'imagine que vous avez fait courir une patrouille de cavalerie pour ramasser les bateaux qui se trouvent sur la Vistule, en remontant entre Varsovie et la Galicie. Il y a là près de dix ou quinze lieues où l'ennemi n'a pu détruire les bateaux de la rive droite. La Pilica est une rivière navigable et qui, pendant cinquante lieues, borde la Galicie et la Pologne prussienne; il doit y avoir là des bateaux et des subsistances. J'imagine que vous avez envoyé à Petrikau et le long de cette rivière pour vous procurer des fourrages et ce qui vous est nécessaire.
Le maréchal Ney a déjà des postes à quinze lieues en avant de Thorn, sur la route de Königsberg; il en a aussi le long de la Vistule, à mi-chemin de Plock. Tout me porte donc à penser qu'à l'heure qu'il est les Russes sont très-loin de la Vistule. Au lieu de faire venir le corps du maréchal Augereau à Varsovie, faites passer son avant-garde à Zakroczym; il peut tirer de là et de tout ce département des moyens de vivre. Alors la disposition de l'armée sera la suivante :
Le corps du maréchal Davout à Sierock, cantonné entre la Vistule et la Narew et environs, prêt à défendre avec toutes ses forces la tête de pont de la Narew;
Vous ferez occuper Pultusk avec toute votre cavalerie légère;
Le corps du maréchal Lannes serait cantonné à Varsovie et à Praga;
Le corps du maréchal Augereau, du côté de Zakroczym, Wyszogrod, tirant ses subsistances depuis le district de Plock, sa cavalerie légère poussant des reconnaissances sur Plonsk;
Le corps du maréchal Ney, à Thorn.
Faites reconnaître la petite rivière de la Wkra, depuis son embouchure dans la Vistule jusqu'à sa source, et faites-m'en passer promptement la reconnaissance. Inondez avec votre cavalerie toute la campagne. Tâchez d'enlever quelques bagages russes ou du moins d'accélérer leur retraite. Cependant l'infanterie du maréchal Davout peut passer Sierock; et, avec la cavalerie du maréchal Augereau dans la direction que j'ai prescrite, la vôtre, celle du maréchal Lannes, vous pouvez vous mettre à leurs trousses, et, si le pays est libre, comme je le pense, la cavalerie des maréchaux Bernadotte et Ney, qui sont à Thorn, s'élèvera pour appuyer votre gauche.
Je vous ai déjà recommandé de répandre dans le pays des proclamations, des journaux et tout ce qui peut soulever les habitants.
Vous avez trois divisions de dragons, une de cuirassiers, six régiments de cavalerie légère, six des maréchaux Davout et Lannes, ceux du maréchal Augereau, et cinq des maréchaux Bernadotte et Ney qui sont à Thorn. Établissez votre communication avec le maréchal Ney par la rive droite; occupez-avec cette cavalerie le pays, et poussez la cavalerie russe jusqu'à son infanterie.
Vous pourrez appeler le général Watier, qui est à Lowicz et à votre disposition. Du moment que je saurai que votre mouvement est commencé, je ferai appuyer une autre division de dragons et les autres corps sur Varsovie.
Ce qu'aura de plus pressé le maréchal Davout, ce sera d'établir un pont sur la Narew.
Au maréchal Berthier
Mon Cousin,
donnez ordre au détachement du 1er régiment d'infanterie légère italienne qui
est à Würzburg et à celui qui est à Eisenach de rejoindre leur corps. Donnez
ordre aux 50 dragons à pied qui sont à Iéna de se rendre à Spandau. Le service
de la place de Spandau sera fait par les troupes du duc de Saxe-Weimar. Faites
partir de Berlin les 23 hommes de la compagnie d'élite du 4e régiment de
dragons. Faites-moi connaître ce qu'on fait à Berlin de la
12e compagnie du 1er régiment d'artillerie, de la14e compagnie du 6e
d'artillerie, des 17 ouvriers et des 80 sapeurs du 2e bataillon. Donnez
ordre au général qui commande à Küstrin de faire partir sur les 600 hommes du
dépôt du 6e corps et sur les 460 hommes du 7e corps tout ce qui est armé
et habillé, ayant une capote, deux paires de souliers dans le sac et étant dans
le cas de rejoindre. Rappelez les 5 hommes de la gendarmerie d'élite qui sont à
lMeseritz. Donnez ordre à Spandau qu'on fasse partir les 10 hommes du 28e
légère, les 20 hommes du 24e, les 6 hommes du 6e, les 35 hommes du
27e de ligne, les 306 hommes isolés et les 84 du 6e corps, après toutefois
les avoir pourvus de fusils et de tout ce dont ils auront besoin. Vous les
ferez diriger sur Küstrin et de là sur Posen.
Posen, 9 décembre 1806
40e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE
Le maréchal Ney a passé la Vistule et est entré le 6 à Thorn. Il se loue particulièrement du colonel Savary, qui, à la tête du 14e régiment d'infanterie et des grenadiers et voltigeurs du 69e et du 6e d'infanterie légère, passa le premier la Vistule. Il eut à Thorn un engagement avec les Prussiens, qu'il força, après un léger combat, d'évacuer la ville. Il leur tua quelques hommes et leur fit 20 prisonniers.
Cette affaire offre un trait remarquable. La rivière, large de 400 toises, charriait des glaçons; le bateau qui portait notre avant-garde, retenu par les glaces, ne pouvait avancer; de l'autre rive, des bateliers polonais s'élancèrent au milieu d'une grêle de balles pour le dégager. Les bateliers prussiens voulurent s'y opposer : une lutte à coups de poing s'engagea entre eux. Les bateliers polonais jetèrent les prussiens à l'eau, et guidèrent nos bateaux jusqu'à la rive droite. L'Empereur a demandé le nom de ces braves gens pour les récompenser.
L'Empereur a reçu aujourd'hui la députation de Varsovie, composée de MM. Gutakowski, grand chambellan de Lithuanie, chevalier des ordres de Pologne; Gurzynski, lieutenant général, chevalier des ordres de Pologne; Lubienski, chevalier des ordres de Pologne; Alexandre Potocki; Rzetkowski, chevalier de l'ordre de Saint-Sta-islas ; Luszewski.
Au quartier général de Posen, 9 décembre 1806
ORDRE DU JOUR
La gendarmerie
prussienne qui s'organise en vertu du décret impérial du 3 novemhre dernier
portera l'uniforme suivant :
Habit gris de
fer boutonné sur la poitrine avec neuf houtons, sans poches ;
Collet rouge;
Aiguillette
blanche sur l'épaule gauche avec un trèfle de même couleur sur l'épaule droite;
Gilet et
pantalon gris de fer;
Boutons blancs
;
Chapeau à
cornes;
Bottes
prussiennes.
Elle sera armée et équipée ainsi qu'il suit :
Sabre de cavalerie;
Pistolets;
Giberne avec
un baudrier noir;
Ceinturon
noir.
Les brigadiers
seront distingués par un petit galon d'argent sur le collet.
Cette gendarmerie sera protégée dans l'exercice de ses fonctions par tous les postes de troupes françaises et alliées.
Le nommé Joseph Cheron, tambour de la 3e compagnie du 2e bataillon du ler
régiment d'infanterie légère, convaincu de tentative de meurtre à main armée
envers un particulier, a été condamné, par jugement de la commission militaire
formée à Leipzig, à la peine de vingt années de fers.
Le nommé Jean-Jacques Henaut, tambour de la 4e compagnie du même bataillon, convaincu
de violences et voies de fait envers un particulier et une femme, a été
condamné à la peine de deux années de fers par le même jugement.
