22 - 30 Mai 1807
Finkenstein, 22 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, j'attends à demain pour vous envoyer le bulletin qui probablement vous annoncera la reddition de Danzig. Hier, à neuf heures du soir, comme on allait monter à l'assaut, le gouverneur a demandé à entrer en pourparler. Il est cependant inutile de rien faire mettre dans les journaux; mais vous pouvez le faire dire en société. Cette prise sera très-importante, parce que, outre les grandes ressources que je trouverai dans cette place, j'aurai l'avantage d'avoir un grand nombre de troupes disponibles.
Finkenstein, 22 mai 1807
Au roi de Hollande
Je m'empresse de vous prévenir qu'au moment même où l'on montait à l'assaut, le gouverneur a demandé à entrer en pourparler. Il n'y a, du reste, rien de nouveau. Il ne faut cependant pas mettre encore cette nouvelle dans les journaux (mais vous pouvez le dire), parce qu'il serait possible qu'on ne s'arrangeât pas dans les articles de la capitulation.
Faites connaître cette nouvelle à l'Impératrice, à l'endroit où elle se trouve.
Finkenstein, 22 mai 1807
Au général Clarke
Je reçois votre lettre du 19. Les bulletins de l'armée vous auront fait connaître l'heureux résultat du combat du 15 contre le général Kamenski, et la prise d'une belle corvette anglaise. J'ai à vous instruire aujourd'hui qu'au moment où l'on allait donner l'assaut au Hagelsberg cette place a demandé à capituler. Il est donc probable qu'au moment où vous lirez cette lettre mes troupes seront entrées dans Danzig.
Je suppose que la division Boudet est arrivée, à l'heure qu'il est, à Berlin. Vous ne m'en parlez pas dans votre lettre. Vous ne manquerez pas d'en passer la revue et de m'en rendre un compte détaillé.
Finkenstein, 22 mai 1807
Au maréchal Berthier
Il est nécessaire cependant de jeter un coup d'œil sur la situation de l'armée, pour tirer au clair beaucoup de choses qui paraissent très-obscures.
Les états du 10 mai porteraient plus de 45,000 hommes aux hôpitaux, et les états de l'intendant général, à la même époque, ne portent que 19,500 malades français.
Les états portent également que les cinq corps d'infanterie ont 10,000 hommes aux petits dépôts ; par exemple, le ler corps, 2,100 hommes; cependant l'état du dépôt de Schwetz, au ler mai, ne porte que 1,400 hommes. Le 3e corps porte plus de 3,000, et le dépôt de Wloclawek, au 12 mai, ne porte que 2,100 hommes.
Il faudrait donc voir d'où viennent ces différences, et charger un inspecteur aux revues intelligent de faire un mémoire sur cela.
D'abord il faudrait distinguer les hôpitaux en trois colonnes
1° Hôpitaux en France;
2° en Bavière ou Autriche;
3° en Prusse, depuis rentrée en Saxe.
Et pour éclaircir la question, il faudrait une quatrième colonne qui fit connaître le nombre d'hommes qui sont encore aux hôpitaux et qui y sont entrés depuis le le, novembre, les autres pouvant être à peu près supposés comme morts.
Je crois très-important de fixer nos idées sur cet objet, car voilà 25,000 hommes qu'on ne trouve pas. Je suis certain que, dans les situations des corps, il est des hommes que l'on porte aux hôpitaux depuis le départ de Boulogne.
Il faut d'abord que l'état-major demande un état conforme aux présentes observations, et faire passer dans chaque corps d'armée la revue de rigueur par un inspecteur aux revues, qui rapportera un état exact des hommes.
On pourrait prendre dans les corps d'armée ceux qui portent le plus de monde aux hôpitaux; par ce moyen, nous éclaircirons cette question.
Finkenstein, 22 mai 1807, 3 heures après midi
Au maréchal Lefebvre, à Pietzkendorf
En chargeant le général Drouet d'entrer en négociation avec l'officier qu'a envoyé le général Kalkreuth, vous ne manquerez pas de lui recommander de faire connaître que je l'ai autorisé à sortir, pour le général Kalkreuth, des règles ordinaires, voulant donner à cet officier général une preuve particulière d'estime, due à son caractère et à la conduite qu'il a toujours tenue envers les Français; que cependant la capitulation de Mayence ne peut être prise pour base; qu'on doit se souvenir que, lorsque cette place s'est rendue, l'armée française en était encore loin, et que le siège était moins avancé que celui de Danzig l'est aujourd'hui; que j'ai fait dans le temps une capitulation honorable au général Wurmser renfermé dans Mantoue, et que je veux en accorder une plus avantageuse au général Kalkreuth, qui tienne le milieu entre celle de Mayence et celle de Mantoue.
Finkenstein, 22 mai 1807
Au maréchal Lefebvre
Mon Cousin, il est bien dur de laisser échapper 10 à 12, 000 hommes, quand on pourrait les avoir prisonniers dans quinze jours; cependant, par la considération qu'un grand nombre désertera avant d'avoir rejoint les avant-postes, je consens aux conditions suivantes :
1° La place sera remise à l'armée française.
2° La garnison défiera avec les honneurs de la guerre, mais elle remettra ses armes.
3° Les chevaux seront également remis; on déterminera le nombre que les officiers pourront emmener.
4° Les magasins, munitions, artillerie, etc., tout ce qui appartient au Roi et aux régiments sera remis à l'armée française.
5° Les officiers, sous-officiers et soldats conserveront leurs bagages, les officiers et sous-officiers, leurs épées et leurs sabres.
6° La garnison ne pourra servir pendant un an contre les armées françaises ni ses alliés, sous la parole du général Kalkreuth, du prince russe et des officiers.
7° Les prisonniers français seront rendus.
8° La garnison sera échangée jusqu'à concurrence des prisonniers qui peuvent exister dans les armées russes ou prussiennes.
Cet article est très-important; les Russes peuvent avoir 2,000 prisonniers à nous, les Prussiens 1,000; il serait fort avantageux d'avoir ces 3,000 hommes.
Quant au fort de Weichselmünde, je laisse toute latitude. Les troupes débarquées peuvent se retirer, même sans aucune condition; mais on pourrait obtenir que la garnison du fort sortît avec les mêmes conditions que celle de la place.
Finkenstein, 23 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 14. Vous pouvez faire mettre dans les journaux que les Anglais ont reçu des échecs considérables en Égypte, et que de nombreux renforts ont dû partir de Sicile pour venir au secours des troupes de l'expédition.
Finkenstein, 23 mai 1807
A M. Fouché
Je vois avec plaisir que la conscription commence à marcher.
Les entrepreneurs des lumières de Paris sont des fripons, qui s'imaginent bien éclairer les rues de Paris lorsqu'ils ont payé les bureaux du préfet de police. Je vous prie de porter un grand soin pour que cette partie importante du service de la capitale soit bien administrée. (on s'éclaire alors à Paris au réverbère à huile - 1 centime 3/4 par bec et par heure - que les entrepreneurs "oublient" d'allumer les soirs de lune...)
Finkenstein, 23 mai 180
NOTE POUR LE MARÉCHAL BERTHIER
Le major général donnera l'ordre au maréchal Victor de se rendre sur-le-champ à Graudenz pour y prendre le commandement du siége. Mon intention est de lui confier cette opération. Il y a dans ce moment-ci peu de troupes, mais il va en arriver de Danzig. Il faut, en attendant, qu'il se rende à Graudenz dans la journée de demain, qu'il se concerte avec le général Lazowski, tant pour bloquer la place et empêcher les bateaux d'y entrer que pour arrêter le plan d'attaque et l'équipage de siège.
Demander au général Songis quel est l'officier auquel il veut confier le commandement de l'artillerie de siège de Graudenz.
Finkenstein, 23 mai 1807
NOTES POUR M. MATHIEU FAVIERS, ORDONNATEUR DU QUARTIER GÉNÉRAL
Envoyer de Neuenburg 1,000 quintaux de grains à Dirschau; de Marienwerder, 1,000 à Marienburg; de Thorn, 4,000 à Elbing; de Thorn, 4,000 à Neuenburg.
Notre situation devenant alarmante sous le rapport des subsistances, envoyer un courrier à Bromberg et à Thorn pour faire arriver et savoir ce qui s'y trouve.
Écrire au général Belair, qui est chargé de la navigation du canal, pour qu'il presse l'arrivée de tout ce qui s'y trouve.
Écrire à Küstrin pour presser le départ de ce qui doit en partir.
Il devrait y avoir 100,000 quintaux à Bromberg; il doit y avoir 10,000 quintaux à Wloclawek; ce point étant sur la rivière, il est plus facile d'en tirer.
Enfin, proposer les mesures pour hâter l'arrivée des approvisionnements et leur bonne direction. Il faut éviter qu'Elbing arrête ou suspende un seul jour ses envois sur les différents corps d'armée.
Varsovie doit fournir aussi; il doit y être rentré ce que le gouvernement polonais devait en vertu de son marché, et il a reçu son payement.
M. Wybicki, à Plock, doit avoir reçu de l'argent et continuer ses fournitures.
S'occuper des hôpitaux et des ambulances. Il faut que le 10e corps fasse ses évacuations sur Bromberg et Posen, et qu'il ne revienne pas sur nous. Quand Danzig sera pris, il sera facile d'y établir un grand hôpital.
Finkenstein, 23 mai 1807
Au général Lemarois, à Varsovie
Monsieur le Général Lemarois, je ne reçois pas assez souvent de vos nouvelles. Il doit y avoir à Varsovie 7 à 800,000 rations de biscuit, faites-en partir les deux tiers par eau pour Marienwerder, et envoyez au maréchal Masséna, par la Narew, ce qui peut lui être nécessaire.
Je désire savoir, par le retour du courrier, où se trouve, depuis votre affaire et celle de Pultusk, le général russe. Occupe-t-il toujours Wyskow et Brock ?
Duroc a dû vous faire de ma part un grand nombre de demandes, je suppose que vous y aurez déjà répondu.
Faites mettre dans les journaux de Varsovie que les Anglais ont éprouvé des pertes considérables en Égypte. Faites-y mettre aussi que Danzig a demandé à capituler, et capitule dans ce moment.
Finkenstein, 23 mai 1807
Au général Clarke
Je reçois votre lettre du 20. Le débarquement des Russes et des Prussiens à Stralsund est un conte. Ils ont bien autre chose à faire que d'envoyer des troupes à Stralsund. Du débarquement des Anglais, il n'y a encore aucune nouvelle.
Je suis étonné qu'au 20 vous ne me parliez pas encore de la division Boudet.
Finkenstein, 24 mai 1807
A l'Impératrice, à Laeken
Je reçois ta lettre de Laeken. Je vois avec peine que ta douleur est encore entière et qu'Hortense n'est pas encore arrivée; elle n'est pas raisonnable et ne mérite pas qu'on l'aime, puisqu'elle n'aimait que ses enfants.
Tâche de te calmer et ne me fais point de peine. A tout mal sans remède il faut trouver des consolations.
Adieu, mon amie. Tout à toi.
Finkenstein, 24 mai 1807
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, on se plaint à Marseille qu'il y a beaucoup de dilapidations dans l'administration des octrois. Il paraît que les
soupçons n'épargnent pas même le préfet. Il faudrait s'adresser au corps municipal pour lui demander secrètement et confidentiellement des renseignements sur cet objet; car enfin il n'est pas dans mon intention de livrer une ville comme Marseille à la cupidité de qui que ce soit.
Finkenstein, 24 mai 1807
A M. Portalis
Je reçois votre lettre. Le curé de Saint-Sulpice est-il un sujet distingué ? Je suis fort embarrassé pour le choix de l'évêque de Vannes.
Finkenstein, 24 mai 1807
A M. Fouché
Les dernières nouvelles de la Méditerranée sont que les Anglais n'ont pas pris Alexandrie et qu'ils y ont essuyé un échec assez considérable. S'ils prennent cette ville, ils ne la prendront qu'avec beaucoup de sang.
