1 - 9 Janvier 1809
Benavente, 1er janvier 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, le Pape est dans l'usage de donner des cierges aux différentes puissances. Vous écrirez à mon agent, à Rome, que je n'en veux pas. Le roi d'Espagne n'en veut pas non plus. Écrivez à Naples et en Hollande pour qu'on les refuse. Il ne faut pas en recevoir, puisqu'on a eu l'insolence de n'en pas donner l'année dernière. Voici comme j'entends que l'on se conduise à cet égard : mon chargé d'affaires fera connaître que, le jour de la Chandeleur, je recois des cierges bénits par mon curé ; que ce n'est ni la pourpre ni la puissance qui donnent de la valeur à ces sortes de choses. Il peut y avoir en enfer des papes comme des curés; ainsi le cierge bénit par mon curé peut être une chose aussi sainte que celui du Pape. Je ne veux pas recevoir ceux que donne le Pape, et tous les princes de ma famille doivent en faire autant.
Benavente, 1er janvier 1809.
Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris
Je recois les états de situation au 15 novembre. Voici mes observations pour l'armée du Rhin. Vous portez au 13e léger 384 hommes, qui arriveront à Hanovre le 6 janvier; vous affectez ces hommes au 4e bataillon. Je suppose que ces 384 hommes sont le détachement du régiment de marche formé à Louvain; mon intention n'est pas qu'il compte au 4e bataillon; il faut qu'il soit réparti dans les trois premiers bataillons, qui sont encore loin du complet. Les cadres de ces détachements doivent retourner à Ostende, y recevoir les conscrits et former le 4e bataillon, qui devra partir quand j'en donnerai l'ordre. Le 17e de ligne a déjà ses quatre bataillons à l'armée du Rhin. Il faut faire partir les grenadiers et voltigeurs de ce corps, qui sont à la réserve de Boulogne, et les incorporer dans les compagnies d'élite de ces bataillons. Les officiers et sous-officiers rentreront au dépôt pour recevoir les conscrits de l'année. Par ce moyen, le 17, aurait donc à l'armée du Rhin 3,000 hommes ; il lui manquerait encore 300 hommes, car mon intention est qu'au mois de mars toute mon armée du Rhin ait 840 hommes par bataillon et quatre bataillons par régiment, hormis le 15e léger, qui n'en aura que trois.
J'ai à l'armée du Rhin vingt et un régiments d'infanterie; cela me fera donc quatre-vingt-trois bataillons, qui produiraient 70,000 hommes. Le corps d'Oudinot doit être composé de douze demi-brigades provisoires, formées de trente-six 4e bataillons des corps qui sont en Espagne et dont les grenadiers et voltigeurs sont déjà à ce corps. Il offrira une force de trente mille hommes. J'aurai donc à l'armée du Rhin 100,000 hommes d'infanterie. La division Legrand et la division Saint-Cyr, hormis les tirailleurs corses et du Pô, qui passeront sous les ordres du général Oudinot, se rendront à Paris à petites journées. Elles seront cantonnées dans un circuit à vingt lieues aux environs de Paris, et par régiment au moins. Les généraux et tous les officiers resteront à leur poste. Cela me ferait vingt nouveaux bataillons et porterait mon armée du Rhin à 120,000 hommes à l'effectif, et, au moins, à 110,000 présents à l'entrée de la campagne. Je vous ai déjà donné mes ordres pour tout cela. Mais, dans un moment où je vous laisse la répartition des 80,000 hommes de 1807, je crois nécessaire de vous remettre sous les yeux qu'il est à propos de donner à chaque corps le nombre d'hommes convenable et un excédant de 100 hommes pour ceux qui ne réussissent pas. Quant à mes quatorze régiments de grosse cavalerie laissés en Allemagne, je désire avoir au mois de mars cinquante-six escadrons de 225 hommes chaque, officiers non compris, c'est-à-dire 900 hommes par régiment à cheval, afin de pouvoir présenter 875 hommes, officiers compris, à l'ennemi, en comptant 50 hommes pour la différence du présent à l'effectif; ce qui me ferait 12,000 hommes de grosse cavalerie présents à l'armée. Les huit régiments de cavalerie légère devront avoir la même organisation et me présenter 7,000 hommes de cavalerie légère, et en totalité 19,000 hommes de cavalerie. Quant aux corps des villes hanséatiques, les deux régiments de ligne et les deux de chasseurs doivent être sur le même pied. Ainsi, par ces dispositions, il aurai à l'armée du Rhin un effectif de 150,000 hommes, artillerie et sapeurs compris; aux corps des villes hanséatiques, un effectif de 10,000 hommes. J'aurai donc, en tout, en Allemagne 160,000 hommes.
Quant à l'armée d'Italie, j'y ai actuellement douze régiments de ligne entiers, faisant quarante-huit bataillons ; seize 3e et 4e bataillons à l'armée de Dalmatie, lesquels formeront des régiments de deux bataillons commandés par leurs majors; quatre bataillons à Corfou, pour lesquels on suivra la même disposition ; six bataillons à Naples, soumis à la même organisation; total, vingt-six bataillons, et total général, soixante et quatorze bataillons, ou plus de 60,000 hommes. Mon intention est que ces soixante et quatorze bataillons soient tous à l'effectif de 840 hommes avant mars. Les divisions Boudet et Molitor, qui doivent être en marche pour se porter sur Lyon et les rives de la Saône, me formeront une réserve qui agira selon les circonstances. Ce corps, étant composé de sept régiments, doit m'offrir vingt-huit bataillons, qui me feront plus de 23,000 hommes. Cela portera donc l'infanterie de mon armée d'Italie à près de 100,000 hommes, y compris l'armée de Dalmatie et un ou deux régiments que je pourrai encore ôter de Naples; ce qui, joint à 20.000 Italiens et à 20,000 hommes de la Confédération, y compris les quatre régiments de Confédérés qui sont à Lyon et les quatre régiments italiens, porterait mon armée d'Italie à près de 150,000 hommes, artillerie et sapeurs compris, ainsi que les auxiliaires. Je pourrai donc avoir, à la fin de mars, 160,000 Francais et 100,000 auxiliaires de la Confédération, de Hollandais et Polonais, c'est-à-dire une armée de 260,000 hommes en Allemagne et 150,000 hommes en Italie, et, an total, au delà de 400,000 hommes à diriger contre la maison d'Autriche, si celle-ci voulait bouger.
Je désire que vous m'envoyiez cette situation; elle indiquera en encre jaune ce qui est en projet, en encre noire ce qui existe, et en encre rouge ce qui doit être envoyé de la souscription de 1809. Entendez-vous avec le général Dejean pour que mes troupes ne manquent pas d'habillements et ma cavalerie de harnachements.
Benavente, 1er janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je trouve ridicule que le préfet de Nice ait ordonné qu'à l'avenir il ne sera pas permis au public de faire répéter une ariette. Un peu de tapage an théâtre n'est pas une chose assez importante pour qu'on doive intervenir dans les plaisirs du public. Je veux qu'on jouisse en France d'autant de liberté qu'il est possible. Témoignez mon mécontentement à ce préfet. J'approuve qu'il ait fait arrêter les trois jeunes gens qui ont crié bis pour narguer le maire; mais aussi pourquoi ce magistrat se mêle-t-il dans les querelles de jeunes gens et de coulisses ? Veillez à ce que l'autorité se fasse sentir le moins possible et ne pèse pas inutilement sur les peuples.
Benavente, 1er janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre du 17. Les Anglais ont lâchement et honteusement abandonné les Espagnols. Nous les poursuivons vivement. Les Espagnols qui formaient leur gauche sont écrasés; La Romana avait encore quelques milliers d'hommes, qu'il a perdus. Il paraît que les Anglais avaient fait venir 10,000 chevaux pour se sauver plus vite. Faites relever tout cela dans les journaux; faites faire des caricatures, des chansons, des noëls populaires; faites-les traduire en allemand et en italien, pour les répandre en Italie et en Allemagne.
