16 - 30 juin 1808
Bayonne, 16 juin 1808
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Bayonne
Mon Frère, j'écris à M. Laforest. Prenez des renseignements de votre côté auprès du. . . . . (mots illisibles) que vous voyez, sur l'individu dont je vous parle. C'est le chef de la justice criminelle de Madrid. S'il a autant de talents et de fermeté qu'on le dit, étant sûr de sa fidélité, on peut se servir avantageusement de lui.
La junte doit venir vous porter demain une adresse ; préparez votre réponse. Il faut que vous parliez de la douleur que vous éprouvez des troubles qui ont lieu en Espagne, de ce qu'on est obligé d'employer la force pour les réprimer et arriver à un résultat que la raison et la conviction auraient seules dû produire ; et laisser entrevoir le désir que vous avez de vous rendre bientôt au milieu de vos nouveaux sujets pour concilier tous les intérêts , et commencer votre règne par des actes de pardon et de clémence. Il sera bon que ce discours soit un peu étendu et soigné. Hédouville parle parfaitement espagnol : vous pourriez vous l'attacher comme secrétaire intime. Jusqu'à ce que vous vous le soyez définitivement attaché , je lui conserverai son rang de ministre plénipotentiaire. C'est un homme parfaitement sûr, sur le dévouement et la probité duquel vous pouvez compter.
Il faut vous occuper de nommer un grand maître de la maison, un grand chambellan et un grand écuyer. Causez de cela avec d'Azanza, d'Urquijo et le duc del Parque. Il serait nécessaire que, sous trois ou quatre jours, les grands officiers de la couronne fussent nommés, ainsi que les ministres. Ce sera la plus belle proclamation que vous puissiez faire, que ces nominations.
Bayonne, 16 juin 1808
A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Il faut faire faire un relevé de tous nos griefs contre Ali-Pacha, et l'envoyer à mon chargé d'affaires à Constantinople et à l'ambassadeur de la Porte à Paris, en demandant satisfaction contre le pacha, ou qu'il soit déclaré rebelle.
(Lecestre)
Bayonne, 16 juin 1808
A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois l'interrogatoire de Malet, que j'ai connu dans
tous les temps pour un très mauvais sujet, voleur, peu brave. Il avait déjà
été compromis dans l'affaire d'Angoulême, il y a quatre ou cinq ans. Je ne
donnai pas de suite à ce qui le regardait, parce que j'y reconnus beaucoup de bêtise;
je continuai même à l'employer. Mais la récidive est un peu trop forte. En
lisant votre dépêche, je vois que Florent-Guyot et Jacquemont y sont pour
quelque chose. Quant aux sénateurs, si les accusés disaient avoir causé avec
eux, ce ne serait pas une preuve; mais enfin ce serait un premier indice.
Florent-Guyot passait pour un homme sage; ce n'est cependant pas la première
fois, depuis l'an VIII, que j'ai à me plaindre de lui; c'est au moins la cinquième.
Il m'est revenu qu'il était d'un fort mauvais esprit; cela ne m'étonne pas. Je
lui avais, malgré ces sujets de mécontentement, donné une bonne place. Quant
à l'autre,
je n'en ai jamais entendu parler; on dit que c'est un ancien membre du Tribunat.
Mon intention est que la reine d'Étrurie et son fils logent à Compiègne et
non ailleurs; arrangez-vous là-dessus.
(Lecestre)
Bayonne, 16 juin 1808
Au comte Dubois, préfet de police, à Paris
J'ai reçu votre lettre du 11 avec les rapportages qui y étaient joints. Je les ai lus avec intérêt. La suite de la procédure et votre zèle pour mon service approfondiront cette affaire, de sorte que je sache à quoi m'en tenir.
(Brotonne)
Bayonne, 16 juin 1808
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Bayonne
Monsieur de Champagny, je vous envoie le rapport d'un corsaire entré hier dans le port. Faites voir à quoi il est bon; mon intention serait de l'expédier pour mon compte à la Guadeloupe ou à la Martinique
(Brotonne)
Bayonne, 16 juin 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée
Mon Cousin, témoignez mon mécontentement au commandant de Perpignan de ce qu'il a fait continuer aux Suisses leur marche. Réitérez-lui l'ordre de réunir tous les détachements à Bellegarde et de ne plus laisser personne.
(Brotonne)
Bayonne, 16 juin 1808
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vous renvoie vos lettres de la Guadeloupe. Je vois avec plaisir que les quatre expéditions y sont arrivées. Vous voulez expédier la Tactique pour la Guadeloupe; j'y consens, si elle marche bien; mais, si elle West pas bonne marcheuse, il est évident qu'elle sera prise. Si cela était, vous pourriez fréter un petit bâtiment, le meilleur marcheur du port de Bordeaux. L'Oreste peut également partir de Bayonne. A ma connaissance, le commerce de Bordeaux a déjà fait partir trois bâtiments pour la Guadeloupe. Moi-même, j'en ai fait partir un d'ici avec une centaine de tonneaux de farine. Enfin vous pouvez en faire partir de Nantes et d'autres ports.
Bayonne, 16 juin 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Bayonne.
Renvoyez un nouveau courrier au général Duhesme avec un nouveau paquet, afin qu'il les fasse partir par deux occasions, ce qui fera quatre occasions; on lui dira que j'ai reçu sa lettre du 11, qu'il doit commencer par désarmer toute la ville de Barcelone, de manière à n'y pas laisser un seul fusil et les porter tous dans le château; qu'il approvisionne de vivres le château de Montjouy , en faisant convertir en farine et biscuit les 600 quintaux que j'ai envoyés; qu'il les approvisionne également en vin et en tout ce qui est nécessaire, en prenant chez les habitants. Il faut les mener très-militairement, la guerre justifie tout. Au moindre événement, il faut prendre des otages et les envoyer dans le fort.
Le général Lechi doit se rendre pour organiser un corps sur les hauteurs de Bellegarde.
Il faut lui recommander d'agir toujours en masse et jamais isolé. L'Empereur blâme l'attaque qu'a faite le général Duhesme le 9 avec quatre bataillons, quand il pouvait en mettre davantage. Les dépôts dans la citadelle et dans le fort Montjouy étaient suffisants. Qu'il perde cette habitude de disséminer ses troupes , sans quoi il fera plus de mal que de bien.
Lui envoyer les nouvelles de toutes les affaires de Saragosse et autres points. Il faut spécialement maintenir la communication avec Tarragone.
Le général Lefebvre ne tardera pas à être à Saragosse.
Envoyez au général Duhesme une copie de toutes les pièces et proclamations que vous avez, pour qu'il les fasse publier et afficher dans Barcelone.
Bayonne, 16 juin 1808, huit heures du matin.
A Joachim, Grand-Duc de Berg, lieutenant général du royaume d'Espagne, à Madrid
Faites mettre dans les journaux que la junte réunie à
Bayonne à tenu sa première séance hier à trois heures après midi, sous la
présidence de M. d'Azanza, ministre des finances, M. d'Urquijo et un
membre du conseil de Castille, secrétaires; que la proclamation, faite par le
conseil de Castille, du décret qui nomme le roi d'Espagne, a été lue ; que la
junte a résolu de se porter en corps chez le Roi , pour lui présenter une
adresse à ce sujet; que M. d'Azanza a prononcé un discours dont vous trouverez
ci-joint copie; qu'un comité de membres du conseil de Castille s'occupe de rechercher,
sur les lois, et que d'autres comités travaillent à des projets d'amélioration
dans les différentes branches de l'administration.
Bayonne, 16 juin 1808, neuf heures du soir
A Joachim, Grand-Duc de Berg, lieutenant général du royaume d'Espagne, à Madrid
Je reçois dans ce moment des nouvelles du général Duhesrne, du 12. Il avait envoyé le général Chabran à Tarragone pour réduire cette ville à l'obéissance, et, y laissant le régiment suisse pour la contenir sur un bon pied, il avait rappelé le général Chabran dont il avait besoin pour contenir la Catalogne. Une nuée de paysans était accourue autour de Barcelone de manière à l'investir à une demi-lieue. Ils avaient eu la folie de fortifier les bords de la rivière qui passe près de Barcelone, pour empêcher le retour du général Chabran. Le général Duhesme est parti le 10, à la pointe du jour, de Barcelone, a marché sur les rebelles, les a dispersés, a enlevé leurs canons, en a tué 15 ou 1800 et brûlé six gros villages, entre autres, ceux de San_Roy et Molins de Rey. Le lendemain, le général Chabran est arrivé lui-même sur la route et a brûlé trois villages. La rentrée triomphante des troupes et des canons pris sur l'ennemi, que les habitants regardaient du haut des remparts, a jeté la terreur parmi eux. Tout le monde blâme à présent les insurrections et déclare qu'il veut vivre tranquille. De tous côtés les villages reviennent à l'obéissance. Nous avons perdu peu de monde dans cette affaire de Barcelone : 6 tués et 12 blessés. Si l'on ne fait pas courir des nouvelles de la Catalogue à Madrid, il est inutile de parler de cela. On a trouvé parmi les morts un grand nombre d'officiers espagnols, de prêtres et de moines.
Je suppose que le maréchal Moncey aura marché sur Valence.
On envoie au général Duhesme les dernières pièces relatives à la nomination du Roi et aux affaires de Tudela, Valladolid. Il faut qu'il fasse imprimer à quatre mille exemplaires, et qu'il les répande partout.
Bayonne, 16 juin 1808, neuf heures du soir.
A Joachim, Grand-Duc de Berg, lieutenant-général du royaume d'Espagne, à Madrid
Le combat de Tudela, qui a eu lieu le 8 juin a été suivi, le 13 du combat de Mallen. Le général Lefebvre a employé les journée des 9, 10 et 11 à désarmer les villages à dix lieues aux environs et à reconstruire le pont de l'Èbre. Le 12, il s'est mis en marche, et le 13, à la pointe du jour, il a découvert sur les hauteurs l'armée des rebelles de Saragosse, consistant en 12,000.hommes, deux régiments de ligne espagnols, un d'infanterie et un de cavalerie, commandés par Palafox. Le général Lefebvre a aussitôt marché à l'ennemi, avec les lanciers polonais et le 5e escadron de marche, est tombé sur son flanc et en a fait un grand carnage. Plus de 2,000 ont péri. Tous leurs canons, consistant en dix pièces, sont tombés en notre pouvoir. Le régiment de lanciers polonais a traversé l'Èbre à la nage pour poursuivre ce qui s'était échappé. Nous n'avons à regretter qu'un capitaine des lanciers polonais , qui s'est noyé, 4 hommes tués et 8 blessés. Hormis trois compagnies de voltigeurs, l'infanterie n'a pas tiré un coup de fusil. Le 13, le général Lefebvre a couché au village de Gallur; il a dû entrer le 15 à Saragosse.
Vous avez déjà reçu la nouvelle de la soumission de Valladolid.
Une colonne de 2,000 hommes serait utile pour nettoyer le pays entre Saragosse et Madrid , et pour rétablir la communication.
Je reçois votre lettre du 12 juin. J'espère que votre santé est meilleure. On me dit que vous êtes en convalescence et que vous pourrez recevoir le Roi à Madrid ; il s'y rendra immédiatement après la clôture de la junte.
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P.S. J'espère que vous êtes bien portant actuellement. La princesse sera ici dans quinze jours.
Bayonne, 16 juin 1808
Au maréchal Bessières, commandant la Garde impériale, etc., à Burgos.
Mon Cousin, le major général vous a écrit la nouvelle du combat de Mallen, qui a eu lieu le 13 et qui doit entraîner la prise de Saragosse, où je suppose que le général Lefebvre est entré le 15. Si vous avez mandé au général Verdier de se rendre sur Saragosse, mandez- lui que, s'il apprend en route que le général Lefebvre y soit entré, il retourne sur Vitoria. Quant à la cavalerie, vous pouvez la laisser continuer, vu que l'Aragon est un pays favorable à la cavalerie.
