1 - 15 septembre 1808
Saint-Cloud, ler septembre 1808
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Madrid
Mon Frère, je vous envoie une note sur l'état de l'armée
d'Espagne, qui prouve qu'à votre quartier général on ne connaît pas l'état de
l'armée. Vous trouverez également ci-joint l'état des corps qui sont
aujourd'hui en Espagne, sans compter les corps de Catalogne. Faites-vous rendre
compte où se trouvent les différents détachements, et procurez leur réunion.
La division Frère est composée de trois bataillons de la
2e légion de réserve. Le 1e bataillon est au corps du maréchal Bessières,
faisant partie des régiments supplémentaires il faut le réunir aux trois
premiers. Le 5e bataillon est à Bayonne il faut le faire revenir. Par ce moyen,
la division Frère aura cinq bataillons de la même légion, formant 4,000 hommes;
ce qui est toujours avantageux pour la comptabilité et pour le bien du corps.
En général, travaillez à réunir tous les corps, à faire
rejoindre tous les détachements. Ces soins sont nécessaires pour réorganiser
l'armée.
Je vous recommande de veiller à ce qu'on n'envoie l'état
de situation de l'armée tous les cinq jours, afin de voir le progrès de
l'organisation.
Paris, ler septembre 1808
RAPPORT FAIT A L'EMPEREUR PAR LE MINISTRE DES RELATIONS
EXTÉRIEURES.
(ce rapport, bien que publié au Moniteur avec la
signature de M. de Champagny, ministre des relations extérieures, peut être
considéré, comme l'oeuvre pesonnelle de Napoléon. La minute porte en effet la
trace de nonbreuses corrections de la main de l'Empereuem, wt plusisuers
passages ont été écrits entièrement sous sa dictée)
Sire, j'ai l'honneur de proposer à Votre Majesté de
communiquer au Sénat les deux traités qui ont mis la Couronne d'Espagne entre
ses Mains, celui par lequel elle en a disposé et la constitution que , sous Ses
auspices et éclairée par ses lumières, la junte, rassemblée à Bayonne, après de
mûres et libres délibérations, a adoptée pour la gloire du nom espagnol et la
prospérité de ce royaume et de ses colonies.
Si, dans les dispositions que Votre Majesté a faites, la
écurité de la France a été votre objet principal, l'intérêt de l'Espagne vous a
cependant été cher, et, en unissant les deux États par l'alliance la plus
intime, la prospérité et la gloire de l'un et de l'autre étaient également le
but que vous vous proposiez. Les troubles qui se manifestaient alors en Espagne
excitaient particulièrement la sollicitude de Votre Majesté; elle en craignait
les progrès ; elle en prévoyait les funestes conséquences. Elle espérait les
prévenir par des moyens de persuasion et par des mesures d'une sage et humaine
politique. Votre Majesté intervenait comme médiateur au milieu des Espagnols
divisés ; elle leur montrait, d'un côté, l'anarchie qui les menaçait, de
l'autre, l'Angleterre s'apprêtant à profiter de leurs divisions pour s'approprier
ce qui est à sa convenance; elle leur indiquait le port qui devait les sauver
de ce double danger, une constitution sage, prévoyante, propre à pourvoir à
tous les besoins, et dans laquelle les idées libérales se conciliaient avec les
institutions anciennes dont
l'Espagne désire la conservation.
L'attente de Votre Majesté a été trompée. Des intérêts
particuliers, les intrigues de l'étranger, son or corrupteur, ont prévalu sur
l'influence qu'il lui appartenait d'exercer. Pourquoi est-il si facile, en
déchaînant leurs passions, de conduire les peuples à leur propre ruine ? Dans
un précédent rapport, j'ai fait connaître à Votre Majesté l'influence
qu'acquéraient les Anglais en Espagne, le parti nombreux qu'ils s'étaient
formé, les amis qu'ils s'étaient faits dans les ports de commerce, surtout par
l'appât du rétablissement des relations commerciales; je les avais montrés à
Votre Majesté auteurs du mouvement qui avait renversé le trône de Charles IV,
et fauteurs des désordres populaires qui prirent naissance à cette époque. Ils
avaient brisé le frein salutaire qui, pour son intérêt, tient le peuple dans la
soumission. La populace espagnole, ayant secoué le joug de l'autorité, aspirait
à gouverner. L'or des Anglais, les intrigues des agents de l'inquisition,
qui craignaient de perdre leur empire, l'influence des moines, si nombreux en
Espagne et qui redoutaient une réforme, ont, dans ce moment de crise,
occasionné l'insurrection de plusieurs provinces espagnoles, dans lesquelles la
voix des hommes sages a été méconnue ou étouffée, et plusieurs d'entre eux
rendus victimes de leur courageuse opposition aux désordres populaires ; et on
a vu une épouvantable anarchie se répandre dans la plus grande partie de
l'Espagne. Votre Majesté permettra-t-elle que l'Angleterre puisse dire :
"L'Espagne est une de mes provinces; mon pavillon chassé de la Baltique,
des mers du Nord, du Levant et même des rivages de Perse, domine aux portes de
la France ?". Non, jamais, Sire !
Pour
prévenir tant de honte et de malheurs, deux millions de braves sont prêts, s'il
le faut, à franchir les Pyrénées , et les Anglais seront chassés de la
presqu'île.
Si les
Francais combattent pour la liberté des mers, il faut, pour la conquérir ,
commencer par arracher l'Espagne à l'influence des tyrans des mers. S'ils
combattent pour la paix, ils ne peuvent l'obtenir qu'après avoir chassé de
l'Espagne les ennemis de la paix.
Si
Votre Majesté, embrassant l'avenir comme le présent, aspire au noble but de
laisser après elle son empire calme, tranquille et environné de puissances
amies, elle doit commencer par assurer son influence sur les Espagnes.
Enfin,
si l'honneur est le premier sentiment comme le premier bien des Francais, il
faut que Votre Majesté tire une prompte vengeance des outrages faits au nom
francais et des atrocités dont un si grand nombre de nos compatriotes ont été
victimes. Des Francais établis en Espagne depuis plus de quarante ans, exercant
en paix leur utile industrie et regardant presque l'Espagne comme leur patrie,
ont été massacrés. Partout les propriétés françaises ont été enlevées. Les
agents consulaires de Votre Majesté ont éprouvé un traitement qu'ils n'auraient
point redouté dans les pays les plus barbares. De quelle estime, de quelle
considération jouirait en Europe le nom francais, si, dans un pays si voisin de
nous, des injures aussi atroces et aussi publiques restaient impunies ? Elles
doivent être vengées, mais vengées comme il convient à des Francais, par la
victoire. Ce n'est pas un faible avantage que la probabilité de rencontrer
enfin les Anglais, de les serrer corps à corps, de leur faire aussi éprouver
les maux de la guerre, de cette guerre dont ils ignorent les dangers ,
puisqu'ils ne la font qu'avec leur or. Contre eux les soldats de Votre Majesté
auront un double courage. Les Anglais seront battus, détruits, dispersés, à
moins qu'ils ne se hâtent de fuir, comme ils ont fait à Toiilon , au Helder, à
Dunkerque, en Suède et dans tous les lieux où les armées françaises ont pu les
apercevoir. Mais leur expulsion de l'Espagne sera la ruine de leur cause. Ce
dernier échec aura épuisé leurs moyens en même temps qu'anéanti leurs dernières
espérances, et la paix en deviendra plus probable. Cependant toute l'Europe
fait dans cette lutte des voeux pour la France. La France et la Russie font
cause commune contre l'Angleterre.
Le
Danemark soutient avec honneur une lutte qu'il n'a pas provoquée.
La
Suède, trahie et abandonnée par l'allié auquel un cabinet insensé l'a
sacrifiée, a déjà perdu ses plus importantes provinces et marche à cette ruine,
effet inévitable de l'alliance et de l'amitié de l'Angleterre. Tel sera le sort
des insurgés de l'Espagne.
Lorsque
la lutte sera sérieusement engagée, les Anglais abandonneront l'Espagne, après
lui avoir fait le funeste présent de la guerre civile, de la guerre étrangère
et de l'anarchie, le plus cruel des fléaux. Ce sera à la sagesse et à la
bienfaisance de Votre Majesté à réparer les maux qu'ils auront faits.
La
cour de Vienne a constamment témoigné à Votre Majesté les intentions les plus
amicales. Indignée de la politique de l'Angleterre, elle a voulu rappeler son
ministre de Londres, renvoyer le ministre anglais qui était à Vienne, fermer
ses ports à l'Angleterre et se mettre avec elle en état d'hostilité. Elle
vient d'ajouter à ces mesures en interdisant dans ses ports l'admission des
bâtiments qui, sous pavillon neutre, ne sont que les colporteurs des denrées et
des marchandises anglaises. Votre Majesté a cultivé ces dispositions
bienveillantes; elle a témoigné à la cour de Vienne amitié et confiance , et
plusieurs fois elle lui a fait connaître que la France prend à sa prospérité un
véritable intérêt.
Dans
ces derniers temps, cette puissance ayant porté outre mesure ses forces
militaires, devenues hors de toute proportion avec sa population et ses
finances, Votre Majesté se voit obligée d'imposer de nouvelles charges à ses
peuples.
Une
nouvelle révolution a éclaté à Constantinople; Sultan-Mustafa a été déposé.
Les
Américains, ce peuple qui mettait sa fortune, sa prospérité et presque son existence
dans le commerce, a donné l'exemple d'un grand et courageux sacrifice. Il s'est
interdit, par un embargo général, tout commerce, toute négociation, plutôt que
de se soumettre honteusement à ce tribut que les Anglais prétendent imposer aux
navigateurs de toutes les nations.
L'Allemagne,
l'Italie, la Suisse, la Hollande, sont paisibles et n'attendent que la paix
maritime pour se livrer à toute leur industrie.
Cette
paix est le voeu du monde; mais l'Angleterre s'y oppose , et l'Angleterre est
l'ennemie du monde.
La
nation française, l'Europe entière savent tous les efforts de Votre Majesté
pour la paix; elles savent que les entreprises dans lesquelles elle se trouve
engagée sont le résultat immédiat de l'inutilité des tentatives qu'elle a
faites pour l'obtenir.
Le
dévouement du peuple francais est sans bornes, et c'est surtout dans une
circonstance qui intéresse aussi essentiellement son honneur et sa sûreté,
qu'il fera éclater ses sentiments, et qu'il se montrera digne de recueillir
l'héritage de gloire et de bonheur que Votre Majesté lui prépare.
Saint-Cloud,
2 septembre 1808
A M.
de Champagny, ministre des relations extérieures, à
Paris.
Monsieur
de Champagny, écrivez à mon ministre à Vitoria que je ne veux pas de ministre
espagnol à Paris, à moins que ce ne soit un homme très-sûr ; mais que M. de
Frias serait très-propre à cette place, et que cela ferait beaucoup de bien
dans le pays.
Saint-Cloud,
2 septembre 1808
A
M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris.
Je
vous envoie une lettre fort extraordinaire, autant que je puisse la comprendre.
Faîtes-là traduire et faîtes-m'en un rapport. Rapportez-la-moi demain au lever,
pour que nous en causions. Faîtes-moi également un rpport sur tous ces papiers.
(Lecestre)
(Il s'ait de la lettre de SDtein à Wittgenstein)
Saint-Cloud,
3 septembre 1808
A M.
Cretet, ministre de l'intérieur, à Paris.
Monsieur
Cretet, donnez des ordres pour que la ville de Metz fête les troupes à leur
passage. Comme la ville ne serait pas assez riche, je lui donnerai 3 francs par
homme, mais il faut que tout se fasse au nom de la ville. Le corps municipal
les haranguera, les traitera, donnera à dîner aux officiers, fera élever des
arcs de triomphe aux portes où elles passeront , et y mettra des inscriptions. Donnez
le même ordre pour la ville de Nancy, qui est le lieu de passage de la colonne
du centre. Pour la colonne de droite, elle sera fêtée à Reims. Je désire que
vous engagiez les préfets des départements qui sont sur la route à avoir des
soins particuliers pour les troupes, et à entretenir par tous les moyens le bon
esprit qui les anime et leur amour de la gloire. Des harangues, des couplets,
des spectacles gratis, des dîners, voilà ce que j'attends des citoyens pour les
soldats qui rentrent vainqueurs.
