16 - 28 Février 1806
Paris, 16 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, faites-moi connaître ce que je puis faire en faveur de Jean-Pierre Tondu-Lebrun, que le proviseur de mon lycée impérial présente comme digne de mes bienfaits, et qu'une maladie a privé pour toujours de la vue lorsqu'il allait être envoyé à Constantinople en qualité d'élève des langues étrangères.
Paris, 16 février 1806
A M. Bérenger, directeur de la caisse d'amortissement
Monsieur Bérenger, cédez an trésor public les trois millions que vous avez à Augsbourg, les trois millions sur Francfort, les deux millions provenant de la contribution de Francfort, les dix millions qui arrivent le 28 février à Strasbourg, venant de Vienne, et les 5,600,000 livres que vous avez de traites sur Paris , total , 23,600,000 livres. Prenez, en remplacement, des obligations à la convenance du trésor, et avec l'escompte , comme le feraient les banquiers. Le trésor disposera alors de cette somme pour son service.
Paris, 16 février 1806
A M. Bérenger, directeur de la caisse d'amortissement
Monsieur Bérenger, vous avez six millions échus à Hambourg; faites-moi connaître ce qu'il y aura d'ici au 15 mars; je veux qu'ils soient transportés en France, en argent, pour déjouer toutes les spéculations des banquiers du Nord, et qu'ils arrivent sous une bonne escorte formée de mes troupes. Envoyez un courrier à Hamelin, au général de division Barbon et mon ministre à Hambourg, pour qu'ils aient à se concerter ensemble et à faire escorter tous les convois. Vous trouverez ci-joint une lettre au général Barbou, où je lui fais connaître mes ordres sur cet objet.
Paris, 16 février 1806
A M. Talleyrand
Monsieur Talleyrand, écrivez en Espagne pour en faire chasser les ministres de Russie et de Suède, et pour faire fermer tous les ports aux bâtiments suédois.
Paris, 16 février 1806
Au maréchal Augereau
Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre et les lettres de change de deux millions qui y étaient jointes; j'ai fait remettre ces dernières à la caisse d'amortissement pour le compte de la Grande Armée. Veillez à ce qu'il n'y ait aucune distraction de fonds, et réprimez les abus autant que possible. Je donne ordre qu'une division de dragons vienne se ranger sous vos ordres.
Paris, l6 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, j'apprends avec plaisir la bonne réception qui vous a été faite à Venise. J'approuve beaucoup la mesure qui vous avez prise de défendre l'introduction des marchandises anglaises dans la pays vénitien; faites la même chose pour le royaume d'Italie; voilà de bonnes et utiles mesures, et d'un résultat avantageux pour la France et très-cruel pour nos ennemis. Dans le considérant de votre décret sur l'organisation de la municipalité de Venise, vous dites qu'il ne serait pas juste que Venise n'eût pas d'administration municipale. C'est une rédaction triviale et mauvaise. L'arrêté qui accorde un traitement à des particuliers qui ne font rien doit être pesé mûrement; provisoirement donnez-le-leur à titre de secours.
Dans le compte général
des contributions de la Grande Armée, le Véronais est porté
pour 400,000 ftancs.
Le Vicentin pour . . . . . . . . . . . . . 1,000,000
Le Trévisan . . . . . . . . . . . . . . . .
1,500,000
Le Padouan . . . . . . . . . . . . . . . . 1,500,000
Udine pour . . . . . . . . . . . . . . . .
1,000,000
Trieste pour . . . . . . . . . . . . . . .
2,000,000
Total . . . . . .
7,400,000
Il est indispensable que cette somme rentre en caisse, vu que j'en ai besoin. Je désirerais qu'elle fût portée jusqu'à dix millions. Faites-moi connaître la partie qui a été payée, celle qui ne l'est pas, et ce que sont devenus les fonds touchés. Tout cela doit être versé dans la caisse de la Grande Armée. N'oubliez pas que j'ai besoin de beaucoup d'argent; qu'il faut que j'augmente encore mon armée, que j'organise ma marine.
Je n'ai pas encore reçu de vous un état de situation de mon armée d'Italie, un état des biens nationaux, ni un compte sur l'état de Venise; cela n'est pas travailler; c'est travailler en l'air. L'art consiste surtout à faire travailler.
Je remarque que vous dépensez beaucoup trop d'argent en Italie. Les nouvelles augmentations que je suis obligé de faire à mon armée m'ont fait prendre un décret par lequel les troupes italiennes seront nourries, habillées, soldées et entretenues par le trésor de mon royaume d'Italie.
Paris, 16 février 1806
A Madame Bressieux
Madame Bressieux, j'ai reçu votre lettre; elle me donne une nouvelle preuve de votre attachement pour moi. Vous me demandez, avec un intérêt auquel je suis sensible, un mot qui vous assure que ma santé continue d'être bonne. Je saisis avec plaisir l'occasion de faire ce que vous désirez.
Paris, 16 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, je vous envoie des notes sur les fêtes à donner à l'armée. Environnez-vous de tous les hommes capables de vous donner des idées là-dessus.
Faites-moi connaître où en est la colonne que j'avais décrété d'élever à Charlemagne sur la place Vendôme, et ce qui a été fait pour le monument du général Desaix sur la place des Victoires, et pour celui à élever sur la place de la Concorde.
Paris, 17 février 1806
NOTES POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR
Dans le courant du mois de mai, une partie de l'armée sera réunie à Paris. Il est convenable de préparer, dès à présent, le plan des fêtes qui lui seront données. Il faut le rendre public deux mois d'avance pour qu'il ait tout l'effet convenable.
1° La ville de Paris a arrêté de faire présent aux aigles de la Grande Armée de couronnes d'or; ce peut être le sujet d'une fête.
2° L'exposition des produits des manufactures et les récompenses à accorder à ceux qui seront jugés les meilleurs peuvent être un autre sujet de fête.
3° Un banquet donné par la ville de Paris à l'armée pourrait être un troisième sujet de fête.
4° La distribution des aigles aux 2,000 braves qui les ont gagnées dans cette campagne fournira un quatrième sujet de fête.
On peut encore en trouver d'autres.
Il faut que ce soit la ville de Paris qui reçoive l'armée. Il semble qu'on ne peut la faire représenter vraiment que par les différentes corporations qui, ayant des attributs et un cérémonial particuliers dans les circonstances où elles paraissent en public, peuvent mettre une grande variété dans ces fêtes. La ville de Paris sera compensée des dépenses qu'elle fera par l'accroissement de son octroi, d'autant plus que les officiers et soldats, qui recevront dans ces jours-là une gratification et une paye extraordinaires, feront beaucoup de dépenses.
Quelques combats de taureaux à la mode en Espagne ou des combats de bêtes féroces seraient, dans ces circonstances, des amusements qui plairaient à des guerriers.
Il n'y a pas non plus de plus belle occasion de poser la première pierre d'un monument.
Pour cette circonstance les théâtres ne sont pas assez nombreux. Sans former de nouvelles troupes, il faudrait que non-seulement l'Opéra et tous les théâtres donnassent pendant les huit jours que dureront les fêtes, mais que les différentes salles répandues dans Paris fussent occupées par les doubles différents théâtres.
Des courses de chevaux et même de chars pourraient aussi être d'un grand agrément.
Il faudrait que, dans les concerts que l'on donnera, soit aux Tuileries, soit au Luxembourg, soit ailleurs, on chantât des airs guerriers analogues aux circonstances, que l'on pût retenir et qui restassent.
Enfin il faut que tout excite l'enthousiasme et donne un nouvel éclat à l'esprit militaire.
Il faut aussi accélérer l'exposition du Salon qui doit avoir lieu cette année, et que le Muséum se trouve dans tout son éclat.
Paris, 17 février 1806
A M. Denon, directeur général des musées
Monsieur Denon, j'ai lu votre note sur le monument à élever par la ville de Paris; tout m'y a paru vague. Faites-moi connaître quelque chose de précis. Le Sénat, en votant la statue de la Paix, a suivi un usage romain. Je pense que, si les quatre anges qui sont au Muséum m'appartiennent et ne sont point des objets d'art, on pourrait les employer à ce monument. Le Sénat a sans doute accompagné sa délibération d'un développement qui doit décider le caractère à donner à cette statue. Je verrai avec plaisir la note des monuments que le Sénat a votés dans différentes circonstances, et celle des tableaux, statues et monuments que j'ai ordonné, car je désire que rien de ce que j'ai ordonné ne tombe dans l'oubli et que tout s'exécute.
Paris, 17 février 1806
NOTE POUR LE MINISTRE DES FINANCES
Le ministre des finances est invité à présenter
1° Un état par
départements des recettes de l'enregistrement, du timbre, des
greffes et des hypothèques, pendant les années X, XI, XII et
XIII, propre à faire connaître les différences qui peuvent
exister entre les produits de chacun de ces exercices;
2° Un rapport sur les mesures à prendre pour réduire les
obligations des receveurs généraux à des termes qui
n'excéderaient pas douze mois;
3° Un mémoire sur un projet d'établissement de receveurs de
l'indirect, et sur les termes à fixer pour le payement de leurs
obligations;
4° Un état des besoins présumés du trésor public pour le
service à faire annuellement dans chacune des divisions
militaires.
Paris, 17 février 1806
A M. Gaudin, ministre des finances
La ville de Marseille a des rentrées considérables; elle doit avoir des fonds. Voyez M. Français, de Nantes, et faites-moi un rapport pour activer la rentrée de ce que cette ville doit pour le vaisseau qu'elle a offert, en déduisant cependant ce qu'elle a déjà payé en centimes additionnels de guerre.
Paris, 16 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous me demandez mes ordres sur les 9e, 10e et 11ee bataillons du train de nouvelle formation. Mon intention est que ces bataillons soient conservés, mais qu'il n'en soit pas fait de dédoublement, c'est-à-dire de bataillons bis. Donnez donc des ordres pour réincorporer dans les bataillons principaux ce qui aurait formé les bataillons bis pour ces trois numéros. Complétez ces bataillons et mettez-les en état de partir.
Préparez-moi un travail général sur l'artillerie. Mon intention est d'avoir pour le service des 27e et 28e divisions militaires une seule école à Alexandrie. On pourra, s'il est nécessaire, continuer à la laisser à Turin. Il y aura dans cette école un régiment d'artillerie à pied et un régiment d'artillerie à cheval, qui feront le service de Gênes et des 27e et 28e divisions militaires.
Un régiment d'artillerie à pied sera destiné à faire le service de l'armée de Naples et de l'armée qui est en Italie, savoir : un bataillon complet à l'armée de Naples et un autre à celle d'Italie.
Le bataillon qui sera dans le royaume d'Italie sera placé à Padoue; il sera employé au service de Venise; celui qui sera destiné pour le royaume de Naples aura son école à Naples. Il y aura aussi un régiment d'artillerie à cheval pour l'armée d'Italie, lequel tiendra un escadron détaché à l'armée de Naples.
Il y aura deux bataillons principaux du train à l'armée de Naples et deux à l'armée d'Italie; il n'en restera donc plus que sept pour l'intérieur de la France.
Les établissements français en Italie seront spécialement concentré à Alexandrie; et, en attendant que cette place puisse jouer le rôle auquel elle est destinée, on pourra, si on le juge convenable, le laisser provisoirement à Turin. Les établissements provisoires d'armée pour l'armée d'Italie seront à Padoue.
Cependant, pendant bien des années encore, il faut que les arsenaux et établissements de Grenoble soient tenus en état, soit qu'on y travaille ou non, de sorte qu'au premier événement on puisse les réouvrir pour défendre les Alpes.
Tous les magasins d'artillerie appartenant à la France devant le plus possible être concentrés dans Alexandrie, on ne doit avoir ailleurs d'autres magasins que des dépôts, et l'armée d'Italie elle-même ne doit avoir qu'au delà de Mantoue. Enfin recommandez bien à tous les officiers d'artillerie qui sont en Italie de renfermer tous les canons et les magasins dans les places fortes. Je n'ai besoin, du reste, surtout dans ce moment-ci, d'aucun mouvement extraordinaire d'artillerie de France en Italie; il faut attendre la belle saison.
Paris, 17 février 1806
A M. Bérenger
Je vous envoie un état d'approvisionnements de siège; comme mon intention est d'ordonner un jour la vente de ces approvisionnements, et d'en verser le produit dans la caisse d'amortissement, pour reformer le fonds d'effets militaires, je désire que vous gardiez ces états avec soin, afin que je puisse comparer ce que la vente m'en rendra avec ce qu'ils m'ont coûté.
Paris, 17 février 1806
Au général Dejean
J'ai parcouru avec intérêt les états de l'habillement de toutes les armes. J'ai vu qu'il était dû encore aujourd'hui 93,000 habits sur l'an XIII. L'état est bien fait, mais il a besoin d'une colonne de plus qui fasse connaître combien d'habits étaient dus aux corps pour l'an XIII-XIV jusqu'au 1er janvier 1806. Faites-moi donc refaire cet état avec cette colonne de plus; et, pour abréger le travail des bureaux je vous renvoie le même état. Vous ferez mettre en bas les additions.
Rapportez-moi cet état mercredi.
Paris, 11 février 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, le courrier Floquet a dû vous porter une lettre du 14. Vous ne pouviez pas l'avoir reçue quand vous m'avez écrit vôtre lettre du 12. J'espère que ce courrier sera arrivé le 19 ou le 20.
Dans la crainte qu'il ne lui soit arrivé quelque accident, je vous envoie copie de la lettre que je vous ai écrite, où vous verrez que je réponds à toutes vos questions. Aussi vous devez être hors d'embarras, et les justes sollicitudes que vous me montrez par votre lettre du 12 février se trouvent levées.
Par votre lettre du 9 février, vous me demandez mes ordres pour l'artillerie du Tyrol. Je vous autorise à en faire présent au roi de Bavière avec tous les bois, munitions, etc., qui s'y trouvent. A l'occasion de ce nouveau don, que je lui fais, vous lui écrirez une lettre convenable.
Je vous recommande de nouveau, et avec la dernière instance, l'armure de François ler, qui est dans un château du Tyrol. Faites-la venir à Munich, et apportez-la vous-même à Paris; je la recevrai en séance et avec apparat.
Je suis ici occupé plus que vous ne le pouvez concevoir. Marbois m'avait tout mis dans un désordre inimaginable ; mais à présent tout va bien. Je vous verrai avec plaisir, du moment que la situation de mes affaires me permettra de vous autoriser à revenir.
Paris, 17 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, faites-moi connaître votre opinion sur les remplacements à faire des évêchés vacants. Il faudrait y nommer des prêtres qui me fussent très-attachés, sans aller chercher de vieux cardinaux, qui, dans des événements, ne nous seconderaient pas.
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Envoyez-moi un état de situation de mon armée italienne; le dernier que j'ai est du mois de juillet.
Je vous ai envoyé un préfet maritime.
Paris, 18 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, mon intention est qu'on achève le Panthéon le plus promptement possible, et que, dès le mois de mars, les travaux soient dans une grande activité. Sur le fonds de cinq millions qui est à la caisse d'amortissement, provenant du produit des droits sur les exportations des blés, mon intention est que vingt pour cent soient destinés à l'achat de 100,000 quintaux de blés , et vingt pour cent pour les travaux d'embellissement de Paris; ce qui fait un million pour achat de blés et un million pour les travaux Paris. Toutes les recettes qui proviendront du même objet seront affectées dans la même proportion à ces deux destinations.
Vous emploierez le million destiné aux travaux de Paris de la manière suivante : 500,000 francs pour les travaux à faire cette année au Panthéon, et 500,000 francs pour l'érection d'un arc triomphe à l'entrée des boulevards, près du lieu où était la Bastille, de manière qu'en entrant dans le faubourg Saint-Antoine on passe sous cet arc de triomphe.
Paris, 18 février 1806
A M. Mollien
Monsieur Mollien, je reçois votre rapport de ce jour. Comme la Banque ne fait rien de son argent, elle pourrait bien escompter vos 5,600,000 francs de lettres de change sur les différentes places. Vous pouvez régler votre compte avec la caisse d'amortissement; et je désire que les effets que vous devez lui donner en remplacement lui soient versés dans la semaine, afin qu'elle ait son compte toujours en règle.