Je ne comprends pas trop le mouvement du général Ducos pour se porter sur Santander. Cela dépend sans doute de la connaissance des localités, que vous avez étudiées. Cependant je désire que vous m'en disiez un mot et que vous m'envoyiez un croquis ; je ne trouve rien qui m'explique cela sur les grandes cartes. Une fois maître de Santander de vive force, il faut y imposer une contribution de deux millions, faire mettre le séquestre sur les biens de l'évêque, et, si on ne peut pas le saisir, désarmer la ville et les campagnes et faire quelques exemples sévères. Santander et Saragosse soumis, il faut faire marcher sur Léon et sur les Asturies. Le général Lassalle, que je fais renforcer d'un régiment de la division Frère, et le général Verdier pourront marcher sur le royaume de Léon ; le général Merle marcherait par les Asturies. Au reste, comme ce n'est que le 20 qu'on sera entré à Santander, il aurait le temps de vous donner mes dernières instructions. Santander devait être pris avant Valladolid. Dans cette espèce de guerre , un mouvement rétrograde ne vaut jamais rien. Votre marche de Santander sur Valladolid a manqué de faire soulever toute la Biscaye. La prise de Santander aurait rendu nulle l'insurrection de Valladolid. Le général Merle entrant à Santander le 8 et revenant ensuite à Valladolid, cette dernière ville eût été soumise deux jours plus tard , mais on aurait marché de là sur Léon et on aurait profité de la victoire. Ce que je vous dis là est pour votre gouverne. Les mouvements rétrogrades sont dangereux à la guerre ; ils ne doivent jamais être adoptés dans les guerres populaires : l'opinion fait plus que la réalité ; la connaissance d'un mouvement rétrograde que les meneurs attribuent à ce qu'ils veulent crée de nouvelles armées à l'ennemi. J'ai fait envoyer de nouveau à Santander un chanoine de Burgos, mais dont je n'attends aucun effet.
Bayonne, 16 juin 1808
A M. Daru, intendant général de la Grande Armée, à Berlin.
Monsieur Daru, votre lettre du 3 juin ne justifie pas les démarches que vous avez faites. Par sa lettre du 18 janvier, le major général vous dit : « Quant aux 500 hommes qui manquent, l'intention de Sa Majesté est qu'ils soient recrutés parmi les Polonais et Allemands, etc. ". Il est impossible de voir là dedans l'autorisation de s'adresser à la Confédération pour avoir ces hommes. Le mot recruter n'est pas synonyme de contingent. Dans sa lettre du 8 mars, il explique encore mieux son idée, puisqu'il dit que, si l'on ne peut pas lever ces hommes sans recourir aux princes de la Confédération, il s'adressera à moi pour que je leur fasse connaître directement mes intentions, etc. Par sa lettre du 4 mai , il s'est trompé en approuvant ce que vous avez fait. Au reste, c'est une affaire faite, il n'y a plus de remède.
Bayonne, 16 juin 1808
Au cardinal Fesch, Grand Aumônier, à Paris.
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 10 juin , dans laquelle vous me dites qu'on tremble à Paris sur le choix d'un constitutionnel pour succéder à l'archevêque de Paris. Il me semble qu'il n' y a plus de constitutionnels, et que, selon les principes de l'Église, on ne doit plus se souvenir d'un péché qui est pardonné. Vous dites aussi qu'on tremble du lieu où ce prélat sera enterré : il me parait que les personnes dont vous me parlez tremblent facilement. J'ai du reste vivement regretté ce bon archevêque ; je le remplacerai difficilement.
Bayonne, 16 juin 1808
Au général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Plusieurs artistes se sont sauvés de Paris pour se réfugier en Russie. Mon intention est que vous ignoriez cette mauvaise conduite. Ce n'est pas de danseuses et d'actrices que nous manquerons à Paris.
Bayonne, 17 juin 1808
NOTE POUR LE PRINCE DE NEUCHATEL, MAJOR GÉNÉRAL DE LA GRANDE
ARMÉE, A BAYONNE.
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Il faut écrire au général Lefebvre qu'immédiatement après être maître de
la ville il doit désarmer les habitants, fortifier le château de Saragosse
conformément au plan du colonel Lacoste, et faire mettre sur-le-champ la main
à l'oeuvre.
Qu'il ordonne que tous les fonds qui auront été pris dans les caisses royales soient rétablis sur-le-champ.
Qu'il fasse imprimer les deux adresses de la junte de Bayonne, celle de la junte de Madrid, la proclamation de l'Empereur aux Espagnols, celle qui nomme le roi d'Espagne, telle que l'a fait publier le conseil de Castille; que toutes ces pièces soient remises à l'Audience de Saragosse, qui les enregistrera et publiera officiellement; qu'il veille que cela soit imprimé à 2 ou 3,000 exemplaires et répandu partout.
Qu'il fasse prendre des otages, arrêter tous les chefs et mettre le séquestre sur les biens des Palafox et tout ce qu'ils pourraient avoir.
Qu'il envoie dans les montagnes des députés pour qu'on apporte à Saragosse toutes les armes qu'on aura distribuées.
Qu'il fasse faire, par la municipalité, l'Audience (c'est-à-dire le tribunal d'appel) et le Chapitre , des proclamations imprimées à 4,000 exemplaires, dans lesquelles ils déclarent qu'ils reviennent de leur erreur, qu'ils voient le funeste effet des mauvais conseils, qu'ils doivent jurer obéissance à leur nouveau roi, dont l'avènement a été proclamé par le conseil de Castille.
Il fera en sorte que, dans une séance solennelle, l'évêque, les curés, le Chapitre, l'Audience, la municipalité, prêtent le serment de fidélité à leur nouveau Roi, et qu'une députation de l'Audience, de la municipalité et des principales villes se rende sur-le-champ à Bayonne, pour implorer le Roi, et demander leur grâce, pour qu'ils ne soient point traités comme pays de conquête.
Quoique toutes ces pièces aient déjà été envoyées au général Lefebvre, il faut envoyer encore une copie de chacune d'elles, et qu'il veille à ce que tout soit promptement imprimé.
Vous donnerez les mêmes ordres au maréchal Bessières pour l'Audience de Valladolid. La députation de la municipalité doit être en route. Mais il est nécessaire que les proclamations de la junte de Castille et du Roi soient imprimées à 2,000 exemplaires et répandues partout.
Que l'évêque, les curés, les couvents et l'Audience aient à prêter leur serment.
Il est nécessaire que vous fassiez partir également, en
toute diligence, un officier d'artillerie pour prendre le commandement du fort
de Saragosse, et le capitaine du génie Combes, employé à la place
de Bayonne, pour faire exécuter les fortifications qu'aura tracées le colonel
Lacoste et faire mettre le château dans un état respectable.
Vous ordonnerez au général d'Agoult de tenir prêts trois des plus gros mortiers avec 600 bombes, pour envoyer au château de Saragosse, et pouvoir, par l'aspect de cette batterie, contenir la ville. Il n'enverra cet armement qu'autant que le colonel Lacoste le fera demander.
Expédiez sur-le-champ un officier au général Lefebvre.
Bayonne, 17 juin 1808
DÉCISION.
Le général Clarke, ministre de la guerre, expose que plusieurs corps de l'armée de réserve ont, à la suite de leur 5e bataillon, des officiers qui, d'après la nouvelle organisation, appartiennent au 4e bataillon. |
Les laisser à la suite des dépôts pendant deux mois pour exercer les conscrits. En dresser, pendant ce temps, des états et me les envoyer. Je donnerai des ordres. |
Bayonne, 17 juin 1808
Au prince de Cambacérès, archichancelier de l'Empire
Je reçois votre lettre du 13. L'interrogatoire de Florent-Guyot et de Jacquemont m'a frappé; prenez-en, je vous prie, connaissance Cette affaire mérite d'être suivie. Jacquemont nie tout, non seulement ce que dit Malet, mais encore ce que dit Florent-Guyot. Cet homme trempe visiblement dans un complot. Je suppose que vous n'aviez pas connaissance de ces interrogatoires avant votre lettre du 13. Je vous prie de faire une enquête sur les personnes que voyaient journellement ce Jacquemont. Faites venir le préfet de police et témoignez lui ma satisfaction de l'activité qu'il met dans la poursuite de ce complot. Recommandez-lui, indépendamment de ce qu'il m'écrit, de vous rendre compte tous les jours, et dirigez-le par vos conseils et votre prudence. Il est nécessaire que vous parliez de toutes ces affaires au conseiller d'État Pelet... (la suite est publiée dans la Correspondance - ci-après)
(Lecestre)
Bayonne, 17 juin 1808
Au prince Cambacérès, archichancelier de l'empire, à Paris
Mon Cousin, on m'assure qu'on tient chez Fouché les propos les plus extravagants. Depuis les bruits sur le divorce, on dit qu'on en parle toujours dans son salon, quoique je lui aie fait connaître dix fois mon opinion là-dessus. Le résultat de tout cela est de déconsidérer le souverain , et de jeter du vague dans les esprits. Prenez des informations, et, si cela est, parlez-en à Fouché et dites-lui qu'il est temps qu'on finisse de s'occuper de cette matière-là , et qu'on est scandalisé de voir la suite qu'il y met. Est-il étonnant, après cela, que des hommes comme Florent Guyot, Jacquemont et autres, sur ces hypothèses , commencent à tramer des complots ? Ce n'est pas que j'aie le moindre doute sur la fidélité de Fouché, mais je redoute la légèreté de sa tête, qui, en propageant ces idées, en fait naître d'autres et des projets que, par métier, ensuite il est obligé de réprimer.
Bayonne, 17 juin 1808
A M. Fouché, ministre de la police générale,à Paris
Je reçois votre lettre du 13 juin. Les interrogatoires de Jacquemont et de Florent-Guyot m'ont fort surpris. Je suis loin de n'y voir comme vous rien de nouveau : j'y vois évidemment un complot dont l'un et l'autre sont. Quelle est la société que fréquentent individus ? Benjamin Constant doit être là dedans. Cette canaille sera-t-elle toujours protégée à Paris ?
Dans vos derniers numéros, vous me parliez encore de divorce. Ce sont ces conversations qui alarment l'opinion et font naître le trouble dans le pays le plus tranquille du monde. Si chacun donnait l'exemple de faire son devoir et ne faisait que cela, beaucoup de choses n'arriveraient pas.
Je ne soupçonne pas Garat; mais c'est une tête si faible, et qui est mise à de si rudes épreuves dans les conversations que vous avez ensemble, qu'il ne serait pas étonnant qu'il se lançât dans de fausses démarches et qu'il finît par se trouver compromis.
Je sais gré au préfet de police de suivre vivement cette affaire. Vous me direz que tout cela n'est pas dangereux. Sans doute; mais dois-je donc m'attendre à ce que les personnes pour lesquelles j'ai témoigné le plus d'égards, soient les premières à ébranler la fidélité que me doit la nation ? Quels qu'ils soient, ils n'y réussiront pas, et ils n'entraîneront que leur ruine.
Au reste, quand il sera prouvé qu'ils sont coupables, je ne veux exercer d'autre vengeance que celle de les faire connaître à la nation pour les marquer du sceau d'un éternel opprobre. On ne peut pas regarder comme des conversations philosophiques ces conversations avec des hommes tarés et aussi peu philosophes que Malet, Guillet et autres généraux, tous gens d'exécution. Ce n'est plus de l'idéologie, mais une véritable conspiration.
Où est et que fait La Fayette ?
Je ne reçois pas de bulletins de police. C'est d'une négligence inexcusable. Vous ne me parlez pas d'un rassemblement de 30 individus armés, qui, dans le département de Maine-et-Loire, ont attaqué une caserne de gendarmerie et ont fait là une fusillade d'une heure. Comme affaire de police, cette affaire est pourtant d'une assez grande importance.
(Lecestre)
Bayonne, 18 juin 1808
DÉCISION
Le général Clarke, ministre de la guerre, rend compte de la formation, par le maréchal Kellerman, dans chaque dépôt de grenadiers ou carabiniers et voltigeurs, choisis parmi les plus beaux conscrits de 1809. Ces grenadiers et voltigeurs surnuméraires ne reçoivent aucune haute paye, continuent à faire partie de leurs compagnies respectives, mais ils sont réunis deux fois par semaine, par bataillon, pour être exercés. Le maréchal a fait donner provisoirement aux grenadiers des briquets étrangers, qui rentreront aux arsenaux au premier ordre. |
Cette mesure est mauvaise; surtout de leur donner des briquets; des briquets sont inutiles. Il ne s'agit pas d'avoir de beaux hommes, mais de les bien former. Si, pour cette fois, cela est fait, le laisser. Qu'il vous envoie l'état des détachements qui doivent renforcer les compagnies du général Oudinot. Jetez un coup d'oeil sur ce corps et proposez-moi des mesures pour porter chaque compagnie à 140 hommes |
Bayonne, 18 juin 1808
Au général Clarke, ministre de la guerre
Je reçois votre lettre du 13 juin, sur Flessingue. Vous m'interrogez sur sept questions.
