1er - 15 Juillet 1809
Schönbrunn, 1er juillet 1809, cinq heures du matin.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Raab
Mon Fils, je reçois vos trois
lettres du 30 à
midi. Chastelet fait le partisan, se dissémine en un grand nombre de colonnes
et s'annonce partout.
Je vois avec plaisir que le 4
vous serez arrivé; Marmont et Broussier le seront aussi. Notre seule crainte est
que l'ennemi ne tienne point. Je vous ai mandé hier que j'avais fait jeter
l'ancien pont dans l'île. Au premier coup de canon, l'ennemi a disparu et s'est
retiré dans les redoutes d'Essling. Ce pont a été jeté à cinq heures du soir,
et trois heures après, l'ennemi n'avait pas montré plus de 12,000 hommes
d'infanterie et 3,000 hommes de cavalerie. Il paraît que c'est le corps de
Hiller. Des bruits disaient que le prince Charles s'était porté ailleurs. Probablement
ce matin nous saurons à quoi nous en tenir.
Pour Metternich, les
Autrichiens se moquent de nous. Il y a un moyen bien simple, c'est
de le renvoyer à Vienne. Je suppose que vous l'aurez fait.
En abandonnant Raab, convenez d'un
chiffre avec le général Narbonne,
que vous remettrez à l'état-major ici. Je crois vous
avoir mandé que
le général Rusca venait sur Bruck avec 3,000 hommes, et
que j'avais ordonné qu'on ne communiquât plus avec
l'Italie que par des convois de 2 ou 3,000 hommes.
Je vous avais mandé hier que les Polonais croyaient devoir être
attaqués à OEdenburg : ils me mandent d'hier soir que l'ennemi a
rétrogradé et qu'il n'est même plus à Güns ni à Stein am Anger. Il est
vrai que Marmont a dû coucher le 29 à Gleisdorf, et le 30 probablement entre Gleisdorf et Güns
P. S. Avant de sortir de Raab, je vous recommande
plusieurs choses: 1 ° de vous assurer qu'il y a tout ce qui est
nécessaire pour tirer 6,000 coups de canon et 2,000 obus ou
bombes; 2° qu'il y a
des vivres pour plusieurs mois; 3° qu'on a détruit tous les
ouvrages de
fortification des camps retranchés; 4° de le bien
reconnaître, afin que,
si vous deviez remarcher de Vienne sur Raab, et que l'ennemi
occupât
cc camp retranché, vous ayez des facilités pour
manœuvrer
Île Napoléon, 2 juillet 1809, trois heures du matin
Mon Fils, je reçois vos deux lettres du 1er
juillet à une heure du matin. Les renseignements qu'on
vous a
donnés sont inexacts; l'armée du prince Charles est
toute ici en
bataille. J'espère que vous aurez commencé votre
mouvement et que vous
serez ici le 4, car le 4 au soir je passe. Vous pouvez, selon les
circonstances, laisser à Baraguey d'Hilliers plus ou moins de
troupes.
Dirigez le sieur Dodun par Ebersdorf dans l'île, afin
qu'il me donne
tous les renseignements qu'il aura.
Je suppose que vous aurez fait culbuter cette cavalerie qui aura
débouché par Komorn et préparé par là votre mouvement sur Vienne.
P. S. Je suppose toujours que Raab a ses 6,000 coups de canon, et que vous compléterez les cartouches à 300,000
Île Napoléon, 2 juillet 1809, onze heures du soir
ORDRE POUR LE PASSAGE DU DANUBE
1°. Le 4 , à l'heure
que nous désignerons, le général Oudinot fera embarquer un général de
brigade et quatre ou cinq bataillons de voltigeurs formant 1,500
hommes, au lieu qui sera indiqué par le capitaine de vaisseau Baste,
pour s'emparer du Hansel-Grund. Le capitaine de vaisseau Baste, avec
huit bateaux armés, marchera devant et protégera leur débarquement par
une vive canonnade, en enfilant les batteries ennemies, qui en même
temps seront canonnées par nos batteries.
2°. Le général Bertrand donnera des ordres pour que
le 3, à six heures
du soit, il y ait quatre bacs près du lieu où l'on doit
jeter le pont
de l'embouchure, avec des marins et les agrès nécessaires
à la navigation, avec un treuil et une cinquenelle.
Aussitôt que le débarquement qui doit avoir lieu sera
exécuté conformément à l'article
1°, le
général Oudinot fera placer 800 hommes dans ces quatre
bacs et les
dirigera pour débarquer au pied de la batterie ennemie. Au
même moment
une cinquenelle sera jetée; ces quatre bacs s'y attacheront et
serviront à transporter des troupes à chaque voyage
qu'ils feront, en se servant de cette cinquenelle.
3°. Le capitaine des pontonniers fera établir son pont, qu'il devra
construire en deux heures, et, immédiatement après, le général .
Oudinot débouchera avec son corps, chassera l'ennemi de tous les bois,
viendra porter une de ses divisions jusqu'à la Maison-Blanche, une au autre sur Mühlleuten.
Le chemin le long et le plus près de la rivière sera mis
en état pour
pouvoir être la communication de l'armée, si cela
était nécessaire.
On travaillera à une tête de pont; et le plus tôt
possible le général Oudinot établira sa droite
à Mühlleuten,
sa gauche à la Maison-Blanche, ayant trois ponts sur le petit
canal. La
plus grande partie de sa cavalerie sera sur Mühlleuten. Le
général
Oudinot aura avec lui de quoi jeter deux ponts sur haquets, de dix
toises chacun. Dans cette position, il recevra des ordres. L'Empereur
sera dans l'île Alexandre.
4°. Le capitaine de vaisseau Baste s'emparera de l'île de Rohr-Haufen,
et enverra des barques pour flanquer la droite. Deux pièces de 6
seront débarquées à terre
pour faire une batterie qui battra le Zahnet et flanquera toute la
droite. Il fera soutenir cette batterie par 200 marins armés de fusils.
TITRE II.
