1 - 14 Mai 1807
Finkenstein, ler mai 1807
A Berthollet (Claude Louis Berthollet, 1748-1822. Le célèbre chimiste avait fondé un laboratoire d'essai, ce qui l'avait conduit presqu'à la ruine.)
J'apprends que vous cherchez à emprunter 100 à 150 000 francs. Je donne ordre à mon trésorier de mettre cette somme à votre disposition, bien aise de trouver cette occasion de vous donner une preuve de mon estime et de vous être utile. (et Berthollet votera la déchéance en 1814....)
Finkenstein, 1er mai 1807
A M. Lacépède
J'ai reçu vos différentes lettres contenant des demandes de permission de porter l'Ordre de Hollande, auxquelles je n'ai pont répondu, parce qu'il ne me parait point régulier que le roi de Hollande accorde son Ordre sans mon consentement à un aussi grand nombre de français. Je vous dis cela pour que vous n'attendiez pas de réponse, et afin que vous puissiez dire à ceux qui vous en parleront qu'il ne faut pas y penser, sans cependant rien dire de positif.
A M. Fouché.
Finkenstein, Ier mai 1807.
Je reçois votre lettre du 21 avril. J'apprends que la ville de Paris n'est plus éclairée et que la police s'y fait plus mal que jamais. Témoignez-en mon mécontentement au préfet de police et prenez des mesures pour obliger les entrepreneurs à mieux remplir les conditions de leur marché. Faites-leur connaître que, s'ils continuent ä faire aussi mal leur service, je leur ferai retenir une somme notable sur ce qui leur revient.
Au vice-amiral Decrès
Finkenstein, ler mai 1807.
Je n'approuve point qu'on désarme le Vétéran. Il faut faire faire, à Concarneau même, les réparations dont il a besoin, afin que, lorsque le mauvais temps éloignera les croisières anglaises, il puisse se mettre en mer et rejoindre l'escadre. Les 700 hommes qu'il a doivent donc y rester pour continuer ä défendre leur vaisseau ; ils me seront aussi utiles là que dans la rade de Lorient. Je n'ai aucun projet sur la sortie de l'escadre de Lorient avant le mois de septembre.
A M. Portalis
Finkenstein, Ier mai 1807.
Monsieur Portalis, il parait qu'on cherche à Rome à nous jeter des brandons de discorde à propos des prêtres constitutionnels; qu'un évêque des Alpes aurait prit là-dessus et que la cour de Rome voudrait intervenir, pour causer sans doute quelque désordre. Faites-moi connaître ce que vous savez là-dessus.
Finkenstein, le 1er mai 1807
A M. le sénateur Berthollet, membre de l'Institut
J'apprends que vous cherchez à emprunter 100 à 150,000 francs. Je donne ordre à mon trésorier de mettre cette somme à votre disposition, bien aise de trouver cette occasion de vous donner une preuve de mon estime et de vous être utile.
Finkenstein, ler mai 1807.
Au roi de Bavière
Monsieur mon Frère, votre ministre m'a remis la lettre de Votre Majesté. J'ai été satisfait du baron de Gravenreuth pendant le temps qu'il a été près de moi, et je désire que Votre Majesté en soit instruite, afin que, lorsqu'elle aura quelque chose d'important à me faire dire, elle en charge ce ministre. Du reste, elle peut être convaincue que je verrai toujours avec plaisir toutes les personnes qui viendront de sa part.
Finkenstein, 1er mai 1807
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, les aides de camp du maréchal Augereau, au lieu de rester à l'armée, l'ont suivi à Paris. Faites-moi connaître à quels corps ils appartiennent, mon intention étant qu'aucun d'eux ne reste à Paris.
Finkenstein, 2 mai 1807
A l'Impératrice
Mon amie, je reçois ta lettre du23. Je vois avec plaisir que tu te portes bien, et que tu aimes toujours la Malmaison. On dit que l'archichancelier est amoureux: cela est-il une plaisanterie, ou cela est-il vrai ? Cela m'a amusé; tu m'en aurais dit un mot.
Je me porte fort bien, et la saison devient belle. Le printemps se montre enfin, et les feuilles commencent à pousser.
Adieu, mon amie; mille choses aimables.
---
4 heures après midi.
Recommande à Hortense de bien être avec son mari. Elle ne fait pas non plus assez de frais, elle met son bonheur où il n'est pas. Quelque chose qu'il y ait, elle doit se plaire à être agréable au père de ses enfants. Les enfantillages doivent cesser; ils commencent l'un et l'autre à être vieux.(C'est le début de la crise entre Louis et Hortense)
ORDRE
M. Duroc fera donner sur les fonds de la caisse des théâtres :
A M. Paër, une boîte avec chiffre en or et la somme de 10,000 fr.;(Fernandino Paër, 1771-1839, compositeur. Il deviendra directeur à vie de la musique des concerts et des théâtres de la cour.)
A madame Paër, la somme de 6,000 francs;
A M. Brizzi, la somme de 4,000 francs.
Finkenstein, 2 mai.1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 22. Le poste de Saint-Cloud doit être fourni par la compagnie des vétérans de la Garde, qui sont, je crois, 200 hommes. Faites former de cette compagnie un détachement de 60 hommes, et faites-le caserner à la caserne de la Garde à cheval. Ce détachement pourra fournir tous les jours 15 hommes pour le service du palais. Il recevra des ordres du général d'Harville ou du général Ordener. J'ai jugé à propos de mettre tous les dépôts de ma Garde sous le commandement du général Ordener. Je vous envoie ci-joint l'ordre.
Le patron de Saint-Valéry-en-Caux qui conduisait les passagers à bord de la station anglaise, et était muni d'un sauf-conduit anglais, doit être traduit devant une commission militaire. Cette commission sera réunie à Rouen; les membres en seront nommés par le général commandant la 15e division militaire, et le prévenu sera jugé dans les vingt-quatre heures. Si, comme il est présumable, le fait se vérifiant, il est condamné à mort, il faut qu'il soit exécuté sur-le-champ. Il faut avoir soin que tout cela ne fasse point de caquetages. Le prévenu sera d'abord transféré dans les prisons de Rouen. Dès son arrivée, le commandant de la 150 division militaire sera prévenu, la commission sera réunie, et le jugement rendu séance tenante.
Finkenstein, 2 mai 1807
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, je reçois votre lettre du 22 avril. En matière de gouvernement, c'est toujours le décret qu'il faut prendre pour base. Je n'ai pas pu me contredire, c'est une erreur de secrétaire qui a été faite dans ma lettre. Le n° Ier du prêt que vous avez fait contient des renseignements précis. C'est à la caisse d'amortissement à veiller à ce que son gage ne disparaisse pas.
Je désirerais savoir s'il existe réellement à la Bibliothèque impériale une histoire d'Alexandre en langue persane, qui diffère de celles que nous avons.
Finkenstein, 2 mai 1807
A M. Fouché
J'ai reçu votre lettre du 21 avril. J'ai traduit le patron de Saint-Valery devant une commission militaire. Donnez ordre qu'il soit conduit dans la prison de Rouen, traduit devant la commission, et jugé séance tenante. Cet exemple ne peut être que d'un bon effet sur nos côtes.
Je suis mécontent des menées de l'Opéra. Faîtes connaître au directeur Bonet que ses moyens d'intrigue ne réussiront pas avec moi. Je ne vois pas pourquoi M. Boutron veut empêcher les autres de gagner leur pain et est si exclusif. Je vous prie de faire finir tout cela. En suscitant des querelles à M. de Luçay et devenant persécuteurs, M. Bonet et M. Boutron se feront mettre à la porte. Vous savez que ces moyens ne réussissent. pas, avec moi. On n'est pas content à l'Opéra de M. de Luçay; si cela ne cesse pas, je leur donnerai un bon militaire qui les fera marcher tambour battant. M. Bouet, que je suppose être à la tête de ces intrigues, n'aura rien gagné à tout cela. Arrangez-vous de manière que je n'entende plus parler de tout cela.
Finkenstein, 2 mai 1901.
Au maréchal Augereau
Mon Cousin, vous avez autour de vous beaucoup de mauvais sujets qui répandent et font répandre toutes sortes de mauvaises nouvelles. Chassez-les ou faites-les taire. J'ai ordonné qu'on arrêtât un nommé Poppon, qui est un mauvais sujet et un voleur. Je vous connaîtrais mal si je pouvais vous croire capable d'accueillir des rapports, fruits de l'extrême malveillance, et qui seraient contraires à l'honneur de nos armes. Ces malheureux paraissent avides de recevoir des nouvelles de nos défaites; ils seront confondus et trompés : nous n'aurons que des victoires.
Finkenstein, 2 mai 1807
Au prince Jérôme
Je reçois votre lettre du 29 avril. Je suis fort surpris d'apprendre que le premier détachement de cuirassiers ne soit pas encore arrivé; il devrait l'être depuis longtemps. Tout ce que vous me dites de vos dispositions serait bon, si elles avaient été calculées de manière à ce que vous fussiez arrivé contre l'ennemi dans la première demi-heure où il a attaqué. Votre lettre, d'ailleurs, contient trop d'esprit. Il n'en faut point à la guerre. Il faut de l'exactitude, du caractère et de la simplicité. Dans l'ordre défensif, il faut réunir ses troupes, les tenir sur pied en bataille avant le jour, jusqu'à la rentrée des reconnaissances qu'on a envoyées sur tous les points. Votre correspondance n'est jamais complète. Vous ne m'instruisez pas des raisons qui vous obligent à tenir 600 hommes à Schweidnitz et 400 hommes à Brieg. Je vous ai déjà fait connaître que 600 hommes dans Schweidnitz et 400 hommes dans Brieg seront égorgés si les habitants le veulent, et que, réunis dans un seul point, ils se défendraient mieux. Il me paraît que vous avez 1,000 hommes des dépôts français. Quels secours attendez-vous de ces 1,000 hommes, composés de soldats sans officiers, appartenant à différents régiments ? Tandis que, s'ils étaient à leurs régiments, ils y seraient de la plus grande utilité. Envoyez-moi l'état, par corps, de ces 1,000 hommes.
Je vous ai mandé que je vous avais envoyé 1,400 autres hommes; ils ne doivent pas être loin de Posen. Je désire beaucoup que vous m'envoyiez ces 2,800 hommes. Il est possible que j'aie une bataille, et 2, 800 hommes de cavalerie ne me seraient point indifférents. Pour moi, ils valent plus que leur nombre, parce que mes corps s'en trouvent renforcés et y gagnent plus de moral. Si vous croyez avoir besoin de garder 200 dragons, j'y consens, mais pas un homme de plus, et, en réalité, vous n'en avez pas besoin. Vous avez assez de forces pour contenir l'ennemi qui est devant vous. Il résulte de votre état de situation du 23 avril que vous avez 15,300 hommes, dont 1,500 de cavalerie.
Vous ne m'avez pas fait connaître l'issue de votre sommation de Neisse. Il paraît que vous n'aurez pas cette place si facilement. Il
faudra ouvrir la tranchée et faire un siège en règle. Je ne connais pas bien votre situation. Faites-moi connaître, par le retour de votre aide de camp, les positions que vous occupez devant l'ennemi, les positions que vous occupez devant Neisse, devant Kosel, devant Glatz; joignez-y un croquis sur grande dimension. Entrez dans des détails pour que je connaisse bien votre situation. Ceux qui vous disent qu'il y a 12,000 hommes dans Neisse font des contes; tout porte à penser qu'il n'y en a pas 3,000.
Finkenstein, 2 mai 1807
Au général Lemarois
Je reçois votre lettre du 30 avri 1. Il paraît que la division Gazan, à Willenberg, souffre beaucoup; il faut y diriger des farines. Je
n'écris pas à M. de Talleyrand, parce que je suppose qu'il est parti. Ne manquez donc pas, en son absence, de m'écrire longuement et de m'instruire de toutes les nouvelles que vous apprendrez. Je vois avec plaisir, dans votre lettre, que vous avez actuellement de la poudre et des boulets pour la défense de Varsovie.
Vous ne m'envoyez aucune nouvelle de Galicie. Faites-moi connaître ce qu'on apprend de ce côté.
Finkenstein, 2 mai 1807
Au roi de Naples
Je reçois votre lettre du 15 avril. Je vois que vous avez comme chef d'état-major le général Lamarque, et le général Berthier commandant d'une division de la côte. J'approuve ces dispositions. Je vous recommande de ne rien distraire de mes troupes, officiers, soldats, pour faire entrer dans les troupes de Naples. Tout ce qui revient de Naples n'est plus que squelette, parce qu'on en a ôté le anciens soldats; cela fait beaucoup de mal.
Vous m'annoncez, dans votre lettre du 9 avril, un rapport de Sicile, qu'on a oublié d'y joindre.
Puis-je appeler à la Grande Armée le 1er régiment napolitain ? C'e le seul moyen de former l'armée napolitaine. Je vois avec plaisir que vous avez envoyé en Italie le 32e léger. Je le ferai passer à Toulon afin de reformer ce régiment.
Finkenstein, 2 mai 1807
Au maréchal Jourdan
Je reçois votre lettre du 15 avril. Je ne vois pas d'inconvénient que vous rendiez au roi de Naples tous les services qu'il demande de vous, et que vous acceptiez toutes les places auxquelles vous appelle sa confiance.
Finkenstein, 3 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 23 avril. Il me semble que j'ai écrit à la princesse Pauline qu'elle pouvait aller aux eaux. Je ne m'y étais opposé que comme conseil, parce que je vois que les médecins conseillent les eaux à leurs malades quand ils veulent s'en débarrasser, et je regardais comme préférable qu'elle attendît la santé dans sa maison, sans courir la chercher sur les grands chemins.
Finkenstein, 3 mai 1807
A M. Fouché
Faites-moi connaître ce qu'a fait un nommé Golberrg, qui a été placé dans les haras et qui passe pour un homme malintentionné.
