1 - 14 septembre 1807


Saint-Cloud, 1er septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je vous envoie la lettre du roi de Saxe; vous verrez à me faire un rapport là-dessus.

Faites mettre au Moniteur un grand détail de la guerre d'Alger et de Tunis et des événements qui s'en sont suivis depuis trois mois.

Répondez à M. Bessières, mon consul à Venise, qu'il écrive souvent à Ali-Pacha pour lui recommander ma garnison de Corfou, et pour qu'il approvisionne  mes troupes de tout ce dont elles auraient besoin.

Il faut faire porter des plaintes en Saxe contre l'envoyé de Saxe à Constantinople, pour la conduite qu'il a tenue.

Vous répondrez à M. de Dreyer qu'il n'est pas fondé dans sa demande; que tout Danois pris sur bâtiment anglais est notre ennemi, qu'il y aurait de l'absurdité à soutenir un autre principe; mais que s'il est agréable au roi de Danemark que je relâche les prisonniers danois que j'ai dans les mains, et si surtout cela peut être utile à son service, je le ferai volontiers.


Saint-Cloud, 1er septembre 1807

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

La mendicité est un objet de première importance. L'Empereur a demandé différents rapports, qu'on n'a pas faits; mais on a dû présenter le travail. Les choses devraient être établies de manière qu'on put dire : tout mendiant sera arrêté. Mais l'arrêter pour le mettre en prison serait barbare ou absurde. Il ne faut l'arrêter que pour lui apprendre à gagner sa vie par son travail. Il faut donc une ou plusieurs maisons ou ateliers de charité par département.

Ce serait une erreur de croire qu'il n'y a dans ce genre que des maisons connues du Gouvernement : il y en a plusieurs dont l'établissement est dû à l'activité et à l'industrie des particuliers. Ce serait aussi tomber dans une erreur que de vouloir envisager cet objet autrement qu'en grand. Il s'agit d'une opération considérable qui doit dépenser huit ou dix millions; mais cette somme ne peut être à la charge du budget du ministère de l'intérieur; en rédigeant un travail en grand, on y ajoutera un projet de répartition de la dépense entre tous les départements , qui l'acquitteraient au moyen de centimes additionnels.


Saint-Cloud, 1er septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, les 1er et 2e régiments napolitains sont en Italie; faites-en passer la revue et faîtes-moi connaître par un livret particulier la situation en hommes, celle de l'armement, de l'habillement, de la comptabilité, ainsi que de l'instruction. Il faut garder le général Broussier en Italie; c'est un homme qui, en cas de guerre, rendrait des services.

Ordonnez au général Lauriston de faire une proclamation pour accorder un pardon général aux Bocchèses, afin qu'ils ne soient pas recherchés pour les événements antérieurs à la prise de possession des Français. Faites faire la même chose à Venise et à Trieste, pour engager les habitants qui se seraient sauvés à retourner tranquillement chez eux. Enfin ordonnez au général Lauriston d'entrer en liaison avec les Monténégrins, et saisissez toutes les occasions d'envoyer à Cattaro des vivres et tout ce qui est nécessaire.


Saint-Cloud, 1er septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, le 6e régiment de ligne français tient garnison à Corfou. Je désire que les trois compagnies de 250 hommes appartenant à ce régiment, qui font partie du 5e régiment de grenadiers, se rendent à Ancône, où on saisira la premiére occasion de les faire embarquer pour Corfou.  Je désire égalemcnt que, du 3e bataillon de ce même régiment qui est fort de 700 hommes et qui se trouve à Bologne, vous vous détachiez 500 hommes qui, avec les 230 hommes indiqués ci-dessus, formeront un bataillon de plus de 700 hommes, qui se rendra également à Ancône, pour de là être envoyés à Corfou à la première occasion. Le régiment italien numéro 5 se rend également à Corfou. Le 1er bataillon n'est fort que de 4,000 hommes. Dirigez également sur Ancône 500 hommes de ce régiment, qui le rejoindront à Corfou. La 2e compagnie du 3e bataillon de sapeurs français se rend également à Corfou. Envoyez à Ancône 40 hommes qui seront destinés à la renforcer; même opération a faire pour la 2e compagnie du 2e bataillon de sapeurs italiens. Les 11e et 5e compagnies du 2e régiment d’artillerie se rendent également à Corfou. Ces deux compagnies ne sont que de 130 hommes.

Envoycz à Ancône des détachements pour les porter ensemble à 240 hommes.

Cela fera donc 1,200 hommes qui seront envoyés d'Ancône sur Corfou, par terre ou par mer, selon les circonstances.. Les deux bataillons du 6e de ligne auront plus de 2,200 hommes. Le bataillon du 5e italien aura à peu près 3,200 hommes, ce qui, avec l’artillerie et les sapeurs, fera près de 4,000 hommes que j’aurai à Corfou. J’ai vu avec peine que vous ayez envoyés les généraux G..... et D... au corps de Toscane. Il faut les employer ailleurs,  et nommer les deux généraux prudents et d'une probité sûre.

(Prince Eugène)


Saint-Cloud, 1er septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, je reçois votre lettre du 23 août. Je ne crois pas que M. Nardon puisse remplir les fonctions de préfet de police à Naples, parce qu'il faudrait pour cette place un homme qui eût travaillé plusieurs mois dans la préfecture; que le métier de préfet de police ne s'apprend qu'en exerçant; que rien de ce qui est écrit sur cette matière ne donne une idée claire de ce qu'il y a à faire. M. Nardon, d'ailleurs, est difficile à vivre; il a une grande ambition, du zèle mais il y a de la légèreté dans sa manière de voir; du reste, il a quelque mérite.

J'ai donné ordre qu'on passât la revue des régiments napolitains qui sont en Italie, et, sur le rapport qui m'en sera fait, je verrai ce que je dois en faire.

Écrivez à Ali-Pacha pour qu'il facilite les approvisionnements de l'île de Corfou. J'ai appris avec le plus grand intérêt que mes troupes y étaient enfin arrivées. J'attends avec une grande impatience d'apprendre que le général César Berthier y est arrivé. Je vous réitère de compléter la garnison de cette île, de manière qu'il y ait 4 à 5,000 hommes et le nombre d'officiers d'artillerie et du génie nécessaire afin de mettre la place dans le meilleur état de défense.


Saint-Cloud, 2 septembre 1807

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR.

Avant d'entreprendre des greniers publics, il faudrait discuter plusieurs questions, et dire d'abord dans quel cas deux millions de quintaux de blé peuvent exister à Paris. Est-ce en cas d'approvisionnement fait par le Gouvernement ? Cela ne paraît pas admissible , deux millions de quintaux de blé feraient un capital de trente millions et coûteraient annuellement 1° pour l'intérêt du capital, 1, 500,000 fr. 2° pour entretien et manutention, 1,600,000 francs ; ce qui ferai une dépense annuelle de plus de trois millions. Cette dépense offrira-t-elle au Gouvernement des avantages assez importants ? C'est une autre question à examiner. Pour la résoudre, il faut prendre connaissance de ce qui s'est passé dans un espace de temps déterminé. Si les faits prouvent qu'il aurait été utile d'avoir des approvisionnements aussi considérables, on pourra aviser aux moyens de parvenir à ce but; si, au contraire, l'analyse des événements antérieurs prouve que l'avantage du Gouvernement ne serait pas en proportion du sacrifice qu'on serait obligé de faire pendant le nombre d'années sur lequel on aurait établi les calculs, un approvisionnement considérable serai reconnu inutile.

Dans la supposition de ce dernier résultat, quelle serait 1'utilité d'un grand grenier public ? Les particuliers apporteront-ils à Paris assez de blé pour le remplir ? Pour résoudre ces nouvelles questions, il faudrait aussi chercher dans une période de vingt années quelles sont les époques où il y a eu en même temps à Paris deux millions de quintaux de grains. Il est bien évident que les greniers publics n'attireront pas le blé à Paris, car ils ne changeront rien aux combinaisons de la mouture et des besoins, et à l'intérêt qu'ont les particuliers à ne pas s'assujettir à des dépenses considérables et à la perte qui résulte de la stagnation des capitaux.

On a eu l'idée de considérer ces magasins comme une ressource pour les fermiers des cantons qui fournissent à Paris, lesquels, dans des années d'abondance, sont forcés à vendre leur blé à vil prix, par l'impossibilité où ils se trouvent de placer dans leurs granges toute leur récolte; mais cette idée est hypothétique; il semblerait d'ailleurs qu'on atteindrait mieux le but proposé en ayant plusieurs magasins placés à portée des lieux où le blé se recueille.