Saint-Cloud,
3 septembre 1808
A
Joachim Murat, roi des Deux-Siciles, à Naples
J'ai
reçu votre lettre du 21 août, dans laquelle vous m'instruisez que vous vous
rendez à Naples. Je suppose que vous y êtes arrivé à l'heure qu'il est. J'ai
grande impatience de vous y savoir, afin d'être sans inquiétude sur la
tranquillité de ce pays.
Saint-Cloud,
3 septembre 1808
A
M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur
de Champigny, faites mettre dans le Moniteur les nouvelles de la Perse où il
est dit que les Anglais y ont été battus et les dernières nouvelles du Levant
qui font connaître l'état des choses
(Brotonne)
Saint-Cloud,
4 septembre 1808
MESSAGE AU SÉNAT.
Sénateurs,
mon ministre des relations extérieures mettra sous vos yeux les différents
traités relatifs à l'Espagne et les constitutions acceptées par la junte
espagnole. Mon ministre de la guerre vous fera connaître les besoins et la
situation de mes armées dans les différentes parties du monde.
Je
suis résolu à pousser les affaires d'Espagne avec la plus grande activité, et à
détruire les armées que l'Angleterre a débarquées dans ce pays. La sécurité
future de mes peuples, la prospérité du commerce et la paix maritime
sont également attachées à ces importantes opérations.
Mon
alliance avec l'empereur de Russie ne laisse à l'Angleterre aucun espoir dans
ses projets.
Je
crois à la paix du continent; mais je ne veux ni ne dois dépendre des faux
calculs et des erreurs des autres cours, et, puisque mes voisins augmentent
leurs armées, il est de mon devoir d'augmenter les miennes.
L'empire
de Constantinople est en proie aux plus affreux bouleversements. Le sultan Selini,
le meilleur empereur qu'aient eu depuis longtemps les Ottomans, vient de mourir
de la main de ses propres neveux. Cette catastrophe m'a été sensible.
J'impose
avec confiance de nouveaux sacrifices à mes peuples. Ils sont nécessaires pour
leur en épargner de plus considérables et pour nous conduire au grand résultat
de la paix générale, qui doit seule être regardée comme le moment du repos.
Francais,
je n'ai dans mes projets qu'un but, votre bonheur et la sécurité de vos
enfants; et, si je vous connais bien, vous vous hâterez de répondre au nouvel
appel qu'exige l'intérêt de la patrie. Vous m'avez dit si souvent que vous
m'aimiez ! Je reconnaîtrai la vérité de vos sentiments à l'empressement que
vous mettrez à seconder des projets si intimement liés à vos plus chers
intérêts, à l'honneur de l'Empire et à ma gloire.
Saint-Cloud,
4 septembre 1808
Au
maréchal Soult, chargé du commandement de la Grande Armée, à Stettin
La
lettre de M. de Stein me paraît fort extraordinaire. Je pense qu'il est bon de
faire conduire en France sous bonne et sûre garde l'assesseur Roppe, pour
l'interroger en détail. Tirez-en, en attendant, le parti que vous pourrez, en
le faisant mettre au secret et en l'interrogeant. Ces Prussiens sont de pauvres
et misérables gens. Pour peu que vous ayez des soupçons sur le général Rüchel,
faîtes-le arrêter et conduire en France; mais il ne faut pas le manquer.
Demain
paraît un sénatus-consulte pour une levée de 140,000 hommes de la conscription.
Moyennant cette levée, votre corps sera porté à 56 bataillons ou 48,000 hommes
d'infanterie; le maréchal Davoust sera porté à la même force, de sorte que la
perte que fait la grande armée par le départ des ler et 6e corps sera réparée
quant au nombre. Tout ce que l'Autriche fait, elle le fait par peur; mais, si
l'on ne prend pas de mesures efficaces, elle pourrait s'encourager. Quant au
moment présent, la paix est certaine; mais on ne voit pas ce que, d'ici au mois
de mai prochain, les intrigues des Anglais pourront produire. Je veux avoir
pour cette époque 200,000 hommes en Allemagne et 100,000 en Italie.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
6 septembre 1808
A M.
de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur
de Champagny, je désire avoir un bataillon des trois Maisons d'Anhalt, de 800
hommes; un régiment des cinq Maisons ducales de Saxe. Le régiment des cinq
Maisons ducales de Saxe serait composé de deux bataillons de six compagnies
chacun, chaque compagnie de 140 hommes, et d'une compagnie d'artillerie de 140
hommes, servant six pièces attelées, total 1,820 hommes. Je désirerais qu'ils
passassent au camp de Boulogne, où ils se disciplineraient, se formeraient et
seraient à garder ce poste important. Je me chargerais de nourrir ces troupes ;
les Maisons de Saxe les solderaient, et, si la guerre avait lieu, elles
feraient partie de leur contingent. Je désirerais que les Waldeck, les quatre
Reuss, les deux La Lippe, les deux Schwarzburg, dont le contingent se monte à
2,200 hommes, pussent ensemble me former un bataillon de six compagnies. Les
deux Maisons de Schwarzburq me fourniraient deux compagnies de 280 hommes; les
deux La Lippe, deux compagnies de 280 hommes ; les quatre Reuss, une compagnie
de 140 hommes; les Waldeck, une compagnie de 140 hommes. Ces six compagnies,
ayant le même uniforme, formeraient une force de 840 hommes qui se rendraient
au camp de Boulogne; ce qui me ferait, avec le bataillon d'Anhalt et les deux
bataillons des Maisons ducales de Saxe, quatre bataillons ou 3,000 à 3,300
hommes, qui seraient au camp de Boulogne.
Écrivez
au prince Primat et à mes chargés d'affaires que mon but est de rendre mes
troupes disponibles, et de former le noyau de leur contingent, de le
discipliner à la française; que je le nourrirai, et qu'ils le solderont. Je
désirerais que ces troupes passassent le Rhin avant le 15 septembre. Vous ferez
demander au grand-duc de Würzburg s'il lui convient de fournir un régiment de
deux bataillons de six compagnies de 140 hommes chacune, c'est-à-dire de 1,600
hommes, et une compagnie d'artillerie, pour tenir garnison sur les côtes de la
Bretagne ou à la Rochelle, ce qui rendrait disponibles mes troupes. En cas
qu'il dût fournir son contingent, ces troupes seraient comptées; je leur
fournirais les vivres, et le grand-duc leur fournirait la solde. Comme il est
nécessaire que les corps de Nassau, de Bade, de Hesse-Darmstadt et du prince
Primat soient complets, je désire que vous fassiez demander, par un ministre
près de ces princes, de faire passer à Metz 200 hommes pour Nassau , une
compagnie de 100 hommes pour le prince Primat, et deux compagnies de 200 hommes
pour Hesse-Darmstadt. Ces trois compagnies faisant 500 hommes se réuniraient à
Metz, d'où elles partiraient pour joindre leur régiment, et y seraient
encadrées pour les tenir au complet. Cela est en forme de recrues. Écrivez à
mes ministres près les cours de Bavière, de Saxe, de Würtemberg , de Bade et de
Hesse, de vous faire connaître quel sera l'état du contingent de ces Maisons au
20 septembre , en distinguant l'effectif des présents sous les armes , le lieu où
ils se trouvent, et l'infanterie de la cavalerie et de l'artillerie. Écrivez
aussi en Suisse pour qu'on presse le recrutement. Il faut demander à la cour de
Bade si elle pourrait fournir pour joindre à son infanterie un régiment de
cavalerie de 400 chevaux.
Saint-Cloud,
6 septembre 1808
Au
général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Je
n'ai pas balancé, comme de raison, entre les deux décrets que vous m'avez
présentés sur les officiers d'artillerie de ma Garde. Le décret que j'ai signé
est celui qui conserve ceux qui y sont aujourd'hui. Je ne conçois pas comment
on peut dire que ces officiers n'ont pas servi dans l'artillerie. Je ne sais
s'ils sont sortis des écoles, mais tous servent sur le champ de bataille depuis
quatorze ans; cela vaut bien le polygone. D'ailleurs presque tous ont servi
dans des régiments de ligne. Au reste, s'il y en a quelques-uns qu'il faille
ôter de la Garde, il faut m'en faire un rapport à part. Les décrets que j'ai
signés de confiance ne doivent jamais porter d'exclusion de ma Garde, à moins
de rapports particuliers.
Saint-Cloud,
6 septembre 1808
Au
général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur
le général Clarke, je vois par la lettre du général de Grave que les bains de
Bagnères-de-Luchon ne sont pas à l'abri d'un coup de main. Donnez ordre au
général commandant la 10e division militaire d'y faire revenir le bataillon de
gardes nationales qui y était et autorisez le général saint-Cyr à prendre des
mesures pour assurer la tranquilité de ces eaux.
(Brotonne)
Saint-Cloud,
6 septembre 1808
A
Jérôme Napoléon, roi de Westphalie
Champagny
a dû vous envoyer la lettre de M. de Stein. Vous devez faire mettre le
séquestre sur les biens de cet individu qui sont dans votre royaume, et le
faire citer devant vous pour rendre compte de sa conduite. Il est votre sujet,
et cette quakité est inaliénable. S'il ne vient pas, ses biens doivent être
confisqués.
---
PS.
Provisoirement, faîtes mettre le séquestre sur ses biens.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
6 septembre 1808
A
Madame de La Rochefoucauld, dame d'honneur de l'Impératrice, à Paris
Le
général Marescot s'étant déshonoré en attachant son nom à une infâme
capitulation, ce qui m'a contraint à lui ôter toutes ses charges et emplois,
dans cette situation de choses, il est impossible que Mme Marescot continue à
être dame du Palais, quelque innocente que soit cette dame et quelque mérite
qu'elle ait d'ailleurs. Je désire donc que vous lui fassiez demander sa
démission, en portant dans cette démarche tous les adoucissements qu'il vous sera
possible.
Saint-Cloud,
6 septembre 1808
A
Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée, à Paris
Mon
Cousin, expédiez au maréchal Mortier un courrier pour lui faire connaître que,
s'il n'a pas dépassé la Silésie, il prenne position à Glogau, en prenant le
commandement de la basse Silésie et laissant celui de la haute Silésie au
maréchal Davout, et occupant les camps du maréchal Ney; que si, au contraire,
il a dépassé la Silésie, il continue sa route, mais sans se presser, sur
Baireuth.
Saint-Cloud,
7 septembre 1808
Au
général Dejean, ministre durecteur de l'administration de la guerre, à Paris
Le 52e
a encore à son dépôt, dans la 28e division, 80 hommes habillés en paysans; le
67e, 15 hommes; le 101e, 200 ; le 102e, 240. Dans la 27e division, le 6e a 33
hommes habillés en paysans; le 14e léger, 41. Cela me paraît très-abusif.
Faites-moi connaître pourquoi ces hommes n'ont pas sur-le-champ des culottes et
vestes d'uniforme.
Saint-Cloud,
7 septembre 1808
A M.
daru, intendant général de la Grande Armée, à Berlin
Monsieur
Daru, expédiez la lettre ci-jointe par un courrier extraordinaire au général
Caulaincourt. Comme il pourrait être parti de Pétersbourg avant le 12 de ce
mois, vous ferez prendre au courrier la route de Küstrin, et vous lui
recommanderez de s'informer de toutes les voitures.
Mon
intention est décidément de laisser en Allemagne le corps du maréchal Soult,
celui du maréchal Davout, la division Oudinot, le 5e corps, trois divisions de
cuirassiers, les régiments de cavalerie légère qui s'y trouvent, ainsi que le
corps du prince de Ponte-Corvo et les divisions de dragons. On ne peut pas
s'entendre avec ces Prussiens, qui diffèrent toujours de signer, de manière
qu'ils pourraient bien manquer l'occasion.
DÉCRET.
L'armée
d'Espagne sera composée de six corps d'armée.
ARTICLE
1er. - Le ler corps sera commandé par le maréchal Victor et composé des trois
divisions d'infanterie qui forment aujourd'hui le ler corps de la Grande Armée,
qui prendra le nom de 1er corps de l'armée d'Espagne, et de la division de
cavalerie légère attachée au même corps, composée de quatre régiments et
commandée par le général de brigade Beaumont.
ART.