Je reçois votre lettre du 23 avril. Il n'y a ici rien de nouveau. Le maréchal Augereau a autour de lui un tas de coquins qui répandent et font circuler de mauvaises nouvelles. Ayez un peu l'œil sur eux et parlez-en même au maréchal. Il y a un nommé Poppon, que le ministre de la guerre a fait arrêter à Francfort. Indépendamment des mauvais propos qu'il a répandus sur mes derrières, c'est un voleur. Faites-moi connaître qui est-ce qui a baptisé dans les journaux le 1er régiment de Prusse au service de la France, régiment Napoléon. Faites démentir cette dénomination dans les journaux qui l'ont donnée, et, si l'on peut trouver l'auteur de la lettre, dites-le au ministre de la guerre pour qu'on le punisse.
Finkenstein, 3 mai 1807
A M. Fouché
Je reçois votre lettre du 21 avril. J'espère enfin que vous n'aurez plus la faiblesse de remettre sans cesse en scène Mme de Staël, puisque j'entends qu'elle ne doive plus sortir du Léman, c'est une affaire finie. Je la laisse d'ailleurs maîtresse d'aller á l'étranger, et elle est fort maîtresse d'y faire autant de libelles qu'il lui plaira. Les Anglais se moquent des Russes. Pendant que ceux-ci sont en guerre contre tout le monde pour leur plaire, les Anglais font des expéditions importantes pour leur compte particulier. Ils viennent de prendre Montevideo. Voilà donc l'Angleterre engagée dans une guerre qui lui emploiera beaucoup de monde. Elle n'a presque personne au cap; toutes ses armées sont aux Indes. A force de s'étendre ainsi, elle devient plus vulnérable. C'est dans ce sens que vous devez faire écrire dans tous les journaux.
Finkenstein, 3 mai 1807
A M. Fouché
Par votre lettre du ....vous me dites que vos avez engagé M. Lacuée à diminuer la taille de la conscription. Je ne comprends pas bien cela, car je reçois des hommes de 4 pieds 10 pouces, et même on en recevrait de plus petits; ainsi le motif de la taille n'est pas une raison pour gêner la conscription. Faites-moi un rapport là-dessus.
Finkenstein, 3 mai 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, je vois dans tous les journaux que le 1er régiment de Prusse au service de France est appelé le régiment Napoléon. Faites-moi connaître qui est-ce qui s'est permis d'abuser ainsi de mon nom. Il vous sera facile de savoir qui est-ce qui en a écrit le premier aux journaux. Lorsque vous aurez découvert qui a donné à ce régiment cette dénomination, vous ferez mettre un article dans le Moniteur pour la démentir; et non-seulement vous défendrez qu'on s'en serve à l'avenir, mais vous en punirez sévèrement l'auteur.
Finkenstein, 3 mai 1807
Au vice-amiral Decrès
Je reçois votre lettre du 24 avril. Il parait que les Anglais ont pris Montevideo; ainsi les-voilà engagés dans une guerre qui leur emploiera beaucoup de monde. Il paraît que cette expédition a passé à Rio-Janeiro à la fin de décembre. Il y a, je crois, une autre expédition qui est partie dans le courant de janvier, et dont on a donné dans le temps des nouvelles du cap Vert. On la supposait devoir être pour l'île de France. Dans cet état de choses, faites tout ce qui est possible pour faire supposer que l'escadre de Rochefort et le camp Napoléon doivent se rendre au Cap, la flotte de Brest en Irlande, et qu'il se prépare trois expéditions secrètes pour partir au premier beau temps.
Finkenstein, 3 mai 1807
A M. Daru
Monsieur Daru, je viens de lire les états de situation du 23 avril. Comment n'ai-je pas trois millions de boisseaux d'avoine sur le canal, depuis Küstrin jusqu'à Bromberg ? Je vois que je n'ai que 2,000 boisseauxà Thorn et 1,300 à Bromberg. Comment n'ai-je pas 400,000 pintes d'eau-de-vie à Bromberg ? Je vois qu'à Bromberg et à Thorn il n'y a presque rien. Enfin comment n'ai-je pas 10,000 quintaux de farine et 50,000 de blé à Bromberg ? Je vois que je n'ai que 12,000 quintaux. Il ne faut pas croire que jusqu'à cette heure ce soient vos magasins qui aient fourni l'armée, c'est la ville d'Elbing et l'île de Nogat. Vous savez fort bien qu'il faut 165,000 rations pour nourrir l'armée sur la rive droite, c'est à dire près de 2,000 quintaux par jour. Il faut donc par mois 60,000 quintaux.
Dans cinquante jours, depuis le 24 février au 16 avril, l'on a mangé plus de 70,000 quintaux. Je compte dans ce nombre le gaspillage et les pertes, le pain pillé, etc. Je n'ai donc qu'aujourd'hui à Bromberg que pour huit jours. Elbing ne fournira bientôt plus rien. Il faudra songer à approvisionner tous les magasins par Bromberg; Varsovie même devrait l'être par Bromberg, s'il y avait la moindre administration. Il faut me faire un rapport pour me faire connaître comment va vivre mon armée pendant mai, juin, juillet, août et septembre. Elle ne peut plus se nourrir d'Elbing, il n'y a plus rien; elle ne peut pas vivre de la rive droite, elle est épuisée; il faut donc qu'elle vive des magasins de Bromberg. Il y faut 250,000 quintaux. Varsovie, Kalisz, et tout ce qui peut être fourni par les départements voisins pourront tout au plus fournir les 50,000 restants. Ne perdez pas une heure à mettre en mouvement de Breslau, de Glogau, Küstrin, Magdeburg, Spandau, Wittenberg, etc., des farines, du blé, conformément à la lettre que vous écrit le maréchal Duroc, pour mettre en bonne situation les magasins de Bromberg et de Thorn; faites remplacer par des réquisitions dans le pays ce que vous tirez de ces places. Ayez soin de ne rien demander aux alliés, mais lever tout en pays ennemi.
Dans le rapport. que vous me ferez, vous joindrez le tableau de qui existe au 1er mai dans les magasins sur la Vistule, de ce que vous ferez venir des magasins de derrière et de ce que le pays peut encore fournir; un tableau de répartition d'une réquisition extraordinaire de grains, pour réapprovisionner toutes les places, et ce à compte de la contribution, de manière que l'on puisse, dans le courant de juin et juillet, tirer des mêmes magasins de Glogau, Küstrin, Stettin et Magdeburg, des blés pour remplacer la consommation, sans affaiblir la quantité qui doit toujours rester dans les magasins. Pour le vin, il faut me faire connaître la quantite que l'on a tirée de Stettin, celle achetée à Varsovie et celle consommée. Envoyez des agents des transports pour faire venir tout ce qui est en route. Dirigez sur l'armée toutes les eaux-de-vie qui se trouvent dans les magasins de Stettin, Küstrin, Glogau et Magdeburg, et faites-les remplacer par des réquisitions dans le pays. Suivre le même procédé pour l'avoine et la remplacer par des réquisitions, et, par ce moyen, faire payer quelque chose à la Prusse, qui, jusqu'à présent, a moins payé que si elle était en paix.
Si vous ne réussissez pas dans toutes ces mesures, vous n'aurez aucune excuse, car vous avez des rivières, des canaux. L'artillerie fait venir avec la plus grande activité de ses arsenaux et même de France les fusils et tout ce dont elle a besoin, et vous, vous ne pouvez faire venir un tonneau de vin de Küstrin.
-------
Je reçois les états au 1er mai. J'y vois que le vin qui est en route depuis le mois de mars n'est pas encore arrivé à Bromberg; que Thorn n'a que 2,200 quintaux de farine ou de blé, et point de pain; Bromberg n'a que 15,000 quintaux de farine ou de blé, et pas de réserve en pain. Je vois à Strasburg 15,000 quintaux de farine ou de blé : qui a ordonné dans cette place un magasin si considérable ? d'où viennent-ils? Varsovie n'a que 3,000 quintaux; c'est une grande faute.
Finkenstein, 3 mai 1801.
Au prince Jérôme
Mon Frère, je vous envoie l'état des détachements de cavalerie, de chasseurs et hussards à pied que je vous ai envoyés en Silésie, pour que vous les montiez. Vous verrez que, le 7 et le 8 mai, tout cela doit être arrivé à Breslau et à Glogau. Prenez donc toutes les mesures pour que tout cela puisse revenir promptement monté à l'armée; j'en ai le plus sérieux besoin.
Finkenstein, 3 mai 1807
Au général Clarke
Je reçois votre lettre du 30 avril. J'ai des nouvelles de Londres du 21 avril. Il parait qu'il y avait une expédition de partie, hormis une de 3,000 hommes destinée pour les Grandes Indes. Il paraît que les Anglais sont encore engagés dans une guerre de l'Amérique méridionale, venant de prendre Montevideo, où ils seront probablement obligés d'envoyer des renforts.
J'attends avec impatience des nouvelles du maréchal Mortier. Dans tous les cas, il est assez fort contre les Suédois. Il doit renvoyer à l'armée tous les régiments provisoires; ils se perdent et ne sont en réalité d'aucune utilité, isolés.
Quand vous lirez ceci, nous serons au 7 mai, et c'est, je crois, le 19 que la division Boudet arrive à Halle. Certains désormais de ne point manquer de renforts derrière, il n'y a donc plus rien à craindre. Faites donc tout partir sans délai, et deux jours de retard peuvent être d'un grand inconvénient ici. Faites donc filer sur l'armée tous les régiments provisoires d'infanterie et de cavalerie.
Finkenstein, 3 mai 1807
Au général Chasseloup
Faites faire une tête de pont sur la rive droite au pont de Dirschau. Vous ferez consister cette tête de pont en deux redoutes établies sur la digue, à 3 ou 400 toises du pont, en trois ou quatre ouvrages intermédiaires entre ces deux redoutes, et un petit réduit ayant tout au plus 200 toises de développement.
Finkenstein, 4 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 25 avril. Vous vous trouvez investi de tous les pouvoirs nécessaires pour remettre l'ordre à l'Opéra, puisque, par un décret spécial que vous devez avoir reçu je vous en ai chargé.
Je trouve que vos observations sur les spectacles gratis sont fondées Mais qui donne ces autorisations ? On dit que M. Bonet commet aussi beaucoup de dilapidations en accordant des billets et des loges gratis.
Finkenstein, 4 mai 1807
Au maréchal Bernadotte
Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre. Je vois avec plaisir la bonne situation de votre corps d'armée. D'ici au 15 mai, vos corps recevra un renfort de 4,000 hommes par l'arrivée et l'incorporation des douze derniers régiments provisoires. J'espère donc que vous aurez bientôt de 23 à 25,000 hommes d'infanterie. Nous avons conclu un armistice avec les Suédois, et les hostilités ne pourront être reprises qu'après s'être prévenus un mois d'avance.
Jusqu'à cette heure, il paraît que les Anglais pensent plus à leurs affaires contre l'Amérique espagnole qu'à venir dans la Baltique Toutefois, j'ai sur mes derrières un corps de 14,000 Hollandais et les divisions Molitor et Boudet, fortes de 18,000 hommes, que j'ai fait venir d'Italie et qui arrive à Magdeburg le 12 mai.
Le maréchal Mortier est en marche pour prendre une possession entre Danzig et Kolberg, afin de pouvoir promptement arriver sur l'une ou l'autre de ces places, S'il se tentait quelque chose pour en faire lever. le siège. Il serait possible qu'on tentât quelque opération pour débloquer Danzig; il faut donc, jusqu'à ce que cette place soit prise, se tenir prêt à manœuvrer.
Finkenstein, 4 mai 1807
Au maréchal Mortier
Mon Cousin, il faudrait établir un un cartel avec les Suédois pour l'échange des prisonniers. Vous recevrez des ordres au major général pour votre nouvelle direction. Le choix de votre quartier général est important. Placez vos troupes de manière qu'elles puissent se porter ou sur Danzig, on sur Kolberg, ou sur Marienwerder, avec la plus grande rapidité.
Finkenstein, 4 mai 1807
Au maréchal Lefebvre
Ni hier, ni aujourd'hui, je n ai reçu de nouvelles de vous, de sorte que je n'ai point de nouvelles du siège du 1er mai; cependant, le 2, nous avons entendu une forte canonnade.
Les Suédois ont adopté la modification que j'avais apportée à l'armistice, c'est-à-dire qu'on serait obligé de se prévenir un mois d'avance. En conséquence, je viens de donner l'ordre au maréchal Mortier de se porter à deux journées de Danzig, pour être à portée de protéger Danzig si l'ennemi voulait y faire quelque débarquement. J'espère que vous ne tarderez pas à avoir le Hagelsherg. Les sorties de l'ennemi font penser qu'il craint que vous ne l'enleviez de vive force. Il faut concentrer tous vos feux contre les batteries ennemies.
Ayez toujours l'oeil sur ce qui peut se passer dans la presqu'île, surtout du côté de Pillau.
---------------------
Au moment même, votre aide de camp me remet vos lettres des 2 et 3 mai.
Finkenstein, 4 mai 1807
Au général Clarke
Je reçois votre lettre du 1er mai. Le major général vous envoie copie des instructions que je donne aux maréchaux Mortier et Brune, par lesquelles vous verrez toutes les mesures que j'ai prises pour réunir une grande force sur mes derrières, et que je vous ai restitué le régiment de Nassau. Faites donc filer, sans aucune espèce de retard, tous les détachements quelconques de cavalerie, tous les régiments provisoires à pied et à cheval, sur la Grande Armée. Le siège de Danzig avance; il est possible qu'à la dernière extrémité l'ennemi veuille tenter quelque chose; il ne faut donc pas perdre un moment pour m'envoyer tous les renforts possibles.