Activez vos payements, mettez-vous, sous ce point de vue, à jour. La caisse d'amortissement, qui a cinq millions appartenant aux ponts et chaussées, peut fort bien vous les prêter en échange des valeurs à plus long terme; elle peut aussi vous donner quatre millions sur les bois qu'elle a aux communes; ce qui fera neuf millions que vous fournira la caisse d'amortissement, et qui vous serviront à mettre à jour vos payements.
Paris, 18 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, j'imagine qu'on ne fait aucune réquisition de gardes nationales dans la 5e division militaire. Écrivez positivement au maréchal Kellermann que je n'en veux pas , et qu'on laisse les citoyens tranquilles.
Paris, 18 janvier 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je ne puis accorder mon estime à M. Camelet ni à votre architecte ; je les ai chassés l'un et l'autre de chez moi. Il es absurde qu'on ait dépensé 1,500,000 francs dans une maison si petite que la vôtre, et ce qu'on y a fait ne vaut pas le quart de cette somme. Ayez donc soin de ne rien faire qu'avec des devis arrêtés. Au reste, ne vous mêlez pas de votre maison; j'y ai mis embargo. Quand vous viendrez à Paris, d'ailleurs, vous logerez dans mon palais.
Paris, 18 février 1806
Au général Junot
Monsieur le Général Junot, je ne suis point content de votre extrême indulgence. Sans un exemple sévère, les peuples d'Italie seront toujours prêts à se révolter. Vous me parlez toujours de leurs plaintes, mais d'une manière vague, et jamais de qui ni de quoi ils se plaignent. Comment pouvez-vous me dire qu'il n'y a dans l'État de Parme que six coupables, quand plusieurs milliers d'hommes ont été sous les armes pendant deux mois, ont pendant deux mois constamment sonné le tocsin et résisté à mes troupes ? Vos dépêches ne sont pas assez précises. Votre indulgence est mollesse. Faites-moi la chasse à 5 ou 600 brigands qui sont dans ce pays, et envoyez-en plusieurs centaines aux galères. Ne les cajolez point trop.
Faites-moi connaître la conduite qu'a tenue Moreau de Saint-Méry et les charges qu'il y a contre lui.
Vous dites qu'il n'y a point eu de blessés , et l'on m'assure qu'il y a eu des gendarmes de tués. Certainement je n'ai point d'inquiétudes pour l'État de Parme; mais j'en ai pour les suites que cela peut avoir en Italie, si je réprimais aussi mollement une aussi grande et sérieuse rébellion. Je n'adopte point votre distinction. Quand on se révolte contre mes agents, on se révolte contre moi. Vous ne connaissez pas ces gens-ci. Vous me parlez du rétablissement de l'ordre moral comme d'une chose difficile. Que vous faut-il pour réprimer le désordre qui existe ? Les pouvoirs ? Vous les avez. Vous avez un administrateur qui vous est subordonné et qui est capable de faire le bien. L'idée de concentrer tous les pouvoirs dans les mains d'un gouverneur général à Gênes est une idée qui n'est pas bonne. La marche de l'administration est une; une administration particulière ne peut qu'y apporter du désordre. Cela est bon pour la police seulement, et, dans ce sens, le général Menou à Turin et l'architrésorier à Gênes ont des pouvoirs convenables.
Voilà plus d'un mois que vous êtes dans le pays, et je n'ai encore reçu de vous aucun mémoire qui me fasse connaître en détail la véritable situation des choses et les dispositions à prendre. Je ne suis pas plus avancé après la lecture de votre correspondance qu'avant. Faites arrêter Duplan et Platestanes , et envoyez-moi-les sous bonne et sûre garde à Paris , avec toutes les charges que vous avez contre eux; mais, avant, soyez bien sûr qu'ils sont coupables.
Envoyez-moi les originaux des ordres que l'administrateur général a donnés à l'hôpital de Parme d'acheter les biens que ces messieurs se sont fait adjuger à quatre pour cent de perte au-dessous de l'estimation. Mais prenez garde; ne vous livrez pas aux hommes qui en veulent toujours à ceux qui, les premiers, nous ont servis.
Je m'occupe de Parme comme des autres pays. Vous ne m'éclairez pas suffisamment sur ce qu'il y a à faire.
Toutes les pensions civiles et militaires sont liquidées, ainsi que le travail de M. Bérenger.
Vous avez, encore une fois, des pleins pouvoirs. Ne laissez que les affaires d'argent dans les mains du préfet; vous avez des pleins pouvoirs pour tout le reste. Il est inutile de faire des modifications aux lois françaises.
J'ai ordonné que le directeur de l'enregistrement qui était à Parme partît demain pour s'y rendre. On m'en dit beaucoup de bien. Faites-moi connaître le nom des sous-préfets. J'ai envoyé un commissaire général pour administrer les tribunaux, lequel ne tardera pas à arriver ; c'est un homme capable. Mais ne gâtez pas ce peuple. Je veux qu'il fournisse sa conscription, et qu'il soit tranquille.
J'ai ordonné qu'on ne laissât à Parme que le 3e d'infanterie légère; ayez soin de ce régiment : disciplinez-le, et tenez-le en bon état.
Paris, 18 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, ayez soin que les approvisionnements de siége ne soient pas gaspillés. Ne faites point confectionner de biscuit à Venise; j'en ai une grande quantité à Mantoue et dans les autres places d'Italie; faites-en transporter à Palmanova. Je ne veux point faire d'autres approvisionnements que dans cette place, puisque bientôt je serai obligé de vendre ceux de mes places d'Italie. Mais veillez à ce que les magasins de Naples ne soient point gaspillés ; je m'en ferai rendre un compte sévère à mon premier voyage en Italie. Ce peut être au premier moment, et je m'y trouverai bientôt, car j'irai incognito, en chaise de poste , avec un aide de camp et un valet de chambre. J'imagine que je trouverai à Milan des chevaux et des voitures.
Paris, 18 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, M. Aldini vous enverra mon décret pour les approvisionnements de Palmanova. Il faut prévoir le cas où les Anglais intercepteraient la communication de Venise avec la Dalmatie. Il faut donc envoyer 400,000 rations de biscuit en Dalmatie.
Paris, 18 février 1806
Au prince Joseph
Mon Frère, je reçois votre lettre du 8 février. Vous devez avoir reçu la proclamation que j'avais faite à mon armée de Schoenbrunn, et que j'avais gardée en réserve. Il n'y a plus de ménagements à garder. A l'heure qu'il est, vous êtes maître de Naples et sur le point de surprendre le passage de Sicile. C'est le grand but où il faut tâcher d'arriver.
La Prusse a reconnu déjà tous les arrangements de Naples. Il faut intituler vos actes, Joseph Napoléon; il est inutile de mettre Bonaparte.
Paris, 19 février 1806
A M. Champagny
Sa Majesté désire que le ministre de l'intérieur lui présente incessamment un projet de décret pour dispenser formellement de toute espèce de service militaire tous les ecclésiastiques engagés dans les ordres.
Sa Majesté me charge de
vous réitérer l'invitation de faire connaître son
mécontentement au préfet de la Meurthe, ce magistrat n'ayant pu
ignorer que le Procureur Général était exempt par la loi, et
que l'évêque l'était par toutes les convenances; qu'il n'y a
dans la conduite du préfet une sorte d'inconsidération,
peut-être même des
principes de mépris pour l'épiscopat, qui doivent surprendre
extrêmement dans un fonctionnaire public, qui ne doit pas
ignorer à que1 point le clergé a bien servi l'État dans toutes
les circonstances importantes et surtout pour ce qui concerne la
conscription; et que c'est avec beaucoup de peine que Sa Majesté
a vu qu'on s'est permis à Nancy ce qu'on n'aurait pas fait dans
cette ville en 1793.
Le ministre secrétaire d'État, par ordre de l'Empereur.
Paris, 19 février 1806
NOTE POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR
Sa Majesté désire que le ministre de l'intérieur fasse proposer à la première classe de l'Institut les questions suivantes :
Quels avantages ou quels inconvénients y aurait-il à faire les piliers du Panthéon en fonte ?
Quel est le rapport de la ténacité de la fonte à l'espèce de pierre qui a servi à la construction du Panthéon ?
Quel est son rapport avec la pierre de Tonnerre ?
Que coûterait la construction, soit en fonte, soit en pierre du Panthéon , soit en pierre de Tonnerre ?
L'élégance du bâtiment perdrait-elle au renforcement des piliers ?
Le renforcement serait-il inutile en construisant les piliers en fonte ?
Paris, 19 février 1806
A M. Denon
Sa Majesté désire, Monsieur, que vous lui présentiez vos vues sur un monument à élever au général Leclerc.
Ce monument serait placé dans l'église Sainte-Geneviève.
Il convient qu'il ait plus de magnificence que celui qu'on vient d'exécuter pour le général Desaix. Sa Majesté croit qu'il y aurait de l'avantage, pour l'effet et pour l'art, à faire la statue en pied, comme dans les siècles passés.
Paris, 19 février 1806
Au général Junot
Je vois avec plaisir que le village de Mezzano, qui a le premier pris les armes, sera brûlé. Donnez un grand éclat à cette exécution; faites-en faire une grande description dans tous les journaux. Il y aura beaucoup d'humanité et de clémence dans cet acte de rigueur, parce qu'il préviendra d'autres révoltes.
Vos lettres sont toujours datées de Parme; je ne vois pas que vous ayez été à Bardi, à Borgo-di-Taro, et dans toute la vallée. Je désire que vous vous portiez partout, et qu'il n'y ai pas un gros bourg que vous n'ayez vu. Parlez ferme et faites sentir aux habitants l'énormité de leur crime. L'évêque de Plaisance a plusieurs prêtres, malheureux scélérats, en prison; faites-les traduire devant une commission militaire. Je n'ai pas besoin de l'évêque de Plaisance pour punir ceux qui désobéissent à mes lois. Ne souffrez pas que l'on dise dans le public du mal des administrateurs qui ont précédé; n'en parlez qu'à moi; mais instruisez-moi de tout; j'en ferai un sévère exemple.
Quoique Bobbio ne soit pas de votre arrondissement, rendez-vous-y aussi. Visitez toutes les montagnes. Je veux faire bientôt commencer un chemin de Plaisance à Sestri ; vous devez avoir des ingénieurs des ponts et chaussées.
Paris, 19 février 1806
INSTRUCTIONS POUR LE CAPITAINE DE VAISSEAU MEYNE
Monsieur Meyne, Capitaine de nos vaisseaux, nous avons fait choix de vous pour commander une division composée de nos frégates l'Armide, la Gloire, la Thétis et la Minerve, à l'effet de suivre d'abord, sous les ordres du contre-amiral Allemand commandant une de nos escadres, la destination que nous lui avons donnée, et qui a pour objet d'intercepter le commerce des Anglais, Suédois et Russes à l'entrée de la mer de Danemark. Vous ferez donc partie de cette escadre jusqu'au moment où le contre-amiral vous fera le signal de suivre votre destination particulière. La croisière de cet officier général ne durera qu'autant que le comporteront les événements et le calcul des chances d'être plus tôt ou plus tard découvert par des forces supérieures de l'ennemi.
Lorsque le contre-amiral Allemand vous aura fait le signal de suivre votre destination particulière, vous rallierez les frégates sous vos ordres, pour manuvrer d'une manière indépendante et conforme à ce que nous allons vous prescrire par les présentes instructions.
Notre intention est qu'alors vous vous portiez sans délai dans les mers du Groenland et du Spitzberg pour y détruire la pêche de l'ennemi.
Nous vous faisons connaître, par une copie d'instructions jointes à celles-ci, les opérations dont nous avons chargé dans ces mers notre capitaine de frégate Leduc commandant l'une de nos divisions. Nous attendons qu'il parviendra à y détruire une grande partie des pêcheurs ennemis; mais votre opération a pour but d'arrêter tous ceux qui lui auraient échappé et qui dans leur dispersion feraient leur retour.
Votre arrivée dans ces mers aura encore cet avantage de lui procurer un renfort considérable, dans le cas où l'ennemi, ayant été prévenu de sa mission, y aurait envoyé des forces.
Il ne peut rien être précisé sur les moyens d'opérer votre réunion avec cette première division, puisque ces opérations dépendront des temps, de la mer et de la situation des glaces.
Mais les mêmes éléments qui auront guidé sa marche devant régler la vôtre, il est probable que vous la rencontrerez facilement ou que vous vous procurerez de ses nouvelles.
Si vous vous réunissez au capitaine Leduc, la division qu'il commande se trouvera sous vos ordres, et alors vous donnerez à la destruction des pêcheurs une extension proportionnée à celle de vos forces. En conséquence, vous partagerez la division en autant de parties que vous le jugerez convenable pour le plus grand et le plus prompt succès de vos opérations.
Il ne sera pas inutile d'établir, au commencement du mois d'août, deux bâtiments en croisière sur le parallèle et à peu de distance du cap Nord , en Laponie, pour intercepter les bâtiments anglais et russes qui, vers cette époque font leur retour de la mer Blanche.
Lorsque vous jugerez à propos de quitter les mers du Nord, vous partagerez votre division de manière à occuper successivement les différents points de croisière qui sont indiqués dans nos instructions au capitaine Leduc. Vous donnerez aux divers bâtiments tels points de réunion que vous jugerez convenables. Vous les tiendrez réunis autant que vous le voudrez , et vous pourrez aussi détacher définitivement le capitaine Leduc avec sa division pour se porter dans des parages opposés à ceux que vous parcourrez vous-même. Vous lui recommanderez de ne s'y maintenir que le temps opportun pour que l'ennemi n'ait pas celui de s'y joindre, et de les quitter sous toutes voiles pour se rendre à de grandes distances dès qu'il se croira découvert.
Cette partie de votre mission dépend encore des événements qui vous seront survenus dans votre campagne, de l'état de nos bâtiments et de vos vivres; et nous en subordonnons l'objet à votre discernement et votre expérience.
Vous suivrez à l'égard des prisonniers la même mesure qui est prescrite au capitaine de frégate Leduc, soit qu'il s'agisse de les expédier en parlementaires, soit que vous croyiez devoir les débarquer sur les côtes voisines.
En même temps que vous établirez deux bâtiments en croisière sur le cap Nord pour intercepter ceux qui viennent de la mer Blanche, vous pourrez revenir avec les cinq autres en croisière à l'entrée de la Baltique, pour vous emparer des bâtiments qui en sortent vers le mois de septembre.
Vous y détruirez tous les bâtiments que vous aurez peu d'espérance d'amener dans nos ports ou ceux de nos alliés. Cependant, si vous faisiez des captures qui s'élevassent à plusieurs millions et que vous eussiez un approvisionnement de vivres suffisant, vous êtes autorisé à les réunir en convoi pour les conduire aux Antilles. Ceci est laissé à votre libre disposition et au parti que vous croirez devoir prendre dans le plus grand intérêt de notre service.
Jusqu'à présent nous avons supposé que vous avez rencontré dans la mer du Nord notre division aux ordres du capitaine Leduc. Si cela n'avait pas eu lieu, vous opéreriez dans cette mer comme si ses instructions vous avaient été adressées à vous-même et à vous seul.
Mais, après une courte croisière sur le cap Farewell, vous ferez en sorte de vous retrouver à l'entrée de la Baltique dans les premiers jours de septembre, pour continuer ensuite vos opérations dans le sens de ce qui vient de vous être prescrit par les présentes instructions.
En vous les donnant, nous avons eu pour but de vous faire connaître les points principaux de l'expédition que nous avons conçue et dont nous vous chargeons supérieurement. Mais nous n'entendons pas y avoir tout prévu, et nous nous en rapportons à votre zèle, votre discernement et votre courage, sur les modifications que les circonstances pourront exiger dans leur exécution pour le plus grand intérêt de notre service.
Lorsqu'il vous sera impossible de tenir la mer plus longtemps, vous rentrerez dans celui de nos ports que vous pourrez atteindre.
Fait en notre palais des Tuileries et signé de notre main, à Paris, ce 19 février 1806.
(En marge du registre de la marine qui contient ces instructions, on lit "Annulées : ces instructions ne sont ici portées que comme projet de croisière.")
Paris, 19 février 1806
INSTRUCTIONS POUR LE CAPITAINE DE FRÉGATE LEDUC
Monsieur Leduc, Capitaine de frégate, ayant résolu de porter une division de nos forces navales dans les mers du Nord pour y détruire la pêche que nos ennemis y ont faite jusqu'à ce jour avec sécurité nous avons fait choix de vous pour commander nos frégates la Syrène, la Guerrière et la Revanche, que nous destinons à cette expédition.