2. - Le 2e corps de l'armée d'Espagne sera commandé par le maréchal Bessières
et composé de la manière suivante :
1e
division, que commandera le général de division Mouton, comprenant le 4e
régiment d'infanterie légère, les 15e, 26e et 55e régiments d'infanterie de
ligne et le bataillon de Paris ;
2e
division, que commande le général de division Merle, et comprenant le 47e
régiment de ligne (on y réunira le bataillon qui est au corps de Saragosse), le
86e régiment de ligne, le 70e régiment de ligne (on y réunira le bataillon qui
est au corps de Saragosse) , deux bataillons suisses, les ler et 2e régiments
supplémentaires ; ces régiments seront composés, savoir : le ler régiment; des
4e et 5e bataillons de la 4e légion et du 4e bataillon de la 5e légion, formant
un effectif de 2,500 hommes; le 2e régiment du 4e bataillon de la 3e légion,
des 3e et 4e bataillons de la 3e légion, formant un effectif de 2,000 hommes;
3e division, que commande le général de division Bonet, et comprenant les
anciens 13e et 14e régiments provisoires d'infanterie (entiers, en y réunissant
ce qui est au corps de Saragosse) , les 17e et 18e régiments
provisoires;
Ce qui
portera ce corps d'armée, en y réunissant tous les détachements, à 24,000
hommes d'infanterie.
Division
de cavalerie, que commande le général Lasalle, comprenant les 10e, 22e
et 26e chasseurs et le 9e dragons ; force, 2,000 hommes.
ART.
3. - Le 3e corps sera commandé par le maréchal Moncey, et sera composé de la
manière suivante :
1e
division, que commande le général de division Musnier, comprenant les 114e et
115e régiments d'infanterie de ligne et le ler bataillon de Westphalie;
2e division, que commande le général de division Morlot, comprenant les 116e et
117e régiments d'infanterie de ligne, un bataillon irlandais et un bataillon de
Prusse;
3e division, que commande le général de division Frère, comprenant la 2e légion
de réserve, composée des ler, 2e, 3e, 4e et 5e bataillons de cette légion ; le
5e d'infanterie légère, les ler et 2e régiments provisoires de hussards, le ler
régiment provisoire de grosse cavalerie, dragons; total, 2,000 hommes de
cavalerie;
Ce qui
portera ces trois divisions à 18,000 hommes d'infanterie. Ce corps gardera les
régiments de cavalerie légère qu'il a; ce qui portera sa force à 21,000 hommes.
ART.
4. - Le 4e corps sera commandé par le duc de Danzig et composé de la
manière suivante :
1ere
division, que commande le général Sebastiani, comprenant les 32e, 75e, 28e et
58e régiments d'infanterie de ligne ;
2e division, que commande le général Leval, comprenant un corps de Nassau, un
corps de Bade, un corps de Hesse-Darmstadt et un bataillon du prince Primat ;
3e division, que commande le général Valence, sénateur, comprenant les trois
nouveaux régiments, qui se réunissent à Sedan;
4e division, comprenant la brigade hollandaise qui se réunit à Gand et qui
arrive à Paris, et la brigade westphalienne qui arrive sur le Rhin.
Chacune
de ces divisions étant de 6,000 hommes, ce corps d'armée sera de 24,000 hommes
d'infanterie et de quarante-huit pièces de canon. La cavalerie se composera du
5e régiment de dragons, 500 hommes; des hussards hollandais, 500 hommes; des
cheval légers westphaliens, 500 hommes; total, 1,500 hommes.
ART.
5. - Le 5e corps sera commandé par le général de division Saint-Cyr, et composé
de la manière suivante :
1e
division, que commande le général de division Chabran ; 2e division, que
commande le général Souham ; 3e division, que commande le général Lechi; 4e
division, que commande le général Pino; 5e division, que commande le général
Chabot ;
Le
général Reille rentrera à mon état-major;
Cavalerie,
celle de la division Pino et du corps du général Duhesme.
ART.
6. - Le 6e corps sera commandé par le maréchal Ney et composé de la manière
suivante : 1e division, que commande le général de division Marchand ; 2e
division, que commande le général de division Bisson; 3e division, que commande
le général de division Mermet, comprenant le 31e régiment d'infanterie légère,
les 14e et 44e régiments de ligne; 4e division, comprenant les trois régiments
de la Vistule et 1,000 sapeurs ou mineurs; cavalerie, composée du régiment de
lanciers polonais , des deux régiments de cavalerie légère du 6e corps; total,
2,200 hommes;
Ce qui
portera ce corps d'armée à 27,000 hommes d'infanterie, à 3,000 hommes
d'artillerie, sapeurs et mineurs, et à 2,900 chevaux. Ce corps aura
cinquante-cinq à soixante pièces de canon.
ART.
7. - La réserve sera composée de la manière suivante : une division de réserve
composée des 2e, 12e d'infanterie légère, 43e, 51e de ligne, formant 6,000
hommes ; six bataillons de fusiliers de la Garde impériale, six bataillons de
grenadiers et chasseurs à pied de la Garde, formant 6,000 hommes ; la garde du
roi d'Espagne, de 1,500 hommes; ce qui portera l'infanterie de ce corps à
14,000 hommes; les grenadiers et chasseurs à cheval de la Garde impériale et
les dragons et chevau-légers polonais, la garde à cheval du roi d'Espagne,
formant en tout 4,000 hommes; quatre divisions de dragons formant seize
régiments et près de 14,000 hommes ; ce qui portera la cavalerie de la réserve
à 18,000 chevaux; l'artillerie de la Garde impériale de soixante pièces de
canon attelées ; le total de la réserve à 34,000 hommes.
ART.
8. - Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret.
Saint-Cloud,
7 septembre 1808.
A
Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Miranda
Mon
Frère, j'ai recu votre lettre du ler septembre. Il est malheureux que le
maréchal Moncey ait laissé échapper l'armée de Montijo, qui n'était qu'un
ramassis de mauvaises troupes dont il fallait faire justice.
Je
suppose que vous avez donné l'ordre de fortifier Tudela et d'établir des
redoutes sur les hauteurs voisines de la ligne d'opérations sur Pampelune. Si
l'on agit autrement, ce sera méconnaître l'importance dont est cette place sous
tous les points de vue possibles.
L'évacuation
de Tudela est un malheur, puisqu'elle a fatigué l'armée sans motifs. Vous
sentez combien je souffre de tout ce qui se passe en Espagne; mais une entrevue
que je dois avoir avec l'empereur de Russie, et qui est fixée au 26, m'oblige à
partir pour la Saxe sous huit ou dix jours.
Le
major général vous envoie l'organisation de l'armée d'Espagne en six grands
corps. Si l'ennemi se tient en ligne devant vous, à l'ouverture de la campagne,
il faudra commencer par le battre, car il est à croire qu'à l'arrivée de
l'armée il se retirera. Ce sera par le siège de Saragosse, l'occupation de
Santander, et en balayant le royaume de Léon, qu'il faudra commencer.
Saint-Cloud,
7 septembre 1808
A
Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Monsieur
mon Frère, je vous ai fait connaître les circonstances qui m'ont fait penser
que le contingent de la Confédération devait se tenir en mesure. J'ai eu en vue
d'épargner les maux de la guerre à la Confédération et de la tenir en état de
porter la guerre sur le territoire étranger; car le plus grand mal qui puisse
arriver à une nation, c'est de voir son pays devenir le théâtre de la guerre. Je
continue de faire connaître à Votre Majesté ce que je vois des événements.
Je
suis certain des sentiments de la Russie. L'Autriche a un langage
très-pacifique, mais ses armements le démentent. Les nombreux
débarquements des Anglais en Espagne et la situation des affaires de ce pays
m'ont obligé à retirer de l'Allemagne dix-huit régiments d'infanterie. Je les
ai fait remplacer par trente bataillons des mêmes corps qui restent en
Allemagne, de sorte que j'y aurai toujours près de 200,000 Français. Le 3e
corps, que commande le maréchal Davout, renforcé de la division du général
Oudinot, a pris position en Silésie. Le maréchal Soult, qui commande le 4e
corps, est à Berlin, prêt à se porter partout où il sera nécessaire ; et le 5e
corps, commandé par le maréchal Mortier, a pris position à Baireuth. Les
différentes divisions de la Confédération renforceraient ces corps en cas
d'événement et formeraient une force de 300,000 hommes, avec lesquels je me
porterais à la tête de mes gardes, que je ferais mettre sur le pied de guerre,
si le cas arrivait. J'ai jugé nécessaire de faire à mes peuples un appel de
160,000 hommes, ce qui me mettra à même de renforcer mes troupes d'Allemaqne et
d'Italie.
Dans
cette situation des choses, je continue les armements jusqu'à ce que je voie se
réaliser les promesses de la cour de Vienne de remettre les choses sur le pied
où elles étaient avant l'été. Je serai bien aise que Votre Majesté me fasse
connaître les renseignements quelle aura par ses agents. Ce ne sont point des
paroles qu'il nous faut, mais des faits. Nous n'avons rien à demander à
l'Autriche; les thalwegs de l'Inn et de l'Isonzo et les montagnes de la Bohème
nous séparent entièrement. Puisque les troupes de Votre Majesté sont réunies,
je l'engage à les passer en revue, à les discipliner, à les accoutumer aux
grandes manoeuvres. Elle sentira que la dépense de quelques centaines de milliers
de florins sera bien compensée par la sûreté qu'elle donnera à ses frontières
et par le respect que cela inspirera à ceux qui nourriraient de mauvaises
intentions. Je ferai, et j'obtiendrai de mes peuples , les sacrifices
nécessaires pour que le mur d'airain élevé sur les limites de la Confédération
ne puisse jamais être franchi; mais Votre Majesté sent qu'il est nécessaire
aussi qu'elle fasse quelques sacrifices pour maintenir ses troupes sur un pied
parfait, pour que son contingent soit complet, non à l'effectif, mais présent
sous les armes, avec ses caissons et tout l'attirail nécessaire.
Il est une institution sur l'importance de laquelle je ne saurais trop insister
auprès de Votre Majesté, c'est l'établissement de caissons des transports
militaires. Quatre caissons par 1,000 hommes sont nécessaires; un pour
l'ambulance et trois pour le pain. Ainsi 30,000 hommes doivent avoir 120
caissons, de manière à pouvoir transporter quatre jours de pain, indépendamment
des quatre jours que chaque soldat doit avoir dans une expédition. J'engagerai
aussi Votre Majesté à faire faire à ses troupes l'exercice à feu.
Les
nouvelles que je recevrai d'ici au commencement d'octobre, et les
renseignements que donneront mes agents et ceux de la Confédération, seront
l'objet d'une troisième lettre, et nous feront connaître si nous devons nous
mettre sur le pied de paix pour épargner les dépenses. C'est la conduite de
l'Autriche qui nous guidera. Depuis ma dernière lettre à Votre Majesté, tous
les pourparlers ont été très-pacifiques, et je me flatte que je pourrai écrire
à Votre Majesté, au commencement d'octobre, une lettre qui la rassure
entièrement.
Saint-Cloud,
7 septembre 1808
A
Charles frédéric, Grand-Duc de Bade, à Karlsruhe
Mon
Frère, j'ai appris avec plaisir que le contingent de Votre Altesse Royale était
prêt. Il faudrait qu'il fût muni de quatre caissons pour 1,000 hommes, afin de
pouvoir transporter toujours quatre jours de pain pour la troupe. Je désire
également que le nombre d'hommes que Votre Altesse Royale doit fournir soit
présent sous les armes. Mes relations avec l'Autriche sont très-amicales ; tout
me porte à penser qu'elle se remettra sur le même pied qu'au commencement de
l'été, et que je pourrai alors écrire à Votre Altesse Royale de faire rentrer
son contingent. Qu'elle emploie ce mois à le faire exercer, surtout aux
exercices à feu. J'ai retiré de mon armée d'Allemagne dix-huit régiments
d'infanterie, mais j'envoie l'équivalent en renforts aux corps qui s'y
trouvent. Je fais d'ailleurs une levée considérable, qui se forme en
réserve prête à se porter où il le faudrait; car, si la paix devait être
troublée, ce qui, j'espère, n'aura pas lieu, il faut que mon armée puisse
établir la guerre sur le territoire ennemi. Je finis par répéter à Votre
Altesse Royale que toutes les assurances de l'Autriche sont très-pacifiques, et
que, de mon côté, je ne veux ni ne demande rien à cette puissance, que de vivre
en paix, en bon voisinage.
Saint-Cloud,
7 septembre 1808
A
Alexandre Ier, Empereur de Russie, à Saint-Pétersbourg
Monsieur
mon Frère, le général Caulaincourt me mande que Votre Majesté part le 12
septembre pour Erfurt ou Weimar. J'envoie le maréchal duc de Montebello à la
rencontre de Votre Majesté sur la Vistule, afin qu'il lui exprime quelques
jours d'avance le bonheur que j'ai de la revoir et tous les sentiments qu'elle
m'a depuis si temps inspirés. Je le charge aussi de prendre immédiatement soin
de tout ce qui est relatif aux escortes de Votre Majesté.