Faites faire, dans les journaux, des articles qui présentent le roi de Prusse comme ayant chassé d'auprès de lui MM. Zastrow, Stein, Schulenburg, Moellendorf et les vrais Prussiens; comme étant aujourd'hui tout à fait mené par M. de Hardenberg, entièrement à la disposition de la Russie. Faites sentir que ce monarque , dans son abaissement, est encore plus petit par la conduite qu'il tient que par ses malheurs; qu'à la suite de l'empereur de Russie, dont il est moins que l'aide de camp, il entend souvent des propos durs contre sa nation et son armée; qu'en réalité on ne fait aucun cas de ses intérêts et de ceux de ses peuples, dont la détresse ne parait point le toucher; qu'il ne fait autre chose que de chasser les ministres qui avaient l'opinion d'être pacifiques, pour s'entourer de ceux connus par une haine furibonde contre la France; que, du reste, son armée se monte à peu près à 12,000 hommes; qu'il n'a presque plus rien de sa province de Silésie, et que le peu qui lui en reste est brûlé, ruiné, saccagé par les Cosaques.
Finkenstein, 24 avril 1807
ORDRE
M. de Caulaincourt répondra à cette lettre (Lettre du colonel Krasinski , qui annonce l'arrivée du comte de Tarnowski, député par la noblesse de Volhynie pour offrir ses services à l'Empereur) que ces offres sont acceptées, tant pour la province de Volhynie que pour l'autre; qu'il faut se tenir prêt et alerte, que le moment ne tardera pas à venir; mais qu'il faut, en attendant, ne faire aucune imprudence et se con- tenter d'envoyer des renseignements, en acquérant des chevaux et des armes et se mettant en état d'être le plus nombreux possible quand le moment arrivera.
Finkenstein, 24 mai 1807
NOTE POUR LE MAJOR GÉNÉRAL
Le major général écrira au général Ritay que je ne puis que lui témoigner mon extrême mécontentement de son extrême et coupable négligence; qu'un bateau chargé d'eau-de-vie s'est échappé du port de Marienwerder et s'est rendu à Graudenz. S'il avait visité tous les jours les magasins, monté à cheval pour aller an port, exigé que les commissaires des guerres fissent leur devoir, cela ne serait pas arrivé. Il ne manque pas de troupes pour placer des gardes.
L'ordre exprès de l'Empereur est que, tous les jours, il passe une heure au port et dans les magasins. C'est lorsque les généraux montrent l'exemple que les subalternes font leur devoir.
Chaque bateau qui arrive doit être consigné au port, déchargé dans les vingt-quatre heures, et on doit y mettre une garde.
Le commissaire des guerres Roch, de Marienwerder, sera arrêté et mis à l'ordre de l'armée.
Finkenstein, 24 mai 1807
Au général Clarke
Vous pouvez faire mettre dans les journaux que les Anglais ont débarqué en Égypte; qu'ils ont attaqué Alexandrie, dont ils n'ont pu s'emparer, et qu'ils ont essuyé des échecs considérables qui les ont obligés à réclamer des renforts; qu'ainsi, s'ils s'emparent de cette place, ce ne sera pas sans y perdre beaucoup de monde.
Je vous ai déjà mandé que, si le général Bourcier a des chevaux, il serait convenable qu'il envoyât trois chevaux par deux hommes, parce que, arrivés à l'armée, ces chevaux seront donnés aux hommes qui en auraient le plus besoin.
Le régiment qui porte à Malte le nom de Royal s'est insurgé, s'est emparé d'un fort et s'y est battu plusieurs jours. Les Anglais ont fait venir des troupes pour le réduire, mais y ont eu beaucoup de peine. Faites mettre cela dans les journaux.
Je vous ai mandé que Danzig demandait à capituler. J'ai envoyé des ordres pour la capitulation et n'en ai point encore de nouvelles.
Il faut faire parler dans les journaux contre M. de Hardenberg, et faire sentir combien il est imprudent au roi de Prusse d'avoir nommé un ministre avec lequel la France n'avait pas voulu négocier; que cette conduite du Roi l'avilit; qu'il entend chaque jour des propos contre le courage de sa nation. Il faut beaucoup écrire dans ce sens.
Finkenstein, 24 mai 1807
Au prince Jérôme
Mon Frère, je charge Duroc de vous écrire pour accélérer les envois de subsistances sur l'armée, par eau et par terre. Ce pays est épuisé et nous avons plus de bouches.
Depuis quarante-huit heures je n'ai pas de nouvelles de Danzig, ce qui me fait penser qu'on rédige la capitulation.
Je vous expédie votre courrier; je garde l'officier qui m'a apporté vos lettres du 20.
Finkenstein, 24 mai 1807
Au roi de Hollande
Monsieur mon Frère, j'ai reçu vos lettres que m'ont remises les députés que vous m'avez envoyés; je leur ai donné une longue audience. J'ai été satisfait de leurs connaissances, et surtout des sentiments qu'ils m'ont exprimés. Ils diront à Votre Majesté tout l'intérêt que je porte à elle et à la nation hollandaise.
Finkenstein, 24 mai 1807
ORDRE
Il faut que tous les bateaux qui sont à Marienwerder remontent à Thorn par convoi. S'il y a des malades à évacuer, on peut s'en servir. Arrivés à Graudenz, il y a des marins de la Garde qui les feront passer. En prévenir le général Rouyer, afin de veiller à ce qu'ils n'aillent pas se jeter dans Graudenz.
Finkenstein, 25 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 16 mai. Vous verrez par le bulletin que Danzig nous a ouvert ses portes. Nous trouvons dans cette importante place une immense artillerie, des magasins considérables de marchandises anglaises et du blé pour nourrir l'armée pendant deux ans.
Les Anglais prennent toutes sortes de moyens pour tirer des armes de France et de Hollande. Écrivez an roi de Hollande et voyez les ministres de la police et des finances , pour que toutes les mesures soient prises afin qu'il ne sorte aucune arme ni de France, ni de Hollande, pas même pour aller en Amérique, ce qui, vous le concevez bien, n'est qu'un prétexte.
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Ci-joint la continuation du journal du siège de Danzig pour le Moniteur.
Finkenstein, 26 mai 1807
A l'Impératrice, à Laeken
Je reçois ta lettre du 16. J'ai vu avec plaisir qu'Hortense est arrivée à Laeken. Je suis fâché de ce que tu me mandes de l'espèce de stupeur où elle est encore. Il faut qu'elle ait plus de courage et qu'elle prenne sur elle. Je ne conçois pas pourquoi on veut qu'elle aille aux eaux; elle serait bien plus dissipée à Paris, et trouverait plus de consolations. Prends sur toi, sois gaie et porte-toi bien.
Ma santé est fort bonne.
Adieu, mon amie; je souffre bien de toutes tes peines; je suis contrarié de ne pas être près de toi.
Finkenstein , 26 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 17 mai. Les troupes françaises sont entrées ce matin à Danzig. Vous recevrez demain le bulletin. Il y a dans cette place une quantité considérable de canons et des magasins de toute espèce, de blé, etc., pour nourrir l'armée plusieurs années. Si vous croyez utile de faire tirer le canon , vous pouvez le faire. Ne considérez que le bien que cela peut faire sur la conscription.
Les premières fonctions comme les premiers devoirs du sénateur Ordener sont ceux qui rattachent à la personne de l'Impératrice. Quand je lui ai donné le commandement des dépôts de la Garde, c'est que je pensais que l'Impératrice était à Paris. Mon intention est que, si l'Impératrice était encore à Laeken, il y retourne, et qu'il ne garde le commandement des dépôts qu'autant qu'il est compatible avec ses devoirs auprès de l'Impératrice.
Finkenstein , 26 mai 1807
A M. Fouché
Je reçois votre lettre du 17 mai. Soyez bien certain que la personne qui a dîné à Paris avec Mme de Staël, chez des hommes de lettres, y a certainement dîné. Je ne vous en ai parlé que pour vous instruire d'une chose que vous ne saviez pas.
Danzig est pris. Nos troupes y sont entrées ce matin.
Finkenstein, 26 mai 1807
Au maréchal Berthier
Vous ferez mettre à l'ordre du jour que Danzig a capitulé; qu'au jourd'hui à midi nos troupes y sont entrées; que Sa Majesté témoigne sa satisfaction aux troupes assiégeantes ; que les sapeurs se sont couverts de gloire.
Vous écrirez confidentiellement aux maréchaux de faire faire aux avant-postes des démonstrations de joie qui en imposent aux soldats ennemis et leur fassent voir que nous avons de bonnes nouvelles.
Finkenstein, 26 mai 1807
Au maréchal Lefebvre
Je vous fais mon compliment sur la prise de Danzig.
Avec plus d'habileté votre négociateur eût obtenu les chevaux et les fusils, ce qui n'eût pas laissé d'être important; et d'ailleurs cela donnait un caractère plus décisif au succès de l'armée.
Il faut au moins pousser rapidement les travaux contre le fort de Weichselmünde et le camp retranché, afin de débarrasser ensuite tout cela le plus tôt possible. Je crois qu'avec des mortiers et des pièces de 24 on doit pouvoir faire beaucoup de mal à l'ennemi et accélérer son embarquement; mais pour cela il faut s'approcher.
Que la Riboisière compose le plus tôt possible l'équipage de siége de Graudenz et s'occupe d'y faire arriver promptement des approvisionnements d'artillerie et des pièces.
Finkenstein, 26 mai 1807
Au grand-duc de Berg
La garnison de Danzig commence à défiler demain. Envoyez au pont du Frische-Haff des officiers de cavalerie intelligents pour prendre note de ce qui passera et le compter exactement. Il faut aussi qu'il y ait au pont une brigade de cavalerie, et envoyer des patrouilles sur les derrières jusqu'à ce qu'ils soient à Pillau.
Du reste renvoyez la cavalerie dans ses cantonnements. Je ne vois pas d'inconvénient que vous vous rendiez à Danzig. J'en ai donné le commandement à Rapp.
Vous m'écrirez à votre arrivée à Danzig tout ce que vous aurez vu.
Finkenstein, 26 mai 1807
A M. de Talleyrand
Faites partir sur-le-champ M. Lavoura, qui portera à Constantinople et à Vienne la nouvelle de la prise de Danzig, où l'on a trouvé des magasins immenses.
Finkenstein, 26 mai 1807
Au général Clarke
Danzig a capitulé. Mes troupes y sont entrées. Ainsi c'est une affaire finie. Faites mettre cette nouvelle dans les journaux de Berlin. Faites tirer le canon de Spandau, et des autres places si vous voulez. Vous pouvez même, si vous le jugez d'un bon effet, faire chanter un Te Deum. Enfin donnez à cette prise un grand éclat.
Finkenstein, 26 mai 1807
Au roi de Hollande
Danzig a capitulé. Mes troupes y sont entrées ce matin. Il y a des magasins immenses. Votre lettre du 16 m'apprend que vous avez conduit la Reine à Laeken. J'espère qu'un peu de mouvement la remettra promptement.
Finkenstein, 26 mai 1807
Au prince Jérôme
Mon Frère, j'apprends que vous avez des hémorroïdes. Le moyen le plus simple de les faire disparaître, c'est de vous faire appliquer trois ou quatre sangsues. Depuis que j'ai usé de ce remède, il y a dix ans, je n'en ai plus été tourmenté.
Quand donc prendrez-vous la place de Neisse ? 3,000 Saxons doivent être arrivés ou sont en marche pour renforcer votre armée; mettez-les tous ensemble. Les deux régiments de Wurtemberg sont partis il y a longtemps de Kolberg et doivent être près d'arriver.
J'attends avec impatience ma cavalerie. Je vous envoie encore 400 cavaliers à pied, qui, à l'heure qu'il est, doivent avoir dépassé Posen.
Nous avons trouvé à Danzig de grandes ressources. Cette place est un trésor pour nous et nous offre des avantages inappréciables.
On dit qu'une maladie épidémique règne à Graudenz. Ce serait une bonne chose que d'avoir cette forteresse.
Je vous ai déjà demandé un récit général de toutes vos campagnes de Silésie; cela peut être important.