(Lecestre)
Benavente, ler janvier 1809
A M. Bigot de Préameneu, ministre des cultes
Témoignez mon extrême mécontentement à l'archevêque de Bordeaux sur le sermon qui a été prononcé le 4 décembre, par l'abbé Langlade. Dites-lui que je n'ai reconnu en cela ni les sentiments de l'archevêque, ni ce que j'ai le droit d'attendre du clergé de Bordeaux. Quant au sieur Langlade, j'ai ordonné au ministre de la police de le faire arrêter, et je le punirai de telle manière, que cela serve d'exemple aux autres.
Témoignez également mon mécontentement à l'archevêque sur le mauvais esprit qui a dicté son instruction relative au message par lequel j'ai appelé mes peuples à la défense de la patrrie. Cet esprit s'est particulièrement manifesté par ces expressions : "En faisant cette communication à vos paroissiens, vous ne manquerez pas de les porter avec un zèle prudent à se soumettre aux ordres de la divine Providence, lorsqu'elle exige que nous achetions par des sacrifices pénibles, mais passagers, ce repos qui est l'objet de l'espérance chrétienne. " L'archevêque de Bordeaux est sans doute un homme de bien; mais il est entouré de mauvais sujets dont il ne sait pas se défier, ou qu'il ne peut contenir. Mandez-les sur-le-champ à Paris.
(Lecestre)
Benavente, 1er janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Vous avez bien fait de faire arrêter l'émigré rentré avec le duc d'Abrantès. Personne en France n'est au-dessus de la loi. Vous n'aviez pas même le droit de ne pas le faire arrêter. Un émigré ne peut rentrer qu'en vertu d'un décret officiel de moi. Quand se fera-t-on des idées justes de ce qui convient, et quand cessera-t-on de gouverner avec des règles de fantaisie ?
Benavente, 1er janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à La Florida
Mon Frère, le général la Romana n'a pas 6,000 hommes, nus et mourant de faim, troupes de réquisition, et il n'oserait plus se fier à son armée en campagne, exaspérée au dernier point contre lui. Le maréchal Soult l'a attaqué le 26 décembre à Mansilla avec deux régiments de cavalerie, et lui a pris 1,500 hommes et deux drapeaux. Il est entré à Léon le 30; il y a trouvé 2,000 malades aux hôpitaux. Cette armée de Galice n'existait donc véritablement plus depuis les affaires d'Espinosa. Elle existe encore moins aujourd'hui.
Aujourd'hui, 1er de l'an, le maréchal Soult est à Puente de Orbigo. Le maréchal Bessières a couché à la Baneza et marche sur Astorga, où nous serons aujourd'hui. Les Anglais ont abandonné 1,500 tentes et 4,000 couvertures, tout leur rhum, une quantité immense de chariots sur la route et beaucoup de traînards. Ils n'en sont pas quittes. Nous les poursuivons vivement. Je serai ce soir à Astorga.
Je vous ai mandé que la division Dessolle rentrait à Madrid. La communication par Valladolid, Burgos, Ségovie, Guadarrama sera assurée. Donnez ordre que des postes soient placés sur la route de Villacastin et sur les routes de Madrid à Ségovie, et de Ségovie à Valladolid ; demandez-en l'état, et retirez tout ce qui est inutile, pour fortifier la garnison de Madrid. Par les états que j'ai recus , il résulterait que vous avez 2 ou 3,000 hommes de compagnies de marche arrivés à Madrid, appartenant aux différents corps. La brigade hollandaise, qui est à Aranda, doit se rendre à Madrid. Il en est de l'armée de Castanos comme de l'armée de la Romana; on les disait, il y a huit jours, l'une et l'autre de 15 et 20, 000 hommes ; je suis persuadé qu'elles ne sont pas de 4,000 hommes. Le temps est mauvais, la saison est rigoureuse, mais cela ne nous arrêtera pas; nous tâcherons d'en finir avec les Anglais.
Vous enverrez sans doute des agents à Léon. Tâchez d'établir la correspondance de cette ville avec Madrid; surtout beaucoup d'imprimés.
On s'était emparé à la baïonnette du Monte Torrero devant Saragosse, et les opérations du siège se poursuivent vivement.
Le général Saint-Cyr est arrivé le 19 à Barcelone, a pris et battu ce qui était devant lui. J'ai dans cette place 30,000 hommes qui exercent leur influence à vingt lieues à la ronde. Reding a été battu.
Benavente, ler janvier 1809
A Frédéric-Auguste, roi de Saxe, à Dresde
Je reçois la lettre de Votre Majesté du 6 décembre. J'ai donné ordre qu'il fût fait droit à la juste demande de l'électeur de Trèves. Je suis fort aise d'avoir trouvé cette occasion de faire quelque chose qui soit agrêable à votre famille.
Benavente, ler janvier 1809
A Wenceslas, ancien électeur de Trèves, évêque d'Augsbourg
Je reçois la lettre de Votre Altesse du... novembre. Je donne ordre que les 77,500 florins qu'elle demande soient payés par la France. Elle peut, en conséquence, tirer une lettre de change sur le payeur de l'armée du Rhin, à Hanovre. Chargez à Paris le ministre de Saxe, ou tout autre agent, de faire une convention avec mon ministre des relations extérieures. Il paraîtrait naturel que le roi de Westphalie acquittât les dettes des anciens électeurs de Hesse et de Brunswick. La Prusse, rentrant dans ses domaines, pourra acquitter les siennes. Benavente,
Benavente, 1er janvier 1809
Au comte Lavalette, Conseiller d'État, directeur général des Postes
Vous pouvez placer ailleurs le directeur de la poste de Bayonne qui a été destitué pour avoir transgressé mon décret sur ls estafettes. Donnez des ordres pour que mes décrets soient ponctuellement exécuté.
(Brotonne)
Astorga, 2 janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à la Florida
Mon Frère, je suis arrivé hier à Astorga. Le maréchal Bessières est maintenant près de Villafranca. Il a pris 2,000 Espagnols et 500 Anglais; une grande quantité de bagages et de magasins a été brûlée par lui. On trouve sur la route plus de 800 chevaux morts, et beaucoup de munitions et de bagages. La terreur est tout entière chez eux. Le duc de Dalmatie les poursuit. La Garde retourne à Benavente; moi-même je me rapproche du centre de mon armée. La correspondance du duc de Danzig est telle que je n'y conçois rien. J'espère que Merlin l'aura rejoint. Il est probable que plus de la moitié de l'armée anglaise sera en notre pouvoir : c'est l'opinion des Anglais eux-mêmes. Quant à la Romana, son corps est presque détruit; 2,000 hommes ont été faits prisonniers à Léon, 2,000 ici. Ils sont sans solde et sans vivres depuis quinze jours, et presque nus.
Le 22, on a pris la position de Monte Torrero, qui couvrait Saragosse, et on a fait 1,000 prisonniers. Je crois vous avoir mandé que le général Gouvion Saint-Cyr était arrivé à Barcelone et réuni au général Duhesme.
Faites tirer le canon en réjouissance de tous ces succès sur les Anglais. Le général Dessolle doit être à mi-chemin de Madrid quand vous aurez reçu cette lettre.
Astorga, 2 janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à La Florida
Mon Frère, la brigade hollandaise, forte de 1,600 hommes, doit arriver à Madrid le 6 janvier; elle vient par Aranda, ainsi que les 31e, 32e, 33e, 34e, 35e, 36e compagnies de marche, composées d'anciens soldats du 1er corps.
Les 39e, 40e, 41e compagnies de marche, composées d'anciens soldats du 4e corps formant ensemble 1,800 hommes, doivent être arrivées à Burgos le 2 janvier.
Il y a à Aranda le général Trelliard avec un bataillon du 111e et 2,000 hommes des dépôts de cavalerie, plus les 3e bataillons des 43e et 51e d'infanterie, le bataillon d'Irlandais et Prussiens, le bataillon de Westphalie, le 3e bataillon du 5e d'infanterie légère; tout cela sous les ordres du général Trelliard.
Benavente, 4 janvier 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, je reçois votre lettre du 18. Je suis dans l'opinion et j'ai des preuves qu'on fait la contrebande dans le royaume de Naples. Les raisonnements du sieur d'Aubusson la Feuillade ne me convainquent pas, car il est accaparé par Saliceti, qui lui-même la favorise. Je désire d'abord que mon consul à Naples soit rappelé (c'est un homme auquel on ne peut pas assez se fier), et que vous me proposiez son remplacement par un homme sûr et de la probité duquel on ne puisse point douter.