5°. Un quart
d'heure après que la canonnade aura commencé sur la droite, et après que la
fusillade se sera fait entendre, le duc de Rivoli fera partir les cinq bacs,
portant dix pièces de canon avec mille coups à tirer, dans des caisses, et 1,500
hommes d'infanterie, lesquels doubleront l'île Alexandre et iront débarquer le
plus haut qu'ils pourront. Une cinquenelle sera jetée; les bacs y seront
attachés et serviront à porter des hommes, des chevaux, des canons et des
caissons.
6°. Aussitôt que
les bacs auront doublé l'île Alexandre, le pont d'une pièce descendra jusqu'à
soixante toises de l'île Alexandre, et là sera abattu et placé. Aussitôt tout
le reste du corps du duc de Rivoli passera sur ce pont.
7°.
Immédiatement après que le pont d'une pièce sera descendu, les radeaux fileront,
et un pont sera construit vis-à-vis l'île Alexandre. Le duc d'Auerstaedt sera
chargé de faire construire ce pont, ses troupes devant passer dessus.
8°. Au même
moment, le pont sur pontons sera jeté par-dessus l'îlot vis-à-vis l'île
Alexandre; et aussitôt l'artillerie du duc de Rivoli et sa cavalerie passeront
sur ce pont.
9°. Le duc de
Rivoli se placera selon les circonstances. Il se tiendra sous la
protection des batteries de l'île Alexandre, jusqu'à
ce que le général Oudinot ait pris le
bois et que les ponts soient faits.
Le duc de
Rivoli fera la gauche de l'armée. La première position sera sous la protection
des batteries de l'île Alexandre, la seconde sous la protection des batteries
de l'île Lannes, la troisième dans Enzersdorf.
10. Le corps
du prince de Ponte-Corvo, la Garde et l'armée du prince Eugène passeront
immédiatement après sur les différents ponts et formeront la deuxième ligne. L'Empereur
leur désignera, au moment, les ponts sur lesquels ils doivent passer.
11°. L'armée
doit être placée de la manière suivante, le plus tôt possible: trois corps en
première ligne; celui du duc de Rivoli à la gauche, celui du général Oudinot au
centre, celui du duc d'Auerstaedt à la droite; en seconde ligne: le corps du
prince de Ponte-Corvo à la gauche, la Garde et le corps du duc de Raguse et la
division Wrede au centre, et le prince Eugène à la droite. Chaque corps
d'armée sera placé, une division faisant la gauche, une le centre et une la
droite.
12°. Le 5, à la
pointe du jour, toutes les divisions seront sous les armes, chacune
ayant son artillerie, l'artillerie de régiment dans l'intervalle des
bataillons.
13°. Les
cuirassiers, en réserve, sous les ordres du duc d'Istrie, formeront la troisième
ligne.
14°. En
général, on fera la manœuvre par la droite, en pivotant sur Enzersdorf pour
envelopper tout le système de l'ennemi.
TITRE III
15°. Le duc de
Rivoli aura ses quatre divisions d'infanterie; il laissera un
régiment badois
aux ordres du général Reynier. Sa cavalerie sera
commandée par le général Lasalle, qui ne
recevra d'ordres que du duc et qui aura sous lui les brigades
Piré , Marulaz et Bruyère.
16°. Le général
Oudinot aura ses trois divisions d'infanterie et la brigade de cavalerie légère
du général Colbert; il laissera deux bataillons, formés des compagnies du
centre, aux ordres du général Reynier.
17°. Le corps
du duc d'Auerstaedt sera composé de ses quatre divisions d'infanterie, de la
brigade de cavalerie du général Pajol et de celle de Jacquinot, sous les
ordres du général Montbrun, plus, d'une des deux divisions de dragons de
l'armée d'Italie (celle du général Pully ou celle du général Grouchy); ce qui
lui fera neuf régiments de cavalerie.
18°. Le prince
de Ponte-Corvo aura son corps.
19°. La Garde
sera augmentée du corps du duc de Raguse et de la division Wrede.
20°. L'armée
d'Italie formera le corps du prince Eugène.
21°. Les
cuirassiers formeront une réserve à part, sous les ordres du duc d'Istrie.
TITRE IV -DE
LA DÉFENSE DE L'ÎLE.
22°. Le général
de division Reynier sera chargé du commandement de l'île. Il prendra le
service le 4, à midi. Il donnera le commandement des différentes îles et
postes détachés aux officiers d'artillerie les plus anciens ou les plus propres
employés dans les batteries desdites îles.
23°. Le général
Reynier aura sous ses ordres: 1° un régiment de Bade, que fournit le
corps du duc de Rivoli; 2° les deux bataillons que fournit le corps du général
Oudinot; 3° deux bataillons saxons, que fournira le corps du prince de
Ponte-Corvo; 4° le bataillon du prince de Neuchâtel.
Le bataillon
de Neuchâtel et un bataillon badois seront placés dans la tête de
pont, dans laquelle il y aura six pièces de canon en batterie. Ce mouvement ne
se fera que dans la nuit du 4 au 5. L'autre bataillon badois mettra 25 hommes
dans l'île Saint-Hilaire, 25 dans l'île Masséna, 200 dans l'île du Moulin, 25
hommes dans l'île Lannes, 25 dans l'île Espagne et 25 dans l'île Alexandre; ce
qui fera 325 hommes. Le reste des 400 hommes sera en réserve pour se porter
partout où il sera nécessaire.
Des deux
bataillons du corps du général Oudinot, un sera placé à la tête de son pont et
l'autre à la tête des grands ponts du Danube.
Des deux
bataillons saxons, l'un sera placé en réserve, l'autre aux grands ponts du
Danube.
24° Toutes les
batteries des îles et la garde de tous les ponts seront sous les ordres du
général Reynier. Il fera exécuter les changements et fera transporter les
pièces où les circonstances, pendant la bataille, pourront les rendre
nécessaires.
TITRE V. - DES
BÂTIMENTS DE GUERRE.
25°. Il y aura
deux bâtiments de guerre, armés de pièces de canon, en station entre Stadelau
et la rive gauche, tant pour inquiéter l'ennemi que pour prévenir de ce qui
viendrait à leur connaissance et des entreprises que l'ennemi voudrait faire
contre les ponts ou tout autre point de la rive droite, et pour arrêter les brûlots
qu'il voudrait envoyer. Deux autres bâtiments armés seront placés entre Aspern
et notre pont, pour inquiéter ce que l'ennemi a dans les îles et observer ses
mouvements.