Du moment que la place de Kolberg sera prise, je renforcerai votre corps d'armée, si cela est nécessaire.
Finkenstein, 26 mai 1807
Au général Lemarois
Monsieur le Général Lemarois, je reçois vos deux lettres du 24. Toutes les nouvelles que l'on publie de la Turquie sont fausses, comme vous le verrez par l'extrait ci-joint de dépêches officielles que vous ferez mettre dans les journaux de Varsovie.
Dirigez les 600,000 rations sur Marienwerder.
Danzig a capitulé; mes troupes y entrent aujourd'hui à midi. Il y a des magasins immenses de blé, de vin et d'autres objets nécessaires à l'armée.
Le maréchal Duroc vous a demandé beaucoup de renseignements; je ne sais si vous les lui avez envoyés.
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Widdin, 5 mai 1807. - Les Russes ont évacué Giurgevo le 20 avril. Moustafa-Pacha, a fait avancer de la cavalerie pour suivre leur arrière-garde. Des bruits courent de l'évacuation de Bucharest; elle n'est cependant pas encore certaine.
L'évacuation de Giurgevo n'est pas le seul échec que les Russes aient essuyé devant les troupes de la Porte. Pelivan-Aga, gouverneur d'Ismaïl, a remporté un succès marquant contre eux; il a pris 6 chaloupes canonnières, 13 canons et 600 Russes qui voulaient pénétrer dans une île du Danube. Et cependant l'armée du grand vizir n'était pas encore en ligne; elle était, le 30, à Andrinople. Elle est très-forte, mais elle marche lentement.
Les Serviens ont été également battus par le pacha de Nissa, qui leur a pris 6 drapeaux et tué 400 hommes, dont les têtes ont été envoyées à Constantinople.
Le général Michelson dit publiquement qu'il sera obligé de se retirer et d'évacuer la Valachie, s'il ne reçoit pas de renforts.
Finkenstein, 27 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, vous trouverez ci-joint un décret pour former un corps d'observation de l'Escaut. Si l'on a dirigé la légion hollandaise sur Brest, il faut lui donner contre-ordre. Ces 7 à 8,000 hommes seront nécessaires à Anvers, tant pour couvrir l'Escaut que pour défendre la Hollande. Il faudra, en cas de descente des Anglais, que le général Marescot se rende à Anvers avec un inspecteur de l'artillerie et quelques officiers des deux armes, pour donner ses soins à ce que les places de Berg-op-Zoom et Breda soient mises en état de défense.
Si jamais il arrivait que l'ennemi fit une grande expédition en Hollande, vous enverriez la moitié du camp de Boulogne et la moitié du camp de Saint-Lô, sous les ordres du général Saint-Cyr, pour renforcer l'armée de Hollande. Le général Saint-Cyr, qui est un homme prudent, manœuvrerait avec ce second corps de manière à ne pas exposer Boulogne. Il faut recommander au général Ferino de bien exercer et discipliner ses troupes, afin d'en tirer tout le parti possible.
Finkenstein, 27 mai 1807
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, je reçois votre lettre du 14 et l'état qui y était joint. Il ne faut point prêter sur hypothèque de biens. Si l'on faisait cela, ce serait manquer le but de la mesure. Il ne faut pas non plus songer à prêter aux chambrelans; il n'y a point de plus désastreux projet que celui-là. Il n'y a rien que j'approuve moins que ces commissions près des maires. Ainsi je refuse absolument la permission demandée pour les chambrelans. Si l'on considère cet objet sous un autre point de vue, d'humanité et de secours public, il est certain que les six millions pourront y passer tout entiers. Ce sont les grandes fabriques que je veux aider; l'argent que j'ai assigné pour les manufactures ne peut être employé qu'à cela. Si ensuite la misère à Paris est telle qu'il faille donner 400,000 francs pour les chambrelans , c'est un nouveau fonds à faire , et je ne m'y refuse pas; mais il faudrait que cela fût fait sur un billet du préfet, par l'entremise du mont-de-piété, qui prêterait sans intérêt jusqu'à concurrence de 400,000 francs. Mais cela fera du désordre et de la confusion.
Les ustensiles d'une manufacture ne peuvent pas être engagés. Quant à M. Perrier, il ne mérite pas l'intérêt qu'on croit qu'il
mérite. Je l'ai employé, il y a quelque temps, à Liège, dans une opération pour laquelle je n'ai qu'eu lieu d'être mécontent de lui. Je ne dirai pas que M. Perrier est un fripon, mais c'est un homme dont la conduite n'est pas claire.
L'état que vous m'avez envoyé du prêt de 2,900,000 francs est parfaitement clair. J'approuve fort ce que vous avez donné à MM. Des malter, Chaumont, Pujol et Deviolaine; ou du moins j'approuve fort la forme dans laquelle cela est fait. C'est juste pour cela que j'ai imaginé la mesure; mon but est de suppléer à la vente.
Quant à votre question avec la caisse d'amortissement, voici mon opinion : si cette mesure n'était que temporaire, et que je ne voulusse y employer que six millions une fois payés, je serais de votre avis, et je ne craindrais pas le risque de perdre quelques cent mille écus; mais, comme cette première mesure est un essai sur lequel je veux bâtir un établissement stable et perpétuel, que je veux doter de quarante ou cinquante millions, de manière que le défaut de débit momentané soit moins cruel pour les manufacturiers, vous sentez que cette mesure ne peut être bonne qu'autant que je n'y perdrai rien du tout. Cependant vous faites quelques objections bonnes; M. Bérenger en fait de son côté qui méritent considération. Il me semble que vous pouvez être d'accord si je décide, 1° que, tous les six mois, le fabricant peut changer les marchandises en dépôt, et que les frais d'estimation seront imputés sur les deux pour cent que perçoit la caisse d'amortissement, bien entendu que les marchandises ne seront retirées qu'après que leur remplacement aura eu lieu; 2° toutes les fois qu'un négociant voudra changer ses marchandises avant les six mois, il en sera parfaitement le maître : mais alors les frais d'estimation et d'écritures que cela occasionnera à la caisse d'amortissement seront à la charge du négociant, et il faudra toujours que le nouveau gage soit déposé avant que l'ancien soit retiré.
Finkenstein, 27 mai 1807
A M. de Lacépède
Écrivez une lettre au caporal Bernaudat, du 13e de ligne, pour qu'il ne boive plus et qu'il se comporte mieux. Il paraît que la croix lui a été donnée parce que c'est un brave. Il ne faut pas, parce qu'il aime un peu le vin, la lui ôter. Faites-lui sentir cependant qu'il a tort de se mettre dans un état qui avilit la décoration qu'il porte.
Finkenstein, 27 mai 1807
Au maréchal Berthier
Écrire au général Chasseloup qu'il serait convenable d'établir un pont sur pilotis à Marienburg et un autre à Dirschau; les terminer avant le mois d'octobre, et élever la chaussée, entre les deux, de trois pieds, pour que la communication soit au-dessus des inondations et toujours assurée; que la prise de Danzig rend Marienburg plus important; en étendre les fortifications et les terminer avec activité; on doit trouver à Danzig des ouvriers, des charpentiers et des sonnettes.
Demander au corps de réserve où se trouvent les 250 hommes du 3e de ligne portés comme absents ?
Faire venir les caissons d'infanterie restés devant Kolberg.
Donner l'ordre à M. Daru de faire donner des capotes à la division Boudet.
Finkenstein, 27 mai 1807
A l'empereur d'Autriche
Monsieur mon Frère, Votre Majesté m'ayant proposé son intervention amicale pour mettre un terme aux maux de la guerre, une réciprocité de confiance envers elle est devenue une obligation et, bien plus encore, un besoin pour moi. C'est ce qui me porte à communiquer confidemment à Votre Majesté tout ce qu'il y a eu de correspondances et de négociations entre les puissances ennemies et moi. Quoique tout paraisse encore bien indécis et que j'attende, pour fixer mes idées, la réponse que Sa Majesté le roi de Prusse annonce dans sa lettre du 21 de ce mois, je n'ai pas voulu différer de faire connaître à Votre Majesté l'état des choses. Votre Majesté verra, par cette communication, le prix que j'attache à son amitié et la haute confiance qu'elle m'inspire.
Finkenstein, 27 mai 1807
Au maréchal Berthier
Écrire au commandant de Marienburg pour savoir si l'on a travaillé au chemin de Marienburg à Christburg.
Charger un officier du génie de faire travailler au chemin de Marienburg à Dirschau, de manière que, pendant l'hiver et les inondations, il soit au-dessus des eaux et toujours praticable; et de même pour celui de Marienburg à Christburg; cela devient de la plus grande nécessité, Danzig étant pris; il faut y travailler pendant l'été être employer par corvée les paysans du pays.
Écrire à M. Daru que la prise de Danzig donne une tout autre importance à la place de Marienburg ; que, tant que cette place n'avait pas été prise, l'Empereur n'avait ordonné aucun établissement important à Marienburg, qu'aujourd'hui il devient nécessaire d'y établir deux hôpitaux de 600 lits chacun, d'autant plus que cette place est à l'abri d'un coup de main.
A Danzig, il faut avoir pour principe de n'avoir aux hôpitaux que des Français ou des étrangers de la garnison, également à Marienburg, également à Thorn, et placer les hôpitaux des Polonais et étrangers dans d'autres lieux.
Finkenstein, 27 mai 1807
Au roi de Hollande
Je reçois votre lettre du 20 mai. J'ordonne que la légion irlandaise et le régiment de Westphalie, ainsi que le ler régiment de Prusse, se rendent à Anvers. Cela doit faire 4,000 hommes disponibles qui se porteraient sur Walcheren et les autres points de la Hollande qui seraient attaqués, ainsi que trois bataillons français formant à peu près 2,400 hommes. Ayez, dans tous les cas, douze pièces de canon à pouvoir leur donner.
Je donne ordre au maréchal Brune de diriger une division de 6,000 hommes hollandais sur Coeverden, où elle sera en mesure, selon les circonstances, de se porter chez vous ou sur Hambourg.
Le général Saint-Cyr dirigerait aussi, en cas d'événements, et lorsque l'attaque des Anglais serait décidée, une brigade de 3,000 hommes du camp de Boulogne sur la Hollande.
Ne manquez pas de faire publier dans tous les journaux que 16,000 hommes arrivent en Hollande, venant de France et de la Grande Armée, pour défendre le pays. Faites atteler une trentaine de pièces de campagne, car c'est du canon qu'il faut.
Finkenstein, 27 mai 1807
Au roi de Naples
Mon Frère, je reçois votre lettre du 10 mai. Je vous recommande ma cavalerie : elle s'abîme à Naples. Le pacha de Janina est ennemi des Russes, mais cet homme est faux. Il n'y a donc point d'inconvénient que vous lui ayez envoyé quelques secours; mais il ne faut pas pousser cela trop loin, il suffit de belles paroles. Faites contre-dire dans les journaux de Naples toutes les fausses nouvelles qu'on répand sur les affaires de la Turquie; faites-y insérer les notes suivantes.(voir ci-dessus, dans la lettre à Lemarois du 26 mai, la note ajoutée du 5 mai).
Danzig est pris; j'y trouve des magasins immenses de toute espèce. Vous lirez les détails de la reddition de cette place dans les différents bulletins. L'expédition russe que commandait le général Kamenski, après avoir été battue, s'est rembarquée et a disparu.
Il commence enfin à faire un peu chaud ici.
Camp impérial de Finkenstein, 28 mai 1807
MESSAGE AU SÉNAT
Sénateurs, par nos décrets du 30 mars de l'année 1806, nous avons institué des duchés pour récompenser les grands services civils et militaires qui nous ont été ou qui nous seront rendus, et pour donner de nouveaux appuis à notre trône et environner notre couronne d'un nouvel éclat.