Je ne demande pas mieux que de payer les officiers, mais le peuple de Berlin ne paye rien. De tous les gouvernements, le vôtre est le seul qui n'ait rien rendu, ni en contributions extraordinaires, ni en contributions ordinaires. Si vous activiez les recettes de l'une et l'autre espèce, il serait possible de faire une caisse du sixième au septième de vos contributions extraordinaires pour payer les officiers, les rentiers et pensionnaires. M. Estève ne fait que des états et n'envoie rien. Je pense qu'il faudrait établir un gouvernement provisoire; présentez-m'en le projet, car il faut que cela parte de vous. Vous y diriez que les rentiers, pensionnaires, officiers invalides, établissements, tombant de toutes parts, ces motifs ont nécessité l'établissement d'un gouvernement provisoire, que vous l'avez établi de telle et telle manière. On établirait autant de chambres de dépenses qu'il y a de provinces, et on arriverait alors à quelque chose. Présentez-moi vos idées là-dessus. Faites-moi connaître combien votre gouvernement me rendrait par mois. Il faudrait que cela remontât jusqu'au mois d'octobre : bien entendu qu'on en ôterait tout ce qui m'a été payé.
Faites mettre dans les journaux de Berlin que tous les rapports qu'ont faits les Suédois sont exagérés et pleins de réticences; qu'ils
ont pris 1,000 fusils, cela est vrai, mais cassés et provenant du désarmement du Mecklenburg; qu'ils ont pris des voitures, cela est
vrai -. mais ce sont des voitures de paysans abandonnées; qu'ils ont fait 1,000 prisonniers, cela n'est pas vrai : mais il est vrai qu'ils en ont pris 420; mais ce sont des hommes isolés; il n'y en a qu'une soixantaine de Français, le reste est en partie des recrues hollandaises qui se sont laissé surprendre; qu'ils ont pris à Rostock deux pièces de canon, cela est vrai; ce sont deux pièces appartenant à la ville de Rostock, d'une livre de balle, comme en ont ces petites villes; que, dans le fait, ils n'ont eu aucun avantage. Nos troupes se retiraient et, dans le combat qui a précédé la journée du 16, les Français ont eu 4 hommes tués et 6 blessés. Au contraire, dans la journée du 16, le maréchal Mortier leur a pris 1,000 à 1,200 hommes, sept ou huit pièces de canon et, sans l'armistice, la perte des Suédois aurait été plus grande. Faites aussi mettre cet article dans le journal d'Altona. Faites mettre aussi l'armistice dans les journaux, mais avec l'article additionnel qu'on se préviendra un mois d'avance. L'article que vous ferez là-dessus, envoyez-le à Bourrienne, pour qu'il le fasse mettre dans la gazette d'Altona.
Je trouve, dans un de vos rapports, un extrait d'une lettre de M. Schleinitz, qui rapporte que je lui ai dit que là Prusse était sous la puissance de la Russie, et la Russie sous la puissance de l'Angleterre; que cela rend la paix difficile; que le roi de Prusse n'a que deux moyens de rentrer dans ses États : l'un que je le ramène à Berlin à la tête de ma Garde; l'autre, qu'il y soit ramené par les Russes; que, pour arriver à ce dernier moyen, il faut que j'aie perdu une bataille avant de passer la Vistule; que j'en aie perdu trois entre la Vistule et l'Oder; mais qu'alors je me rapproche de mes États et j'augmente mes forces; que, dans ce cas, on se demande quelle sera la situation du roi de Prusse. Après avoir fait circuler cela dans le public, vous pouvez le faire mettre dans tes journaux comme un bruit de ville.
Finkenstein, 4 mai 1807
Au roi de Naples
Mon Frère, je reçois votre lettre du 15 avril. Je ne doute pas qu'à la longue M. Roederer ne devienne ce que vous dites. Quand on commence à avoir l'habitude des affaires, on méprise toutes les théories, et l'on s'en sert comme les géomètres, non pour marcher en ligne droite, mais pour continuer dans la même direction. Du reste, je crois à l'attachement de M. Roederer; je crois à sa probité, à ses lumières, mais sa fibre s'accoutumera- t-elle jamais au calme des affaires ? C'est ce que l'expérience seule prouvera.
Il faut vous attendre, dans la correspondance de mes ministres, à être traité comme général en chef de mon armée et à recevoir des marques de mon mécontentement toutes les fois que les règles de l'administration ne sont pas suivies. J'ai été un peu mécontent, par exemple, que plusieurs de mes corps aient été un peu désorganisés. Ce ne sont point des hommes que je compte dans mon armée, mais les hommes qui ont de l'expérience et de la valeur. L'armée française ne peut suffire au recrutement de ma Garde sans que son esprit s'affaiblisse trop; jugez du mal qu'à fait aux armées de Hollande et de Naples l'absence des hommes qui en ont été tirés pour les deux Gardes. Il est tel régiment que M'a ruiné le roi de Hollande, qui était un excellent corps et qui n'est aujourd'hui d'aucune valeur. Mais cela est une affaire finie. Je vous enverrai des conscrits français tant que vous voudrez, mais je vous prie d'avoir soin des régiments qui composent l'armée de Naples et de les tenir en bon état.
Il faut vous fâcher contre les teneurs de propos et contre ceux qui se permettent de se trouver mécontents. Je pense que l'habitude de gouverner, avec votre bon esprit et vos heureuses qualités naturelles renforcera votre caractère, et vous rendra plus Propre à mener cette immense machine, si jamais le destin vous faisait vivre plus que moi
Le prince Jérôme se conduit bien, j'en suis fort content, et je me trompe fort s'il n' y a pas en lui de quoi faire un homme de premier ordre. Vous pouvez croire cependant qu'il ne s'en doute guère, car toutes mes lettres sont des querelles. Il est adoré en Silésie. Je l'ai jeté exprès dans un commandement isolé et en chef; car je ne crois pas au proverbe que, pour savoir commander, il faut savoir obéir.
Je suis content de Louis; mais il a un peu trop l'esprit de charité, ce qui s'allie mal avec avec la dignité du diadème. Ce n'est pas qu'il fasse grand cas des avis que je lui donne, mais je ne cesse pas de les lui continuer, et l'expérience ne tardera pas à lui apprendre que beaucoup de choses qu'il a faites sont mal. J'ai blâmé l'institution de son ordre, non comme mauvais en lui-même, mais comme prématuré; car comment ne pas le donner aux personnes qui nous entourent ? Et comment imprimer ce cachet indélébile sur des personnes qu'on ne connaît pas, et qui, au premier revers peut-être dévoileront qu'elles n'étaient que des misérables ? Ce raisonnement, vous en sentez la force. Attendez que vous ayez un peu connu les hommes qui vous entourent. Et puis l'envie de donner un Ordre ne peut venir comme une envie d'aller à la chasse; il doit se rattacher à un souvenir mémorable. Le moment de votre couronnement, voilà une époque mémorable; alors on sera en paix avec toute l'Europe. Louis vient aussi de permettre que les dames hollandaises reprissent leurs anciens titres; ses chambellans même les leur donnent. Je me suis fâché. Je n'ai pas été content de votre exemple qu'il m'a allégué, comme s'il y avait quelque chose de commun entre un royaume et une république qui a passé par toutes les épreuves qu'a subies la France. Cela ne fait pas honneur à sa pénétration. Si vous avez occasion de lui écrire, dites-lui-en un mot; car comme on croit que tout cela se fait par mes conseils, cela fait un mauvais effet en France. Comme je ne veux pas rétablir en France les anciens titres, je ne veux pas qu'on les rétablisse dans un pays dont j'ai garanti le système constitutionnel, et qui a tant d'analogie avec la France par ses vicissitudes.
Il serait convenable d'établir un chiffre entre vous et moi, et j'ai écrit à M. de Talleyrand de vous en envoyer un.
Je me porte fort bien. Nous commençons enfin à nous apercevoir de la bonne saison. Le siège de Danzig avance. Nous y avons quatre-vingts pièces de canon en batterie; on doit couronner le chemin couvert et faire le passage du fossé dans deux ou trois jours.
Je vous recommande la principauté de Bénévent; traitez-la bien, car je serais fâché que vous fissiez quelque chose de désagréable pour le prince, dont je suis on ne peut plus-satisfait.
Finkenstein, 5 mai 1801.
A M. Portalis
Monsieur Portalis, nous avons appris avec une profonde douleur la mort de notre bien-aimé évêque de Vannes, Maynaud-Pancemont(Anne-Antoine-François-Xavier Mayneaud de Pancemont, 1756-1807, évêque de Vannes. Il avait fait partie des négociations du Concordat). A la lecture de votre lettre, les vertus qui distinguaient ce digne prélat, les services qu'il a rendus à notre sainte religion, à notre couronne, à nos peuples; la situation des églises et des consciences dans le Morbihan au moment où il arriva à l'épiscopat; tout ce que nous devons à son zèle, à ses lumières, à cette charité évangélique qui dirigeait toutes ses actions : tous ces souvenirs se sont présentés à la fois à notre esprit. Nous voulons que vous fassiez placer sa statue en marbre dans la cathédrale de Vannes. Elle excitera ses successeurs à suivre l'exemple qu'il leur a tracé. Elle fera connaître tout le cas que nous faisons des vertus évangéliques d'un véritable évêque et couvrira de confusion ces faux pasteurs qui ont vendu leur foi aux ennemis éternels de la France et de la religion catholique, apostolique et romaine, dont toutes les paroles appellent l'anarchie, la guerre, le désordre et la rébellion. Enfin elle sera pour nos peuples du Morbihan une nouvelle preuve de l'intérêt que nous prenons à leur bonheur. De toutes les parties de notre Empire, c'est une de celles qui sont le plus souvent présentes à notre pensée, parce que c'est une de celles qui ont le plus souffert des malheurs des temps passés. Nous regrettons de n'avoir pu encore la visiter; mais un des premiers voyages que nous ferons, à notre retour dans nos États, sera de voir par nos propres yeux cette partie si intéressante de nos peuples.
Finkenstein, 5 mai 1807
A M. Portalis
Faites-moi connaître quel est le curé qui prêche à Saint-Sulpice, son âge, ses opinions et ses talents.
Camp impérial de Finkenstein - 5 mai 1807
Au Shah de Perse
NAPOLÉON, Empereur des Français, Roi d'Italie, à Feth-Ali, empereur des Persans, salut.
J'ai reçu la lettre que tu m'as fait remettre par ton ambassadeur extraordinaire, le très-noble et très-élevé Mohammed Riza Beg. J'ai reconnu, à ce qu'elle contient, et à ce qu'il m'a dit de ta part, la sincérité de tes sentiments pour moi, ton désir de consolider notre
amitié par les liens les plus étroits, et ta ferme volonté d'unir constamment tes efforts aux miens contre nos ennemis communs. J'ai en conséquence ordonné à mon ministre de conclure avec lui un traité d'alliance dont les ratifications signées de ma main et scellées de mon sceau impérial seront échangées dans ta capitale. Sa fidèle exécution fera la gloire de ton empire et le désespoir de nos ennemis.
J'ai été très-satisfait de la conduite de ton ambassadeur extraordinaire pendant tout le temps qu'i1 est resté près de moi; et tu feras une chose qui me sera agréable, en lui tenant compte du zèle que, dans cette circonstance, il a montré pour ton service.
Je te souhaite les bénédictions du ciel, un règne long et glorieux et une fin heureuse.
Finkenstein, 5 mai 1807
Au maréchal Berthier
Vous partirez à midi pour vous rendre devant Danzig; vous y arriverez avant minuit. De minuit à six heures du matin, vous irez visiter toutes le tranchées; vous verrez quelle est l'opinion du génie; vous verrez le général la Riboisière et le parc ; après cela vous irez trouver le maréchal Lefebvre.
Le maréchal Lefebvre me demande des ordres pour attaquer le 8, de vive force, le Hagelsberg. Cette demande m'est faite le 3, et j'avoue que je n'y comprends rien. Du 3 au 8, il y a cinq jours. Lit sape était éloignée, il y a deux jours, de 22 toises; en cinq jours, en n'en faisant que 3 toises par jour, on ne sera éloigné que de 6 toises. Si la sape était à 6 toises le 8 ou le 10, il y aurait folie à faire attaquer de vive force sans profiter des ressources de l'art. Deux objections sont contre : 1° des palissades non rompues par l'artillerie, à moins qu'il n'y ait une position d'où on puisse les enfiler; 2° les chausse-trapes et piquets au fond des fossés, mais surtout les fougasses, redoutables pour les troupes qui ne sont pas accoutumées à la guerre de siège; officiers et soldats sont fort ignorants là-dessus; aucun d'eux n'en a jamais vu ni fait. Ils se croient minés jusque sous les parallèles. Si le 8 on se trouve sur le chemin couvert, qui empêche de le couronner ? Mais d'ailleurs le couronnement du chemin couvert est inutile. Un chemin couvert ne se couronne que pour établir les batteries de brèche; je n'en ai pas besoin. Du moment que je serai à 10 toises, il faut cheminer par trois ateliers de mineurs, faire sauter le chemin couvert, les contrescarpes, arriver aux palissades, les briser à coups de hache et faire une gabionnade au fond du fossé. Alors plus de difficulté de faire l'assaut, et d'enlever le Hagelsberg enfin. Il est reconnu que les mineurs peuvent faire 3 toises par jour; ils peuvent donc faire 15 toises en cinq jours. Encore une fois, mon opinion est que l'on n'a pas besoin de cheminer à ciel découvert aux 15 dernières toises, puisqu'il n'y a pas besoin de couronner le chemin couvert.
Si cependant, par des raisons que je ne suis pas à même d'apprécier d'ici, il était impossible de s'approcher assez près pour cheminer sous terre, et qu'on fût sûr de briser les palissades et de tenter un assaut, il faudrait le tenter au même moment où l'on menacerait avec les échelles et autres moyens d'attaque les autres points de la place. Si. au contraire on continue à cheminer jusqu'au 10, et que la position de la presqu'île soit utile au cheminement de la sape et pour appuyer son flanc gauche, il faut l'enlever sans délai.
Vous pourrez donc partir de manière à être arrivé le 7 dans la nui à Marienburg, où vous apprendrez si je suis encore au quartier général ou si j'ai été du côté d'Elbing.