Le reste des
barques armées se tiendra sur notre droite pour protéger la descente et toute
notre droite.
Île Napoléon,
3 juillet 1809, midi.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, île Napoléon
Donner ordre
au général Walther de faire ses dispositions pour que, ce soir à huit heures et
demie, la Garde débouché sur deux lignes et vienne se placer à la hauteur des tentes de l'Empereur.
Toute
l'infanterie, l'artillerie et la cavalerie passeront. La cavalerie et tous les
chevaux porteront du vert (ndlr : du fourrage) pour le 4, et le 5. Cela est de rigueur, vu qu'il ne
sera plus possible alors de repasser les ponts.
Donner ordre
au corps du prince de Ponte-Corvo de déboucher ce soir à onze
heures et demie, de manière à être tout à fait passé avant le jour. Tous les
chevaux éclopés, bagages inutiles, magasins, femmes, et en général tous les
embarras et ce qui ne combat point, sera renvoyé à Schönbrunn. Le prince de
Ponte-Corvo viendra dans la journée reconnaître le lieu où il doit se placer,
qui sera du côté des marins près du pavillon bleu.
Donner ordre
au duc d'Istrie de faire ses dispositions pour que les trois divisions de
cuirassiers soient réunies demain à quatre heures après midi du côté
d'Ebersdorf, de manière à pouvoir déboucher par le pont qui a été jeté
dernièrement sur la rivière d'Ebersdorf, près son embouchure dans le Danube,
afin de ne pas encombrer le pont de la ville; moitié pourra passer sur le
pont de la ville. Tous ses bagages, magasins, embarras, seront concentrés au
dépôt général de Schönbrunn, de sorte que, l'ennemi s'emparant de tout le pays,
personne ne perde rien.
Donner l'ordre
au duc d'Auerstaedt de passer le pont demain à huit heures du soir, et de
prendre ses mesures pour que tout son corps l'ait passé à minuit. Il choisira
son emplacement dans la plaine en avant du corps du général Oudinot et derrière
le duc de Rivoli.
Donner ordre
que l'armée du vice-roi défile après-demain, 5, à une heure du matin et
choisisse son emplacement entre la Garde et le corps du prince de Ponte-Corvo.
Les cuirassiers déboucheront le 5 à quatre heures du matin, et resteront en bataille par
escadrons en dedans des ouvrages, une division à droite, une au centre et une
à gauche, de manière à déboucher des ouvrages sur les trois points, selon
l'ordre qui sera donné.
Le corps du
duc de Raguse et la division Wrede déboucheront sitôt qu'ils seront arrivés,
et iront se placer derrière la Garde.
Les
différentes divisions de cavalerie légère passeront, pourvu que ce soit de
nuit, et iront rejoindre leurs corps.
Recommander
aux généraux de faire former les troupes en colonnes par régiment et leur
artillerie derrière eux.
En général, la
cavalerie et tous les chevaux prendront du vert pour le 4 et le 5. Recommander
aux parcs du duc de Rivoli et du général Oudinot de prendre du vert pour le 4
et le 5, parce que personne ne pourra repasser les ponts.
On fera passer
cette nuit les ambulances et les caissons des équipages militaires chargés de
pain. Ils viendront se placer près de la manutention, par corps d'armée, et
sans dépasser les ouvrages.
Donner ordre
au duc de Rivoli et au général Oudinot de renvoyer leurs caissons dans ce lieu,
afin qu'il n'y ait pas d'encombrement.
Ordonner que
demain on donne du pain et de l'eau-de-vie à l'armée pour le 5 et le 6.
Île Napoléon,
3 juillet 1809.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, île Napoléon
Écrivez au
général Laroche qu'aussitôt qu'il pourra revenir
à Nuremberg, il fasse arrêter six chefs d'émeute et
les fasse pendre dans la place publique, entre autres les nommés
Reuter, ferblantier, et Birkner, homme sans aveu
(Lecestre)
Île Napoléon,
3 juillet 1809
ORDRES.
1° Il sera
établi au coin de l'île du Moulin, près du bivouac des voltigeurs, une flèche
d'une centaine de toises de développement, en face de la tête de pont, qui sera
appelée Redoute Petit.
2° Cette
flèche sera fraisée et palissadée demain, 4, au plus tard à onze heures du
soir. Il sera jeté dans la journée un pont de radeaux, pour joindre cette
flèche à l'île du Moulin, au point qui sera désigné par le général Rognait. Les
bois qui sont hors de la redoute seront coupés. On travaillera nuit et jour, en
faisant relever les travailleurs toutes les six heures.
3° Il sera
établi dans la grande île un boyau d'une cinquantaine de toises pour l'infanterie,
pour flanquer une des branches de cet ouvrage.
Il sera établi
dans l'île du Moulin un boyau d'une cinquantaine de toises pour l'infanterie,
pour battre l'autre branche.
4° Il sera
établi dans l'île du Moulin une batterie à barbette et circulaire, de manière à
protéger la flèche Petit et à battre toute la plaine, où seront placées deux
pièces de 12, prises à la batterie n° 6.
Dans la nuit
du 4 au 5, à neuf heures du soir, on mettra en batterie dans la flèche Petit
deux autres pièces de 12, prises dans la batterie n° 6.
5° Les postes
de la flèche Petit n'auront aucune communication avec la tète de pont et
seront sous les ordres de l'officier supérieur qui commandera dans l'île du
Moulin. Tout le service se fera par l'île.
6° Le duc de Rivoli et les commandants d'artillerie et du génie prendront toutes les mesures
et donneront les ordres nécessaires pour l'exécution du présent.
Île Napoléon,
3 juillet 1809
ORDRES
Il sera
construit dans la nuit du 3 au 4 une batterie de trois mortiers contre la
batterie de la Maison-Blanche.
Dans la
journée du 4, on fera tous les préparatifs pour que, dans la nuit du 4 au 5,
avant minuit, on ait terminé les batteries qui prennent à revers et
détruisent la Maison-Blanche.