Saint-Cloud,
7 septembre 1808
Au
général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Je
reçois votre lettre du 23 août. Je partirai d'ici le 20 du mois pour être rendu
à Erfurt à temps. Le général Oudinot part pour prendre le commandement de la
ville d'Erfurt. Des maréchaux-logis de la cour partent pour marquer les
logements. Un bataillon de ma garde s'y rend pour tenir garnison. Le maréchal
Lannes part pour aller à la rencontre de l'empereur sur la Vistule; le maréchal
Soult est prévenu à Berlin, pour que tout soit convenablement disposé. Quelque
chose qu'on fasse, je crains qu'on soit mal à Erfurt. Peut-être aurait-on bien
fait de préférer Weimar : le château est superbe, et on y aurait été mieux. Je
ne me souviens pas des raisons qui ont fait donner la préférence à Erfurt. Si
c'était à cause de moi, je serais aussi bien à Weimar. Cependant tout sera prêt
à Erfurt.
Vous
trouverez ci-joint le Moniteur, qui vous fera connaître les affaires d'Espagne.
J'ai des nouvelles du Portugal du 20 août; tout était dans le meilleur état à
Lisbonne; les Russes et les Français étaient de la meilleure intelligence et se
préparaient à se défendre contre tout événement.
Hier,
il y a en une séance extraordinaire du Sénat, présidée l'archichancelier, à
laquelle les princes ont assisté. Champagny a lu deux rapports sur les affaires
actuelles et donné communication des différents traités faits avec les princes
de la maison d'Espagne. Il en est sorti un sénatus-consulte portant levée de
160,000 combattants. Du reste tout est fort tranquille. Du côté de l'Espagne nous
avons des avantages; la division est parmi les rebelles. Le roi gagne tous les
jours; de nombreux renforts arrivent, et déjà tout prépare pour marcher en
avant.
Puisque
l'empereur n'est plus très nécessaire chez lui, il ferait bien, d'Erfurt, de
pousser jusqu'à Paris. Si vous pensez que cela soit dans ses projets, vous ne
sauriez me le faire connaître trop tôt.
En
conséquence de votre dernière lettre Montdragon, ambassadeur de Naples, part de
Paris et continue sa route. Celui d'Espagne va recevoir ses nouvelles lettres
de créances.
----
PS.
- Je joins au Moniteur du 5 celui d'aujourd'hui qui contient les différentes
pièces relatives aux affaires d'Espagne. Il n'y a aucun inconvénient que vous
en remettiez un exemplaire à M. de Romanzoff et que vous les communiquiez à
l'empereur.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
8 septembre 1808
NOTE SUR LA BANQUE.
Le but
de l'institution d'une banque est de produire la réduction de l'intérêt et de
le maintenir au taux le plus modévé. En thèse générale c'est à cette modération
du taux de l'intérêt que tient la prospérité des manufactures et du commerce. Les
banquiers, et ce qu'on appelle vulgairement marchands d'argent, font entrer
dans leurs opération des combinaisons qui s'écartent souvent de ce but. Les
escompte bien dirigés d'une banque publique neutralisent l'effet de ces
tentatives, et doivent ainsi ramener les opérations des banquiers eux-mêmes à
ce résultat d'utilité commune. Tout ce qui conduit à la modération du taux de
l'intérêt est dans l'esprit de l'institution de la Banque.
Ces
principes convenus, il est facile de démontrer qu'aujourd'hui la Banque, par la
manière dont elle opère, ne donne pas à la place tout le secours qu'il était
permis d'en attendre, et que même, sous quelques rapports, elle en augmente les
embarras.
Les
nouvelles actions émises par la Banque ont créé un nouveau fonds flottant. Tout
fonds flottant crée l'agiotage; tout agiotage est ennemi de la modération du
taux de l'intérêt.
Les
moyens d'escompte de la Banque et la matière escomptable se sont-ils accrus
dans la même proportion que viennent de s'accroître ses actions ? Le fait juge
la question. Dans cet état, les nouvelles actions n'étant appelées par aucune
utilité réelle, elles ont dû nécessairement retomber en fonds flottant
sur la place et l'encombrer.
Ce
n'est que par un artifice passager qu'elles ont pu s'élever à 1,300,
c'est-à-dire au-dessus de leur valeur intrinsèque. Cette hausse mal entendue a
dû avoir l'inévitable effet de préparer une surcharge, et conséquemment une
baisse. L'action de la Banque ne vaut en effet que le prix qu'elle obtiendrait
définitivement si la Banque était liquidée, c'est-à-dire la valeur qu'elle
trouverait dans la division du capital entre tous les actionnaires.
Puisque
la Banque a augmenté le capital de ses actions, il faut qu'elle augmente la
quotité de ses escomptes pour assurer à ses actions plus nombreuses, par les
profits d'un escompte plus étendu, un dividende proportionnel; ou bien, à
défaut d'augmentation possible dans la quotité des escomptes, qu'elle se crée
subsidiairement une réserve qui en tienne lieu.
Les
rentes sur l'État, les actions de la Banque, les billets de la caisse de
service, les bons de la caisse d'amortissement, les obligations, tous ces
effets sont solidaires. Ils exercent les uns sur les autres une influence
réciproque, et, lors même qu'ils paraissent obtenir sur la place des cours
différents, ils obéissent définitivement, dans leur hausse ou leur baisse, à
une loi générale et égale pour tous.
La
Banque ne peut pas racheter ses propres actions, parce quelle paraîtrait
diminuer par là le gage que ses actionnaires ont voulu donner au public,
c'est-à-dire aux porteurs de billets de banque. Il lui serait préjudiciable
d'acheter ses actions en hausse, parce qu'elle les payerait au-dessus de leur
valeur intrinsèque; si elle les achetait en état de baisse, comme cette baisse
semblerait dénoncer quelque vice d'administration, le rachat par la Banque ne
détruirait pas cette influence dans l'opinion. Ainsi , sous aucun rapport, ce
ne peut être par l'achat de ses propres actions que la Banque peut parvenir à
désencombrer la place; mais elle peut, avec utilité, pour elle et pour la
place, acheter de 5 pour 100, lorsqu'elle paye 83 ce qui vaut réellement 100, ce
qui à 83 lui assure 6 pour 100 d'intérêt. Elle peut d'autant moins regarder le
cours de 83 comme trop élevé pour ses achats des 5 pour 1 00, qu'elle les admet
en dépôt dans ses escomptes sur le pied de 100 francs pour 5 francs de rente,
c'est-à-dire au pair, comme remplacant la troisième signature sur les lettres
de change.
On ne
regarde pas comme démontrée l'assertion qui établit que la Banque ne peut pas
augmenter ses escomptes, parce que la matière escomptable manque. Il est
probable, au contraire, que la Banque, en étendant utilement ses escomptes, en
allant saisir dans les lieux propres la matière escomptable, en usant pour ses
escomptes de son privilège, qui l'autorise à en créer elle-même la monnaie ; il
est probable, disons-nous, qu'elle pourra augmenter peut-être de moitié ses
escomptes. Mais, dans cette hypothèse, qui est la seule où la Banque peut
judicieusement et régulièrement se placer, la Banque ne trouvera plus d'emploi
pour le capital de ses actions, puisqu'elle escomptera avec ses billets. Cette
analyse ramène à la pensée exprimée ci-dessus , que la Banque ne peut faire
aucun meilleur emploi de la surabondance de son capital que de l'employer en
achat des 5 pour 100, tant que leur cours surtout n'excédera pas 83.
Si
trente millions de son capital avaient été ainsi employés, la Banque
aurait pu offrir à ses actionnaires un supplément de 900,000 francs dans le
dernier dividende; et, en même temps, elle aura désencombré la place du fonds
flottant des 5 pour 100; elle aura déconcerté les combinaisons de baisse; elle
aurait mieux assuré le placement définitif de ses actions; elle n'aurait pas
laissé sur la place la disparate des 5 pour 100 produisant plus de 6 pour 100
d'intérêt, tandis qu'elle escomptée à 4 pour 100.
Il est
indispensable que la Banque garde une réserve en écus pour remplir le premier
de ses devoirs, la conversion immédiate de ses billets en écus à toute
présentation; mais il serait absurde que la Banque gardât tout ou la majeure
partie de son capital pour cette représentation matérielle, car alors elle
n'userait pas de son privilége; elle serait inutile, elle n'userait pas du
droit qu'elle a de créer par sa monnaie propre, des moyens d'escompte, des
valeurs nouvelles. Elle serait réduite à la condition des escompteurs
ordinaires et elle serait en perte, parce qu'elle escompte à un taux plus bas
que ces derniers, et qu'elle a plus qu'eux les frais d'une immense
administration.
Les
calculs ne peuvent pas être absolus sur la quotité du fonds de réserve qu'une
banque doit garder stationnaire en écus; mais, lors qu'elle n'a escompté que
régulièrement et que les seules valeurs qui soient, par leur nature,
admissibles à ses escomptes, l'expérience a appris qu'elle pouvait n'avoir en
réserve d'écus que le quart ou le tiers au plus de ses billets circulants. Ce
qu'aujourd'hui la Banque réserve au delà de cette proportion est donc un
capital inactif et improductif. Elle ne remplit pas le but de son institution;
elle n'entre pas dans toutes les vues qui ont déterminé la concession de son
privilége; elle va directement contre ces vues, lorsque ses actions viennent
aggraver, par leur abondance sur la place, les fonds flottants qui s'y trouvent
déjà.
La
Banque, la caisse de service, la caisse d'amortissement sont trois
établissements publics également intéressés à ce que le cours des 5 pour 100 ne
soit jamais en état de dépréciation, c'est-à-dire à ce qu'il ne promette pas un
intérêt trop disproportionné avec le faux d'escompte de la Banque, avec
l'intérêt que la caisse de service donne sur les fonds qui lui sont remis, avec
les intérêts que la caisse d'amortissement paye pour les cautionnements, etc.
De la
concordance et de la réciprocité de devoirs et d'intérêts de ces trois
établissements, naît la nécessité d'un concordat entre eux, pour que le cours
du 5 pour 100 soit tel qu'il n'excède jamais 6 pour 100, lorsque la Banque
escompte à 4, lorsque la caisse de service emprunte à 4 et à 5, lorsque la
caisse d'amortissement donne aussi le même taux d'intérêt.
Le
système des finances de la France étant tel qu'elle n'a pas recours à des
emprunts, que ses revenus fixes égalent ses dépenses, l'intérêt public n'exige
dans aucun cas, et il proscrit au contraire dans tous ces écarts et ces
variations de cours dont peut s'aider quelquefois un gouvernement qui emprunte.
Une sorte de fixité dans le prix vénal du 5 pour 100 est donc un élément de
l'harmonie qui doit se maintenir entre l'escompte de la Banque, le taux des
emprunts de la caisse de service, le faux des intérêts que donne la caisse
d'armortissement. Les chefs de ces trois établissements doivent avoir sans
cesse en regard le maintien de cette harmonie; et elle serait assurée par
l'effet d'une convention qui serait faite entre les trois chefs de ces
établissements, avec l'approbation de l'Empereur, et dont tels seraient les
résultats.
Un
fonds de 60 millions, auquel la Banque contribuerait pour 30 millions, la
caisse d'amortissement pour 1.6, la caisse de service pour le surplus, serait
spécialement destiné à enlever de la place tous les 5 pour 100 offerts
au-dessous du cours qui promet 6 pour 100 d'intérêt. Toutes les fois que le
cours excéderait 83 francs, les trois établissements feraient revendre la
quantité de 5 pour 100 nécessaire pour faire rentrer le cours dans sa limite. La
caisse de service et la caisse d'amortissement fourniraient pour chaque
opération la première moitié du prix des achats, la Banque la seconde moitié. Le
produit des reventes se partagerait dans la même proportion. Les trois chefs se
réuniraient tous les mois pour résumer le résultat des opérations faites et
concerter les mesures à prendre selon l'état de la place.
Il est
hors de doute que jamais ce capital de 60 millions ne serait employé, qu'il
serait à peine entamé ; mais il présenterait une digue qu'aucune prétention
contraire ne pourrait tenter de franchir. La présence de ce capital, son action
toujours immédiate, lorsque le cas le requerrait, mettrait enfin les opérations
de la Bourse à l'abri de cette fluctuation des cours, qui est absurde et qui
n'en est pas moins dangereuse pour les intérêts publics et privés.
PROJET DE CONVENTION.