Vous me proposez d'augmenter de quarante bouches à feu l'armement de Flessingue; je ne le crois pas nécessaire. Il y a à Flessingue plus de canons qu'il n'en faut, puisqu'il y en a soixante et dix pièces d'un calibre supérieur à 12. Vous avez bien fait d'y envoyer cinq mortiers de 12 pouces. Il me paraît qu'il y a suffisamment de projectiles. 20,000 boulets pour trente-huit pièces sont suffisants. Il faudrait seulement envoyer quelques boulets de 12. Six cents milliers de poudre à Flessingue, c'est énorme; mais il me paraît qu'il n'y en a pas suffisamment, puisqu'il n'y en a que 72 milliers. Mettez-y 80,000 kilogrammes, ou 140 milliers, ce sera suffisant.
Une compagnie et demie d'artillerie à Flessingue suffit. L'infanterie doit fournir les hommes qui seraient nécessaires pour fournir les pièces. D'ailleurs, en cas de siège, une partie des canonniers de l'île de Cadzand doit y passer, comme, en cas de siège, il faudrait y diriger d'Anvers 50 milliers de poudre.
Quant à la proposition de former trois compagnies de canonniers stationnaires , il faut réunir à Flessingue une compagnie de vétérans et la compléter à 120 hommes, en la maintenant toujours à ce complet, avec des hommes étrangers à la Belgique. Ces gens se façonneront au climat. Il faut aussi lever une compagnie de canonniers gardes nationales, non payés comme cela est d'usage dans les villes de Hollande, qui sera forte de 140 hommes , qu'on fera exercer tous les dimanches, et qu'on fera venir en cas d'alerte. Il faut enfin organiser une compagnie des garde-côtes de 140 hommes dans l'île.
Quant à la demande d'élever des ouvrages en terre à Breskens , et à l'établissement d'une batterie près l'emplacement d'un des forts projetés à Flessingue, j'ai répondu à ces deux questions par le décret que j'ai pris et que vous devez avoir reçu.
Bayonne, 18 juin 1808
Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre lettre du 13, sur l'organisation des pontonniers. Il parait que vous me proposez d'augmenter les dépenses de l'état-major. Mais il y aurait un moyen qui pourrait remplir mon but sans nécessiter cette dépense. Les deux bataillons de pontonniers sont égaux, chacun de huit compagnies; il faudrait composer celui qui doit faire le service sur le Rhin de douze compagnies, et celui d'Italie de quatre. On n'augmenterait pas la dépense et on atteindrait le but que je me propose.
Bayonne, 18 juin 1808
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre du 14 juin. J'attends avec impatience le premier interrogatoire de Prégent. J'ai vu avec plaisir l'arrestation de Lemée débarqué sur les côtes de Saint-Malo. Je n'ai pas encore reçu aujourd'hui le bulletin de police, je ne puis comprendre d'où vient ce changement.
(Brotonne)
Bayonne, 18 juin 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Bayonne
Mon Cousin, donnez l'ordre au général Verdier de faire venir de Logrono à Vitoria le tailleur chef de l'émeute de cette ville. Il nommera une commission militaire pour le juger et le faire fusilier au milieu de la place. Il fera imprimer sa sentence.
(Brotonne)
Bayonne, 18 juin 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Bayonne
Mon Cousin vous trouverez ci-joint un rapport du ministre Dejean. Je crois qu'il ne faut point faire venir les souliers de Paris, mais les faire faire à Bordeaux et à Bayonne. Il faut donc commander dans ces deux villes la quantité nécessaire pour compléter les deux paires de souliers que j'accorde en gratification et selon le rapport du ministre. Les chemises doivent être faites également à Bayonne et à Bordeaux. Il est inutile de rien faire venir de Paris. Faites-vous faire par l'ordonnateur un rapport de tout ce qui a été envoyé à l'armée et mettez tout en train pour faire fournir la paire de souliers que j'ai accordée.
(Brotonne)
Bayonne, 18 juin 1808.
Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris.
Je ne comprends rien à cette lettre. Je me fais représenter mon ordre du 7 juin, et j'y vois que, par erreur, on a mis que la solde, vivres, etc. seraient payés par le Trésor d'Italie, au lieu de mettre par le payeur de l'armée d'Italie. Avec un peu d'attention, cette interprétation ne devait pas échapper , puisqu'il est dit plus bas que le bois, lumières, indemnité de logement, seraient payés par le pays ; il est donc évident que les premières dépenses ne devaient pas l'être. Votre lettre jettera une grande terreur en Italie. Hâtez-vous d'écrire dans ce sens. Pour mieux expliquer mon idée , j'ai pris un décret que vous recevrez.
Bayonne, 18 juin 1808
A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre du 15. Vous me dites que vous avez interrogé Préjean, et vous ne me dites rien de son interrogatoire. S'il est franc, il doit dire beaucoup de choses; s'il ne vous dit rien , c'est qu'il veut vous tromper et s'échapper. Il faut donc pousser vivement cette affaire et savoir les agents anglais qui sont à Paris et dans nos ports. Cet homme les connaît tous.
Bayonne, 18 juin 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Bayonne
Donnez l'ordre de faire partir demain matin pour Pampelune 30 canonniers des 60 qui sont à Bayonne, commandés par un officier, ou par un sergent s'il n'y a pas d'officier; tous les hommes isolés qui se trouvent à Bayonne, tous les hommes du ler régiment de la Vistule, et une compagnie de 120 hommes, habillés ou non, mais bien armés et avec des cartouches, du 2e régiment de la légion de la Vistule, de manière à faire 250 à 300 hommes. Vous donnerez le commandement de cette colonne à un officier supérieur intelligent. Vous en passerez la revue à six heures du matin. Cette colonne marchera de manière à arriver en trois jours à Pampelune.
Vous donnerez ordre au général d'Agoult de tenir les hommes non habillés de la légion de la Vistule dans la citadelle, jusqu'à ce qu'ils aient leurs habits, qui leur seront envoyés dès qu'ils arriveront à Bayonne. Dirigez les 30 canonniers sur le corps du général Lefebvre , ainsi que les hommes isolés de l'artillerie dont il a besoin pour prendre Saragosse; et lorsque Saragosse sera pris , ces 30 hommes seront destinés à tenir garnison dans le château de Saragosse. Si vous pouvez joindre à cette colonne 30 hommes des différents dépôts qui sont ici, ce ne sera que bien. Si l'on peut charger, cette nuit, 25,000 rations et 50,000 cartouches sur des mulets à bât, on le fera; sans quoi, on préparera ce convoi pour après-demain.
Bayonne, 19 juin 1808
NOTE POUR LE GÉNÉRAL SAVARY, EN MISSION A MADRID.
L'Empereur a lu la longue lettre que vous avez écrite au major général. Les dispositions qui ont été faites par le grand-duc de Berg lui paraissent bonnes.
Vous avez dû recevoir des nouvelles de Saragosse. Nos troupes serrent la ville; mais on attend quelques mortiers qui sont partis de Pampelune, pour perdre moins de monde.
L'Empereur a écrit de faire activer la marche d'une colonne qui se dirigeait sur Saragosse, parce qu'il la croyait à mi-chemin. S'il y a une faible colonne déjà avancée sur la route de Saragosse, elle pourrait continuer; cela serait utile, ne fût-ce que pour ouvrir la comamnication; mais cela n'est pas indispensable. Au 25, il y aura plus de 12,000 hommes et vingt mortiers ou obusiers ou bouches à feu devant Saragosse.
S'il y a quelque colonne en chemin , tachez de lui donner quelques obusiers et deux ou trois pièces de 12. S'il n'y en a pas, vous ne devez pas trop vous occuper de Saragosse; on en viendra à bout sans les secours de Madrid.
Il faudrait que la colonne qu'on place à Madridejos fût placée plutôt à San Clemente. Elle serait là à porté de soutenir le maréchal Moncey et de couvrir Madrid de tout ce qui pourrait venir par Albacete, qui est la communication de la Murcie, de Carthagène et d'Alicante.
Cette colonne ayant pour but d'appuyer le général Vedel, qui est envoyé à Andujar, il vous sera facile de remarquer qu'il n'y a pas plus loin de San Clemente à Andujar que de Madridejos à Andujar. Ainsi, la colonne du général Frère, placée à San Clemente, fera un appui naturel au maréchal Moncey et protégera son flanc droit, puisqu'eIle se trouve à mi-chemin de Madrid à Valence. Secondement, elle couvrira Madrid de tout ce qui pourrait venir de Murcie, Carthagène et Alicante. Enfin elle est également en position de soutenir le général Dupont et le général Vedel. Il faut laisser le général Frère maître de se porter sur Albacete pour dissiper les rassemblements qui pourraient s'y former, et de marcher sur les rebelles de Murcie ou Carthagène qui voudraient inquiéter les derrières du maréchal Moncey.
Enfin, quand on aura des nouvelles satisfaisantes du général Dupont, et qu'on aura lieu de croire que le général Vedel lui suffise, le général Frère pourra se porter sur Valence ou bien servir d'avant-garde pour marcher sur Carthagène, pendant que le maréchal Moncey s'avancera par Alicante.
Le général Duhesme a gardé tous les corps qu'il avait en Catalogne , où il attaque les rebelles, les désarme et leur fait porter la faute de leur révolte.
L'Empereur juge que ce n'est pas assez de rendre les autorités responsables; il faut sans doute les rendre responsables, mais il faut leur en donner les moyens. Pour cela, il faut désarmer et former quatre compagnies des gardes nationales des plus recommandables du pays, pour appuyer les alcades et maintenir la tranquillité; ceux-là seront responsables s'ils ne la maintiennent pas. A cette responsabilité des plus considérables de chaque ville on joindra celle des évêques, des couvents. C'est ainsi qu'en France la tranquillité publique a pu être maintenue. Sans eux, la France fût tombée dès 1789 dans la plus horrible anarchie.
Voilà ce que l'Empereur eût désiré qu'on eût fait à Tolède, à Aranjuez, à Ségovie et partout ailleurs. Comme Aranjuez est une petite ville, on aurait pu former quatre compagnies de 50 hommes.
Bayonne, 19 juin 1808
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, dans une lettre au directeur de l'administration de la guerre, dont je vous envoie copie, on a mis par erreur Trésor du royaume d'Italie, au lieu de mettre payeur de l'armée d'Italie; il était facile de remarquer que, puisque le bois, lumières, etc., doivent être payés par le pays, les premières dépenses ne doivent pas l'être. Quoi qu'il en soit, vous aurez eu une belle épouvante; je m'empresse de vous rassurer.
La solde, l'habillement et la nourriture de ces troupes doivent être payés par le trésor de France ; le casernement, le bois , les lumières seront seuls payés par les États de Rome et d'Ancône.
Bayonne, 19 juin 1808
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois vos différents états de l'armée italienne au 31 mai. Le nouveau 70 régiment de ligne, ou le régiment du Pape, n'y est pas compris. Les trois départements d'Ancône y sont considérés comme étrangers, puisque les troupes qui s'y trouvent sont portées comme hors du royaume. Les six régiments de ligne sont portés pour un effectif de 15,200 hommes. Il faut me faire connaître combien il y a d'hommes à réformer et combien il y en a en état de faire la guerre. Comme le complet de guerre est de 19,400 hommes, il manquerait donc 4,200 hommes pour le complet. Les trois régiments d'infanterie légère ont 7,500 hommes ; ils devraient avoir, au complet, 9,600 hommes; il manquerait donc 2,100 hommes , et, pour compléter tous les régiments d'infanterie, 6,300 hommes.
Les quatre régiments de cavalerie font 2,900 hommes ; ils devraient avoir, au complet , 4,000 hommes; il manque donc 1,100 hommes. Ainsi c'est 7,400 hommes qu'il faut pour compléter l'armée italienne. Si vous y joignez ce qui manque pour compléter le régiment formé des troupes du Pape, il faut porter le nombre des hommes manquants à 10,000 hommes.
Dans la conscription que je vois que vous avez levée sont compris les hommes qui avaient vingt ans au 1er janvier 1808, c'est-à-dire nés dans l'année 1788. Ne pourrait-on pas appeler les 10,000 hommes nécessaires parmi les hommes nés en 1789 , et ayant vingt ans au 1er janvier 1809 ? Occupez-vous de ce projet; bien entendu que cet appel ne se fera qu'après la récolte. Si mon armée devait entrer en campagne au mois de septembre, voyons ce qu'elle pourra. fournir.