Finkenstein, 5 mai 1801
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, donnez ordre au général du génie Chambarlhiac de se rendre devant Kolberg pour prendre le commandement du génie de ce siège.
Faites connaître au prince de Ponte-Corvo et au maréchal Soult que mon intention est qu'ils fassent camper leur armée par divisions.
Ils vous enverront les plans des camps et des positions qu'ils occuperont
Faites connaître également au maréchal Davout que mon intention est qu'il fasse camper la division Morand sur les hauteurs d'Allenstein, la division Friand sur les hauteurs d'Osterode et la division Gudin sur les hauteurs de Hohenstein, ayant soin de choisir des lieux sains et de bonnes positions militaires, et d'exercer les troupes aux manœuvres et aux exercices.
Ces maréchaux vous feront connaître quand ces camps seront établis, parce que l'Empereur ira les voir successivement. Quant au maréchal Ney, vous lui ferez connaître que j'ai fait camper les autres corps d'armée, mais que, sur ses observations, je le laisse maître de faire ce qu'il voudra.
Faites camper les fusiliers de la Garde près de Finkenstein; on laissera la place pour le second régiment.
Finkenstein, 5 mai 1807
Au maréchal Berthier
Le maréchal Lannes commande un corps qui porte le nom de corps de réserve de la Grande Armée.
Ce corps sera composé de la division Oudinot, formée à quatre brigades, et de la division Verdier.
Le division Oudinot aura ses quinze pièces de canon, telles qu'elles a dans ce moment.
La division Verdier sera composée des 2e léger, 3e de ligne, 7e de ligne et du régiment de Paris. Elle aura douze pièces de canon françaises, actuellement attachées à la division italienne qui est devant Kolberg, et qui ont ordre de se rendre à Marienwerder.
Le 3e et le 72e arriveront à Marienwerder avant le 12 mai. Le 2e léger et le régiment de Paris seront joints à la division Verdier après la prise de Danzig.
Le général de brigade Harispe et le général de brigade Vedel feront partie de la division Verdier. L'adjudant commandant Sicard sera le chef d'état-major de cette division.
Une troisième division sera réunie au corps de réserve; elle sera composée de la division italienne. Je donnerai des ordres pour le temps où elle devra rejoindre le corps de réserve. Elle aura ses douze pièces d'artillerie, que lui fournit le 8e corps.
Vous ferez connaître au maréchal Lannes que cette division n'arrivera à Marienwerder que sur la fin de mai, et qu'elle est composée de quatre régiments d'infanterie italiens et d'un régiment de cavalerie.
Le corps de réserve sera ainsi composé de plus de 20,000 hommes.
Il est nécessaire qu'il y soit attaché un ordonnateur, des employés d'administration, et un officier supérieur pour commander l'artillerie.
Finkenstein, 6 mai 1807
A l'Impératrice
Mon amie, je reçois ta lettre du 25 avril. Je vois avec peine que tu as été malade, mais c'est la maladie que tu as tous les mois. S les eaux pouvaient t'en guérir par une petite mer rouge, ce serait bien heureux.
Je me porte fort bien et je désire que tu ne doutes jamais de mon amour.
Finkenstein, 6 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 26 avril. Le temps est ici superbe. Tout commence à végéter. Nous nous apercevons enfin que nous sommes au mois de mai.
Vous trouverez ci-joint un article additionnel à l'armistice conclu avec les Suédois, que vous ferez mettre dans le Moniteur. Du reste, rien de nouveau. Le siège de Danzig se continue avec la plus grande activité.
Vous trouverez ci-joint une lettre au ministre Dejean, dont vous prendrez connaissance et que vous lui ferez passer.
Finkenstein, 6 mai 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous donnerez l'ordre que six compagnies du 3e bataillon du 5e d'infanterie légère, qui seront successivement complétées, à mesure de l'arrivée de la conscription, à 900 hommes, se rendent au camp de Saint-Lô, et aux deux bataillons de ce régiment qui sont au camp de Saint-Lô de se rendre à Paris. Il faudra qu'ils soient complétés à 2,000 hommes. Vous les passerez en revue à leur arrivée à Paris. Vous ne tarderez pas à recevoir l'ordre de les faire venir en poste à Mayence.
Envoyez l'ordre au sénateur Canclaux de renforcer la garnison de Cherbourg de 500 hommes de gardes nationales, de manière que sur ses 3,000 hommes il en ait la moitié à Cherbourg.
Finkenstein, 6 mai 1807
Au général Lacuée
J'ai reçu votre lettre du 25 avril. J'ai lu cette lettre avec peine Comment avez-vous pu supposer que j'aie jamais eu aucune espèce de doute sur votre zèle et sur votre attachement à ma personne ? J'ai lieu de me plaindre de ce sentiment d'injustice de votre part. On ne peut être plus satisfait que je le suis de tout ce que vous faites.
Finkenstein, 6 mai 1807
Au maréchal Bessières
Le maréchal Bessières partira dans la journée pour se rendre à Bischofswerder. Demain, à neuf heures du matin, il passera la revue de la division Saint-Sulpice, en faisant border la haie par compagnie.
Il m'apportera des états bien en règle pour me faire connaître qu'il y a : général de division, généraux de brigade, adjudants commandants, aides de camp et adjoints, colonels et états-majors, chaque compagnie, capitaine et officiers; enfin me faire savoir ce qu'il peuvent mettre devant l'ennemi et ce qu'ils gagneront dans quinze jours.
Il passera cette revue dans les mêmes détails et comme j'ai passé la Garde, et de manière à me donner les mêmes renseignements.
Il la fera manœuvrer une heure ou deux.
Après quoi il se rendra à Strasburg. Il fera la même chose à division Grouchy, et il reviendra me faire un rapport détaillé.
Il me fera connaître où ces corps ont des détachements, en distinguant ceux qui sont en Silésie, ou à Postdam, ou aux petits dépôts sur la Vistule.
Finkenstein, 6 mai 1807
Au prince Jérôme
Mon Frère, un régiment de 1,200 Saxons doit être arrivé le 6 à Breslau. Le 2e régiment de dragons doit y être arrivé le 5. Mon intention est donc que, sans perdre un moment, vous dirigiez sur Thorn toute la cavalerie légère, les dragons et cuirassiers qui seront montés, au moment où vous recevrez cette lettre. Vous leur ferez donner des sabres et des carabines, si vous en avez; si vous n'en avez pas, vous les ferez passer par Posen, et vous écrirez au général Saint-Laurent pour qu'on leur en donne. S'il n'y en avait pas à Posen, on leur en donnerait à Thorn.
Vous ferez partir également sans délai les 1,000 hommes d'infanterie sortis de l'hôpital, en dirigeant ceux du 5e corps sur Varsovie et ceux des autres corps sur Thorn. Ne portez aucun retard dans l'exécution de cet ordre, et envoyez-moi en grand détail l'état de ce que vous faites partir. Vous avez assez de troupes pour contenir la Silésie, surtout avec le régiment de 1,200 Saxons qui vient d'arriver.
Le 15 mai, il vous arrivera le régiment des lanciers polonais; mon intention est que vous portiez les deux premiers escadrons de ce régiment à 500 hommes, c'est-à-dire à 250 hommes par escadron, et que vous les fassiez partir sans délai pour Varsovie. Vous garderez les cadres des 3e et 4e escadrons pour recevoir les recrues qui vont vous arriver.
Par le retour du courrier, envoyez-moi, 1° le détail des hommes d'infanterie que vous dirigez sur les différents corps de la Grande
Armée, en me faisant connaître de quels régiments ils sont; vous leur ferez fournir des gibernes et des armes prussiennes, si vous n'en avez pas d'autres, en recommandant à celui qui les commandera de faire changer ces armes, à Thorn ou à Varsovie, contre des armes françaises; 2° l'état de tous les chasseurs, hussards, dragons, cuirassiers et carabiniers que vous dirigez sur l'armée, en me faisant connaître ceux qui ont des sabres, des pistolets, des carabines, et ce qui leur manque.
Je vous ai déjà fait savoir qu'il est possible que, dans les quinze premiers jours de mai, je livre une grande bataille, et 2,000 hommes
de cavalerie de plus ou de moins sont pour moi d'une grande importance, surtout l'ennemi ayant beaucoup de cavalerie.
Finkenstein, 6 mai 1807
Au général Clarke
Je reçois votre lettre du 3 mai. Vous ne me parlez pas du départ des trois régiments provisoires de cavalerie, ni du régiment qui est à Berlin, ni de détachements quelconques de cavalerie. Mon intention est que vous n'en gardiez aucun; dragons, chasseurs, cuirassiers, que tout parte. Faites aussi partir les deux régiments provisoires qui sont à Berlin. Avec le bataillon de Nassau, vous pouvez garder Berlin et Küstrin jusqu'à ce que le bataillon provisoire de garnison de Küstrin et le 2e bataillon de Nassau soient arrivés N'attendez pas pour faire partir les régiments provisoires que Nassau soit arrivé. Deux jours de différence ne sont rien pour Berlin et sont beaucoup pour moi.
Écrivez à l'intendant et au gouverneur du Mecklenburg pour que les chevaux provenant de ce pays rentrent.
Le 7e provisoire est arrivé, et je vois que les 6e et 8e sont marche; mais les 5e, 9e, et 10e, je n'en entends pas parler. Mettez sans délai ces trois régiments en marche.
Le 4e de ligne italien doit arriver le 12 et le 13 à Potsdam; faite le séjourner à Berlin et passez-le en revue; faites-lui remettre tout ce dont il a besoin. Après cela vous le dirigerez par Stettin sur Kolberg, où il rejoindra la division italienne.
Le régiment des chasseurs italiens arrive le 11 mai à Potsdam; vous l'y ferez séjourner pour réparer sa sellerie, le remettre en bon état, et vous le dirigerez sur Thorn. Je destine ce régiment à faire partie de la réserve de cavalerie.
Le régiment italien des dragons de la Reine arrive à Potsdam 14 mai. D'ici à cette époque, j'aurai le temps de vous envoyer ordres. Je le destine à la division italienne.
Finkenstein, 6 mai 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, vous recevrez du major général l'ordre de faire partir le dernier régiment de dragons italiens qui reste en Italie avec le 14e régiment de chasseurs, chacun complété à 600 chevaux, pour se rendre à Augsbourg avec neuf pièces de canon, dont trois servies par l'artillerie légère. Cette artillerie, personnel, matériel et attelage, sera italienne.
Vous ferez partir également une quarantaine de sapeurs pour compléter la compagnie de sapeurs qui est à la division italienne au siège de Kolberg, et qui est réduite à 80 hommes.
Je pense que le 30 mai tout cela sera rendu à Augsbourg.
Si les deux régiments de cavalerie n'ont pas 600 chevaux, il n'y a pas d'inconvénient à n'en envoyer que 400, pourvu que les 200 hommes restants viennent à pied avec leurs selles et bien armés. S'ils manquaient d'armes, vous auriez soin de m'en instruire, afin qu'ils en trouvent à Magdeburg. Cependant tâchez qu'ils soient dans le meilleur état possible. Ces deux régiments vous seront remplacés par les deux régiments de cavalerie que le roi de Naples vous envoie.
Je remarque dans votre état de situation au ler avril que la division Clauzel n'a que cinq bataillons. Je pense que vous devez y mettre le 4e bataillon du 60e, le 4e du 23e, le 4e du 79e, le 4e du 11e, le 4e du 5e; ce qui ferait dix bataillons. Vous pourriez les composer de sept compagnies chacun, et alors il resterait quatre compagnies aux dépôts. Avec ce qui existe aux dépôts et avec la conscription qui va vous arriver, ces dix bataillons vous formeront bientôt une division de 7 à 8,000 hommes.
Vous pouvez et vous devez considérablement augmenter la division Duhesme. Les 8e, 18e et 3e légers pourraient fournir chacun un petit bataillon de six compagnies, formant un effectif de 72e hommes; le 81e pourrait fournir dans la même proportion. Les dépôts du royaume de Naples qui vous fournissent deux compagnies pourraient vous en fournir quatre; ceux qui vous en fournissent quatre pourraient vous en fournir six; et par ce moyen vous pourrez augmenter cette division jusqu'à 8 ou 10,000 hommes.
Le ler léger, le 42e et le 112e formeraient le fond d'une 5e division. J'espère que, dans le courant de juin, la division Seras aura 10,000 hommes présents sous les armes; la division Broussier, 8,000 hommes, la division Clauzel, 7,000 hommes, la division Duhesme, 8 à 10,000 hommes, et la 5e division, 6,000 hommes, de manière que vous aurez 45,000 hommes d'infanterie, c'est-à-dire une armée de 50,000 hommes, infanterie, cavalerie, artillerie, présents sous les armes, et de 60,000 hommes compris l'armée du général Marmont. En cas d'évènements vous seriez renforcé par 12,000 hommes que j'ai dans le midi de la France; ce qui vous ferait une armée de 72,000 hommes, qui, au milieu de vos places fortes, serait respectable. Mais pour cela, il faut vous occuper sans relâche à former vos troupes, à faire remplacer vos officiers qui ne sont plus dans le cas de servir, renvoyer les hommes réformés et mettre enfin tout en bon état, Les 3e et 4e bataillons des sept régiments que j'ai appelés à la Grande Armée, faisant partie du corps d'observation et composant les divisions Boudet et Molitor, vous formeraient aussi sept petits bataillons qui pourraient compléter une de vos cinq divisions.
Quant à l'artillerie, vous avez envoyé seize pièces de canon; il faut sur-le-champ les remplacer à vos parcs.
Je vois par votre état de situation du ler avril que vous avez au 2e corps 600 chevaux et 700 hommes du train d'artillerie : vous avez donc là des soldats du train pour servir encore 100 chevaux; que vous avez enfin au 4e bataillon principal du train, au 4e bataillon bis, au 7e principal, près de 1,500 hommes et près de 2,000 chevaux : vous avez donc près de 3,000 chevaux français du train. C'est beaucoup plus qu'il n'y en a jamais eu en Italie, et tout autant que cela vous est nécessaire.