On a aussi eu l'idée de faire une sorte de mont-de-piété des grains, c'est-à-dire de prêter aux fermiers sur les grains qu'ils déposeraient dans les greniers publics. Il faut d'abord savoir si une pareille institution existe dans un pays quelconque; il faut établir aussi quelle sorte d'abonnement peut être fait entre le dépositaire et l'agriculteur pour l'entretien des grains déposés; il faut savoir aussi par qui seront supportées les pertes qui résulteraient du dépérissement des grains.

Toutes ces questions fussent-elles résolues à l'avantage du projet, il resterait toujours à examiner si, au lieu d'avoir à l'Arsenal un magasin capable de contenir deux millions de quintaux, il ne serait pas préférable de diviser les magasins et d'en avoir un au confluent de l'Oise et de la Seine, un second au centre du Soissonnais, un troisième au centre de la Beauce, un quatrième au centre de la Brie : alors on aurait cet avantage que le blé renfermé dans ces magasins, s'il appartenait au Gouvernement, pourrait être converti en farine sur le lieu; car les moyens de mouture pour l'approvisionnement de Paris sont à peu près tous dans les mêmes localités d'où l'on tire le blé. L'agriculture déposerait plus volontiers ses blés dans des magasins qui seraient presque sous ses yeux que dans un gouffre comme Paris. Le négociant aurait lui-même plus de confiance, puisque tous les magasins se trouveraient sous la garde d'une administration publique.

 Dans -tous les cas, il paraît prudent de commencer à Paris par un seul magasin et de n'en entreprendre un second que quand le premier sera reconnu insuffisant. Mais, dans tous les cas, il faut que le plan soit combiné de manière qu'il réponde à la grande idée qu'on a eue de former un seul grenier public.

Il est nécessaire que le ministre discute tous ces objets. Ces questions conduiront le ministre à examiner si nous ne payons pas trop aujourd'hui en donnant aux munitionnaires 400,000 francs pour la conservation des grains.


Saint-Cloud, 2 septembre 1807

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DI' L'INTÉRIEUR

Le ministre est invité à écrire aux syndics de Lyon que la fabrique de cette ville ne fabrique pas de manière à conserver sa réputation. La tenture verte, avec les bordures roses tissues en or, qui a été placée dans le cabinet de Sa Majesté, à Saint-Cloud, il n'y a pas beaucoup plus d'un an, est déjà passée. Les syndics se transporteront chez le fabricant, examineront d'où provient  ce vice de fabrication et rendront un compte qui sera mis sous les yeux de Sa Majesté. Les étrangers qui voient dans un tel état des ameublements aussi modernes ne peuvent que prendre une très-mauvaise idée de la fabrique de Lyon.


Saint-Cloud, 2 septembre 1807

DÉCISION

M. Cretet, ministre de l'intérieur, demande à l'Empereur la permission de lui présenter le jury chargé d'examiner les produits de l'industrie à la dernière exposition

Il n'y a pas de motif pour la présentation du jury. Il n'y aurait pas de difficulté à l'égard des négociants et fabricants qui oui remporté des prix.

DÉCISION

AI. Decrès, ministre de la marine, soumet à l'Empereur une demande formée par le ministre des Etats-Unis pour obtenir la remise de 50 à 60 Américains pris sur des bâtiments anglais et détenus à Lorient.

S'il le demande à titre de droit, cela n'est pas possible; si c'est comme chose agréable au Président, Sa Majesté l'accorde.


 Saint-Cloud, 2 septembre 1807

Note pour Cretet (Emmanuel Cretet, comte de Champmol, 1747-1809. Depuis le 9 août, il a remplacé Champagny à la tête du ministère de l'Intérieur)

Le ministre est invité à écrire aux syndics de Lyon que la fabrique de cette ville ne fabrique pas de manière à conserver sa réputation. La tenture verte, avec les bordures roses tissues en or, qui a été placée dans le cabinet de Sa Majesté, à Saint-Cloud, il n'y a pas beaucoup plus d'un an, est déjà passée. Les syndics se transporteront chez le fabricant, examineront d'où provient ce vice de fabrication et rendront un compte qui sera mis sous les yeux de Sa Majesté.

Les étrangers qui voient dans un tel état des ameublements aussi modernes ne peuvent que prendre une très-mauvaise idée de la fabrique de Lyon.


Saint-Cloud, 2 septembre 1807

A Joseph

Mon frère, vous trouverez ci-joint la lettre que j'écrie, à votre femme. Le temps s'est considérablement rafraîchi ici 19. Je désire donc qu'elle parte le 15 (ce désir ne fut pas exhaucé: voir lette du 13 novembre).

Ci-joint une note sur le prince Pignatelli. Y a-t-il de l'inconvénient à le laisser en France, et à lui permettre de demeurer à Paris ?


Saint-Cloud, 2 septembre 1807

A Julie

Ma soeur et belle-soeur. Je désire que vous partiez pour Naples. La saison actuelle est la meilleure. Je pense donc que vous devez partir le 10 septembre, afin d'arriver le 23 ou le 24 à Milan, et d'être rendue à Naples du 1er au 10 octobre. Cette lettre n'étant à autre fin, je prie Dieu, ma soeur et belle-soeur, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.


Saint-Cloud, 3 septembre 1807

Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire

 Jusqu'à ce que nous ayons fait choix d'un ministre des cultes, nous avons chargé notre maître des requêtes, M. Portalis, de préparer le travail de ce ministère, et nous lui en avons confié la signature. Notre intention est de mettre de l'ordre dans les différentes branches du clergé. Nous désirons, à cet effet, que vous nous présentiez dans le courant de la semaine prochaine un rapport sur les paroisses et les succursales. Vous y joindrez un tableau qui nous fasse connaître la répartition de toutes les cures et succursales dans lés différents diocèses de notre Empire, par département. Une colonne particulière devra indiquer le nombre des succursales qui ne sont pas payées par nous. Notre intention est d'arrêter promptement une circonscription telle que le nombre des succursales ne passe pas 30,000, c'est-à-dire que nous voulons bien supporter les charges de trois millions de plus, mais non payer 36,000 succursales arbitrairement et légèrement établies par nos préfets et évêques. Par ce moyen, toutes les querelles finiront entre les communes et les succursaux (sic), et ces derniers recevront tous un traitement de nous et seront immédiatement payés par nous.

Vous nous ferez également un rapport sur la situation des séminaires dans tous les diocèses, et sur l'exécution des ordres que nous avons donnés pour établir, à nos frais, un séminaire dans chaque métropole. Vous nous présenterez le devis de cette dépense , tant pour frais de premier établissement que pour entretien annuel, voulant établir sans délai lesdits séminaires métropolitains.


Saint-Cloud, 4 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je vous renvoie votre portefeuille. Il n'y a pas d'inconvénient à donner des passeports à l'ambassadeur extraordinaire d'Espagne. Donnez des ordres pour qu'il soit convenablement traité en France.

Je désire que vous me rendiez un compte sur les mesures que viennent de prendre les Anglais en faveur de différents petits pavillons, que nécessairement ils ne protègent que pour faire leur commerce et les introduire à volonté.

Donnez communication au roi de Hollande des lettres de nos consuls relatives aux différents objets de contrebande.

Le général Savary n'a emporté à Saint-Pétersbourg que mille louis. Les banquiers auxquels il s'est adressé n'ont pu lui fournir de fonds, parce qu'ils n'ont plus de correspondance avec M. Perregaux. Il est nécessaire que vous lui fassiez ouvrir un crédit, afin qu'il ne manque pas d'argent.


Saint-Cloud, 4 septembre 1807   

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je vous renvoie les pièces que vous m'avez communiquées ce matin. Il faut répondre à l'ambassadeur de la Porte à Vienne qu'il est nécessaire de savoir d'abord si la Porte  a accepté la médiation de la France, et lui demander si c'est lui qui est chargé de traiter de la paix.

Quant au Portugal, il paraît que cela marche mal. Il faut attendre au reste la nouvelle de ce qui se sera passé au 1er septembre. Vous pouvez, en attendant, dire à M. de Lima qu'une fois l'armée française entrée en Portugal il ne sera plus temps de revenir; que le Brésil ne nous importe guère; qu'une colonie de plus ou de moins est peu de chose; que ce sont les ports de Porto et de Lisbonne et le commerce de vins qui s'y fait, qui doivent fixer toute notre attention.


Saint-Cloud, 4 septembre 1807, minuit

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur Champagny, je désire que vous m'apportiez demain samedi, à neuf heures du matin, les copies de toutes les lettres qui ont été écrites à Constantinople au grand vizir, de Tilsit et depuis Tilsit, ainsi que les instructions qui ont été données aux deux officier qui ont été envoyés aux Turcs par la Moldavie et la Valachie.

Faites-moi connaître si les changements qui viennent d'avoir lieu depuis peu en Hollande remplissent mes intentions pour la prohibition du commerce anglais. Si M. Serurier est à Paris, amenez-le avec vous; je le verrai après la conférence.