(Picard)
Posen, 10 décembre 1806
A M. Cambacérès
Mon Cousin, j'ai nommé M. Belleville intendant général des États de Hanovre. Je l'ai remplacé dans la préfecture de Nantes par M. Vischer de Celles, maître des requêtes. La suite de cette affaire me fera connaître ce que je ferai de M. Belleville. S'il est parfaitement innocent, comme je me flatte qu'il l'est, je lui donnerai, après la guerre, une place stable, car il a d'anciens services. Si, au contraire, il se trouve compromis, il finira avec sa nouvelle carrière.
Je n'ai pas de lettres de vous depuis le 29. Le courrier est en retard de vingt-quatre heures. Vous ne me parlez pas encore de la réception des pièces à communiquer au Sénat; je suppose que votre lettre du 30 m'en instruira.
Posen, 10 décembre 1806
Au vice-amiral Decrès
Témoignez ma satisfaction aux capitaines de frégate de l'île de France. Faites-moi connaître le genre de récompense dont ils sont susceptibles.
Je désirerais donner de l'occupation aux Anglais dans des points imprévus.
Si mon escadre de Cadix pouvait partir de là pour se rendre devant le cap de Bonne-Espérance, le bloquer quelques jours, se rendre de là à l'île de France et aux Manilles; qu'elle pût trouver aux Manilles des vivres en suffisance : ce serait une opération inattendue de la part des Anglais, et qui pourrait avoir un grand résultat sur leur commerce, en même temps qu'elle donnerait beaucoup d'expérience à nos marins.
La sortie de cette escadre ferait que les Anglais iraient la chercher à Rio de la Plata, à la Martinique, et aurait l'effet de les obliger à fortifier leurs garnisons, ce qui est toujours un bon résultat.
Mon escadre de Lorient, qui est composée de 2 vaisseaux et de 2 frégates, pourrait refaire l'expédition d'Afrique, qui a si heureusement réussi l'année passée.
Mon escadre de Rochefort pourrait faire une croisière à l'embouchure de la Baltique, au moment où cette mer devient navigable. Sa sortie aurait également l'avantage de donner beaucoup d'inquiétude aux Anglais, et, comme elle ne pourrait rentrer qu'au mois de novembre, devant rester dix mois dehors, il faudrait qu'elle sortît en mars.
Si ces expéditions ne s'accordent pas avec les époques où mes vaisseaux peuvent être prêts, il faut au moins faire rentrer mon escadre de Cadix à Toulon, afin d'avoir, à la fin de 1807, douze vaisseaux de guerre à Toulon.
Je désire, dans tous les cas, que deux frégates de celles que j'ai à Bordeaux se tiennent prêtes à partir pour l'île de France. Mon intention serait qu'elles entrassent dans le golfe Persique et qu'elles missent à terre un agent porteur d'une lettre au roi de Perse. Cinq mois après, c'est-à-dire en juillet ou en août, une autre frégate se rendrait dans le golfe Persique pour reprendre l'agent et le ramener en France en toute diligence. Enfin une ou deux frégates pourraient porter à la Guadeloupe ou à la Martinique 4 ou 500 hommes.
La sortie des trois escadres de Cadix, de Rochefort et de Lorient , inquiéterait les Anglais et les obligerait a renforcer toutes leurs colonies; ce qui leur laisserait autant de troupes de moins de disponibles pour se mêler des affaires du continent.
Je ne sais ce que c'est que les Manilles : s'il y a là un port et des ressources, il serait curieux de réunir là 12 vaisseaux de guerre et 4 frégates, avec ordre d'y rester le temps nécessaire pour y être bien les maîtres, et de se porter, avec cette force qui serait supérieure à tout ce que pourraient avoir les Anglais, sur Rio de la Plata et Buenos-Aires, et de là faire leur retour en Europe.
Répondez-moi, je vous prie, sur ce plan. Il me semble que les colonies espagnoles de la mer des Indes sont assez considérables pour donner des vivres. Cette grande masse de forces, supérieure à ce que l'ennemi a dans l'Inde, ferait un grand ravage, et, quand des renforts ennemis seraient en mesure de s'y trouver, elle serait déjà sur un autre point.
En général, il me parait que les vaisseaux anglais des Indes sont moins armés, et que les succès sont plus faciles là que partout ailleurs.
Posen, 10 décembre 1806
A M. de Talleyrand
Monsieur le Prince de Bénévent, je vous envoie le traité avec la Saxe et les pleins pouvoirs pour le maréchal Duroc. Vous lui donnerez les instructions nécessaires. J'ai jugé convenable de ne point parler des autres Maisons de Saxe ou autres Maisons princières; mes idées ne sont pas encore claires sur tout cela. Je verrai, à la conclusion des affaires, l'espèce de contentement que j'aurai de la cour de Saxe, et je me réglerai en conséquence.
Mon intention est que vous me fassiez un projet pour faire la paix avec le duc de Saxe-Weimar, un autre pour admettre Gotha et Anhalt dans la Confédération du Rhin. Je désirerais savoir ce que ces princes doivent fournir dans la Confédération. Même chose pour les comtes de la Lippe. On pourrait leur demander un équivalent en argent et des troupes.
Camp impérial de Posen, 10 décembre 1806
Au roi de Wurtemberg
Monsieur mon Frère, M. le prince de Hohenlohe devait rester en Silésie. Pour qu'il ne gênât point les opérations de l'armée, j'ai préféré qu'il se rendît à OEhringen, où, sujet de Votre Majesté, il se trouve immédiatement sous les yeux de sa Police. J'imagine que, s'il se comportait mal, ce que je ne saurais penser, elle en ferait une prompte justice.
J'ai été tout à fait embarrassé avec le Prince Paul. J'eusse voulu concilier ce que je devais à Votre Majesté avec ce que je devais à son fils. Mon premier mouvement a été de le laisser libre; mais, immédiatement après, j'ai songé à l'inconvénient qu'il y aurait à laisser ce jeune homme se perdre entièrement par de fausses directions. Votre Majesté le traitera comme un enfant de famille; une légère correction suffira pour le faire rentrer dans les bons sentiments qui sont si naturels dans votre Maison.
Le roi de Prusse a refusé de ratifier, la suspension d'armes; c'est donc mal à propos qu'on l'a publiée.
Je suppose que le commandant des troupes de Votre Majesté ne lui aura pas laissé ignorer la prise de Glogau et la bonne conduite qu'ont tenue ses soldats. J'ai gardé des drapeaux provenant du désarmement, dont je me ferai un plaisir d'envoyer une partie à Votre Majesté.
Les troupes russes sont entrées le 25 en Moldavie; elles bloquent Choczim et Bender, ce qui donnerait lieu de croire que la guerre est déclarée entre la Porte et la Russie.
Mes troupes ont passé la Vistule à Varsovie et à Thorn. Il paraît que les Russes se retirent sur leurs frontières, soit pour se concentrer, soit pour tout autre projet que je ne comprends pas encore.
Je compte enfin que cette guerre sera la dernière; il est bien temps que toutes les nations jouissent du repos, et que les choses prennent une assiette définitive.
Je fais ma paix avec l'électeur de Saxe; il prendra le titre de roi; il est admis dans la Confédération à son rang d'introduction. Ce traité n'est pas encore signé; mais j'ai voulu en instruire d'avance Votre Majesté. Il y a bien longtemps que je n'ai reçu de ses nouvelles.