Les généraux
commandant le génie, l'artillerie et le commandant de la marine sont prévenus
que le passage aura lieu dans la nuit du 4 au 5, depuis minuit jusqu'à trois
heures du matin, selon l'ordre précis qui sera donné.
Île Napoléon,
3 juillet 1809, trois heures après midi.
A Eugène napoléon, vice-roi d'Italie, à Bruck
Mon Fils, je
reçois votre lettre du 2, avec celle du général Montbrun. Je vous attends de
votre personne le 4 à midi, et votre corps avant onze heures du soir, vu que le
5, à deux heures du matin, j'attaque.
P. S. Le
général Baraguey d'Hilliers doit avoir
été renforcé de la brigade Thiry de
1,000 hommes, composée d'un régiment de chasseurs et d'un
régiment de Wurtemberg; ce qui, avec un de vos régiments
de chasseurs, le porte à 1,200
chevaux. Vous êtes le maître de lui laisser 1,000 hommes
d'infanterie de plus.
Île Napoléon, 3 juillet 1809
Au général, baron de Wimpffen, chef de l'état-major général de l'armée autrichienne
Je réponds,
Monsieur le Général Baron de Wimpffen, à votre lettre du 2.
Sa Majesté
l'Empereur et Roi, mon souverain, accepte l'échange de M. le général Stoichevich
avec M. le général Fouler. J'ordonne aux avant-postes de Hongrie de laisser
rentrer M. le général Stoichevich, persuadé que Votre Excellence donnera
également des ordres pour laisser rentrer aux avant-postes le général Fouler.
Quant aux non-combattants, comme officiers de santé, commissaires des guerres, agents
des finances, intendants d'armée, etc., l'Empereur ne les a pas considérés
comme prisonniers, et est déterminé à faire
mettre en liberté ceux qui ont été arrêtés par représailles de la conduite des
agents de l'armée autrichienne. Il y a dans les provinces que nous occupons
plusieurs mille employés civils autrichiens payés par votre cabinet et que
cependant nous protégeons et laissons tranquilles. L'arrestation de tout ou
partie de ces individus aggraverait les maux de la guerre sans raison. Cependant
nous allons être contraints de le faire, si votre généralissime ne donne pas
des ordres pour faire relâcher les employés civils arrêtés en Tyrol, ceux
arrêtés dans le haut Palatinat, plusieurs commissaires saxons. Il en est qui
ont été arrêtés il n'y a pas quinze jours.
Quant à M. le
lieutenant général comte de Weissenwolf, s'il veut se présenter demain de
quatre à cinq heures du matin, par la briqueterie et le pont, l'officier
d'état-major porteur de cette dépêche à vos avant-postes l'attendra aux nôtres
pour le recevoir.
Votre
Excellence trouvera ci-jointe la lettre d'échange des officiers du 65e régiment
contre ceux de la garnison de Raab.
Le prince de
Neuchâtel, major général.
Vienne, 3 juillet 1809
VINGT-QUATRIÈME BULLETIN DE L'ARMÉE D'ALLEMAGNE
Le général Broussier avait laissé deux bataillons du 84e régiment de
ligne dans la ville de Graz, et s'était porté sur Wildon pour se joindre à
l'armée de Dalmatie.
Le 26 juin, le
général Gyulai se présenta devant Graz avec 10,000 hommes, composés, il
est vrai, de Croates et de régiments des frontières (ndlr : Landwehr). Le 84e se cantonna
dans un des faubourgs de la ville, repoussa toutes les attaques de
l'ennemi, le culbuta partout, lui prit 500 hommes, deux drapeaux, et se
maintint dans sa position pendant quatorze heures, donnant le temps au
général Broussier de le secourir. Ce combat d'un contre dix a couvert de
gloire le 84e de ligne et son colonel Gambin. Les drapeaux ont été présentés à Sa
Majesté à la parade.
Nous avons à regretter 20 tués et 92 blessés de ces braves gens.
Le duc
d'Auerstaedt a fait attaquer, le 30, une des îles du Danube,
peu éloignée de
la rive droite, vis-à-vis Presbourg, où l'ennemi avait
quelques troupes. Le
général Gudin a dirigé
cette opération avec habileté; elle a
été exécutée par le
colonel Decouz et par le 21e régiment d'infanterie de ligne
que commande
cet officier. A deux heures du matin, ce régiment,
partie à la nage, partie
dans des nacelles, a passé le
très-petit bras du Danube, s'est emparé de l'île, a culbuté les 1,500 hommes
qui s'y trouvaient, a fait 250 prisonniers, parmi lesquels le colonel du
régiment de Saint-Julien et plusieurs officiers, et a pris trois pièces de
canon que l'ennemi avait débarquées pour la défense de l'île.
Enfin il
n'existe plus de Danube pour l'armée française: le
général comte Bertrand a
fait exécuter des travaux qui excitent l'étonnement et
inspirent l'admiration. Sur
une largeur de 100 toises et sur un fleuve le plus rapide du monde, il
a, en
quinze jours, construit un pont formé de soixante arches,
où trois voitures
peuvent passer de front. Un second pont de pilotis a été
construit, mais
pour l'infanterie seulement, et de la largeur de huit pieds.
Après ces deux
ponts, vient un pont de bateaux. Nous pouvons donc passer sur le Danube
en
trois colonnes. Ces trois ponts sont assurés contre toute
insulte, même contre
l'effet des brûlots et machines incendiaires par des
estacades sur pilotis,
construites entre les îles dans différentes directions, et
dont les plus
éloignées sont à 250 toises des ponts. Quand on
voit ces immenses travaux, on
croit qu'on a employé plusieurs années à les
exécuter; ils sont cependant
l'ouvrage de quinze à vingt jours. Ces beaux travaux sont
défendus par des
têtes de pont ayant chacune 1,600 toises de développement,
formées de redoutes
palissadées, fraisées et entourées de
fossés pleins d'eau. L'île Lobau est une
place forte; il y a des manutentions de vivres, cent pièces de
gros calibre et
vingt mortiers ou obusiers de siège en batterie.
Vis-à-vis Essling, sur le dernier
bras du Danube, est un pont que le duc de Rivoli a fait jeter hier. Il
est couvert par une tête de pont qui avait
été construite lors du premier
passage.