 Saint-Cloud, 4 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée

 Mon Cousin, donnez ordre au gouverneur du Hanovre de casser sur-le-champ les États, d'en faire arrêter les principaux membres et de les envoyer à Hameln. Il leur fera rendre compte de tout l'argent qu'ils ont reçu depuis un an et de l'emploi qu'ils en ont fait. 


Saint-Cloud, 4 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, qu'est-ce que c'est que le général Ramel qui est à Cività-Vecchia ? De quel droit met-il des contributions sur les importations de blé, et au profit de qui ? Faites-en justice, et maintenez une bonne discipline parmi les généraux qui sont sous vos ordres.


Saint-Cloud, 4 septembre 1807

A M. Fouché. ministre de la police générale

Monsieur Fouché, faites une circulaire aux préfets pour leur faire connaître que l'oisiveté fait inventer toute espèce de projets : supprimer les départements pour rétablir les provinces, les cours criminelles pour les remplacer par des chambres. C'est à eux à donner une direction convenable dans leur conversation et que l'intention de l'empereur est de ne porter aucune atteinte soit aux divisions du territoire, soit a la direction actuelle que l'expérience a prouvée convenable.

(Brotonne)


Saint-Cloud, 4 septembre 1807

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine

Apportez-moi, dans la semaine prochaine, les instructions à signer pour que mes six vaisseaux, y compris l'espagnol, et la frégate de Cadix, partent, le plus tôt possible et aussitôt que le temps sera favorable, pour se rendre à Toulon, mon intention étant de réunir le plus de vaisseaux à Toulon et d'y avoir jusqu'à 25 vaisseaux de guerre.

Mon escadre de Cadix et celle de Rochefort sont bien commandées. Celle de Brest, vous me proposerez quelqu'un pour la commander, qui devra partir sur-le-champ.

Vous me proposerez également les différents ordres pour les frégates à expédier à la Martinique, Santo-Domingo et l'île de France. Vous ferez connaître aux commandants de ces escadres, pour instruction générale et pour qu'ils s'en servent en cas d'événement, que le port de Corfou m'appartient; que le port de Tarente peut contenir plusieurs vaisseaux à l'abri de forces supérieures; que la rade est parfaitement armée; et vous leur ferez connaître les ports de l'Adria tique où ils peuvent relâcher, et, entre autres, celui de Cattaro, dont mes troupes ont déjà pris possession.

J'aurais besoin aussi, à Toulon , que mes principales flûtes, telles que le Frontin et autres, fussent en bon état, afin de pouvoir promptement , avec le secours de mes escadres , porter un corps de 15,000 hommes où il serait nécessaire.

Recommandez sans délai à mon préfet maritime à Toulon de tenir mon escadre en bon état.

Pour rendre mes opérations plus faciles, mon intention est de me rendre maître sur-le-champ de la Sardaigne. Les cinq vaisseaux que j'y ai peuvent porter 4,000 hommes; le Frontin, l'Incorruplible, l'Uranie, armés en flûte, doivent porter également 3,000 hommes, et d'autres petits bâtiments peuvent porter 500 chevaux. Faites-moi un rapport sur cet objet.

Je désirerais que mon expédition de Toulon mît en mer immédiatement après le coup de vent de l'équinoxe, c'est-à-dire en octobre. J'espère que les vivres ne peuvent pas être une objection. Faites-moi un rapport là-dessus. Avec les ports de Cagliari, de Corfou, de l'Adriatique, mes vaisseaux auront plus de facilités dans leurs opérations.


Rambouillet, 5 septembre 1807

Au vice-amiral Decrès, ministre de la Marine et des Colonies.
                                   
Monsieur Decrès, faites connaître au capitaine-général que j'ai été sensible à tout ce qu'il a fait pour Madame de la Pagerie (La mére de l'impératrice Joséphine était décédée le 2 juillet 1807, aux Trois-Ilets, en Martinique), que mon intention est que son corps reste dans le caveau où il a été déposé, qu'on y place une plaque de marbre sur laquelle on gravera l'inscription, que les dispositions provisoires qu'a faites le préfet pour faire gérer les biens de Madame la Pagerie par son plus proche parent sont approuvées jusqu'à ce que l'impératrice ait pris possession, que mon intention est que ceux qui ont bien servi soient récompensés
.

(Brotonne)


Saint-Cloud, 5 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, je reçois la lettre par laquelle vous  m'instruisez que vous allez passer la revue de la division Clausel, afin de la porter à 5,000 hommes.

Mon intention serait que cette division fût portée à 9 ou 10,000 hommes. En effet, les huit régiments français qui sont en Dalmatie ont un présent sous les armes de l0,000 hommes et forment seize bataillons.

La division Clause1 a, selon le dernier état du 15 août, 4,540 hommes, et le dépôt des huit régiments se compose de 5,000 hommes. La division Duhesme a 1,000 hommes, appartenant à cinq de ces régiments. Je pense donc qu'il faut ainsi organiser la division Clausel, savoir : 8e léger, six compagnies de 200 hommes chacune, 1,200 hommes. Il ne restera plus, au dépôt que les 6e, 7e et 8e compagnies. Les grenadiers et voltigeurs feront partie des six compagnies qui marchent; 18e léger (même composition) 1,200; 5e de ligne (faire marcher sept compagnies de 200 hommes), 3,400; 23e, sept compagnies de 200 hommes, 4,400; 11e, sept compagnies de 200 hommes, 1,400; 79e, 1,400; 60e, 1,400; 81e, trois compagnies de 200 hommes, 600. Total, 10,000 hommes. 

La division serait donc composée de deux bataillons de six compagnies chacune, formant 2,400 hommes  de cinq bataillons de sept compagnies chacune, 7,000; et d’un bataillon de trois compagnies, 600 hommes. Total, 10,000 hommes. 

Vous enverrez aussi 300 Brescians et 500 hommes de la garde royale, pour marcher avec la division Clausel, de manière que cette division marcherait forte de 10 à 11,000 hommes, ce qui, joint à l’armée française de Dalmatie, formerait plus de 25,000 hommes ; mais il faut que ces hommes soient bien armés, bien équipés, et qu'ils aient déjà la meilleure instruction. Si donc les 6,000 hommes qui sont aux dépôts ne vous paraissent pas suffisamment instruits et ne sont pas habillés au 1er octobre, selon l'ordre que j'en donnerai, pour aller renforcer le corps du général Marmont, vous ferez partir la division Clausel dans la situation où elle se trouve actuellement, c'est-à-dire formant 5,000 hommes, mais organisée de manière qu'il n'y ait que trois compagnies par régiment : 1,200 hommes chaque compagnie. Vous en sentez l’importance; il faut que ces compagnies, arrivant à leurs corps en Dalmatie, puissent verser dans ces corps ce qu'ils ont au-dessus de 100 hommes. Dans ce cas, vous préparerez sur-le-champ trois autres compagnies que vous ferez partir un mois ou six semaines après, de sorte qu'au 1er janvier vous ayez envoyé en Dalmatie les 10,000 hommes qui m’y paraissent nécessaires. 

(Prince Eugène)


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée

Mon Cousin, vous répondrez au maréchal Brune pour lui témoi gner ma satisfaction de la prise de l'île de Dänenhohm, et pour lui demander des renseignements sur la possibilité de prendre l'île de Rügen.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, vous appellerez les députés du Hanovre à une conférence, et vous leur ferez connaître qu'ils ne sauraient m'être présentés; que je suis mécontent des États; que Goettingen est pour jamais séparé du Hanovre; qu'ils doivent s'occuper sur-le-champ de payer toutes les contributions de guerre qui ont été imposées, sans quoi je vais casser les États, et je gouvernerai le Hanovre comme pays conquis.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

Au général Clarke, ministre de la guerre

Monsieur le Général Clarke, j'ai chargé mon ministre des relations extérieures de me proposer un vice-consul pour résider auprès des Monténégrins. Écrivez au vice-roi d'Italie et au général Marmont qu'ayant promis par mon traité de ne pas inquiéter les Monténégrins, mon intention est qu'ils ne soient aucunement recherchés pour ce qui se serait passé pendant la guerre, et qu'on prenne, au contraire, tous les moyens possibles pour les gagner et s'en faire aimer.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine

Je vois par l'état de situation des troupes de la Martinique que le 2e bataillon du 26e de ligne est réduit à 600 hommes; le 82e à 1,300 hommes. Je pense donc qu'il faudrait au moins envoyer 300 hommes du 82e et 150 du 26e, afin de tenir ces bataillons dans une force convenable. Ces 450 ou 500 hommes peuvent partir de Rochefort et de Bordeaux, où j'ai des troupes. Vous pouvez profiter de ces circonstances pour leur faire passer de la poudre et autres objets de détail dont cette colonie peut avoir besoin.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine


Vous trouverez ci-joint une lettre du roi de Naples avec la situation de la, rade de Tarente. Je désire que vous vérifiiez si une de mes escadres se trouvera là à l'abri d'une force supérieure.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je ne sais si je vous ai mandé que les troupes russes qui quittent Cattaro et même celles de Corfou doivent venir dans la terre ferme de Venise; mon intention est que vous les réunissiez du côté de Trévise et de Padoue, en ayant soin qu'elles soient bien casernées, bien nourries et bien traitées. Soit que ces troupes arrivent par terre ou par mer, arrangez-les en conséquence.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Files, vous trouverez ci-joint l'Ordre de la Toison d'Or, que le roi d'Espagne vous a donné.