Je n'ai pas pu bien voir sur votre état de situation à quoi se monte le train d'artillerie italien, en hommes et en chevaux.
Finkenstein , 6 mai 1807
Au roi de Naples
Mon Frère, si vous faites frapper de la monnaie, je désire que vous adoptiez les mêmes divisions de valeur que dans les monnaies de France, et que vos pièces portent d'un côté votre effigie et de l'autre les armes de votre royaume. J'ai déjà fait la même chose pour mon royaume d'Italie. Les princes confédérés font la même chose. De cette manière il y aura dans toute l'Europe uniformité de monnaie, ce qui sera d'un grand avantage pour le commerce. Il n'y aurait pas d'inconvénient à faire mettre en légende la valeur de la monnaie, comme, par exemple, NAPOLÉON DE 20 FRANCS etc. (la même lettre fut écrite au roi de Hollande)
Finkenstein, 6 mai 1807
Au roi de Hollande
Je reçois voire lettre du 26 avril avec les journaux qui y étaient joints. Je suppose que cette expédition sortie d'Angleterre n'était qu'un convoi marchand ou bien quelque expédition pour les Indes.
Le major général vous aura fait connaître que j'ai réuni vos troupes hollandaises, qui se montent à 14,000 hommes, sous les ordres du maréchal Brune, qui commande un corps d'observation sous le titre de Corps d'observation de la Grande Armée. Vos troupes hollandaises se trouvent partagées en trois divisions, une sur Hambourg, une sur Schwerin et la troisième sur Anklam. J'ai deux divisions françaises, formant 15,000 hommes, réunies à Magdeburg et destinées à appuyer le corps d'observation. l'attends deux divisions espagnoles. Cette armée d'observation devra être encore renforcée de 20,000 hommes de la Confédération du Rhin. Ce qui fera que le corps d'observation sur l'Elbe sera de plus de 70,000 hommes.
Le quartier général du maréchal Brune sera à Schwerin. Il est convenable que vous rinstruisiez de tout ce qu'il y aura de nouveau. Dès que la garnison de Hameln, que j'ai formée d'un bataillon provisoire, sera arrivée, j'en retirerai vos troupes, que j'enverrai au maréchal Brune.
Finkenstein, 7 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 27 avril. Je n'approuve pas la résolution que vous avez prise relativement aux affaires de l'Opéra, parce que, dans l'ordre général de service que j'ai arrêté pendant mon absence, je ne vous ai point donné le droit de prendre des résolutions. Mon intention est donc qu'aucune résolution ne soit prise qu'en vertu d'un décret spécial ou d'une autorisation spéciale. Vous avez le droit de prendre -des résolutions sur un mouvement de guerre, après avoir pris l'avis du conseil militaire. Vous avez le droit de prendre des résolutions sur les affaires de l'Opéra actuellement que vous avez reçu l'autorisation spéciale que je vous ai donnée, mais vous ne l'aviez pas reçue alors. Ainsi donc vous ne pouvez prendre aucune résolution pour lés finances, pour faire arrêter un citoyen, etc. Le ministre doit me faire son rapport, comme si j'étais à Paris, et, s'il y a urgence des circonstances, prendre sur lui. Vous pouvez même l'y inviter dans un conseil des ministres, mais non mettre à couvert sa responsabilité par une résolution à laquelle il ne peut obtempérer.
Tout cela est pour la forme, qui seule m'importe car, pour le fond, vous avez été depuis investi de toute l'autorité nécessaire, et je ne veux pas entendre parler de l'Opéra. Faites les résolutions que vous jugerez nécessaires pour cet objet. Je suis bien aise d'avoir eu lieu de faire cette explication sur un sujet aussi peu considérable que les affaires de l'Opéra.
Finkenstein, 7 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 28 avril. M. Lacuée a reçu ma lettre du 15 avril, dans laquelle je lui ai fait connaître que le conscrits doivent partir le 15 mai. Je lui ai répété la même elles dans ma lettre du 18.
Jugez de ma surprise en lisant votre lettre du 28 avril. Vous dite que j'ai signé le décret, tel qu'il a passé au Conseil d'État cela me confond; c'est une erreur d'expédition. J'ai fait les changements de ma propre main.
Il est ridicule que, lorsque j'ai besoin de la conscription, M. Lacuée ne veuille l'appeler que le 5 juillet. D'ailleurs, tous ces calculs de bureau sont faux. Le 5 juillet sera justement le moment de la récolte qui est une espèce de fête champêtre où les jeunes gens aiment être chez eux. Cette idée d'opérer simultanément dans toute la France est mauvaise. Il faut que chaque préfet, à mesure qu'il reçoit le décret, fasse son travail et effectue les départs. Pourquoi mettre toute la France en crise à la fois, et rester tout le mois de mai et de juin la bouche béante dans de vaines formalités, et ouvrir le champ aux intrigues de la malveillance ? Je suis fâché que dans le Conseil d'État aucun homme n'ait fait sentir cela. Prenez donc, je vous prie, une résolution, pour que la conscription arrive le plus tôt possible. Il faut que chaque préfet, dès qu'il reçoit le décret, selon qu'il lui parvient plus tôt ou qu'il a plus de facilités, fasse partir ses conscrits. Tenez la main à cela.
Mes légions doivent être formées au mois de juin, pour me servir en juillet et août. Ainsi j'espère que les départs s'effectueront au
Ier juin, au moins pour tout le centre de la France. Y-a-t-il de l'avantage on de l'inconvénient à ce que les conscrits de Gènes ou des Pyrénées partent le même jour que ceux de Paris ? Cette rage de régulariser perd tout. Il vaut mieux suivre la nature des choses, surtout dans un aussi vaste empire. Cette affaire a été bien mal menée. Le Sénat a adopté le sénatus-consulte le 6 avril. Il était naturel que sur-le-champ le ministre de la guerre ou le directeur de la conscription fit former les listes; elles pouvaient donc l'être le 17 avril, le 5 mai les conseils de recrutement être tenus, et le 10 toute la conscription partir. Tout cela, ce sont de mauvaises plaisanteries. Y-avait-il besoin d'attendre que je fisse promulguer le sénatus-consulte pour écrire confidentiellement aux préfets de former les listes ? La véritable opération est celle du conseil de recrutement. Cette opération pouvait être faite à l'arrivée du décret. Enfin on a voulu perdre trois mois; c'est bien mal connaître le prix du temps. Quel avantage pour la France d'avoir sa conscription finie dans le mois de juin, au lieu de la faire pendant la récolte ! Faites-moi connaître ce que vous avez fait là-dessus.
La raison que donne M. Dejean pour ne pas envoyer les selles par les caissons de Sampigny n'est pas bonne; c'est, au contraire, faire d'une pierre deux coups, car j'ai besoin de caissons.
Finkenstein, 7 mai 1807
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, j'ai reçu votre lettre du 26 avril. Faites payer le prix que j'ai institué à l'Institut pour l'encouragement de la science galvanique; nous régulariserons cela après.
Je vois avec plaisir ce que vous avez fait pour les draps appelés Châlons. Toutes les correspondances de Constantinople demandent que les Français envoient de ces draps par courriers.
Finkenstein, 7 mai 1807
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, je reçois votre lettre du 27 avril. Le commissaire général de l'île d'Elbe a mal fait. Vous lui donnerez l'ordre
sur-le-champ de contremander l'envoi qu'il avait fait aux forges de Piombino . Mes décisions doivent parvenir par le canal des ministres et non par le prince de Piombino. Vous lui ferez rembourser la valeur de ce minerai pour l'avoir donné irrégulièrement.
Finkenstein, 7 mai 1807
A M. Fouché
Je vois, dans votre bulletin du 27 avril, que Mme de Staël était partie le 21 pour Genève. Je suis fâché que vous soyez si mal informé. Mme de Staël était, les 24, 25, 26, 27, 28, et probablement est encore, à Paris. Elle a fait beaucoup de dîners avec des gens de lettres. Je ne crois pas qu'elle soit à Paris sans votre permission; toutefois, il ne faudrait pas me dire qu'elle est partie pour Genève. Il est bien ridicule qu'on me fasse renouveler tous les jours un acte aussi simple. Si l'on n'avait pas rempli d'illusions la tête de Mme de Staël, tout ce tripotage n'aurait pas lieu, et elle se serait tranquillisée. En ne lui ôtant pas l'espoir de revenir jamais à Paris et recommencer son clabaudage c'est accroître les malheurs de cette femme et l'exposer à des scènes désagréables; car je la ferai mettre à l'ordre de la gendarmerie, et alors je serai sûr qu'elle ne reviendra pas impunément à Paris.
Finkenstein, 7 mai 1807
A M. Fouché
Je reçois votre lettre du 28 avril. Je comprends facilement la peine que vous avez avec ces faiseurs de journaux, avides d'argent, qui ne veulent point mériter par un travail proportionné.
Finkenstein, 7 mai 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, vous trouverez ci-joint un rapport que je reçois sur Cassel. Quand j'ai visité cette place, je l'ai trouvée extrêmement faible. Il me parait de la plus grande importance de faire établir une bonne contrescarpe avec chemin couvert tout au pourtour de la place. Cette contrescarpe et ce chemin couvert doivent être l'ouvrage de plusieurs années - Si, dans cette campagne, on pouvait faire les escarpes et contrescarpes des quatre demi-lunes, ce serait déjà une bonne et belle amélioration.
Je persiste toujours dans mon intention de faire de Mayence une très-forte place; j'ai demandé des projets que je pense que le génie fait rédiger, pour savoir le rôle que peut jouer le Mein pour la défense de la place.
Finkenstein, 7 mai 1807
Au général Lemarois
Monsieur le Général Lemarois, je reçois votre lettre du 4 mai. J'ai vu avec plaisir que toutes vos pièces de Praga sont bien approvisionnées actuellement. On m'avait promis qu'au 1er mai la contrescarpe de Praga serait terminée; l'est-elle ? J'attache plus d'importance à la contrescarpe de Praga qu'au pont de pilotis.
Dans la situation des magasins, j'ai vu avec peine qu'il y avait à Varsovie moins de 2,000 quintaux de froment, seigle, grain ou farine, tandis qu'il y en a 8,000 à Klodawa, 9,000 à Lowicz, 10 à 12,000 à Lenczyca. Il est urgent que l'on fasse venir à Varsovie 5 à 6, 000 quintaux de ces différents magasins.
Finkenstein, 7 mai 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 24 avril. Le général Poitevin demande 4,300,000 francs; cela est tout simple; il ne voit que la Dalmatie. Mon intention est de ne rien dépenser à Sebenico, Spalatro, Trau, Lesina, et je ne veux dépenser quelque chose qu'à Zara. C'est dans ce sens que vous devez écrire au général Poitevin, et vous devez diriger vos dépenses de manière à ne point excéder à Zara ce que j'ai prescrit pour l'année. Si l'on voulait écouter le génie, dix millions ne suffiraient pas; mais qu'ai-je besoin de faire travailler à des places sur la frontière de la Turquie, lorsque je suis bien avec les Turcs ? Qu'ai-je besoin d'en avoir tant sur le littoral, tandis que je n'en veux conserver qu'une, qui est Zara ?
Finkenstein, 7 mai 1807
Au prince Eugène
Mon fils, je vois par votre état de situation du 15 avril que vous avez, dans les dépôts des cinq régiments de chasseurs et des quatre régiments de cuirassiers qui sont à la grande armée, un bon nombre d’hommes et de chevaux disponibles. Vous verrez, par l’ordre dont copie est ci-jointe, que j’en ai formé un régiment provisoire; écrivez au général Pérignon pour le 6e de cuirassiers qui est à Parme, et mettez la plus grande activité dans la formation de ce régiment provisoire. Levez de votre propre autorité tous les petits obstacles, pour qu’il puisse partir sans délai.
Finkenstein, 7 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 29. Je vois avec plaisir que le 5 juin partiront les premières levées de la conscription. Par ce moyen, tout se trouve arrangé.
Vous recevrez demain la suite du journal du siège de Danzig.
Le général Drouet a fait une expédition sur une île qui forme un canal sur la rive droite de la Vistule, sous Danzig. Cette île était confiée à la garde de 1,000 Russes, dont 400 ont été tués et 600 pris. Nous avons pris toutes les redoutes qui la défendaient et dix-sept pièces de canon. Notre tranchée était, le 7, à six toises de la place; on couronnait le chemin couvert. Tout porte à penser que cette place ne tardera pas à se rendre.
Je suis à Elbing, où je viens passer la revue de 18,000 hommes de cavalerie en très-bon état et parfaitement disposés. C'est un des plus beaux coups d'œil qu'on puisse voir.
Elbing, 8 mai 1807
A M. Fouché
Je reçois votre lettre du 29. Il n'y a ici rien de nouveau, sinon que le siège de Danzig avance, que 600 Russes de garnison de cette ville ont été faits prisonniers et 400 ont été égorgés, comme vous le verrez dans le journal du siége. Je viens de passer la revue de la plus grand partie de ma cavalerie, de 18,000 hommes. Je n'ai jamais vu une cavalerie en si bon état et mes régiments si nombreux.
Je ne vois pas pourquoi on ne traduit pas Penon Lebry, Steff, Tournier et Malbert, devant les tribunaux. Y a-t-il plus grand crime que d'exciter à la rébellion ? Si cela est du ressort d'une commission militaire, faites-le-moi connaître, sans cela, les traduire au tribunal de la Seine.
Elbing 8 mai 1807
Au général Clarke
Le 1er bataillon de Magdeburg arrive le 13 mai, Il est fort de 400 hommes. Le 15 mai, arrivera le 2e bataillon de même force; ainsi voilà Magdeburg en sûreté. Votre affaire est actuellement de veiller à ce qu'on les habille promptement. J'ai nommé le général
Levasseur, qui a été blessé, pour commander ce régiment, l'inspecter et veiller à son instruction. Je ne saurais trop vous recommander de ne rien laisser à Magdeburg et de tout faire filer.