Posen, 10 décembre 1806
Au grand-duc de Berg
Je vous envoie des lettres que je vous ai écrites hier et que je n'ai pas fait partir. M. de Turenne me remet votre lettre du 7 décembre à dix heures du soir. Je vois que l'ennemi occupe encore Sierock. J'ai donné ordre au général Deroy de se rendre à Petrikau. Je viens de recevoir les députés de Varsovie. Loin que la paix soit faite entre les Russes et la Porte, vous verrez que les Russes sont entrés le 25 en Moldavie.
Posen, 10 décembre 1806
Au général Gardane, aide-de-camp de l'Empereur
Rendez-vous à Thorn. Remettez cette lettre au maréchal Ney. Vous ferez la reconnaissance de la place, de la rivière, du pont, vous m'en ferez rapport. Vous reviendrez sur Varsovie par la rive droite, tenant des notes exactes de l'état de la route, lieue par lieue, du nombre et de la population des villages, de la nature du terrain, etc.
Vous me porterez cette reconnaissance à Varsovie, où vous m'attendrez.
A l'embouchure de la Narew dans la Vistule, vous reconnaîtrez bien les îles qui s'y trouvent, désirant en occuper une qui me rende maître des deux rives.
Posen, 10 décembre 1806
Au maréchal Ney, à Thorn
J'ai appris avec plaisir que vous aviez passé la Vistule. Dans votre lettre vous citez la conduite de quelques bateliers polonais; envoyez- moi leurs noms pour que je récompense ces braves gens. Le général Tilly doit être arrivé avec sa cavalerie; dirigez alors vos reconnaissances le long de la Vistule, sur Plock, pour savoir ce que fait l'ennemi et sur Willenberg, où se trouve son aile droite. Tenez-vous en alerte et ne vous engagez pas trop. Il me tarde d'apprendre que vous avez votre cavalerie. Si jamais, ce que je ne saurais penser, les Russes marchaient sur vous en force, n'engagez pas une affaire à inégale force. Dans ce cas, repassez plutôt la Vistule. Surtout tenez une conduite circonspecte jusqu'à ce que je vous apprenne que la Narew est passée. L'ennemi alors serait pris en flanc, s'il faisait un mouvement sérieux sur vous.
Posen, 10 décembre 1806
Au général Clarke, à Berlin
J'approuve fort ce que vous avez fait pour la colonne du général Guérin. Faites la même chose pour celles qui le suivent. Vous verrez que je vous écrivais dans le même temps pour cela. Bien loin qu'ils accélèrent leur marche, je désire qu'ils aillent doucement et qu'ils se reposent.
Des souliers ! des souliers ! Rendez-moi compte de ce qu'on en a fabriqué à Berlin, à Magdeburg, dans toutes les autres villes voisines de votre gouvernement; ce qui en est passé venant d'Erfurt et de Mayence; ce qu'il y a à Stettin et Küstrin. Portez votre plus grande attention sur cet objet.
Le maréchal Mortier sera à Anklam le 12, avec 16 à 20,000 hommes. Je lui ai prescrit de s'étendre dans le Mecklenburg et de vivre au compte de cette province, en ménageant la Prusse.
La municipalité de Berlin m'a écrit que je ne laisse point de division de grosse cavalerie à Berlin. Il est cependant difficile qu'elle n'y reste pas au moins un jour. Les fourrages sont si rares qu'il faudrait pourtant voir à en pourvoir un peu Berlin.
Posen, 10 décembre 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, je vois par l'état des progrès des remontes au 25 novembre que le 1er de carabiniers aurait 797 chevaux. Cela supposerait qu'il en aurait beaucoup en France. La même observation doit être faite au sujet du second régiment. Les huit régiments de cuirassiers et les deux de carabiniers auraient ensemble 7.400 chevaux, ce qui suppose qu'ils en ont plus de l.900 en France. Si cela est, faites partir ces chevaux. La même observation est à faire pour les dragons, les chasseurs et les hussards, en en déduisant, bien entendu, les chevaux des hommes à pied qui ont été montés en Allemagne, et indépendamment de ce qui a été pris ou donné pour remplacement des chevaux tués. Je vous prie donc de m'envoyer un contre-état qui établisse bien ce qu'il y aura au 1er décembre dans les différents dépôts, en mettant ce que les corps ont reçu et ce qu'ils doivent recevoir en conséquence des marchés conclus.
(Picard)
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous ferez lever le camp de l'île d'Aix. Vous réunirez tout le 82e à la Rochelle, et vous enverrez tout le bataillon du 26e de ligne à l'île de Ré, ainsi que la légion du Midi, hormis deux compagnies, qui resteront à l'île d'Aix. Vous donnerez ordre au 31e d'infanterie légère de former ses deux premiers bataillons à 140 hommes par compagnie, et de les diriger sur Paris, où ils resteront jusqu'à nouvel ordre. Le 3e bataillon restera à Napoléon ; s'il est nécessaire, le 82e fournira des postes aux Sables-d'Olonne.Passez la revue du 31e à son arrivée à Paris, et veillez à ce qu'ils aient deux paires de souliers dans le sac et une capote, parce que mon intention est de faire partir bientôt ce régiment.
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, donnez ordre au général Ménard qu'aussitôt que les troupes de Hesse-Darmstadt seront arrivées, il en mette un petit bataillon à Landsberg pour y tenir garnison, garder les magasins et faire la police de la navigation.
(Picard)
Posen, 10 décembre, 5 heures du soir
A l'Impératrice
Un officier m'apporte un tapis de ta part; il est un peu court et étroit; je ne t'en remercie pas moins. Je me porte assez bien. Le temps est fort variable. Mes affaires vont assez bien. Je t'aime et te désire beaucoup.
Adieu, mon amie ; je t'écrirai de venir avec au moins autant de plaisir que tu viendras.
Tout à toi.
NAPOLÉON
Un baiser à Hortense, à Stéphanie et à Napoléon
Posen, 11 décembre 1806
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois, au moment même, votre lettre du 1er décembre. Je désire que vous fassiez venir l'ambassadeur de la Porte et que vous lui fassiez connaître qu'il est convenable qu'il expédie un courrier à Constantinople pour instruire son gouvernement de tout ce qui se passe en Europe. Vous lui direz que, par un courrier que j'ai reçu de Jassy et qui a traversé la Pologne, j'ai appris que les Russes étaient entrés à Jassy le 25 novembre ; que les pachas de Choczim et de Bender, s'étant retirés dans ces forteresses, y sont bloqués ; que, dans cet état de choses, il est nécessaire qu'il instruise la Porte que je suis à Varsovie, maître de donner des lois et de la secourir; qu'il fasse connaître à son gouvernement la situation de l'Europe et la nécessité de tenir bon ; que, s'il mollit dans cette circonstance, son indépendance est perdue; que les Russes ne peuvent l'attaquer sérieusement, parce que je les occupe ici; qu'il écrive que j'ai reçu la lettre de l'empereur Selim ; que j'ai bien compris son contenu et en ai été content; que j'aime l'empereur Selim et prends beaucoup d'intérêt à lui.
Faites traduire tous les bulletins de la Grande Armée pendant cette campagne et la campagne dernière en turc et en arabe, et envoyez-les profusion à Constantinople. Faites-les tirer à 6,000 exemplaires. Faites faire une petite brochure de dix pages, bien faite, que vous soignerez vous-même et que vous intitulerez : Un vieil Otioman à ses frères. Ce sera un appel contre les Russes, un tableau de leur politique et du résultat qu'ils veulent obtenir. Vous en ferez imprimer 10,000 exemplaires dans les mêmes langues. Mais il faut que cela soit fait en huit jours. Vous en enverrez un millier au vice-roi, qui les fera passer en Dalmatie; un millier à Marseille, pour donner aux bâtiments qui vont dans le Levant; un millier à mon ministre à Constantinople; un millier à mon ministre à Vienne; vous m'en enverrez aussi un millier d'exemplaires. Quand l'ouvrage sera fait, vous le ferez montrer indirectement à l'ambassadeur turc, pour savoir ce qu'il en dit et s'il est bien écrit.