(Prince Eugène)


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, je reçois votre lettre du 27 août; par cette lettre, je ne vois pas que mes troupes soient entrées à Corfou; mes ministres ne le savent pas davantage; de sorte que l'on est ici dans une igno rance parfaite de ce qui se passe à Naples. Les lettres que vous m'écrivez sont de simples billets, c'est tout simple; mais votre chef d'état-major doit écrire longuement et en détail au ministre.

Les deux convois sont-ils entrés à Corfou ? A-t-on pris possession de la citadelle ? Dans quel état l'a-t-on trouvée ? Que deviennent les Russes ? Où sont-ils ? On ne sait rien ici de tout cela. 

Les îles de Corfou ne font pas partie de votre royaume; mais, en attendant, mon intention est que les troupes qui sont dans ce pays fassent partie de votre armée, et que vous preniez toutes les mesures nécessaires pour le payement de ces troupes et celui des munitions de guerre et de bouche. Je vous ai mandé que je trouvais que vous y aviez envoyé trop peu de canonniers. Recommandez an général César Berthier de bien traiter les habitants, de s'en faire aimer, de leur laisser leur Constitution quant à présent, d'être le moins qu'il pourra à charge au pays, et de mettre le plus tôt possible la place de Corfou en état de défense. Faites-y passer des vivres autant que vous pourrez.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, je reçois votre lettre du 28 août, par laquelle vous m'instruisez que le général César Berthier est parti; mais vous ne m'apprenez pas s'il est arrivé. Si les Russes débarquent chez vous, il faut les bien traiter et les diriger sur Bologne, où le vice-roi leur donnera une destination ultérieure.

J'approuve fort ce que Saliceti propose, que vous fassiez passer 10,000 quintaux de blé à Corfou. Je vous ai fait connaître que, quoique les îles de Corfou ne fissent pas partie de votre royaume, elles sont cependant sous vos ordres pour le civil et le militaire, comme commandant en chef de mon armée de Naples. En système général, je désire que vous laissiez subsister le plus possible la Constitution du pays; l'empereur Alexandre, qui en est l'auteur, la croit très-bonne. Faites bien connaître au général César Berthier que mon intention est que les habitants de ces îles n'aient qu'à se louer d'être passés sous ma domination; qu'en le choisissant j'ai compté sur sa
probité et sur les soins qu'il mettra à faire aimer son administration. L'idée d'établir des bateaux de correspondance est très-sensée. Il faudrait avoir de ces bâtiments qui partissent tous les jours, s'il est possible.

Mes troupes sont entrées en possession de Cattaro.

Les Anglais assiègent Copenhague, qui se défend toujours.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, vous m'avez envoyé un petit état de situation du 3 août, où sont portés dans une même colonne les hommes détachés, et aux hôpitaux. Il y a une trop grande différence entre les hommes détachés, et aux hôpitaux, pour les confondre dans la même colonne. Par exemple, le 52e est porté comme ayant 898 hommes absents, et 1,000 hommes aux hôpitaux et détachés. Au moyen de cette confusion, cet état ne me sert à rien, et je ne puis avoir une idée de la situation de mon armée.

Mon intention est que vous fassiez passer à Corfou les 1,400 hommes du 14e d'infanterie légère, et que vous portiez la garnison à 5,000 hommes. Faites-y passer le général de brigade Donzelot, pour commander en second sous les ordres du général César Berthier.


Saint-Cloud, 6 septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, indépendamment des îles de Corfou, je dois avoir sur le continent de l'Albanie des possessions qui étaient, je crois, occu pées par les Russes et que possédaient les Vénitiens : faites-moi un rapport sur cet objet. Il sera convenable de préparer des projets pour l'établissement de fortifications de campagne qui me rendent con stamment maître de ces points de la terre ferme.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande-Armée

Mon Cousin, vous voudrez bien faire connaître par courrier extraordinaire au maréchal Soult l'évènement arrivé à Kônigsberg où deux comédiens paraissant sur le théâtre en officiers français ont été sifflés. Vous ferez connaître au maréchal Soult que j'ai fait demander satisfaction de cette insulte au roi de Prusse et que les principaux coupables soient fusillés. Le maréchal Soult fera connaître à l'officier qui lui est opposé combien l'outrage dont j'ai à me plaindre est indigne et bas et que j'ai donné les ordres les plus positifs pour en demander satisfaction.

Donnez des ordres à M. Daru pour que des fonds soient faits à Varsovie et à Danzig, pour assurer la solde des corps d'armée du général Oudinot et du maréchal Davout jusqu'au mois de novembre. Donnez des ordres pour que les officiers soient mis au courant (lire : à jour de leur solde) dans toute la Grande Armée et soient payés jusqu'au premier octobre et pour qu'on paye deux mois aux soldats.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur Champagny, je vous renvoie votre portefeuille. La dépêche de M. Dupont-Chaumont (ministre plénipotentiaire près le roi de Hollande) est obscure et inutile. En général, vous lui répondrez que vous venez de vous faire remettre sous les yeux toutes ses lettres depuis que le roi de Hollande est monté sur le trône; que vous n'y avez trouvé aucun renseignement direct tendant à me faire connaître que ce prince ait été entouré des amis de l'Angleterre; qu'une seule dépêche avait insinué que le Roi avait rétabli les titres de la féodalité; cette dépêche, conçue en termes généraux , avait paru fort extraordinaire , mais que, depuis, ce qu'elle annonçait ne s'était pas trouvé exact et s'était réduit à la per mission donnée par le Roi à ses chambellans de rappeler d'anciens titres dans leurs invitations pour le palais, démarche que l'Empereur a blâmée, mais qui enfin était d'une nature différente que celle indi quée dans la lettre de l'ambassadeur; que sa dépêche d'aujourd'hui tendrait à faire croire que les Anglais gouvernent la Hollande : il me faut là-dessus des détails. Les personnes les plus importantes en Hollande sont les ministres : sont-ils tous émigrés et amis des Anglais ? Ceux que nous connaissons à Paris sont loin d'être de ce sentiment.

Reste à connaître les membres de Leurs Hautes Puissances; l'opi nion est que la plupart de ces membres sont du parti connu pour anti-anglais. 

L'Empereur recevra avec plaisir des renseignements circonstanciés là-dessus; autant il approuvera le zèle de l'ambassadeur à faire con naître les erreurs du ministère de Hollande, autant il trouve insignifiantes et peu dignes de considération les espèces de diatribes qui sentent l'esprit de parti. Elles ont l'inconvénient de ne pas éclairer l'Empereur ni son frère, qui cependant ne paraît pas avoir donné aussi fort dans le travers que le dit M. Dupont-Chaumont, et paraît fort aimé de tous les partis.

L'Empereur, en nommant son frère roi de Hollande, a entendu qu'il fût Hollandais.

Enfin, en dernière analyse, vous demanderez à M. Dupont-Chau mont des explications sur sa lettre.

Vous ferez venir M. Serurier (premier secrétaire de la légation en Hollande); vous lui ferez lire la lettre de M. Dupont-Chaumont, et lui ordonnerez de vous remettre avant mercredi un mémoire signé de lui, qui me fasse connaître ce qui est à sa connaissance sur ce que veut dire M. Dupont-Chaumont relativement aux amis des Anglais et aux personnes qui entourent le Roi. Vous lui direz que j'ai droit d'attendre de mes agents et de leur demander la vérité, sans secret et sans réticence.

Faites connaître à mon ministre à Florence qu'il a tort de se fâcher de ce que la Reine ait mieux célébré sa fête que la mienne; que cette observation suppose trop d'exigence.

Répondez à M. Lachevardière que j'ai vu avec plaisir son arrivée à Danzig; que je lui recommande surtout de veiller autour de lui à ce que tout se passe suivant les lois de la plus extrême probité; que le temps des abus est passé. Rédigez votre lettre d'un style mystérieux et qui fasse connaître à cet individu que, s'il continue, le tonnerre gronde sur sa tête.