C'est à nous à songer à assurer l'état et la fortune des familles qui se dévouent entièrement à notre service et qui sacrifient constamment leurs intérêts aux nôtres. Les honneurs permanents, la fortune légitime, honorable et glorieuse, que nous voulons donner à ceux qui nous rendent des services éminents, soit dans la carrière civile, soit dans la carrière militaire, contrasteront avec la fortune illégitime, cachée, honteuse, de ceux qui, dans l'exercice de leurs fonctions, ne chercheraient que leur intérêt , au lieu d'avoir en vue celui de nos peuples et le bien de notre service. Sans doute, la conscience d'avoir fait son devoir et les biens attachés à notre estime suffisent pour retenir un bon Français dans la ligne de l'honneur; mais l'ordre de notre société est ainsi constitué qu'à des distinctions apparentes, à une grande fortune, sont attachés une considération et un éclat dont nous voulons que soient environnés ceux de nos sujets, grands par leurs talents, par leurs services, et par leur caractère, ce premier don de l'homme.
Celui qui nous a le plus secondé dans cette première journée de notre règne. et qui, après avoir rendu des services dans toutes les circonstances de sa carrière militaire, vient d'attacher son nom à un siège mémorable où il a déployé des talents et un brillant courage, nous a paru mériter une éclatante distinction. Nous avons aussi voulu consacrer une époque si honorable pour nos armes, et par les lettres patentes dont nous chargeons notre cousin l'archichancelier de vous donner communication, nous avons créé notre cousin le maréchal et sénateur Lefebvre duc de Danzig. Que ce titre porté par ses descendants leur retrace les vertus de leur père, et qu'eux-mêmes ils s'en reconnaissent indignes s'ils préféraient jamais un lâche repos et l'oisiveté de la grande ville aux périls et à la noble poussière des camps, si jamais leurs premiers sentiments cessaient d'être pour la patrie et pour nous ; qu'aucun d'eux ne termine sa carrière sans avoir versé son sang pour la gloire et l'honneur de notre belle France; que dans le nom qu'ils portent ils ne voient jamais un privilège, mais des devoirs envers nos peuples et envers nous. A ces conditions, notre protection et celle de nos successeurs les distinguera dans tous les temps.
Sénateurs, nous éprouvons un sentiment de satisfaction en pensant que les premières lettres patentes qui , en conséquence de notre sénatus-consulte du 14 août 1806, doivent être inscrites sur vos registres, consacrent les services de votre préteur.
Donné en notre camp impérial de Finkenstein, le 28 mai 1807.
Finkenstein, 28 mai 1807
A M. Fouché
Je reçois votre lettre du 20. Vous verrez par le bulletin que le fort de Weichselmünde a été pris. Vous aurez vu dans les journaux les bonnes nouvelles de la Turquie. Les Russes ont évacué la Valachie, et il règne un bon esprit dans l'empire ottoman.
Vous pouvez hardiment taxer de faux les bruits que l'on fait courir sur les prétendus succès des Russes. Les nouvelles que j'ai me sont envoyées officiellement par mes ministres. S'il y avait des nouvelles désastreuses pour les Turcs, je serais le premier à le faire dire. Il faut beaucoup exalter les Turcs, car ils lisent nos gazettes et cela fait parmi eux un bon effet. Il faut que nos journaux ne parlent des relations et des rapports mensongers des Russes que pour les contredire; causez-en avec les rédacteurs.
28 mai 1805
Au vice-amiral Decrès
Donnez des ordres pour qu'on ferme la batterie Napoléon, du fort de Cherbourg, avec des palissades ou avec un mur crénelé, afin que l'ennemi ne puisse s'emparer des batteries.
Finkenstein, 28 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois vos lettres des 18 et 19. Il me semble que la cérémonie de la remise de l'épée de Frédéric aux Invalides s'est fort bien passée, et que tout cela s'est fait convenablement.
Ni le courrier d'hier ni celui d'aujourd'hui ne m'ont apporté les planches de la bataille d'Eylau que vous m'avez annoncées.
Finkenstein, 28 mai 1807
A M. Fouché
Je ne conçois pas comment la maison Hope a mis un diamant en gage; cela me paraît fort extraordinaire.
Finkenstein, 28 mai 1807
Au vice-amiral Decrès
Je vois avec plaisir les nouvelles que vous me donnez de Saint-Domingue. Il me semble que le sénat du Port-au-Prince n'est pas seulement composé de mulâtres; j'y vois un certain Télémaque qui, je crois, est un noir.
Je vois avec plaisir tous les préparatifs que vous faites pour l'expédition d'Irlande.
Je verrai avec un grand plaisir le Vétéran rentrer à Lorient. Donnez des ordres pour qu'on ferme la batterie Napoléon, du port
de Cherbourg, avec des palissades ou avec un mur crénelé, afin que l'ennemi ne puisse s'emparer des batteries.
Finkenstein, 28 mai 1807
Aux évêques
Monsieur l'Évêque, après la mémorable bataille d'Eylau, qui a terminé la dernière campagne, l'ennemi, chassé à plus de quarante lieues de la Vistule, n'a pu porter aucun secours à la ville de Danzig. Malgré la rigueur de la saison, nous en avons fait sur-le-champ commencer le siège. Après quarante jours de tranchée, cette importante place est tombée au pouvoir de nos armes. Tout ce que nos ennemis ont pu entreprendre pour la secourir a été déjoué. La victoire a constamment suivi nos drapeaux. Des magasins immenses de subsistances et d'artillerie, une des villes les plus riches et les plus commerçantes du monde, se trouvent par là en notre pouvoir dès le début de la campagne. Nous ne pouvons attribuer des succès si prompts et si éclatants qu'à cette protection spéciale dont la divine Providence nous a donné tant de preuves. Notre volonté est donc qu'au reçu de la présente vous ayez à vous concerter avec qui de droit et à réunir nos peuples pour adresser de solennelles actions de grâces au Dieu des armées, afin qu'il daigne continuer à favoriser nos armes et à veiller sur le bonheur de notre patrie.
Que nos peuples prient aussi pour que ce cabinet persécuteur de notre sainte religion, tout autant qu'ennemi éternel de notre nation, cesse d'avoir de l'influence dans les cabinets du continent, afin qu'une paix solide et glorieuse, digne de nous et de notre grand peuple, console l'humanité et nous mette à même de donner un plein essor à tous les projets que nous méditons pour le bien de la religion et de nos peuples.
Finkenstein, 28 mai 1807
Au général Clarke
Je suis étonné que le maréchal Brune ne soit pas encore arrivé à Stettin. Je suppose que le général Boudet y est à l'heure qu'il est.
Je vous ai annoncé la prise de Danzig. Weichselmünde est aussi rendu, de manière que tout est fini de ce côté. Nous y avons trouvé des magasins immenses surtout en blé.
Il serait possible que l'ennemi tentât quelque chose pour débloquer Kolberg; dans ce cas, c'est au maréchal Brune à aller à son secours. J'attends de connaître la situation de la division Molitor.
Écrivez au maréchal Kellermann et aux préfets de la rive du Rhin relativement aux prisonniers qui s'échappent de France.
Si vous pouvez trouver à Berlin quelque bon agent qu'on pourrait envoyer par mer à Königsberg, ce serait un espionnage fort utile. Le voyage en poste se fait très-rapidement, et par cette saison on va très-facilement sur la Baltique.
Finkenstein, 28 mai 1807
Au général Clarke
Je reçois votre lettre du 24 mai. Il faut que la division Boudet se cantonne autour de Stettin, de manière à vivre chez les habitants et à être à son aise. Vous avez bien fait de retenir tous les chevaux trop fatigués des régiments provisoires (car à quoi bon s'encombrer de chevaux qui ne peuvent pas servir ?), en ayant soin de les faire partir à mesure qu'ils guérissent.
Le régiment d'Aremberg fera partie de la division Boudet.
Finkenstein, 28 mai 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 10 mai. Il est convenable que vous fassiez passer au ministre Dejean toutes les charges que vous avez contre le général Malet. Je viens de le faire suspendre de ses fonctions jusqu'à ce que le Conseil d'État ait jugé.
Tout ce que vous écrit de Bosnie M. David est faux; les Serviens sont battus de tous les côtés ainsi que les Russes. Ainsi cette espèce d'orage est tout à fait dissipé. Les Russes ont rétrogradé de plus de trente lieues en Valachie, et cependant le grand vizir n'était pas encore arrivé. Il est arrivé en ce moment. Il n'y a donc plus rien à craindre de ces gens-là. Mes lettres de Widdin sont du 1er mai.
Faites contredire dans les journaux d'Italie toutes les fausses nouvelles qu'on répand sur la Turquie; faites-y insérer la note ci-jointe (voir également la lettre à Lemarois)
Finkenstein, 28 mai 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, vous trouverez ci-joint la copie d'une circulaire à mes évêques d'Italie, que le ministre des cultes expédiera à tous, et vous veillerez à ce que des prières aient lieu dans tout le royaume.
Vous aurez soin de faire publier dans tous vos journaux les nouvelles ci-jointes de Constantinople. Il faut souvent contredire les mauvais bruits que les agents de l'Angleterre et de la Russie se plaisent à faire courir.
Finkenstein, 28 mai 1807
Au roi de Naples
Mon Frère, faites une lettre aux évêques de votre royaume, pour ordonner dans tout votre royaume des prières publiques en action de grâces des succès des armées françaises et de la prise de Danzig. Vous ferez publier dans tous vos journaux les nouvelles ci-jointes de Constantinople. Il faut faire contredire fréquemment les mauvais bruits que les agents de l'Angleterre et de la Russie se plaisent à faire courir.
Finkenstein, 28 mai 1807
Au roi de Hollande
Vous trouverez ci-joint les dernières nouvelles de Turquie. Vous leur donnerez la plus grande publicité. Vous ferez faire des prières dans tous les temples pour le succès de nos armes et pour la prise de Danzig.
Finkenstein, 28 mai 1807
Au roi de Hollande
Vous trouverez ci-joint un décret que j'ai pris pour la formation d'un corps d'observation de l'Escaut. Ainsi vous aurez deux corps, à Coeverden et à Anvers, l'un et l'autre à quatre marches d'Amsterdam. Avec votre Garde et ce qui vous reste en Hollande vous devez pouvoir réunir à peu près 8,000 hommes, ce qui vous ferait 120,000 que vous pourrez avoir sous la main en deux jours. Une partie des camps de Saint-Lô et de Boulogne sera prête à venir à votre secours, si les circonstances le veulent. Il faut donc, en cas qu'un débarquement sérieux s'effectuât, prévenir sur-le-champ le général Ferino, le général commandant le camp de Coeverden, le maréchal Brune, le maréchal Kellermann et l'archichancelier.
Exagérez de toutes les manières les forces qui vous arrivent. Dites qu'il est formé un camp à Coeverden, un à Anvers, un à Zeist. Les Anglais, seuls, ne se hasarderont pas à une expédition continentale un peu considérable.
Voilà des mesures qui vous donneront un peu de tranquillité. Je suppose que vous avez une trentaine de pièces d'artillerie. Faites armer les places de Berg-op-Zoom, Breda et celles qui couvrent nos frontières, afin que les garnisons puissent se défendre le temps nécessaire pour que les forces arrivent.
Finkenstein, 29 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 20. Je vois avec peine ce qui est arrivé au sieur Chassin. Mais tuer un homme, c'est un peu fort. La loi est pour tous. Vous verrez par les bulletins les bonnes nouvelles de Turquie.
Finkenstein, 29 mai 1807
DÉCISION
M. Lacuée se plaint que deux conscrits du département de Gênes, arrêtés par la gendarmerie italienne, aient été conduits à l'île d'Elbe et incorporés dans le 6e d'infanterie de ligne italien. | Je ne peux concevoir comment le vice-roi s'est permis une telle opération; il faut réclamer et le faire tancer par le ministre. Je conçois encore moins comment la gendarmerie obéit aux ordres du vice-roi et comment le général Menou n'est pas intervenu. Il y a dans tout cela un peu d'anarchie; il faut que le ministre y porte ordre en grondant, et rappeler tout le monde à son devoir. |
Finkenstein, 29 mai 1807
Au maréchal Lefebvre
Je n'ai pas encore reçu l'état ni le contrôle de la garnison de Danzig. J'ai accordé toutes les récompenses que vous m'avez demandées pour les officiers qui vous ont bien servi.