Garde royale. Infanterie : le 3e bataillon de vélites, 600 hommes; je ne compte ni celui qui est en Espagne, ni celui qui est à Zara; le ler bataillon de la Garde royale qui est à Milan, 600 hommes; total, 1,200 hommes d'infanterie. Cavalerie : dragons de la Garde , 400 hommes. Artillerie, 100; train d'artillerie, attelant huit pièces de canon , 100. Total de ce que peut fournir la Garde royale, infanterie, cavalerie, artillerie, 1,800 hommes.
Infanterie de ligne. Le ler régiment d'infanterie de ligne pourrait fournir quatre bataillons de six compagnies chacun, formant, présents sous les armes, 2,400 hommes; le 26 régiment pourrait fournir le 4e bataillon de six compagnies, formant 600 hommes; le reste est en Espagne et à Corfou; le 3e régiment pourrait fournir trois bataillons, chacun de 600 hommes, 1,800; le 4e pourrait fournir également trois bataillons, le reste étant en Espagne, 1,800; le 5e pourrait fournir un bataillon de 600 hommes; le 6e pourrait également fournir un bataillon de 600 hommes, qu'on ferait venir de l'île d'Elbe; le 7e pourrait fournir deux bataillons, 1,200 hommes; total, quinze bataillons ou 9,000 hommes d'infanterie.
Infanterie légère. Le ler d'infanterie légère pourrait fournir quatre bataillons, formant 2,400 hommes; le 2e, également, 2,400; le 3e, deux bataillons, 1,200 hommes; total, 6,000 hommes.
Total général de l'infanterie, 15,000 hommes.
La cavalerie pourrait fournir, savoir : les chasseurs royaux italiens , trois escadrons de 200 hommes chacun, 600 hommes; le 2e régiment de chasseurs, un escadron de 200 hommes; les dragons de la Reine, trois escadrons , 600 hommes; les dragons Napoléon, trois escadrons, 600 hommes; total, 2,000.
L'artillerie pourrait fournir à l'armée active, savoir : l'artillerie à pied, 800 hommes ; l'artillerie à cheval, 600 hommes ; total , 1,400 hommes.
Les sapeurs pourraient fournir .....
Le total de l'armée active italienne serait donc : infanterie, 16,200 hommes; cavalerie, 2,400 ; artillerie, 1,600; sapeurs ..... total, 20,200 hommes. Ce qui pourrait former une division de cavalerie de trois régiments et deux divisions d'infanterie; ce qui exigera trente-six pièces de canon.
Indépendamment de cela, les dépôts seront remplis de conscrits, pour garder les places fortes et réparer les pertes. de la campagne.
Faites-moi un rapport sur cela, car il faut avoir, outre l'armée active, 5 ou 6,000 conscrits des dépôts pour occuper les places.
Envoyez les régiments les moins instruits au camp de Montechiaro, pour les faire travailler et les exercer. Toute la conscription de cette année est déjà arrivée ; la 27e et la 28e division militaire sont remplies de troupes qu'on habille et qu'on exerce. Je ne me presse pas de les envoyer en Italie, pour laisser passer la mauvaise saison ; mais si les circonstances le rendaient nécessaire, je réunirais en août, à Chambéry et à Genève, de fortes colonnes pour les diriger sur l'Italie. Il n'y a pas d'inconvénients de demander, dans les 27e et 28e divisions militaires , qu'on vous envoie les dépôts des armées de Naples et de Dalmatie dont vous avez les corps, car il faut que tous le 4e bataillons des corps de ces deux armées soient complétés à 7 ou 800 hommes présents sous les armes. Pour arriver à ce résultat, il faut d'abord appliquer à mon armée italienne la nouvelle organisation des régiments à cinq bataillons ou vingt-huit compagnies, et assigner à chacun des dépôts, à poste fixe , un chef-lieu de département d'où il ne sortira pas.
Bayonne, 19 juin 1808
A Louis Napoléon, roi de Hollande
Je vois que vous avez pris le deuil de la duchesse de Brunswick-OEIs. Où diable avez-vous trouvé cela ? Vous ne considérez sans doute pas cette princesse comme souveraine de Brunswick; vous ne deviez donc pas en porter le deuil. Les gens qui sont autour de vous n'entendent rien aux convenances et vous font faire tous les jours de nouvelles gaucheries. Je ne sais pas si cela était en usage dans la cour du stathouder; mais l'exemple de la cour du stathouder ne peut faire loi pour la cour d'un roi, et d'un roi français.
(Lecestre)
Bayonne, 20 juin 1808
A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre du 14 avec le bulletin du 11. J'avais espéré que Préjean donnerait quelques renseignements importants. Il faut lui faire faire son journal jour par jour, avec l'indication des endroit, où il a été dîner et coucher. J'ai peine à croire que les affaires soient si claires qu'il le dit. Il faut qu'il fasse des déclarations sincères, qui nous fassent connaître les agents anglais sur nos côtes et à Paris. S'il a vu ce Puisaye depuis son arrivée en France et que Puisaye n'en ait rien dit, il est très coupable, et il faut sévir contre lui. Ce sont des hommes toujours prêts à nous trahir. J'attends le rapport que vous me ferez.
(Lecestre)
Bayonne, 20 juin 1808
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre du 14 avec le bulletin du 11. J'avais espéré que Prégent donnerait quelques renseignements importants. Lui faire faire son journal jour par jour et les endroits où il a été dîner et coucher. J'ai peine à croire que les affaires soient si claires qu'il le dit. Il faut qu'il nous fasse connaître les agents anglais sur nos côtes et à Paris. S'il a vu ce Puisaye depuis son arrivée en France et que Puisaye n'en ait rien dit, il est très coupable. Il faut sévir contre tous ces fous d'hommes toujours prêts à nous trahir. J'attends le rapport que vous me ferez (voir le texte un peu différent ci-dessus).
(Brotonne)
Bayonne, 20 juin 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Bayonne
Mon Cousin, écrivez au roi de Westphalie pour demander que les hommes des 1er et 4e régiments westphaliens qui sont à Magdebourg, qui ont assassiné des Français, soient sévèrement punis. Faites lui connaître qu'il doit donner un meilleur esprit à ses troupes, et que s'il lève des troupes pour assassiner les Français, nous aurons fait là une belle emplette. Demandez un rapport sur le
Bayonne, 20 juin 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Bayonne
Mon Cousin, vous donnerez l'ordre au colonel Piré, votre aide de camp, de partir demain à trois heures du matin avec le 9e escadron de marche, le 3e régiment d'infanterie de la Vistule et deux pièces de canon. Lorsque sa colonne sera en marche, il prendra le devant et arrivera le même jour à Saint-Jean-Pied-de-Port. Il fera choisir là, de concert avec le général Lamartillière, les gardes nationales de bonne volonté, en supposant que toutes ne le soient pas, dont il formera un bataillon de six compagnies sous le commandement d'un chef de bataillon; si tous les 1,200 hommes sont de bonne volonté, il prendra ces 1,200 hommes sous son commandement et les fera partir le 22 pour Pampelune. Si les gardes nationales marchent tout entières, il en fera deux bataillons de 600 hommes chacun, ce qui lui fera quatre bataillons, 100 hommes de cavalerie et deux pièces de cation. Arrivé à Pampelune, il fera armer à neuf les gardes nationales avec des fusils espagnols. Avant qu'il soit arrivé à Pampelune , il recevra des ordres sur le lieu où il devra se porter.
Il aura soin qu'avant de partir de Bayonne les Polonais aient leurs cinquante cartouches par homme, de même que la garde nationale avant de partir de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Vous écrirez au général Lamartillière que, si les 1,200 hommes de gardes nationales veulent partir, je le verrai avec plaisir; qu'il peut leur donner l'assurance qu'elles sont destinées à occuper Pampelune jusqu'à la prise de Saragosse, et que, lorsque Saragosse sera pris, elles reviendront en France par le plus court chemin, et que les remplaçants continueront à avoir leur haute paye comme à l'ordinaire. Quant au général Lamartillière, immédiatement après que cette colonne sera partie , il retournera à Pau pour y recevoir les autres colonnes.
Bayonne, 20 juin 1808
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Faites partir de Mantoue les deux bataillons du 2e régiment napolitain. Dirigez-les par le plus court chemin sur Avignon. Chacun de ces bataillons laissera une compagnie au dépôt. Vous pourrez y joindre tout ce qu'il y a de disponible du 11e de ligne. Voyez si la route la plus courte est de les faire passer par la rivière de Gênes ou par Grenoble. Faites partir également un escadron du 9e régiment de chasseurs à cheval napolitain pour Avignon, en le complétant à 200 hommes. Je vois que vous avez beaucoup de troupes à Mestre et à Monselice. Je crains que ce pays ne soit malsain. Il faut placer les dépôts de l'armée de Dalmatie dans les lieux sains. Voilà le temps de la mauvaise saison ; éloignez les troupes françaises de tous les bas pays.
Bayonne, 21 juin 1808
A M. Dubois, préfet de police
J'ai reçu les interrogatoires du 16. Je suis loin de trouver que vous ayez fait arrêter le sieur Jacquemont légèrement. Il peut être innocent; mais son interrogatoire est celui d'un criminel. Continuez à suivre cette affaire avec la plus grande activité, en marchant toujours avec les indices et jamais avant.
(Lecestre)
Bayonne, 21 juin 1808
A M. Fouché, ministre de la police générale
J'ai lu avec grande attention votre bulletin du 16 juin. Il me semble qu'il compromet Mme Janne (?) et M. et Mme Fortin.
Préjean doit vous donner des renseignements positifs sur ce qui se passe à Londres et sur les agents qu'on envoie. Qu'est-ce que le due d'Orléans a été faire du côté de Malte, et le duc d'Angoulême du côté de la Suède ?
Envoyez-moi tous les originaux des papiers saisis sur Préjean, avec des notes pour mon intelligence. Faites-moi connaître ce que c'est que Préjean; qu'est-il de son métier ?
(Lecestre)
Bayonne, 21 juin 1808
A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Bayonne
Monsieur de Champagny, répondez au ministre d'Amérique que vous ne savez pas ce qu'il veut dire sur l'occupation des Florides , et que les Américains, étant en paix avec les Espagnols, ne peuvent occuper les Florides sans la permission ou la demande du roi d'Espagne.
Bayonne, 21 juin 1808
A Frédéric-Auguste, roi de Saxe, à Dresde
J'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 5 juin. J'ai vu avec plaisir qu'elle avait été satisfaite des derniers arrangements qui ont eu lieu ici. Je désire qu'elle reste intimement persuadée que mon désir est de lui donner, dans toutes les circonstances, des preuves de l'intérêt que je lui porte et de la singulière estime qu'elle m'a inspirée.
Bayonne, 21 juin 1808
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon fils, je vous envoie une lettre que m'écrit le ministre de la marine. Vous devez en sentir l'importance. Accordez ce million, et faites transporter sur-le-champ ces bois à Venise; car ce serait une perte irréparable, que la perte d'un million de pieds cubes de bois.
(Prince Eugène)
Bayonne, 22 juin 1808
Au maréchal Berthier, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée
Le ministre du roi de Westphalie a fait une circulaire en date du 3 juin, qui est la chose la plus avilissante pour l'armée française. Écrivez au roi qu'il ait à la faire rapporter sur-le-champ, et que mon intention est que les commandants français jouissent de toute la dignité de leur rang dans ses États. Il est ridicule que les commandants français soient obligés de s'en rapporter aux commandants westphaliens, c'est-à-dire à des hommes qui étaient naguère nos ennemis et qui avaient les armes à la main contre nous, pour veiller au bien-être de nos soldats. Dites au roi que le colonel Morio, dans lequel je n'ai aucune confiance, ne saurait être le chef d'état-major de l'armée française; que cet officier n'a ni tête ni sens. Que veut dire cette subordination des militaires français envers les militaires westphaliens ? Ce serait tout au plus passable dans vingt ans d'ici. J'attends la réponse du roi pour savoir le parti que je dois prendre, pour maintenir la dignité due à mes troupes et à mes officiers.
(Lecestre)
Bayonne, 22 juin 1808
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
J'attends avec plaisir le mémoire de Prégent. Il faut lui demander quelles sont les lettres qu'il attendait de Londres pour décider les amis à l'aider.
Comment Prégent ne vous dit-il pas su Debar est ou non en Bretagne )
(Brotonne)
Bayonne, 23 juin 1808
A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, faites-moi une petite analyse du mémoire du sieur Mériage, pour voir si ce mémoire peut être bon à quelque chose.