Faites mettre dans les journaux les différents détails des bulletins d'Alep et de la Syrie.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A M. Gaudin, ministre des finances

Monsieur Gaudin, vous trouverez ci-joint un rapport de M. Monta livet d'où il résulte que le produit des frais de la taxe pour l'entretien des routes, depuis le 1er prairial an VIII  jusqu'au 22 septembre 1806, 

a été de. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92,989,394 francs; 
mais que le trésor public n'a reçu que . . . 89,9318,117
Différence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,051,277

Il est indispensable que vous vous concertiez avec le ministre trésor pour me faire connaître d'où vient cette différence, car, jusqu'à ce que vous m'en ayez justifié différemment, je resterai dans l'opinion que c'est trois millions que retiennent les receveurs.

Sur les droits de navigation, les ponts et chaussées 

croient dus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,600,000 francs;
Le trésor n'a reçu que . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,300,000
Voilà encore une différence de . . . . . . . .  . . . . . . . 300,000

Qui est-ce qui prend cet argent-là ?

Sur les droits de bac, il y a aussi une différence de 155,000 fr.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A M. Gaudin, ministre des finances

Donnez ordre que les régisseurs de l'octroi de Marseille soient mis en arrestation , et que leur détention soit prolongée jusqu'à et qu'ils aient donné au conseil général les comptes de leur gestion, toutes les pièces y relatives , et notamment celles concernant le droit de transit et d'entrepôt. Elle durera aussi jusqu'à ce qu'ils aient donné une caution de 600,000 francs , qui puisse mettre la ville de Mar seille à couvert des pertes résultant des infidélités et malversations qui pourront être prouvées par l'examen de cette comptabilité.

Donnez ordre au conseil général de Marseille de nommer une commission de trois membres pour l'examen de la gestion des régisseurs, faire une inspection générale et connaître toutes les dilapidation.

Témoignez mon mécontentement au préfet de ce qu'il a soutenu les régisseurs contre la commune, et de ce qu'il a témoigné si peu d'égards pour les observations du conseil général.

Donnez ordre qu'au 22 septembre les régisseurs cessent leur administration, et que, sous quelque prétexte que ce soit, ils ne puissent être admis à un autre bail qu'autant que cela conviendrait au conseil général de Marseille et qu'il serait satisfait.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A M. Mollien, ministre du trésor public.

Monsieur Mollien, je ne comprends rien à votre lettre. Je serais fâché que vous eussiez pu penser que ce que j'ai dit au Conseil d'État put vous concerner d'aucune manière. J'aurais droit de me plaindre de cette injustice de votre part; toutefois je ne veux pas le faire, puisqu'elle m'offre une nouvelle occasion de vous assurer du conten tement que j'ai de vos services, et de l'intention où je suis de vous donner, sous peu, une preuve éclatante de mon estime.


Rambouillet, 7 septembre 1807

DÉCISION

Le général Clarke, ministre de la guerre, rend compte à l'Empereur que plusieurs prisonniers de guerre russes  demandent à se fixer en France. 

Accordé. Tout ce qui veut se fixer en France non-seulement doit y être autorisé, mais l'on doit même les y engager.


Rambouillet, 7 septembre 1807

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine

Mes troupes ont pris possession de Corfou. C'est un corsaire français, qui s'appelle 1'#Etoile de Napoléon, qui a servi d'amiral et a rendu des services dans cette circonstance. J'ai bien hâte d'avoir à Corfou quelques frégates, corvettes et bricks. Voici le moment favo rable pour cette expédition. Arrivant de Toulon et tirant sur Brindisi et Tarente, on pourrait aborder. Il faudrait un officier intelligent à la tête de cette division. Cette opération m'importe avant tout. Il serait pour moi de quelque importance d'avoir une escadre dans l'Adriatique, qui reçût les frégates et vaisseaux que j'enverrai de Venise. Les Anglais n'ayant plus rien dans la Méditerranée ne pour ront plus bloquer; les îles seront purgées de l'oppression des petits bâtiments.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, j'ai reçu la lettre que vous m'avez envoyée du général Lauriston. Je ne sais trop ce qu'il veut dire, mais, si j'entends bien les lois militaires, les généraux de division sont sous les ordres du général en chef. Le plus grand mal qu'il pourrait y avoir, vu l'éloignement de la Dalmatie, ce serait que ces lois n'y fussent pas respectées.

J'ai relu aussi la lettre que le Pape vous a écrite. Vous savez que je n'ai pas admis le cardinal Litta. Ainsi nous verrons le parti que prendront actuellement ces prêtres.

Votre aide de camp Bataille m'a perdu mes dépêches; il mérite d'être puni; mettez-le pour quelques jours aux arrêts. Un aide de camp peut perdre en route ses culottes, mais il ne doit perdre ni ses lettres ni son sabre. Les paquets dont le vôtre était chargé n'étaient pas si gros. qu'il ne put les mettre dans l'intérieur de la voiture et sous sa main; alors il ne les aurait pas perdus. Tous ces gaillards-là sont des freluquets.

(Le capitaine Bataille, aide de camp d'Eugène s'était endormi dans sa voiture et fait voler ses dépêches)


Rambouillet, 7 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, mes troupes sont arrivées à Corfou. Expédiez, je vous prie, quatre ou cinq bricks, corvettes ou bâtiments plus légers, pour tenir station à Corfou et protéger les communications avec Naples et la terre ferme de Turquie.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, j'ai reçu votre lettre du 29 août avec les états qui y étaient joints. Le 6e de ligne, en partant de Naples, était de 1,600 hommes, en arrivant à Otrante, il n'aura plus été que de 1,500 hommes, et dans ce moment il ne doit être qu'à 1,300. Il faut donc que les hommes de ce régiment sortant des hôpitaux aillent au dépôt d'Otrante pour en partir bien armés et bien habillés pour Corfou.

J'ai ordonné au vice-roi de faire partir d'Ancône 1,200 hommes du 6e et des 7e et 5e régiments italiens, afin de tenir ces régiments au grand complet. Je conçois que l'époque actuelle est l'époque critique de mon armée de Naples; mais, la saison des pluies venant en novembre, mes troupes reprendront leurs forces. Il est bien nécessaire alors que vous vous empariez de Reggio et de Scilla. Il est honteux que les Anglais aient un pied sur le continent, je ne saurais le souffrir. Prenez vos dispositions en conséquence.


Rambouillet, 7 septembre 1807

A Fouché

Donnez ordre que le sieur Kuhn, consul d'Amérique à Gênes, soit mis en état d'arrestation comme porteur d'une croix de Malte donnée par les Anglais, et comme agent des Anglais. Ses papiers seront saisis; le dépouillement en sera fait, et il sera maintenu au secret jusqu'à ce que vous m'en ayez rendu compte.

Cet individu, ayant reçu une décoration étrangère, n'est plus Américain. Du reste, je suis fâché que vous ayez communiqué avec l'ambassadeur des Etats-Unis.

Ma police ne connaît pas d'ambassadeur. Je suis le maître chez moi. Quand un homme m'est suspect, je le fais arrêter. Je ferais même arrêter l'ambassadeur d'Autriche, s'il tramait quelque chose contre l'Etat.


Rambouillet, 7 Septembre 1807

A M. Fouché, ministre de la police générale

Je vois dans votre rapport du 25 qu'un nommé Frémont prêtre du département de Seine-et-Marne, exerce sans avoir fait sa soumission au village de Bois-le-Roi. Faites-le arrêter. Faites-le interroger par mon procureur impérial près la cour criminel le et mettez-moi sous les yeux tout ce qui sera relatif à ce prêtre, afin que je statue ensuite sur ce qu'il conviendra de faire à son égard. Un prêtre qui exerce sans l'aveu de son évêque commet un crime de révolte contre l'État et doit être puni. Faites connaître au procureur général que vous lui donnez-là une mission de confiance et non une mission officielle. Faites-lui connaître là-dessus mes principes.

Je vois dans votre bulletin du 25 août divers noms d'émigrés. Faites-moi connaître s'ils sont portés sur la première liste des maintenus et, en cas qu'ils n'y soient pas, présentez-moi une soixantaine de personnes dont la résidence autour du comte de Lille soit bien connue et avec des notes si détaillées qu'on puisse pas s'y tromper.

Donnez ordre que le sieur Kuhn, consul d'Amérique à Gènes, soit mis en arrestation comme porteur d'une croix de Malte donnée par les Anglais et comme agent des Anglais. Ses papiers seront saisis, le dépouillement en sera fait et il sera détenu au secret jusqu'à ce que vous m'en ayez rendu compte. Cet individu ayant reçu une décoration étrangère n'est plus américain. Du reste, je suis fâché que vous ayez communiqué avec l'ambassadeur des États-Unis. Ma police ne connaît pas d'ambassadeur. Je suis le maître chez moi. Quand un homme m'est suspect, je le fais arrêter. Je ferais même arrêter l'Ambassadeur d'Autriche s'il tramait quelque chose contre l'État.