Posen, 11 décembre 1806
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 30 novembre; elle ne m'est arrivée qu'à l'instant. Elle est en retard de trente-six heures; les débordements de la Fulde paraissent en être la cause.
Le général Lamartillière m'instruit que les gardes nationales s'organisent à Bordeaux. Je désire que vous écriviez au général Canclaux pour le même objet. Écrivez également aux préfets de la Manche et du Calvados, pour leur demander s'ils pensent qu'il y aurait de l'inconvénient à lever 1,200 gardes nationales dans chacun de ces deux départements. Si ces deux préfets pensent que je puis avoir là des hommes sûrs et braves, je chargerai un sénateur de les organiser, et je leur confierai la garde de Cherbourg. Alors j'aurai un régiment disponible. Je désire que vous écriviez confidentiellement à ces préfets, et que vous me fassiez connaître ce que vous en pensez.
Posen, 11 décembre 1806
A M. Fouché
J'ai reçu vos lettres du 30 novembre et du 1er décembre. Je vois effectivement dans votre bulletin quelque chose sur les prêtres de Bretagne, qui m'étonne. Je crois qu'il y a un peu d'exagération. Toutefois ayez-y les yeux.
Faites-moi connaître s'il aurait de l'inconvénient à lever dans chacun des départements de la Manche et du Calvados 12 ou 1500 gardes nationales. J'en confierais le commandement au sénateur Ferino, qui est un homme vigoureux, et je pourrais les charger de la défense de Cherbourg. Je pourrais alors retirer de cette place le 5e d'infanterie légère, et j'aurais un régiment de plus disponible. Puis-je avoir dans ces départements des hommes sur lesquels je puisse compter dans toutes ces hypothèses ?
Posen, 11 décembre 1806
A M. Lacepède
Quand vous aurez présidé à la première fête qui aura lieu dans le temple dont j'ai ordonné la construction, vous pourrez vous retirer; mais pas avant ce temps-là. Je ne me souviens pas du décret dont vous me parlez dans votre lettre; mais ce dont vous pouvez être assuré, c'est de mon désir de donner le plus grand éclat à la Légion, et à vous en particulier des preuves de l'estime que je vous porte.
Posen, 11 décembre 1806
Au vice-amiral Decrès
Faites mettre dans les journaux des articles sur le renouvellement des hostilités dans l'Inde, entre Holkar et les Anglais. Le ministre d'Espagne instruit publiquement que Buenos-Ayres est pris. Faites- moi connaître si cela est vrai.
Posen, 11 décembre 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, je reçois votre rapport du 26 novembre, ayant pour objet de demander une augmentation d'inspecteurs aux revues.
Il me semble que, s'ils étaient répartis avec plus de discernement, le nombre actuel pourrait suffire. Je vois qu'il y en a quatre dans la division militaire, et c'est trop; trois dans la 5e, et c'est trop; deux dans la 7e, et c'est trop; un au camp de Pontivy, et il est inutile , ceux de la division pourraient faire ce service; deux dans le 23e, et c'est trop; un dans le duché de Clèves et de Berg, où il est inutile; à l'île d'Elbe, d'où on peut le retirer. A la vérité, il n'y en a qu'un dans la 8e division, et ce n'est pas assez; dans la 24e, qui est réunie aux côtes et à la 16e, il n'y en a que trois, et ce n'est pas assez pour ces trois points. En total, avec le secours des commissaires des guerres, vous avez assez de monde. La gendarmerie ne peut pas demander beaucoup d'occupation, et il y aurait peu d'inconvénient à charger, jusqu'à la paix, un chef d'escadron de faire les fonctions d'inspecteur aux revues dans chaque légion. Quant aux compagnies de réserve, les préfets peuvent y faire les mêmes fonctions. Enfin ce n7'st pas neuf individus de plus qui peuvent donner un grand avantage pour faire aller la besogne. Si une augmentation était indispensable, je préfèrerais qu'on employât trente chefs d'escadron de gendarmerie, qui ont peu de chose à faire, en ayant soin de les placer dans les endroits où il n'y a pas de troupes, et il n'y a de troupes que dans les 5e, 8e, 13e, 16e, 25e et 26e divisions militaires. Dans le reste, il n'y en a pas.
Posen, 11 décembre 1806
Au général Lamartillère, à Bordeaux
J'ai reçu votre lettre du 24 novembre. J'apprends avec plaisir que le zèle des habitants répond au vôtre, et que vous espérez avoir un bon corps de troupes de gardes nationales capable de défendre les côtes et les ports. Ayant toujours connu le Gascon brave et bon Français, j'ai voulu lui donner une preuve d'estime en lui confiant la garde de ses frontières.
Faites quelques revues à l'embouchure de la Garonne, jetez aussi un coup d'œil sur les batteries qui protègent le cabotage de Bordeaux à Rochefort.
Posen, 11 décembre 1806
Au roi de Bavière
Je reçois la lettre de Votre Majesté, du ler décembre, avec la pièce qui y était jointe. J'espère que dans peu de jours ses troupes auront fait une conquête plus importante, puisqu'elles auront achevé la prise de Breslau.
J'ai fait ma paix avec l'électeur de Saxe. Il prendra le titre de roi, et son rang dans la Confédération selon son ordre d'introduction.
Posen, 11 décembre 1806
Au maréchal Kellermann
Mon Cousin, il n'y pas d'inconvénient à laisser au frère du prince de Hesse-Cassel la jouissance absolue des biens patrimoniaux qui lui appartiennent.
J'approuve tout ce que vous voulez faire pour la vente des matériaux inutiles provenant de la démolition projetée du château du Chat.
Faites venir à Mayence tous les bois qui peuvent servir à l'artillerie et au génie. Faites venir une quinzaine de mineurs. Quelques mines seront fort utiles pour accélérer les démolitions de Hanau.
Posen, 11 décembre 1806
Au général Clarke
Je charge M. Maret de vous écrire sur différents détails. Je donne ordre à l'intendant général de vous donner tous les pouvoirs nécessaires. Il y a dans les magasins beaucoup d'objets nécessaires aux troupes; faites-les-leur distribuer. Il y a un grand nombre de tentes que je voudrais utiliser. Faites-moi connaître combien on en pourrait faire de sacs de distribution. Cela est très-utile, parce que les soldats se couchent dedans. Faites presser les confections de souliers et dirigez-les sur Küstrin.
Posen, 11 décembre 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 26. Je vous ai écrit en détail sur ce qui est relatif à l'organisation de l'armée d'Italie; j'ai même pris plusieurs décrets que vous aurez soin de faire exécuter avec la même promptitude et la même prudence. Envoyez au général Marmont un officier, homme prudent, pour lui faire connaître verbalement les dispositions que vous avez faites. Il faut que, de son côté, le général Marmont puisse, quinze jours après qu'il en aura été prévenu, avoir son corps réuni aux environs de Zara; mais il ne faut pas que cette réunion ait lieu avant, pour qu'il puisse se porter au secours de Raguse, si les Russes l'attaquaient de nouveau. Quelle est la force du corps de troupes avec lequel il pourrait déboucher de Laybach, si cela était nécessaire ? Mais vous lui expliquerez bien qu'il sera toujours prévenu quinze jours d'avance. Faites dire cela de vive voix par un homme de confiance et n'écrivez rien là-dessus.