Le
ministre du trésor public, le gouverneur de la Banque et le directeur général
de la caisse d'amortissement arrêtent, avec l'autorisation de l'Empereur et
Roi, la convention suivante :
ARTICLE
... - La caisse d'amortissement, la Banque de France et la caisse de service du
trésor fourniront, dans la proportion réglée ci-après pour chacun de ces
établissements, les fonds nécessaires pour que les 5 pour 100 parviennent
successivement au cours de 83 et s'y maintiennent, et pour que le cours des
actions de la Banque se maintienne au moins an niveau de leur valeur
intrinsèque.
ART.
... - Lorsque des achats seront nécessaires sur la place pour obtenir l'un ou
l'autre résultat, la Banque y contribuera pour 15/30 ,la caisse d'amortissement
pour la caisse de service pour 7/30 ; le produit des achats se partagera entre
les trois établissements dans la proportion de la mise de fonds de chacun
d'eux.
ART....
- Lorsque le cours des 5 pour 100 s'élèvera au-dessus de 83 et le cours des
actions de la Banque de plus de 30 francs au-dessus de leur valeur intrinsèque,
la caisse d'amortissement, la Banque et la caisse de service seront autorisées
à faire vendre la portion des 5 pour 100 ou d'actions de la Banque qu'elles
auraient achetés, jusqu'à concurrence de la quantité nécessaire pour faire
rentrer le cours des 5 pour 100 ou des actions dans la limite fixé par
l'article ....
Les
ordres de vendre seront donnés par l'un des chefs des trois établissements,
après qu'il se sera concerté avec les deux autres. Les effets vendus seront
prélevés proportionnellement sur la portion acquise par chaque établissement ;
le produit des ventes se répartira entre eux dans la même proportion.
ART.
... - Chaque établissement conservera le dépôt des effet publics achetés pour
son compte; il pourra les faire inscrire sous le nom qu'il jugera convenable de
substituer au sien.
ART.
... - Dans les cinq premiers jours de chaque mois le ministre du trésor public,
le gouverneur de la Banque et le directeur de la caisse d'amortissement
constateront par un procès-verbal les opérations faites, pendant le mois
précédent, par leurs ordres, à l'exécution de la présente convention; ils
régleront celles qui devront avoir lieu dans le mois, suivant l'état des cours.
La
copie de chaque procès-verbal sera adressée à Sa Majesté.
Saint-Cloud,
8 septembre 1808
Au
général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur
le Général Clarke, je vous envoie une relation extraite des gazettes de Madrid
sur l'affaire du général Dupont, ainsi que deux lettres relatives à la même
affaire; vous les joindrez aux pièces. Je crois nécessaire que vous fassiez
arrêter le sieur Villoutreys, que vous fassiez mettre les scellés sur ses
papiers et que vous en fassiez faire le dépouillement. Vous le ferez conduire
dans une prison militaire, où il sera détenu jusqu'à nouvel ordre et jusqu'à ce
que les affaires se décident. Vous donnerez l'ordre que les généraux Dupont,
Marescot, Chabert ou Vedel, venant à débarquer sur un point quelconque de la
côte de France, soient arrêtés, mis en prison, et que le scellé soit mis sur
leurs papiers. Vous trouverez ci-joint un décret que vous nofifierez au corps
du génie, sans le faire imprimer.
Saint-Cloud,
8 septembre 1808
A
Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée, à Paris
Je
vous renvoie vos lettres. Écrivez au maréchal Jourdan que vous les avez mises
sous mes yeux; que ses instructions au maréchal Moncey ne sont pas assez
positives, que celles au maréchal Bessières ne le sont pas davantage; que
Moncey ne peut garder tout à la fois avec 15,000 hommes; il peut garder Tudela
contre l'ennemi, ayant sa ligne d'opération, non sur logrono, mais sur
Pampelune. Si le maréchal Bessières avait recu l'ordre d'attaquer les insurgés
sans attendre l'arrivée du Roi, ils auraient été vaincus et culbutés. Il paraît
que, du côté de Burgos, l'armée est sans système; d'où naît l'embarras des
instructions données à Bessières. Si l'ennemi vient à Burgos, faut-il
l'attaquer ou l'attendre ? Dans ce dernier cas, pourquoi Bessières n'est-il pas
campé derrière Burgos ? C'est, avec des plans sûrs et fortement conçus qu'on
réussit à la guerre. Doit-on abandonner Burgos comme on a abandonné Tudela ? Ce
ne serait pas un moyen de donner du moral à l'armée que de l'exposer à un
mouvement rétrograde qui ressemble à un échec, si 10,000 hommes entraient à
Burgos et prenaient la garnison qui est dans la citadelle. Voilà à quoi on
s'expose lorsqu'on n'a pas de plan fixe.
L'ennemi
ne se portera pas de Saragosse sur Logrono, quand on occupera la position
offensive de Tudela.
Quant
au consul espagnol, chargez le général Drouet de le faire arrêter, de mettre
les scellés sur ses papiers. On le fera conduire dans un château fort, où il
sera tenu au secret, sans communiquer avec personne.
Avec
les troupes espagnoles, il est très-différent d'attaquer ou de l'être. Toute
l'armée espagnole n'est pas capable de forcer 15,000 Francais, couverts
d'artillerie dans une bonne position.
Faites
remarquer au maréchal Jourdan que Tudela a d'ailleurs l'avantage de pouvoir
offrir le couvert de la rivière, et que, si l'on ne se trouvait pas bien en
avant, on pourrait se placer derrière l'Èbre avec une tête de pont offensive.
Saint-Cloud,
8 septembre 1808
A
M. Fouché, ministre de la politice générale, à Paris
M
. de Macanaz, secrétaire du prince Ferdinand, doit partir pour Valençay. Faites-le
arrêter à 10 lieues de Paris et conduire dans une prison. Vous ferez saisir en
même temps ses papiers, pour savoir ce qu'ils contiennent. S'il était déjà
arrlvé à Valençay, vous le ferez guetter à son retour, et vous ne manquerez pas
de le faire arrêter.
Qu'est-ce
qu'un nommé Fernan Nunéz qui est ici ? Remettez-moi la liste de tous les
Espagnols qui sont ici, afin de faire arrêter ceux qui seraient du parti
opposé.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
8 septembre 1808
A
Joseph Napoléon, roi d'Espagne
Je
ne conçois pas que vous vouliez envoyer le prince de Masserano à Vienne. C'est
une singulière politique que de prendre pour ambassadeur en Autriche un homme
qui agira contre moi et contre vous. Envoyez là un des Negrete ou le fils de
votre ministre des relations extérieures, ou un autre homme de cette espèce,
dont le sort soit intimement lié au vôtre. Sans quoi il faut n'envoyer
personne.
Il
faut faire passer par les armes les cinq ou six individus qui ont été arrêtés à
Bilbao par le général Merlin, surtout celui qui était désigné dans la
proclamation de la junte pour commandant général. Si vous ne faites pas
quelques actes de vigueur, ce sera à n'en jamais finir. Cela me paraît fort
important.
Il
est bien singulier qu'on ménage tant la Navarre. Bilbao, la Biscaye et la
Navarre doivent nourrir l'armée; sans quoi, com ment voulez-vaus que je fasse ?
Il est ridicule qu'on leur donne des indemnités; Bilbao pouvait payer 4
millions.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
9 septembre 1808
A
Joseph Napoléon, roi d'Espagne
Je
pense qu'il est nécessaire que vous soumettiez Santander. Un simple mouvement
de 6,000 hommes sur Reinosa et une colonne partant de Bilbao sont suffisants. Ce
point est très important comme soumettant la Montana, et cela est indispensable
à faire avant les grands mouvements de l'armée.
Je
suppose que le maréchal Moncey est resté à Tudela. Avec les troupes qu'il a, il
a le double des forces qu'il lui faut pour gagner cette position, et j'imagine
qu'il ne laissera pas l'ennemi s'établir à trois marches de lui.
Vous
aurez fait sans doute occuper également Burgos en force. Il faut laisser à
Bilbao les nouvelles troupes qui y sont; elles sont suffisantes. Il faut opérer
surtout le désarmement de la Biscaye et de la Navarre. Je vous recommande de
faire des exemples sévères des révoltés de Bilbao, surtout du commandant de la
force armée qui a été arrêté, et d'envoyer plusieurs otages en France.
Je
passe dimanche la revue de la division Sébastiani, qui part lundi pour se
rendre à Perpignan. Elle est composée de 12 pièces de canon, de 4 beaux
régiments d'infanterie et d'un régiment de dragons. Les routes de France sont
couvertes de troupes@, soit d'Italie, soit d'Allemagne.
Il
faut obliger les communes à moudre, et ne pas toujours tirer de France. Les
provinces que vous occupez doivent et peuvent vous fournir des vivres. Le
peuple d'Espagne est vil et lâche, à peu près comme j'ai connu les Arabes. A
Burgos et ailleurs, il vous fait bon visage, parce que vous avez une grande
quantité de troupes et que vous pouvez l'écraser; mais, au moindre mouvement de
retraite, il tirerait sur vous. Ce sont des otages et du désarmement qu'il
faut. Il ne faut pas écouter vos ministres, qui paraissent n'avoir aucunes
notions. Un système funeste d'indulgence a perdu l'Espagne. On aurait dû
désarmer l'infanterie, démonter la cavalerie et les faire prisonniers. Madrid a
fourni 2,000 chevaux à l'armée ennemie; on aurait pu les prendre au départ de
Madrid pour atteler mon artillerie. Certainement on doit confisquer à Bilbao
les marchandises coloniales d'Angleterre, et cette ville doit payer au moins 2
millions de contributions. Si vous pensiez que ves peuples restent dans le
devoir par bon esprit, vous vous tromperiez; s'ils ne se révoltent pas, ce
n'est pas faute de bonne volonté, c'est qu'ils n'osent pas; tenez cela pour
certain.
Vous
avez dû recevoir le décret d'organisation de l'armée d'Espagne; il faut provisoirement
qu'on s'y conforme autant qu'on le pourra.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
9 septembre 1808
Au
général Marescot, ministre de la guerre
Vous
ferez arrêter le général Marescot, qui seul sera conduit à Paris dans une
prison militaire, oà il sera tenu au secret. Ses aides de camp seront arrêtés
séparément. Les scellés seront apposés sur les papiers de tous, qui vous seront
adressés. Quand le général aura été séparé de ses aides de camp et les aides de
camp séparés entre eux, vous ferez faire au général l'interrogatoire ci-joint,
qui vous sera remis signé de lui et de la personne que vous chargerez de
l'interroger. Vous ferez subir à peu près le même interrogatoire à chaque aide
de camp
Intérrogatoire
à faire subir au général Marescot.
PREMIÈRE
QUESTION. - Où étiez-vous le 13 juillet, le 14, le 15, le 16, le 17, le 18 et
le 19 ?
2°.
Comment ne vous êtes-vous pas aperçu que l'ennemi marchait, manoeuvrait sur vos
derrières, puisque, depuis le 13, le général Belair était attaqué au point de
Murgibar (?) et que, le 16, il était en retraite ?
3°.
- Pourquoi, au lieu de marcher tous réunis le 16 sur Baylen, vous êtes-vous
séparés ?
4°.
- Où étiez-vous le 19, à 3 heures après midi, lorsqu'on a entendu le canon du
général Vedel ?
5°.
- Pourquoi alors n'a-t-on pas attaqué et forcé la 1igne ennemie, ou n'est-on
pas mort avec gloire comme des Français ?
6°.
- Qui a fait cesser le feu au général Vedel ?
7°.
- Où étiez-vous le 19 à 6 heures du soir et toute la nuil ?
8°
- Où avez-vous appris que le général Vedel faisait sa retraite sur Madrid ? Que
vous a dit le général ennemi ? Quelle part avez-vous eue à l'ordre qui lui a
été envoyé de revenir pour être perdu ?
9°.
- Comment, grand officier de l'Empire et chef du génie, avez-vous pu de gaieté
de coeur ajouter à la perte de la division Dupont celle des divisions Vedel et
Gobert ?
10°.
- Comment votre main a-t-elle pu signer la capitulation de Baylen, déshonneur
éternel du nom français ? Pourquoi y avez-vous compris le général Vedel et sa
division ?
11°
- Comment n'avez-vous pas exigé la sanction d'un commissaire anglais, et
n'avez-vous pas conçu que les troupes françaises seraient perdues si elles
posaient les armes, et ne rentreraient pas en France, si l'on n'avait pas la
garantie des Anglais ?