Faites mettre dans les petits journaux, sous la rubrique de Vienne, beaucoup d'articles qui fassent connaître ce qui se passe chez les Serviens. Faites-moi un petit rapport sur toutes les pièces arrivées de Perse, et faites-les classer avec soin pour pouvoir les retrouver dans l'occasion.
Bayonne, 23 juin 1808
A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, le sieur Otto parle dans ses dernières dépêches d'une place forte que font construire les Autrichiens. Voilà la première fois que j'entends parler de cela. Informez-vous de l'endroit où est située cette place forte, depuis quand on y travaille. Demandez des renseignements là-dessus au sieur Andréossy.
Bayonne, 23 juin 1808
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur Decrès, le contre-maître hollandais
est arrivé. J'ai donné ordre qu'au lieu de construire 2 frégates, on travaillât
à l'un des 2 vaisseaux de 74, dont on a déjà fait les membrures. Cela
emploiera beaucoup de bois qui se pourrissent, et alors on pourra fournir au
bassin des Pyrénées la quantité de bois qu'on marque pour ce port
ordinairement. Il sera convenable alors de ne finir les 3 vaisseaux qu'en 3 ans,
et en en mettant un successivement chaque année sur le chantier jusqu'au nombre
de 3, sauf à
les mettre à l'eau dans un moment opportun. Personne ne met en discussion
qu'Anvers, le Havre et Nantes doivent être les 3 chantiers de construction de
l'empire; et que Brest, Lorient et Rochefort doivent être des ports de radoub,
et aussi des ports de construction pour des vaisseaux à 3 ponts. Le problème
est résolu pour Flessingue. Je mets en fait qu'il doit l'être facilement pour
Lr Havre et Nantes, et je pose le principe
que dans tout chantier où l' on construit des frégates de 18, et d'où on les
fait sortir sans le secours de l'art, on peut aussi faire construire un vaisseau
et le faire sortir, mais avec le
secours de l'art. J'entends par le
secours de l'art des machines
analogues aux chameaux. Les Hollandais ont imaginé les chameaux pour leur usage
et pour la localité d'Amsterdam; il faut en faire construire pour la localité
du Havre et pour celle de Nantes.
Une frégate construite au Havre sort, je crois, entièrement armée et tirant 18 pieds d'eau. Qui empêche donc de faire sortir un vaisseau qui peut être réduit à un tirant d'eau de 16 pieds ? et si le Havre ne pouvait offrir la sortie qu'à des bâtiments tirant 14 pieds d'eau, qui empêcherait qu'ils fussent allégés de 2 ou 3 pieds d'eau, en les élevant sur un chameau construit pour la localité ? Même observation pour Nantes. Depuis six ans j'ai cette idée. Si elle avait été réalisée, nous aurions aujourd'hui 6 vaisseaux de plus. Le bassin de la Loire peut alimenter Rochefort et Lorient de bois et donner le moyen de construire trois vaisseaux de 74 par an. Le bassin de la Seine également. Faites-moi un mémoire sur ces deux questions, et proposez aux ingénieurs, s'il est nécessaire d'alléger les vaisseaux pour les faire sortir du Havre et de Nantes d'imaginer la construction d'une espèce de chameau appropriée à la localité. Lorsque j'aurai fixé l'époque à laquelle j'irai à Rochefort et à Nantes, je vous y appellerai. Je vous prié d'occuper sérieusement de ces questions les officiers de génie qui ont le plus fait et lancé de vaisseaux; à ce sujet, il me semble que j'ai autorisé au Havre la construction d'écluses par où les frégates seules pourraient sortir. Je vous prie de me remettre cette décision sous les yeux. Je l'ai prise malgré moi, et je veux revenir sur cette décision. Mon intention est que les écluses aient une largeur telle que les vaisseaux puissent passer; car j'ai la conscience que je dois arriver à construire une espèce de chameau qui me permette, dans la belle saison et un temps calme, d'alléger un vaisseau et de le mettre en mer. Quant à Nantes, les frégates sortent tout armées. Je conçois difficilement ce qui peut s'opposer à la construction d'un vaisseau de 74 dans les chantiers de ce port. Mais je désire que vous stimuliez les hommes de l'art, et que l'on imagine ce qui est approprié à la localité de ces deux grandes rivières.
(Ministre de la marine)
Bayonne, 23 juin 1808
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Bayonne
Monsieur de Champagny, voyez à faire partir un chasse-marée pour Santander avec 200 exemplaires de chaque proclamation en espagnol qui ont été imprimées en remontant à de qui a paru depuis quinze jours. Ce chasse-marée nous apportera, au retour, des nouvelles de cet endroit. Il aura soin, comme de raison, de s'assurer, avant d'entrer à Santander, que nos troupes sont en possession des forts.
(Brotonne)
Bayonne, 24 juin 1808
NOTE SUR L'ETABLISSEMENT DU JURY EN WESTPHALIE.
On peut supprimer le jury d'accusation, niais il faut maintenir le jury de jugement dans son intégrité ; il le sera en France, parce que c'est une bonne chose et que la nation le désire. Je tiens à ce qu'il soit établi en Allemagne, parce que les gens éclairés le désirent aussi, et que j'ai eu mes raisons politiques pour prescrire l'établissement du jury en Westphalie. Les motifs exposés dans le mémoire de M. Siméon (ministre des cultes en Westphalie) me paraissent de nulle valeur. Je n'ai pas établi le jury en Italie, parce que je n'y ai vu aucun objet politique et que les Italiens sont trop passionnés ; mais aussitôt que le nouveau système français sera conçu, je l'adapterai de même à l'Italie.....(illisible) La discussion ni1a prouvé que ceux qui ne veulent pas du jury ne veulent pas non plus de la publicité ' ..... (illisible) Ce serait une grande erreur de croire qu'un jury d'accusation est une première instance ; il n'en est rien. Ceux qui veulent la publicité sans jury et sans appel disposent légèrement de la vie des hommes.
Bayonne, 23 juin 1808
A M. Crétet, ministre de l'intérieur, à Paris
Monsieur Cretet, je reçois votre lettre du 18 juin. Il me paraît fort nécessaire que vous ordonniez qu'on travaille au canal de Troyes (il parait qu'il y a des fonds faits pour ces travaux) , et que vous ordonniez également la démolition de la porte de la ville, afin de donner de l'occupation aux ouvriers. Il faut aussi faire travailler à Marseille. Pourquoi garder 1,200 prisonniers à Troyes, où il n'y a pas d'ouvrage, taudis qu'on pourrait les employer bien plus utilement aux travaux des canaux de l'Escaut, Napoléon et de Bourgogne ? Je n'entends pas dire qu'on ait encore pris de l'argent à la caisse d'amortissement pour ces trois canaux. Les travaux des ponts et chaussées sont menés bien lentement. Quand j'ai accordé des fonds extraordinaires si considérables, j'ai eu en vue non-seulement de faire des travaux, mais aussi d'occuper tous les bras oisifs de l'Empire. Nous voilà au milieu de la campagne, et je vois avec peine qu'aucune des mesures q ue j'ai prescrites n'aura été exécutée. Je voulais dépenser trois millions cette année à chacun des trois grands canaux, et l'on n'y aura pas dépensé 600,000 francs; j'ai accordé un million pour la route des Landes, et l'on n'y travaille pas ; il en sera de même sans doute de tous les autres travaux. Cependant nous voilà au mois de juillet, et le ler juillet est la moitié de l'année. Faites-moi un rapport qui me fasse connaître si toutes les mesures que j'ai ordonnées pour répartir des travaux dans tout l'Empire sont exécutées.
Je désire également connaître ce qu'a produit la caisse que j'ai établie en Piémont pour les travaux extraordinaires, et que vous m'en présentiez la répartition.
Bayonne, 25 juin 1808
A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, envoyez par un courrier extraordinaire, au sieur Andréossy, l'extrait de la dépêche du sieur Otto, afin qu'il vérifie si l'on fait effectivement des magasins en Bohème, et qu'il soit alerte sur les démarches de l'Autriche. Il est également nécessaire que vous écriviez à mes ministres à Stuttgart et à Dresde, pour qu'ils envoient quelqu'un voir ce qui se passe en Bohème. Enfin il faut faire une note douce à M. de Metternich, dans laquelle vous lui ferez connaître que le commerce anglais est protégé dans les États d'Autriche; que, les Américains ayant mis l'embargo dans leurs ports, les bâtiments américains qui se présentent comme venant d'Amérique n'en viennent pas, mais qu'ils viennent de Londres et ont de faux papiers; qu'il est donc convenable que les trois bâtiments américains dernièrement arrivés à Trieste soient séquestrés; que la guerre avec l'Angleterre sera perpétuelle, si on ouvre un seul débouché à son commerce. Vous enverrez la copie de cette note au sieur Andréossy. Il paraît qu'il n'est point ferme sur ce principe, et qu'il ne sait pas qu'aucun bâtiment américain chargé de denrées coloniales ne peut être reçu, parce qu'il ignore qu'il ne peut venir que d'Angleterre. Vous connaissez le système; faites-lui deux pages là- dessus. Engagez le sieur Otto à parler des armements de l'Autriche au gouvernement bavarois, pour qu'il envoie de son côté des agents sûrs sur les lieux, vu qu'il est nécessaire que je sois instruit d'avance de ce qui se ferait, non que j'aie besoin de faire venir des troupes de France, car j'ai à la Grande Armée plus de 300,000 hommes, tous Français. Et il est bon que le sieur Otto sache, pour sa gouverne, qu'au lieu que l'armée ait été diminuée, elle a été au contraire réorganisée, et que j'ai en réserve sur le Rhin toute la levée de cette année, qui, au premier bruit, porterait la Grande Armée à un tiers de plus qu'elle n'a jamais eu. Dites au sieur Otto qu'il faut se tenir sur le qui-vive et se mettre en mesure d'être instruit d'avance, et que , si l'Autriche faisait des mouvements, la Bavière devrait armer ses forteresses et veiller à ce que le château de Passau ne fût pas surpris. Du reste, vous recommanderez au sieur Andréossy de veiller sur toutes ces intrigues des Russes et des Autrichiens au sujet de la Porte, mais de n'y prendre aucune part.
Écrivez au sieur Laforest que je ne suis pas content du traité qu'il a fait; que par ce tarif notre monnaie est dépréciée et regardée comme fausse, tandis qu'elle est la meilleure ; et qu'il ne faut point laisser accréditer, par de fausses mesures , des idées qui auraient de longues conséquences à notre détriment.
Bayonne, 25 juin 1808.
Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, il faut que le bataillon de Neuchâtel ne soit plus chargé de fournir des détachements aux péniches. Les Suisses n'aiment pas à s'embarquer. Il faut faire fournir ces détachements par d'autres régiments.
Bayonne, 25 juin 1808
Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Il résulte d'un état, au ler mai, de la Grande Armée, que m'a envoyé M. Villemanzy, qu'il y a soixante et dix régiments d'infanterie légère ou de ligne qui, à un effectif de 2,520, font 176,000 hommes; qu'il y a huit régiments de grenadiers et voltigeurs de la division Oudinot qui, à un effectif de 1,680 hommes, feraient 13,400 hommes. Ainsi l'effectif de l'infanterie de la Grande Armée devrait être de 190,000 hommes ; cependant il n'est que de 156,000 hommes. Il faudrait donc 34,000 hommes pour compléter l'effectif de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie , dont 5,000 hommes pour la division Oudinot.
Faites-moi un rapport là-dessus.
Bayonne, 25 juin 1808
NOTE POUR LE PRINCE DE NEUCHATEL, MAJOR GÉNÉRAL DE LA GRANDE ARMÉE, A BAYONNE.
Expédiez un courrier au camp de Saragosse
Vous ferez connaître au général d'Agoult à Pampelune, par un courrier , que les 600 hommes de la garde nationale d'élite sont partis ce matin de Saint-Jean-Pied-de-Port et doivent arriver demain soir à Pampelune; qu'il est très-nécessaire qu'il les laisse reposer la journée du 27 ; qu'il les passe en revue, rectifie leur organisation s'il y manque quelque chose, les arme à neuf et complètement, et qu'il les fasse partir pour rejoindre la colonne du colonel Piré, sur Saragosse.
Vous lui donnerez les nouvelles de Santander, et lui direz d'envoyer des convois pour alimenter le bombardement de Saragosse.