Posen, 11 décembre 1806
Au prince Eugène
Mon fils, je reçois votre lettre de novembre. Je vous ai autorisé à faire revenir le 4e de ligne italien. Le roi de Naples m’avait instruit du départ des régiments de dragons et de chasseurs italiens. Il m’a instruit aussi qu’il me renvoyait en Italie 2 régiments de chasseurs français. Je vous ai écrit qu’ayant besoin ici de beaucoup de cavalerie, il était nécessaire que vous m’envoyassiez 2 ou 3 régiments anciens, de ceux qui sont en Italie, sans toucher au corps du Frioul. Vous pouvez garder une partie des chevaux pour monter les régiments qui restent. Il faut que chaque régiment de dragons, chasseurs ou hussards, ait 800 chevaux. Ils recevront le peu d’hommes qui leur manque de la conscription de 1807.
(Mémoires du prince Eugène)
Posen, 11 décembre 1806
DÉCISION
La veuve Lustig, longtemps attachée à la maison du Grand Frédéric en qualité de servante de lit, recevant à ce titre une modique pension, se trouve, par suite des évènements de la guerre, privée des secours que lui accordait la famille royale de Prusse, réduite, disait-elle, à la dernière extrémité. Elle implore la bonté de l'Empereur. | Lui faire payer un quartier de sa pension. |
(de Brotonne)
DÉCISION
Le ministre
rend compte qu'afin de pourvoir d'une caserne le régiment des chevau-légers
belges en formation à Liège, il a ordonné aux dépôts des 6e, 13e et 22e
régiments, établis dans cette ville, de se rendre à Namur. |
Il ne faut jamais faire voyager les dépôts. Placer plutôt à Wesel le régiment d'Arenberg; ou, à mesure qu'une compagnie est formée, renvoyer à Munster. |
(Picard)
DÉCISION
Supplique d'un vieillard hanovrien à l'Empereur afin d'obtenir une indemnité pour trois chevaux qui lui ont été enlevés. |
Renvoyé au
major général pour faire payer les trois chevaux dont ce vieillard réclame le
prix. |
(Picard)
Posen, 12 décembre 1806
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, la littérature a besoin d'encouragements. Vous en êtes le ministre; proposez-moi quelques moyens pour donner une secousse à toutes les différentes branches des belles-lettres, qui ont de tout temps illustré la nation.
Vous aurez reçu le décret que j'ai pris sur le monument de la Madeleine, et celui qui rapporte l'établissement de la Bourse sur cet emplacement. Il est cependant nécessaire d'avoir une Bourse à Paris. Mon intention est de faire construire une Bourse qui réponde à la grandeur de la capitale et au grand nombre d'affaires qui doivent s'y faire un jour. Proposez-moi un local convenable; il faut qu'il soit vaste, afin d'avoir des promenades autour. Je voudrais un emplacement isolé.
Quand j'ai assigné un fonds de trois millions pour la construction du monument de la Madeleine, je n'ai voulu parler que du bâtiment et non des ornements, auxquels, avec le temps, je veux employer une bien plus forte somme. Je désire qu'au préalable on achète les chantiers environnants, afin de faire une grande place circulaire, au milieu de laquelle se trouvera le monument, et autour de laquelle je ferai bâtir des maisons sur un plan uniforme.
Il n'y aurait pas d'inconvénient à nommer le pont de l'École militaire Pont d'lena.
Proposez-moi un décret pour donner aux nouvelles rues les noms du général et des colonels qui ont été tués à cette bataille.
Quartier impérial, Posen, 12 décembre 1806
DÉCISION
La municipalité de Beauvais sollicite le rétablissement d'une procession instituée par Louis XI en mémoire de la conduite courageuse de Jeanne Hachette et des dames de Beauvais, lors du siège de cette ville par Charles le Téméraire. Dans cette cérémonie, les femmes ont le pas sur les hommes, même sur les autorités constituées. Cette procession se faisait le jour de sainte Angadrême, patronne de Beauvais. Aujourd'hui , en proposant de la rétablir, on demande qu'elle soit renvoyée au dimanche. C'est l'enthousiasme produit par les victoires de l'Empereur qui a inspiré aux habitants et aux officiers municipaux de Beauvais le désir de rétablir cette fête. |
NAPOLÉON, Empereur des Français et Roi d'Italie, Sur le rapport de notre ministre des cultes, nous avons décrété et décrétons ce qui suit : ARTICLE 1er. - La procession instituée dans la ville de Beauvais par les lettres patentes de Louis XI, du 9 août 1472, est rétablie. ART. 2. - Elle aura lieu le dimanche auquel on est dans l'usage de célébrer à Beauvais la fête de sainte Angadrême, patronne de la ville. ART. 3. - Notre ministre des cultes est chargé de l'exécution du présent décret. |
Posen , 12 décembre 1806
Au roi de Saxe
Monsieur mon Frère, je reçois la lettre de Votre Majesté, du 9 décembre. J'ai signé mon traité avec elle. J'ai donné tous les ordres pour que personne ne se mêle en rien de ce qui est relatif à l'administration. Je la prie de rester persuadée du désir que j'ai de lui donner, dans toutes les circonstances, des preuves des sentiments que je lui porte, surtout après les nouvelles relations qui nous lient.
Posen, 12 décembre 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, donnez ordre au commandant de la place de faire mettre exactement des hommes de planton à chacun des hôpitaux, et des sentinelles aux portes. Il se concertera avec les commissaires des guerres et le corps de ville, pour que les hôpitaux soient fournis de tout ce qui est nécessaire. Il faut qu'il y ait, dès demain, suffisamment de fournitures pour loger un millier de malades. On établira un quatrième hôpital pour les galeux et les vénériens. Il faut aussi que le commandant de la place aille lui-même, trois fois par semaine, faire la visite des hôpitaux.
Posen, 12 décembre 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, il est extrêmement ridicule que je n'aie de Küstrin que des états du 3 décembre; j'ai de Paris et de Mayence des états plus frais que ceux-là; de manière que je ne puis donner des ordres, parce que je ne connais pas la situation de la place.
Témoignez mon mécontentement au général Ménard; mais auparavant faites faire des recherches dans vos bureaux, car il est difficile de croire qu'il n'ait pas été envoyé des états plus récents de cette place.
Posen, 12 décembre 1806
NOTE POUR L'INTENDANT GÉNÉRAL
L'administration ne suit aucune marche, parce qu'il n'y a pas d'organisation. Le commissaire des guerres chargé de la partie est un polisson, parce qu'il n'a pas d'idée de sa besogne. Administration de l'habillement, il n'y en a point.
On me fera un état qui me fasse connaître ce qui a été fait en conséquence de l'ordre du jour du ler novembre, relatif à la distribution des capotes. La ville de Francfort devait fournir 6,000 capotes, celle de Stettin 4,000; il y avait à Berlin, pris à l'ennemi, des draps pour faire beaucoup de capotes. Il en a été délivré 9,200 à différents corps; il en a été accordé 10,000 par l'ordre du jour; à Leipzig, il en a été accordé 27,000 par l'ordre du jour. J'ai distribué 66,000 capotes. Depuis j'ai ordonné que 20,000 capotes seraient achetées à Glogau, compte de la contribution. J'en ai fait faire 3,000 à Meseritz, 3,000 à Posen. J'en ai 50,000 à Hambourg. Il paraît que le prince de Ponte-Corvo en a pris 5,000 à Lubeck. Il faut que quelqu'un soit chargé de la correspondance relative aux différentes parties de ce service, et qu'on me fasse connaître ce qui a été distribué. On me fera connaître aussi ce qui reste dans les différents magasins, et ce qui resterait fournir. Ainsi, par exemple, Berlin avait plus de 9,200 capotes lorsque nous sommes entrés dans cette ville; Leipzig devait fournir plus de 80,000 aunes de drap, ce qui fait plus de 25,000 capotes; Berlin et Francfort n'ont peut-être pas fourni l'un ses 10,000, l'autre ses 11,000 capotes.