12°.
- Pourquoi avez-vous signé le déshonneur des soldats français en consentant à
mettre qu'ils avaient volé des vases sacrés ?
13°.
- Pourquoi avez-vous parlé de bagages avec tant de détail et augmenté par cette
conduite intéressée le déshonneur de cette infâme capitulation ?
14°.
- Pourquoi vous êtes-vous déguisé en général espagnol, et n'avez-vous pas suivi
les troupes que vous aviez livrées désarmées ? Ne sentiez-vous pas qu'il y
avait de la lâcheté à quitter vos habits d'uniforme et à montrer cette terreur
panique ?
(Lecestre)
Saint-Cloud,
9 septembre 1808
A
M. de Nansouty, premier écuyer
Le
sieur Villontreys, ayant écrit de Manzanarès au général Castanos, ayant été
porteur de paroles, et agi plus qu'il ne convenait à un homme d'honneur dans
l'infâme capitulation d'Andujar, ne peut plus rester dans ma maison; vous lui
demanderez, le 10, sa démission.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
10 septembre 1808
A M.
Gaudin, ministre des finances, à Paris
Témoignez
mon mécontentement au syndic des agents de change sur la cote faite depuis que
le semestre est fermé. On ne doit pas coter des marchés à terme; on doit coter
des marchés livrés dans la journée; on y ajoute l'intérêt acquis. Il est donc
illégal de coter en mettant en dehors la jouissance, car on suppose que l'effet
ne sera pas livré.
Quant
aux rentes nouvellement livrées, résultat des liquidations, ce sont des rentes
particulières. On n'a pas le droit de les coter, puisque ce sont des rentes
soumises à des lois particulières. Désormais, la trésorerie ne livrera plus
aucune de ces rentes qu'aprés un moment de l'échéance. Ainsi une liquidation
qui aura passé au conseil et qui ne datera que du 22 septembre ne sera délivrée
qu'au 22 septembre.
Saint-Cloud,
10 septembre 1808
A
M. de Champagny, minstre des relations extérieures, à paris
Monsieur
de Champagny, faîtes mettre dans les petits journaux des extraits de lettres de
Pétersbourg relatifs à la fête du 15 août.
(Brotonne)
Saint-Cloud,
10 septembre 1808
Au
maréchal Soult, commandant de la Grande Armée, à Stettin
Vous
verrez, dans les journaux, de quelle manière on parle de la lettre de M. Stein.
J'ai demandé qu'il fût chassé du ministère, sans quoi le roi de Prusse ne
rentrera pas chez lui. De plus, j'ai fait mettre le séquestre sur ses biens en
Westphalie.
L'Autriche
est loin de vouloir la guerre. Tous ces mouvements de milice sont des démarches
inspirées par la plus excessive crainte. Toutefois, vous aurez vu, par les
mesures que j'ai prises, que je ne les redoute guère. 200,000 hommes que
j'aurais en Espagne ne m'empêcheront pas d'en avoir 200,000 en Allemagne et
100,000 sur l'Isonzo, indépendamment de 100,000 de la Confédération du Rhin. L'Autriche
m'a promis d'être, au ler septembre, sur le même pied qu'avant l'été. J'attends
l'effet de cette promesse pour congédier les troupes de la Confédération.
Je
suis sûr des sentiments de la Russie. Il faut donner à l'opinion une direction
différente; annoncer que la guerre avec l'Autriche n'aura pas lieu, parce que
je ne la veux pas; parler de ses armements avec mépris comme étant le résultat
de la peur, de la situation amicale où je suis avec la Russie : quant à la
Prusse, je ne sais pas ce que c'est que les armements qu'elle fait; qu'ils ne
peuvent pas être de plus de 10,000 hommes, et que c'est un reste de manie
militaire.
Vous
pouvez garder la 2e division de dragons, qui peut vous être nécessaire pour
maintenir la police entre l'Oder et la Vistule.
Saint-Cloud,
10 septembre 1808
Au
contre-amiral Missiessy, commandant l'escadre de l'Escaut, à Flessingue
Monsieur
le Contre-Amiral Missiessy, notre escadre de l'Escaut, sous votre commandement,
se trouvant équipée, munie d'environ trois mois de vivres et exercée depuis
plusieurs mois, nous avons considéré combien il serait avantageux à notre
service et au système général de nos opérations maritimes de parvenir à la
faire sortir de l'Escaut avant la saison des glaces, qui nous obligerait de la
faire rentrer dans notre port de Flessingue.
En
conséquence, nous vous faisons savoir que si, d'ici au 15 novembre prochain,
vous trouvez une occasion favorable de faire appareiller les huit vaisseaux que
nous vous avons confiés, avec des chances suffisantes pour espérer de ne pas
vous compromettre contre des forces supérieures de l'ennemi, notre intention
est que vous profitiez de cette occasion pour vous rendre dans l'un de nos
ports de Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort ou Toulon.
Nous
vous laissons le maître de la route que vous aurez à suivre d'après les vents
que vous éprouverez, et vous êtes libre de vous diriger par la Manche ou de
passer par le nord de l'Angleterre, pour vous rendre à cette destination.
Une
fois sous voiles, vous devrez rentrer dans l'Escaut ou relâcher au Texel dans
tous les cas où vous seriez empêché de continuer votre route, soit par des
avaries , soit par la rencontre de l'ennemi, notre intention étant que vous
n'engagiez une affaire avec lui qu'autant que vous auriez de très-grandes
probabilités de succès, ou qu'il vous serait impossible de l'éviter.
Si
vous entriez dans la Méditerranée, vous auriez soin d'éviter l'atterrage des
Baléares et celui direct sur Toulon, où croise ordinairement une escadre
ennemie; mais vous vous porterez assez au sud pour contourner cette croisière,
et pour vous rendre d'abord dans les ports de notre île de Corse, où vous
prendrez sur la situation de l'ennemi des renseignements qui serviront à vous
guider sur vos manoeuvres ultérieures. Vous pourrez, en cas de besoin, relâcher
dans les ports du royaume de Naples, et, si cela devenait nécessaire, à Corfou
et Cattaro, dans l'Adriatique.
Si, le
15 novembre, vous n'avez pas trouvé l'occasion d'appareiller de l'Escaut, vous
pourvoirez immédiatement à alléger nos vaisseaux et à les remiser sans délai
dans notre port de Flessingue. Dans ce cas, nous vous enjoignons de maintenir
les équipages à bord comme s'ils étaient en rade, et vous donnerez tous vos
soins à leur faire faire, pendant l'hiver, tous les exercices que comportera la
situation de nos vaisseaux, et à y maintenir l'ordre et la discipline.
Nous
nous confions, pour l'exécution des ordres contenus dans la présente, à votre
expérience, votre courage et votre dévouement à notre service.
Saint-Cloud,
10 septembre 1808
Au
général Lacuée, directeur général de la conscription militaire, à Paris
J'ai
envoyé au ministre de la guerre un grand travail sur la répartition de la
conscription. Vous y verrez que je désire lever 140,000 hommes et laisser
20,000 hommes en réserve. Ce travail doit être fait d'ensemble, afin d'être de
toute une pensée, et que, par le moyen de la levée de ces deux conscriptions,
tous les corps soient au grand complet. Mais ce dont j'ai réellement besoin
aujourd'hui, c'est de 30,000 hommes que je dirige sur Bayonne; je voudrais
donc, sur les 80,000 hommes des dernières conscriptions, ne lever que la moitié
des conscrits de la France, ceux des départements méridionaux, c'est-à-dire
40,000 hommes, et ne rien lever en Bretagne. Avec ces 40,000 hommes, j'aurai
30,000 hommes pour recruter les corps de l'armée d'Espagne et 10,000 hommes
pour recruter les corps de l'armée d'Italie, dont plusieurs sont réduits à
rien. Quant à la levée des autres 40,000 hommes, ou des conscrits du Nord, je
les lèverai par un second décret que vous préparerez d'avance, mais que je ne
signerai que plus tard. Il ne serait pas impossible que ceux-là je ne les
appelasse point; j'attends encore quelques éclaircissements pour m'y décider.
Il
faut donc que le décret soit partagé en trois décrets : le premier, relatif à
la répartition et aux dispositions générales ; le deuxième , relatif à la levée
des conscrits du Midi; et le troisième, relatif à la levée des conscrits du
Nord. Je crois avoir le temps de délibérer sur la levée du Nord autant que j'ai
hâte de lever le Midi.
Saint-Cloud,
10 septembre 1808
A
Frederic VI, roi de Danemark, à Copenhague
J'ai
recu la lettre de Votre Majesté du 11 août. J'ai été extrêmement fâché de
l'imprudence qui a été commise de laisser la garde des postes les plus
importants à des troupes que les circonstances devaient rendre suspectes. Je
l'ai été davantage encore des désagréments que Votre Majesté en a éprouvés. J'ai
fort applaudi à la conduite qu'elle a tenue, et je la prie d'en recevoir mes
renierciements. Quelques bataillons de plus ou de moins sont de peu de
considération; les sollicitudes que cela devait donner à un allié qui, comme
Votre Majesté, avait besoin de consolation, est ce qui m'a le plus frappé. Que
Votre Majesté compte sur mon désir de tous les temps de lui être agréable et de
contribuer à sa satisfaction et au bien de son pays.
Saint-Cloud,
10 septembre 1808
Au
prince Camille Borghèse, gouverneur général des départements français au-delà
des Alpes, à Turin
Envoyez
quelqu'un dans la vallée de la Fontana bona où l'on m'assure que l'esprit est
mauvais. Faîtes arrêter l'archi.prêtre de Cansoli qui a prêché le 21 à Sestri
et écrivez aux évêques de Sestri et de Sarzane de prendre des mesures pour
réprimer les mauvais prédicateurs. Mais avant tout, faîtes arrêter les plus
mauvais et faîtes-les enfermer dans la citadelle d'Alexandrie. Faîtes-vous
faire un rapport sur la vallée de la Fontana bona et s'il y a des meneurs,
envoyez une colonne pour les enlever et les tenirs prisonniers.
(Brotonne)
Saint-Cloud,
11 septembre 1808
A M.
Gaudin, ministre des finances, à Paris
J'ai
envoyé au ministre de Champagny la partie de votre rapport relative aux
discussions de limites entre la Hollande et le grand-duché de Berg. S'il vous
vient des pièces relatives à cela, vous les adresserez à ce ministre.
J'ai
signé le tarif et le reculement des douanes.
Ecrivez
au sieur Beugnot qu'aussitôt que le régiment de Berg sera arrivé à Düsseldorf
il le fasse inspecter. Il peut demander un inspecteur aux revues au maréchal
Kellermann et l'investir de tous les pouvoirs pour bien scruter la comptabilité
de ce régiment.
J'accorde
6,000 écus pour la démolition des fortifications de Düsseldorf et faire ce qui
est convenable pour l'embellissement de la ville.
Je
désire avoir le budget de 1808, en recettes et en dépenses, et savoir ce que le
duché m'a rendu pour août, et ce qu'il me rendra par mois; enfin avoir une
connaissance parfaite du duché. Je désire également diviser le duché en cinq
départements, en districts, et chaque district en justices de paix et en
municipalités, et y établir une administration qui l'assimile le plus tôt
possible à l'administration française.
Je
prie M. Beugnot de me faire un rapport qui me fasse connaître la situation en
recettes, les domaines, etc. , un second rapport sur la division du territoire
et l'administration intérieure, et un troisième sur l'administration de la
justice.
Saint-Cloud,
11 septembre 1808
A M.
Mollien, ministre du trésor public, à Paris.
Monsieur
Mollien, faites payer au roi Charles le mois de juillet, et à la reine d'Étrurie
le mois d'août.
Saint-Cloud,
11 septembre 1808
A
M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur
de Champagny, écrivez au comte Otto que mes troupes se plaignent d'avoir été mal
accueillies à Bamberg, tandis qu'elles l'ont été très bien à Wurtzbourg, en
Saxe et dans toute l'Allemagne.
(Brotonne)
Saint-Cloud,
13 septembre 1808
A
Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée
Mandez
au maréchal Jourdan qu'il est fâcheux que le maréchal Moncey ne garde pas
Tudela, plus encore qu'il dissémine ses troupes; qu'en tenant ses troupes
réunies à Tudela il pouvait toujours, en cas d'événement, en repassant l'Èbre,
avoir une très-belle position défensive.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808
A M.
de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur
de Charnpagny, écrivez en Westphalie pour qu'on paye la pension du prince de
Brunswick.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808.