Faites-moi un rapport sur les pénitents bleus, blancs, etc.  et sur les lieux où il y en a en France, afin que je  voie s'il est convenable de prendre des mesures à leur égard.

Je vois dans votre rapport du 26 un rapport du commissaire de police à Bordeaux annonçant que la noblesse n'a pas été au bal de M. le sénateur Lamartillière. Je désire des détails à ce sujet et connaître, famille par famille, les personnes que cet article concerne et savoir si elles étaient à Bordeaux, car il se pourrait qu'à cause de la belle saison elles fussent à la campagne et dans ce cas ce serait mal au commissaire général de leur en faire un crime. Si, au contraire, quelqu'un de ces gentillâtres s'était permis de manquer aux égard dus au sénateur, il est bon que je connaisse les trois ou quatre chefs de file afin que la police les éloigne de Bordeaux.

(Brotonne)


Rambouillet, 8 Septembre 1807

DÉCISION

Le maréchal Davout rend compte à l'Empereur qu'il a fait rem ettre 50 louis à Mme Sulhowka, mère de l'aide de camp tué en Egypte, qui, retirée en Galicie, y vit dans la gêne.

Renvoyé an -prince de Neuchâtel, pour faire demander l'âge de cette dame, à laquelle je ferai payer une pension de 3,000 francs.


Rambouillet, 8 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée

Il me parait que la viande que fournit la ville de Danzig peut être comptée sur les dix millions que cette ville doit payer.


Rambouillet, 8 septembre 1807

A M. Fouché, ministre de la police

Il y a dans le Journal de Paris, n° 241, un article de Mannheim sur le Wurtemberg. Je désirerais connaître l'auteur de cet article, dont la cour de Wurtemberg se plaint.


Rambouillet, 8 septembre 1807

A Charles IV, roi d'Espagne

Monsieur mon Frère, le choix de M. le duc de Frias, que Votre Majesté m'envoie comme ambassadeur extraordinaire, ne peut que m'être agréable, puisqu'elle l'a jugé digne de sa confiance. Je rece vrai avec plaisir, par son organe, les félicitations que Votre Majesté l'a chargé de me présenter sur les succès dont la Providence a béni mes armes dans une cause qui nous était commune, et sur la paix qui en a été la suite. Votre Majesté, qui dans cette occasion s'est conduite en fidèle allié de ma couronne, me secondera avec plus de zèle encore dans la circonstance présente, qui est pour elle d'un inté rêt plus particulier. Ce n'est que par des mesures bien concertées et fidèlement exécutées que le Portugal peut être amené à cet état de déférence qui nous donnera l'espoir de la paix maritime , et que Votre Majesté jugera plus conforme à ses vues. J'ai donné une grande attention à tout ce qu'elle m'écrit à cet égard; mais elle sen tira facilement que ce n'est pas encore le moment d'agiter ces questions, et qu'il faut, avant tout, arracher le Portugal à l'influence de l'Angleterre et forcer cette dernière puissance à désirer et à demander la paix.


Rambouillet, 8 septembre 1807

A l'Infant Jean, Régent du Portugal

Monsieur mon Frère et Cousin, j'ai regardé la paix du continent, sur laquelle je reçois avec plaisir les félicitations de Votre Altesse Royale, comme un acheminement à la paix maritime. Toutes les me sures que j'ai prises tendent à la rétablir; elles sont adoptées par chaque puissance qui a, comme le Portugal, un intérêt direct à faire respecter par l'Angleterre son indépendance et ses droits.

Aucune demi-mesure n'aurait ni le même succès ni le même ca ractère d'attachement à la cause commune; et Votre Altesse Royale est amenée par les événements à choisir entre le continent et les insulaires. Qu'elle s'attache étroitement à l'intérêt général, et je ga rantis dans sa personne, dans sa famille, la conservation de sa puissance. Mais si, contre mes espérances, Votre Altesse Royale mettait sa confiance dans mes ennemis, je n'aurais plus qu'à regretter une détermination qui la détacherait de moi et qui renverrait aux chances des événements la décision de ses plus importants intérêts.


Rambouillet, 9 septembre 1807

NOTE POUR M. GAUDIN, MINISTRE DES FINANCES

Témoignez mon mécontentement à M. Bourrienne. Comment peut-il penser que pour une action réelle on peut attendre quatre ou cinq ans ? On a traité avec les possesseurs de marchandises anglaises et non avec la ville. Elle doit payer en six mois, en lettres de change de telles maisons dont on ne peut pas craindre que les effets soient protestés. Elles seront de 2 à 500,000 francs. Les payements se feront à raison de deux millions par mois.


Rambouillet, 9 septembre 1807

DÉCISIONS

M. Cretet, ministre de l'intérieur propose à l'Empereur de décréter que l'achat de cinquante mille quintaux mé triques de blé froment, ordonné comme devant être fait en 1808 pour l'appro visionnement de réserve de Paris, sera exécuté très-promptement.

Envoyer trois auditeurs, avec des instructions bien faites, pou vérifier l'approvisionnement exis tant.

Le ministre examinera et résou dra les questions ci-après , Jusqu'à quel point aurait-on souffert en l'an X si l'on n'avait pas été en paix ? Jusqu'à quel point souffri rait-on si les mêmes circonstances se représentaient à présent qu'on est en guerre et qu'il n'y a plus de neutres ? Ces questions conduisent à celle-ci : Y a-t-il moyen de jouir du canal de Saint-Quentin en septembre prochain ? Quand il fau drait faire des sacrifices, ils seraient bien placés, car il y aura probablement une mauvaise ré colte l'année prochaine.

 

M. Mollien, ministre du trésor public, fait connaître à l'Empereur qu'il a destitué le payeur de la 8e division militaire, pour avoir tardé de payer la solde de retraite et le traitement de réforme, quoiqu'il eût reçu les fonds nécessaires à ces payements.

L'intention de Sa Majesté est que cette destitution et ses causes soient rendues publiques par le Moniteur.


Rambouillet, 9 septembre 1807

NOTE POUR M. DECRÈS, MINISTRE DE LA MARINE

Dans les circonstances actuelles, la navigation offre toutes sortes de difficultés. La France ne peut regarder comme neutres des pavillons sans considération. Celui d'Amérique, quelque exposé qu'il soit aux avanies des Anglais, a une sorte d'existence, puisque les Anglais gardent encore quelque mesure à son égard et qu'il leur en impose. Celui du Portugal et celui du Danemark n'existent plus. Celui des petites villes allemandes dont les noms sont à peine connus est sou mis par les Anglais à telle législation qui leur convient. L'Angleterre ne le laisse entrer dans les ports de France que parce qu'il est dans sa dépendance et qu'il ne navigue que pour son intérêt. Il faut pro poser un projet de décret pour déclarer que les bâtiments portant ces pavillons, qui entrent, ne peuvent sortir, et qu'ils doivent être soumis à toutes les rigueurs du blocus. On fera pour chacun une instruction et un procès particulier.


Rambouillet, 9 septembre 1807

NOTE POUR M. PORTALIS, CHARGÉ DES AFFAIRES DES CULTES

J'approuve le décret (sur l'organisation des séminaires) avec les changements suivants :

1° Je veux nommer les bourses et demi-bourses, comme je nomme aux places des lycées; 
2° ces bourses et ces demi-bourses devraient être d'abord mises au concours entre tous les élèves qui sont dans les séminaires diocésains, en conséquence d'une présentation triple faite par chaque évêque et le ministre des cultes.

Voir si l'on pourrait établir à Saint-Denis le séminaire métropoli tain de Paris, et quels seraient les encouragements à donner pour le séminaire diocésain. Cet encouragement devrait porter sur une soixantaine d'élèves. On y consacrerait 20,000 francs, divisés en bourses et demi-bourses à la nomination de l'Empereur.


Rambouillet, 10 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, vous ferez comprendre facilement à M. de Watteville qu'il n'est pas d'usage que les ministres traitent directement les affaires avec moi; que, s'il a à m'entretenir des affaires intérieures de la Fédération comme Médiateur, et non comme Empereur des Français, il est possible que je l'entende; mais que s'il a à me parler de commerce et autres objets comme au souverain de France, une audience directe sera difficile à obtenir; qu'il doit donc s'en expliquer avec vous.


Rambouillet, 10 septembre 1807

Au général Clarke, ministre de la guerre

Notre cavalerie n'est pas assez instruite; elle ne sait pas assez monter à cheval. Faites-moi un rapport qui me fasse connaître quels sont les moyens qui existent pour former de bons écuyers. Il y a, je crois, une école à Versailles; je ne connais pas son organisation, mais je la crois très-insuffisante. Je vous recommande de porter une grande attention à l'école de manège de Fontainebleau. C'est un très- bon moyen pour remettre dans nos troupes à cheval de bons prin cipes d'équitation. Peut-être faudrait-il encore établir deux ou trois écoles comme celle de Versailles.