Vous ferez connaître à Saragosse les nouvelles de Santander, et au colonel Piré la marche de cette nouvelle colonne de gardes nationales.
Vous ferez connaître également à Saragosse qu'une colonne de 2,000 hommes, partie de Madrid, doit arriver le 29 près de Saragosse. Comme il y a déjà assez de monde, il est inutile de les laisser venir jusque-là; mais il faut se mettre en communication avec cette colonne, en faire venir les quatre obusiers qu'elle amène, pour aider au bombardement, et tenir cette colonne à trois ou quatre marches, afin qu'elle soit plus à portée de retourner à Madrid aussitôt qu'il n'en sera plus besoin. Cette colonne peut ainsi rester stationnaire un ou deux jours, prendre du repos et se tenir en communication avec Saragosse, afin de retourner à grandes marches sur Madrid du montent que Saragosse sera pris.
Vous manderez au général qui commande à Pampelune que 20 milliers de poudre partis de Saint-Sébastien ont dû déjà arriver à Pampelune; qu'un convoi de soixante voitures, parti hier, arrivera le 27, et que ces mêmes voitures pourront servir pour faire un voyage sur Saragosse et y porter des munitions de guerre.
Bayonne, 25 juin 1808, six heures du soir
Au maréchal Bessières, commandant la Garde Impériale, etc., à Burgos
Mon Cousin, j'ai appris avec un véritable intérêt le bon résultat de l'affaire de Santander. Vous aurez probablement appris par le major général ce qui s'y est passé le 23. Les Anglais ont dû perdre du monde, car on a vu leurs quatre frégates hisser beaucoup de blessés.
Il y a dans ce moment devant Saragosse 14,000 hommes. Le bombardement a dû commencer aujourd'hui , et j'attends demain la nouvelle de la reddition. Le 4e et le 15e de ligne arrivent ici; ils viennent de Rennes en dix jours. Deux autres régiments arrivent de Paris. Cela fera une réserve de 8,000 hommes à la tête desquels le Roi entrera.
Il y a à Santander beaucoup d'argent; ayez soin qu'on fasse payer la contribution que j'ai ordonné de mettre ; qu'on fasse mettre le séquestre sur les biens des membres de la junte, et surtout sur les biens de l'évêché, et ordonnez qu'une députation de vingt des principaux de la province se rende à Bayonne, et que le désarmement soit fait scrupuleusement dans tous les environs. Envoyez reconnaître s'il y aurait un petit fort où l'on pourrait mettre quelques troupes à l'abri de toute insulte, car il serait bon de laisser là 8 à 900 hommes pour empêcher les Anglais de tenter d'y pénétrer; mais il faudrait pour cela que cette poignée d'hommes pût se retirer dans un petit fort et y tenir cinq ou six jours. J'espère cependant que la leçon qu'ils viennent de recevoir leur ôtera l'envie de s'insurger de nouveau. J'imagine que vous faites travailler à force à votre château de Burgos. Cela est très-important ; n'y mettez que de grosses pièces , sans y employer nos pièces de campagne, qui sont toutes nécessaires ailleurs.
Faites-moi connaître les renseignements que vous avez sur les chemins de Palencia à Léon, et de Léon à Oviedo. Il faut marcher là en force. Aussitôt que Saragosse sera pris, non-seulement le général Verdier retournera avec ce qu'il a, mais je dirigerai encore sur Burgos beaucoup d'autres troupes. Je suppose que le major général vous envoie exactement les imprimés qui se font ici, et que vous avez soin de les faire réimprimer à Burgos.
Bayonne, 25 juin 1808
Au général Savary, aide-de-camp de l'Empereur, à Madrid
Monsieur le Général Savary, vous trouverez ci-joint le septième numéro des nouvelles d'Espagne. Ayez soin qu'il soit imprimé en espagnol et répandu partout. Nous savons que les Anglais qui étaient débarqués à Santander ont perdu du monde, et qu'en s'en allant ils ont tout brûlé sur la côte.
Douze cents hommes de gardes nationales viennent de partir pour Saragosse. Il y a une véritable armée française dans l'Aragon; les troupes qui y étaient sont suffisantes cependant. Ce dont on avait besoin, c'était de quelques mortiers, qui doivent y être arrivés. Je suppose qu'aujourd'hui ou demain dix-huit bouches à feu ou obus vont soumettre cette ville. Ce que l'on pourra tirer de l'Aragon après la prise de Saragosse sera envoyé à Bessières pour conquérir la Galice et les Asturies; mais il sera alors nécessaire, pour avoir une nouvelle division, qu'on renforce le général Dupont.
Le 4e et le 15e de ligne arrivent au moment même. Il n'y a que dix jours qu'ils sont partis de Rennes. Deux bataillons de la garde de Paris arrivent demain; deux autres arrivent dans deux jours. Je vais former une belle division de réserve de vieilles troupes que je ferai rentrer avec le Roi.
Faites appuyer Moncey et Dupont.
Bayonne, 26 juin 1808
Au cardinal Fesch, Grand-Aumonier
J'ai reçu votre longue lettre du 21. J'y ai
vu trois choses 1° une lettre que vous avez écrite, et que vous n'aviez pas le
droit d'écrire, au ministre des cultes, et à laquelle il n'eût pas dû répondre.
2° l'éloge de l'abbé Proyart, que je me suis contenté d'exiler à Arras, et
que j'aurais dû tenir toute sa vie à Bicêtre pour le libelle séditieux
contre la nation et le gouvernement qu'il a osé publier;
3° l'éloge de je ne sais quel missionnaire que la police a fait arrêter à à
cause de son mauvais esprit. Je vous prie, lorsque vous m'écrirez, de prendre garde à ce que vous me dites, ou
de vous dispenser de m'écrire, et de rester bien convaincu que tous les mauvais
sujets je les ferai poursuivre, s'ils sont prêtres, avec plus de rigueur que
les
autres citoyens, parce qu'ils sont plus instruits et que leur caractère est plus
saint. Quant au reste de votre lettre, je n'y ai vu que l'effet d'une
imagination en délire, et je conseille, à vous et à tous ceux qui se créent
ainsi des monstres qui n'existent que dans leur imagination, de prendre les bains
froids. (cette dernière phrase est rayée sur la minute)
(Lecestre)
Bayonne, 26 juin 1808
A M. de Lavalette, directeur général des Postes.
Les princes d'Espagne ont reçu à Valençay beaucoup de lettres à leur adresse, venant de Bayonne, de Perpignan et de différents autres points de la frontière d'Espagne. Je vous avais cependant bien recommandé de prendre des mesures pour qu'il ne leur en arrivât pas.
(Lecestre)
Bayonne, 26 juin 1808
A M. Bigot de Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur Bigot de Préameneu, il était autrefois d'usage que lorsque les légats terminaient leur mission, ils remissent les papiers de leur légation. Faites mettre cet usage à exécution. Les actes d'un légat n'ayant rapport qu'à des affaires intérieures, tous ses papiers doivent rester dans l'intérieur.
Bayonne, 26 juin 1808.
A M. Aldini, ministre Secrétaire d'État du royaume d'Italie, résidant à Paris
Étant informé que le cardinal Caprara ne quitte Paris que par les ordres du secrétaire d'État de Rome qui n'a aucun ordre à lui donner, vous lui ferez connaître que mon intention est qu'il ne quitte pas Paris et qu'il n'envoie aucun des papiers de la légation qu'il doit remettre au ministre des cultes, selon l'usage de tous les temps.
(Brotonne)
Bayonne, 26 juin 1808
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris.
Il n'y a pas d'inconvénient d'accorder à la femme du ministre anglais Adair la permission de se rendre à Reims
(Brotonne)
Bayonne, 26 juin 1808
NOTE POUR LE MAJOR GÉNÉRAL.
.
J'avais ordonné qu'il fût levé un bataillon de gardes nationales dans le département
de l'Ariège, et que 500 fusils fussent dirigés sur Foix à cet effet. Faites
partir sur-le-champ ces 500 fusils, et demandez au préfet pourquoi ce bataillon
n'est pas levé. Écrire également dans le département de la Haute-Garonne
qu'on envoie un bataillon de gardes nationales sur la frontière.
Bayonne, 27 juin 1808
Au prince Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie
Mon Fils, j'ai nommé le major que vous m'avez proposé pour commander les Dalmates. Je désirerais les faire venir à Venise, mais il faudrait profiter d'un temps qui permit de leur faire faire ce voyage par mer, car je crains qu'ils ne désertent si on les fait venir par terre.
(Prince Eugène)
Bayonne, 27 juin 1808
Au prince Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie
Je reçois votre lettre du 20 relative aux circulaires de la cour de Rome pour empêcher les évêques de prêter serment. La manière la plus simple dans ces matières, c'est de commencer par confisquer le temporel e tous ceux qui ne prêteront pas serment. Ainsi donnez ordres aux préfets que, si les évêques n'ont pas prêté le serment à telle époque, ils fassent percevoir les revenus de leurs biens au profit de la caisse publique. Il faut ensuite appeler les évêques à Milan et traiter avec eux.
Je vous autorise à faire une tournée d'une quinzaine de jours à Ancône, Macerata, etc. Votre présence ne peut qu'y faire du bien. On n'a pas encore commencé les travaux du port d'Ancône; il paraît que Caffarelli est extrêmement lent. D'un autre coté, les ingénieurs de la marine à Venise et les autres employés se plaignent de ne pas être payés depuis le mois de décembre.
(Lecestre)
Bayonne, 27 juin 1808
Au comte de Lacépède, Grand Chancelier de la Légion d'honneur.
J'ai nommé membre de la Légion d'honneur le sieur Scosseri, maire d'Alassio, département de Montenotte. Faites connaître à ce maire que c'est en considération de la bonne conduite qu'il a tenue lorsque les Anglais ont attaqué dernièrement la baie d'Alassio.
(Brotonne)
Bayonne, 28 juin 1808
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
Du côté de Saint-Malo, une péniche qui débarquait des brigands, des chouans, a donné dans une embuscade que la police avait fait tendre. Je suis fâché que la police ne se soit pas entendue avec vous; on savait où où elle devait aborder et on aurait pu la prendre avec tous les individus qu'elle avait à bord. Voilà où nous conduit la rivalité des ministres.
(Brotonne)
Bayonne, 28 juin 1808
A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Mme de Staël a une correspondance suivie avec le nommé Gentz, et s'est laissé engager avec la clique et tripoteurs de Londres. Je désire qu'elle soit surveillée à Coppet, et que vous fassiez donner des ordres en conséquence au préfet de Genève et au commandant de la gendarmerie. Cette liaison avec cet individu ne peut être qu'au détriment de la France. Vous ferez connaître que, jusqu'à cette heure, on ne l'avait regardée que comme une folle, mais que, aujourd'hui, elle commence à entrer dans une coterie contraire à la tranquillité publique. J'ai ordonné également au ministre des relations extérieures de faire connaître cela à tous mes agents dans les cours étrangères, et de la faire surveiller dans tous les lieux où elle passera.
(Lecestre)
Bayonne, 28 juin 1808
A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Bayonne.
Mme de Staël ayant une correspondance suivie avec l'écrivain Gentz, et cette liaison ne pouvant qu'être répréhensible, mon intention est que vous fassiez connaître à mes ministres et agents en Allemagne et particulièrement à Weimar, que, cette dame venant à passer dans les États où ils résident, ils s'abstiennent de la voir et la fassent surveiller.
(Lecestre)
Bayonne, 28 juin 1808
Au général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Je n'ai reçu qu'hier votre lettre du 4; il paraît que
votre courrier est tombé malade à Kônigsberg. Vous aurez reçu ma lettre du
15. Vous trouverez ci-joint de nouvelles pièces relatives aux affaires
d'Espagne; vous les aurez lues, au reste, dans le Moniteur. Plusieurs provinces
ont levé l'étendard de la révolte; on les soumet. Cette expédition aura pour
la Russie le résultat qu'une partie de l'expédition anglaise destinée pour la
Baltique va en Amérique, et que l'autre partie va à Cadix.
J'ai vu avec peine que les Russes avaient essuyé quelques échecs dans le nord de la Finlande. Plusieurs régiments sont arrivés a Copenhague. L'expédition a été manquée pour le moment; mais tout peut facilement se faire au mois de novembre prochain. Il n'y a que quatre mois d'ici à cette époque; il n'y a donc pas de temps à perdre. Il faut que la Russie engage le Danemark à me demander de faire passer 40,000 hommes en Norvège, et que les Russes soient prêts à passer le détroit de Finlande, quand il sera gelé. On se rencontrerait en Suède, et dès lors les Anglais seraient obligés de s'en aller et déshonorés, et la Suède serait prise.