J'espère que Danzig sera pris avant le 20. L'herbe commence à pousser. Il n'est pas impossible dans la première quinzaine de juin de frapper de grands coups. Vous sentez l'importance que je sois le plus fort possible.
Je viens de passer la revue de 18,000 hommes de cavalerie dans les pleines d'Elbing. J'en ai été très-satisfait. Jamais je n'ai vu la cavalerie en si bon état.
Je vous réitère de ne rien retenir, de tout faire partir. Vous n'avez plus rien à craindre des partisans, tous mes derrières sont systématisés et régularisés. Étudiez où vous avez envoyé les différents détachements de cavalerie, où il y en a, et prenez toutes les mesures pour les faire revenir. Avec les divisions Boudet et Molitor, arrive un millier d'hommes de cavalerie, des régiments qui ont leurs dépôts en Italie. Ordonnez qu'ils se dirigent sur-le-champ sur Potsdam
Écrivez à l'intendant et au gouverneur de Mecklenburg, afin d'activer la levée des chevaux, et qu'il y ait le moins de monde aux dépôts; et que, dans les détachements qui arrivent de France, on puisse changer les chevaux fatigués et leur en donner de meilleurs.
Sur la rive droite, il y a un canal qui revient et qui forme une île sous Danzig. L'ennemi avait conservé cette île, qui était gardée par 1,000 Russes, dont 400 ont été tués et 600 faits prisonniers, parmi lesquels un grand nombre d'officiers. A cette occasion on a pris dix-sept pièces de canon et de toutes les redoutes. Nous nous sommes logés dans-le chemin couvert. Le siège avance et va aussi bien que possible.
Je reçois votre lettre du 4 à minuit; je ne conçois rien à tous ces retardements sur la gravure des planches d'Eylau. Prenez toutes les mesures pour les faire paraître le plus tôt possible. C'est un ouvrage de circonstance qu'il est très-bon de faire paraître sans délai.
Vous me dites bien que le ler régiment provisoire de cavalerie est parti le 5, mais vous ne me dites pas si le 2e est parti. Il ne doit plus y avoir aucun retard, surtout pour la cavalerie.
Je vois que le 19e provisoire était encore à Berlin le 4. Pourquoi ? J'espère qu'il sera parti avant la réception de cette lettre. Écrivez au gouverneur de Hameln pour qu'il prépare ses moyens d'habillement.
Trois compagnies de son bataillon provisoire de garnison doivent déjà lui être arrivées.
Elbing, 8 mai 1807
Au maréchal Kellermann
Mon Cousin, je reçois vos quatre lettres du 30 avril. Je vois avec plaisir que les 17e et 18e régiments provisoires sont déjà formés,
faites-les partir sans délai pour Magdeburg. Vous n'avez rien à craindre de la Hesse d'abord, parce que vous aurez toujours assez de conscrits pour pouvoir y envoyer du monde si cela était nécessaire; ensuite, parce que le 5e, fort de 2,000 hommes, va arriver à Mayence; que 14,000 Espagnols y seront bientôt; que 20,000 hommes, venant d'Italie, arrivent dans cinq jours à Magdeburg. Je ne les fais pas venir à l'armée, parce que ce sont des régiments frais, que je garde en réserve.
Si la Hesse levait le nez, et que vos moyens ne fussent pas suffisants, rien que de savoir cette force-là, la contiendrait.
Mon armée est superbe. Je viens de passer la revue de 8,000 homme de cavalerie dans les plaines d'Elbing Je n'ai jamais vu la cavalerie plus belle. J'attends que la saison devienne meilleure, que Danzig soit pris, et que tous mes régiments provisoires, pour
frapper un vigoureux coup de massue.
Nous nous logeons cette nuit dans le chemin couvert de Danzig. Nous venons de prendre une île qui était défendue par 1,000 Russes, cinq redoutes et dix-sept pièces de canon. 400 Russes ont été tué, 600 ont été faits prisonniers; les redoutes et les dix-sept pièces de canon ont été prises.
Dès le 5 juin, une bonne partie de la conscription va se mettre en marche pour renforcer tous vos cadres. J'apprends avec plaisir que le 1er bataillon de garnison de Magdeburg est parti et arrivera le 13 mai, et que le 2e bataillon partira sous peu de jours. Voilà une belle et bonne besogne.
Elbing, 8 mai 1807
73e BULLETIN DE LA GRANDE ARMEE
L'ambassadeur persan a reçu son audience de congé, Il a apporté de beaux présents à l'Empereur de la part de son maître, et a reçu en échange le portrait de l'Empereur enrichi de très-belles pierreries. Il retourne en Perse directement. C'est un personnage très-considérable dans son pays, et un homme d'esprit et de beaucoup de sagacité. Son retour dans sa patrie était nécessaire. Il a été réglé qu'il y aurait désormais une légation nombreuse de Persans à Paris, et de Français à Téhéran.
L'Empereur s'est rendu à Elbing et a passé la revue de 18 à 20,000 hommes de cavalerie, cantonnés dans les environs de cette ville et dans l'île de Nogat, pays qui ressemble beaucoup à la Hollande. Le grand-duc de Berg a commandé la manœuvre, A aucune époque l'Empereur n'avait vu sa cavalerie en meilleur état et mieux disposée.
Le journal du Siége de Danzig fera connaître qu'on s'est logé dans le chemin couvert, que les feux de la place sont éteints, et donnera les détails de la belle opération qu'a dirigée le général Drouet, et qui a été exécutée par le colonel Aymé, le chef de bataillon Armand du 2e léger, et le capitaine Avy. Cette opération a mis en notre pouvoir une île que défendaient 1,000 Russes et cinq redoutes garnies d'artillerie, et qui est très-importante pour le siége, puisqu'elle prend de revers la position que l'on attaque. Les Russes ont été surpris à la baïonnette sans avoir eu le temps de se défendre, et 600 ont été faits prisonniers. Cette expédition, qui a eu lieu dans la nuit du 6 au 7, a été faite en grande partie par les troupes de Paris, qui se sont couvertes de gloire.
Le temps devient plus doux, les chemins sont excellents, les bourgeons paraissent sur les arbres, l'herbe commence à couvrir les campagnes; mais il faut encore un mois pour que la cavalerie puisse trouver à vivre.
L'Empereur a établi à Magdeburg, sous les ordres du maréchal Brune, un corps d'observation qui sera composé de près de 80,000 hommes, moitié Français, et l'autre moitié Hollandais et confédérés du Rhin; les troupes hollandaises sont au nombre de 20,000 hommes.
Les divisions françaises Molitor et Boudet, qui font aussi partie de ce corps d'observation, arrivent le 15 mai à Magdeburg. Ainsi on est en mesure de recevoir l'expédition anglaise sur quelque point qu'elle se présente. Il est certain qu'elle débarquera; il ne l'est pas qu'elle puisse se rembarquer.
Elbing 9 mai 1807
Au maréchal Lefebvre
Le général Bertrand ma apporté votre lettre. L'aide de camp du général Drouet m'avait apporté celle où vous me rendez compte de la prise de l'île. Vous ne devez pas songer à la division Oudinot, qui est nécessaire à d'autres opérations. Le 72e arrive, le 12, devant Danzig; je le laisserai au siége.
Témoignez ma satisfaction au général Drouet, au colonel Aymé, au chef de bataillon Armand, ainsi qu'au détachement badois qui était à la prise de l'île.
Elbing, 9 mai 1807
Au prince Jérôme
Mon Frère, je reçois votre dernière lettre que vous avez oublié de dater. Je vois avec plaisir que les cuirassiers, la cavalerie légère et les dragons seront tous partis au 20 mai, et seront rendus sur la Vistule au ler juin. Cela est bien nécessaire, car les opérations vont commencer dans quelques jours. L'ennemi ayant beaucoup de cavalerie, j'ai besoin de renforcer tous mes cadres.
Par la distribution de vos forces, je vois que vous n'avez pas besoin de garder les 1,000 hommes d'infanterie française que vous avez, et qui sont très-nécessaires à l'armée. J'en attends le détail par corps.
Finkenstein, 10 mai 1801
A l'Impératrice, à Paris
Je reçois ta lettre. Je ne sais ce que tu me dis des dames en correspondance avec moi. Je n'aime que ma petite Joséphine, bonne, boudeuse et capricieuse, qui sait faire une querelle avec grâce comme tout ce qu'elle fait , car elle est toujours aimable , hors cependant quand elle est jalouse : alors elle devient toute diablesse. Mais revenons à ces dames. Si je devais m'occuper de quelqu'une d'entre elles, je t' assure que je voudrais qu'elles fussent de jolis boutons de rose. Celles dont tu me parles sont-elles dans ce cas ?
Je désire que tu ne dînes jamais qu'avec des personnes qui ont dîné avec moi ; que ta liste soit la même pour tes cercles; que tu n'admettes jamais à la Malmaison, dans ton intimité, des ambassadeurs et des étrangers. Si tu faisais différemment, tu me déplairais; enfin, ne te laisse pas trop circonvenir par des personnes que je ne connais pas, et qui ne viendraient pas chez toi si j'y étais.
Adieu, mon amie; tout à toi.
Camp impérial de Finkenstein, 10 mai 1807
INSTRUCTIONS POUR LE GÉNÉRAL GARDANE.
M. le général Gardane arrivera le plus promptement possible en Perse. Quinze jours après son arrivée il expédiera un courrier, et un mois après il fera partir un des officiers qui l'accompagnent..
A son passage à Constantinople, il prendra toutes les mesures pour que sa correspondance avec le ministre des relations extérieures et celle du ministre avec lui se fassent rapidement. S'il était possible de faire faire ce service par les agents mêmes de la Porte, il serait dans le cas d'écrire tous les huit jours. Toutes ses dépêches de quelque importance, tant pour le ministre des relations extérieures que pour le général Sebastiani, seront écrites en chiffres.
Ses premières dépêches surtout doivent être telles qu'il convient lorsqu'on a à faire connaître un pays sur lequel il n'existe aucun renseignement positif. La géographie et la topographie du pays, les côtes, la population, les finances, l'état militaire dans ses divers détails, tels doivent être les premiers objets des recherches du général Gardane. Ils doivent remplir ses dépêches et lui fournir des volumes.
La Perse doit regarder les Russes comme ses ennemis naturels : ils lui ont enlevé la Géorgie; ils menacent ses plus belles provinces; ils n'ont pas encore reconnu la dynastie actuelle, et depuis son avènement ils ont toujours été en guerre avec elle. M. le général Gardane rappellera tous ces griefs; il entretiendra l'inimitié des Persans contre la Russie; il les excitera à de nouveaux efforts, à des levées plus nombreuses. Il leur donnera, pour la suite de leurs opérations militaires, tous les conseils que lui suggérera son expérience, et il cherchera, dans cette vue, à se lier avec le prince Abbas-Mirzà, qui commande l'armée et qui paraît en avoir toute la confiance. Il faut que la Perse opère sur les frontières de la Russie une puissante diversion et qu'elle profite du moment où les Russes ont affaibli leur armée du Caucase et en ont envoyé en Europe une partie, pour rentrer dans les provinces qu'ils lui ont enlevées par leurs armes par leurs intrigues. La Géorgie, qu'ils se sont fait céder par le dernier prince de ce pays, leur est mal assurée; les habitants paraissent regretter encore leurs anciens maîtres. La chaîne des montagnes qui couvre l'entrée de la Perse et des provinces ottomanes est d'ailleurs située au nord de la Géorgie. Il est important que la Russie demeure pas maîtresse de tous les passages.
M. le général Gardane emploiera tous ses soins pour que la Perse et la Porte ottomane se concertent, autant qu'il sera possible, dans leurs opérations entre la mer Noire et la mer Caspienne. L'intérêt des deux empires est le même : tous les pays, au midi de la Russie, sont également menacés, parce qu'elle préfère à ses déserts et à ses glaces une terre plus fertile et un ciel plus doux. Mais la Perse a encore un autre intérêt qui lui est propre : c'est d'arrêter dans l'Inde les progrès de l'Angleterre.
La Perse est aujourd'hui pressée entre la Russie et les possessions anglaises. Plus ces possessions s'étendent vers les frontières de la Perse plus elle doit en craindre l'agrandissement ultérieur. Elle est exposée à devenir un jour, comme le nord de l'Inde, une province anglaise, si, dès aujourd'hui, elle ne cherchait pas à prévenir le danger, à nuire à l'Angleterre, à favoriser contre elle toutes les opérations de la France.
La Perse est considérée par la France sous deux points de vue : comme ennemie naturelle de la Russie, et comme moyen de passage pour une expédition aux Indes.
C'est à raison de ce double objet que de nombreux officier du génie et d'artillerie ont été attachés à la légation du général Gardanne. Ils doivent être employés à rendre plus redoutables à la Russie les forces militaires de la Perse, et à faire des recherches, des reconnaissances et des mémoires qui puissent conduire à connaître où seraient les obstacles que trouverait une expédition dans son passage, quelle route elle devrait suivre pour se rendre dans l'Inde, soi en partant d'Alep, soit en partant d'un des ports du golfe Persique. On suppose que, dans le premier cas, l'expédition française, du consentement comportement de la Porte, débarquerait à Alexandrette; que, dans le second, elle doublerait le cap de Bonne-Espérance et irait débarquer à l'entrée du golfe Persique. Il faut faire connaître, dans le premier et dans le second cas, quelle serait la route depuis le point de débarquement jusque dans l'Inde; quelles en seraient les difficultés; si l'expédition trouverait des moyens de transport suffisants, et de quelle nature; si les chemins lui permettraient de traîner son artillerie; et, dans le cas d'obstacles, quels moyens elle aurait de les éviter ou de les surmonter ; si elle trouverait abondamment des vivres et surtout de l'eau; dans le second cas, quels seraient les ports propres au débarquement; quels seraient ceux où pourraient entrer des vaisseaux à trois ponts, des vaisseaux de 80 canons, des vaisseaux de 74; quels seraient ceux où l'on pourrait établir des batteries afin de mettre les vaisseaux à l'abri des attaques d'une escadre ennemie; quels seraient enfin ceux où l'escadre trouverait de l'eau et des vivres à prix d'argent.