Les présentes instructions vous feront connaître le plan des opérations dont nous entendons vous charger.
Les frégates que nous venons de dénommer doivent être pourvues de quatre mois d'eau et sept mois de vivres. Elles mettront sous voiles, sous votre commandement, aussitôt qu'il se présentera une circonstance favorable pour leur appareillage.
Elles dirigeront leur route de manière à arriver dans les mers du Groenland et du Spitzberg vers le 20 mai.
Si votre départ a lieu à une époque qui vous laisse trop de temps pour cette traversée, vous croiserez sur les Acores, à trente lieues environ dans le nord-ouest de Corvo et Flores, jusqu'à l'époque présumée où vous devrez faire route pour le Nord, de manière à arriver vers le 20 mai sur les parages de vos opérations.
Il est bien entendu que ce point de croisière ne vous est désigné qu'autant qu'il concorderait avec la durée du temps dont vous pourrez disposer. Vous êtes le maître de le transférer partout où vous le jugerez convenable.
En vous dirigeant vers les mers du Nord, vous ferez en sorte de n'être aperçu ni des bâtiments qui naviguent aux environs des côtes d'Islande, ni des îles Feroë. Il sera donc convenable que vous passiez à mi-canal de ces îles.
On ne peut point assigner jusqu'à quelle latitude notre division devra se porter, attendu que cette navigation dépendra du plus ou moins de difficultés que lui présentera l'état de la mer et des glaces dans ces latitudes élevées.
On ne peut pas non plus désigner les méridiens qu'elle devra plus particulièrement parcourir, les circonstances précitées décidant essentiellement les points que les pêcheurs peuvent occuper.
Nos frégates, sous votre commandement, devront toujours être prêtes à combattre; mais elles s'attacheront à masquer leurs batteries et leur pavillon, de manière à n'être pas connues comme bâtiments de guerre.
Notre division évitera, autant que possible, la rencontre des bâtiments isolés, dans sa traversée; et c'est lorsqu'elle sera arrivée aussi nord qu'elle pourra parvenir, qu'elle commencera ses opérations.
Elle se divisera, pour le plus grand succès, ainsi que vous le jugerez à propos.
Elle détruira, dans sa traversée du sud au nord, tous les bâtiments anglais, suédois et russes, qu'elle ne pourra éviter.
Parvenue aux plus hautes latitudes qu'elle pourra atteindre, elle détruira, avec toute l'activité possible, les nombreux baleiniers de nos ennemis qui s'y trouvent. Elle suivra ses opérations de la même manière en redescendant vers l'Islande, et en se portant sur tous les points où ils sont réunis en plus grand nombre.
Après avoir ainsi balayé tous les parages où elle aura pu se porter, notre division pourra se partager en deux parties pour doubler l'Islande : une frégate passerait à l'ouest de cette île et du cap Nord; elle détruirait tous les pêcheurs ennemis qui se trouveront sur sa partie occidentale; en même temps les deux autres frégates passeront à l'est de la pointe de Langanes, pour doubler la partie orientale de l'Islande, opérant de la même manière.
Par ce moyen cette île sera contournée, à l'ouest par une frégate, et à l'est par deux autres; et toute la pêche de l'ennemi sur ces côtes devra être cernée et détruite. Ceci est subordonné à l'opinion que vous vous serez formée de la position de la pêche et des forces de l'ennemi.
Vous désignerez le point de réunion de la division, et vous lui donnerez d'ailleurs tel point de rendez-vous que vous jugerez convenable, en cas de séparation.
Le port de Patrecks-Fjörd, situé à la côte nord-ouest de l'Islande, par 66° 20' de latitude, pourrait être désigné; mais on ignore la protection que des bâtiments de guerre y trouveraient, et, à moins de renseignements satisfaisants à cet égard que vous obtiendriez, il faut éviter les relâches dans les ports, dans tous les cas qui ne l'exigeront pas.
Un point de rendez-vous, pour des bâtiments en état de tenir la mer, est préférable à la voile sur des points donnés de l'Islande, parce qu'on ne peut y être ni surpris ni bloqué par l'ennemi.
Après avoir donné à vos opérations dans ces mers toute l'extension que permettront les circonstances et que comportent votre intelligence et votre dévouement pour notre service,, vous dirigerez celles ultérieures d'après la saison où vous vous trouverez avoir terminé les précédentes et les renseignements que vous vous serez procurés.
Vous pourrez vous porter sur le cap Farewell, situé par 59° 34' de latitude, pour y intercepter les baleiniers et les navires qui sortent du détroit de Davis et de la baie d'Hudson. Pour cela vous établiriez votre croisière par échelons de quinze à seize lieues du-dit cap.
Vous ne devrez pas rester dans ces parages après le 15 août, parce qu'alors la navigation en est fermée.
De là vous vous porterez sur la côte nord-ouest d'Écosse. Vous détruirez tous les bâtiments ennemis que vous pourrez rencontrer. La majeure partie de cette côte étant sans défense, vous y ferez tous les débarquements que vous jugerez praticables, soit pour enlever des bâtiments dans des ports ou anses, soit pour insulter et détruire les faibles batteries que l'ennemi peut y avoir. Vous vous attacherez principalement à casser les tourillons des canons qui s'y trouveraient.
Vous descendrez, en opérant de la même manière et avec rapidité, sur la côte occidentale d'Irlande.
Vous ne la prolongerez pas au delà des approches du Shannon , où vous pourriez trouver les croisières de l'ennemi , et de ce point vous vous porterez en croisière sur le banc de la Grande-Sole. C'est par les 49 degrés de latitude nord, dans le parage compris entre le 22e et le 17e degré de longitude occidentale, que passent ordinairement tous les bâtiments qui, pour atterrir sur l'Angleterre, vont chercher la sonde du banc des Soles; et vous y resterez aussi longtemps que vous pourrez présumer que votre station n'y sera pas connue.
Avant de vous diriger de l'Écosse sur l'Irlande, vous aurez pu établir une croisière de quelques jours à l'entrée du canal Saint- Georges.
Du banc des Soles, si vos vivres vous le permettent, vous irez établir une nouvelle croisière entre Madère et les Acores, et tout le temps qu'il vous sera possible de passer à la mer sera employé aux diverses stations où vous jugerez pouvoir troubler le commerce de l'ennemi, avec l'attention de ne rester dans les divers parages que vous occuperez que le temps que vous présumerez n'y être pas découvert par les avis que pourraient donner les neutres et les bâtiments ennemis qui vous auraient échappé.
L'art consiste à faire subsister la guerre par les succès qu'elle procure.
Nous vous avons ordonné de détruire tous les pêcheurs qui tomberont en votre pouvoir; vous prendrez préalablement sur chacun d'eux tous les agrès, munitions, vivres et eau, qu'ils pourront vous fournir, pour vous mettre à même de prolonger le plus possible votre campagne, que nous vous autorisons à porter jusqu'à quatorze mois, si cela dépend de vous.
Quant à l'eau, il vous aura été facile de la remplacer par les glaces dans les latitudes élevées.
Dans tout le cours de votre mission, vous n'amarinerez que ceux des bâtiments de grande importance que vous aurez la probabilité d'introduire dans nos ports et ceux de nos alliés. Vous coulerez ou brûlerez tous les autres.
Vous pourrez conduire et vendre aux Canaries ceux qui, par leur richesse, mériteront d'être conservés; et, partout où vous seriez obligé de relâcher, il faut faire en sorte que les dépenses de votre relâche soient couvertes par le produit de vos prises.
Les prisonniers que vous ferez devront être réunis sur celles de vos prises que vous choisirez, et, comme leur nombre ne ferait que vous embarrasser, vous les ferez mettre à terre, dans la première partie de votre mission, sur tel point de la Laponie danoise ou de la Norvège que vous jugerez à propos. Lorsque vous descendrez dans les latitudes plus méridionales, vous pourrez les expédier en parlementaires pour l'Angleterre, dès que vous aurez touché dans un port quelconque de nos alliés. Si ces bâtiments chargés de prisonniers vous occasionnaient de trop graves embarras avant vos relâches, vous ne les expédieriez en pleine mer que sur des navires qui n'auraient point de Français à bord.
Vous êtes autorisé à employer sur notre division tous les marins étrangers qui désireront y prendre service, et à y contraindre ceux des neutres que vous trouveriez sur des bâtiments ennemis, en tant que leurs services vous paraîtront utiles.
En vous donnant les présentes instructions, nous avons eu pour but de vous faire connaître le but principal de l'expédition que nous avons conçue et dont nous vous chargeons. Il consiste à causer le plus grand préjudice à l'ennemi par la destruction de sa pêche dans les mers du Nord, et sur tous les points où vous conjecturerez ensuite pouvoir vous porter à des entreprises qui lui seront nuisibles.
Nous vous prescrivons aussi de prolonger votre croisière autant qu'il sera possible, soit par vos propres moyens, soit par ceux que vous procureront vos prises.
Lorsqu'il vous sera devenu impossible de tenir plus longtemps la mer, vous rentrerez dans celui de nos ports que vous pourrez atteindre.
Au surplus, comme nous n'entendons pas avoir tout prévu dans les présentes instructions, nous nous en rapportons à votre discernement, votre expérience et votre courage, sur les modifications que les circonstances pourront exiger, dans leur exécution, pour le plus grand intérêt de notre service.
Fait en notre palais des Tuileries, et signé de notre main, à Paris, le 19 février 1806.
Paris, 19 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 14. J'ai vu avec plaisir la bonne conduite des Milanais lors de votre arrivée. J'attendrai votre travail sur les domaines nationaux du pays vénitien. Ce dont je me plains relativement à l'exécution de mes ordres militaires, c'est que le 3e régiment d'infanterie légère ne soit pas encore arrivé à Parme. La mesure de la levée des gardes nationales aura coûté de l'argent, aura été une raison de désordre, et ne pouvait rien produire de bon; fallait-il tout au plus demander au duché de Parme un bataillon au lieu de 12,000 hommes. Ce sont des choses passées; je ne vous en parle que pour l'expérience de l'avenir; il faut marcher un peu doucement.
Paris, 20 février 1806
NOTES POUR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, DICTÉES EN SÉANCE DU CONSEIL D'ÉTAT.
l° Le ministre de l'intérieur présentera un projet de décret pour arrêter définitivement le plan de la place du Panthéon. Cette place embrassera l'espace tracé en ligne rouge sur la plan qui a été dressé. Elle doit être faite dans trois ans, afin qu'elle se trouve terminée lorsque la nouvelle destination du Panthéon sera en activité.
2° On assure que la cour de cassation n'est pas établie d'une manière convenable au Palais de Justice. Sa Majesté désire que le ministre de l'intérieur prenne connaissance de l'établissement actuel et des moyens à adopter pour l'améliorer, soit en transportant le tribunal criminel au Temple et la prison d'État à Vincennes, soit de toute autre manière.
Le ministre visitera en même temps la maison du dépôt existant à la préfecture de police, pour en rendre compte à Sa Majesté, dont l'intention est que ce lieu, où les personnes même les plus innocentes peuvent se trouver conduites, soit tel que, du moins, on n'y éprouve aucune privation.
MM. Bigot de Préameneu, Regnaud et Cretet ayant déjà été chargés de l'exécution des intentions de Sa Majesté, le ministre trouvera convenable de se faire accompagner par eux.
Paris, 20 février 1806
OBSERVATIONS SUR LE BUDGET DE LA VILLE DE PARIS, DICTÉE EN CONSEIL D'ADMINISTRATION
Les différents articles de dépenses proposés pour 1806 ayant été mis successivement en discussion, Sa Majesté prescrit les dispositions et les réductions suivantes :
TITRE 1er
PREMIÈRE SECTION
DÉPENSES MUNICIPALES ORDINAIRES
CHAPITRE Ier - PRÉFECTURE, MAIRIE CENTRALE
Les dépenses de ce chapitre montant à 70,500 francs sont allouées.
CHAPITRE II. - MAIRIES D'ARRONDISSEMENT
ARTICLE ler- Loyer de bâtiments : 37,960 francs 70 centimes. Cette dépense est allouée pour cette année; mais Sa Majesté désire que le ministre de l' intérieur présente un projet pour que les mairies soient établies dans des bâtiments appartenant à la commune, soit bâtiments nationaux, soit maisons des hôpitaux.
Les autres dépenses sont allouées.
CHAPITRE III. - RÉPARTITION ET CONTENTIEUX DES CONTRIBUTIONS
Ce chapitre, dont les demandes s'élèvent 159,783 francs 31 centimes, n'est alloué que pour 140,000 francs.
Les demandes des chapitres IV, V et VI sont allouées.
CHAPITRE VII - INSTRUCTION PUBLIQUE.
La demande pour ce chapitre est de 76,290 francs.
La somme allouée est réduite à 55,000 francs.
CHAPITRE VIII. - GARDE MUNICIPALE.
Les demandes de ce chapitre s'élèvent à la somme de 1,920,890 francs. Cette dépense est allouée pour 1,500,000 francs.
Sa Majesté charge M. Lacuée de lui présenter un projet de décret pour établir que la commune ne doit payer que des masses à la garde municipale, et de décharger les maires de Paris de l'obligation de passer les revues, qui seront faites désormais par M. Chadelas, inspecteur aux revues de la garde impériale, désigné à cet effet par Sa Majesté.
M. Lacuée est chargé de prendre connaissance de ce qui concerne les 73 adjudants de place dont la solde est portée pour une somme de 168,298 francs, et d'examiner, 1° s'ils ont des brevets de l'Empereur; 2° si, en exécution des décrets, ils ne devraient pas être réduits à 24, à mesure des vacances; 3° si, des vacances ayant eu lieu, on a néanmoins procédé au remplacement.
M. Chadelas vérifiera si ces officiers ont été payés suivant les règles de la comptabilité. Dans le cas où les payements auraient été faits irrégulièrement, ils ne seraient pas passés en compte au receveur général payeur et demeureraient à sa charge.
CHAPITRE IX. - OUVRIERS POMPIERS.
Les demandes s'élèvent à 347,346 francs.
Cette dépense n'est allouée que pour la somme de 240,000 francs.
CHAPITRE X. - GRANDE VOIRIE.
Les demandes s'élèvent à 103,885 francs.
Cette dépense n'est allouée que pour la somme de 60,000 francs. Dans les sommes demandées se trouve, article 4, celle de 50,000 francs pour indemnités de retranchements de terrains cédés par suite d'alignement.
M. Regnaud ayant fait des observations contre la décision qui autorise ces indemnités, Sa Majesté le charge de lui faire un rapport particulier sur cet objet.
CHAPITRE XI. - DIRECTION DES TRAVAUX PUBLICS.
La somme demandée pour ce chapitre est allouée.
CHAPITRE XII. - TRAVAUX D'ARCHITECTURE.
Les demandes pour ce chapitre s'élèvent à 128,350 francs.
Cette dépense n'est allouée que pour la somme de 80,000 francs.
CHAPITRE XIII. - CARRIÈRES.
La dépense de ce chapitre est allouée.
CHAPITRE XIV. - TRAVAUX HYDRAULIQUES.
La demande pour ce chapitre est de 42,500 francs.
Elle n'est allouée que pour 36,000 francs.
A l'occasion de ce chapitre, on remarque qu'il y a deux divisions de travaux hydrauliques. Sa Majesté charge le ministre de l'intérieur de lui proposer, pour l'an 1807, la réunion de ces deux divisions.
CHAPITRE XV. - CULTES.
La demande pour ce chapitre est de 138,033 francs.
Elle n'est allouée que pour 120,000 francs.
Les demandes pour les chapitres XVI et XVII sont allouées.
CHAPITRE XVIII. - COMPAGNIES DE RÉSERVE.
Les demandes pour ce chapitre s'élèvent à 110,966 francs.
La dépense n'est allouée que pour 80,000 francs.
CHAPITRE XIX. - CONTRIBUTION FONCIÈRE DES PROPRIÉTÉS COMMUNALES.
Cet article de dépense, montant à 14,750 francs, est supprimé.
DEUXIÈME
SECTION.
DÉPENSES EXTRAORDINAIRES.
CHAPITRE 1-. - DÉFICIT OU DÉPENSES ARRIÉRÉES ANTÉRIEURES A L'AN XIV.
Ce chapitre s'élève à 694,885 francs.