De ce que j'ai été fâché que la garnison prussienne s'en soit allée à cheval et avec ses fusils, je n'en suis pas moins très-satisfait de vos services, et je vous en ai déjà donné des preuves , que vous apprendrez aux premières nouvelles de Paris et qui ne vous laisseront aucun doute sur le cas que je fais de vous.
Finkenstein, 29 mai 1807
A M. Mathieu Faviers, à Danzig
Je reçois votre lettre, sans date, que me remet le colonel Lacoste, dans laquelle je vois qu'il y a 285,000 quintaux de froment dans la place de Danzig; mais vous ne me dites pas si ce sont des quintaux de France on de Prusse.
Je vous ai mandé d'envoyer 20,000 quintaux de blé à Elbing. Envoyez-y aussi 500,000 bouteilles de vin. La distribution s'en fera plus facilement à Elbing qu'à Danzig. Faites donner à l'armée assiégeante une bouteille de vin par chaque soldat.
Dirigez aussi sur Elbing 20,000 pintes d'eau-de-vie de France et 20,000 de rhum.
Finkenstein, 29 mai 1807
Au vice-amiral Decrès
J'ai reçu votre lettre du 20 mai. J'espère que vous m'instruirez de la direction que vous apprendrez qu'ont suivie les 250 bâtiments anglais.
Finkenstein, 29 mai 1807
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, donnez ordre au commandant de la Garde de réunir tous ses marins à Danzig, hormis un détachement de 10 hommes qu'il laissera à Elbing pour garder les bâtiments.
Il désignera un officier pour prendre le commandement de la corvette anglaise, la regréer et réarmer, afin qu'elle puisse servir si l'on faisait quelque croisière devant la place. Il désignera aussi un officier pour commandant du port. Il fera faire le recensement des bâtiments de guerre qui pourraient servir, soit en pleine mer, soit sur le Frische- Haff.
Finkenstein, 29 mai 1807
Au général Rapp, gouverneur de Danzig
Je reçois votre lettre du 28. Je désire connaître la force de la garnison, ce qu'elle a perdu pendant le siège, ce qu'elle a perdu à la reddition par la désertion, et ce que M. de Kalkreuth a emmené avec lui, bataillon par bataillon, en distinguant les Russes et les Prussiens. Faites-moi connaître aussi le nombre des malades que l'ennemi a laissés dans la ville.
Il faut faire voir à la poste; on trouvera des lettres qui donneront toujours des renseignements.
Finkenstein, 29 mai 1807
Au général Rapp
Je reçois votre lettre du 28. Je désire beaucoup savoir le nom des corps qui composent la garnison de Danzig, le nombre des déserteurs et le nombre d'hommes des ennemis qui sont restés aux hôpitaux. On dit qu'un prince russe est resté prisonnier ; il faut le faire passer en France.
J'ai donné le commandement de la place sous vos ordres au général Ménard. Il faut demander le nombre d'adjoints nécessaire. J'ai nommé le général de brigade Ritay pour commander le fort de Weichselmünde.
Finkenstein, 29 mai 1807
A M. Mathieu Faviers
Il faut faire emmagasiner tout le blé qui est à Danzig dans les magasins royaux. J'imagine qu'il y en a de très-beaux. Il faut faire construire trois autres fours, de manière que nous ayons une manutention de six fours, capables de faire une vingtaine de milliers de rations, ce qui, avec les 15,000 de la place, ferait 30 à 40,000. Il faut faire moudre sans délai, de manière à avoir 50,000 quintaux de farine. Il faut envoyer 25,000 quintaux de blé à Elbing, où on les convertira en farine, ce qui assurera le service pour quarante jours. Il ne faut du reste rien envoyer autre part. Il faut faire confectionner 200,000 rations de biscuit. Il faut faire établir quatre hôpitaux, chacun de 500 lits, dans lesquels on ne mettra que des Français.
Il faut faire connaître la quantité de draps, de cuirs et autres objets nécessaires à l'armée, ainsi que la contribution que peut payer la ville.
Finkenstein, 29 mai 1807
Au général Lemarois
Monsieur le Général Lemarois, faites mettre les nouvelles suivantes dans les journaux de Varsovie :
"Des lettres reçues de Widdin, en date du 12 mai, confirment la nouvelle que les Russes ont évacué Giurgevo; que Moustafà-Baraïc-tar était à la porte de Bucharest; que l'avant-garde de l'armée du grand vizir était arrivée à Ismaïl; qu'elle avait sur-le-champ attaqué la division russe qui bloquait la ville, l'avait mise en déroute et lui avait fait lever le siège; que la cavalerie turque avait des avant-postes jusque sous Bender; que les Serviens avaient été battus par le pacha de Widdin et par le pacha de Nissa; que le grand plan des Russes avait manqué de tous côtés; que cependant ces succès s'obtenaient lorsque le gros de l'armée du grand vizir n'était pas encore arrivé, mais qu'elle était attendue pour le 15."
Nous avons trouvé à Danzig 300,000 quintaux de blé; ce qui nous sera d'une grande utilité.
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J'imagine que vous avez communiqué au gouvernement la nouvelle de la prise de Danzig.
Finkenstein, 29 mai 1807
NOTE POUR L'INTENDANT GÉNÉRAL
Voici quelques idées sur le rapport qui doit m'être fait sur l'approvisionnement de l'armée. Il faut distinguer trois points différents et qui, pendant l'hiver, n'ont point de communication entre eux :
1° Droite. - Varsovie.
2° Centre. -Thorn, Wloclawek, Bromberg.
3° Gauche. - Danzig, Marienwerder, Marienburg, Elbing, Dirschau, Mewe, Neuenburg.
Il est assez difficile de calculer dans quels rapports doivent être ces différents approvisionnements, car il est difficile de prévoir exactement quelle sera la position de l'armée; mais, si on le fait pour huit mois, à compter du 1er juin, cela nous conduit aux glaces, et alors on peut facilement faire des versements d'un point sur un autre.
D'ailleurs, un de ces trois points, qui sera approvisionné pour huit mois, pour un corps de troupes, le sera pour plusieurs corps, pour un certain espace de temps, pendant lequel on aura celui de pourvoir à un supplément d'approvisionnements sur ce point.
80,000 quintaux par mois ne sont pas suffisants, car ils ne font que 213,000 rations par jour; en ôtant 13,000 rations, il ne reste
que 200,000 rations pour la rive droite de la Vistule et la lisière de la rive gauche, à une lieue. Cette lisière comprend Danzig, Dirschau, Mewe, Neuenburg, Schwetz, Thorn, Wloclawek et Varsovie. Il y a, dans ces points, des hôpitaux, des dépôts et des administrations qui consomment au moins 25,000 rations. Il reste donc 175,000 rations pour la rive droite, sur lesquelles on nourrit encore les Polonais.
Dans le calcul, il faut comprendre les ligues d'étape :
De Posen à Thorn, de Posen à Varsovie, de Stettin à Danzig, et de Stettin à Posen.
Il faut d'autant plus calculer ainsi, que, dans les ressources, on comprend ce qui se trouve à Kalisz, Posen et autres intermédiaires.
De cette manière, on verra qu'il faut 100,000 quintaux par mois, et pour les huit mois 800,000 quintaux.
L'approvisionnement nécessaire pourrait être distribué ainsi :
Droite. - Varsovie . . . . . . .80,000 rations par jour.
Centre. - Thorn, etc . . . . . .100,000 id.
Gauche. - Danzig, etc. . . . . 80,000 id.
Ou bien
Varsovie. 30,000 quintaux par mois; pour huit mois, 240,000 quintaux.
Thorn. 40,000 id. id. 320,000
Danzig. 30,000 id. id. 240,000
Total. . 100,000 Total. 800,000
Il faut commencer par bien déterminer l'arrondissement de chacun des trois points et le bien tracer sur une carte.
La droite ira de Varsovie jusqu'à Wloclawek, et comprendra en profondeur tout ce qui est arrondissement de Varsovie et de Kalisz.
Le centre ira de Wloclawek à Graudenz, et comprendra en profondeur tout ce qui est arrondissement de Posen et de Bromberg.
La gauche ira de Marienwerder à la mer, et comprendra en profondeur tout ce qui est en Poméranie.
Alors, dans chaque arrondissement, on déterminera les lieux les plus propres pour former les magasins, en ayant égard à la consommation, aux lieux où il est le plus prudent et le plus facile de faire les rassemblements, car il ne faut pas tout mettre sur le même point.
Il y a cinq manières de se procurer des ressources :
1° Ce qui existe au 1er juin;
2° Ce que chacun des arrondissements polonais doit fournir;
3° Ce que la Poméranie doit être appelée à fournir;
4° Ce que l'on doit faire venir des magasins existant sur nos derrières;
5° Ce qui doit provenir par achat, soit pour le complément du marché existant avec le gouvernement polonais au 1er juin, soit de nouveaux marchés.
Avant de faire des marchés, il faut faire le calcul de ce que coûte un quintal de grain à son arrivée de Breslau, Küstrin ou Magdeburg.; car, si le transport équivalait la marchandise, et que l'on pût trouver encore du blé dans le pays, il serait plus expéditif et plus avantageux de tirer des ressources du pays.
Voici un moyen sûr pour faire des marchés. Faire parcourir les bords de la Vistule; il n'y a pas de doute que l'on n'y trouve des magasins établis pour l'usage du pays. On en a trouvé à Culm; on en a trouvé à Wloclawek. Je suis persuadé qu'en parcourant le pays jusqu'à Rawa on en trouvera beaucoup. Ces magasins trouvés, mettre la main dessus, en dresser les inventaires de séquestre, et ensuite passer des marchés avec les propriétaires pour les indemniser.
Quand je dis la lisière de la Vistule, j'entends quatre lieues de chaque côté. Il doit y avoir beaucoup de grains à Plock.
Un employé intelligent serait chargé de parcourir le pays depuis Danzig jusqu'à Marienwerder;
Un second, de Marienwerder à Wloclawek;
Un troisième, de Wloclawek à Rawa et la frontière.
Même opération devrait être faite le long du canal et de la Netze. Avoir des conférences avec les marchands de blé de Danzig et de
Bromberg; ils feront connaître où se trouvent les magasins et les rassemblements de grains.
Danzig a du froment, mais manque de seigle; il serait avantageux d'en envoyer de la rive gauche, afin de ne pas consommer purement du froment, qui est si précieux dans ce pays.
Il ne faut pas compter comme ressource ce qui se trouve à Danzig, où il faut toujours un approvisionnement de siège.
Finkenstein, 29 mai 1807
Au prince Eugène
Mon Fils, je reçois votre lettre du 18. Il ne faut pas songer au général ..... on ne peut compter ni sur sa probité, ni sur sa fidélité.
Vous serez toujours à temps; il faut laisser le général Miollis encore à Venise; mais c'est un homme très-propre à commander une division; le général Grenier également. En attendant, les généraux qui commandent la division de Vérone sont suffisants pour la former.
Finkenstein, 29 mai 1807
77e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE
Danzig a capitulé. Cette belle place est en notre pouvoir. 800 pièces d'artillerie, des magasins de toute espèce, plus de 500,000 quintaux de grains, des caves considérables, de grands approvisionnements de draps et d'épiceries, des ressources de toute espèce pour l'armée, et enfin une place forte du premier ordre appuyant notre gauche, comme Thorn appuie notre centre, et Praga notre droite : ce sont les avantages obtenus pendant l'hiver, et qui ont signalé les loisirs de la Grande Armée; c'est le premier, le plus beau fruit de la victoire d'Eylau. La rigueur de la saison, la neige qui a souvent couvert nos tranchées, la gelée qui y a ajouté de nouvelles difficultés, n'ont pas été des obstacles pour nos travaux. Le maréchal Lefebvre a tout bravé. Il a animé d'un même esprit les Saxons, les Polonais, les Badois, et les a fait marcher à son but. Les difficultés que l'artillerie a eu à vaincre étaient considérables. Cent bouches à feu, 5 à 600 milliers de poudre, une immense quantité de boulets, ont été tirés de Stettin et des places de la Silésie. Il a fallu vaincre bien des difficultés de transport; mais la Vistule a offert un moyen facile et prompt. Les marins de la Garde ont fait passer les bateaux sous le fort de Graudenz avec leur habileté et leur résolution ordinaires. Le général Chasseloup, le général Kirgener, le colonel Lacoste et en général tous les officiers du génie, ont servi de la manière la plus distinguée. Les sapeurs ont montré une rare intrépidité. Tout le corps d'artillerie, commandé par le général la Riboisière, a soutenu sa réputation. Le 2e régiment d'infanterie légère, le 19e et les troupes de Paris, le général Schramm et le général Puthod, se sont fait remarquer. Un journal détaillé de ce siège sera rédigé avec soin. Il consacrera un grand nombre de faits de bravoure dignes d'être offerts comme exemples, et faits pour exciter l'enthousiasme et l'admiration.