Au
général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
L'équipage
de siège de Saragosse sera composé ainsi qu'il suit : quinze canons de 24 ou de
16, quinze canons de l2, six mortiers de 12 pouces , huit mortiers de 8 pouces,
dix mortiers de 6 pouces, six obusiers de 6 pouces, quatre obusiers de 8 pouces.
S'il
demeure constant que les affùts de siège, pour les pièces de 12, manquent à
Pampelune , on les remplacera par des pièces de 16.
On se
contentera de dix mortiers de 6 pouces, qui sont à la Rochelle. On fera
fabriquer à la Rochelle dix affûts de rechange. On fera partir avec ces dix
mortiers 10,000 bombes ou obus de 6 pouces. On en demandera à la marine, qui en
a beaucoup à Rochefort.
On
préfère les mortiers de 12 pouces. On peut trouver en Espagne des bombes de 12
pouces, et les mortiers de 10 pouces n'y sont point connus. On ne tirera rien
du Nord; cela n'arriverait pas à temps.
Le
principal est d'envoyer le colonel Camus à Bayonne et Pampelune, pour faire le
service de directeur du parc et diriger tous les mouvements nécessaires à
l'artillerie. Le chef de bataillon Roquefère et les capitaines qui ont servi au
siège de Saragosse pourraient lui être adjoints comme connaissant déjà le
terrain. Il faudrait également donner ordre au général Ruty de se rendre à
Bayonne, pour correspondre avec le colonel Camus et former l'équipage.
Il
faut surtout ne pas perdre un moment; voilà déjà un mois de perdu. On trouvera
tout à Bayonne, Toulon, Rochefort, Pampelune et Saint-Sébastien.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808
A
Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Monsieur
mon Frère, l'empereur de Russie et moi nous sommes donné rendez-vous à Erfurt,
le 27 septembre, pour conférer sur la situation des affaires de l'Europe et sur
les moyens de mettre fin aux troubles du monde et de rétablir la tranquillité
générale. Je partirai le 20 de Paris. Sachant la part que Votre Majesté prend à
ce qui me regarde, j'ai cru devoir l'informer moi-même de cet événement.
----------
Même
lettre au roi de Wurtemberg, au roi de Bavière, au grand-duc de Bade, au prince
Primat.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808
A
Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon
Frère, je reçois votre lettre du 8. Je vois avec peine les événements
qu'elle contient. Le peuple de Brunswick a tiré sur la force armée. Je ne
m'arrête pas à l'événement du gendarme, mais j'y vois une insurrection
populaire qui est une suite du mécontentement qu'on m'assure exister dans la
Westphalie et dans plusieurs pays de l'Allemagne. On assure qu'il y a peu de
police dans votre royaume et que les agents des anciens princes s'y agitent de toutes
les manières. Si le gendarme est coupable, il doit être sévèrement puni. Mais
ce qui doit être par-dessus tout l'objet de vos recherches, c'est l'instigateur
de cette émeute; il faut qu'il soit puni exemplairement, sans quoi vous aurez bientôt
des émeutes plus sérieuses. Les gendarmes français vous sont inutiles ;
renvoyez en France tous ceux qui sont dans votre royaume.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808
A la
Reine Louise, à Compiègne
Madame
ma Soeur, j'ai recu la lettre de Votre Majesté du 9. Le Roi et elle êtes
maîtres de vous rendre dans tous les lieux qu'il vous conviendra de choisir. Vous
serez obéis dans tous mes Étazs, et tout sera à votre disposition. Le Roi est
maître de voyager, soit sous son véritable nom, soit incognito, soit enfin de
faire tout ce qui lui est agréable. Soit qu'il passe l'hiver à Nice, soit qu'il
le passe à Marseille, il sera toujours maître de retourner à Compiègne ou dans
celui de mes palais dont l'habitation peut être le plus convenable à sa santé. Votre
Majesté ne doit avoir aucune inquiétude sur l'exécution des stipulations du
traité.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808
A
Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse, à Berlin
Je
réponds à la lettre de Votre Majesté du 3 septembre. Je me réjouis avec elle de
voir toutes nos affaires terminées. Je désire que les anciennes relations qui
ont existé entre Votre Majesté et moi se rétablissent, et que le souvenir des
tempêtes qui ont marqué l'époque de notre séparation soit tout à fait effacé de
sa pensée. Quant à moi, je me sens disposé à reprendre pour elle mes anciens
sentiments, dont elle m'a paru, dans d'autres époques, parfaitement convaincue.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808
A la
reine Louise de Prusse, à Berlin
Madame
ma Soeur, je réponds à la lettre que Votre Majesté a bien voulu m'écrire lors
de l'arrivée du prince Guillaume. Je me réjouis de la rentrée de Votre Majesté
à Berlin, ce qui réalise ses plus chers voeux. Il ne tiendra qu'au Roi et à
Votre Majesté que nos pays ne reprennent les sentiments qu'ils avaient avant
les derniers événements. J'en éprouverai d'autant plus de joie que cela sera
plus conforme aux sentiments que Votre Majesté m'a inspirés.
Saint-Cloud,
14 septembre 1808
Au
général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Je
reçois votre lettre du 29 août. Vous avez trouvé dans les Moniteur qui ont
paru, et vous verrez dans celui d'hier, que je vous envoie, toutes les pièces
relatives aux affaires d'Espagne. La plus grande confusion règne parmi les
insurgés; mes troupes avancent à grands pas vers l'Espagne et mon armée se
fortifie tous les jours. Le roi d'Espagne est à Burgos; à trente lieues de lui,
il n'a aucun ennemi.
L'empereur
a dû trouver le maréchal Lannes sur la Vistule. Le général Oudinot est à
Erfurt, dont il a le commandement. Un détachement de ma maison y est déjà
arrivé. Le prince de Bénévent part le 16 et sera rendu à Erfurt le 20. M. de
Champagny part le 18. Moi je partirai le 20. Le prince de Neuchâtel voyagera
dans ma voiture.
Le
prince Guillaume (3) a pris ce matin congé. Toutes !es affaires de Prusse sont
terminées. Enfin les 80,000 conscrits des années 1806, 1807, 1808 et 1809
seront tous levés avant le 11 novembre. Je verrai, pour lever les 80,000
autres, quelle sera l'issue des événements.
J'ai été fort sensible au langage de l'empereur. Les dernières nouvelles de Lisbonne sont du 18 août; alors les Anglais paraissaient faire de grands mouvements. Je n'ai point de renseignements ultérieurs.
(Lecestre)
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
A M.
de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur
de Champagny, j'ai lu dans un de vos portefeuilles une lettre de Francfort du
28. Il faudrait écrire en Bavière qu'on fit plus
d'attention aux gazettes, et qu'on ne laissât pas diriger par les ministres
autrichiens les gazettes de Nuremberg, d'Augsbourg et autres
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
Au
général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Un
soldat du 76e a tué un paysan saxon. Donnez ordre au colonel de ce corps de le
faire juger partout où il sera, et que la sentence soit affichée et imprimée
dans le royaume de Saxe.
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
A
Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Paris
Mon
Cousin, je vous envoie les états de situation de l'armés d'Espagne. Il faut
m'en faire faire un livret dans la forme ordinaire et en envoyer une copie au
ministre de la guerre, qui sera bien aise de l'avoir. Répondez au maréchal
Jourdan que je désire que ma Garde soit réunie. Hormis le régiment de chevau-légers
polonais, qui reste au corps du maréchal Bessières, toute ma Garde doit être
réunie à la réserve. Donnez-lui ordre que le 3e bataillon du 2e de ligne
rejoigne sans délai les deux autres bataillons, et y soit tiercé; que les
grenadiers et voltigeurs du 55e rejoignent également leur corps; que les deux
compagnies du 14e de ligne, qui sont à Bilbao, en partent pour rejoindre leur
corps. Le 5e bataillon de la 4e légion de réserve pourrait, de Saint-Sébastien,
se rendre à Bilbao pour renforcer la colonne du général Monthion. Le
détachement du 14e de ligne, qui est à Villaréal, doit rejoindre ce régiment. Le
3e bataillon du 14e de ligne, qui est à Tolosa, doit rejoindre également, de
même que la compagnie du 55e et le détachement de 200 hommes du 1e léger, qui
sont à Irun, la compagnie du 44e, qui est à Ernani, et le détachement du même
régiment, qui est à Durango. Recommandez qu'on réunisse les régiments et qu'on
les forme bien, afin qu'on puisse rétablir l'ordre. Vous donnerez ordre
au général Drouet d'envoyer à Vitoria le bataillon de la réserve qui est à
Bayonne. Les 4e, 6e et 7e bataillons de marche ne devaient pas être incorporés
dans deux seuls régiments; chaque détachement devait rejoindre son régiment;
mais enfin, si l'on prend le parti de les fondre dans les 14e et 44e, il faut
n'incorporer que les soldats, et renvoyer à Bayonne, au dépôt général, les
officiers et sous-officiers pour recevoir les 20,000 conscrits qui s'y rendent.
Recommandez de nouveau au maréchal Jourdan de réunir tous les corps ; c'est la
chose la plus urgente. Donnez ordre que les bataillons provisoires de Prusse et
de Westphalie soient dirigés sur Saint-Sébastien.
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
A
Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Paris
Mon Cousin, faites connaître au général Drouet que 20,000 conscrits se rendent à Bayonne an commencement d'octobre, et seront arrivés avant la fin du mois; que les 43e, 51e, 86e, 47e et 55e doivent recevoir chacun un millier d'hommes; qu'il faut donc disposer pour cela les cadres des 3e bataillons des 43e et 51e, du 4e bataillon du 86e, du 3e bataillon du 47e, et que, pour cet effet, il fasse partir 5 ou 600 hommes de ces bataillons, en les faisant accompagner d'un officier, de deux ou trois sergents et de deux ou trois caporaux par 200 hommes. Ces détachements seront incorporés dans les bataillons qui sont à l'armée, et les officiers et sous-officiers rentreront immédiatement après. Donnez ordre que les compagnies de grenadiers et de voltigeurs qui doivent rejoindre soient complétées, mais qu'on profite de leur passage pour y joindre 2 ou 300 conscrits pour les corps. Par ce moyen, les cadres de ces bataillons pourront recevoir à Bayonne les nouveaux conscrits, et les régiments se trouveront renforcés de tous les hommes qui sont aujourd'hui existants à Bayonne. Écrivez au major général de l'armée d'Espagne pour lui faire comprendre l'importance de cette mesure, et envoyez-lui la note des conscrits qui seront envoyés à Bayonne et des corps qui les recevront, afin qu'il s'entende avec le général Drouet pour qu'il y ait à Bayonne un petit dépôt destiné à recevoir ces conscrits, qui seront habillés par le dépôt général, soit, pour les régiments faibles, en renvoyant le cadre d'un bataillon et en placant tous les hommes disponibles dans les deux autres bataillons , soit par tout autre moyen. Vous donnerez l'ordre au 5e bataillon de la 2e légion, qui est à Bayonne, de se rendre à Vitoria, et aux bataillons irlandais et prussien de se rendre à Saint-Sébastien. Vous ferez connaître au major général que, moyennant ces compléments, il peut mettre en ligne le 55e, et, moyennant l'arrivée du bataillon de la légion, il peut retirer les détachements des 14e et 44e qui sont à Bilbao. Chargez le général Drouet de passer la revue des sept 5e bataillons des nouveaux régiments de l'armée d'Espagne, afin de s'assurer qu'ils ont, à leurs dépôts, leurs capitaines d'habillement et les cadres de quatre compagnies. On fournira ce qui manquerait.
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
Au
maréchal Masséna, à Paris
J'ai
appris avec la plus vive peine le malheureux accident qui vous est arrivé. Après
avoir échappé à tant de dangers, être blessé à la chasse, c'est un peu de
guignon. J'apprends cependant que vous allez mieux et que cela n'aura pas de suite.
Je le désire fort, pour utiliser vos talents et votre zèle pour la gloire de
nos armes.
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
NOTES POUR JOSEPH NAPOLÉON, ROI D'ESPAGNE
(La
copie de l'original est devenue illisible en plusieurs endroits par suite de
l'altération du papier. On a cru devoir reproduire en note, ci-après, les
phrase complètes de la minute et signaler quelques mots qui paraissent avoir
été primitivement mal déchiffrés.
En
marge de la minute on lit la recommandation suivante : " On désire
que ces notes ne soient point communiquées aux généraux des ailes, il faut leur
envoyer des ordres et non des discussions. Le Roi peut les étudier et les
discuter avec quelques officiers")
PREMIÈRE PARTIE.