Cette dépense est ajournée jusqu'après vérification de la comptabilité arriérée.
Les demandes pour les chapitres II, III , IV et V sont allouées.
CHAPITRE VI. - GARDE MUNICIPALE.
Les demandes pour ce chapitre s'élèvent à 227,757 francs.
Cette dépense n'est allouée que pour 150,000 francs.
CHAPITRE VII. - POMPIERS, ACHAT D'USTENSILES.
Cette dépense, portée à 50,000 francs, n'est allouée que pour 30,000 francs.
CHAPITRE VIII. - ACQUISITIONS DE TERRAINS CÉDÉS A LA VOIE PUBLIQUE.
Cette dépense est allouée.
CHAPITRE IX. - ACQUISITIONS DE TERRAINS POUR ÉTABLISSEMENTS PUBLICS.
Les demandes s'élèvent à 337,726 francs.
Cette dépense n'est allouée que pour 300,000 francs.
CHAPITRE X. - MONUMENTS.
Cette dépense, montant à 100,000 francs, n'est point allouée. Dans le projet de décret qui sera présenté par le ministre de l'intérieur pour ordonner l'agrandissement de la place située au bas du pont au Change, on accordera à la ville le produit de la démolition du grand Châtelet.
CHAPITRE XI. - GROSSES RÉPARATIONS DE PLUSIEURS ÉTABLISSEMENTS PUBLICS, COMMUNAUX.
Cette dépense est portée à 674,342 francs.
Elle n'est allouée que pour 400,000 francs.
CHAPITRE XII. - GROSSES RÉPARATIONS DES ÉTABLISSEMENTS HYDRAULIQUES.
La demande, qui s'élève à 25,000 francs, est allouée.
CHAPITRE XIII. - CANAL DE L'OURCQ.
Cette dépense est allouée.
CHAPITRE XIV. - CULTES.
Cette dépense, qui s'élève à 200,000 francs, n'est allouée que pour 80,000 francs.
CHAPITRE XV. - FÊTES PUBLIQUES.
Cette dépense, qui est portée à 300,000 francs, n'est allouée que pour 150,000 francs.
CHAPITRE XVI. - DÉPENSES DIVERSES.
Cette dépense, montant à 842,895 francs, est allouée.
CHAPITRE XVII. - DÉPENSES IMPRÉVUES.
Cette dépense, montant à 300,000 francs, est allouée.
CHAPITRE XVIII. - COMPAGNIES DE RÉSERVE.
Cette dépense, montant à 78,625 francs, est allouée.
TITRE II.
DÉPENSES DES HOSPICES.
Dépenses des hospices montant à 4,741,022 francs.
Cette dépense est allouée.
TITRE III.
PRÉFECTURF DE POLICE.
La demande s'élève à 2,501,629 francs. Elle est allouée pour 2,400,000 francs.
Les différents articles des dépenses pour l'année 1806 ayant été ainsi arrêtés, Sa Majesté ordonne que le budget définitif, réglé d'après ces bases, sera présenté dans un conseil d'administration qui se tiendra jeudi 27 février.
Paris, 20 février 1806
ORDRES CONCERNANT L'INSTRUCTION PUBLIQUE, DICTÉS EN CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. le conseiller d'État Fourcroy, chargé de la direction de l'instruction publique, fait un rapport général sur les établissements d'instruction publique, et des rapports particuliers sur les écoles primaires et secondaires, le lycée, le Prytanée militaire français, le Collège de France, les écoles de droit et le Conservatoire de musique.
Lycées. Sa Majesté ordonne qu'il lui soit présenté un projet de décret pour l'établissement, dans le courant de 1806, des lycées de Pau, de Cahors, de Rodez, de Liège et de Clermont.
Prytanée militaire. Sa Majesté désire que le ministre de l'intérieur lui présente un état des revenus dont jouissait le Prytanée, et un projet de décret pour en ordonner le remplacement.
Elle invite le ministre directeur de la guerre à nommer, dans la semaine, les différents officiers qui doivent être employés dans ce lycée pour la police et l'instruction militaire des élèves.
Écoles de droit. Sa Majesté charge le ministre de l'intérieur d'écrire au directeur de l'école de droit de Paris qu'il est revenu à l'Empereur que récole accorde trop facilement des diplômes pour les différents grades, et qu'ainsi le bien que Fou se promettait de ces établissements se trouve considérablement atténué; que Sa Majesté espère que le directeur prendra des mesures pour qu'il ne parvienne désormais que des rapports favorables sur l'école de droit de Paris, qui ne peut obtenir de véritables succès que par une réputation sans tache.
Sa Majesté désire en même temps que le ministre lui présente un projet de décret,
1° Pour ordonner que les fonds libres de l'école de droit de Paris seront placés sur le grand-livre de la dette publique et sous le nom de récole de droit;
2° Que le produit de ces fonds sera consacré à la formation d'un pensionnat qui sera établi à l'école d'Harcourt, ou dans tout autre lieu convenable, et où seront admis des pensionnaires dont les pensions seront acquittées sur ces rentes; que ces pensions, accordées par l'Empereur, le seront par moitié aux élèves des lycées qui les obtiendront au concours, et aux fils de présidents, procureurs généraux et juges des cours d'appel et criminelles, des présidents et procureurs impériaux des tribunaux de première instance.
Conservatoire de musique. Sa Majesté désire que le ministre lui présente :
1° La proposition d'augmenter récole de déclamation;
2°, Un projet pour rétablissement d'un pensionnat.
M. Lacuée fait un rapport sur la situation de l'école polytechnique; il demande,
1° Que le collège de Boncour soit réuni au Prytanée, ainsi que les maisons qui ont du jour sur cet établissement, et qui y sont, pour ainsi dire, enclavées;
2° Qu'il soit établi à l'école un cours de langue et de littérature françaises.
Sa Majesté charge le ministre de lui faire un rapport sur ces différents objets.
M. Lacuée demande que le restant du crédit pour premier établissement, montant à 22,597 francs, soit acquitté par le ministre de la guerre.
Sa Majesté décide que ce restant de crédit sera acquitté, et qu'à l'avenir toutes les dépenses de l'école polytechnique seront ordonnancées par le seul ministère de l'intérieur. Le ministre est invité à lui présenter un projet de décret à cet égard.
M. Lacuée demande ensuite que les officiers qui ne sont pas encore nommés le soient sans délai, et que deux adjudants sous-officiers de plus soient attachés à l'école.
Ces demandes sont agréées : les choix seront faits parmi les officiers et sous-officiers de la garde impériale.
Sa Majesté invite le ministre de l'intérieur à lui faire un rapport sur l'école de médecine, l'école vétérinaire, les écoles d'arts et métiers de Compiègne, de Trèves et de Beaupreau, et sur toutes autres écoles spéciales, ainsi que sur le projet proposé d'établir chez les sieurs Lenoir et Fortin des élèves pour la fabrication des instruments de précision.
Sa Majesté ordonne que tous les rapports et projets de décrets demandés lui seront présentés dans la séance du conseil d'administration qui se tiendra samedi prochain ler mars 1806.
Paris, 20 février 1806
A M. Cretet
Mon intention est qu'on commence au mois de juin à construire un pont vis-à-vis l'École militaire.
Faites-moi connaître si la société qui a déjà eu le privilège de deux premiers ponts veut se charger de la construction de ce troisième. Quand bien même elle ne s'en chargerait pas, proposez-moi un décret pour l'octroi. J'accorderai des fonds en attendant que l'octroi soit cédé à quelque compagnie. Cela est important, pour que le roulage qui vient d'Orléans n'entre pas dans Paris. Cela d'ailleurs complète l'entourage de Paris.
Il me paraît qu'on est content des ponts en fer; on pourrait faire celui-ci d'après le même système. Faites ce qui est nécessaire pou pousser, cette année, autant que possible, les travaux.
Paris, 21 février 1806
DÉCISION
Le ministre de la police propose à l'Empereur de lever dans les département de l'ouest, parmi les anciens chouans et autres hommes sans état, un corps auquel on donnerait le nom de Chasseurs impériaux de l'Ouest. On verrait avec plaisir dans le pays l'éloignement de ces individus. | Il me semble que le corps corps de la Tour d'Auvergne devait remplir ce but. Il faudrait d'abord envoyer tous ces hommes à ce corps. S'il ne remplissait pas ce but, le ministre me fera connaître par quelle raison. |
Paris, 21 février 1806
A l'Électeur de Bade
Les envoyés de Votre Altesse Électorale m'ont remis sa lettre. Je leur ai témoigné sur-le-champ le plaisir que j'éprouvais de la commission dont vous les aviez chargés. Je me suis empressé de munir de mes pleins pouvoirs mon grand maréchal du palais, le général Duroc, qui m'apprend à l'instant qu'il a signé le contrat du prince électoral avec ma fille. Les sentiments que je porte au prince Charles changeront de nature, mais ne seront pas plus vrais que ceux que je lui ai voués depuis que je le connais et que le vieil attachement que j'ai pour vous et votre famille. Que Votre Altesse se repose avec confiance dans mon estime, mon amitié et ma constante protection pour elle et sa Maison.
Paris, 21 février 1806
A la Margrave de Bade
Madame ma Cousine, la lettre de Votre Altesse, du 3 février, m'a été très-agréable. L'assurance de vos sentiments d'amitié m'est chère au pair du cas que je fais de sa personne. J'ai aimé le prince Charles lorsque aucun lien ne m'attachait à lui : aujourd'hui qu'il épouse ma fille, il trouvera en moi une tendresse qui ne cédera qu'à celle que vous lui portez. Je me flatte que vous avez les mêmes sentiments pour ma fille, et que vous ne doutez pas de mon désir de trouver des circonstances de vous être agréable; car vous ne sauriez douter de mon estime et de ma sincère amitié. J'ai estimé Votre Altesse pour ses grandes qualités avant de la connaître; depuis que je l'ai connue, et dans les nouvelles circonstances qui vont unir nos enfants, elle peut compter sur moi comme sur une des personnes les plus désireuses de lui plaire.
Paris 21 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous trouverez ci-joint une déclaration faite par le général Solignac. Vous écrirez au receveur pour que le maréchal Masséna fasse verser les deux millions qu'il a reçus dans la caisse des contributions. Écrivez en même temps à ce maréchal qu'il ne doit point se dissimuler que les gouvernements provisoires ne pouvaient lui faire d dons qu'au détriment de l'armée; qu'il ne peut faire ainsi tort à ses camarades; qu'il est plus honorable pour lui de recevoir de l'Empereur sa part des gratifications comme un témoignage de sa satisfaction pour les services qu'il a rendus, et qu'il faut que les noms des officiers auxquels il a donné des gratifications soient envoyés.
Paris, 21 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 15, à deux heures du matin, avec la lettre du général Molitor, datée de Fiume. J'approuve l'envoi d'un régiment au général Molitor; mais il n'y a rien de plus absurde que la nouvelle qu'il a reçue. Les Serviens sont attaqués en ce moment par les Turcs du côté de Belgrade, et ils ont autre chose à faire que de se battre contre nous. Ils sont d'ailleurs bien éloignés de ce projet. Au surplus l'absurdité d'un pareil bruit n'étonne pas. Les Francs sont à Raguse, comme en Égypte, ignorants, bêtes et vils. Cependant il n'y aurait rien d'impossible que les Russes pensassent à nous enlever la Dalmatie. Ils pourraient le faire avec 6,000 hommes; mais il leur faut des ordres de leur cour, et je ne pense pas qu'ils soient eu mesure pour cet objet. Du reste c'est pour protéger la division de Dalmatie que je vous ai ordonné de laisser le corps du général Marmont dans le Frioul, organisé et prêt à se porter partout où il sera nécessaire.
La corbeille de la princesse Auguste part demain pour Milan; elle est très-belle. Je lui envoie en même temps une bibliothèque de livres choisis. Le prince Royal, son frère, est ici depuis quinze jours; je le fais chasser trois fois par semaine avec moi, ce qui lui donne l'habitude du cheval. Caffarelli est resté malade à Vienne; il n'est pas encore tout à fait rétabli; du moment qu'il le sera, je vous l'enverrai.
Paris, 21 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je ne puis encore former une compagnie de gardes d'honneur de Venise, puisque Venise n'est pas encore réunie à mon royaume d'Italie. Vous avez très-mal fait de prendre un décret pour dessécher les marais de Capa d'Istria, et d'avoir affecté des domaines nationaux à cette dépense : je n'approuve pas ce décret. Vous vous êtes aussi trop pressé de faire des changements aux douanes de Venise, relativement aux vins. Votre décret sur les finances, daté de Venise du 7 février, paraît tendre à faire entrer de la mauvaise monnaie dans le trésor. Vous ne pensez pas que j'ai besoin de beaucoup d'argent. Avant que je puisse confirmer le décret d'importation des vins de Venise, il faut que je sache ce que cela fera perdre au trésor.
Ménagez mes fusils; le ministre de la guerre se plaint que vous en employez beaucoup. Ne prenez pas surtout des fusils francais pour l'armée italienne sans que je vous y autorise. Le général Laplanche-Mortière, avec quatre bataillons d'élite, doit vous arriver; faites rejoindre son corps à chacun de ces bataillons; ce sont les 9e, 13e et 81e de ligne. Je vois que le 9e est à Vérone et que son dépôt est à Legnago. Réunissez les corps; sans cela il n'y a point d'ordre. Vous le savez, vous qui avez été chef de corps. Je vois que le 60e est à Venise, et son dépôt à Palmanova; cela ne vaut rien. Dans votre état de situation, il n'est pas dit où est le 106e. Le 3e de chasseurs est à Padoue, et son dépôt à Codogno. Vous ne me dites pas où est le dépôt du 5e de ligne. Écrivez au général Menou pour que les dépôts des régiments qui composent votre armée rentrent sous votre commandement et quittent la France. Il faut réunir les dépôts des corps qui sont en Dalmatie à Venise, à Trévise, ou à Palmanova, à votre choix. Vous ne me dites pas où est le dépôt du 8e d'infanterie légère, non plus que du 13e et du 81e de ligne. Le 4e de cuirassiers est à Trévise et son dépôt est à Lodi; idemle 6e; idem le 7e; idem le 8e; cela ne vaut rien. Le 15e est à Udine, et son dépôt est à Vigevano; le 19e à Sacile, et son dépôt à Vigevano; le 23e est à Pordenone, et son dépôt à Verceil ; le 24e est à Latisana, et son dépôt à Codogno. Réunissez-les dans des garnisons fixes; placez-les dans des endroits sains et où les fourrages soient à bon marché. Faites partir les pionniers noirs pour l'armée de Naples. Comment se fait-il que ce corps soit réduit à 450 hommes ? Il est très-mal placé à Palmanova. Le royaume de Venise doit très-bien fournir au peu d'hommes que vous avez. Je ne vois pas la situation du corps du général Marmont dans votre état; envoyez-lui un aide de camp pour la lui demander. Ne mettez aucun corps que le sien entre l'Isonzo et le Tagliamento. Les 5e, 23e et 79e qui sont en Dalmatie, doivent être au grand complet de guerre et portés à 3,000 hommes. Les conscrits qui n'auraient point de destination doivent être spécialement affectés à ce corps. Je ne vois pas, dans votre état, qui commande l'artillerie et le génie du corps du général Molitor en Dalmatie. J'estime qu'il lui faut au moins quatre compagnies d'artillerie au grand complet de guerre, c'est-à-dire à 100 hommes, un colonel d'artillerie directeur, un lieutenant-colonel sous-directeur, une demi-compagnie d'ouvriers. Je ne vois pas non plus combien il a de pièces de canon. Ces états sont très-mal faits. Envoyez-lui deux compagnies de sapeurs au grand complet de guerre et quatre capitaines en second d'artillerie; indépendamment de cela, envoyez-lui deux compagnies d'artillerie italienne au grand complet de guerre. Il me paraît qu'il n'a point de cavalerie; je crois qu'il ne lui en faut pas beaucoup, mais il lui en faut un peu. Envoyez-lui un petit régiment de chasseurs. J'approuve fort que vous lui ayez envoyé le 81e; faites-lui passer, de plus, un bataillon d'élite. Faites-lui passer le 8e d'infanterie légère, et remplacez ce régiment dans l'Istrie par le 60e de ligne; de sorte que le général Molitor aura le 8e d'infanterie légère, les 5e, 23e, 79e et 81e de ligne, quatre compagnies d'artillerie française, deux de sapeurs, une demi-compagnie d'ouvriers, douze pièces d'artillerie, deux compagnies d'artillerie italienne, un régiment de chasseurs; ce qui, avec les conscrits que vous lui enverrez le plus tôt possible, ayant soin de les habiller et de les armer auparavant, portera son corps à 15,000 hommes. Envoyez-lui un commissaire ordonnateur, un inspecteur aux revues, trois commissaires des guerres, un adjudant commandant et trois généraux de brigade, y compris ceux qu'il a. Le général Seras aura dans l'Istrie le 13e et le 60e, deux compagnies d'artillerie, douze pièces de canon, une compagnie d'artillerie italienne, une demi-compagnie d'ouvriers, un régiment de chasseurs, un directeur d'artillerie, un directeur du génie; le tout formant un corps de 6,000 hommes, il restera au général Miollis les 9e, 53e et 106e de ligne.