Faites mettre dans le Moniteur tout ce qui est relatif aux affaires d'Alger, pour faire voir tout ce que ce gouvernement a de dégoûtant et d'horrible, et ce que vous savez des affaires de Constantinople.
Je ne sais ce que l'on me demande par l'évacuation du Danemark; je l'ai ordonnée cent fois; je ne sais donc pas ce que l'on veut dire. Le ministre écrira directement là-dessus au prince de Poute-Corvo.
Je ne sais pas davantage à quoi se mêle le maréchal Davout en s'immisçant dans l'administration du duché de Varsovie, puisqu'il n'y a plus de troupes françaises dans ce duché. Je lui en écris directement. Le sieur Bourgoing doit encourager le Roi de toutes les manières, et l'assurer que, toutes les fois qu'il m'exposera lui-même simplement et clairement la question, je m'empresserai de le satisfaire.
Benavente, 4 janvier 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, vous répondrez à la note du cabinet anglais dans les termes de la note ci-jointe.
NOTE.
Le soussigné, ministre des relations extérieures, a mis sous les yeux de Sa Majesté Impériale et Royale la lettre du cabinet de Londres.
Sa Majesté a distingué deux choses dans cette Note, le style et le fond. Le style paraît être de la même plume que le ministère anglais emploie, contre le respect qu'il se doit à lui-même, pour fabriquer cette nuée de libelles dont il inonde le continent. Sa Majesté ne peut que mépriser de pareils moyens, qu'elle juge indignes de son attention. Le fond, c'est que l'Angleterre désire que les affaires d'Espagne soient traitées en congrès. Sa Majesté y consent. L'Angleterre veut que les ministres des juntes insurgées y interviennent. Les juntes sont sans caractère légal, et, d'ailleurs, elles n'existent plus. Sa Majesté va plus loin, elle propose d'admettre des ministres des différentes parties intéressées dans ces affaires, savoir : 1° les ministres du roi Charles IV; 2° ceux du roi Joseph-Napoléon ; 3° ceux des infants; 4° ceux des provinces représentées par les Cortès. C'est , je crois, ce qui forme les quatre intérêts qui doivent être en Espagne l'objet de l'attention du congrès.
Si cette extrême modération de la France et de la Russie trouve les Ministres anglais sourds à tout sentiment de pacification, il faudra en conclure qu'ils partagent les mêmes maximes qu'ils ont développées sur le continent, celles d'une guerre perpétuelle. Alors il ne restera plus à la France et à la Russie qu'à poursuivre l'exécution des grands plans qu'elles ont formés , et l'issue en sera tout entière à la charge du ministère anglais. Et lorsque la nation britannique, désabusée par les calamités auxquelles elle se trouvera en proie et l'affablissement qu'elle éprouvera par les changements qui auront lien autour d'elle, fera peser sa responsabilité sur un ministère intolérant et passionné, et que des hommes sages et de talent, tels que l'Angleterre en a souvent eu à la tête de ses affaires, viendront prendre les rênes du gouvernement, le soussigné sera prêt à négocier sur la base d'une paix réciproquement honorable et fondée sur 1'uti possidelis ou la situation respective des deux masses belligérantes, proposition faite par l'Angleterre elle-même lors des dernières négociations.
Benavente, 4 janvier 1809
A M. Cretet, comte de Champmol, ministre de l'intérieur, à Paris
Monsieur Cretet, je reçois un annuaire portant pour titre, Présenté au Goubernement par le Bureau des Longitudes; ce qui est faux, car il ne m'a pas été présenté. Il faut donc qu'il le soit avant sa publication. Ainsi dorénavant il portera ce litre, Présenté à l'Empereur par le bureau des Longitudes, s'il m'a été présenté en effet; ou Présenté au ministre de l'Intérieur, si l'Empereur est absent.
Benavente, 4 janvier 1809
Au comte Gaudin, ministre des finances, à Paris
Monsieur Gaudin, vous trouverez ci-joint un projet de décret sur la suppression de l'Ordre de Saint-Étienne. Envoyez-le à la junte de Toscane, pour qu'elle fasse les observations dont elle le jugera susceptible, et qu'elle le rédige conformément aux connaissances locales qu'elle a acquises.
Benavente, 4 janvier 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Le maréchal Davout prescrit au roi de Saxe de quelle manière il doit pourvoir à la nourriture de ses troupes dans le duché de Varsovie. Cela est trop ridicule. Écrivez au maréchal de ne se mêler de rien et de laisser le Roi administrer ses troupes comme il veut, sans s'en mêler d'aucune manière.
Benavente, 4 janvier 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, minsitre de la guerre, à Paris
Le général Colbert a été tué à un petit combat d'arrière-garde contre les Anglais, comme vous le verrez par le bulletin. 3,000 Écossais voulant défendre les gorges de Pieros près Villafranca, en Galice, pour donner le temps à beaucoup de choses de filer, ont été culbutés; mais, le général Colbert pétillant d'impatience de faire avancer sa cavalerie et poussant les tirailleurs d'infanterie pour arriver à une plaine où il pourrait charger, une balle l'a frappé au front et l'a tué.
Prenez les mesures convenables pour que cette nouvelle arrive à sa femme autrement que par les journaux. Témoignez-lui la part que je prends à ses peines et le cas que je faisais de ce bon officier.
Benavente, 4 janvier 1809
DÉCISION
Le
général Clarke, ministre de la guerre, expose que la
milice d'Erfurt qui avait formé la garde d'honneur des
deux Empereurs, demande à conserver le titre et les
insignes de son Service lors des conférences du mois d'octobre 1808 |
Accordé. Je désirerais qu'il fût élevé un monument à Erfurt, pour consacrer la réunion des deux Empereurs; j'en ferai les frais. Me donner quelque idée là-dessus. |
Benavente, 4 janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois vos lettres des 22 et 23. Les renseignements que vous me donnez sur le sieur ....... sont suffisants pour qu'il sorte du Conseil d'état; parlez-en à M. l'archichancelier. Il est sûr qu'il se fait là des affaires d'argent; ce soupçon m'est insupportable.
Je vois, par un de vos bulletins, que vous avez prévenu le duc d'Abrantès que M. Novion avait été mis en liberté. De quel droit vous êtes-vous permis cela ? M. Novion est émigré; il ne peut être rayé que par mon ordre. Croyez-vous que je suis tombé en quenouille ? Vous avez eu tort décrire au duc d'Abrantès. Quand agirez-vous de la manière qui convient à un magistrat ? Vous deviez me proposer la radiation de M. Novion, non le rayer de votre autorité. Quant à la réflexion que cette arrestation n'aurait pas en lieu si le duc d'Abrantès eût fait connaître son opinion, cela est absurde. Le duc d'Abrantès est un militaire ; il n'a rien de commun avec l'administration intérieure. Je ne sais , mais il me semble que vous connaissez bien peu mon caractère et mes principes.
Benavente, 4 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Benavente
Le major général fera mettre à l'ordre de l'armée les nouvelles suivantes :
L'armée est prévenue qu'une armée anglaise de 30,000 hommes, qui s'était avancée dans l'intérieur du pays, jusqu'à Valladolid et Carrion, a été poursuivie pendant l'espace de soixante lieues; obligée d'évacuer la Castille et le royaume de Léon, elle cherchait à regagner le lieu de son embarquement : ses bagages , munitions de guerre et magasins ont été pris. L'Empereur a chargé le duc de Dalmatie de suivre cette armée, réduite à 20,000 hommes, jusqu'à son embarquement. Le duc de Dalmatie était entré le ler janvier en Galice et leur faisait tous les jours un grand nombre de prisonniers.
Après la prise de Rosas, la général Saint-Cyr s'est dirigé sur Barcelone, où il est entré le 17 décembre. Le 15, il a rencontré l'armée insurgée commandée par les généraux Reding et Vivès, l'a complétement battue, lui a pris six pièces de canon et fait 3,000 prisonniers. Par sa jonction avec le général Duhesme, tout le 7e corps est réuni à Barcelone.