Enfin , il serait également nécessaire de faire connaître si l'on trouverait une assez grande quantité de chevaux pour remonter la cavalerie et l'artillerie.
Si le général Gardane était seul, il ne pourrait répondre à aucune de ces questions, puisque nous voyons dans notre Europe, au sein même de l'Allemagne, que les renseignements donnés par les propres habitants du pays sont toujours inexacts et incompréhensibles. Mais le général Gardane aura à ses ordres des ingénieurs de la guerre et de la marine et des officiers d'artillerie, qui parcourront les routes, examineront les places, visiteront les ports de l'empire de Perse, non-seulement sur le golfe Persique, mais aussi sur la mer Caspienne, dresseront des cartes et lui fourniront le moyen d'envoyer, après quatre mois de séjour, des mémoires détaillés et dignes de confiance sur les divers objets de ces reconnaissances.
Il aura constamment soin de faire ses envois par duplicata, afin que des renseignements aussi précieux ne soient pas perdus, s'il arrivait quelque accident à un courrier.
Ces officiers se rendront également utiles en communiquant aux Persans les connaissances de l'art militaire d'Europe, et en les aidant à construire de, nouveaux ouvrages pour la défense de leurs places.
Les deux principaux objets qu'on se propose seront ainsi remplis, puisque la Perse deviendra plus redoutable aux Russes, et que les moyens de passage, ainsi que tout ce qui regarde le pays, nous seront parfaitement connus. Voilà pour la partie militaire.
Quant à la partie diplomatique, le général Gardane est autorisé à conclure des conventions pour l'envoi à faire, par la France, de fusils avec baïonnettes, de canons et d'un nombre d'officiers et de sous-officiers suffisant pour former le cadre d'un corps de 12,000 hommes, qui serait levé par la Perse. Le prix des armes sera fixé par les officiers d'artillerie selon leur valeur en Europe. Le payement en sera stipulé. L'intention de Sa Majesté, en faisant payer ces armes, n'est pas d'éviter une dépense de 5 à 600,000 francs, mais de s'assurer que le gouvernement persan en fera plus de cas lorsqu'il les a payées que si elles lui avaient été données. On sera certain, d'ailleurs, que, puisqu'il les achète, c'est qu'il a en effet la volonté de s'en servir. Ces armes et les officiers et sous-officiers seront transportés par une escadre de Sa Majesté.
On stipulera dans la convention le lieu du débarquement et le mode de payement des armes, qui pourra être fait, pour la plus grande partie, en vivres, tels que biscuit, riz, bœufs, etc., pour les escadres qui, après avoir débarqué ce qu'elles auront apporté, croiseront dans ces mers. La quantité d'armes qu'on prendra l'engagement de fournir peut s'élever à 10,000 fusils et une trentaine de pièces de canons de campagne. Le sort des officiers et sous-officiers, tant de ceux qui accompagnent le général Gardane que de ceux seront envoyés, doit être également fixé par ces conventions, Sa Majesté leur laissera le traitement dont ils jouissent en France; mais il convient qu'ils reçoivent en Perse un traitement extraordinaire, qui est toujours nécessaire à des Européens qui s'expatrient.
Si la guerre avec la Russie continue, que la Perse désire et que le général Gardane croie utile, lorsqu'il connaîtra bien le pays, l'envoi de quatre ou cinq bataillons et de deux ou trois compagnies d'artillerie pour former une réserve à l'armée persane, cet envoi pourra être convenu par le général Gardane, et l'Empereur y donnerait son approbation.
Ce ministre connaît assez bien la situation des affaires pour savoir que ce n'est qu'au moyen d'un grand secret et de notions exacte sur les lieux de débarquement, qu'on peut envoyer une escadre pour porter des secours en Perse.
Dans le cas d'une expédition de 20,000 Français aux Indes, il conviendrait de savoir quel nombre d'auxiliaires la Perse joindra à cette armée, et surtout, tout ce qui concerne, comme il a été dit plus haut, les lieux de débarquement, les routes à tenir, les vivres et l'eau nécessaires à l'expédition. Il faut connaître aussi quelle serait la saison favorable pour le passage par terre.
Là ne se borne pas la mission du général Gardane; il doit communiquer avec les Mahrattes et s'instruire, le plus positivement possible de l'appui que l'expédition pourrait trouver dans l'Inde. Cette presqu'île est tellement changée depuis dix ans que ce qui la concerne est à peine connu de l'Europe. Rien ne serait plus utile que tous les renseignements qu'il pourrait recueillir, toutes les liaisons qu'il pourrait former.
Enfin, le général Gardane ne doit pas perdre de vue que notre objet important est d'établir une triple alliance entre la France, la Porte et la Perse, de nous frayer un chemin aux Indes, et de nous procurer des auxiliaires contre la Russie. Si l'exécution de cette dernière vue pouvait s'étendre du côté de la Tartarie, ce serait une chose digne d'attention; la Russie se mêlant de ce qui concerne nos frontières, nous recueillerons tôt ou tard le fruit des moyens que nous nous serons préparés pour l'inquiéter sur les siennes.
M. le général Gardane examinera quelles ressources la Perse pourrait offrir à notre commerce, quels produits de nos manufactures y réussiraient, et ce que nous pourrions en retirer en échange. Il est autorisé à négocier ensuite un traité de commerce sur les bases de ceux de 1708 et 1715. Il correspondra avec l'île de France, et il s'attachera à en favoriser le commerce avec d'autant plus de soin que l'île de France doit devenir la première échelle du commerce de la métropole avec le golfe Persique.
Finkenstein, 10 mai 1807
Au général Junot
Je reçois votre lettre du 29 avril. Je ne puis qu'être mécontent de ce que vous n'obéissez pas à mes ordres. J'ai ordonné qu'il y aurait parade tous les jours sur la place Vendôme, et que le gouverneur s'y trouverait, n'y aurait-il qu'un piquet de 60 hommes. Vous deviez le faire. Je me flatte que désormais vous remplirez plus exactement mes intentions et ne regarderez pas ce que je dis comme des sornettes. La parade se défile tous les jours à Paris; il n'est pas question de faire une parade d'ostentation, mais une parade de service. Mon intention est qu'elle continue à avoir lieu dans tous les temps.
Je reçois votre lettre du 30 avril. Je ne puis qu'être, aussi, mécontent de ce que, au lieu de partir comme je vous l'avais ordonné, vous restez dix jours à Paris. Vous vous faites une étrange idée de, vos devoirs et du service. militaire. Je ne vous reconnais plus.
Finkenstein, 10 mai 1807
Au général Dejean
Monsieur Dejean, je reçois votre lettre du 30 avril. Le fait est que j'ai été trois mois sans recevoir d'états de situation de l'intérieur. Le dernier qui vient enfin de m'être remis est du 1er avril; nous sommes au 15 mai. On me remettait autrefois deux états de situation par mois. Je devrais donc avoir l'état de situation au 15 avril.
Finkenstein, 10 mai 1807
NOTE POUR LE GÉNÉRAL CHASSELOUP
L'enceinte de Marienburg est d'un mauvais tracé et sans flanc; il faut donc la renforcer. Un fossé rempli d'eau et de 10 toises de largeur est un bon obstacle. Il faut, avant tout, terminer les batardeaux, les contrescarpes et les tambours qui couvrent les portes et batardeaux. On me présentera un projet de démolition et palissadement pour fermer la place le long de la rivière.
Une lunette sur la basse Vistule est l'ouvrage le plus indispensable : 1° il protège le côté faible de la place, le point d'attaque; 2° il éloigne les batteries ennemies qui pourraient voir le pont; 3° il couvre de l'enfilade la longue courtine du front de la place.
Une lunette sur le haut de la Vistule est aussi nécessaire pour éloigner l'ennemi du pont et retarder l'attaque de ce côté de la place.
Le point le plus faible devient alors le saillant de droite, flanqué par deux crémaillères. Une lunette sur ce saillant, sous le feu de la place, ou plutôt un fort comme ceux de Mayence, serait nécessaire pour renforcer ce point.
La lunette sur le saillant de gauche, et celle sur la porte d'Elbing me paraissent bien.
A l'ouvrage coté . . . on préfère une demi-lune flanquée de la place à bonne portée, et empêchant l'approche du front de la haute Vistule.
Il faut terminer le corps de place au mois de mai et masser les trois lunettes des haute et basse Vistule et du saillant de droite; en juin on les revêtira en bois et on massera les trois autres; et on revêtira ces dernières, escarpes et contrescarpes.
On disposera un réduit dans l'intérieur.
On pourra, par la suite, occuper par trois lunettes avancées les hauteurs près du canal et le mamelon de droite.
Ne pourrait-on pas avoir deux cavaliers aux deux saillants de droite et de gauche ou dans les points correspondants de l'enceinte intérieure ?
Finkenstein, 10 mai 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois vos lettres du 29 avril; je n'approuve aucun mouvement de l'Italie sur la Dalmatie. Il faut éviter le passage des troupes sur le territoire autrichien, afin de ne donner lieu à aucune réclamation et à aucun accident.
Par le dernier état de situation que vous m'avez envoyé, j'ai vu que les dépôts de cavalerie qui sont en Italie ont beaucoup de chevaux. Je vous ai demandé d'en former un régiment provisoire. Je désire aussi que vous envoyiez de chaque régiment une centaine d'hommes à pied à Potsdam, où on les montera.
Mon système est de ne jamais changer les emplacements des dépôts; je ne changerai donc pas celui des dépôts des cinq régiments qui sont à la Grande Armée. Il faut que les hussards et chasseurs achètent des chevaux en Croatie et en Dalmatie. D'ailleurs, en m'envoyant exactement l'état de situation de l'armée, je ferai venir à Potsdam les hommes qui ne pourraient être montés, et je les monterai là. Mais veillez à ce que tous ces hommes à pied viennent avec leurs selles et leurs brides.
Finkenstein, 11 mai 1807
Au prince Eugène
Mon fils, je vois que mon armée italienne est composée, selon l'état de situation que vous m'avez remis en date du 7 avril, de cinq régiments de ligne, deux régiments d’infanterie légère, et de trois régiments de cavalerie. Les sept régiments d’infanterie devraient faire 21 bataillons présentant un effectif de 24,000 hommes, et il n'est que de 16,300 hommes.
Vos trois régiments de cavalerie devraient avoir un effectif de 5,000 hommes, et il n’est que de 1,600 hommes. Il manque donc à l'infanterie 7,700 hommes, et à la cavalerie 1,400 hommes.
Finkenstein, 11 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 2 mai. J'approuve fort que vous ayez choisi la Pentecôte pour donner une fête. Il n'y a rien ici de nouveau.
Finkenstein, 11 mai 1807
A M. Fouché
Je reçois votre lettre du 2 mai. Cette folle de Mme de Staël m'a écrit une lettre de six pages, qui est un baragouin où j'ai trouvé beaucoup de prétentions et peu de bon sens. Elle me dit qu'elle a acheté une terre dans la vallée de Montmorency. Elle part de là pour en conclure qu'elle peut demeurer à Paris. Je vous répète que c'est tourmenter injustement cette femme que de lui laisser cet espoir. Si je vous donnais le détail de tout ce qu'elle a fait à sa campagne depuis deux mois qu'elle y demeurait, vous en seriez étonné; car, quoiqu'à 500 lieues de la France, je sais mieux ce qui s'y passe que le ministre de la police.
J'avais eu vent de ces joueurs à la baisse. Le frère Talleyrand y est pour une somme très-notable. Voilà ce que c'est que de fréquenter de mauvaises sociétés. A force de lire des faits dénaturés et d'impudents mensonges, je suis quelquefois étonné de voir ma mémoire altérée sur des faits qui me sont propres.
Finkenstein, 11 mai 1807
DÉCISION
Par un rapport en date du 15 avril, le ministre de la marine avait proposé à l'Empereur les noms suivants pour trois vaisseaux en construction à Venise: le Prince Fugène, le Vénitien, le Milanais. | Ces trois vaisseaux seront nommés le Rivoli, le Castiglione, le Mont-Saint-Bernard - |
Finkenstein, 11 mai 1807
DÉCISION
Le ministre directeur de l'administration de la guerre demande à l'Empereur si les militaires de l'armée d'Italie qui ont été blessés dans la campagne de l'an XIV ont droit à la gratification de trois mois de solde accordée par le décret du 7 février 1806. | M. Dejean ne doit me proposer que des choses qui sont conforme aux lois : personne n'a le droit d'être jaloux. |
Finkenstein, 11 mai 1807
Au maréchal Lefebvre
Je reçois vos trois lettres du 10 et la dernière datée de onze heure du soir. L'ennemi vous inquiète sur Kahlberg; il a débarqué des troupes du côté de Polski, et onze bâtiments se sont laissé voir hier au soir dans le port de Danzig. Il est donc possible que l'ennemi tente à la fois de porter des secours dans Danzig par ces deux voies. J'attends le rapport des marins pour connaître ce que les onze bâtiments peuvent porter. Il ne paraît pas que l'attaque par la langue de terre puisse être sérieuse. Toutefois, j'ai ordonné qu'il fût jeté un pont à Fürstenwerder et que le général Oudinot y tiendrait un bataillon. Le pont une fois établi, la cavalerie qui est dans l'île pourra déboucher sur le flanc de l'ennemi. Si l'ennemi veut tenter quelque chose de sérieux, il est vraisemblable que ce sera par la mer. Jusqu'à cette heure, les secours que portent les onze bâtiments ne sont pas de nature à donner de grandes inquiétudes; et si l'ennemi voulait employer 7 à 8,000 hommes pour secourir Danzig, nul doute qu'il ne les envoyât par mer dans le camp retranché.