Le 17, la mine fit sauter un blockhaus de la place d'armes du chemin couvert. Le 19, la descente et le passage du fossé furent exécutés à sept heures du soir. Le 21, le maréchal Lefebvre ayant tout préparé pour l'assaut, on y montait, lorsque le colonel Lacoste, qui avait été envoyé le matin dans la place pour affaires de service, fit connaître que le général Kalkreuth demandait à capituler aux mêmes conditions qu'il avait autrefois accordées à la garnison de Mayence. On y consentit. Le Hagelsberg aurait été enlevé d'assaut sans une grande perte; mais le corps de place était encore entier. Un large fossé rempli d'eau courante offrait assez de difficultés pour que les assiégés prolongeassent leur défense pendant une quinzaine de jours. Dans cette situation, il a paru convenable de leur accorder une capitulation honorable.
Le 27, la garnison a défilé, le général Kalkreuth à sa tête. Cette forte garnison, qui d'abord était de 16,000 hommes, est réduite à 9,000, et sur ce nombre 4,000 ont déserté. Il y a même des officiers parmi les déserteurs. "Nous ne voulons pas, disent-ils, aller en Sibérie." Plusieurs milliers de chevaux d'artillerie nous ont été remis, mais ils sont en fort mauvais état. On dresse en ce moment les inventaires des magasins. Le général Rapp est nommé gouverneur. de Danzig.
Le lieutenant général russe Kamenski, après avoir été battu le 15, s'était acculé sous les fortifications de Weichselmünde; il y est demeuré sans oser rien entreprendre, et il a été spectateur de la reddition de la place. Lorsqu'il a vu que l'on établissait des batteries à boulets rouges pour brûler ses vaisseaux, il est monté à bord et s'est retiré. Il est retourné à Pillau.
Le fort de Weichselmünde tenait encore. Le maréchal Lefebvre l'a fait sommer le 26; et, pendant que l'on réglait la capitulation, la garnison est sortie du fort et s'est rendue. Le commandant abandonné s'est sauvé par mer. Ainsi, nous sommes maîtres de la ville et du port de Danzig.
Ces événements sont d'un heureux présage pour la campagne. L'empereur de Russie et le roi de Prusse étaient à Heiligenbeil. Ils ont pu conjecturer de la reddition de la place par la cessation du feu. Le canon s'entendait jusque-là.
L'Empereur, pour témoigner sa satisfaction à l'armée assiégeante, a accordé une gratification à chaque soldat.
Le siège de Graudenz commence sous le commandement du général Victor. Le général Lazowski commande le génie, et le général d'Anthouard l'artillerie. Graudenz est fort par sa grande quantité de mines.
La cavalerie de l'armée est belle. Les divisions de cavalerie légère, deux divisions de cuirassiers et une de dragons, ont été passées en revue à Elbing, le 26, par le grand-duc de Berg. Le même jour, Sa Majesté s'est rendue à Bischofswerder et à Strasburg, où elle a passé en revue la division de cuirassiers d'Hautpoul et la division de dragons du général Grouchy. Elle a été satisfaite de leur tenue et du bon état des chevaux.
L'ambassadeur de la Porte, Sid-Mohammed-Emin-Vahid, a été présente le 28, à deux heures après midi, par M. le Prince de Bénévent, à l'Empereur, auquel il a remis ses lettres de créance. Il est resté une heure dans le cabinet de Sa Majesté. Il est logé au château et occupe l'appartement du grand-duc de Berg, absent pour la revue. On assure que l'Empereur lui a dit que lui et l'empereur Selim étaient désormais inséparables comme la main droite et la main gauche. Toutes les bonnes nouvelles des succès d'Ismaïl et de Valachie venaient d'arriver. Les Russes ont été obligés de lever le siége d'Ismaïl et d'évacuer la Valachie.
Finkenstein, 30 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, j'ai écrit à M. Dejean pour que des mesures soient prises pour que l'infanterie espagnole, qui vient par les Pyrénées, soit transportée en poste à Mayence, afin qu'elle arrive dans le tiers moins de temps qu'elle n'en mettrait sans cette précaution. Tenez la main à l'exécution de cette mesure, et instruisez-moi du jour où les Espagnols devront arriver sur le Rhin.
Finkenstein, 30 mai 1807
A M. Cambacérès
Mon Cousin, il n'y a rien de nouveau. Je crois que j'irai demain voir Danzig. Nous y découvrons tous les jours de nouveaux magasins, qui rendent cette conquête encore plus importante.
Finkenstein, 30 mai 1807
A M. de Champagny
Monsieur de Champagny, après avoir examiné attentivement les différents plans du monument dédié à la Grande Armée, je n'ai pas été un moment en doute. Celui de M. Vignon est le seul qui remplisse mes intentions. C'est un temple que j'avais demandé et non une église. Que pourrait-on faire, dans le genre des églises, qui fût dans le cas de lutter avec Sainte-Geneviève, même avec Notre-Dame, et surtout avec Saint-Pierre de Rome ? Le projet de M. Vignon réunit à d'autres avantages celui de s'accorder beaucoup mieux avec le palais du Corps législatif, et de ne pas écraser les Tuileries.
Lorsque j'ai fixé la dépense à 3 millions, j'ai entendu que ce temple ne devait pas coûter beaucoup plus que ceux d'Athènes, dont la construction ne s'élevait pas à la moitié de cette somme.
Il m'a paru que l'entrée de la Cour devait avoir lieu par l'escalier vis-à-vis le trône, de manière qu'il n'y eût qu'à descendre et à traverser la salle pour se rendre au trône. Il faut que, dans les projets définitifs, M. Vignon s'arrange pour qu'on descende à couvert. Il faut aussi que l'appartement soit le plus beau possible. M. Vignon pourrait peut-être le faire double, puisque sa salle est déjà trop longue. Il sera également facile d'ajouter quelques tribunes. Je ne veux rien en bois. Les spectateurs doivent être placés, comme je l'ai dit, sur des gradins de marbre formant les amphithéâtres destinés au public; et les personnes nécessaires à la cérémonie seront sur des bancs, de manière que la distinction de ces deux sortes de spectateurs soit très-sensible. Les amphithéâtres garnis de femmes feront un contraste avec le costume grave et sévère des personnages nécessaires à la cérémonie. La tribune de l'orateur doit être fixe et d'un beau travail. Rien dans ce temple ne doit être mobile et changeant; tout, au contraire, doit y être fixé à sa place. S'il était possible de placer à l'entrée du temple le Nil et le Tibre qui ont été apportés de Home, cela serait d'un très-bon effet; il faut que M. Vignon tâche de les faire entrer dans son projet définitif, ainsi que des statues équestres qu'on placerait au dehors, puisque réellement elles seraient mal dans l'intérieur. Il faut aussi désigner le lieu où l'on placera l'armure de François Ier et le quadrige de Berlin.
Il ne faut pas de bois dans la construction de ce temple. Pourquoi n'emploierait-on pas pour la voûte, qui a fait un objet de discussion, du fer ou même des pots de terre ? Ces matières ne seraient-elles pas préférables à du bois ? Dans un temple qui est destiné à durer plusieurs milliers d'années, il faut chercher la plus grande solidité possible, éviter toute construction qui pourrait être mise en problème par les gens de l'art, et porter la plus grande attention au choix des matériaux; du granit et du fer, tels devraient être ceux de ce monument. On objectera que les colonnes actuelles ne sont pas de granit; mais cette objection ne serait pas bonne, puisqu'avec le temps on peut renouveler ces colonnes sans nuire au monument. Cependant, si l'on prouvait que l'emploi du granit entraînerait dans une trop grande dépense et de trop longs délais, il faudrait y renoncer, car la condition principale du projet, c'est qu'il soit exécuté en trois ou quatre ans, et au plus en cinq ans. Ce monument tient en quelque sorte à la politique; il est dès lors du nombre de ceux qui doivent se faire vite. Il convient néanmoins de s'occuper à chercher du granit pour d'autres monuments que j'ordonnerai, et qui, par leur nature, peuvent permettre de donner à leur construction trente, quarante ou cinquante ans.
Je suppose que toutes les sculptures intérieures seront en marbre, et qu'on ne me propose pas des sculptures propres aux salons et aux salles à manger des femmes des banquiers de Paris. Tout ce qui est futile n'est pas simple et noble; tout ce qui n'est pas de longue durée ne doit pas être employé dans ce monument. Je répète qu'il n'y faut aucune espèce de meubles, pas même de rideaux.
Quant au projet qui a obtenu le prix, il n'atteint pas mon but; c'est le premier que j'ai écarté. Il est vrai que j'ai donné pour base de conserver la partie du bâtiment de la Madeleine qui existe aujourd'hui; mais cette expression est une ellipse : il était sous-entendu que l'on conserverait de ce bâtiment le plus possible, autrement il en aurait pas eu besoin de programme; il n'y avait qu'à se borner à suivre le plan primitif. Mon intention était d'avoir non pas une église, mais un temple, et je ne voulais ni qu'on rasât tout, ni que l'on conservât tout. Si ces deux propositions étaient incompatibles, savoir, celle d'avoir un temple et celle de conserver les constructions actuelles de la Madeleine, il était simple de s'attacher à la définition d'un temple. Par temple j'ai entendu un monument tel qu'il y en avait à Athènes et qu'il n'y en a pas à Paris. Il y a beaucoup d'églises à Paris; il y en a dans tous les villages. Je n'aurais pas assurément trouvé mauvais que les architectes eussent observé qu'il y avait contradiction entre l'idée d'avoir un temple et l'intention de conserver les constructions faites pour une église. La première était l'idée principale, la seconde était l'idée accessoire. M. Vignon a donc deviné ce que je voulais. Quant à la dépense fixée à 3 millions, je n'ai pas entendu qu'un million de plus ou de moins entrât en concurrence avec la convenance d'avoir un monument plus ou moins beau. Je pourrai, s'il le faut, autoriser une dépense de 5 ou 6 millions, si elle est nécessaire, et c'est ce que le devis définitif me prouvera.
Vous ne manquerez pas de dire à la quatrième classe de l'Institut que c'est dans son rapport même que j'ai trouvé les motifs qui m'ont déterminé.
(Le projet de temple fût abandonné par Napoléon en 1813, qui ordonna la reconversion de la Madeleine en église. Celle-ci ne sera terminée qu'en 1842)
Finkenstein, 30 mai 1807 (Date présumée.)
NOTE POUR L'INTENDANT GÉNÉRAL
M. Daru fera une nouvelle demande de fonds.
Il est nécessaire qu'il y comprenne la solde et toutes les dépenses à faire à la Grande Armée, tant celles qu'il proposait que celles qui étaient comprises dans le travail du ministre de la guerre.
Toutes les dépenses se trouvant comprises, pour chaque mois, dans un seul décret, ces décrets, réunis au rapport général dont va s'occuper M. Daru, mettront dans le cas de connaître, tous les mois et à toutes les époques, la situation des dépenses de l'armée.
M. Daru aura soin de distinguer ses demandes en argent, et ses demandes en crédit sur les contributions extraordinaires, en payement de réquisitions.