1e Observation.
- La position offensive (sur la minute : offensive) de l'armée d'Espagne
est essentiellement mauvaise. La position de l'Èbre et surtout le débouché si
important de Burgos ne sont tenables qu'autant qu'on occupe Tudela. Si Tudela
n'a pas été occupé, l'ennemi, qui aura senti cette faute, doit l'avoir fait. S'il
est en force et . . . . . . . . Estella à. . . . . . .trouvera à huit marches
derrière (minute : "s'il est en force et qu'il se soit porté par Estaella,
il se trouvera à huit marches derrière l'armée"). . . . . . .dans un pays
de défilés et de montagnes. Il faut donc occuper Tudela. L'ennemi, qui n'a
point de plan ni de forte armée, n'aura pas probablement essayé d'y revenir ;
mais il faut occuper Tudela d'une manière offensive et avec 15 ou 16,000
hommes, dont les trois quarts placés sur la rive droite, et l'autre quart sur
la rive gauche.
L'armée
campée et baraquée là, 60,000 Espagnols, même de troupes réglées, ne sont pas
dans le cas de forcer cette position; et enfin, si le général qui occupe Tudela
ne juge pas à propos de livrer bataille, il pourra en deux heures de temps
repasser la rivière, et successivement, de position en position, arriver au
camp retranché de Pampelune.
Au
lieu de s'en tenir à ce système, l'on a exigé que tout le corps de 16 à 18,000
hommes qui devait être à Tudela eût la droite à Logrofin ; système fautif, bon
pour des douaniers et nullement pour une opération militaire.
2e
Observation. - Le corps de gauche, tout concentré à Tudela, ne doit
avoir rien de commun avec le reste. Son rôle est tout à fait séparé. Son principal
but doit être de maintenir la Navarre. C'est ce qui avait été déjà exprimé dans
les notes précédentes. Ce corps aurait une ligne particulière d'opération
dirigée sur Pampelune, où il aurait ses gros bagages, ses transports et tout ce
qui pourrait l'embarrasser.
3e
Observation,. - Le camp de Tudela, porté de 16 à 18,000 hommes, ayant
toujours pour un mois de vivres, ne doit pas rester oisif (inactif). Il doit
envoyer des partis qui se dirigeront à un ou deux jours de marche, tant sur la
droite que sur la gauche, et, par là, couvrir la position de Logrono.
Dans
cet état de choses, que fera l'armée d'Aragon ? Quittera-t-elle Saragosse pour
se porter sur Logrono ? Alors le camp de Tudela la prendra en queue. Se
dirigera-t-elle par Arcos sur Pampelune ? Mais alors deux choses pourront
arriver : ou le corps de Tudela se portera sur Saragosse, prendra la ville, ou
enverra sur Arcos même un détachement par la rive gauche.
4e
Observation. - Si, au contraire, l'on n'occupe pas Tudela, voici ce que
fera l'ennemi : il y viendra, s'il est en force, et alors tout l'Aragon
s'insurge (s'insurgera), et l'armée française, si elle est menacée par sa
droite, perdra en manoeuvres un temps précieux, qui la mettra dans le cas
d'être battue par un nombre inférieur. En effet, 20,000 hommes insurgés qui se
porteraient à Tudela, semant des faux bruits, mettront l'armée française dans
le cas de faire un détachement de 15 à 16,000 hommes pour renforcer sa gauche. Cinq
à six jours sont nécessaires pour ce mouvement; et, si alors l'ennemi se
présentait sur Burgos avec toutes ses forces de ligne, on n'aurait plus le
temps de faire revenir le corps détaché à la gauche, et l'on pourrait être
obligé à repasser les monts sans que seulement le tiers de l'armée se soit
battu.
5e
Observation. - Si l'on est placé, avec 15 à 18,000 hommes à Tudela, on
ne peut rien redouter. Quelque formidable que soit l'armée ennemie qui se porte
sur Burgos, fût-elle de 40,000 hommes de troupes de ligne, on a le temps de la
voir, de la compter. L'on peut repasser la rivière, prendre des positions sur
la gauche de l'Èbre et donner le temps au reste de l'armée de faire un
mouvement sur Tudela, parce qu'il serait alors prouvé que la force est là.
La
preuve de ce que nous avançons est que le moindre bruit inuiète le quartier
général, parce qu'on n'est pas dans une bonne position. A la guerre, les
espions, les renseignements comptent pour rien ; ce serait aventurer la vie des
hommes à de bien faibles calculs que de s'y fier.
Ainsi
l'ennemi aura beau dire que toute l'armée de ligne marche de Saragosse sur
Tudela, on n'abandonnera Tudela que lorsqu'on aura vu l'ennemi et fait 30 ou 40
prisonniers qui donneront des détails précis, et alors on saura à quoi s'en
tenir.
Si
l'on ne veut pas admettre de la part de l'ennemi des plans combinés, voici ce
qu'il peut faire et a peut-être fait : rassuré sur la position de Saragosse par
l'évacuation de Tudela, il se portera sur Sos, inquiétera les communications de
Pampelune à la France et de Pampelune à l'armée. On écrirait aussitôt au quartier
général qu'il faut se retirer au camp de Pampelune, et alors l'ennemi sera le
maître de ses opérations, et, si cet ennemi n'est qu'un ramassis de misérables
, qu'un homme de résolution à la tête de 3,000 braves mettrait facilement en
déroute, il faut déplorer le sort des soldats francais qui se trouvent si mal
dirigés. Par cette retraite de la gauche sur Pampelune, le centre se trouvera
tourné, obligé de se retirer et il ne serait pas impossible qu'une armée de
60,000 braves fût contrainte à des manoeuvres ridicules, qui porteraient le
découragement et le désordre dans l'armée.
6e
Observation. - Nous avons déjà fait connaître que le système des cordons
est des plus nuisibles, et qu'une ligne, comme le Rhin et la Vistule même, ne
peut se soutenir qu'en occupant des ponts qui permettent de reprendre
l'offensive. Quoique en plaine, il faut comparer la position de Tudela à une
côte qui domine, parce que , occupant Tudela, on occupe une position offensive
: l'ennemi a tout à craindre et doit se garder partout.
L'on
doit conclure de ces six observations qu'il faut centraliser toute la gauche à
Tudela, qu'il faut que les 16,000 hommes ainsi réunis se forment, s'excitent,
s'électrisent et menacent sans cesse. Il faut ne laisser à Pampelune que 2,000
hommes au lieu de 5,000 hommes, avoir une offensive telle qu'il convient à une
armée française, et non une défensive molle, telle que celle que l'on a
établie.
Nous
venons de faire connaître de quelle manière devait être établie la gauche de
l'armée; mais la droite n'est pas mieux assise. Pourquoi occuper Burgos
seulement avec de la cavalerie, pourquoi pas avec tout le corps du maréchal
Bessières, fort de 16 à 18,000 hommes ? En envoyant des reconnaissances à 15 et
16 lieues, on organiserait une défensive honorable et on éclairerait tous les
mouvements de l'ennemi. Toutes les troupes espagnoles seraient alors
insuffisantes. Quand ils auraient 40,000 hommes de troupes réglées, cette
avant-garde les verrait venir, se replierait sur les divers corps ; on ferait
tout de suite une manoeuvre d'ensemble. Mais que dire ici que nous n'ayons déjà
dit dans les notes antérieures ?
Le
corps du centre du maréchal Ney, ainsi que le corps autour du Roi, de 24,000
hommes, peuvent être en deuxième ligne entre Logrono et Burgos. La colonne de
gauche se trouverait éloignée de trois marches forcées de Tudela, et la colonne
de droite d'une marche de Burgos.
On
conçoit la position de l'armée, offensive par sa droite et offensive par sa
gauche. Alors on est certain de ne point s'inquiéter des faux bruits répandus
par l'armée ennemie.
Il
faut que les ordres que l'on donne soient positifs. Depuis quand 20,000 hommes
ont-ils été étonnés de se voir approcher par plus du double ? On n'a pas
d'ennemis en face et on se trouve décontenancé ! Il n'est pas un
sous-lieutenant qui ne voie que l'armée est dans une mauvaise position. C'est,
au reste, ce qu'on a toujours vu dans une défensive mal raisonnée et mal
entendue. L'on verra les changements qui auront lieu dans l'esprit des
habitants et dans celui de l'armée, lorsqu'on exécutera ce qui a été prescrit
dans les trois notes précédentes et dans celle-ci.
DEUXIÈME PARTIE
(D'après
le registre des héritiers du roi Joseph, il manque ici trois feuillets
contenant, y est-il dit, des explications sur ce qu'il eût fallu faire après
l'événement de Bailen, savoir : l° ne pas évacuer Madrid, 2° prendre Saragosse;
3° maintenir en position de communiquer avec le Portugal. Les explications
mentionnées sont pareillement biffées sur la minute.) -
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L'armée
composée et organisée comme elle est, que faut-il faire ?
On
pense qu'après que l'on sera bien placé, l'on peut faire des détachements sur
Soria, s'emparer de la ville, brûler quelques maisons, enlever des otages,
désarmer cette ville et lui faire fournir des vivres, brûler les biens des
nobles émigrés.
Cette
opération est d'autant plus importante qu'en l'exécutant on couvre le centre de
l'armée. Que peut-on faire encore ? Réponse : diriger deux colonnes , l'une de
Bilbao et l'autre de Reinosa, sur Santander, s'emparer de cette ville, brûler
le drapeau qui a servi à la proclamation de Ferdinand, chasser l'évêque,
prendre des otages, désarmer les habitants ; voilà pour le centre et la droite.
Quant à la gauche, il faut envoyer des partis jusqu'à Tarazona et prendre des
otages. Toutes ces petites opérations prépareront celles qui auront lieu à
l'arrivée des secours, et donneront à une armée de 60,000 hommes la sphère de
confiance et d'activité qu'elle doit avoir. En même temps, elles donneront le
moyen de recevoir des nouvelles et empêcheront celles que l'on répand dans les
camps et qui tendent à décourager le soldat et à donner de l'insolence aux
habitants. Également dans la Biscaye et la Navarre, il faut faire arrêter les
gens suspects. Pourquoi à Burgos, la maison de Valdès n'est-elle pas saisie ? Les
insurgés agissent avec vigueur, et l'armée française est indulgente jusqu'à la
faiblesse.
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
A
Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je n'ai jamais supposé que le chemin de Pordenone à Osoppo dût coûter 150,000 francs : si cela est, j'y renonce; que le canal de Palmanova dût coûter trois millions : on m'avait assuré qu'il coûterait 500,000 francs ; s'il doit coûter trois millions, j'y renonce. Je n'ai jamais pu penser non plus que la digue de Mantoue coûtât un million. Causez avec les officiers du génie sur ces trois objets, et faites-moi connaître leur opinion. Mon intention est que les 300,000 francs que j'ai accordés, cette année, soient employés à la digue de Mantoue. Cette digue est nécessaire pour rendre la ville saine.
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
A
Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon
Fils, je vous laisse le maître de faire revenir les 1er et 29e régiments de
ligne pour rejoindre les 4e bataillons à Forli. Mais comme rien ne vous presse,
et que ces régiments peuvent être utiles à Rome pour contenir les malveillants,
vous pouvez les laisser encore quelques temps. Quant aux mouvements de
Dalmatie, j'ai, le 25 septembre, à Erfurth, une entrevue avec l'empereur de
Russie, et, à mon retourm, je vous écrirai.
(prince Eugène)
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
A
Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon
Fils, j'ai travaillé aijourd'hui pour arrêter le compte des finances. Aldini
vous fera connaître les différentes dispositions que j'ai prises. Comme je vais
partir du 20 au 21 pou Allemagne, où j'ai une enteevue avec l'empereur de Russie,
je désire à mon retour avoir sous les yeux toutes les pièces relatives aux
budgets de 1808 et 1809.
(prince Eugène)
Saint-Cloud,
15 septembre 1808
A
Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon
Fils, j'ai reçu votre lettre, et l'état des escadres russes de Venise et
deTrieste. Faîtes-moi connaître combien peuvent valoir les bâtiments russes qui
sont dans le port de Vebise et ceux de Trieste qui peuvent y entrer. Si les
vaisseaux de ligne qui sont à Trieste désarmés et allégés seraient capables
d'entrer dans Venise, ou si l'on pourrait les envoyés désarmés à Ancône,
l'intention de l'empereur Alexandre étant de rappeler ses matelots et de me
laisser prendre tous ces bâtiments.
(prince Eugène)