Le général
Legrand avec sa division occupe les bois en avant de la tête de pont. L'armée
ennemie est en bataille, couverte par des redoutes, la gauche à Enzersdorf (ndlr : aujourd'hui Groß-Enzersdorf),
la droite à Aspern. Quelques légères fusillades d'avant-postes ont eu lieu.
A présent que
le passage du Danube est assuré, que nos ponts sont à l'abri de toute
tentative, le sort de la monarchie autrichienne sera décidé dans une seule
affaire.
Les eaux du
Danube étaient, le 1er juillet, de quatre pieds au dessus des plus basses et
de treize pieds au-dessous des plus hautes.
La rapidité de
ce fleuve est dans cette partie, lors des grandes eaux, de sept à douze pieds,
et lors de la hauteur moyenne, de quatre pieds six pouces par seconde, et plus
forte que sur aucun autre point. En Hongrie elle diminue beaucoup, et à
l'endroit où Trajan fit jeter un pont, elle est presque insensible. Le Danube
est là d'une largeur de quatre cent
cinquante toises; ici il n'est que de quatre cents. Le pont de Trajan était un
pont en pierre, fait en plusieurs années. Le pont de César sur le Rhin fut
jeté, il est vrai, en huit jours, mais aucune voiture chargée n'y pouvait
passer.
Les ouvrages
sur le Danube sont les plus beaux ouvrages de campagne qui aient jamais été
construits.
Le prince
Gagarine, aide de camp général de l'empereur de Russie, est arrivé avant-hier,
à quatre heures du matin, à Schönbrunn, au moment où l'Empereur montait à
cheval. Il était parti de Pétersbourg le 8 juin. Il a apporte des nouvelles de
la marche de l'armée russe en Galicie.
Sa Majesté a
quitté Schönbrunn. Elle campe depuis deux jours.
Ses tentes
sont fort belles et faites à la manière des tentes égyptiennes.
Île Napoléon,
4 juillet 1809
A Jérôme
Napoléon, roi de Westphalie, commandant le 10e corps de
l'armée d'Allemagne, à Dresde
Mon Frère, je
reçois une lettre de vous du 27 juin. Le général Laroche était entré à Nuremberg
et marchait sur Bayreuth. Il avait avec lui 2,000 hommes de cavalerie française
et 2,000 hommes d'infanterie bavaroise. Le due d'Abrantès a dû marcher sur
Bayreuth avec 600 chevaux, 6,000 hommes d'infanterie et seize pièces de canon.
Je vous ai
déjà mandé que de Dresde vous pouviez entrer en Bohême avec 3,000 Saxons,
12,000 hommes de vos troupes et 8,000 hommes du duc d'Abrantès; ce qui vous
ferait 20 à 25,000 hommes. Vous pouvez retirer de Magdeburg le reste des
Hollandais et le 22e régiment
de ligne
français, dont les quatre bataillons sont dans les places de
Magdeburg, Küstrin
et Stettin, en les faisant remplacer par les détachements
français de nouvelle
levée que vous avez. Vous pouvez également retirer
de la Poméranie suédoise et
de Stettin un régiment de cavalerie polonais. Avec ces forces
réunies, vous
pourrez pénétrer jusqu'à Prague, surtout si, comme
je l'espère, j'entame
demain l'armée du prince Charles et la pousse
l'épée dans les reins. Cela me
porte à vous réexpédier sans délai votre
officier. .Je vous donnerai demain
des nouvelles du champ de bataille. Si vous entrez en Bohême,
vous pourrez
être rejoint par les Bavarois que commande le duc de Danzig, qui
partiront de
Linz; , et peut-être par l'armée saxonne; ce qui porterait
votre armée à 50 ou 60,000 hommes. Je pense que
le bon moyen de réprimer les désordres chez
vous, c'est d'entrer en pays ennemi.
Toutefois, vous devez inquiéter la Bohême; mais pour faire
une expédition
sérieuse, il faut que vous connaissiez l'issue de la bataille de
demain. Avec
l'aide de Dieu , malgré ses redoutes et ses positions
retranchées, j'espère
écraser l'armée du prince Charles. Envoyez vos
états de situation et écrivez
tous les jours; ne m'exposez pas à recevoir de vos nouvelles par
des mains
tierces, ce qui ne me convient pas. Si votre santé ou toute
autre raison vous
empêchait d'entrer en Bohème, le duc d'Abrantès
pourrait prendre le
commandement de votre corps. Je suppose que ce
général est entré à Bayreuth dans les
premiers jours du mois.
Île Napoléon,
4 juillet 1809
ORDRES
PASSAGE DU
GÉNÉRAL OUDINOT.
Ce soir à huit
heures, les quatre bacs et les bateaux pontés destinés à former le pont de
bateaux partiront de manière à arriver à leur emplacement à neuf heures, nuit
faite.
A huit heures,
le général de brigade Conroux et 1,500 hommes s'embarqueront au pont..
A neuf heures,
les bateaux portant ces troupes appareilleront avec les barques armées et iront
débarquer dans l'endroit convenu. Ainsi ce débarquement aura lieu à neuf heures
et demie.
Notre batterie
de six pièces de canon commencera son feu aussitôt qu'elle apercevra arriver
les bateaux, et on aura soin que les pièces placées pour prendre d'écharpe la
batterie ennemie finissent leur feu aussitôt que nos bateaux commenceront le
leur.
Le général de
division Tharreau se trouvera à la batterie et fera embarquer sur les bacs le
reste de la brigade Conroux. A cet effet, les bacs entreront vides dans la
rivière; on jettera une cinquenelle et on se servira de tous les bateaux. pour
passer toute la division Tharreau.
Le pont de
bateaux commencera aussitôt la batterie prise, et le capitaine de pontonniers
fera faire son pont. Une compagnie de sapeurs passera avec des officiers du
génie pour couper des arbres, faire une tête de pont et tracer le chemin sur la
Maison-Blanche.
INSTRUCTIONS
POUR LE GÉNÉRAL THARREAU.
La première
chose à faire est de s'emparer de toute l'île de Hansel Grund jusqu'au canal, de
jeter les trois ponts sur le petit canal.