Rambouillet, 10 septembre 1807

NOTE POUR M. PORTALIS, CHARGÉ DES AFFAIRES DES CULTES

Il faut prendre un parti sur les trois questions agitées dans le travail des cultes : séminaires métropolitains, séminaires diocésains, succursales.

1° J'ai déjà décrété ce qui me paraissait convenable relativement aux séminaires métropolitains. Il est très-important d'organiser Lyon et Malines; celui-ci est très-essentiel à cause des principes à y professer. Il faut aussi organiser Paris.
2° Les séminaires diocésains doivent être considérés comme le recrutement de l'Église. Il y a déjà dans ces séminaires 2,500 étudiants. Mon intention est de les encourager par des établissements de bourses et de demi-bourses. Il faut me présenter un projet de répar tition de bourses entre les différents diocèses, et sur ce que je don nerai pour chaque séminaire. Un encouragement de 600,000 francs serait suffisant. Annuellement je nommerai au moins à deux mille places. Ce qui me donnerait le droit d'intervenir dans la discipline des séminaires.
3° Quant aux succursales, c'est une querelle assurée. Le travail est trop étendu, des évêques en conviennent. En faisant une réduction du tiers sur les succursales à la charge des communes, il reste rait six mille, ce qui porterait la dépense à deux millions; ce qui, avec les 600,000 francs affectés aux séminaires, ferait un total de 2,600,000 francs.


Saint-Cloud, 10 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je vois par votre dernier état de situation que le 4e régiment de chasseurs a 58 chevaux présents; que le 9e en a 63, et le 25e,  163. Je ne connais pas pourquoi ces dépôts ont si peu de chevaux, tandis qu’ils ont ensemble 674 hommes présents.

Toutefois faites-en partir tout ce qu'il sera possible pour renforcer ces régiments à Naples, et pressez leur départ de manière qu'il puisse avoir lieu le 1er octobre. Il faut également songer à renforcer davantage l'armée de Naples. Vous avez dû réunir dernièrement à Ancône 1,000 hommes de cette armée. Préparez encore les détachements suivants : un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant et 500 hommes du 14e d’infanterie légère; même chose du 1er de ligne. Je vous ai déjà donné des ordres pour le 6e, qui est à Corfou; même chose pour le 10e de ligne, pour les 20e et 22e légers, et pour les 52e, 62e et 101e de ligne, et pour le 14e léger et le 1er de ligne ce qui fera 2,,700 hommes. Je désire que ces 2,700 hommes soient prêts au 1er octobre, pour se rendre à Ancône et de là à Naples; tout cela pourra marcher avec les 300 hommes de cavalerie.

(Prince Eugène)


Saint-Cloud, 10 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, je reçois votre lettre du 3 septembre. J’attends avec impatience de connaître ce que le général Miollis a séquestré à Livourne. Toutes les troupes qui sont à Rome et à Livourne doivent être à la charge du pape et de la reine d'Etrurie. Pour diminuer les charges de la reine d’Étrurie, mon intention est de diminuer considérablement la garnison de Livourne, du moment que les mesures de rigueur que j'ai prescrites auront été exécutées, et que je serai assuré que 2,000 hommes sont suffisants.

Je vous ai demandé l'état des troupes napolitaines qui sont en Italie. J’attends cet état, afin de prendre un parti sur elles.

(Prince Eugène)


Saint-Cloud, 10 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, j'ai reçu votre lettre, avec les différentes cartes que m'envoie le général Lauriston. J'aurais voulu avoir l'inventaire de ce qui se trouve à Cattaro, en canons et en munitions de guerre et de bouche.

(Prince Eugène)


Rambouillet, 11 septembre 1807

AU GÉNÉRAL DEJEAN, MINISTRE DIRECTEUR DE L'ADMINISTRATION DE LA GUERRE

Monsieur Dejean , vous trouverez ci-joint des pièces relatives à des dilapidations qui ont eu lieu dans le 75e régiment. Faites-moi un rapport sur cette affaire et sur le projet de décret que m'envoie M. Lacuée. Il me paraît convenable que vous ordonniez sur-le-champ l'arrestation du capitaine Gomerêt et des autres officiers qui auraient participé à cette dilapidation . Je désire que vous me fassiez un rapport détaillé que je puisse faire imprimer et mettre à l'ordre de l'armée; et dans ce rapport vous proposerez la retenue, aux dépens des officiers composant le conseil, de la somme dont le corps se trouve frustré.

Prenez toutes les mesures nécessaires pour arrêter des dilapida tions si contraires au bien du service.

NOTE SUR L'AFFAIRE DU 75e RÉGIMENT

On ne peut accuser le conseil d'administration, puisque l'opération peut avoir été faite de deux manières différentes.

Le drap peut avoir été reçu par le corps; après avoir été reçu, le garde-magasin et le capitaine d'habillement peuvent avoir vendu le drap, et le conseil n'en avoir rien su : dans ce cas, l'officier d'habil lement et le garde-magasin sont coupables, et le conseil d'adminis tration n'est pour rien dans cette dilapidation.

Le drap peut ne pas avoir été fourni, le garde-magasin et le capi taine d'habillement avoir donné le récépissé qui aura été remis an conseil d'administration, qui ne peut pas aller mesurer les pièces de drap : alors. ce conseil est trompé comme le ministre; s'en prendre à lui, c'est comme si l'on s'en prenait à M. Dejean, qui est aussi responsable. En conséquence, il ne s'agit pas d'aller chercher la méta physique de la responsabilité, mais le coupable. Il paraît être ou le capitaine d'habillement, ou le garde-magasin, ou le tailleur; il faut faire arrêter, retenir les appointements, prendre inscription sur les biens, s'il y en a, des auteurs du délit.

Vient une seconde enquête dont l'objet est de savoir si le marchand a été payé ou non. S'il ne l'a pas été au trésor, il faut sur-le-champ opérer la retenue et faire déposer cet argent à la caisse d'amortisse ment, comme objet contentieux, jusqu'à ce que l'affaire soit réglée.


Rambouillet, 11 septembre 1807

DÉCISION

Le général Clarke, ministre de la guerre, soumet à l'Empereur une de mande de prolongation de congé adres sée par le prince de Hohenzollern, commandant le régiment de Westphalie.

Le général Clarke fera connaître à cet officier qu'il s'instruise de ses manoeuvres, parce que mon inten tion est de le faire commander au premier jour, et qu'il s'attirerait un affront s'il ne le savait pas.


 Rambouillet , 13 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur Champagny, je vous renvoie votre portefeuille. Répondez à M. Bourrienne que les bois sont bien vendus; qu'il doit ne pas avoir de communication avec le ministre de Prusse et ne se mêler en rien de cette affaire.

Portez plainte sur les communications qui continuent à exister entre Memel et le gouvernement anglais.


Rambouillet, 13 septembre 1807

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine

Mon intention est que vous partiez demain pour Boulogne. Vous passerez la flottille en revue; vous visiterez tous les magasins; vous donnerez tous les ordres pour qu'elle soit prête à prendre la mer au 15 octobre. Vous resterez quatre ou cinq jours à Boulogne; de là vous vous rendrez à Calais et à Flessingue, et vous reviendrez par Anvers. Il est probable que j'irai moi-même dans quinze jours d'ici. Vous parlerez aux matelots, aux troupes, aux habitants; vous leur direz que dans quinze jours il y aura au camp 100,000 hommes. Vous m'écrirez tous les jours pour me faire connaître la situation de la flottille et celle des approvisionnements. Vous inspecterez aussi les approvisionnements de terre, et vous me ferez connaître quelle est la quantité de biscuit, de vin et d'eau-de-vie que j'y ai encore. Vous enverrez chercher M. Dreyer; vous lui ferez connaître que des cha loupes canonnières partent en ce moment de Hollande, et que toutes les mesures se prennent pour pouvoir vraiment, si les Anglais s'en têtent dans la Baltique, profiter de leur absence pour frapper un grand coup.


Rambouillet, 14 septembre 1807

A M. Gaudin, ministre des finances

Vous voudrez bien faire remettre à M. le maréchal Lannes sur ls fonds provenant des contributions de la Grande Armée pendant la campagne d'Austerlitz et déposés à la caisse d'amortissement un million, pour être employé conformément au compte particulier que vous rendra ce général.