Benavente, 4 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Benavente
Mon Cousin, écrivez au commandant de Ségovie de vous faire connaître si la citadelle est approvisionnée pour 2,000 hommes pendant trois mois, principalement en biscuit.
Donnez ordre à Aranda que tout ce qui se trouverait dans cette place appartenant au 43e et au 51e se rende à Madrid. Donnez un ordre général à Burgos pour que tout ce qui s'y trouve soit dirigé sur Valladolid , soit officiers généraux., soit hommes isolés , soit effets d'habillement, etc.
Pourquoi trouvé-je encore, le 28 décembre, des hommes du 51e à Tolosa ?
Benavente, 4 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Benavente
Mon Cousin, écrivez an général Reille que mon intention est d'entreprendre le siège de Girone; que le général Sanson commandera le génie et qu'il nommera des officiers pour commander l'artillerie. Que tous les préparatifs soient faits, et que, s'il a besoin de troupes, il fasse connaître le nombre qui lui est nécessaire, et qu'il vous mande quand la place sera investie et quand commencera la tranchée. Enfin je suppose qui n'y a que Girone qui empêche la communication de Barcelone avec la France. Le fort de Hostalrich, qui paraît appartenir aux ennemis, pourrait être pris par le général Saint-Cyr.
Benavente, 4 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Benavente
Mon Cousin, vous ferez connaître au général Lapisse qu'il est sous les ordres du major général; qu'il doit rester à Benavente, où il formera un corps d'observation; qu'il cantonne ses troupes à Benavente et aux environs, pour se reposer et rétablir l'ordre et la discipline. Qu'il forme un magasin de farine pour 100,000 rations de pain , et qu'il ait toujours 20,000 rations de pain de faites; qu'il réunisse tous ses caissons et fasse faire du biscuit, pour que, suivant les circonstances, il soit prêt à se porter partout. Qu'il fasse réparer ses caissons et prenne les mules qu'ont les soldats pour en renforcer les attelages. Il aura sous ses ordres la brigade de dragons du général d'Avenay qui est à Toro, et celle du général Maupetit qui est à Zamora. Ces deux brigades sont chargées de désarmer ces provinces, de soumettre les villes et d'y faire publier mes proclamations. Elles correspondront avec le major général et avec le général Lapisse, afin qu'en cas de besoin il puisse les soutenir avec de l'infanterie.
Vous ferez connaître au maréchal Ney que mon intention est qu'il reste à Astorga, qu'il organise le pays et les magasins, où il tiendra toujours 100,000 rations de farine et 20,000 rations de pain , et qu'il fasse faire du biscuit pour les caissons; que je donne ordre qu'il soit formé à Astorga un dépôt de cavalerie , pour y réunir les chevaux écloppés qui sont en Galice : qu'il désigne un emplacement pour établir ce dépôt; qu'il se charge de garder les défilés qui joignent la Galice au royaume de Léon, et établisse des postes pour que la correspondance soit rapide; qu'il ait toujours des officiers de son état-major auprès du maréchal Soult, pour être instruit et à même de se porter où il serait nécessaire, si les Anglais, au lieu de se rembarquer, débarquaient de nouvelles troupes.
Benavente, 4 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Benavente
Mon Cousin, écrivez au général Loison qu'il y a une imprimerie à Léon, qu'il fasse imprimer six mille exemplaires de toutes les gazettes qui ont paru à Madrid, depuis notre entrée dans cette ville jusqu'à aujourd'hui et de la proclamation de l'Empereur, qu'il en envoie 3.000 au maréchal Soult, 500 au maréchal Ney, à Astorga, et 500 au général Lapisse, à Benavente. Donnez ordre à Vitoria de faire imprimer à trois mille exemplaires la proclamation de l'Empereur et de la répandre dans tout le pays et dans la Navarre. Donnez ordre au général Darnaud de se rendre à Valladolid pour prendre le commandement de tous les bataillons et compagnies de marche qui passeront.
Donnez ordre au 17e léger de se rendre à Valladolid.
(Brotonne)
Benavente, 4 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Benavente
Mon Couin, je vous prie de me donner un état des compagnies de marche composées de vieux soldats, des bataillons de marche composés de conscrits et des bataillons des corps restés en arrière avec l'indication des lieux où ces bataillons et ces compagnies se trouvent. Il ne faut jamais appeler, pour bien s'entendre, compagnies de marche que celles qui sont composées de vieux soldats et bataillons de marche que ceux qui sont composés de conscrits et rien que de conscrits.
(Brotonne)
Benavente, 4 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Benavente
Mon Cousin, envoyez un ingénieur géographe dessiner la route d'Astorga à Lugo et lever les plans des différents puertos et positions qui séparent la Galice du royaume de Léon. Il vous enverra tous les renseignements relatifs à l'entrée en Portugal par la Galice et sur les routes qui conduisent à Oporto. Donnez ordre au colonel Saint-Vincent de se rendre auprès du duc de Dalmatie en Galice pour y servir dans son armée.
(Brotonne)
Benavente, 4 janvier 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je recois vos lettres du 20 décembre. Je trouve ridicule ce que vous me dites du général Chasseloup. Il est jeune, il a encore vingt ans de bons services. Il ne doit pas compter que je le nomme au Sénat avant qu'il ait soixante ans. Vous pouvez lui parler dans, ce sens.
Benavente, 4 janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à La Florida
Mon Frère, le major général vous envoie des instructions pour le mouvement à faire par le duc de Bellune sur la rive gauche du Tage. La division Dessolle sera le 7 au plus tard à Guadarrama. Le bataillon polonais qui va à Ségovie doit être arrivé. S'il était encore à Somo-Sierra, vous pourrez lui envoyer l'ordre de venir, en laissant à Somo-Sierra deux compagnies. J'ai donné l'ordre aux 3e bataillons, du 43e et du 51e de se rendre à Madrid. Après huit ou dix jours de repos, la division Dessolle doit avoir 9,000 hommes.
Le général Saint-Cyr est arrivé le 17 à Barcelone. Il a eu le 15 une affaire avec les généraux espagnols Vivès et Reding, qu'il a batttus complètement; il leur a pris six pièces de canon et 1,500 hommes.
J'ai fait occuper Zamora et Toro par deux brigades de cavalerie. Une brigade d'infanterie reste à Léon. Envoyez des intendants dans tous ces pays.
Ayez soin que la Gazette de Madrid soit imprimée à 12 ou 15,000 exemplaires, pour être répandue partout. Il serait bon de faire réomprimer les gazettes qui ont paru depuis notre entrée à Madrid.
Je crois vous avoir mandé que, le 2, on avait pris deux généraux espagnols, deux drapeaux et deux régiments de la Romana qui se disposaient à entrer en Galice. Le 3, la cavalerie n'a pu avancer sur Villafranca, parce que le défilé était occupé par de l'infanterie anglaise. Le 3 au soir, la division Merle, étant arrivée, a chargé l'arrière-garde anglaise qui tenait une belle position sur les hauteurs de Pieros. Les Anglais ont été culbutés; on a fait plusieurs centaines de prisonniers. Nous avons eu 40 hommes tués ou blessés. Le général Colbert, pétillant d'impatience aux avant-postes de faire avancer sa cavalerie pour charger, a reçu dans le front une balle qui l'a tué.
A Villafranca les Anglais ont des magasins immenses; tout est encombré; nous y trouverons la plus grande partie des malades anglais.
Je désire fort avoir des nouvelles du duc de Danzig. Je ne concois rien à l'extravagance de son mouvement, et cela sans ordres. S'il vous est nécessaire, donnez-lui les ordres qui conviendront à votre position ; si vous n'en avez pas besoin, laissez-le où il se trouvera; je le ferai agir en conséquence.
J'irai probablement coucher ce soir à Medina de Rio Seco.
Benavente, 5 janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à La Florida
Mon Frère, sept compagnies de marche, formant 1,300 hommes, ont dû arriver le 4 janvier à Madrid ; trois autres compagnies de marche, formant 500 hommes, ont dû y arriver le 5. Le 1er bataillon de marche, fort de 900 conscrits, a dû y arriver le 5 janvier également. Ainsi, du 4 au 5 janvier, près de 3,000 hommes, vieux soldats et conscrits, ont du arriver, partie appartenant aux divisions restées à Madrid , partie devant rester au Retiro. Il faut qu'à Madrid on passe la revue de ces hommes et qu'on laisse reposer, avant de les faire partir, ce qui appartient à la division Villatte.