Alors une
division marchera sur le village de Mühlleuten, une autre sur la
Maison-Blanche. Le colonel Baste prendra possession de l'île de Bohr-Haufen,
comme cela a été dit, et flanquera non-seulement le Zahllet, mais encore la
plage jusqu'au village de Schönau, et fera connaître tout ce qu'il y aura là de
nouveau.
Une barque
armée remontera aujourd'hui le Danube le plus tôt possible, ira se poster
pour menacer du côté d'Aspern ct veiller à ce que l'ennemi ne puisse faire
aucun mouvement sur les îles Masséna;
une autre se
portera du côté de Stadelau pour le même objet.
PASSAGE DE
L'ÎLE ALEXANDRE
Aussitôt qu'on
saura que le passage du général Oudinot a réussi, on commencera le passage à
l'île Alexandre et on tâchera de faire la jonction des deux colonnes le long de
la rivière. A cet effet, les bacs passeront d'abord cinq pièces de canon et 15 à
1,600 hommes, ou plutôt autant d'hommes que les cinq bacs en pourront porter,
de la division Boudet.
Le pont d'une
pièce servira sur-le-champ à passer le reste de la division Boudet et les
divisions Molitor ct Saint-Cyr. Les bacs passeront l'artillerie jusqu'à ce que
les deux autres ponts soient jetés, Au même moment, on donnera l'ordre aux
batteries de l'île Lannes, de l'île Espagne, aux grandes batteries
intermédiaires et à celles de l'île du Moulin de commencer leur feu, lequel
sera continué toute la nuit avec la plus grande activité.
Un officier du
génie, avec la plus grande partie des sapeurs, tracera
sur-le-champ, avec beaucoup de sacs à terre et gabions, une
tête de pont formée de quatre à cinq
redoutes, faisant un système de 15 à 1,600 toises.
Aussitôt que ces redoutes
seront en premier état de défense, on placera les
pièces de position et les
mortiers dans ces redoutes. Le bateau armé qui sera du
côté d'Aspern cherchera
des positions où l'ennemi n'ait pas de batteries, pour tirer et
faire diversion.
Un officier du génie sera spécialement chargé de
reconnaître le petit canal
de l'île où débarquera le général
Oudinot; il verra s'il est guéable. On
pourrait construire sur le chemin allant à Zalmet un petit
ouvrage pour assurer
la droite. Les bateaux armés doivent donner de
l'inquiétude sur toute la rive
gauche et faire un grand fracas de leur artillerie; mais ils doivent
spécialement flanquer la droite du général
Oudinot.
Le prince de
Neuchâtel, major général.
PROJET DE PROCLAMATION A L'ARMÉE.
(La
minute de
cette proclamation, tout entière de la main de l'Empereur,
n'a pu être complètement déchiffrée;
elle ne porte pas de date; mais on présume qu'elle a
été écrite le 5 juillet, au matin)
Soldats, un
mois après que l'Autriche nous eut déclaré la guerre, nous sommes entrés dans
sa capitale, nous avons détruit ses meilleures troupes, pris plus de deux cents
pièces de canon, 60 drapeaux et 100,000 prisonniers. Depuis un mois nous
sommes oisifs. Le débordement et la fragilité des ponts de bateaux sur une si
grande rivière m'ont obligé à faire élever d'autres ponts. . . . . Marchons
donc à l'ennemi; anéantissons cette puissance qui depuis quinze ans menace
notre patrie et nos enfants; marchons à la victoire, mais à une victoire telle
que j'ai le droit d'en attendre de votre volonté, de votre courage et de votre
amour pour la patrie et pour moi. Terminons la guerre; confondons mes
ennemis et courons tous sur. . . . . L'importance de cette victoire ne peut.
. . . . En conséquence, ici comme ailleurs. . . . . Les blessés qui ne peuvent
se retirer d'eux-mêmes resteront sur le champ de bataille. Il est défendu, au
nom de l'honneur, d'abandonner le champ de bataille pour conduire les blessés,
pendant que la bataille sera disputée.
7 juillet 1809, 2 heures du matin.
A l'Impératrice
Tout va ici selon mes désirs,
mon amie. Mes ennemis sont défaits, battus, tout à fait
en déroute. Ils étaient très nombreux, je les ai
écrasés. Ma santé est bonne aujourd'hui; hier j'ai
été un peu malade d'un débordement de bile,
occasionné par l'extrême fatigue, mais cela m'a fait grand
bien.
Adieu mon amie, je me porte fort bien
(Joséphine)
Ebersdorf
(ou Raasdorf), 7
juillet 1809, cinq heures du matin.
A l'impératrice Joséphine, à Plombières
Je t'expédie
un page pour te donner la bonne nouvelle de la victoire
d'Enzersdorf , que j'ai remportée le 5, et de celle de
Wagram , que j'ai remportée le 6. (ndlr : on notera ici la
distinction faite par Napoléon entre les deux journées)
L'armée
ennemie fuit en désordre, et tout marche selon mes vœux.
Eugène se
porte bien.
Le prince
Aldobrandini
(Le prince Aldobrandini - 1776-1839 - est écuyer de l'impératrice) est blessé, mais légèrement.
Bessières a eu un boulet qui lui a touché le gras de
la cuisse; la blessure est très-légère. Lasalle a
été tué.
Mes pertes sont assez fortes; mais la victoire est décisive et
complète.
Nous avons
plus de cent pièces de canon, douze drapeaux, beaucoup de prisonniers.
Je suis brûlé
par le soleil.
Adieu, mon
amie, je t'embrasse. Bien des choses à Hortense.
Au bivouac
devant Raasdorf, 7 juillet 1809
Au prince Cambacérès, archichancelier de l'empire, à Paris
Je vous
expédie du champ de bataille mon page La Riboisière, afin que vous soyez sans
inquiétude et que vous connaissiez en gros le résultat de la bataille de
Deutsch-Wagram. L'armée autrichienne est en pleine déroute et poursuivie sur
toutes les directions. Je suis si fatigué que je ne vous en écris pas
davantage; qu'il me suffise de vous dire que tout marche selon mes désirs.