Ainsi la Silésie doit fournir des effets d'habillement. M. Daru demandera un crédit sur les contributions de la Silésie, lequel crédit sera payé en habits.
Ainsi il demande, pour la boulangerie, à acheter 560,000 quintaux de blé, en remplacement de ce qu'il tire des derrières. Cette dépense est nécessaire; mais on peut en distinguer le montant, partie en argent, partie en crédit sur les contributions extraordinaires.
Ainsi Magdeburg va verser 15 ou 220,000 quintaux sur Bromberg. Il est très-sage de prendre, dès aujourd'hui, des mesures pour remplacer ces 20,000 quintaux; mais il serait imprudent de les payer. Il est bien plus naturel d'en faire faire la répartition sur les districts du pays de Magdeburg.
Ainsi Stettin doit fournir une quantité quelconque de vin. Il faut également, pour la valeur de ce vin, se faire donner un crédit imputable sur les contributions de Stettin.
Il faudrait faire de même pour l'eau-de-vie. Une partie de celle qui se tire des derrières pourrait être fournie par réquisition, et il en serait tenu compte sur les contributions.
Il est convenable de suivre la même marche au sujet des chevaux à tirer de Silésie pour les lanciers.
On conçoit que ces arrangements mettront M. Daru dans le cas de demander un crédit plus fort.
Il suivra cette marche pour tous les chapitres qui en seront susceptibles, dans sa demande de fonds sur le mois de mai, et il en sera
de même pour les mois suivants.
Quant aux fournitures de réquisitions qui ont été faites antérieurement au mois de mai, l'imputation sur les contributions devant également avoir lieu, M. Daru demandera des crédits en conséquence; mais cette demande sera l'objet d'un travail particulier.
Finkenstein, 30 mai 1807
Au général Dejan
Monsieur Dejean, mon intention est que le sénatus-consulte relatif à la levée de la conscription de 1808,soit ponctuellement exécuté; qu'en conséquence aucun homme ne soit envoyé à la Grande Armée ni hors des frontières du royaume d'Italie avant le mois de janvier. Je désire que, sur tous les états de situation, il y ait une colonne à part des hommes de cette conscription qui doivent être armés, exercés, habillés, niais n'être disponibles que dans l'intérieur de la France.
Ces hommes doivent être destinés à renforcer les camps de Saint-Lô, Pontivy et Boulogne, et ne mettre à même de retirer de ces camps des anciens soldats.
Finkenstein, 30 mai 1807
A M. Lacuée
Je reçois votre lettre du 16 mai, par laquelle je vois que vous avez retiré 4,000 hommes aux légions sur la dernière répartition que, vous m'avez envoyée. Je vous avais fait connaître mon intention sur la répartition de la réserve, mais la nouvelle répartition que vous avez faite ne doit pas changer celle de la réserve. Cependant alors, les légions ne seront avec la réserve que de 21,000 hommes, c'est-à-dire de 4,200 chaque; il est donc convenable de ne former que quatre bataillons; je ne formerai le 5e et le 6e que l'année prochaine, car il serait ridicule de n'avoir que des cadres décharnés; un bataillon de 1,100 hommes formera toujours 7 à 800 hommes présents sous les armes, et les quatre présenteront une force de 3,200 pour marcher contre l'ennemi. Or 3,200 hommes dans l'intérieur sont autant que 5,000 à la Grande Armée. Comme mon intention est de joindre aux légions toutes les compagnies départementales et les gardes nationales du lieu que l'ennemi attaquerait, je trouverai moyen que le sénateur, en se battant, ait un corps de 7 à 8,000 hommes sous ses ordres.
Si vous trouvez que, dans la réserve, je n'ai pas assez donné à la cavalerie, je vous laisse le maître de lui donner un millier d'hommes de plus. J'approuve ce que vous ferez.
Je vous sais gré de votre travail. Je sais combien de peine il doit vous donner. Croyez donc bien constamment que ma confiance en vous est entière, et que la perspective que j'ai d'avoir des occasions de vous prouver d'une manière éclatante et solennelle toute ma reconnaissance me console seule du peu d'humeur que je vous ai montrée dans ma dernière lettre.
Aussitôt que vous aurez fait la répartition définitive de la réserve, envoyez un tableau qui me fasse connaître la situation des corps en 1806, ce qu'ils ont reçu pour la conscription de 1806 et réserve, pour 1807 et réserve, pour 1808 et réserve; ce que forme le total; et ce qu'ils ont à recevoir sur la conscription de ces trois ans, afin que cet état me serve de règle et mette de côté tous les états que j'ai.
Comme mon intention n'est pas de me jouer des lois, mais d'exécuter ponctuellement le sénatus-consulte, qu'ils doivent rester en France et ne peuvent être envoyés à l'armée qu'en janvier, faites distinguer dans les états, par une colonne à part, les hommes provenant de cette conscription.
La prise de Danzig nous vaut au delà de ce qu'on peut penser. J'y ai trouvé du froment pour nourrir mon armée pendant un an; et, ce qui est plus précieux ici, à peu près 3 on 4 millions de bouteilles de vin de Bordeaux, 800 pièces de canon.
Finkenstein, 30 mai 1807 (Date présumée)
NOTE POUR L'INTENDANT GÉNÉRAL
M. Daru écrira au prince Jérôme et à l'administrateur général de la Silésie qu'ayant imposé une contribution extraordinaire de trente millions, que des services ayant exigé d'elle pour une valeur de dix millions, et sachant que ces peuples sont innocents de la guerre dont ils supportent le poids, Sa Majesté désire venir à leur secours;
Qu'en conséquence elle autorise à disposer d'une valeur de quarante millions en domaines nationaux et à émettre un papier-monnaie de pareille somme, admissible en payement de ces biens royaux, qui seront vendus et dont Sa Majesté garantira la vente; que ce papier-monnaie sera employé à rembourser à tous les particuliers ce qu'ils auront payé, soit pour la contribution extraordinaire de guerre, soit pour les services qui ont été faits; qu'ainsi le pays sera soulagé sans que les intérêts de l'armée en soient lésés.
M. Daru aura soin de ne laisser imputer sur les trente millions de contribution extraordinaire aucune fourniture qui ne se trouverait pas spécialement ordonnée par les décrets. Ainsi les vins, les bœufs, les fourrages, etc. , qui ont été envoyés à l'armée, ne viendront point en déduction des trente millions, mais seront remboursés en papier-monnaie.
On affectera aussi un fonds suffisant en domaines royaux pour payer en papier-monnaie les pensionnaires, les fonctionnaires et toutes les dépenses civiles.
La vente des biens royaux se fera, pour les cinq sixièmes en papier-monnaie, et un sixième en numéraire. Le sixième en numéraire sera versé dans une caisse particulière et employé à venir au secours des habitants pauvres du pays, qui, ayant des réclamations à former, ne seraient pas dans le cas d'acheter des domaines.
La même mesure pourra être prise tant pour Berlin que pour les autres pays faisant partie du royaume de Prusse. Il convient, en conséquence, de consulter aussi sur cet objet le gouverneur général, les administrateurs et les intendants.
Il doit être établi comme règle générale, pour tous ces pays, que les remboursements aux particuliers ne pourront commencer, dans ces provinces ou dans une intendance, que lorsque la totalité de la contribution extraordinaire y aura été acquittée.
Finkenstein, 30 mai 1807
A M. Daru
Monsieur Daru, il faut aujourd'hui mettre de l'ordre dans la Poméranie. Il me semble que je vous ai demandé un rapport sur la division de cette province en ses différents cercles. Il faut me présenter un décret pour affecter différents cercles à la division qui assiège Kolberg, et les mettre sous les ordres du général Loison; mettre les autres cercles qui avoisinent Danzig sous les ordres du gouverneur de Danzig; les cercles d'Elbing sous les ordres du commandant d'Elbing, et ceux de Marienwerder sous les ordres du commandant de Marienwerder. Ce décret me paraît fort important.
Finkenstein, 30 mai 1807
NOTE POUR L'INTENDANT GÉNÉRAL
Écrire à M. Belleville que la conduite des États de Hanovre commence à être ridicule et devient tout à fait absurde ; ils n'ont encore donné :
En imposition ordinaire, que . . .. . . . . . .
chevaux . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Approvisionnement de l'armée . . . . . . . .
Total . . . . . . .
Or, au compte de 600, 000 francs par mois qu'ils offrent depuis le mois d'octobre jusqu'au 1er juin, cela ferait 4,800,000 francs.
Il faut donc exiger que, sans délai, ces 4,800,000 francs soient payés, sans quoi il serait trop ridicule qu'on attendît davantage.
Vous direz bien que vous n'avez point d'autorisation de vous désister des 9,100,000francs que j'ai imposés de contribution extraordinaire, mais que vous ne pouvez me faire aucun rapport à cet égard que les 4,800,000 francs ne soient payés.
Finkenstein, 30 mai 1807
ORDRES
Le général de brigade Bron se rendra sans délai à Danzig pour y commander un dépôt de cavalerie qui sera composé de tous les hommes à pied des divisions Lasalle, Latour-Mau bourg, Grouchy, Nansouty, Saint-Sulpice et Espagne, qui s'y rendront à cet effet. Ils y seront organisés par les soins du général Bron, pour pouvoir servir en cas d'événement, et de manière qu'on puisse y maintenir une bonne police. Ils seront remontés sans délai.
Il sera fait, dans la ville de Danzig et dans la partie de la Poméranie qui n'a point été comprise dans la répartition faite à Elbing, une levée de 2,000 chevaux, dont 150 seront donnés aux cuirassiers, 300 aux dragons et 550 aux chasseurs et hussards, 500 à l'artillerie et 500 aux transports.
Le général commandant l'artillerie enverra des hommes du train, et l'inspecteur des transports, des hommes des transports, pour recevoir les chevaux qui leur reviennent.
Il sera mis sans délai, à Danzig, en confection, 2,000 selles et harnachements complets, savoir : 300 selles de cuirassiers, 800 de dragons et 900 de chasseurs et hussards. Il sera confectionné sans délai un pareil nombre de manteaux et un pareil nombre de paires de bottes.
Tous les hommes à pied des dragons et hussards de Bade feront partie dudit dépôt et y seront également remontés.
Les 100 chevaux qui sont à la disposition du maréchal Mortier, dans le Mecklenburg, ainsi que les 300 qu'il doit en recevoir, seront dirigés sur Danzig et consignés au général Bron.
Le général Delaroche, commandant le dépôt de cavalerie établi à Nackel, est autorisé à faire des marchés pour se procurer 500 chevaux, afin de remonter son dépôt. Il sera mis, à cet effet, à sa disposition les fonds nécessaires pour ces achats; et, pour qu'il puisse pourvoir sur-le-champ aux besoins les plus pressants, il lui sera remis une somme de 50,000 francs.
Le major général fera faire le relevé de tous les hommes à pied qui se trouvent présents aux différents régiments, et tiendra la main à ce qu'aucun colonel n'ait d'hommes à pied à son corps, et que tout ce qui n'est pas monté soit envoyé sans délai à Danzig.
Il sera mis en réquisition, à Danzig, 50 chariots pour les transports militaires, si on les trouve tout faits; sinon, on en fera faire sans délai 50.
Le major général et l'intendant général prendront toutes les mesures nécessaires pour la prompte exécution de toutes ces dispositions.
Finkenstein, 30 mai 1807
Au général Songis
Il faut vous occuper sans délai de faire transporter à Danzig deux millions de cartouches, 300,000 livres de poudre ; il y faut réunir également quelques ouvriers pour travailler aux affûts, afin que la place puisse soutenir un nouveau siège.
J'ai donné ordre de mettre vingt ou trente pièces de canon, bonnes ou mauvaises, à Marienburg; faites-en mettre dix aux ouvrages de la tête de pont de Marienwerder; toutes ces pièces dans les calibres de 6 et de 12, en fer et en bronze parmi le grand nombre de ce qui est à Stettin.
Occupez-vous aussi, sérieusement, d'en faire venir de Silésie, on du moins des munitions, d'armer Thorn et de préparer l'armement de Modlin et de Sierock.