Dites à l'empereur que dans quinze jours je serai à Paris. Vous sentez qu'avant de lui parler des affaires d'Espagne, je désire savoir comment elles prendront à Saint-Pétersbourg. Vous avez dû recevoir du sieur Champagny des instructions sur le langage que vous avez à tenir. L'Espagne ne me vaudra pas plus qu'elle ne me valait. Le roi d'Espagne part après-demain d'ici pour Madrid.
Je vous envoie un article d'un journal de Vienne qui me paraît une extravagance. Montrez-le à Saint-Pétersbourg, et faites-moi connaître ce qu'on en pense.
(Lecestre)
Bayonne, 28 juin 1808
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
L'Oreste est en partance depuis trois jours. Il n'a pu charger que soixante-cinq tonneaux de farine, c'est-à-dire 1,300 quintaux. C'est toujours un mois de pain pour la colonie.
Je désire savoir combien une corvette comme la Diligente et une frégate peuvent porter de tonneaux. La . . . . . . . est prête à partir pour la Guadeloupe. La mouche n° 3 va se rendre à Cayenne. Les mouches n° 4 et 5 vont également être prêtes.
Bayonne, 27 juin 1808
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, j'ai reçu votre lettre du 20. J'attendrai la reconnaissance que vous aurez faite de la Piave pour prendre un parti sur la ligne à fortifier en Italie. Je ne pense pas que la position de la place de l'Adige soit Albaredo, mais bien vis-à-vis de Ronco, de manière à garder les débouchés des marais, et en jetant un pont sur la petite rivière d'Alpone. Mes raisons sont les mêmes que celles qui m'ont porté, en l'an IV, à jeter un pont à Ronco au lieu de le jeter à Albaredo. Si le point était à Albaredo, l'ennemi intercepterait la communication de cette nouvelle place avec Vérone en jetant un peu de monde dans le marais. Cette place doit répondre aux données suivantes : 1° un pont sur l'Adige, le plus près possible du coude du grand chemin de Vérone à Vicence; 2° un point d'où l'on puisse communiquer avec Vérone sans rencontrer aucun obstacle.
Bayonne, 27 juin 1808
Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire, à Paris
Mon Cousin, l'opinion publique accuse . . . . . . . de faire des accaparements de sucre. Je ne pense pas qu'avec sa fortune et sa place il se livre à un trafic aussi odieux, mais je désire qu'il en ôte jusqu'à l'apparence, en rompant toute association avec des hommes connus pour accapareurs.
Bayonne, 28 juin 1808.
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je crois qu'il ne faut rien contremander des mouvements de l'escadre de Brest. Les Anglais n'ont rien à faire dans cette saison que de contrarier le passage de mes convois, et tout l'été ils ont fait la même chose; mais il faut protéger, par tous les moyens, l'arrivage des convois.
Je désire qu'avant de vous jeter dans des dépenses qui seraient perdues si l'expédition de Brest n'avait pas lieu , vous me demandiez de nouveaux ordres. Je suppose que vous serez toujours à temps au 15 juillet. Les affaires d'Espagne s'étant fort gâtées depuis un mois, je ne déciderai qu'au 15 juillet si je dois détacher du continent de l'Europe des forces considérables. Je suppose que les préparatifs que vous êtes obligé de faire dès ce moment ne vous engagent point dans des dépenses perdues. Équipez des vaisseaux, terminez la construction des flûtes , faites faire des vivres pour le complément des vaisseaux, faites acheter même quelques belles flûtes; ces dépenses seront toujours utiles. Ce ne serait que la dépense d'une grande quantité de vivres que nous ne consommerions pas, qui serait sans fruit. Il me semble qu'il vous restera assez de temps, depuis le 15 juillet pour achever ces préparatifs, s'ils n'étaient pas contremandés.
Je ne suis pas sans quelque inquiétude sur l'escadre de Cadix, le général Solano ayant été assassiné par un parti autour de cette ville.
La frégate la Comète est entrée hier dans le port, tirant treize pieds et demi d'eau.
J'ai causé longtemps avec le contre-maître hollandais; voici ce qu'il m'a dit : En Hollande, les vaisseaux passent dans des endroits où il n'y a que huit pieds d'eau. S'il fallait faire passer ainsi la barre de Bayonne à un vaisseau , il ne le croit pas possible à cause de la difficulté de la manoeuvre ; mais, puisqu'une frégate l'a passée avec treize pieds et demi d'eau et qu'il ne s'agit que d'employer, pour un petit vaisseau, un petit chameau élevant d'un pied et demi, comme il y en avait en Hollande et comme il n'y en a plus aujourd'hui, il est dans l'opinion que cela est facile. Il est donc nécessaire que le sieur Sané s'abouche avec lui et que vous envoyiez des ingénieurs intelligents pour prendre les renseignements suivants auprès des constructeurs d'Amsterdam : Quelle est l'espèce de chameau la plus facile à manoeuvrer, qui tienne le moins de place ? Quel en est le plan et que devrait-il coûter, s'il ne devait avoir pour but que de faire gagner six pouces à un vaisseau de 74 ? Que devrait-il coûter s'il lui faisait gagner un pied ? Combien coûterait-il s'il en faisait gagner deux, trois, quatre et sept pieds ? Et quand tous ces plants seront faits , on pourra juger les cas où l'on peut se servir de ces moyens. Les vaisseaux tels que l'on en construit à Anvers peuvent, je crois, être allégés à seize pieds; il ne s'agirait donc que d'élever ces vaisseaux, par le moyen d'un chameau, de deux pieds et deux pieds et demi. Le contre-maître croit que ces chameaux ne déborderaient pas de plus de six pieds de chaque côté. Enfin il est un fait : si je demandais qu'on construisît à Bayonne un vaisseau de 74 qui ne tirât que dix-huit à dix-neuf pieds d'eau, c'est-à-dire qu'on pût alléger jusqu'à ne tirer que treize pieds et demi d'eau, il est clair que le vaisseau serait fort bon; il n'y aurait qu'un inconvénient, c'est qu'il ne tiendrait pas contre le vent. Ne pourrais-je pas par des moyens factices, comme, par exemple, en y adaptant une fausse quille, lui faire franchir la passe et lui ôter cette quille ou chameau lorsqu'il serait en mer ? Quant à la barre de Bayonne, nous avons éprouvé hier que, lorsque le temps est beau, on ne la sent pas, et lorsque la mer est agitée, les bateaux disparaissent tout à fait. Hier, les bateaux-pilotes ont passé la barre sans éprouver un mouvement, on ne la sentait qu'avec la sonde, et la frégate l'a passée sans que je m'aperçusse du moment où elle l'a passée.
Occupez-vous de résoudre ces questions. Faites venir de Hollande des constructeurs de chameaux, et faites faire le plan et prendre les dimensions d'un chameau pour un vaisseau de 74 à construire sur le modèle du Pluton, dans le chantier de Bayonne. Il y trouverait de grands avantages. Le bassin de l'Adour à une grande quantité de bois qui ne sont employés qu'à Rochefort; il en coûte trop pour les transporter dans ce port, et ils pourrissent. On pourrait construire à Bayonne deux ou trois vaisseaux avec les bois des Pyrénées, et il n'y a pas de doute qu'un chameau fait avec art et allégeance de deux pieds pourra mettre ces vaisseaux hors de la barre au milieu de l'été et dans un temps propice. On les chargera ensuite suffisamment pou les mettre en état de se rendre à Rochefort ou au Passage.
Bayonne, 29 juin 1808
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur Decrès, je reçois votre lettre sur Flessingue, avec le plan de Flessingue qui y était joint. Si un convoi marchand portant 80 millions était mouillé où est mon escadre, une escadre anglaise de quatre ou cinq vaisseaux bons marcheurs ne se hasarderait pas à aller le prendre; mais, lorsqu'il y a une escadre, je ne conçois pas qu'il puisse rien y avoir à craindre. Le mouillage, où il n'y a qu'une seule ancre, n'a que 6 à 700 toises; on ne pourrait donc y mouiller qu'un petit nombre de vaisseaux, et, par conséquent, les miens auraient la supériorité, ou au moins l'égalité. Si toute l'escadre pouvait n'occuper que la place qu'occupe un seul vaisseau de ligne, au beau milieu du mouillage, elle ne pourrait pas y mouiller, car des mortiers qu'on placerait sur-le-champ sur les points du rivage le plus près n'en seraient qu'à 2,000 toises. Le nombre de ces mortiers augmenterait tous les jours, et il ne se passerait pas soixante et douze heures sans que plusieurs bombes ne tombassent à bord. Les mortiers à plaque, à grande portée, vont à 2,100 toises; avec des pièces de 36, on tirerait des obus et des boulets qui vont à 2,300 toises, et ce jeu, auquel on pourrait s'amuser continuellement pendant quinze à vingt jours ou un mois, ne serait probablement pas amusant pour les vaisseaux. Mais l'aile gauche de l'escadre devrait s'approcher de la côte de Flessingue à moins de 1,500 toises , et l'aile droite devrait s'approcher de la côte de France à 16 ou 1800 toises ; les deux ailes, à plus forte raison, souffriraient donc extrêmement. Ainsi il n'y a pas 4,000 toises d'une rive à l'autre ; par conséquent, le point milieu n'est pas éloigné de 2,000 toises. Si on place seulement trois vaisseaux, celui de droite et celui de gauche ne seront pas éloignés de plus de 18 à 1900 toises ; si on en place cinq, les vaisseaux des deux ailes ne seront plus éloignés de la côte que de 16 à 1700 toises. Je tiens pour impossible de mettre un vaisseau ; je tiens pour absurde d'en mettre cinq. Je me garderai donc bien d'employer mon argent à construire les forts que propose le général Missiessy : ils sont de toute inutilité. Enfin, si l'ennemi osait mouiller dans les positions indiquées, nous aurions pour nous les brûlots et tous les avantages d'une terre amie. Je crois donc fort inutile de s'occuper même de cette idée et de placer des mortiers sur la côte. Il suffit d'en avoir à Flessingue et à Breskens, pour les porter suivant les circonstances. Avec les batteries de Flessingue et la batterie,du signal de Breskens, il est impossible à une escadre d'entrer dans l'Escaut. L'escadre n'y entrerait pas si c'était un détroit de 2,000 toises, c'est-à-dire si, après avoir passé 2,000 toises, elle se trouvait de l'autre côté en pleine mer. Elle recevrait tant de coups de canon de la batterie placée au signal de Wulpen, de celle placée au signal de Breskens, d'une autre qui serait placée à la sortie du détroit, et de trois autres qui seraient vis-à-vis de l'île de Walcheren, que l'escadre serait désemparée , passerait cependant avec un beau temps , mais aurait des mâts cassés, aurait des avaries considérables et ne serait bonne, au sortir de là, qu'à aller dans une rade pour se raccommoder. Toute la défense de l'escadre se réduit donc à une batterie près le signal de Wulpen, et à une énorme batterie près Breskens, aux batteries de Flessingue et à celle de la maison de Nolle. Il faut voir le ministre de la guerre, et veiller vous-même à ce que cette batterie de Breskens existe avant la fin de juillet, et qu'elle existe dans la quantité que j'ai décidée. Il n'y a absolument que cela à faire.
Faites-moi aussi connaître quand l'escadre se rendra dans la rade de Flessingue. Elle est là en appareillage et menacera l'ennemi.
Bayonne, 29 juin 1808
A M. Fouché, ministre de la police générale
Je reçois votre lettre du 26. Les changements faits au conseil de police sont irréguliers; vous ne deviez pas les faire sans mon ordre.
J'ai lu avec attention tous les interrogatoires que m'a envoyés le préfet de police; ils me paraissent importants. Mais on le calomnie, lorsqu'on dit qu'il attaque le Sénat. Il n'y a pas, dans ce qu'il m'a envoyé, un mot qui compromette un seul sénateur. Votre devoir est de soutenir le préfet de police, et de ne pas le désavouer en accréditant de fausses rumeurs contre ce magistrat.
(Lecestre)
Bayonne, 29 juin 1808
Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire
J'ai reçu votre lettre du 26. Le rapport du préfet de police et les interrogatoires et confrontations du général Guillaume et de Gariot me paraissent très importants.