Il faut me remettre les états sur autant de feuilles qu'il y a d'objets différents.
Il faut avoir un administrateur général, un inspecteur général, qui suivent la correspondance avec les employés chargés de l'habillement de chaque corps d'armée, et surveiller les distributions.
L'administration ne peut aller plus mal. On ne pourvoit à rien. Les effets se pourrissent à Spandau et ailleurs; on ne prend aucun moyen pour pourvoir à leur entretien, à la responsabilité, etc.
Posen, 12 décembre 1806
ORDRE POUR L'INTENDANT GÉNÉRAL
1° Il sera confectionné sans le moindre délai à Berlin 6,000 matelas; on emploiera, à cet effet, les 120,000 livres de laine qui se trouvent en magasin, et les 16,000 aunes de toile d'emballage ou de coutil qui se trouvent tant à Berlin qu'à Spandau; à mesure que 200 matelas seront faits, ils seront envoyés à Posen, et ainsi de tous successivement.
2° 12,000 tentes seront sur-le-champ employées pour confectionner 9,000 paires de draps, et 12,000 autres tentes seront également employées pour la confection de 40,000 chemises, et pour celle de 40,000 pantalons affectés au service des hôpitaux. A mesure que 5,000 de chacun de ces objets seront confectionnés, on enverra, par la voie la plus prompte, à Posen, pour être affectés service des hôpitaux de la Pologne.
3° Il sera passé à Posen un marché pour la confection de 1,000 paillasses. M. l'intendant général fera requérir dans la basse Silésie 2,000 couvertures et 2,000 matelas. Il fera également requérir à Stettin 2,000 couvertures et 2,000 matelas. Il sera requis dans le département de Küstrin, et plus particulièrement à Landsberg et Francfort, 4,000 couvertures.
4° Le prix des objets requis ainsi qu'il est dit ci-dessus sera fixé par l'intendant général, et la valeur en sera déduite sur les contributions imposées à chaque département.
A mesure qu'il y aura 1,000 couvertures fournies de celles requises dans le département de Küstrin, elles seront dirigées sur Posen. On fera en sorte qu'il y en ait 1,000 livrées avant le 18 décembre. Il faut, à cet effet, prendre de préférence celles qui sont déjà faites.
5° Il sera attaché à chaque hôpital, en Pologne, un prêtre catholique comme chapelain, qui sera nommé par M. l'intendant général; ce prêtre sera chargé de la surveillance des infirmeries, et il lui sera alloué, à cet effet, une somme de 100 francs par mois, qui lui seront payés le 30 de chaque mois.
Les infirmiers seront payés tous les jours par les soins du chapelain, à raison de 20 sous par jour et indépendamment d'une ration de vivres qui leur sera distribuée. Le directeur de l'hôpital payera les infirmiers en présence du chapelain, sur les fonds mis à sa disposition, ainsi qu'il sera dit ci-après.
6° L'intendant général, sur les fonds mis à sa disposition par le ministre de la guerre, prendra les mesures pour que chaque directeur d'hôpital ait toujours en caisse et par avance un fonds égal à 12 francs pour chaque malade que l'hôpital doit contenir par son organisation. Ce fonds servira à payer la solde des infirmiers, à subvenir à l'achat des menus besoins, comme oeufs, lait, etc. La viande, le pain et le vin seront fournis par l'administration. En conséquence, il est expressément défendu, sous la responsabilité de chacun, de faire aucune réquisition aux municipalités pour les petits aliments ou menus besoins. Tous les huit jours, les commissaires des guerres chargés de la surveillance de l'hôpital feront connaître à l'intendant général la dépense faite sur le fonds de 12 francs par malade que peut contenir l'hôpital, et qui aura été payée par l'économe, pour la solde des infirmiers et pour l'achat des petits aliments et le blanchissage, afin que l'intendant fasse de nouveaux fonds pour remplacer ce qui a été dépensé, au fur et à mesure. Les commissaires des guerres chargés de la surveillance des hôpitaux en seront responsables.
7° Cet ordre étant commun à tous les hôpitaux de l'armée, à l'exception du chapelain, dans les hôpitaux hors de la Pologne, Sa Majesté ordonne que, vingt-quatre heures après que les présentes dispositions seront connues à qui de droit, toutes les pharmacies soient approvisionnées pour deux mois et pour le nombre des malades que l'hôpital doit contenir, en payant comptant les médicaments aux apothicaires des lieux qui les fourniront, et sur les fonds que l'intendant général mettra, à cet effet, à la disposition des directeurs d'hôpitaux.
Sa Majesté ordonne que tout ce qui peut être dû aux différents apothicaires qui, sur les lieux, ont fourni nos hôpitaux, soit payé sans délai par les soins de l'intendant général; et ce qui peut être dû pour Posen aux apothicaires leur sera payé aujourd'hui. L'intendant général prendra les mesures nécessaires, et le ministre de la guerre mettra à sa disposition les fonds dont il aura besoin.
8°
L'inventaire général des achats de médicaments,
dont les pharmacies des hôpitaux doivent être
approvisionnées pour deux mois, sera envoyé au bureau
général des hôpitaux de l'armée; mais
lesdits médicaments seront payés avant l'arrivée
desdits inventaires, et le seront sur les lieux, d'après
l'ordonnance du commissaire des guerres chargé de la police de
l'hôpital, sur le crédit que lui aura ouvert l'intendant
général. Les intendants des provinces ou
départements sont autorisés à faire acquitter
d'urgence ces ordonnances, sauf aux receveurs des provinces ou
départements à porter ces ordonnances
acquittées en payement.
9° Lorsqu'un médicament ne se trouvera pas dans les pharmacies de l'hôpital, d'après l'approvisionnement fait en conséquence des dispositions ci-dessus, le directeur de l'hôpital sera, dans ce cas seulement, autorisé à acheter ce médicament où il le trouvera, sur les fonds des petits aliments ou celui de 12 francs, et, dans les huit jours au plus tard , toute dépense faite par l'économie sur ce fonds sera visée par le commissaire des guerres chargé de la police de l'hôpital.
10° Il sera pris des mesures pour qu'il soit fabriqué de bon pain affecté au service des hôpitaux avec de la farine de froment. M. l'intendant général fera, autant qu'il lui sera possible, distribuer du vin de Stettin, qui est le meilleur.
Le maréchal Berthier, par ordre de l'Empereur.