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P. S. Le 3, il y a en en avant de Villafranca une affaire d'avant-garde contre les Anglais, où nous les avons battus. Depuis huit jours, nous avons pris dix drapeaux, 2 ou 3,000 hommes, plusieurs généraux espagnols du corps de la Romana. Nous avons à peu près 4,500 Anglais prisonniers. Le 4, le duc de Dalmatie avait son quartier général à quatre lieues en avant de Villafranca, sur la route de Lugo. Je pars demain pour Valladolid.
Valladolid, 5 janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre du 26 décembre. J'apprends avec plaisir que le nommé Quintal, brigand de l'Ouest, venant d'Angleterre, a été arrêté. Il faut le traduire à une commission militaire.
(Brotonne)
(Lui, le comte de Goyon et Armand de Châteaubriand - le frère de René de Chateaubriand - avaient débarqué sur les côtes de Normandie. Arrêtés il furent fusillés le 31 mars 1809)
Benavente, 6 janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à La Florida
Mon Frère, je vous remercie de ce que vous me dites relativement à la bonne année. Je n'espère pas que l'Europe puisse être encore pacifiée cette année. Je l'espère si peu que j'ai signé hier un décret pour lever 100,000 hommes. La haine de l'Angleterre, les événements de Constantinople, tout fait présager que l'heure du repos et de la tranquillité n'est pas encore sonnée.
Quant à vous, il me semble que votre royaume se pacifie. Les provinces de Léon, des Asturies, de la Nouvelle-Castille ne demandent que du repos. J'espère que la Galice sera bientôt pacifiée et que les Anglais abandonneront ces pays. Saragosse ne peut tarder à tomber, et le général Saint-Cyr, qui a 30,000 hommes, doit venir à bout de la Catalogne.
Valladolid, 7 janvier 1809
A M. Cretet, compte de Champmol, ministre de l'intérieur, à Paris
Monsieur Cretet, je ne sais pas pourquoi vous ne faites pas travailler à Amiens à la navigation de la Somme. Faites-moi connaître les ouvrages qu'on pourrait y entreprendre, afin de donner du travail aux ouvriers.
Valladolid, 7 janvier 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je vous ai accordé la permission de recruter les régiments d'Isembourg et de la Tour-d'Auvergne dans les dépôts des prisonniers espagnols. Faites connaître aux généraux portugais que je leur donne la même permission. Je crois aussi qu'il y a bon nombre de soldats espagnols qui sont restés fidèles. Il faudrait voir le duc de Frias et vous entendre pour tâcher de composer un régiment espagnol à ma solde. Le général qui s'est bien comporté dans le Nord pourrait donner des renseignements sur les officiers qui méritent confiance.
Valladolid, 7 janvier 1809
Au Vice-Amiral comte Decrès, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Vice-Amiral Merès, mon intention est qu'à dater du 12 janvier 1809 les vaisseaux russes qui sont à Toulon, leurs officiers et leurs équipages soient entretenus, soldés et traités comme le sont les vaisseaux et équipages français. Vous instruirez de cette disposition le ministre de Russie.
Valladolid, 7 janvier 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre état de situation du 15 décembre. Je vois qu'il manque un chef de bataillon du 35e ; faites-moi connaître d'où cela vient. Je vois que les quatre bataillons du 35e forment un effectif de 3,000 hommes, mais qu'il y a 500 hommes au dépôt. Aussitôt qu'il sera possible d'envoyer 300 de ces hommes du dépôt aux bataillons de guerre, ne manquez pas de le faire. Le 53e n'est également que de 3,000 hommes, il n'a que 200 hommes au dépôt. Le 106e n'a que 3,000 hommes, mais il a encore 200 hommes à recevoir. Ainsi je compte qu'au 1er février cette division aura 9,500 hommes présents sous les armes, sans compter les conscrits de 1810 qu'elle va recevoir, c'est-à-dire qu'elle sera de 10,800 hommes présents sous les armes , parce que les 5e bataillons de chaque régiment devant être au complet de 560 hommes, on pourra prendre dans ces 5e bataillons la différence du présent sous les armes à l'effectif, et, de cette manière, réunir au ler mars un présent sous les armes de 1,000 hommes.
La 2e division est composée des 9e, 84e et 92e de ligne ; faites partir également des dépôts de ces régiments tout ce qui est disponible, pour compléter les bataillons de guerre. Cette division sera donc aussi de 10,000 hommes.
La 3e division peut être de la même force. Écrivez au dépôt du ler de ligne de faire partir tout ce qu'il a de disponible. Le dépôt du 13e est en Italie; je vois qu'il a déjà 700 hommes; faites-en partir le plus possible.
Ecrivez au prince Borghese d'envoyer tout ce qu'il a de disponible du 112e, du 29e, du 51e et du 102e. Je compte qu'avant le 1er mars ces quatre divisions auront 40,000 hommes sous les armes.
La division Barbou est composée de seize bataillons. Je suppose que vous avez envoyé ordre aux cadres qui étaient en Dalmatie de rejoindre, et que cette division est actuellement de 6,000 hommes ; mais il y a beaucoup de monde aux dépôts , et je donne des ordres pour que ces hommes rejoignent. Cette division doit être portée, avant mars, à une force de 14,000 hommes. Écrivez également aux généraux de division, dans l'arrondissement desquels se trouvent les dépôts de ces corps, pour avoir l'état de tout ce qui est habillé dans ces dépôts et en état de partir.
La 6e division doit avoir dix bataillons, vu que les 3e et 14e d'infanterie légère et le 6e de ligne partent de Corfou pour revenir à l'armée d'Italie. Cette division doit avoir 8,400 hommes présents sous les armes. Écrivez au prince Borghese de faire partir tout ce qui est disponible de ces régiments.
Les six divisions formeront donc 63,000 hommes d'infanterie présents sous les armes. Je suppose que vous avez pris des mesures pour que les dix à onze bataillons de la division italienne soient complétés et forment au moins 10,000 hommes avant mars ; ce qui, joint à la Garde, fera 75,000 hommes d'infanterie présents sous les armes; et, si je me décide à faire passer en Italie les divisions Boudet et Molitor, qui sont à Lyon et présentent une force de 20,000 hommes, cela fera un total de 95,000 hommes présents; ce qui, joint aux 15,000 hommes de l'armée de Dalmatie, portera à 110,000 hommes l'infanterie de l'armée d'Italie.
Les trois régiments de cavalerie légère ont à leurs escadrons de guerre 2,500 chevaux. Les 4e escadrons me paraissent tous bien faibles, et je ne puis croire que ces régiments n'aient encore que 900 chevaux. Les cinq régiments de dragons doivent avoir chacun 900 chevaux ; il doit en être de même du 25e de chasseurs qui vient de Naples. Les dix régiments doivent faire 9,000 chevaux ; de plus, les 2,000 chevaux italiens et les 1,000 chevaux des dépôts de l'armée de Naples, cela fait 12,000 chevaux.
Je me résous à faire partir de Lyon les quatre régiments qui ont 3,000 chevaux; cela portera donc la force de l'armée d'Italie à 15,000 chevaux et à 125,000 hommes. En y joignant 5,000 hommes de l'artillerie et du génie, cela fera 130,000 hommes présents sous les armes, et indépendamment de l'effectif. Mais je désirerais avoir une seconde division d'infanterie italienne, qui serait composée du 4e bataillon du 1er d'infanterie légère, du 4e bataillon du 2e, du 4e bataillon du 4e de ligne, et du 2e et du 3e bataillon du 7e ; ce qui ferait cinq bataillons. Certes l'armée d'Italie pourrait être ainsi portée jusqu'à 140,000 hommes, y compris l'armée de Dalmatie , c'est-à-dire qu'elle serait trois fois plus forte que n'a jamais été l'armée que j'ai eue sous mes ordres pour la conquête de l'Italie, et quim'a mené jusque sous les murs de Vienne. Indépendamment de cette armée, les 5e bataillons pourraient faire un fond de garnison pour les places fortes.