Vous devez avoir reçu à Vérone les conscrits partis de Strasbourg. J'en ai vu passer un convoi de 2,000. Il y a dans le royaume d'Italie un grand nombre de commandants de place qui y sont inutiles ; envoyez-les dans les places de l'Istrie et de la Dalmatie. Je n'ai rien vu de mal fait comme l'état de situation que vous m'avez envoyé. Le général Charpentier ne se donne pas les peines convenables; faites mieux que cela.
Envoyez en Istrie et en Dalmatie des cartouches et des biscuits en grande quantité. Si un régiment de cavalerie était de trop en Istrie et en Dalmatie, envoyez-y au moins un escadron. Enfin ne vous endormez point. Songez bien que la paix peut n'être pas aussi sûre que vous pourriez le penser; que la Dalmatie peut être attaquée par les Russes. J'imagine que Lauriston a été en prendre possession. Si vous lui aviez donné des ordres contraires, révoquez-les, car mon intention est qu'il y aille.
Paris, 21 février 1806
Au prince Eugène, vice-roi d'Italie, à Milan
Vous trouverez ci-joint une déclaration faite par le général Solignac. Pourvoyez à la rentrée de 5 millions de contributions provenant des provinces de l'État de Venise. Faîtes-la porter jusqu'à 7 millions. Prenez toutes mesures pour réprimer les abus et remédier à ceux qui se sont introduits. J'ai fait donner ordre au maréchal Masséna de faire verser les 2 millions qu'il a soustraits.
(Lecestre)
Paris , 22 février 1806
A M. Rémusat, premier Chambellan
J'ai ordonné au ministre de la police de faire verser, à compter du ler vendémiaire an XIV jusqu'au 1er janvier 1807, la somme de 150,000 francs par mois dans votre caisse, ce qui fera 2,250,000 francs pour les quinze mois. Voyez à faire faire recette de l'arriéré; je l'appliquerai ensuite à tous les besoins des arts , sciences, musique et théâtres, selon les circonstances.
Paris, 22 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, j'ai reçu la liste que vous m'avez envoyée des individus susceptibles d'obtenir de l'emploi qui s'étaient fait inscrire dans la garde d'honneur. Témoignez-leur ma satisfaction de la marque de zèle qu'ils m'ont donnée. Vous pouvez même faire écrire à chacun en particulier, pour leur donner à entendre que je serai bien aise de faire quelque chose pour eux.
Paris, 22 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, on m'assure que l'ancien château de Charette, qui avait coûté 80,000 francs en assignats, a été acheté 110,000 francs en argent, pour servir à l'établissement d'un haras, qu'on a été trompé, et que l'estimateur du gouvernement a reçu 30,000 francs de cadeau.
Paris, 22 février 1806
A M. Chabot (de l'Allier)
Immédiatement après avoir reçu votre lettre, je vous ai nommé inspecteur des écoles de droit. J'ai été bien aise de vous donner cette preuve de mon estime. Vous pouvez compter que vous et les vôtres trouverez toujours en moi l'appui que je dois à toutes les personnes qui ont aussi bien servi la patrie et moi que vous l'avez fait dans toutes les circonstances.
Paris, 22 février 1806
A la princesse Élisa
Ma Sur, je vous recommande de ne faire porter à votre cour que des soieries et des batistes, et d'en exclure les cotons et mousselines, afin de favoriser et de donner cours aux produits de l'industrie française.
Paris, 22 février 1806
A M. Collin, directeur général des douanes
Monsieur Collin, envoyez-moi un projet qui ouvre les douanes de mon royaume d'Italie aux toiles peintes, soieries et à tous les objets de manufactures françaises dont vous me ferez l'énumération. Envoyez-moi en même temps un projet pour défendre l'entrée dans mon royaume d'Italie des toiles de coton et marchandises anglaises. Vous devez avoir la minute du travail que vous avez fait à Milan ou, au moins, le tarif qui pourra vous servir à rédiger ces projets. Proposez-moi aussi une note des changements qu'on pourra faire dans les douanes d'Espagne pour favoriser nos manufactures ; car, une fois que j'en serai bien instruit, j'obtiendrai ce qui sera nécessaire.
Paris, 22 février 1806
A M. Lebrun
Mon Cousin, j'ai appris avec peine la manière dont les douanes sont administrées à Gênes. Vous montrez trop de faiblesse pour le commerce de cette ville. Faites faire des visites et poursuivez les contrebandiers. On m'assure qu'on a osé dire, en plein conseil, que, si l'on voulait mettre de l'ordre dans le port franc , le stylet jouerait. Pardieu, dites-leur bien que nous nous connaissons depuis longtemps, et qu'il y a une furieuse différence de moi aux Autrichiens de 1745. Soyez inflexible, car je veux que mes douanes soient organisées.
Paris, 22 février 1806
A M. Crétet
J'ai ordonné qu'à compter du 1er janvier 1806 la police verserait 100,000 francs par mois pour travaux ordonnés à Paris. Faites faire recette de janvier et février, soyez exact à demander le versement , car, quand la police a des fonds entre les mains, elle trouve moyen de les dépenser. Ensuite je veux les employer à l'utilité de la capitale et aux autres travaux que ceux ordonnés. Voyez ce qu'on pourrait faire de ces 1,200,000 francs cette année.
Paris, 22 février 1806
A M. Fouché
Monsieur Fouché, je vous envoie le budget des dépenses secrètes de votre ministère, pour l'an XIV et 1806. Je n'ai point accordé de gratification pour le caissier, parce qu'il n'a point suivi le budget de l'année dernière; s'il dépasse celui de cette année, je le destituerai. Mon intention est que ce qui est accordé aux inspecteurs le soit sur un état de revue approuvé tous les six mois par moi. Il faut aussi que les conseillers d'État qui voyagent aient une rétribution fixe. Il y a, dans l'état des dépenses imprévues, des appointements d'employés, ce qui ne devrait pas être. J'y vois également 12,000 francs payés à M. Bourrienne pour frais de voitures, et une somme de 16,000 francs pour supplément de frais de bureaux des conseillers d'État. Comme je porte la plus grande sévérité dans tout ce qui est comptabilité , mon intention est qu'on exécute à la lettre les articles de mes budgets.
Paris, 22 février 1806
NOTE POUR M. LACÉPÈDE
On a lu avec intérêt la note de M. lzquierdo. On l'invite à voir fréquemment le ministre du trésor public pour les affaires avec l'Espagne. On attache un grand intérêt à être recouvert des immenses avances qu'on a faites pour cet objet.
Une chose très-agréable que pourrait faire l'Espagne serait de permettre, par les Pyrénées, l'introduction des soieries, toiles peintes batistes françaises. On vient de défendre l'introduction , dans les États de France, des cotons anglais. Le fait est que l'Espagne est fournie par les Anglais de ces cotonnades, que la France pourrait fournir. On ne demande que la préférence. Il est de l'intérêt de l'Espagne de maintenir la balance du commerce français pour soutenir sa marine. L'Espagne ne fabrique pas assez de toiles peintes pour sa consommation. L'arrangement proposé serait une chose extrêmement agréable.
Paris, 22 février 1806
DÉCISION
Le ministre de la guerre propose à l'Empereur d'autoriser une retenue de la valeur de 5,034 paires de souliers sur le traitement du général Donzelot, chef d'état-major du 7e corps d'armée, qui, de son autorité, a fait distribuer à son corps des souliers appartenant au 3e corps d'armée. | J'approuve l'ordre qu'a donné le maréchal Berthier, qui est toute justice. Il n'est point convenable que, lorsque des troupes sont absentes, on s'empare leurs souliers. Faites connaître au général Donzelot mon mécontentement et l'ordre que j'ai donné. Cependant lui faire remise de la retenue de ses appointements, remplacer ces souliers au corps du maréchal Davout par ceux qui sont à Strasbourg. |
Paris, 22 février 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, votre aide de camp m'apporte votre lettre du 16.
Une lettre du 14, dont je vous ai envoyé un duplicata par ma lettre du 17, doit certainement vous être parvenue. Vous devez donc être sorti d'embarras, et je compte qu'Anspach est occupé à l'heure qu'il est. Le général Molitor partait de Fiume le 9 février; il paraissait avoir éprouvé quelques difficultés de la part des Autrichiens.
Chargez le général Andréossy de passer une convention avec le département de la guerre à Vienne, pour le passage de Monfalcone en Istrie et en Dalmatie; car il me faut une communication, et on ne me refusera pas ce que l'on accordait aux Vénitiens.
Que les journées d'étapes soient les plus courtes possible et tracées par la grande route, de manière que les charrois puissent passer. Je ferai tout payer comptant, et je m'engagerai même à ne pas faire passer plus de 300 chevaux ou un régiment à la fois. Cette petite convention militaire est assez essentielle à finir, pendant que nous sommes encore à Braunau et que nous avons encore la haute main sur l'Autriche.
Je ne trouverai pas d'objection, si on le désire, à prévenir les autorités de Fiume ou de Laybach quatre, cinq ou six jours d'avance; mais il faut que je passe.
Dites au général Andréossy que je le placerai comme il le désire, et que je ne l'ai point employé en Autriche parce qu'on m'y a témoigné un grand désir de n'y pas avoir un militaire, surtout de la Grande Armée.
Paris, 22 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je suis extrêmement mécontent que vous ayez donné au général Lauriston des ordres contraires à ceux que je lui avais donnés. Je l'ai chargé de prendre possession de la Dalmatie; qu'il s'y rende sans délai. Cette manière de faire est d'une légèreté inconcevable. Sous quelque prétexte que ce soit, ne rapportez aucun de mes ordres ; vous n'en avez pas le droit.
Paris, 22 février 1806
Au vice-amiral Decrès
Monsieur Decrès, il faut que demain, avant minuit, les ordres pour Allemand partent. Une fois les frégates sorties de Rochefort l'éveil sera donné, et peut-être Allemand ne pourra plus sortir; c'est par cette lenteur que les opérations maritimes manquent.
Paris, 23 février 1806
INSTRUCTIONS POUR LE CONTRE-AMIRAL ALLEMAND
Monsieur le Contre-Arniral Allemand, nous avons ordonné que notre escadre sous votre commandement serait munie de quatre mois d'eau et de sept mois de vivres, et composée de nos vaisseaux le Majestueux, Le Magnanime, le Jemmapes, le Lion, le Sufren, de nos frégates la Minerve, l'Armide, la Gloire, la Thétis, l'Infatigable et de nos corvettes les Landes, le Sylphe, le Palinure, le Lynx.
Nous vous faisons savoir que notre intention est que vous saisissiez la première occasion favorable pour appareiller avec toute l'escadre sous vos ordres.
Nous avons chargé notre ministre de la marine de vous transmettre des instructions nautiques sur les routes que vous aurez à suivre, et nous allons vous faire connaître le plan des opérations dont nous entendons vous confier l'exécution.
Notre escadre doit, autant que la mer et les vents le lui permettront, se trouver à l'entrée de la mer de Danemark vers la fin d'avril pour y intercepter tous les bâtiments anglais, suédois et russes qui y entrent ou en sortent à cette époque.
Pour atteindre ce but, vous établirez une croisière dans le sud et sud-sud-ouest du cap Derneuss; vous lui donnerez toute l'extension que comportent le nombre des bâtiments de notre escadre et la nature du temps et des vents, afin de découvrir les bâtiments qui viendront reconnaître ce cap pour entrer dans la Baltique et ceux qui sortent de cette mer.
La durée de votre croisière dans ces parages ne peut être déterminée que par les événements et par les calculs, auxquels ils donneront lieu, des chances que courra notre escadre d'être plus tôt ou plus tard découverte par l'ennemi. Vous retiendrez les neutres dans l'escadre, autant qu'il sera possible, pour les empêcher de porter l'avis de votre présence aux croiseurs ennemis, et vous les relâcherez en quittant ces parages.
Vous brûlerez tous les bâtiments ennemis de peu d'importance, et même ceux , de quelque prix qu'ils soient, que vous auriez peu d'espoir de faire entrer dans nos ports ou ceux de nos alliés, ou dont la conservation affaiblirait trop vos équipages.
Si la valeur de vos prises s'élevait à plusieurs millions, et notamment s'il en était de chargées de mâtures précieuses, cuivres et munitions navales, il serait avantageux à notre service que vous les réunissiez en convoi et que vous les fissiez escorter jusqu'à notre île de la Martinique, où elles aborderont au port de la Trinité, et les bâtiments d'escorte ne resteront dans les Antilles que vingt-quatre heures, pour faire leur eau et se rendre immédiatement aux rendez-vous que vous leur aurez donnés en les expédiant.
Ces rendez-vous seront très-secrets, et les paquets ne devront en être ouverts par les capitaines qu'après avoir appareillé des Antilles, afin d'y laisser parfaitement ignorer le projet de vos opérations.
L'expédition de ce convoi de prises pour les Antilles n'est que facultative, et nous vous laissons l'arbitre du parti que les circonstances vous conseilleront à cet égard.
Lorsque vous croirez devoir quitter la croisière du cap Derneuss , vous détacherez une division de quatre frégates, sous le commandement du capitaine de nos vaisseaux Meyne, pour pénétrer dans les mers du Groenland et du Spitzberg, conformément aux instructions que nous avons jugé à propos de lui délivrer, et dont il n'ouvrira le cachet que lorsque vous lui aurez fait le signal de suivre sa mission particulière.
Les opérations ultérieures auxquelles est destinée notre escadre restant sous votre pavillon exigent que, sans avoir touché dans aucune île ou port d'Amérique, elle se trouve dans les eaux des îles de Tortola au 1er août prochain.
Il sera donc nécessaire de pourvoir à vos remplacements d'eau avant de gagner ces nouveaux parages.
Lors donc que vous quitterez la croisière du cap Derneuss, vous pourrez prolonger les côtes septentrionales et occidentales de l'Écosse pour détruire tous les bâtiments ennemis qui, dans cette saison, naviguent avec sécurité.
Mais l'objet important est de vous rendre sur un point, tel que les Canaries, pour y prendre des rafraîchissements et remplacer votre eau.
De tous les convois que l'ennemi expédie des Antilles, il n'en est aucun dont le départ varie moins que celui qui en appareille chaque année au commencement d'août; cette époque est commandée par l'hivernage, qui force tous les bâtiments marchands en partance à quitter alors les Antilles.
Notre intention est que vous fassiez tout ce qui dépendra de vous pour parvenir à vous emparer de ce convoi, qui n'est pas escorté par plus de deux vaisseaux, une frégate et quelques corvettes. Les informations qui nous sont parvenues à cet égard nous ont fait connaître que, pendant les années précédentes , et surtout la guerre dernière, tous les bâtiments de commerce anglais qui se trouvaient dans l'archipel des îles du Vent, destinés pour l'Europe, ont dû être rendus dans la rade de Saint-Christophe au ler août, et que ce jour-là même ils doivent en partir, sous peine de doubler le prix des assurances à cause des dangers de l'hivernage.
De la station de Saint-Christophe, le convoi va mouiller aux petites îles de Tortola, d'où il débouque vingt-quatre heures après. (débouquer : sortir d'une passe étroite, d'un canal, d'un détroit, pour gagner la haute mer - Petit Larousse 2001)
C'est à ce débouquement qu'il faut envelopper et prendre ce convoi.
Il ne s'agit que d'arriver dans les eaux de Tortola au ler août prochain, et cela brusquement et sans que l'escadre ait été aperçue auparavant d'aucune colonie, et ait laissé passer aucun bâtiment qui pourrait y porter la nouvelle de son arrivée.