(Brotonne)


Rambouillet, 14 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, la note de M. de Cetto (Anton von Cetto, 1756-1847. C'est l'ambassadeur de Bavière à paris) mérite une grande considération. Tout ce qui y est contenu est nouveau pour moi. Il est fort extraordinaire que la Maison d'Autriche prétende res saisir une influence en Allemagne sous un autre titre. Présentez-moi un projet de réponse et un projet de note à remettre à l'ambassadeur d'Autriche. Vous lui ferez connaître que, la Maison d'Autriche n'ayant pas satisfait à l'article du traité de Presbourg qui la charge de dési gner un prince de sa Maison pour prendre possession de Mergentheim, et que, ne pouvant souffrir, comme Protecteur de la Confédération du Rhin, que la Maison d'Autriche se mêle en aucune manière des affaires de la Confédération , j'ai ordonné la prise de possession en mon nom de la principauté de Mergentheim, pour la tenir en dépôt jusqu'à ce que, 1° l'Autriche ait fait connaître le prince de sa Maison qui, aux termes du traité de Presbourg, doit avoir cette principauté; 2° que ce prince ait consenti à faire partie de la Confédération du Rhin (car aucun prince entre l'Inn et le Rhin ne peut y être étranger), et comme tel ait promis de résider dans le pays; 3° qu'il n'ait aucune correspondance directe ou indirecte de suprématie avec l'empereur d'Autriche. Vous ajouterez que j'ai lieu de me plaindre de l'extension que donne la Maison d'Autriche à cette stipulation, qui tendrait à lui redonner de l'influence dans les affaires d'Allemagne. Vous me communiquerez les projets de réponse que vous ferez à M. de Cetto, au roi de Wurtemberg et aux autres princes de la Confédération. Mais, avant de me présenter les rapports, il est nécessaire que vous ayez une conférence avec M. de Cetto pour bien connaître tout ce qu'a fait sur cette affaire la Maison d'Autriche, et depuis quelle époque. Ayez- en une aussi avec l'ambassadeur d'Autriche (c'est alors le prince de Metternich).


Rambouillet, 14 septembre 1807

A M. Daru, intendant général de la Grande Armée

Monsieur Daru, faites connaître aux plénipotentiaires prussiens que si, au le, octobre, tout ce qui est relatif aux contributions n'est pas stipulé et les affaires arrangées, l'article de la convention qui porte que les revenus seront perçus par le roi de Prusse à dater de la signature de la paix sera annulé, et que je m'emparerai des revenus courants; car, quoique ma nombreuse armée soit nourrie en Prusse, cependant cet état de choses m'empêche de désarmer et me porte à de grandes dépenses.


Rambouillet, 14 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je reçois votre lettre par laquelle vous m'apprenez que les troupes russes sont arrivées à Venise et que l'escadre russe est en Istrie. Je suis fâché que vous ne me fassiez pas connaître de combien de vaisseaux et de frégates cette escadre est composée. Du moment que les troupes russes seront débarquées , faites-les placer dans les lieux que vous jugerez le plus convenables, tels que Padoue, Trévise, Bassano, et ayez soin qu'elles s'y trouvent bien. Faites avancer à leur trésorier, sur son reçu et sur la demande qui vous en sera faite, les fonds qui pourraient être nécessaires pour leur payer jusqu'à la concurrence d'un mois de solde, en supposant qu'ils n'aient pas d'argent. Envoyez un officier pour instruire les généraux qui les commandent de ce qui s'est passé à Copenhague et leur dire de se méfier des Anglais.

Faites dire aux commandants de leurs vaisseaux que, dans le cas où ils s'apercevraient que les Anglais commettent des hostilités contre le pavillon russe, ils peuvent se retirer dans les ports d'Ancône, de Corfou et de Tarente. Désignez-leur le port d'Istrie où ils doivent aborder, et envoyez sur-le-champ dans ce port un bataillon et deux compagnies d'artillerie pour y construire des batteries, de manière que je n'aie pas à craindre l'affront d'apprendre que le pavillon russe ait été insulté par les Anglais dans mes ports.

Ayez soin aussi de donner des ordres à Ancône pour que le port soit tenu en bon état de défense, que les vaisseaux russes soient bien traités, et surtout qu'ils y soient protégés, si jamais il y a lieu , contre les Anglais. Il ne faut pas cependant ébruiter cela.

En instruisant les Russes des affaires de Copenhague, vous leur ferez comprendre qu'il est possible que les Anglais aient donné des ordres pour arrêter leurs bâtiments.

Enfin je vous recommande que les troupes russes soient bien trai tées et qu'elles n'aient aucune espèce de rixe avec mes troupes. Recommandez également à mes préfets et aux peuples de l'endroit où ils seront de les bien accueillir.

Le comte de Tolstoï, ambassadeur de Russie, sera ici dans huit jours. Vous en donnerez la nouvelle au général russe, afin qu'il lui envoie à Paris son état de situation et corresponde avec lui pour tous ses besoins.

Ayez soin que les généraux russes et autres officiers supérieurs qui airiveraient à Milan soient traités à la Cour avec une particulière distinction; telle est ma volonté.


Rambouillet, 14 septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère mes relations avec la Russie continuent à être sur le meilleur pied. Le Danemark a déclaré la guerre à l'Angleterre; depuis le 16 août Copenhague est bloqué par terre et par mer; mais l'armée de terre anglaise est elle-même bloquée entre la place et un corps de troupes danoises qui est maître du plat pays dans l'île de Sceland. Au 28 août, date des dernières nouvelles que j'ai reçues de Copenhague, les affaires des Anglais paraissaient y aller mal, et on avait l'espoir qu'ils échoueraient et seraient forcés de se rembarquer.

L'escadre russe qui était à Ténédos a reçu l'ordre de se rendre à Cadix ou dans un de mes ports. J'ai envoyé partout des ordres pour qu'ils fussent parfaitement reçus. Cependant, s'il arrivait que vous eussiez moyen de communiquer avec ladite escadre, vous ne man queriez pas de faire instruire l'amiral qui la commande des affaires de Copenhague, de la crainte que j'ai que les Anglais ne cherchent à intercepter l'escadre russe, et du conseil que je lui ai fait adresser à Cadix, et que je lui réitère par votre moyen, de se réfugier dans un de mes ports jusqu'à ce que tout ceci soit éclairci.

Indépendamment de la grande escadre russe, il y en a une dans l'Adriatique; le vice-roi m'apprend que cette dernière est arrivée en Istrie. Il est à désirer que vous puissiez communiquer, sans trop d'éclat, à l'officier russe qui commande cette escadre les nouvelles de Copenhague ; lui recommander de naviguer avec prudence , parce qu'il serait possible que les Anglais cherchassent à enlever son es- cadre, et l'avertir que, dans le cas où cette crainte serait fondée, il peut se réfugier à Ancône ou dans ceux de vos ports les plus sûrs. Mettez à toutes ces communications de la prudence, car il m'est avantageux que les Anglais laissent encore naviguer librement les Russes.

Si les vaisseaux russes entrent dans vos ports, donnez des ordres pour qu'il leur soit fourni tout ce dont ils auraient besoin, et que toutes les mesures soient prises pour qu'ils soient à l'abri de toute crainte des Anglais. Si des officiers supérieurs russes venaient à Naples, je vous prie de les recevoir à votre cour avec une distinction particulière, en faisant connaître que c'est ma volonté.

J'ai vu avec grand'peine que le colonel et probablement les grena diers du 6e étaient pris. Le général César Berthier a mis trop de len teurs dans cette expédition.


Rambouillet, 14 septembre 1807

A Louis Napoléon, roi de Hollande

Je désire que vous donniez l'ordre dans vos ports que, si des vais seaux russes s'y présentent, ils y soient accueillis et bien traités. Je vous prie également de me faire connaître si, sans délai, plusieurs divisions de chaloupes canonnières peuvent se mettre en mouvement pour se rendre de vos ports en Danemark et y aller seconder les opé rations du prince royal. Il serait inutile d'attendre que toutes fussent réunies. Faites partir les dix premières, et instruisez, par un de vos officiers, le prince royal de leur départ. Faites-moi connaître, je vous prie, les ordres que vous aurez donnés, l'époque où les dix pre mières chaloupes pourront partir, et incessamment les autres.

Réitérez les ordres pour que les communications avec l'Angleterre soient fermées de la manière la plus stricte. Il faut que les bâtiments qui viendraient d'Angleterre, au lieu d'être renvoyés, soient confisqués. Dans ce moment où tout le monde est indigné contré l'Angle terre, il serait d'un très-mauvais effet que l'on put penser que les Anglais sont traités avec plus de ménagements dans les ports de Hollande ou de France.

Les nouvelles de Copenhague ont porté au plus haut point l'irritation à Saint-Pétersbourg.


Rambouillet, 14 septembre 1807

A M. Fouché, ministre de la police générale

Il faudrait avoir un rapport particulier sur le nommé Costa, curé dans l'État de Gênes, afin que si les faits se vérifiaient, on le fît arrêter et conduire à la citadelle de Fénestrelle.

Qu'est-ce que c'est que le nonce de la cour de Rome en Toscane ? C'est un piémontais. Comment s'appelle-t-il ? A-t-il des biens en Piémont ? de quelle ville est-il ?

(Brotonne)


15 - 30 septembre 1807