Quant à l'artillerie, chacune des six divisions d'infanterie a besoin de 12 pièces; ce qui ferait 72 pièces de canon, plus 12 pièces d'artillerie légère pour la cavalerie, et 18 pièces italiennes , total, 102 pièces; ce nombre me paraît suffisant. Il me semble que vous avez du 2e régiment six compagnies, du 4e six autres et du 8e une ; total, treize compagnies , sans compter l'artillerie de l'armée de Dalmatie. Vous avez deux régiments d'artillerie à cheval; vous avez donc plus de personnel qu'il n'en faut. Quant au train, vous avez trois bataillons complets, c'est-à-dire plus de 1,500 hommes pouvant servir plus de 3,000 chevaux.
Vous avez suffisamment de mineurs, de pontonniers et de sapeurs. La conscription de cette année va compléter les trois bataillons du train. Il faut employer les chevaux. Votre parc, composé de 84 pièces de canon, peut se tirer d'affaire avec 400 voitures, surtout dans un pays comme l'Italie ; 400 voitures exigent 2,000 chevaux. Votre parc de 18 bouches à feu italiennes peut faire son service avec 84 ou 85 voitures, c'est-à-dire avec 400 chevaux , et, comme je crois qu'indépendamment de ces bataillons du train il y en a un autre dans le gouvernement du prince Borghese pour la navigation du Pô, il est donc hors de doute que vous n'ayez sous la main tout ce qui vous est nécessaire. Quant au génie, il est indispensable d'avoir 20,000 outils portés dans des caissons. Ainsi la campagne en Italie doit pouvoir s'ouvrir avec 130 à 140,000 hommes et plus de 100 pièces de canon. Tout cela doit être prêt avant la fin d'avril.
Je suppose que vous avez un chiffre avec le général Marmont pour traiter des affaires secrètes. Si vous n'en avez pas, il faut en établir un, et, sitôt qu'il sera convenu, faire connaître au général Marmont que, si la guerre vient à éclater, il est probable que l'armée d'Italie se trouvera portée à une force suffisante pour s'emparer de l'offensive, et qu'il pourra sur-le-champ s'y réunir ; mais qu'à tout événement il doit avoir dans Zara des vivres et des munitions pour nourrir longtemps la guerre sur ce point, que, si Junot avait eu cette précaution dans un camp retranché, il aurait pu y attendre les secours de France; qu'ici le camp retranché se trouve tout naturellement autour de Zara.
Valladolid, 7 janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à La Florida
Mon Frère, je suis arrivé hier au soir à Valladolid; les chemins sont horribles. Le maréchal Soult doit être aujourd'hui à Lugo. J'ai trouvé ici un de vos intendants, qui m'a paru fort zélé et fort habile. Il a été très-entravé par les gens du pays; j'en ferai sévère justice.
Faites-moi apporter par une députation de Madrid et des Conseils le procès-verbal du serment prêté. Quand je l'aurai reçu , je donnerai ma décision.
Le duc de Danzig est à Avila. Je ne conçois rien à cette folie. Je ne lui ai envoyé aucun ordre; si de votre côté vous ne lui en avez pas envoyé, mandez-le-moi pour que je lui donne une destination. Toutefois, il n'y a pas d'inconvénient à ce que son corps se repose quelques jours à Avila.
Il faut replier tous les hommes du régiment étranger qui sont à Guadarrama et à Villacastin, puisque la route de l'armée sera désormais par Ségovie. Je pense qu'un bataillon de ce régiment serait très- nécessaire à Avila pour maintenir cette province, et que vous puissiez y envoyer un intendant pour l'administrer.
Il paraît que la division Lasalle et une partie des Polonais n'ont pas pu se replier sur Talavera. Mais la division Dessolle et 3 à 4,000 hommes des compagnies et des régiments de marche, tant conscrits que vieux soldats, doivent à l'heure qu'il est être arrivés à Madrid. Je suppose que le maréchal Victor a commencé son mouvement.
Il est bien nécessaire d'envoyer les journaux de Madrid ici et d'y faire mettre beaucoup de nouvelles de l'armée, des lettres de Lugé, de la Corogne et de tous ces pays-là.
Peut-être serait-ce une bonne mesure que de créer quelques régiments espagnols. On pourrait en former un dans le Nord, à Palencia, un autre à l'Escurial et ailleurs. Il faudra nommer plusieurs officiers espagnols sûrs pour les commander, y mêler quelques officiers français et donner beaucoup de places de sous-lieutenants à d'anciens sergents-majors.
Il n'y a véritablement plus l'ombre d'une armée espagnole. Les 4 à 5,000 hommes pris sur la Bornana étaient horribles à voir; c'est encore pis que ce que le duc de Danzig a vu du côté de l'Estrémadure.
Valladolid, 7 janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre des 28 et 29 décembre. La dame Dillon dont il est question dans votre rapport du 28 ne doit pas être relâchée. Quand elle aura été punie d'une année de prison, on pourra la remettre en surveillance, du côté de l'île Sainte-Marguerite.
(Brotonne)
Valladolid, 7 janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je reçois votre lettre du 30. Tâchez de faire saisir et traduire devant une commission militaire le nommé Louis Pons.
(Brotonne)
Valladolid, 7 janvier 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
J'ai reçu votre lettre ainsi que celle de M. de Caulaincourt. Vous pouvez répondre que les deux vaisseaux russes qui sont à Toulon seront soldés, payés et entretenus de tout; il n'y aura aucune espèce de difficulté là-dessus.
Relativement à la grande-duchesse, mon intention est que M. Caulaincourt fasse ce qui convient à l'empereur. Mon ambassade ne doit et ne peut céder le pas au prince héréditaire d'Oldenbourg; mais il doit le céder sans difficulté au mari de la soeur de l'empereur de Russie toutes les fois qu'il est reconnu comme tel. M. Caulaincourt peut même déclarer que, si le prince et la princesse venaient à Paris, ils seraient traités comme à Pétersbourg, c'est-à-dire qu'ils seraient assis aux cercles de la cour, etc. Cependant, pour être en règle, il faudrait que l'empereur accordât à son beau-frère le titre d'Altesse Impériale. L'empereur d'Autriche l'a fait pour le prince Albert de Saxe; je l'ai fait pour le grand-duc de Berg. Tout devient simple, le jour où l'empereur fera connaître par une lettre à son maître des cérémonies qu'il a donné cette preuve d'amitié à sa soeur, et dès lors, en quelque cour de l'Europe que son beau-frère vienne à se rendre, il serait traité comme Altesse Impériale sans difficulté.
Pour l'article qui concerne la Suède, il faut laisser la Russie faire ce qu'elle veut. Répondez que peu m'importe ce qu'elle prendra à la Suède; que je suis prêt à faire la paix, que je suis prêt à continuer la guerre, que j'approuve tout ce que fera la Russie.
Quant à l'Autriche, il faut que M. de Caulaincourt prenne le ton convenable; qu'il dise bien que je ne crains pas l'Autriche, même avec la guerre d'Espagne. M. de Caulaincourt doit presser l'empereur de prendre des mesures pour qu'on en finisse à Vienne. Il doit lui faire connaître que je suis avec 150 000 hommes en Italie, non compris mon armée de Naples, avec 150,000 hommes en Allemagne, non compris les forces de la Confédération, avec 400,000 hommes enfin prêts à entrer en Autriche; que je lève encore 80,000 hommes, et cela sans ôter un seul bataillon à mes armées d'Espagne. M. de Caulaincourt doit confier à l'empereur que ma garde rétrograde, qu'elle sera dans peu à Paris pour être prête à se porter sur l'Autriche, si cet état de choses ne finit pas.
Immédiatement après la réception de cette lettre, vous expédierez donc un courrier à Saint-Pétersbour. Ajoutez que le duc de Dalmatie est à Lugo, que déjà 9,000 prisonniers ont été faits sur l'arrière-garde anglaise, et qu'une partie de son artillerie et de ses équipages est en notre pouvoir.