Supposant que vous ayez fait votre eau aux Canaries, il sera facile de calculer, à quelques jours près, votre traversée jusqu'à Tortola, d'autant que, prenant assez de temps par devers vous, vous pourrez modérer votre route pour arriver à jour fixe. Il ne doit pas vous échapper que devancer sur Tortola l'époque du Ier août, c'est courir le risque presque certain d'y être découvert et de manquer l'expédition. Au reste, lorsque vous arriverez dans ce parage, il faut vous tenir au large de l'île et faire observer le débouquement par vos bricks, qui, placés par échelons, vous feront leurs signaux de loin et sans que vous soyez aperçu.
Le convoi pris, vous le conduirez à Porto-Rico, et vous ferez pourvoir à la vente des prises par des commissaires que vous chargerez de ce soin, et, après vous être procuré en toute diligence des remplacements d'eau et de vivres, vous partirez sans rien attendre pour diriger la suite de vos opérations, ainsi que le comporteront les circonstances et l'intérêt de notre service.
Dans votre relâche à Porto-Rico, vous ne négligerez rien de ce qui pourra être utile an commandant et à la garnison de Porto-Rico, dont il vous sera facile d'avoir des nouvelles récentes dès le premier moment de votre arrivée.
Le succès de cette expédition est calculé sur l'expérience de ce qui a eu lieu précédemment; il est possible qu'il y ait eu quelques changements sur les dates citées; mais, au reste, arrivé aux débouquements de Tortola, vous rencontrerez bientôt des bâtiments venant des Antilles, qui, de quelque nation qu'ils soient, vous donneront des informations que vous apprécierez, et qui pourront vous déterminer sur tout ce qu'il y aura à faire.
Vous pourrez même faire explorer, à la pointe du jour du 3 août, la rade de Tortola par un de vos bricks, qui altérera son gréement et aura masqué sa batterie pour ne pas être suspect.
Enfin votre expérience, votre sagacité et les avis qui vous parviendront vous dicteront les mesures que comportera l'état des choses.
Les rapports qui nous sont parvenus représentent le mouillage de Tortola comme incapable de résistance, et le convoi comme facile à détruire en rade. Mais nous ne vous donnons cette indication que comme ayant besoin d'être appuyée par des documents plus positifs, et il ne vous sera pas impossible, si le départ du convoi était retardé, d'en obtenir des neutres que vous rencontrerez, lesquels pourront même vous fournir à prix d'argent des pilotes pour cette entreprise, si elle est véritablement praticable.
Si, contre notre espérance, des événements quelconques ne vous permettaient pas de rencontrer le convoi de Tortola, dès que vous serez fondé à ne plus conserver d'espoir de ce côté, vous devrez vous rendre sur Terre-neuve pour y détruire la pêche de l'ennemi sur le banc et dans toutes les anses et haies où vous pourrez pénétrer. Ces expéditions vous occuperont probablement jusqu'à la fin du mois d'août.
Notre intention est que vous prolongiez les croisières de notre escadre autant que le comporteront vos vivres, d'autant que, plus son retour dans nos ports sera différé, plus il sera favorisé par la saison.
Vous devrez vous attacher à retirer des prises que vous ferez tous les vivres, eau, agrès, toiles, etc., qui pourront être utiles à notre escadre et la mettre en état de tenir plus longtemps la mer.
A votre retour, vous pourrez vous porter de nouveau sur la côte d'Irlande, puis sur le banc des Soles, pour consommer ce qui vous restera de vivres, et vous changerez successivement et rapidement vos croisières pour ne pas donner à l'ennemi le temps de vous y joindre.
Enfin vous ne rentrerez dans nos ports que lorsque l'état de nos vaisseaux et celui de leurs vivres ne vous permettront plus de tenir la mer.
Votre mission contre le convoi des Antilles est d'une grande à portance; mais, s'il arrivait qu'à votre première relâche vous n'eussiez plus le temps disponible pour arriver au ler août sur Tortola, nous vous prévenons que l'ennemi expédie des convois nombreux sur le cap de Bonne-Espérance; vous pourriez donc croiser à l'ouest des îles du Cap-Vert pour les attendre, ou vous porter sur les Acores pour y intercepter le convoi des Antilles. Vous vous déterminerez à l'une ou à l'autre opération, selon les circonstances. Vous pourrez aussi vous porter plus tôt qu'il n'a été indiqué ci-dessus sur Terre-Neuve. Mais ces croisières ne doivent avoir lieu qu'autant qu'il vous serait impossible de remplir l'objet principal, qui consiste à intercepter le convoi de Tortola.
En vous donnant les présentes instructions, nous n'entendons pas avoir tout prévu; mais nous avons eu pour but de vous faire connaître les objets essentiels de l'expédition que nous avons conçue, nous vous autorisons à porter dans leur exécution toute l'extension ou les modifications que les circonstances vous paraîtront comporter pour le plus grand succès de votre mission.
Nous nous confions particulièrement en vous pour la direction de l'importante expédition que nous remettons à votre expérience, vos talents et votre courage.
(En marge du registre de la marine qui contient ces instructions, on Ji x Annulées. Ces instructions ne sont portées ici que comme projet de croisière)
Paris, 24 février 1806
A M. Cambacérès
Je suis-instruit qu'il s'imprime un ouvrage intitulé Mémoires de Louis XIV, écrits par lui-même, chez un libraire nommé Garnery, rue de Seine, hôtel de la Rochefoucauld. Envoyez chercher le libraire et dites-lui qu'il ne l'imprime pas sans que vous l'ayez lu. Un ouvrage de cette nature ne peut s'imprimer sans que la police en soit instruite. Lisez effectivement cet ouvrage et dites-moi ce que vous en pensez.
Paris, 25 février 1806
NOTES SUR LES THÉÂTRES IMPÉRIAUX, DICTÉES EN CONSEIL D'AMINISTRATION
M. de Lucay, chargé de la direction et de la surveillance principale de l'Académie impériale de musique, fait un rapport général sur la situation de ce théâtre, et présente les états à l'appui de la comptabilité.
Sa Majesté prescrit les dispositions suivantes :
Le terrain non bâti existant dans la rue de Louvois, vis-à-vis la partie latérale du théâtre , sera acquis, et un magasin pour les décorations de l'Opéra sera construit sur cet emplacement. Les frais d'acquisition, de construction et tous autres frais et dépenses ne doivent pas excéder, sous aucun prétexte, la somme de 150,000 francs. Les plans et devis remis par M. Lucay seront soumis, d'après les ordres du ministre de l'intérieur, à l'examen du comité de consultation des bâtiments.
La salle du théâtre Favart sera louée pour servir aux répétitions. Le prix de cette location ne doit pas excéder 36,000 francs.
La construction des petites loges au quatrième est autorisée; cette dépense, qui ne doit pas excéder 10,000 francs, sera prise sur les fonds généraux du budget.
M. Lucay pourra prendre sur les mêmes fonds une somme annuelle de 3,000 francs, qui sera donnée en traitement à un maître de danse chargé de terminer l'instruction des élèves de la danse, au sortir de l'école.
A partir du 1er mars, il y aura à l'Opéra quatre représentations par semaine, et des mesures seront prises de manière à pouvoir, dans les temps d'affluence, et notamment à l'époque des fêtes du mois de mai, donner cinq représentations.
On représentera, dans le courant de l'année, huit nouveautés, parmi lesquelles seront comprises la Médée, de M. Fontenelle, et les Danaïdes, de Sallieri. La liste de ces nouveautés et les dispositions à prendre pour l'exécution de cet ordre seront arrêtées dans le courant de mars. On fera connaître ces dispositions par le moyen des papiers publics.
Le jury pour la réception des ouvrages sera réorganisé. M. de Lacépède sera invité à le présider. M. de Rémusat fait un rapport sur la situation du Théâtre-français, et présente la comptabilité de ce théâtre et les états à l'appui.
Sa Majesté ordonne que les 152,000 francs montant de la retenue opérée sur les parts seront versés à la caisse d'amortissement, qui en fera le placement au grand-livre, sous le nom des sociétaires du Théâtre-français, et de manière à constater la portion appartenant à chacun d'eux.
La somme de 100,000 francs en rentes, accordée par Sa Majesté par le décret du 13 messidor an X pour encouragement à l'art dramatique, sera inscrite au compte du ministère de l'intérieur, avec une indication générale qui fera connaître son affectation spéciale, de manière à ne pas faire un titre aux sociétaires, tandis que Sa Majesté a eu l'intention de procurer un bien permanent au théâtre et de pouvoir transmettre ces avantages à une société, si celle-ci venait à se dissoudre pour quelque cause que ce fût.
M. Auguste de Talleyrand, chargé de la direction et de la surveillance principale de l'Opéra-Comique, fait un rapport sur la situation de ce théâtre et sur sa comptabilité, et présente les états à l'appui.
M. de Rémusat rend successivement compte de la situation et de la comptabilité des Bouffons et du théâtre de l'Impératrice.
Des observations ayant été soumises à Sa Majesté sur les moyens d'améliorer la situation des divers théâtres de la capitale, qui , pour la presque totalité, ne se soutiennent qu'au moyen des secours du Gouvernement, Sa Majesté invite le ministre à s'occuper de la rédaction d'un règlement qui aurait pour objet de statuer qu'aucun théâtre ne pourrait s'établir sans l'autorisation de Sa Majesté; que, pour obtenir cette autorisation , les entrepreneurs s'adresseraient au ministre de l'intérieur, lui feraient connaître leurs moyens pour la suite de l'entreprise, et fourniraient le cautionnement qui serait réglé pour la sûreté soit des acteurs, soit des fournisseurs du théâtre; que tous les théâtres actuellement existants à Paris, les quatre grands exceptés, remettront, dans le courant d'un mois, leur état de situation en recettes et en dépenses, au ministre de l'intérieur; que tous ceux qui se trouveraient en déficit et hors d'état de couvrir leurs dépenses par leurs produits seraient forcés de se liquider dans un délai fixé, afin de ne point aggraver encore le sort de leurs créanciers, en perpétuant une existence qui, lors même qu'elle les ruine, établit une concurrence désavantageuse aux autres théâtres; qu'après la chute de ceux qui se trouveront dans ce cas, tout nouveau théâtre autorisé payera à l'Opéra une rétribution qui sera déterminée.
Le ministre de l'intérieur, en présentant ces règlements, proposera des idées sur la législation des théâtres dans les départements; leurs rapports avec les théâtres de quelques principales villes, leur dépendance de l'autorité, et les modifications qu'on pourra être dans le cas d'introduire à l'égard des droits appartenant ou devant appartenir aux familles des auteurs morts ou vivants.
Paris, 24 février 1806
A M. Talleyrand
Monsieur Talleyrand, faites connaître mon mécontentement en Espagne de la mauvaise conduite du régiment espagnol de Zamora, dans la Rivière de Gênes; des soldats de ce régiment m'ont tué deux gendarmes. Écrivez également à mon ministre à Florence, pour demander réparation positive de la mort de mes deux gendarmes tués à Rapallo, et pour exiger que six hommes de ce régiment soient fusillés. Si l'on ne me donne pas réparation, je ferai entrer deux régiments en Toscane, et je ferai massacrer tous ceux du régiment de Zamora que je rencontrerai.
Paris, 25 février 1806
Au général Junot
Je reçois vos lettres du 18 février. Je ne comprends pas comment il peut y avoir de l'incertitude sur vos pouvoirs; le décret est précis. Vous avez des pouvoirs extraordinaires; cela est très-nécessaire dans ces moments-ci. Tous les sujets que vous demandez de France pour préfets vous seront envoyés.
Je vous ai déjà écrit de faire arrêter les trois individus dont vous vous plaignez, et de les envoyer à Paris. Vous pouvez suspendre les fonctionnaires qui, se conduiraient mal, même les juges. Je confirmerai vos arrêtés et les destituerai sur-le-champ.
Je ne sais comment ce qui concerne le garde-meuble de Parme n'est point réglé. Faites venir Salmatoris à Parme, cela le regarde comme conservateur des biens de la Couronne au delà des Alpes. Écrivez-lui de venir vous voir, et de faire arranger le palais pendant la campagne. Je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'il serve au gouverneur général en mon absence. J'ai vu avec plaisir que Mezzano avait été brûlé, et que les commissions militaires font de sévères exemples. Toutes vos lettres sont datées de Parme; quand en recevrai-je de Bardi, de Borgo-di-Taro et des différents points de l'Apennin ? Vous dites qu'il vous faut des compagnies de gendarmerie de plus, et vous ne me dites pas ce qu'il vous en faut encore, et les lieux où vous voulez les placer. Ne m'écrivez jamais des choses vagues. Quand j'aurai reçu ces détails, je ferai partir sur-le-champ les compagnies dont vous avez besoin. Ne faites rien sans me consulter. Je ne sais pourquoi le 67e n'est pas encore arrivé à Gênes. Si cela dépendait de vous, envoyez-le sur-le-champ.
Paris, 25 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 17 février. Je ne connais rien à l'administration de mon royaume d'Italie; si vous ne m'en instruisez pas davantage, je correspondrai avec mes ministres par un secrétaire d'État. Je ne connais pas davantage les affaires de mon armée. Indépendamment des contributions de guerre, les peuples de Venise doivent les impôts ordinaires de brumaire, frimaire, nivôse, janvier et février, ce qui fait plus de quatre mois. Vous parlez de vos dépenses et vous ne parlez point de vos recettes. l'aperçu de vos dépenses n'est pas clair; on ne sait pas pourquoi il vous faut 990,000 francs pour la solde et 800,000 francs pour l'administration. Il faut envoyer des états en détail et par arme. Croire que le pays de Venise ne rendra que huit millions est une chose par trop absurde; et je ne sais sur quoi vous fondez que, sur vingt-quatre millions de revenus, il en passera quinze millions pour les charges dont le pays est grevé. Ne changez rien dans le pays vénitien sans que je vous en donne l'ordre. Laissez le pays comme il était sous l'administration des Autrichiens, qui ont de l'économie; laissez les mêmes appointements que payaient les Autrichiens, et ne vous entraînez pas dans des dépenses que je ne puis faire. Il est bien question dans ce moment-ci de s'occuper de dessèchements et de ces branches de dépenses aux extrémités du royaume! Tout cela n'est que ridicule. Je ne sais si les douanes, les impositions directes ou indirectes de toute espèce sont organisées et rendent. Vous dites que j'ai reçu tous les comptes : je n'ai rien reçu de ce que j'ai demandé; je n'ai reçu qu'un état de situation de votre armée, très-mal fait; et je suis fort étonné que le général Charpentier me fasse un état de situation où la moitié des choses manque. Vous ne m'avez pas envoyé d'état des revenus du pays vénitien, des domaines nationaux, des mainmortes, des fortifications, de l'artillerie qui vous reste; je n'ai rien du tout, de manière que je ne sais rien. D'un autre côte, je n'ai pas de compte de mes affaires d'Italie; je ne sais comment la guerre peut dépenser tant d'argent, n'ayant pas de troupes; et, dès lors, qu'en fait-on ? M. Joubert, commissaire ordonnateur, doit vous remettre l'état précis de ce que vous coûte chaque conseil d'administration de l'armée, suivant les principes de notre administration , masse par masse. Les ministres doivent faire connaître à quoi ils emploient l'argent. Mon intention est qu'à compter du 1er mars aucune dépense ne puisse être faite sans mon ordre, et que les choses soient rétablies comme elles étaient avant la guerre. Envoyez-moi donc l'état de distribution du crédit à accorder aux ministres pour le mois de mars. Je n'ai pu encore obtenir un budget de 1806 corrigé d'après les circonstances. Enfin je n'ai rien dans les mains, et je connais moins les affaires de mon royaume d'Italie que celles de l'Angleterre. En résumé, envoyez-moi l'état de la solde au ler janvier, arme par arme; l'état de ce qu'ont coûté en janvier les différentes masses de l'armée; l'état des revenus et de tout ce qu'a rendu le pays vénitien, comme impôts ordinaires, depuis l'arrivée des Français; l'état de ce que le pays rend chaque mois, imposition par imposition; l'état des contributions qui ont été levées au profit des officiers particuliers de l'armée; l'état de mon budget de 1806 corrigé et amendé, selon les circonstances actuelles; le budget de 1805, tel que je l'ai arrêté, avec ce qui est entré au trésor, ce qui en est sorti et ce qu'a dépensé chaque ministre. Enfin partez du principe que je ne veux rien dépenser cette année dans le pays vénitien, parce que j'ai besoin d'argent; qu'il faut que le corps du général Marmont, les troupes qui sont en Dalmatie, et celles sous vos ordres, ainsi que les nombreuses recrues que je vous enverrai dans le courant de l'année pour porter ces corps au complet, soient nourris par le pays; que les 1,600,000 francs par mois que paye mon trésor d'Italie doivent être depuis le 1er février à ma disposition, pour être employés aux dépenses de ma marine. Envoyez-moi l'état de tous les biens nationaux du pays de Venise.