Dites
vous-même à la maréchale Bessières que son mari a eu un cheval tué sous lui et
que le boulet qui a tué son cheval a fait au maréchal une contusion au gras de
la cuisse, que ce ne sera rien, qu'avant quinze jours il sera à cheval.
Wolkersdorf, 7
juillet, l1809, dix heures trois quarts
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Wolkersdorf
Mon Cousin,
écrivez au général Baraguey d'Hilliers de correspondre fréquemment avec vous,
de donner de ses nouvelles au général Reynier, commandant l'île Napoléon, et au
général Andréossy, gouverneur de Vienne. Mandez-lui en peu de mots la victoire
que nous avons remportée; ce qui ôtera probablement à l'archiduc Jean tonte
envie de l'inquiéter.
Témoignez mon
mécontentement au général Vandamme de ce qu'il ne vous a pas encore répondu
sur les ordres que vous lui avez envoyés cette nuit. Témoignez également mon
mécontentement au général Reynier de ce qu'il ne donne point de nouvelles de ce
qui s'est passé dans l'île, de ce qui vient à sa connaissance, du nombre des
blessés, etc., que j'aurais dû recevoir de ses nouvelles plusieurs fois dans la
journée.
Mandez au
général Rusca des nouvelles des dernières affaires.
Donnez ordre aux
généraux Grouchy et Pully et au duc de Padoue de rester où ils se trouvent, de
faire ferrer, reposer et réorganiser leurs divisions, et de vous envoyer
demain, avant neuf heures du matin, le rapport de leur situation, de ce qu'ils
ont fait dans la journée, des pertes qu'ils ont essuyées, etc.
Écrivez au
prince de Ponte-Corvo de passer demain matin une revue de son corps et de vous
faire connaître par un aide de camp, avant neuf
heures du matin, sa situation exacte, les pertes qu'a faites son corps, enfin
tout ce qui peut bien m'instruire sur sa situation actuelle.
Wolkersdorf, 7
juillet 1809.
Au maréchal Masséna, duc de Rivoli, commandant le 4e corps de l'armée d'Allemagne
L'Empereur se porte à Stammersdorf, passant par Gerasdorf. Il suppose que vous occupez déjà
le pont du Danube vis-à-vis Vienne.
Portez-vous,
si vous n'y êtes déjà, à Jedlersee et Jedlersdorf, et mettez-vous en
communication avec le général Andréossy, en faisant passer un bateau. Si vous
aviez des obstacles pour communiquer avec Vienne, mandez-le-moi à Gerasdorf;
alors l'Empereur se porterait sur vous.
Le prince .de
Neuchâtel, major général.
Wolkersdorf, 7
juillet 1809
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Deutsch-Wagram
L'Empereur,
Monsieur le Duc, se porte à Stammersdorf. Rendez vous avec votre corps d'armée à
Wolkersdorf.
Wolkersdorf, 7
juillet 1809, onze heures du soir.
Au général Montbrun,
commandant la 1e division de cavalerie légère de la
réserve, à Auersthal
Sa Majesté,
Monsieur le Général Montbrun, ordonne que vous vous portiez le plus loin que
vous pourrez sur la route de Vienne à Nikolsburg.
La brigade du
général Colbert, qui est avec le général Oudinot, sera sous vos ordres. Ainsi
vous aurez trois brigades de troupes légères, de
trois régiments chacune, avec lesquelles vous pousserez l'ennemi et éclairerez
aussi le pays du côté de Znaym. Vous serez sous les ordres du général Marmont,
qui part d'ici à minuit. avec son corps d'armée, qui se trouve augmente de la
division du général de Znaym. Faites ramasser les prisonniers; faites prendre
des renseignements sur la marche et la situation de l'ennemi; écrivez-moi deux
fois par jour, afin que je mette vos rapports sous les yeux de l'Empereur. Vous
devez, indépendamment de cela, rendre compte au général Marmont, sous les
ordres duquel vous êtes. Il est probable que vous prendrez beaucoup de choses
à l'ennemi à Nikolsburg.
Le prince de
Neuchâtel, major général.
Wolkersdorf,
7 juillet 1809, onze heures du soir.
Au général Marmont, commandant le 2e corps de l'armée d'Allemagne, à Wolkersdorf
L'Empereur, Monsieur le Général Marmont, ordonne que vous partiez à minuit avec votre
corps d'armée pour vous approcher demain, le plus près que vous pourrez, de
Nikolsburg, culbuter l'arrière-garde ennemie et lui faire enfin le plus de mal
possible. Sa Majesté met sous vos ordres, indépendamment de vos deux
divisions, la division de Wrede, qui a trente-six pièces d'artillerie et 900
chevaux.
Comme vous
manquez de canons et que la division de Wrede en a plus qu'il ne lui en faut,
cela remplacera ce qui vous manque. Sa Majesté ordonne également au général
Montbrun, qui se trouve à Auersthal et qui commande trois brigades de cavalerie
légère de trois régiments chacune, c'est-à-dire la brigade Colbert, celle
Jacquinot, et celle Pajol, d'être sous vos ordres. Le général Montbrun a
couché à Auersthal, et la brigade Colbert doit être avec le général Oudinot,
qui est en avant de Wolkersdorf. Aussitôt que vous ferez un mouvement, vous
enverrez l'ordre à ces généraux de marcher en avant, s'ils peuvent le faire
sans infanterie. Organisez quelques bataillons de voltigeurs et de
l'artillerie, pour suivre la cavalerie légère et activer votre mouvement. L'Empereur
pense qu'avec une avant-garde composée d'environ 20,000 hommes et trente-six
pièces de canon vous devez faire beaucoup de mal à l'ennemi. Je compte sur
vos talents comme sur votre zèle et ayez soin de me rendre compte deux fois
par jour.
Wolkersdorf, 7
juillet 1809, onze heures du soir.
A M. Germain, chambellan de l'Empereur, à Wolkersdorf
M. Germain
partira sur-le-champ pour se rendre à l'île Napoléon, en fera tout le tour,
visitera les batteries, ponts, magasins, ambulances, bâtiments, bateaux, armes,
verra l'hôpital d'Ebersdorf, le nombre et la manière dont y sont traités les
blessés, prendra des renseignements sur les hommes manquants, et, quand il
aura recueilli ces renseignements, il viendra me retrouver. Il visitera les
champs de bataille d'Enzersdorf et les ouvrages d'Aspern.