(Lecestre)
Valladolid, 7 janvier 1809
Au général Cauaincourt, ambassadeur à saint-Pétersbourg
Je reçois votre lettre du 8 décembre. Les bulletins se sont succédé avec rapidité. Les nouvelles de Constantinople, les nouvelles d'Autriche et aussi le besoin de me rapprocher de France m'ont rappelé au centre; car il y a d'ici à Lugo 100 lieues, ce qui en ferait 200 pour le retour des estafettes. J'ai laissé le duc de Dalmatie avec 30,000 hommes pour suivre la retraite des Anglais; le maréchal Ney est en seconde ligne sur les montagnes qui séparent la Galice du royaume de Léon. Le duc de Dalmatie doit être à Lugo. Il est probable que, lorsque vous recevrez cette lettre, je sois de retour à Paris. Dites à l'empereur qu'en Italie et en Dalmatie j'ai 150,000 hommes à opposer à l'Autriche, non compris l'armée de Naples; que j'ai 150,000 hommes sur le Ilhin, et, en outre, 100,000 hommes de la Confédération; qu'enfin, au premier signal, je puis entrer avec 400,000 hommes en Autriche; que ma garde est aujourd'hui à Valladolid, où je la laisse reposer huit jours, que je la dirigerai ensuite sur Bayonne; que je suis prêt à me porter sur l'Autriche, si cette puissance ne change pas de conduite, et que si ce n'eût pas été pour ne rien faire de contraire à une alliance, déjà je me serais mis en guerre avec cette puissance; les affaires d'Espagne, qui m'occupent 200,000 hommes, ne m'empêchent pas de me croire deux fois plus fort que l'Autriche, quand je suis sûr de la Russie; que le seul mal que je voie, c'est que cela coûte beaucoup d'argent; que je viens de lever encore 80,000 hommes; que je désire que nous prenions enfin le ton convenable avec l'Autriche. Je l'ai proposé à Erfurt. Autrement nous ne pourrons terminer rien de bon sur les affaires de Turquie. Nous aurions peut-être eu la paix, sans les espérances que les Anglais fondées sur les dispositions de l'Autriche.
Quant aux deux vaisseaux russes à Toulon, il n'y a pas de doute qu'ils seront payés. Je viens encore d'écrire à ce sujet.
Vous pouvez assurer qu'il n'y a plus d'armée espagnole. Si tout le pays n'est pas entièrement soumis, c'est qu'il y a beaucoup de boue, et qu'il faut beaucoup de temps; mais tout se termine.
(Lecestre)
Valladolid, 8 janvier 1809
Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire, à Paris
Mon Cousin, je reçois vos lettres des 24, 25, 27 et 31 décembre. Je vous remercie de ce que vous me dites relativement à la nouvelle année. J'espère que le même compliment se renouvellera encore une trentaine de fois, mais pour cela il faut être un peu sage.
Il faut désavouer l'idée que l'Autriche veuille nous faire la guerre; vous n'êtes pas cependant, je crois, de ceux qu'il faut convaincre que, si elle la faisait, elle sonnerait sa dernière heure. J'ai en Italie et en Allemagne beaucoup plus de forces qu'il n'en faut contre elle.
Valladolid, 8 janvier 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, donnez l'ordre au due d'Auerstaedt de retirer de Varsovie, de Danzig et de Stralsund tous les gendarmes qui s'y trouvent. Mon intention est de n'avoir aucunes troupes dans le duché de Varsovie. Réitérez donc les ordres pour que le général en chef de mon armée du Rhin retire insensiblement tout ce que j'ai dans le duché de Varsovie.
Valladolid, 8 janvier 1809
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Vice-Amiral Decrès, je reçois votre lettre du 30 décembre. Entretenez souvent le Roi (de Naples) de l'expédition de Sicile; mandez-lui que je compte qu'il a déjà réuni des bâtiments à Scilla. Il serait bien nécessaire qu'il y en eût déjà sur la plage de Scilla une soixantaine. Démontrez-lui que ce ne sera qu'autant que ces bâtiments seront là tout prêts, qu'on pourra compter sur cette expédition. J'ai deux buts, d'abord de voir si cette expédition est réellement praticable, et puis de faire une diversion aux forces anglaises, et de leur donner le change sur une destination plus importante que je suis dans l'intention de donner à mon escadre de Toulon.
Valladolid, 8 janvier 1809
DÉCISION.
Le général Clarke, ministre de la guerre, soumet à l'Empereur une lettre du maréchal duc d'Auerstaedt et une demande faite par M. de Golz, ministre d'État du roi de Prusse, d'un cartel pour l'extradition réciproque des déserteurs. | Le ministre de la guerre fera connaître que cela est contre les principes de la France, qui ne fait jamais de pareilles stipulations. Le duc d'Auerstaedt doit répondre qu'il attend mes ordres. |
Valladolid, 8 janvier 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, Battaglia m'arrive et m'apprend qu'Auguste nous a donné une princesse. Faites-lui-en mon compliment. J'espère que la prochaine fois elle vous donnera un garçon.
Valladolid, 8 janvier 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie
Mon Fils, je reçois votre lettre du 21 décembre. Je vous ai écrit hier une longue lettre dans laquelle vous aurez vu que non seulement je m'attends que la conscription dernière vous aura rejoint avant le 1er mars, mais même que la conscription que je lève en ce moment vous arrivera.
J'ai écrit au ministre Dejean pour les draps, mais ce ministre marche médiocrement. J'ai lu avec un grand intérêt le rapport qui vous est fait, en date du 10 décembre, sur les dépôts de l'armée d'Italie.
J'attends ce même rapport sur ceux des armées de Dalmatie et de Naples, en conséqunce de ce que vous aurons écrit les majors. Je vois avec intérêt qu'au mois de janvier ce que vous avez en Italie aux 5e bataillons pourra compléter les quatre premiers bataillons de guerre.
(Du Case)
Valladolid, 8 janvier 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Faîtes exécuter la sentence qui condamne à mort le nommé Brave-la-mort, chouan resté en Hollande. Faîtes traduire devant une commission militaire tous ceux qui viennent d'être arrêtés dans la Bretagne.
(Brotonne)
Valladolid, 8 janvier 1809
DÉCISION
14 décembre 1808 Le ministre-directeur rend compte à Sa Majesté des ordres donnés par M. le duc d'Auerstaedt, commandant en chef l'armée du Rhin à M. l'intendant général : 1° Pour faire dustribuer la viande, à raison de 10 onces la ration aux sous-officiers et soldats de l'armée du Rhin; 2° Pour faire payer par le trésor de France l'excédant de dépenses résultant de cette augmentation de la ratoin de viande pour les troupes stationnées dans le royaume de Westphalie; 3° Pour faire supporter ailleurs cette dépense par les pays où les troupes se trouveront cantonnées. |
Je n'approuve point cette disposition. Le soldat ne doit avoir que 8 onces de viande. Le duc d'Auerstaedt n'a point le droit d'y rien ajouter. Donnez ordre à l'intendant et au payeur de n'allouer et de ne payer rien au-delà de 8 onces. |
(Brotonne)
Valladolid, 8 janvier 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Je reçois votre lettre du 23, vos deux lettres du 24 et celles du 26 et du 30 décembre. Il n'y a pas de mal à faire mettre dans les petits journaux le mot de la dépêche du sieur Andréossy, en le mettant dans la bouche d'une dame de Vienne. Il paraît que vous n'aviez pas encore reçu de lettres de mon chargé d'affaires à Constantinople, et que cette affaire n'était pas encore claire.
Faites connaître au sieur Otto et à mes différents ministres près les cours de la Confédération du Rhin qü'ils doivent parler avec confiance de mes forces et avec mépris de celles de l'Autriche. Mandez-leur que j'ai en Italie une armée de 160,000 hommes, et qu'il me reste en Allemagne et sur le Rhin une armée de 250,000 hommes, en y comprenant les troupes de la Confédération. Écrivez également au sieur Otto et à mes ministres en Saxe et à Vienne qu'ils doivent parler comme si j'étais déjà de retour à Paris, les affaires d'Espagne n'étant plus dignes de m'occuper après le rembarquement des Anglais.