Mais surtout poussez avec activité le siège de Graudenz et celui de Kolberg.
Finkenstein, 30 mai 1807
NOTE POUR LE GÉNÉRAL BERTRAND
Le major général doit envoyer un courrier à Kolberg, Le général Bertrand écrira par ce courrier au commandant du génie, pour lui faire connaître que mon intention est qu'on commence à s'emparer de l'embouchure du port pour que la place soit exactement cernée, et qu'on place une batterie à l'embouchure du port pour éloigner les croisières ennemies.
Finkenstein, 30 mai 1807
Au maréchal Brune, commandant le corps d'observation de la Grande Armée
Votre corps d'observation doit être composé de troupes hollandaises, de troupes espagnoles, de troupes de la Confédération et de troupes françaises.
Les troupes hollandaises, par les derniers ordres que vient de vous envoyer le major général, doivent avoir leur gauche à Coeverden, leur centre à Hambourg et leur droite sur la Peene.
Les troupes espagnoles arrivent en Hanovre le 10 juin, du moins la division qui était en Étrurie. Les deux autres divisions espagnoles arriveront dans le courant de juillet. Cette division d'Étrurie a besoin de se reposer en Hanovre. En cas d'événement, vous avez donc cette division forte de 5,000 hommes, dont 800 chevaux, que vous pouvez porter sur Hambourg, sur la Hollande ou sur Stralsund.
Les troupes françaises consistent dans la division Boudet et dans la division Molitor.
La division Boudet doit être, à l'heure qu'il est, à Stettin. Je vous envoie l'ordre pour qu'elle soit placée entre Stettin et Kolberg, et pour qu'elle ait un régiment à Kolberg, qui renforce l'armée de siège.
La division Loison est sous vos ordres; c'est à vous à protéger le siège. Je ne désire pas que vous vous y rendiez, parce que vous seriez trop loin des renseignements dont vous devez avoir besoin, et qu'un courrier, qui serait intercepté par les partisans, entre Kolberg et Stettin, pourrait porter un retard très-préjudiciable dans vos mouvements. Mais vous devez vous faire rendre un compte fréquent de ce siège.
Il faut exiger avant tout que le général Loison cerne la place, s'empare de l'embouchure du port, et ouvre même, s'il le faut, la tranchée vis-à-vis la redoute que l'ennemi a faite pour défendre cette entrée. Une fois que nous serons maîtres de cette position, l'ennemi ne pourra plus communiquer avec la mer, et la reddition de la place sera fort avancée.
De votre position de Stettin, il vous sera très-facile de presser le départ des équipages de siège, d'employer la cavalerie hollandaise qui est sous vos ordres et le régiment d'Aremberg à bien appuyer les derrières de Loison, de manière que le millier d'hommes qu'il emploie à fourrager et à recueillir et escorter ses approvisionnements y soit remplacé.
Le régiment de Nassau se rend devant Kolberg.
Le général Loison a aujourd'hui 7,500 hommes. Le régiment français de la division Boudet et le régiment de Nassau augmentent ses forces de 3,500 hommes, il aura donc 10 à 11,000 hommes; c'est plus que suffisant pour ce siège.
Les deux régiments de la division Boudet, placés en échelons, pourront accourir devant Kolberg, si l'ennemi tente de débarquer 5 à 6,000 hommes.
Mais je ne désire pas que, pour les travaux du siège, vous disposiez de plus d'un régiment de cette division, parce que le mauvais air qu'on respire dans les environs de Kolberg fera probablement beaucoup souffrir les troupes. Si donc vous pensiez que, pour pousser le siège, il fallût plus de monde, vous pourriez disposer de 8 ou 900 Hollandais parmi ceux dont vous seriez le plus sûr.
Rendez-moi fréquemment compte de ce siège; écrivez tous les jours au général Loison, et poussez-le vivement.
La division Molitor restera à Berlin, prête, selon les événements, à se porter sur la Peene, sur Kolberg, sur Hambourg ou sur la Silésie.
Enfin les troupes de la Confédération consistent en 6,000 Bavarois, 2 ou 3,000 Wurtembergeois et 3,000 hommes des autres petits princes; tout cela commence à se mettre en mouvement. La 11e brigade bavaroise de 3,000 hommes doit même être arrivée à Magdeburg; là, elle sera à portée de se rendre sur l'Elbe avec les Espagnols ou les Hollandais, et de se porter partout ailleurs, selon les événements. Mais, comme les Anglais sont instruits de toutes ces dispositions, je doute qu'ils hasardent rien.
J'espère que vous vous serez arrangé avec les Suédois. D'ailleurs, avec les forces que vous avez, vous pourriez, en cas d'hostilités, prendre une bonne position en Poméranie, vivre aux dépens de cette province, et continuer à suivre vos dispositions contre Kolberg. Ayez de grandes honnêtetés pour les Suédois; évitez de parier du Roi, dont on ne peut dire que du mal, et dès lors il vaut mieux se taire. Faites un grand éloge et dites beaucoup de bien de la nation. Mais, comme on ne peut pas compter sur le roi de Suède, il est possible que, d'un jour à l'autre, ce soit par là que les Anglais tentent de débarquer. Ètudiez donc bien la position de la Peene et de la Trebel, afin qu'en cas d'événements vous ayez tous vos plans faits, toutes vos positions reconnues, et que vous puissiez couvrir Berlin et Stettin.
S'il était vrai que la petite place de Rostock fût facile à mettre à l'abri d'un coup de main et même à mettre en état de soutenir un siège, peut-être serait-il convenable d'y faire travailler. Si l'on pouvait en faire autant à Demmin, ce ne pourrait être qu'avantageux. puisqu'alors vos magasins et vos ambulances renfermés dans ces places ne courraient aucun risque.
Visitez vous-même les îles de Wollin et d'Usedom, et faites pratiquer à Wollin quelques ouvrages en terre qui couvrent le siège de Kolberg de ce côté. Faites élever des batteries qui ferment les passes aux chaloupes canonnières suédoises et aux bâtiments ennemis.
Votre armée d'observation est considérable, puisque, lorsque tout sera réuni, vous aurez, y compris la division Loison, plus de 60,000 hommes d'infanterie et près de 6,000 hommes de cavalerie, et qu'enfin votre cavalerie va encore être augmentée par l'arrivée du 14e régiment de chasseurs français, par celle du régiment des dragons Napoléon, qui arrive d'Italie. Vous avez en outre plusieurs bataillons d'élite italiens qui arrivent d'Italie.
Indépendamment de ce, les places de Hameln, Magdeburg, Stettin, Spandau, Küstrin, vont avoir des bataillons provisoires de garnison, formant 7 à 8,000 Français qu'on babillera là.
Vous sentez que tant de forces réunies, que je laisse ainsi sur mes derrières, n'ont pas seulement pour but de tenir en échec les Anglais et les Suédois, mais aussi de pouvoir être portées rapidement en Silésie et en Gallicie, si l'Autriche faisait la folie de se déclarer; ce que, jusqu'à cette heure, elle proteste ne vouloir pas faire. Cette armée serait alors augmentée de 20,000 Polonais et des 20,000 hommes que j'ai en Silésie, qui me mettraient à même, sans affaiblir ma Grande Armée, d'opposer 100,000 hommes à la Maison d'Autriche. Il faut donc tenir toutes ces troupes le plus reposées possible et leur faire faire le moins de marches qu'on pourra. N'en disposez qu'en cas d'événement, parce que moi seul je puis, tous les jours, selon les événements généraux, les remuer.
Il faut aussi que votre commandant d'artillerie s'occupe sérieuse- ment des moyens d'augmenter votre artillerie. Les divisions Boudet et Molitor n'ont que seize pièces de canon. C'est la moitié de ce qu'il leur faudrait. Je ne sais pas ce qu'ont les Espagnols. Les Bavarois auront douze pièces. La division italienne a douze pièces. Je ne sais pas ce que les Hollandais peuvent avoir en artillerie. Je ne vous vois, donc, jusqu'à cette heure, qu'une cinquantaine de pièces de canon; il vous en faut un bien plus grand nombre. Vous devez vous occuper sans relâche de cet objet. Neuf pièces de canon attelées, servies par des Italiens, m'arrivent d'Italie ; 500 chevaux du train avec leurs charretiers m'arrivent également d'Italie; ils seront pour doubler l'artillerie des divisions Boudet et Molitor. Tâchez de renforcer aussi l'artillerie des Hollandais, afin que vous puissiez avoir, vers juillet, une centaine de pièces de canon à votre corps d'observation.
Occupez-vous aussi de composer votre état-major, afin qu'en cas d'événements vous puissiez faire une bonne guerre.
Finkenstein, 30 mai 1807
Au général Clarke
Faites partir sans délai 1,600 hommes de Nassau pour le siège de Kolberg. Il faut que ces troupes payent leur dette et essuient leur portion de fatigues. Il faut aussi qu'elles puissent s'aguerrir. Il vous restera assez de monde pour le transport des prisonniers. D'ailleurs la division Molitor a ordre de se rendre à Berlin. Mon intention est de la tenir cantonnée dans les environs de la ville, mais de manière à épargner mes magasins. Quand même elle devrait partir, à moins d'événements urgents, un régiment vous restera pour le service de Berlin.
Les troupes du prince Primat ont, depuis longtemps, eu ordre de se rendre à Berlin. Écrivez à Erfurt, à Minden, etc., pour savoir pourquoi elles ne sont pas en route. Ce régiment sert bien. Pressez son arrivée, afin que je puisse disposer du régiment de Molitor.
Une brigade de Bavarois, composée du 9e de ligne, d'un bataillon léger et d'un régiment de chevau-légers, doit être arrivée à Magdeburg. Enfin la tête de la colonne espagnole doit arriver le 10 juin en Hanovre.
S'il arrivait que la brigade bavaroise fût encore à Bamberg, ce qui est facile à savoir par le ministre de Bavière, vous lui enverriez l'ordre du major général de se rendre sur-le-champ à Magdeburg. Mais, d'après les nouvelles de Munich, je les crois arrivés dans cette place ou bien près.
Je donne ordre que la seconde brigade bavaroise d'égale force se rende à Bayreuth.
Non-seulement il faut presser l'arrivée des troupes du prince Primat, mais il faut vous informer si le 5e de contingent que doivent fournir Würzburg, Nassau, Wurtemberg, le prince Primat, Hesse-Darmstadt, etc., est parti; quelle est la force de ces suppléments de contingent, quelle est leur composition, et quand ils arriveront.
Finkenstein, 30 mai 1807
Au général Rapp
Je reçois votre lettre du 29. Répondez-moi aux questions suivantes :
1° Avez-vous désarmé tous les hommes ?
2° Avez-vous renvoyé tous les prisonniers prussiens et russes, même le prince russe qui a voulu rester, pour les faire partir sur-le-champ pour France ?
3° Avez-vous fait fouiller la poste aux lettres ? Y avez-vous mis un inspecteur pour lire les lettres ? Aujourd'hui la correspondance va se trouver renouvelée avec Hambourg et Berlin;
4° Avez-vous fait le recensement des chevaux ? Mon intention est de prendre tous les chevaux de selle pour la cavalerie. Faites-en faire secrètement le recensement, afin de pouvoir les prendre tous dans un jour. Mon intention est de prendre aussi une grande partie des chevaux de voiture, au moins jusqu'à une certaine concurrence. Faites aussi faire secrètement le recensement de ce qu'il y a, car il faut que je puisse tirer 2, 000 chevaux de Danzig et du pays environnant. J'ai ordonné à tous les hommes de cavalerie
à pied de se rendre à Danzig, et le général Bron, qui commandera ce dépôt, prendra toutes les mesures pour les faire monter ainsi que pour faire confectionner les manteaux, les selles et les bottes. Vous sentez combien il est important pour moi d'avoir promptement ces 2,000 chevaux.
Je désire que vous fassiez chercher si l'on ne trouverait pas une cinquantaine de caissons pour les transports militaires. A Danzig, je suppose qu'il doit y avoir une grande quantité de fer pour ferrer les chevaux de cavalerie.