On ne peut être plus mécontent que je ne le suis de ce ministre de la police, qui laisse éclater sa haine contre le préfet de police, au lieu de le soutenir, de l'encourager et de le diriger. Le ministre cherche à jeter du blâme sur le préfet de police, en disant qu'il jette de la défaveur sur le Sénat. Il n'y a pas un mot contre le Sénat dans tout ce que m'a envoyé le préfet de police. Parlez de ma part à Pelet et à Réal. Je désire que vous souteniez dans toutes les circonstances le sieur Dubois, et que vous lui donniez des témoignages d'estime. Prévenez bien ses ennemis et ses détracteurs que je lui en donnerai moi-même des preuves d'autant plus éclatantes, qu'on voudra plus déprécier son zèle. Je juge par mon jugement et par ma raison, et non sur l'opinion des autres.
Il est certain que, depuis l'an VIII, le parti anarchiste n'a cessé de tramer en France une conspiration sourde. J'ai constamment pardonné. Il faut faire aujourd'hui un exemple qui coupe court toutes ces machinations.
Vous qui êtes légiste, pourquoi n'avez-vous pas observé ministre de la police qu'il n'avait pas le droit de créer une nouvelle machine ? Il devait consulter les conseillers d'Etat réunis et le secrétaire général tenant la plume, mais non prendre un arrêté pour la création d'un conseil de police. Les conseillers d'État, qui connaissent les formes, eussent dû se refuser à ces fonctions, puisque cette nouvelle machine ne pouvait être créée que par mon autorisation.
(Lecestre)
Bayonne, 29 juin 1808
ORDRES DICTÉS AU PRINCE DE NEUCHATEL, MAJOR GÉNÉRAL, A BAYONNE.
Ordre au général de division Reille de partir sur-le-champ pour se rendre à Perpignan; porter de là son quartier général à Bellegarde, y prendre le commandement, réunir les régiments de lanciers avec sa cavalerie, tous les bataillons de la réserve de garde nationales de la Haute-Garonne, des Pyrénées-Orientales, et tâcher de communiquer avec Figuières pour ravitailler cette place et y faire entrer un convoi de biscuit. Lui donner l'état de toutes les troupe arrivées ou qui vont arriver. L'autoriser à lever un plus grand nombre de gardes nationales en se concertant avec le préfet.
Ordre au bataillon de Paris de partir à trois heures du matin pour aller coucher demain à Irun et rejoindre à Tolosa.
Ordre au 15e régiment d'aller coucher demain à Tolosa.
Ordre au 4e d'infanterie légère de marcher sur Vitoria.
Ordre, s'il est possible , que deux pièces de 4 partent avec le bataillon de Paris, de sorte que cette division, composée de cinq bataillons, aurait six pièces de canon.
Bayonne, 29 juin 1808
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon fils, vous me demandez la réunion d’une partie de la Toscane au département du Rubicon. On désire en France la réunion d'une partie du département du Crostolo au territoire de la Spezzia. Envoyez-moi un mémoire, avec une carte et un projet de décret, qui décide ces questions et me fasse connaître l'étendue et la population de chaque partie. Faites en sorte que le mémoire, la carte et le décret soient si clairs, que je n'aie qu'à signer.
(Prince Eugène)
Marracq, 30 juin 1808
ORDRES AU PRINCE DE NEUCHATEL, MAJOR GÉNÉRAL, A BAYONNE.
Le major général écrira au général Verdier qu'il a mis sous les yeux de l'Empereur sa lettre du 28. Sa Majesté a vu avec plaisir que l'ennemi était rejeté dans la place.
Il serait important d'établir une traille ou de transporter dans la rivière une ou deux barques , de manière à avoir un passage de la rive droite à la rive gauche, de faire alors construire sur la rive gauche une tête de pont ou redoute au lieu où cette traille sera établie, ou vis-à-vis un gué s'il y en a un, le plus près possible de la ville, hors cependant de la portée du canon. 4 ou 500 hommes et deux ou trois pièces de canon dans cette redoute seront maîtres de la rive gauche, seront protégés par la redoute et par trois ou quatre pièces de canon établies sur la rive droite. De là on pourra partir pour attaquer le faubourg et s'emparer du débouché du pont, et bloquer entièrement Saragosse.
On pourrait, au moment de l'attaque, affaiblir la colonne sur
la rive gauche autant qu'on voudrait, parce que la redoute lui servirait de
refuge et qu'on aurait eu soin de construire une redoute sur la
rive gauche du débouché du pont.
Il faut recommander au général Verdier de ne point disséminer ses moyens. Le projet de marcher sur un couvent pour s'y loger est le véritable projet. Plusieurs autres travaux peuvent être faits comme contre-attaque et pour partager' l'attention de l'ennemi.
Il faut tirer les bombes et obusiers à très-grande distance, à 200 toises des remparts. Une fois qu'on sera bien logé dans un couvent, s'ils ne se rendent pas, il faudra profiter des circonstances pour mettre le feu et continuer alors un vigoureux bombardement.
Il est bien à désirer que la reddition de Saragosse soit prompte; il paraît que cet événement aura une très-grande influence sur la soumission de toute l'Espagne.
Ce qui doit contribuer davantage à faire rendre Saragosse, c'est de voir que leur retraite est coupée. Au défaut de pont , il est donc bien important d'établir une tête de pont sur la rive gauche et un moyen quelconque de passage; cela équivaut alors à un pont. En effet, si faible que soit la colonne qui sera sur la rive gauche, au moment qu'on attaquera sur la rive droite, elle n'a jamais rien à craindre si elle a quelques centaines de chevaux. En supposant même qu'elle soit forcée dans ses retranchements vis-à-vis du pont, elle peut toujours gagner la tête de pont ou la redoute qui couvre le gué; la cavalerie empêchera l'ennemi de l'inquiéter.
Bayonne, 30 juin 1808
Au général Walther, commandant les grenadiers à cheval de la Garde, à Paris
J'approuve que les hommes arrivant pour les dragons, qui seraient d'une taille propre aux grenadiers, leur habillement soit suspendu et que leur signalement me soit envoyé, pour que je donne l'ordre.
Faites réformer tous les hommes, dans les fusiliers de ma Garde, qui seraient hors de service, et faites partir les autres pour compléter le bataillon qui est à Bayonne.
Allez voir le roi d'Espagne à Compiègne, pour lui dire que vous avez ordre de lui donner des gardes tant qu'il voudra et entièrement à ses ordres. Effectivement, accordez-lui de l'infanterie, de la cavalerie, de la gendarmerie autant qu'il désirera.
Bayonne, 30 juin 1808
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre rapport sur les affaires du royaume
d'Italie. Comment est-il possible qu'on n'ait encore rien fait au canal de
Pavie ? Cela ne fait pas honneur à l'administration italienne. Ici je ne me
couche pas sans m'être fait rendre compte de l'état et de la progression des
travaux , et l'on en fait d'immenses. Quoique tout soit organisé en France,
rien ne va seul. Que voulez-vous que ce soit en Italie ? Comment n'a-t-on encore
rien fait au canal du Pô ? Le projet du canal de Palmanova à la mer n'est pas
encore fait. La digue de Mantoue n'a pas eu lieu. De quoi se mêle le général
Chasseloup ? J'avais ordonné cette digue en arrêtant le projet. Faites-y
travailler sur-le-champ. Il n'a encore été rien fait au chemin de Strà à
Mestre. Tout cela n'est pas satisfaisant. D'un autre côté, on m'apprend qu'il
n'y a rien de fait au port de Venise, rien au port d'Ancône. Que diable fait-on
donc en Italie ? Ne vous couchez pas sans avoir vu vous-même ce que l'on a
fait. Je reviendrai en Italie, en octobre ou en novembre, et je trouverai ces
travaux au même point où ils étaient lorsque j'en suis parti. Témoignez-en
mon mécontentement à Paradisi. Au reste, cela ne m'étonne pas en Italie, et,
si vous ne
prenez pas le parti de pousser vous-même ces ouvrages, rien ne se fera jamais.
Bayonne, 30 juin 1808
Au général comte Dejean, ministre-directeur de l'administration de la guerre, à Paris.
Monsieur Dejean, j'ai renvoyé au conseil d'État la question relative aux couleurs à choisir pour l'habillement de l'armée. Si l'on est obligé d'abandonner le bleu, pourquoi ne reviendrait-on pas au blanc ? Au reste, allez au conseil d'État, assistez à cette discussion et faites-moi connaître si vous êtes d'accord du décret qui passera.
Les effets d'équipements que vous envoyez à Bayonne y arrivent trop tard. Les époques de l'arrivée sont retardées d'un mois, de sorte que c'est comme si vous n'envoyiez rien. On est obligé d'y pourvoir ici par des dépenses extraordinaires.
(Brotonne)
Bayonne, .................
NOTE POUR LE MINISTRE DES FINANCES D'ESPAGNE
l° Une partie de la créance du sieur Michel est payée en
traites sur le Mexique; une autre partie est payée sur les caisses des
provinces d'Espagne. Je crois être certain de ce fait; je désire que le
ministre des finances me donne des explications là-dessus. Ce serait une des opérations
les plus fausses , dans des circonstances aussi critiques, que d'employer ainsi
les ressources de l'État à payer le sieur Michel,
qui a le temps d'attendre.
2° On ne m'a encore traduit que le mémoire du ministre. Je désire qu'il me le représente sous la forme d'un état, et que, pour me rendre cet état plus intelligible, il le divise en plusieurs chapitres :
Chapitre 1er. - comprenant tous les genres d'impositions quelconques, qui sont impositions personnelles ou sur les terres, telles que l'imposition de la Catalogne, etc. Chapitre IIe, toutes les impositions sur le clergé, telles que le neuvième de la dîme, etc. ; toutes les impositions diverses, telles que les croisades , etc. ; toutes les impositions indirectes, telles que les douanes , les tabacs, les sels. Ces distinctions me sont nécessaires pour que je comprenne bien la nature de chaque imposition.
Dans ce premier état , il faut comprendre toutes les impositions quelconques de l'Etat, soit qu'elles entrent au trésor, soit qu'elles entrent à la caisse de Consolidation ; mais je désire qu'il y ait à côté une colonne que vous intitulerez Cédé à la caisse de Consolidation, et qui me fasse connaître le montant de ce que chaque imposition verse à cette caisse.
Un second état récapitulera d'abord ce que la caisse de Consolidation retire des impositions, conformément à ce qui aura été établi dans l'état n° 1 dont il vient d'être parlé, et, de plus , l'énonciation de tous les autres revenus annuels qui lui sont donnés.
Je désire un troisième état qui me fasse connaître en quoi consiste la dette publique, ce que paye à ce titre, soit le trésor, soit la caisse de Consolidation, et qu'à cet état vous joigniez un raisonnement qui m'apprenne comment l'intérêt de la dette publique (soit vales on autres) est couvert par le produit des impositions versées à la caisse d'amortissement, et comment le fonds de la dette peut s'amortir par les dotations qui sont accordées comme fonds à la caisse d'amortissement. Il faut donc avoir bien soin de ne pas comprendre dans l'état précédent les fonds tels que les biens des pauvres, ceux des hôpitaux, etc., mais seulement les revenus ; ce ne serait que dans le cadre n° 4 qu'on mettrait l'indication des capitaux existant encore pour l'amortissement, tels que les biens des religieux, qui ont été remis précédemment à la disposition du trésor d'Espagne, les biens des communes, ceux des oeuvres pies, etc.
Je désire un mémoire qui me fasse connaître comment se vendent les domaines - Est-ce à l'enchère ? Quelle est la mise à prix ? Comment paye-t-on ?
Je désire enfin un cinquième état qui me fasse connaître la quantité de piastres entrées en Espagne ou dont on a disposé par traites en 1805, en 1806 et 1807, la quantité de piastres dont on a disposé pour 1808 et 1809, et ce qui reste de piastres disponibles dans les différents comptoirs des colonies pour les années antérieures, courantes et prochaines.
Comme, sans tous ces renseignements, il est impossible de proposer un bon plan de finances, il serait convenable, si le ministre ne les a pas tous par devers lui, d'écrire pour faire venir ici l'ancien ministre Spinosa et l'ancien directeur de la caisse de Consolidation, pour débrouiller ce chaos, s'assurer s'il n'y a pas eu de dilapidations de commises. Il faudrait aussi que l'administration qui a été chargée de la vente des domaines remît l'état de ce qui a été vendu , afin qu'on pût avoir le contrôle de la caisse de Consolidation et voir si son compte correspond avec ce qu'elle a réellement reçu.