(Lecestre)
Valladolid, 9 janvier 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny,
faites connaître au ministre de Bavière et
au sieur Otto que, si l'Autriche continue ses armements, il me
parait convenable de réunir à Augsburg et à Ingolstadt le
corps d'Oudinot; que ce mouvement donnerait de la confiance au
pays et en imposerait à l'Autriche. Vous connaissez la
composition de ce corps. Ajoutez que, sur la simple demande de la
Bavière, le due d'Auerstaedt ferait entrer mon armée en
Bavière; qu'avec les secours que j'y envoie mon armée
d'Allemagne est de 150,000 hommes, dont 25,000 de cavalerie; que
j'en ai autant en Italie; que je désire que les journaux
allemands prennent le ton convenable.
Valladolid, 9 janvier 1809
Au contre-amiral Willaumez, commandant l'escadre de Brest
Monsieur le Contre-Amiral Willaumez, vous appareillerez aussitôt que le temps le permettra, et en évitant les forces supérieures ennemies, avec les vaisseaux l'Océan, le Foudroyant et six des sept vaisseaux de 74 qui sont à Brest, que vous désignera mon ministre de la marine; et vous vous rendrez dans le port de Toulon, où vous vous mettrez sous les ordres du vice-amiral Ganteaume.
L'escadre sous votre commandement partira de Brest approvisionnée de six mois de vivres et de quatre mois d'eau, afin que, si le vice-amiral Ganteaume le juge convenable, vous n'ayez aucun besoin de relâcher à Toulon.
Avant d'aborder à Toulon, vous vous assurerez que ce port n'est point bloqué par des forces supérieures. Toutefois les ports d'Ajaccio, de Saint-Florent, de la Spezia, de Gênes, la rade de Vado, le golfe Juan, le port de Villefranche, et, en cas d'événements imprévus, les rades de Baia près Naples, de Gaëte, de Tarente, de Corfou, de Pola en Istrie, de Raguse, les bouches de Cattaro, sont des ports gardés par mes troupes, où vous trouverez sûreté et protection.
Mon ministre de la marine vous donnera des instructions sur la navigation que vous avez à faire. Je me repose sur votre zèle, vos talents et votre fidélité pour mon service.
Valladolid, 9 janvier 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Valladolid
Mon Cousin, donnez ordre que la seconde brigade du général Millet reste à Burgos jusqu'à nouvel ordre, et que la première brigade soit placée à Torquemada. Donnez ordre au général Kellermann, qui prendra le commandement de cette division, de placer des escadrons à toutes les postes, depuis Miranda jusqu'à Valladolid, de manière que, sans fatiguer les dragons, mes estafettes puissent voyager nuit et jour. En attendant, ces régiments se reposeront dans cette situation.
Valladolid, 9 janvier 1809, midi.
A Joseph Napoléon, roi d'Italie, à Valladolid
Mon Frère, je reçois votre lettre du 6. Je vous ai écrit de Benavente, le 4, pour faire porter le duc de Bellune avec deux divisions à la rencontre de l'Infantado. Je vous ai écrit de Benavente le 5 et le 6. Je vous ai écrit depuis de Valladolid, le 7, par mon ofricier d'ordonnance Germain, et, le 8, par un officier de gendarmerie.
Le duc de Danzig est arrivé le 5 à Avila. Je ne lui ai donné aucun ordre; j'attends de savoir si vous ne lui en avez pas donné. Il n'y a pas d'ailleurs d'inconvénient à ce qu'il se repose quelques jours. Ce maréchal n'a fait que des bêtises; il ne sait pas lire ses instructions. Il est impossible de lui laisser le commandement d'un corps; c'est dommage, parce que c'est un fort brave homme un jour d'affaire.
Je vous ai mandé que j'attendais les adresses pour faire ma proclamation. Prenez toutes vos mesures pour faire votre entrée à Madrid; tâchez qu'elle soit solennelle et que vous soyez bien reçu par les habitants. Convoquez ensuite tous les Conseils, et que vos ministres fassent toutes leurs dispositions pour bien administrer. Je suppose que, dans la journée, Victor aura battu l'Infantado.
Il est nécessaire d'occuper Talavera de la Reina. Vous pouvez y envoyer le général Valence avec un régiment de cavalerie et ses 1,500 Polonais; on réunira cette division là aussitôt que possible.
Valladolid, 9 janvier 1809
A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à La Florida
Mon Frère, je vous ai écrit ce matin. Je profite du passage de Battaglia pour vous écrire encore un mot.
Le duc de Dalmatie était, le 5, à trois lieues de Lugo. Il a pris aux Anglais sept pièces de canon, 2,000 prisonniers (anglais) , des convois de toute espèce à un point tel, qu'il s'y est trouvé un convoi chargé d'argent que les dragons se sont partagé; on l'évalue à 2 millions. Les Anglais fuient dans le plus épouvantable désordre. Les granges des villages de la Galice sont pleines d'Anglais pendus par les mains des paysans, en vengeance des horribles pillages qu'ils commettent. Quant aux Espagnols de la Romana, on leur a pris 4 à 5,000 hommes, neuf drapeaux et, en différentes occasions, une douzaine de pièces de canon.
Le duc d'Elchingen a porté son quartier général à Villafranca.
Zamora a fermé ses portes à la brigade de dragons du général Maupetit. Dans la journée du 7, ce général, ayant vu deux colonnes d'environ 800 hommes chacune, les a chargées, culbutées, leur a tué une centaine d'hommes, fait 200 prisonniers et pris leurs canons. La division Lapisse marche sur Zamora. Faites répandre ces nouvelles et faites-les mettre dans les journaux.
Une députation d'Astorga, composée de l'évêque et des principaux magistrats de la ville, une députation des principaux magistrats et habitants de Léon, se rendent à Madrid. Mandez également des députations des villes d'Avila et de Ségovie. Préparez votre entrée. J'espère qu'avant le duc de Bellune aura atteint et frotté l'infantado.
Valladolid, 9 janvier 1809
Au vice-amirl comte Decrès, minstre de la marine, à Pars
Monsieur le vice-amiral Decrès, je reçois votre lettr du 30 décembre. Entretenez souvent le roi (de Naples) de l'expédition de Sicile; mandez-lui que je comte qu'il a déjà réuni des bâtiments à Scylla. Il serait bien nécessaire qu'il y en eût déja sur la plage de Scylaa une soixantaine, Démontrez-lui que ce ne sera qu'autant que ces bâtiments seront là tout prêts, qu'on pourra compter sur cette expédition. J'ai deux buts d'abord, d'anord de voir si cette expédition est réellement praticable, et puis de faire une diversion aux forces anglaises, et de donner le change sur une destination plus importante que je suis fans l'intention de donner à mon escadr de Toulon.
(Decrès)
Valladolid, 9 janvier 1809
Au gén´ral Savary, duc de rovigo, commandant la gendarmerie d'élite, à Paris
Faîtes intérroger dns le plus grand détail tous es individus portés sur la liste ci-jointe. Qu'on les mette au secret, qu'on les fasse parler et qu'on obtienne d'eux l'aveu des crimes qu'ils ont commis. Ensuite on me mettra sous les yeux leur interrogatoire, la not de leurs assassinats et toutes les révélations qu'on aura pu tirer d'eux.
(Brotonne)
Valladolid, 9 janvier 1809
Au prince de Neuchâtel, major-général de l'armée d'Espagne
Témoignez au général Belliard mon mécontentement de la mollesse de son gouvernement. Tous les jours on assassine des Français à Madrid, et il n'a encore rien 'fait. Dites-lui qu'il faut faire arrêter 30 des plus mauvais sujets de la ville et les faire fusiller; que c'est ainsi que j'ai fait à Valladolid; que je le rends responsable du premier assassinat qui aura été commis sur un Français, si l'arrestation d'un Espagnol ne s'ensuit pas aussitôt. La conduite qu'on tient à.Madrid est ridicule.
(Lecestre)
Valladolid, 9 janvier 1809
Au prince de Neuchâtel, major-général de l'armée d'Espagne
Donnez ordre que le prince de Castelfranco, le duc d'Altamira et le marquis de Santa-Cruz soient dirigés sur la place de Fénestrelle, où ils seront retenus comme prisonniers d'État. Prévenez de cette disposition le ministre de la police.
(Lecestre)