Le 72e doit vous arriver le 16; envoyez à sa rencontre; vous pouvez lui faire gagner une journée et le faire arriver le 15. Le maréchal Mortier ne doit pas tarder non plus à appuyer sa droite à deux journées de Danzig, afin de se porter à vous si l'ennemi tentait quelque chose. Vous n'avez rien à craindre des Suédois, ni des Anglais, dont l'expédition ne sera prête qu'à la fin de mai. J'ai des nouvelles d'Angleterre du 28 avril. Le général Oudinot est en mesure, à Marienburg, de se porter partout où il sera nécessaire; mais il ne faut pas que vous en disposiez, puisqu'il n'est pas sous votre commandement, et que vous êtes trop vieux soldat pour ne pas savoir qu'il faut que chacun fasse sa besogne. Jusqu'à cette heure, l'ennemi ne fait aucun mouvement sur la ligne; vous pouvez être certain que, lorsqu'il sera décidé que l'ennemi se porte par mer ou par la langue de terre sur vous, on ne vous laissera pas seul.
Faites armer les redoutes avec des pièces de campagne; faites établir le pont de radeaux dans l'île; envoyez de la cavalerie par un général de brigade pour éclairer la presqu'île, et faites-moi un rapport exact sur la situation de vos troupes; donnez-moi des renseignements sur ce qui arrive de nouveau. Ne vous alarmez pas; instruisez-moi promptement et exactement de tout. Faites avec vos forces tout ce qui est possible, et ne craignez pas qu'on vous laisse sans secours, quand il sera prouvé que l'ennemi s'affaiblit devant la Grande Armée. Mais mon intention n'est pas de déplacer les troupes, ni de disséminer une aussi bonne division que celle d'Oudinot.
Finkenstein, 11 mai 1807
Au roi de Naples
Je reçois votre lettre, dans laquelle vous m'annoncez le débarquement des Anglais à Aboukir. Il faudra voir si cette nouvelle se
confirme.
Finkenstein, 12 mai 1807
A l'Impératrice
Je reçois ta lettre du 9 mai, où je vois que tu te disposes à aller à Saint-Cloud. J'ai vu avec peine la mauvaise conduite de madame ....(le nom manque dans la lettre) Ne pourrais-tu pas lui parler de régulariser sa vie, qui pourrait lui attirer bien des désagréments de la part de son mari ?
Napoléon est guéri à ce que l'on me mande (Il s'agit du fils de Louis et d'Hortense). Je conçois toute la peine que cela a pu faire à sa mère; mais la rougeole est une maladie à laquelle tout te monde est sujet. j'espère qu'il a été vacciné, et qu'on en sera quitte au moins de la petite vérole.
Adieu, mon amie; le temps est très-chaud et la végétation commence; mais il faut encore quelques jours pour qu'il y ait de l'herbe
Finkenstein, 14 mai 1807, 2 heures du matin
Au maréchal Lefebvre
Il est deux heures du matin et je n'ai point de nouvelles de vous depuis le 12 à sept heures du soir, c'est-à-dire plus de 30 heures ! J'aurais bien désiré que vous m'eussiez écrit à six heures du matin pour me faire connaître ce qui avait paru de nouveau. Je vous recommande de m'écrire deux fois par jour et avec quelques détails.
Le maréchal Larmes a dû arriver le 13 de bonne heure. Le 72e doit pas être loin. Je sais que Mortier a passé l'Oder et est en grande marche. Écrivez-lui que le cas prévu par ses instructions a lieu, qu'il ait à diriger toutes ses forces sur Danzig. Soyez instruit de la route qu'il prendra et où il se trouve, afin que vous le puissiez prévenir de tout événement.
Finkenstein, 14 mai 1807, 2 heures du matin
Au général Clarke
Je ne reçois qu'au moment, à deux heures après minuit, deux courriers de Paris, qui m'apportent vos lettres des 10 et 11, auxquelles je répondrai demain. Le ministre de la guerre expédie des ordres au maréchal Brune de se rendre à Stettin et de réunir sur la Peene 6,000 Hollandais, et à la division du général Boudet de se porter à Stettin.
Ainsi le maréchal Brune aura deux divisions hollandaises et la division Boudet sur sa droite, la division Molitor, une division espagnole et la division hollandaise de Hambourg sur sa gauche. J'ai reçu des nouvelles que les troupes espagnoles sont arrivées sur les Pyrénées. Elles seront sur le Rhin dans les premiers jours de juin.
Un convoi de soixante voiles a paru devant Danzig et a commencé à débarquer, sous la protection du petit fort de Weichselmünde, les troupes qu'il a à bord. Je m'attendais à cette expédition et j'y ai envoyé la division Oudinot.
Vous aurez vu dans le journal du siége que nous avions couronné le chemin couvert et que nous nous préparions à passer le fossé.
Je ne pense pas que l'armée russe bouge, et l'herbe n'est pas assez avancée pour qu'on puisse rien entreprendre : chevaux de cavalerie, d'artillerie et de charrois mourraient de faim. Il faut encore huit à dix jours pour que l'herbe soit assez haute pour qu'on puisse fourrager.
Je crois que le ministre vous adresse les trois ordres qu'il expédie; faites partir celui pour le maréchal Mortier en toute hâte. Je suppose qu'il sera sous Kolberg.
Finkenstein, 14 mai 1807
A l'Impératrice, à Saint-Cloud
Je conçois tout le chagrin que doit te causer la mort de ce pauvre Napoléon ; tu peux comprendre la peine que j'éprouve. Je voudrais être près de toi , pour que tu fusses modérée et sage dans ta douleur. Tu as eu le bonheur de ne jamais perdre d'enfant; mais c'est une des conditions et des peines attachées à notre misère humaine. Que j'apprenne que tu as été raisonnable et que tu te portes bien ! Voudrais-tu accroître ma peine ? (Charles-Napoléon, fils de Louis et de Hortense, né en 1802, vient de mourir le 5 août).
Adieu, mon amie.
Finkenstein, 14 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois vos lettres des 4 et 5 mai. Ce que vous dites relativement au Corps législatif me parait sensé. Il me semble que, de ma propre autorité, je ne puis nommer M. Fontanes, et qu'il faut que des candidats me soient présentés. Faites-moi connaître si, dans le cas où il le serait, je pourrais le nommer.
Finkenstein, 14 mai 1807
A M. Mollien
Monsieur Mollien, je reçois votre rapport du 3 mai. Je désire bien savoir si vous aviez des piastres à Montevideo et si le trésor est dans le cas de perdre quelque chose à cette conquête des Anglais.
Finkenstein, 14 mai 1807
Au maréchal Lannes, à Pietzkendorf
Mon Cousin , le 3e de ligne va arriver à Marienburg et le 72e va arriver devant Danzig; ainsi 'demain ou après, votre seconde division sera formée et sera forte de près de 5,000 hommes. Profitez de l'occasion de l'officier que le maréchal Lefebvre expédie, pour avoir des nouvelles des douze pièces d'artillerie qui étaient attachées à la division italienne qui est devant Kolberg, et qui doivent faire partie de votre seconde division,
Mon intention est que vous placiez votre corps de manière à tenir en échec la division ennemie qui a débarqué, mais que vous ne fatiguiez point vos hommes dans des travaux de tranchée, et que vous ne les exposiez pas ainsi à des pertes journalières pour lesquelles je n'ai point destiné ce corps. Dans la journée du 18 au 19 , le maréchal Mortier va arriver devant Danzig avec 9,000 hommes; et alors, si aucune circonstance extraordinaire ne survient au siège, je vous enverrai l'ordre de reprendre votre position à Marienburg. Le bataillon qui était resté à Fürstenwerder doit être rentré; je l'ai remplacé par la 4e brigade du général Oudinot.
Faites la reconnaissance du camp retranché, et faites-moi connaître ce que vous pensez de la force et de la nature des troupes que l'ennemi a débarquées, ainsi que ce qu'il paraît devoir faire.
Vous sentez bien que vos deux divisions, toutes composées de corps qui n'ont pas donné dans la campagne, et vos vingt-sept pièces d'artillerie, me sont nécessaires en bataille rangée. Ainsi, je vous le répète, n'employez vos troupes que contre le corps qui a débarqué, à moins de circonstances extraordinaires et inattendues. J'ai envoyé ce matin le général Beaumont, aide de camp du grand-duc de Berg, à Fürstenwerder, pour passer demain, avec un millier de dragons et la brigade de général Albert, et culbuter tout ce que l'ennemi aurait dans la presqu'île.
Comme les détails du siège ne vous occupent pas, vous êtes à même de bien observer ce que peut faire l'ennemi dans la rade, et je désire que vous m'écriviez deux fois par jour. Envoyez vos lettres à Dirschau, où j'ai fait établir une ligne de poste jusqu'ici.
Je n'entends pas parler du général Verdier, qui doit commander votre seconde division.
Finkenstein, 14 mai 1807, 2 heures après midi
Au maréchal Lefebvre, à Pietzkendorf
Je reçois, à deux heures après midi, votre lettre du 13 à huit heures du soir.
Je viens d'ordonner au général Beaumont, aide de camp du grand-duc de Berg, de se rendre à Fürstenwerder, de prendre une brigade de dragons, de se faire soutenir par les Polonais et toutes les troupes que vous avez envoyées, et par les troupes de la 4e brigade d'Oudinot, et de balayer la presqu'île en envoyant les patrouilles jusqu'à Pilau. J'espère que cette opération sera bien faite demain matin. Comme vous êtes à même d'avoir des renseignements sur les troupes que l'ennemi petit avoir là, faites-le soutenir par quelques troupes d'infanterie, si vous le jugez nécessaire.
Une brigade du maréchal Mortier, composée de 4,000 hommes, se trouvera, le 15, à Jastrow; le 16, à Friedland; le 17, à Konitz. Elle a six pièces de canon; elle peut, de Konitz, se rendre, en deux jours, devant Danzig. La 2e brigade, composée de 5,000 hommes, sera, le 16, à Neu-Stettin. Ainsi, voilà un secours de 9,000 hommes et de douze pièces de canon, tout près de vous. J'ai ordonné au maréchal Mortier d'appuyer ces deux corps sur Danzig.
Le 72e doit arriver demain devant Danzig; instruisez-moi si vous en avez des nouvelles. Comme ce régiment fait partie du corps du maréchal Lannes, il devra rentrer sous les ordres de ce maréchal. Enfin le 3e de ligne va arriver à Marienburg, également appartenant au corps du maréchal Lannes.
Ainsi, vous voyez qu'en quelque force que l'ennemi débarque, il y a là du monde pour lui être opposé. Du moment que le maréchal Mortier vous aura joint, le maréchal Lannes rejoindra Marienburg. Vous avez plus l'habitude de servir avec le maréchal Mortier, et, d'ailleurs étant destiné à assiéger Kolherg, il sera mieux là; et, si l'ennemi faisait quelques mouvements sur la ligne, j'ai besoin de la division Oudinot pour livrer bataille. Cependant le corps du maréchal Lannes restera à Marienburg, jusqu'à ce qu'il y ait des mouvements ennemis sur la ligne, prêt à retourner à Danzig si l'ennemi tentait un nouveau débarquement. Le 18 ou le 20, je suppose que tout le corps du maréchal Mortier sera réuni sous Danzig.
Je vois avec plaisir qu'on ait couronné le chemin couvert du bastion. On doit, du moment que les palissades seront détruites dans le fond du fossé, monter à l'assaut et enlever le Hagelsberg.
Ne mêlez point le corps du maréchal Lannes dans les affaires du siège; qu'il soit seulement toujours en opposition au corps qui a débarqué, afin que, lorsque le corps du maréchal Mortier sera arrivé, il puisse me rejoindre intact, moins les pertes qu'il pourrait avoir faites en culbutant ce qui a débarqué.
Je vous envoie le rapport que me fait le général Songis sur le boulets et approvisionnements, et sur ce qui est arrivé et en route. Il paraîtrait, d'après cet état, que votre situation est satisfaisante. Faites-moi connaître ce qu'il en est.
Finkenstein, 14 mai 1807
Au maréchal Clarke (sic, dans l'édition utilisée - Clarke ne sera maréchal qu'en 1816 !)
Je reçois votre lettre du 10 mai à dix heures du soir. Vous dit que ce ne sont point les chevaux qui manquent au dépôt de Potsdam, mais bien les hommes. Vous n'avez donc pas l'état de situation du dépôt, d'où il résulte qu'il y a 772 hommes disponibles et seulement 83 chevaux. Il est vrai qu'il y a 630 chevaux blessés ou malades et 87 à l'infirmerie, comme galeux ou farcineux; mais il n'y a pas besoin d'employer des soldats de cavalerie pour soigner ces 630 chevaux, on peut les faire soigner par les paysans. Un homme peut soigner trois chevaux. Il y aurait, sur les 600 hommes, 500 ait moins qui pourraient partir s'ils avaient des chevaux; il vous manque donc 500 chevaux. Tâchez donc de procurer des chevaux au dépôt de Potsdam. Il y a des hommes. Il doit y avoir des selles.
Je suppose que les deux régiments provisoires sont partis à l'heure qu'il est. Je suppose que le général Boudet est en marche. Fournissez- lui, à son passage à Berlin, tout ce dont il a besoin.
Je vous ai mandé, cette nuit, que 60 bâtiments avaient débarqué, sous le fort de Weichselmünde, un nombre de troupes prussiennes et russes que l'on ne peut pas évaluer, mais que l'on suppose être de 8 à 10,000 hommes. Ils ont été cernés par la division Oudinot, qui est arrivée sur le rivage en même temps qu'eux; jusqu'à présent ils n'ont pas osé sortir de leurs retranchements.
On a couronné le chemin couvert et fait le passage du fossé. Il ne faut pas s'étonner que ce siège soit ainsi, puisqu'il y a plus de 20,000 hommes dans la place.