Posen, 12 décembre 1806
A M. Daru
Monsieur Daru, je vous envoie le rapport du grand maréchal Duroc. J'imagine que, conformément aux ordres que je vous ai donnés, l'argent sera délivré dans la journée, et les hôpitaux dans un état convenable. Je ne conçois pas comment il y a si peu de malades. Il faudrait s'informer de ceux qui sont dans la ville. La manière de se débarrasser serait de faire un hôpital des vénériens et des galeux, lesquels doivent être séparés des autres malades pour beaucoup de raisons, et ont moins besoin de soins. Il faudrait aussi ôter les cinquante blessés légèrement. On aurait ainsi des lits pour les malades qui sont dans la ville. Le nombre des chirurgiens et des infirmiers français est ridicule; il n'est pas proportionné avec le nombre des employés de l'armée. Il n'y a pas un médecin. J'attends l'état que je vous ai demandé de tous les médecins et chirurgiens de l'armée. Il semble qu'ils sont d'un côté, et l'armée de l'autre. Retirez quatre médecins des corps du maréchal Soult et du prince de Ponte-Corvo; cela vous en fera huit. Faites faire dans la nuit 200 paillasses, et procurez-vous dans la journée 200 paires de draps; procurez-vous aussi des couvertures, ou faites en drap de capotes, ou couvertures du pays ou lits de plumes, afin d'organiser le troisième hôpital. Il faut que demain il soit bien, et que les malades aient des couvertures, des draps et des paillasses. Il faut aussi que demain les pharmacies des trois hôpitaux soient bien fournies; que les trois prêtres aient chacun un infirmier pour dix malades; que ces infirmiers soient à leur poste, et que le local du quatrième hôpital, pour les vénériens et les galeux, soit choisi. Demain je compte aller voir les trois hôpitaux, et le quatrième quand il sera établi.
Posen, 12 décembre 1806
A M. Daru
Monsieur Daru, je reçois une lettre de Glogau, du 11 décembre. Mon décret du 7 décembre n'était pas encore parvenu à l'intendant, et, de tous les ordres donnés pour la basse Silésie, il n'y avait rien de fait. Tout ce qu'ont reçu l'intendant et autres agents de l'administration était antérieur au 7 décembre. Avec ces retards qu'éprouve votre correspondance, comment voulez-vous qu'une armée marche ?
Posen, 12 décembre 1806
DÉCISION
Le duc de Saxe-Hildburghausen demande à l'Empereur d'être exonéré d'une contribution de 548,750 francs dont son duché a été frappé. N'ayant pris aucune part ni directe ni indirecte à la guerre contre la France, il espère que l'Empereur daignera remédier aux maux de son pays en lui accordant une dispense générale. |
Le prince de Saxe-Hildburghausen n'ayant participé en rien à la guerre, mon intention n'est pas qu'il en supporte les frais. L'intendant général donnera des ordres pour que ce prince soit laissé tranquille, que ce qu'il y a de perçu de la contribution lui soit rendu; il lui répondra que c'était par erreur qu'il avait été imposé, et parce qu'on croyait qu'il avait fourni son contingent à la Prusse |
Posen, 12 décembre 1806
DÉCISION
Le vice-roi
d'Italie réclame contre l'insuffisance des 1.200 francs accordés par mois au
chef de l'état-major général de l'armée pour frais de bureau. |
L'Empereur a
décidé qne l'excédent des dépenses de l'état-major serait pris sur les 30.000
francs accordés par mois au général commandant en chef de l'armée d'Italie. |
(Picard)
Posen, 12 décembre 1806
Au général Clarke
Six bataillons, formant 6 ou 7,000 hommes, formés des compagnies des 3e bataillons des corps et organisés en bataillons provisoires, arriveront à Magdeburg du 1er au 6. Ce sera une belle réserve que vous aurez sur vos derrières. Mais cette réserve, je le vois à la promptitude avec laquelle elle a été organisée, sera nue et composée de paysans. Écrivez à Magdeburg, à l'intendant, pour que ces conscrits soient habillés et équipés par ses soins. Je lui donne carte blanche. Il faut qu'ils soient habillés de l'uniforme de leur régiment, qu'ils aient des schakos et des capotes. Il peut s'entendre avec M. Villemanzy pour prendre les draps nécessaires à Leipzig ou à Magdeburg, en les portant à compte de la contribution imposée sur cette province. Qu'il fasse ce qu'il veut; mais le principal est que ces hommes soient habillés et équipés le plus promptement possible, c'est-à-dire douze à quinze jours après leur arrivée. Écrivez-en dans ce sens à M. Daru a reçu des ordres pour agir en conséquence. Mais l'administration marche si lentement, que je ne serais pas étonné que les ordres n'arrivassent que très-tard. On m'a dit du bien de l'intendant de Magdeburg; c'est un homme consommé dans l'administration; je m'en rapporte à ce qu'il fera. Recommandez à Magdeburg que l'on fasse peu servir ces bataillons, et qu'on emploie tout leur temps à leur instruction. J'imagine qu'ils viendront bien armés. Si cependant cela n'était pas, on complétera leur armement et leur équipement.
La 1e légion du Nord, forte de 5,000 hommes, composée de Polonais et de prisonniers, doit vous arriver. Avant qu'elle passe l'Oder, voyez-la en détail; assurez-vous qu'il n'y a point d'Allemands et que ce sont des hommes sur la fidélité desquels je puis compter. J'ai demandé la légion irlandaise; si elle venait, on pourrait la mettre dans un de ces bataillons.
Je reçois souvent des pétitions pour de petits secours; vous pouvez correspondre pour cela avec Meneval. Il n'y a pas d'inconvénient à répandre 5 à 6,000 francs pour cet objet, sur ma cassette. Vous enverriez à Meneval les demandes pour les petits secours, et il vous les renverrait avec l'autorisation de payement.
Posen, 12 décembre 1806
Au général Bertrand
Monsieur le Général Bertrand, je ne prendrai point 200,000 boisseaux de farine, mais 8,000 quintaux, moitié de ce qui existe, et 12,000 quintaux de blé, moitié de ce qui existe.
Faites-moi connaître ce que vous savez du siège de Breslau.
Cette lettre vous sera remise par le général Verrières, qui vous remplacera. Restez avec lui le temps que vous jugerez nécessaire pour lui donner tous les renseignements; après quoi, vous viendrez me joindre.
Nous avons bien besoin de couvertures et de matelas; j'en ai demandé 2,000 à la province pour la ligne intermédiaire. J'imagine que l'intendant général aura écrit à l'intendant. J'ai fait recommander au général Verrières de passer chez lui, afin de porter lui-même les dépêches.
Prenez de nouvelles mesures, avant de partir, pour les souliers; vous savez le besoin qu'on en a.
J'ai donné des ordres pour que le fils de M. de Cocceji retourne chez son père sur sa parole.
Je suis étonné que la compagnie d'artillerie ne soit pas arrivée; je réitère l'ordre au général Songis.
Posen, 12 décembre 1806, 7 heures du soir
A l'Impératrice
Je n'ai pas reçu de lettre de toi, mon amie; je sais cependant que tu te portes bien. Ma santé est bonne; le temps très-doux, la mauvaise saison n'est pas encore commencée; mais les chemins sont mauvais dans un pays où il n'y a pas de chaussées. Hortense viendra donc avec Napoléon, j'en suis enchanté. Il me tarde bien de voir les choses pouvoir me mettre à même de te faire venir.
J'ai fait ma paix avec la Saxe. L'Électeur est roi et de la Confédération. Adieu, ma bien aimée Joséphine. Tout à toi.
NAPOLÉON
Un baiser à Hortense, à Napoléon et à Stéphanie.
Paër (Ferdinandino Paer, 1771 - 1839 - Maitre de chapelle de Dresde. Deviendra en 1807 maître de la musique de l'Empereur), le fameux musicien, sa femme, virtuose que tu as vue à Milan il y a douze ans, et Brizzi, sont ici; ils me donnent un peu de musique tous les soirs.
Donnez ordre au maréchal Soult de faire partir demain la division Leval pour Inowrazlaw, la division Saint-Hilaire pour Sompolno, la brigade de cavalerie légère pour Brest et Kovale, la division Legrand pour Konine, le parc pour Kletchev.