Paris, 25 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, Lauriston m'envoie tous les décrets relatifs à l'organisation de la marine de Venise, du 7 février. Vous marchez avec trop de précipitation. Il m'en coûtera autant à Venise qu'à Brest, et cela sans rien faire. Mon intention est de conserver tout sur le même pied que du temps des Autrichiens. On n'attend pas les ordres et l'on ne sait ce qu'on fait en Italie. Vous avez fait mettre une frégate en construction sans que le plan en ait été arrêté. Vous croyez qui cela se fait de cette manière ! Faites suspendre les travaux jusqu'à ci que mon ministre de la marine ait envoyé le plan de la frégate; on me fera des patraques, comme tout ce qui a été construit à Venise et il ne m'en coûtera pas moins fort cher.
Paris 25 février 1806
Au prince Eugène
Mon fils, envoyez à Naples tous les officiers napolitains qui se trouvent dans les corps ou dans létat-major de mon royaume dItalie. Vous les adresserez au prince Joseph, qui les emploiera dans des corps napolitains.
Paris, 25 février 1806.
Au prince Joseph
Mon Frère, j'ai reçu votre lettre du 14. Je vous fais mon compliment sur la reddition de Naples et des autres places. J'ai donné ordre que tous les officiers napolitains qui sont à Paris et dans mon royaume d'Italie vous fussent envoyés. Vous pouvez les prendre tous.
Paris, 26 février 1806.
DÉCISION
Le ministre de la guerre soumet à l'Empereur des états d'objets d'artillerie pris sur les ennemis et reçus dans les magasins de Neuf-Brisach et de Strasbourg. | M. Dejean demandera des comptes à
jour. Les pièces prises à la garde de Russie seront données à la garde impériale. Deux pièces russes seront données à chacune des villes qui envoient au couronnement. Le ministre présentera un projet de décret. |
Paris, 25 février 1806
A la princesse Auguste
Ma Fille, je vous envoie mon portrait comme une preuve de mon estime et de mon amitié. J'ai reçu votre dernière lettre. J'ai écouté avec grand plaisir tout le bien qu'on me dit de vous. J'imagine qu vous avez reçu votre corbeille; je vous ai envoyé en même temps une bibliothèque. Dites à Eugène combien je l'aime et combien je suis aise d'apprendre que vous êtes réciproquement heureux.
Recevez, ma Fille, ma bénédiction.
Paris, 26 février 1806
A M. Champagny
M. Champagny fera commencer sur-le-champ les réparations du Panthéon, de manière que les travaux soient à moitié au ler janvier 1807.
On ne pourra pas employer à cet objet, dans le cours de l'année, les 500,000 francs qui ont été accordés. Le ministre, pour employer ces fonds, fera terminer la place, fera travailler aux embellissements de l'église et à la construction d'un mausolée pour la mémoire de Voltaire et pour le général Leclerc. Ces monuments doivent être très-beaux. Il paraîtrait convenable de revenir à l'usage de placer des statues sur les tombeaux, en évitant le plus possible, dans la composition, toute espèce d'allégorie. Le ministre se fera demander par M. Girardin, qui y est disposé, le corps de J. J. Rousseau. Il se fera représenter le testament dans lequel Jean-Jacques a consigné le vu d'être enterré à Ermenonville.
Le ministre fera ces démarches de la manière la plus honorable pour la mémoire de J. J. Rousseau.
Sa Majesté désire que le ministre fasse faire des recherches pour compléter les monuments de sculpture française des différents siècles dont la collection est due aux soins de M. Lenoir.
Paris, 26 février 1806
DÉCRET
TITRE ler
ARTICLE 1er. - L'alignement arrêté par les plans généraux des embellissements de Paris, vis-à-vis la façade du Louvre, rue du Coq, sera exécuté vis-à-vis l'hôtel d'Angivilliers, en abattant les cours et jardins sans toucher à l'hôtel.
ART. 2. - Les maisons situées entre la rue de Beauvais et la place du Louvre seront vendues par la régie de l'enregistrement pour être démolies avant le ler novembre prochain.
TITRE II
ART. 3. - Il sera ouvert une rue de la largeur de dix-sept mètres sur la direction du milieu du palais des Tuileries et du milieu celui du Louvre. Les maisons qui se trouvent sur l'alignement de cette rue seront démolies, et la rue pavée avant le 1er novembre prochain.
ART. 4. - Le sieur Robillard évacuera la portion de l'hôtel Longueville qu'il occupe, avant le ler juillet; il lui sera tenu compte de ce que de droit. Le domaine fera l'acquisition des maisons qui trouvent sur la ligne, et deviendra propriétaire des terrains à vendre.
ART. 5. - La nouvelle rue prendra le nom de rue Impériale. Les façades de cette rue seront bâties sur un plan régulier qui sera proposé par l'architecte de notre palais des Tuileries.
TITRE III
ART. 6. - L'hôtel de la secrétairerie d'État, et les maisons qui servent pour la poste du palais des Tuileries, et le bureau des bâtiments, seront vendus par la régie de l'enregistrement pour être démolis avant le ler septembre prochain. Les fonds provenant de cette vente seront employés à la construction du piédestal et de la grille qui doit fermer la cour des Tuileries de ce côté.
ART. 7. - La secrétairerie d'État sera placée dans l'hôtel ambassadeurs, rue de Rivoli.
TITRE IV
ART. 8. - Il sera élevé un arc de triomphe à la gloire de armées, à la grande entrée de notre palais des Tuileries, sur le Carrousel.
ART. 9. - Cet arc de triomphe sera élevé avant le 1er novembre; les travaux d'art seront commandés, et devront être achevés et placés avant le ler janvier 1809.
ART. 10. - Il sera pris un million pour cet objet sur les contributions provenant de la Grande Armée. La caisse d'amortissement tiendra chaque mois, à dater du ler mars, une somme de 50,000 francs à la disposition de notre architecte, et celle de 15,000 francs à la disposition du directeur de notre musée pour les travaux d'art et de sculpture.
ART. 11. - Notre ministre des finances, notre grand maréchal du palais et l'intendant général de notre Maison, sont chargés de l'exécution du présent décret.
Paris, 26 février 1806
A M. Lebrun
Mon Cousin, je reçois vos
lettres du 20 février. Vos services m'ont été fort utiles à
Gênes, et votre présence y est encore nécessaire. Si vous
voulez absolument revenir, passez au moins à Gènes le reste de
la mauvaise saison, et attendez que vous y ayez installé le
nouveau préfet que je vais vous envoyer. Je suis surpris que le
67e ne soit pas encore arrivé. J'écris au général Junot et au
prince Eugène pour leur en témoigner mon mécontentement, si
toutefois il y
a du retard de leur part.
Paris, 26 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois vos lettres des 19 et 20 février. Je vous ai fait connaître que je n'approuvais point votre marche; vous me constituez en de trop fortes dépenses pour la marine de Venise. Vous ne deviez faire juste que ce qu'il fallait pour la maintenir comme elle était, et prendre mes ordres sur le reste, ou tout au moins m'envoyer un projet.
Je suis surpris qu'on ait oublié les deux dames de la princesse Auguste dans le budget que je vous ai envoyé. En fixant mon budget, je ne tiens pas à 100,000 francs de plus; renvoyez-le-moi avec la répartition de ces 100,000, francs. Vous avez bien fait d'ôter l'administration à Caprara. Faites administrer toutes les dépenses par votre intendant. Je voudrais cependant venir au secours de Caprara et relever cette Maison; proposez-moi quelque chose là-dessus.
Le prince Borghèse, qui part demain , portera à la princesse Auguste mon portrait et celui de l'Impératrice.
Paris, 27 février 1806
NOTES
CONCERNANT LE BUDGET DE LA VILLE DE PARIS
DICTÉES EN CONSEIL D'ADMINISTRATION.
Le projet définitif du budget de la ville de Paris est mis sous les yeux de l'Empereur, qui ordonne les dispositions suivantes :
Les frais de perception seront réduits de la somme de 100,000 francs.
l sera ajouté aux dépenses à répartir sur les quinze mois et à dix jours, 1° pour l'arriéré, 400,000 francs; 2° pour les primes de l'approvisionnement de Paris, 250,000 francs ; 3° pour les quais Napoléon et Desaix , 400,000 francs; 4° conformément au décret du 14 de ce mois, 450,000 francs pour l'achèvement du boulevard de la porte Saint-Antoine, la construction du quai Valhubert et les diverses dispositions accessoires; 5° pour dépenses extraordinaires du pavé des nouvelles places, rues, etc., 400,000 francs.
La distribution de ces trois dernières sommes sera faite aux ponts et chaussées par le ministre de l'intérieur, aux mêmes époques où il distribue aux préfets du département et de police les fonds nécessaires à leur service.
Ces diverses dispositions prescrites, Sa Majesté ordonne la transmission du budget au ministre de l'intérieur, pour être, sur se rapport, renvoyé au Conseil d'État.
M. Frochot fait observer que le conseil municipal est en ce moment réuni pour l'examen du budget. Il demande que l'approbation définitive soit différée jusqu'après la délibération de ce conseil.
Sa Majesté n'accède point à cette demande; elle ne reconnaît droit de délibération du conseil municipal sur le projet de dépense d'une année que lorsque, soigneux des intérêts auxquels il doit veiller, il s'est mis dans le cas d'émettre son opinion avant que l'année soit commencée; autrement il n'est pas fondé à réclamer l'exercice d'un droit qui devient impuissant.
M. Lacuée présente à Sa Majesté deux projets de décrets relatifs, l'un aux revues de la garde municipale de Paris, l'autre à la réduction du nombre des adjudants de place.
Le premier projet du décret est adopté.
Sa Majesté charge en même temps S. A. S. le gouverneur de Paris de passer une inspection générale de la garde municipale pour désigner les hommes à réformer et ceux qui doivent être admis à recevoir des pensions, et qui, en attendant qu'elles aient été réglées, recevront leurs congés absolus. L'état des hommes réformés et mis à la pension ayant été adressé au ministre de la guerre , il y sera statué sans délai.
Sa Majesté prescrit, pour la rédaction du second projet de décret, les dispositions suivantes :
1° Tous les adjudants qui existaient en l'an XII seront brevetés par l'Empereur. Le ministre de la guerre en présentera incessamment l'état et les brevets. Ceux qui ont été nommés depuis cette époque seront employés d'une autre manière, et sans que ce changement dans leur situation leur fasse aucun tort.
2° Il ne pourra être fait à l'avenir aucune nomination jusqu'à ce que le nombre des adjudants ait été réduit à quarante-huit. Sur le nombre de ceux actuellement existant, il en sera désigné quarante-huit, qui seront choisis parmi les sujets les plus distingués, et affectés spécialement aux divers arrondissements, à raison de quatre par mairie.
Paris, 27 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 21 février. Je ne vois pas pourquoi vous m'écrivez quatre pages sur ce que vous avez fait relativement à l'affaire de Crespino. Je ne blâme pas votre conduite; le rapport de la police, je le tiens de vous ; il n'est pas conforme à ce que j'ai fait, mais cela n'était pas nécessaire. Faites exécuter mon décret et donnez-lui la plus grande publicité.
L'architrésorier se plaint que le 67e n'est pas arrivé à Gênes. Ces plaintes n'auraient pas lieu si votre chef d'état-major faisait son métier, et si, après avoir envoyé un ordre à un corps, il envoyait sa feuille de route au ministre de la guerre. Le ministre ne manque jamais de me remettre ces états, et je suis à même de vérifier l'exécution de mes ordres ; mais votre chef d'état-major ne fait rien.
Par tous les règlements qu'a faits le général Lauriston sur la marine de Venise, je vois que les dépenses ont été augmentées ; il n'est donc pas réel de dire qu'elles ne sont pas plus considérables que sous les Autrichiens. Ce n'est pas par des états sommaires que l'on fait connaître une situation de finances quelconque, mais par des états détaillés et des pièces à l'appui. Le pays vénitien serait bien peu de chose s'il ne rendait que 873,000 francs par mois, et s'il en coûtait 700,000. Je n'ai reçu aucun état sur Venise. Vous ne m'avez envoyé aucun mémoire raisonné, ni aucun détail des impositions, de manière que l'état des finances du pays vénitien m'est plus étranger que celui d royaume de Naples, car le prince Joseph, depuis qu'il est arrivé m'a déjà envoyé des aperçus sur les finances de ce pays. Je ne conçois pas comment, dans le mois de mars, vous n'aurez que 167,00 francs pour votre armée , si, en mars et en avril, vous avez 1,600,000 francs provenant des impositions foncières (l'imposition foncière est une imposition ordinaire), et si, indépendamment de cette somme, vous devez recevoir des contributions arriérées, qui nécessairement se classent dans les contributions ordinaires. Je ne suis donc point content des explications que contient votre lettre du 21 février. Votre lettre du 22 ne m'apprend rien, ni sur les biens nationaux, ni sur les couvents. Je ne sais rien sur l'organisation du pays de Venise, Vous ne m'envoyez pas le nombre des maisons religieuses. J'ignore ce que rendent le sel, le tabac, les douanes, 1es postes, les loteries, les droits de consommation, etc. Si vous le savez, pourquoi me donner des renseignements incomplets; si vous ne le savez pas , c'est votre faute : vous deviez savoir tout cela quarante-huit heures après votre arrivée à Venise. Vous voudrez bien permettre que je vous écrive de ce style, sans vous fâcher. Il était inutile que vous m'écriviez deux pages sur un considérant, puisque vous avouez qu'il est mauvais. Le ministre de la guerre ici ne sait rien de votre armée, ni comment elle vit, ni ce qu'elle coûte, enfin son véritable budget. L'art consiste à faire travailler plus encore qu'à se fatiguer beaucoup; et si, à chaque chose que je vous ai demandé vous vous étiez fait remettre un mémoire et des états par des personnes instruites de Venise, j'eusse été satisfait. En résumé, je vous demande ce que je vous ai demandé depuis deux mois : 1° un état des recettes du pays de Venise, en prenant une année moyenne, imposition par imposition, et distinguant le revenu brut et le revenu net; 2° un état, masse par masse, de ce que coûte mon armée dans le pays de Venise et dans mon royaume d'Italie; 3° le budget de 1806 de mon royaume d'Italie, corrigé ; °1 les comptes de mes ministres de 1805, et surtout des ministres des finances et du trésor public pour qu'il soit rendu compte à mes peuples d'Italie de ce qu'on fait de leur argent; 5° un état, divisé par provinces, de ce qui a été perçu depuis l'entrée des Français, et des dons faits au maréchal Masséna ou autres par les gouvernements provisoires.
Voilà les états que je vous demande et dont j'ai besoin. Si vous voulez me prouver que vous connaissez le pays, envoyez-moi ces états en grand détail.
Paris, 28 février 1806
A M. Mollien
Monsieur Mollien, vous recevrez un décret qui arrête tous les comptes entre le royaume d'Italie et la France. Vous y verrez que février et mars deviennent disponibles, et que vous avez 3,200,000 francs sur lesquels vous pouvez entièrement compter.
Faites-moi un petit rapport qui me fasse connaître ce que doit le trésor de mon royaume d'Italie pour la liquidation de la dette du Piémont et pour les avances que j'ai faites à ma garde royale d'Italie. Vous pouvez compter sur cela comme argent comptant. Je vous envoie, du reste, toutes vos pièces. Quant à l'emploi des 3,200,000 francs, mon intention précise, et vous voudrez bien la suivre, est que vous envoyiez l'ordre au payeur qui est à Parme de se rendre à Milan pour les recevoir et les encaisser à Plaisance le plus promptement possible. Il les tiendra à ma disposition comme fonds extraordinaires, et n'en disposera, sous aucun prétexte, sans votre ordre précis, et vous-même ne pourrez le donner sans mon autorisation.
Paris, 28 février 1806
ORDRES CONCERNANT LA MAISON DE L'EMPEREUR, DICTÉS EN CONSEIL D'ADMINISTRATION
L'intendant général présente le projet de budget définitif pour tous les objets du service de la Maison de l'Empereur.
Sa Majesté fait les observations et prescrit les dispositions suivantes: M. l'intendant général n'ordonnera plus aucun payement sur la dépense du trône des Tuileries.
M. le grand maréchal fera l'examen des différentes parties déjà confectionnées pour le trône de Saint-Cloud, et rendra compte des parties qui sont encore à exécuter.
Des ordres seront donnés au vérificateur du mobilier, afin qu'il fasse sans délai la vérification des dépenses effectuées, tant pour le trône des Tuileries que pour celui de Saint-Cloud. Avant l'exécution des marchés qui seront faits à l'avenir, ou ceux qui, étant déjà faits, ne sont pas encore exécutés, des modèles seront exposés dans la galerie de Diane, avec des étiquettes qui feront connaître le prix de chaque objet.
On fera le recensement, dans le courant de la semaine prochaine de tous les meubles qui appartiennent à Sa Majesté; ceux qui ne seraient pas dans le garde-meuble y seront réintégrés. Les lustres propres à Fontainebleau seront destinés à l'ameublement de ce palais, et cet article sera, en conséquence, supprimé des projets d'ameublement qui étaient présentés pour cette résidence.
Dans l'emploi des 600,000 francs accordés pour ameublement à Fontainebleau, on exécutera, pour les grands appartements, la note remise par M. le grand maréchal.
On a remarqué, dans le devis de M. Calmelet, des articles de dépenses trop évidemment inadmissibles. On ne doit, par exemple, pas accorder pour la chambre d'un palefrenier plus de 200 francs; pour celle d'un piqueur ou cocher, plus de 450 francs.
Il n'est pas nécessaire qu'il y ait plus d'une pendule par appartement de prince ou de grand officier.
On établira, pour servir de règle à l'avenir, un règlement pour l'ameublement des différentes classes d'officiers qui doivent être dans le palais de l'Empereur.
Sa Majesté a vu avec mécontentement que le garde-meuble se soit permis, en l'an XIII, de faire des commandes à Lyon sans l'ordre de l'intendant, sans l'autorisation duquel on ne doit procéder à aucun achat, commande, réception ou livraison de meubles.
On doit défendre à toute personne de la chambre de S. M. l'Impératrice de recevoir dans les appartements aucun meuble, tableau, bijou et autres effets qui seraient remis par des marchands ou des particuliers; ces marchands ou ces particuliers, ainsi que les meubles, tableaux, effets qui parviendraient par une voie quelconque, doivent être renvoyés à l'intendant.
Il n'est fait, quant à présent, aucun fonds pour l'ameublement de Rambouillet, attendu que Sa Majesté y destine tous les meubles qui sont au grand Trianon. Cette opération ne doit coûter autre chose que les frais de transport. Au surplus, M. le grand maréchal du palais prendra connaissance des difficultés dont l'exécution de cette disposition serait susceptible , et en rendra compte à Sa Majesté.
L'intention de Sa Majesté est qu'il soit passé des marchés pour l'entretien des bâtiments des palais et des maisons dépendant de la liste civile, tels que Meudon, Trianon, Versailles, Fontainebleau, etc.
M. l'intendant général procédera à un examen détaillé de l'emploi de la somme de 40,000 francs dépensée pour l'appartement du Pape aux Tuileries. Il remarquera vraisemblablement que la somme portée en dépense au compte des appartements de l'Empereur pour la monture du lit de Sa Majesté, est déjà comprise dans le compte de l'appartement du Pape.
Sa Majesté observe, à l'occasion de l'article du budget pour la dépense des forêts impériales, que la recette des coupes de l'an XIII ne s'élève qu'à 2,781,000 francs, tandis que les administrateurs des forêts, dans les comptes qu'ils ont remis, ont annoncé qu'elle avait passé trois millions. M. l'intendant général verra MM. les administrateurs pour obtenir la communication des renseignements sur lesquels ils ont fondé cette assertion.
L'intendant général présente le compte des dépenses des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais.
L'Empereur prescrit les dispositions suivantes :
La manufacture de Sèvres ne remettra plus rien dans les palais qu'en suivant la forme d'une véritable vente. La manufacture vendra au grand officier qui aura fait la demande pour le service dont il est chargé; l'objet qu'elle aura vendu sera payé par le grand officier en un acquit d'une somme égale au prix convenu. Cet acquit sera versé entre les mains de M. le trésorier général, ainsi que les fonds provenant des ventes au public. Ces versements se feront tous les dix jours. M. le trésorier général tiendra un compte particulier pour chaque manufacture.
M. l'intendant général dressera un compte en balance des dépenses et des produits de la manufacture de Sèvres : il y portera en recette ce qui aura été vendu au public et ce qui aura été fourni pour les différents services du palais, en distinguant chaque service. Il portera en dépense les sommes accordées à la manufacture et tout ce qui aura été payé par la liste civile pour constructions et réparations, et pour tout autre objet.
Les états de la comptabilité de la manufacture doivent présenter :
1° L'état de ce qui existait en magasin au ler vendémiaire an XIII, de ce qui a été ou vendu depuis cette époque, ou livré aux différents services ;
2° L'état de ce qui a été fabriqué pendant l'an XIII, de ce que cela à coûté à la fabrique, de ce qui a été ou vendu au public, ou livré pour les différents services;
3° L'état de ce qui existait en magasin au 1er vendémiaire, et la valeur des objets existants.
Ces différents états, formant les colonnes d'un seul tableau, fourniront, sur la situation de la manufacture et sur ses produits, des notions positives.
Les états que présente aujourd'hui M. l'intendant général conduisent à des résultats improbables; ainsi, on établit de la manière suivante les produits de la manufacture :
1° Fourni en nature pour
le service de Sa Majesté. . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. .184,000
2° Vendu au public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . .. . . .
. .130,000
3° Restant en magasin, déduction faite de ce qui y était au
ler vendémiaire an XIII ... . . . . . . .. . 220,000
534,000
On établit ensuite ce que cela a coûté :
1° Sommes accordées ou
dépensées pour la manufacture par la liste civile, au
plus. . . . . . .. . 285,000
2° Payé en primes aux artistes sur le produit de la vente au
public . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . .
. . 30,000
315,000
La manufacture ayant
produit, comme ci-dessus. . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . 534,000
Et coûté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . .. 315,000
L'excédant de la recette, ou le revenu net de cet
établissement, est de . . . . . . . . . .. . . . .
219,000
ou à peu près quarante pour cent.
Un tel résultat ôte toute confiance dans les états présentés, M. l'intendant général en fera l'observation et rendra compte de la réponse.
L'intendant général présente l'état des travaux et dépenses de la manufacture des Gobelins, et la note des pièces qui vont être mises sur le métier en conséquence des ordres de Sa Majesté.
M. l'intendant général est invité à faire mettre sur les métiers le portrait de l'Impératrice qui est à Saint-Cloud, et les portraits de l'Empereur qui sont à l'École militaire, l'autre au ministère des relations extérieures.
L'intendant termine ses rapports par un compte rendu de la situation des manufactures de la Savonnerie et de Beauvais.
Sa Majesté désire que les comptes de ces deux dernières manufactures et de celle des Gobelins lui soient rendus dans la même forme qu'elle a prescrite ci-dessus pour celle de Sèvres.
Elle charge M. l'intendant général de faire dresser un projet général des dispositions qu'on serait dans le cas d'adopter pour les bâtiments et les ameublements du château de Versailles, afin de n'être pas pris au dépourvu si l'on se déterminait à l'habiter. Si l'on commence à s'y mal établir, il en coûtera des sommes immenses et rl'n n'y sera jamais bien. En s'y prenant longtemps à l'avance, on peut éviter ces inconvénients. Ainsi, par exemple, les Gobelins, la Savonnerie, Beauvais et même Sèvres pourraient, dès à présent, destiner une partie de leurs produits à l'ameublement de Versailles.
Paris, 28 février 1806
A M. Champagny
Monsieur Champagny, le tombeau de Desaix est fini. Il est convenable de faire transporter ce monument au grand Saint-Bernard. Prenez les mesures pour que les travaux à faire pour y appliquer les sculptures puissent être terminés pendant le court espace de temps qu'il est possible de travailler sur cette montagne, ce qui n'est que deux ou trois mois. Les ingénieurs de la route du Simplon pourraient être chargés de ce travail. Il serait peut-être convenable de charger M. Denon de suivre l'exécution du monument à élever au général Desaix sur la place des Victoires, et de celui de Charlemagne sur la place Vendôme; vous mettrez à sa disposition les sommes portées au budget pour ces objets, sauf à M. Denon à vous rendre compte tant de l'emploi de ces sommes jusqu'au dernier payement que de la forme à donner aux monuments.
Paris, 28 février 1806
A M. Talleyrand
Monsieur Talleyrand, je désire mettre de la régularité dans mon travail des relations extérieures. Il est donc convenable que vous m'envoyiez tous les jours, après que vous les aurez lues, toutes les lettres de mes ambassadeurs et agents des Mations extérieures, mon intention étant de lire toutes leurs correspondances. Je vous enverrai un portefeuille dont je garderai une clef; vous le ferez porter par un de vos secrétaires, qui le remettra à M. Meneval ou à celui de mes secrétaires qui serait de service. Vous m'enverrez aussi la traduction des journaux anglais et étrangers, et, lorsqu'ils ne contiendront rien d'important, seulement la note de leur arrivée et leur date. Cet arrangement aura lieu dès demain. J'aimerais assez recevoir ce portefeuille à six heures du soir, autant que ce serait compatible avec les affaires et l'arrivée des courriers.
Paris, 28 février 1806
A M. Talleyrand
Faîtes connaître enEspagne mon mécontentement de la mauvaise conduite qu'a tenue le régiment de Zamora en passant dans la rivière de Gênes : ils ont tué deux gendarmes. Écrivez à mon ministre de Florence pour qu'il demande positivement réparation de la mort de mes deux gendarmes tués à Rapallo, pour que six hommes du régiment de Zamora soient fusillés; que, si l'on ne me fait pas justice, je ferai entrer deux régiments en Toscane et ferai massacrer tous ceux de ce régiment qu'on rencontrera.
(Lecestre)
Paris, 28 février 1806
A M. de Talleyrand, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur Talleyrand, le sieur Codrika auquel vous payez une pension pourrait être utlie en l'attachant au gouvernement de la Dalmatie. Il pourrait avoir des nouvelles de ce qui se passe en Turquie.
(Brotonne)
Paris, 28 février 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, j'ai lu avec attention le rapport de l'inspecteur général du génie sur la place de Venise. Mon intention est que l'on ne fasse rien à Venise avant que j'aie fixé mes idées sur cette place; il suffira d'entretenir en bon état ce qu'ont fait les Autrichiens. Il faut faire travailler à Palmanova et à Osoppo. Il faut rétablir à Palmanova les casernes pour 5,000 hommes, dans le meilleur état, assurer de l'eau pour boire à la place, rétablir les contrescarpes et établir des dehors, pour donner un nouveau degré de force à cette place. Les travaux nécessaires doivent être également faits à Osoppo. Mais mon intention est que, dans l'une et l'autre de ces places, ils soient dirigés de manière qu'à chaque 100,000 écus que l'on y dépensera elles acquièrent un degré de force de plus. Présentez-moi avant le 1er avril des projets pour ces deux places. Je dépenserai volontiers, en tout, cette année, un million à chacune d'elles. Je suis très-satisfait du travail du général Marescot sur Alexandrie. Le décret ci-joint fixe tes travaux à faire à cette place conformément aux conclusions de ce premier inspecteur.
Je désire que vous me présentiez un projet de décret pour Mantoue. Il suffit cette année de revêtir la demi-lune de l'ouvrage de Pietole. Je désire savoir ce que cela coûterait. Je ne veux pas dépenser à Mantoue, Peschiera, Porto-Legnago, plus d'un million cette année. C'est sur cette donnée qu'il faut faire les plans. Mais ce qui m'intéresse surtout, c'est que la campagne ne soit pas perdue pour Palmanova et Osoppo; je penserais que, pour les travaux de Palmanova et d'Osoppo, il faudrait en charger un autre général du génie que le général Chasseloup; le général Lery (François-Joseph d'Estienne de Chaussegros, baron, puis vicomte de Lery. 1754-1824) serait très-capable de les diriger. Il fixerait alors sa demeure à Palmanova. La distance est trop grande pour le général Chasseloup.
Paris, 28 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, douze heures après la réception de ma lettre, vous ferez partir 500,000 francs en or, de Milan pour Naples; vous les prendrez sur mon trésor royal d'Italie. Le payeur de votre armée a laissé protester 500,000 francs que le payeur de l'armée de Naples avait tirés sur lui; cela est propre à ôter tout crédit au prince Joseph. Écrivez-moi un mot là-dessus, et pourquoi ce payeur a protesté une si faible somme; il valait mieux la payer, on l'aurait remboursée d'ici, ou attendre quelques jours de plus. C'est ainsi que, par l'inconsidération des subalternes, on s'ôte tout crédit.
Paris, 28 février 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, Aldini vous expédiera un projet de décret qui liquide tous les comptes de mon royaume d'Italie avec la France. Partez bien du principe que j'ai besoin de beaucoup d'argent; songez que, dans ce moment, j'ai 510,000 hommes sur pied; que j'ai ordonné de grandes dépenses dans mes ports pour augmenter ma marine; que je vais augmenter mes forces de 100,000 hommes, et que je vais mettre de nouvelles impositions sur la France. Quant à mon armée d'Italie, tenez bien pour constant que ceux qui disent que Venise ne rend que huit millions sont des imbéciles. Je connais Venise mieux qu'eux; elle rendait aux Autrichiens vingt-cinq millions; dans mes mains, elle doit me rendre davantage encore. Si vous en faites le détail, branche de revenu par branche de revenu, vous vous en convaincrez.
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Les 500,000 francs dont il est question dans l'article ler de mon décret sont ceux que je vous ai prescrit d'expédier par mon courrier de ce matin.
Paris, 28 février 1806
A M. Aldini, secrétaire d'État du royaume d'Italie, résidant à Paris
Me faire connaître dans quelle situation se trouve le système monétaire de mon royaume d'Italie. Prenez les renseignements convenables; faites-m'en un rapport, et proposez-moi un décret qui ordonne la même monnaie qu'en France, hormis que mon effigie sera d'un côté et les armes d'Italie de l'autre. Il faut que ce soit le même alliage, les mêmes divisions qu'en France, parce que cela facilitera beaucoup nos opérations.
Paris, 28 février 1806
Au prince Joseph, gouverneur général des royaumes de Naples et de Sicile
Mon Frère, je donne ordre qu'on fasse partir de Milan 500,000 francs en or pour Naples. Je suis fâché qu'on ait protesté votre mandat, surtout s'il était en votre nom, ou s'il y avait une lettre de vous. Le payeur n'eût pas fait chose bien difficile en le payant en lettres de change sur Paris. J'attendrai votre premier courrier pour vous écrire de prendre le titre de roi de Naples. Vous pouvez toujours nommer ministres les personnes que vous appellerez à la tête du gouvernement. Je vous ai déjà écrit que vous pouviez prendre tous les officiers napolitains qui pourraient vous convenir. Vous ne pouvez plus manquer d'argent à l'heure qu'il est. Faites désarmer Naples et imposez une contribution de guerre de dix millions sur la ville. On la payera sans difficulté. Vous avez des ressources certaines en confisquant les marchandises anglaises. Cette perte retombera sur la partie de la nation qui mérite le moins de considération. Je vous ai envoyé des officiers de marine. Je vous fais mon compliment sur votre réconciliation avec saint Janvier; mais, au milieu de tout cela, j'imagine que vous avez bien fait occuper les forts, que vous avez eu soin de les faire armer et munir, que vous avez désarmé la ville et gouverné un peu avec vigueur. Il y a à Naples beaucoup de choses cachées appartenant à la Cour. Vous devez ordonner que tout soit rétabli.
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Désarmez cette canaille. Renvoyez de Naples les étrangers, Anglais, Russes, etc., et même les habitants qui ne seraient pas de Naples. Mettez votre armée dans une grande aisance, mais empêchez de voler.