Prévenez de ce mouvement le prince de Ponte-Corvo qui en profitera pour donner plus d'aisance à ses cantonnements sans trop s'éloigner de la direction actuelle.
Envoyez l'ordre à Küstrin au général Ménard de faire partir toutes les troupes de Hesse-Darmstadt qui se trouvent à Küstrin et Landsberg, et de les diriger sur Bromberg. Envoyez un officier d'état-major au maréchal Ney, à Thorn, pour l'en prévenir.
Le général Ménard passera une revue de ces troupes avant leur départ, et enverra la revue à l'état (sic).
Elles prendront à Landsberg et à Driesen des vivres pour quatre jours (souligné dans la minute).
(Picard)
Posen, 13 décembre 1806
DISPOSITIONS GÉNÉRALES PROJETÉES POUR LA CAMPAGNE AU DELÀ DE LA VISTULE
Le maréchal Bessières prendrait, jusqu'à nouvel ordre, le commandement du 2e corps de la réserve de cavalerie. Ce corps se composerait :
De la division de cavalerie légère du général Tilly, de la division de dragons du général Sahuc, de la division de dragons du général Grouchy, de la division de cuirassiers du général d'Hautpoul.
Le maréchal Bessières choisirait un général de brigade, un adjudant commandant et un commissaire des guerres, pour son état-major.
Le maréchal Bessières partirait cette nuit de sa personne, à minuit, avec son état-major, pour se rendre à Thorn, où la division du général Tilly est arrivée le 12, où le général Saline et le général Grouchy, avec leurs divisions, arriveront le 15, et enfin où la division de cuirassiers du général d'Hautpoul arrivera le 17.
La cavalerie légère du maréchal Ney éclairerait Strasburg, sur la route de Königsberg.
Tout le second corps de réserve du maréchal Bessières se jetterait sur la droite, du côté de Rypin et Biezun, s'éclairant sur Soldau.
Dans cette situation, le maréchal Bessières se trouverait à mi-chemin de Thorn à Pultusk, et par là en mesure d'avoir des nouvelles positives de ce que veulent faire les Russes et où ils appuient leur droite. Le corps du maréchal Soult passerait la Vistule vis-à-vis Wloclawek le 16, et les postes du maréchal Bessières et ceux du maréchal Soult se rencontreraient à Lipno.
La jonction une fois faite, toute la cavalerie légère du maréchal Soult se jetterait sur la droite du côté de Plock, en longeant la Vistule, pour favoriser le passage du maréchal Augereau, qui s'effectuerait du côté de Zakroczym, et celui du général Watier vers Wyszogrod, et enfin celui du maréchal Davout, qui se trouve à l'embouchure du Bug dans la Vistule, à Nowydwor.
Le principal but du maréchal Bessières serait de manœuvrer pour balayer la plaine et faire sa jonction par sa droite avec la cavalerie légère du maréchal Soult. Son second but serait de jeter l'ennemi an delà de la rivière de la Wkra et de favoriser le passage du corps du maréchal Augereau, de celui du maréchal Davout, et enfin de la cavalerie du grand-duc de Berg. Le troisième but du maréchal Bessières serait de reconnaître l'ennemi sur Pultusk et Willenberg, afin de bien connaître quels seraient ses projets; on pourrait supposer que le projet de l'ennemi serait de former une ligne, la gauche appuyée à Pultusk et sur le Bug et la Narew, et sur la petite rivière d'Orzyca, en se prolongeant, pour donner la main aux Prussiens qui borderaient la petite rivière de la Passarge, la droite appuyée à la mer; enfin décider entièrement les Prussiens à la retraite, si leur projet n'est point de tenir sérieusement dans la position qu'on suppose qu'ils occupent.
La division du général Leval arriverait le 15 à Inowraclaw, et le 16 à Thorn, où elle passerait le pont et se porterait entre Rypin et Lipno. Là elle se trouverait en position d'appuyer les reconnaissances du maréchal Bessières, et ferait sa jonction avec les deux autres divisions du corps du maréchal Soult qui auraient passé à Woclawek; le général Leval pourrait donc avoir le 17 des postes à Lipno.
Le général Saint-Hilaire arriverait le 15 à Sompolno, et le 16 à Wloclawek, sur la Vistule, qu'il passerait sur-le-champ.
La division du général Legrand suivrait le même mouvement le 17, et passerait le même jour.
Ainsi, dans la journée du 18, on pourrait supposer que le maréchal Soult aurait réuni ses trois divisions sur la rive droite de la Vistule, la droite appuyée à Dobrzyn et la gauche sur Rypin, occupant, suivant les circonstances et les nouvelles que l'on aurait, Plock. Mais, dans tous ces mouvements, le maréchal Soult manœuvrerait toujours, si cela était nécessaire, de manière à se reployer sur Thorn; sa cavalerie légère battrait le pays en avant de son centre et de sa droite, elle serait appuyée par le corps du maréchal Bessières.
Si le maréchal Soult pouvait parvenir à réunir assez de bateaux pour pouvoir jeter un pont, ce que l'on n'ose pas espérer, il s'en occuperait sur-le-champ, et son passage serait très-facile.
L'équipage de pont est parti le 11 de devant Thorn , et, en suivant la rive gauche, il doit être le 15 ou le 16 près du maréchal Augereau; ainsi son corps pourrait passer le 18 sur le pont qui serait jeté avec l'équipage de pont. Alors sa cavalerie passerait rapidement et battrait la campagne en tenant la droite de celle du maréchal Soult.
Toute la cavalerie du grand-duc de Berg passerait également sur ce pont. On travaillerait en même temps à en jeter un sur la Narew, et, dans cette situation des choses, le corps du maréchal Davout formerait la droite, le corps du maréchal Augereau le centre, et celui du maréchal Soult la gauche.
Les corps des maréchaux Ney, Bernadotte, Lannes formeraient la seconde ligne et recevraient leurs dispositions, soit pour livrer bataille à l'ennemi, soit pour reprendre tranquillement les cantonnements, l'ennemi se retirait; alors le grand-duc de Berg se mettrait à sa pour suite avec les 30 ou 40,000 chevaux qui sont à l'armée.
Le corps du maréchal Bernadotte partirait le 15 de ses cantonnements, et la tête de son corps d'armée serait le 17 à Thorn.
La Garde impériale et l'Empereur partiraient de Posen le 15, arriveraient à Thorn le 18. Le petit quartier général serait à Thor le 17.
Un commissaire ordonnateur de la Garde partirait sur-le-champ pour Thorn, et y ferait les fonctions d'ordonnateur en chef, pour assurer le service du quartier général.
La cavalerie légère du maréchal Soult se trouve ce soir, 13, à KI czewo, et pourrait être le 15 ou le 16 de l'autre côté de la Vistule, à Thorn.
Dans tous ces mouvements, le corps du maréchal Ney s'élèverait en se portant et se réunissant sur Strasburg, et formerait l'extrémité de la gauche.
Le corps du maréchal Bernadotte remplacerait à Thorn le corps du maréchal Ney.
Les mouvements ultérieurs ne peuvent être supposés; mais la plus grande difficulté sera dans les moyens de subsistances.
Si l'ennemi n'est pas dans l'intention de tenir, le mouvement de l'infanterie deviendra inutile et rendra toutes les dispositions beaucoup plus faciles.
On enverrait les ordres aux détachements de la Garde, et aux chevaux de FEmpereur, qui sont à Klodawa, de se diriger sur Thorn.