Wolkersdorf, 7
juillet 1809, minuit.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Stammersdorf
Le maréchal duc
de Rivoli s'est porté sur Kornneuburg; on a entendu ici une
canonnade depuis
six heures, j'en ignore l'issue; faites-moi connaître ce que vous
en savez. Votre
cavalerie légère s'est mise à la poursuite de
l'ennemi du côté de Stockerau. J'ai
ordonné à Nansouty de l'appuyer, et j'ai ordonné
à Marmont de pousser jusqu'à Nikolsburg. J'ai
ordonné à Grouchy et à Pully de rester où
ils sont et de
vous envoyer leur situation. Vous aurez reçu des renseignements,
et vous pouvez
savoir à présent où sont vos colonels et
généraux. J'ai ordonné à l'intendant
général de vous donner deux compagnies de transports;
voyez qu'on vous les
envoie dans la journée de demain, chargés de pain, afin
de les garder. Tâchez
d'envoyer quelqu'un en Italie pour donner des nouvelles de la bataille.
J'ai
ordonné que l'on écrivit par la Bavière. Envoyez
des patrouilles de cavalerie
jusqu'à la March vers la Hongrie, afin de vous éclairer.
Wolkersdorf,
8 juillet 1809.
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Les Bulletins
vous auront appris le résultat des journées d'Enzersdort
et de Wagram,
batailles mémorables où toutes les forces de la
monarchie autrichienne ont été détruites. J'ai mon
quartier général dans la maison qu'occupait
le chétif
François II, qui s'est contenté de voir
toute
l'affaire du haut d'un belvédère, à quatre lieues
du champ de bataille (ndlr. L'emplacement est aujourd'hui marqué
d'une stèle).
J'estime que
les ennemis nous ont fait feu avec sept à huit cents pièces de canon. Quant à
moi, j'en avais beaucoup aussi, car j'avais cinq cent cinquante pièces. Je leur
ai tiré 100,000 boulets ou coups de mitraille. L'artillerie de la Garde m'a
rendu les plus éminents services, et, comme dans mon organisation, cette
artillerie forme réellement la réserve de l'artillerie de l'armée, je crois que
je me déciderai à la porter à cent vingt pièces. Ainsi donc l'artillerie de ma
Garde est de soixante pièces; j'ai demandé vingt-quatre pièces pour les trois
nouvelles compagnies que j'ai formées; c'est donc encore trente-six pièces à
organiser.
Jusqu'à cette
heure on ne sait pas trop ce que veut faire l'ennemi.
Il marche dans
la direction de la Bohême. Il est coupé de la Moravie.
Mes
avant-postes sont à Nikolsburg et à Stockerau.
Quant aux
affaires d'Espagne, mandez à Madrid que le coup de Jarnac leur viendra des
Anglais, si les affaires ne sont pas mieux menées. Je tremble que les Anglais,
débouchant du Portugal par Abrantès, ne surprennent le roi à Madrid par des
mouvements qu'ils auraient cachés.
Je vous avais
mandé de prendre parmi les Polonais déserteurs ou prisonniers, au service
d'Autriche, des recrues pour mes régiments polonais d'Espagne; vous ne m'avez
pas répondu sur un objet si important.
Wolkersdorf, 8
juillet 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Wolkersdorf
Donnez ordre
au duc d'Auerstaedt de partir sur-le-champ pour aller ce soir prendre
position à Wilfersdorf. Il me fera connaître les nouvelles
qu'il apprendra en
route. Il prendra avec lui la division de dragons Grouchy. Il a devant
lui le
duc de Raguse, avec lequel il se mettra en correspondance. Je lui
ai recommandé de faire faire du pain à la
manutention de Wilfersdorf et de la
bien organiser. Vous donnerez ordre à la division Pully de
rejoindre le
vice-roi.
La division du
duc de Padoue suivra le duc d'Auerstaedt.
Donnez ordre
au général Oudinot de faire prendre possession de
l'hôpital de
Gaunersdorf (ndlr
: aujourd'hui Gaweinstal - on peut imaginer que l'hôpital avait
été installé dans le Schloß Pellendorf), et
de faire battre tous ces bois pour ramasser les prisonniers.
Il y a dans cet hôpital un millier de blessés et
de malades
autrichiens. Mandez-lui aussi d'envoyer dans les lieux où il y
aurait des
bureaux de poste pour enlever les lettres.
Écrivez au
duc de Danzig pour le prévenir que l'ennemi se retire en
Bohème; que le duc de Rivoli était ce matin à
Stockerau et le poursuit; que le duc de Raguse le
poursuit sur Znaym.
Écrivez au
prince de Ponte-Corvo d'envoyer une forte avant-garde sur Marchegg et des
patrouilles sur la rivière de la March pour savoir ce qui se passe du côté de
Presbourg. Envoyez un de vos officiers qui suivra cette avant-garde et
reviendra rendre compte de ce qui aura eu lieu.
Wolkersdorf, 8
juillet 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Wolkersdorf
Faites connaître au duc de Rivoli qu'il peut, avec tout son
corps, se mettre à la poursuite de l'ennemi; que le pont de Spitz sera
gardé par le vice-roi, auquel vous enverrez l'ordre d'y diriger une division; qu'il est
nécessaire qu'il m'envoie la copie des rapports des avant-postes de cavalerie
légère et les interrogatoires des prisonniers et déserteurs, et tous les
indices qui peuvent faire connaître la situation et les mouvements de
l'ennemi.
Vous lui ferez
connaître que de Stockerau il y a deux routes qui vont en Bohème, l'une par
Znaym, l'autre par Horn et Meissau (ndlr : Maissau) ; que le duc de Raguse est arrivé ce matin
de bonne heure à Wilfersdorf et a fait un à gauche pour se porter sur Znaym
;qu'il paraît qu'il poursuit la gauche de l'ennemi, comme le duc de Rivoli
poursuit la droite; que je suis instruit qu'un général Wukassovich et
plusieurs autres officiers autrichiens sont restés blessés dans les villages aux
environs de Stockerau; qu'il s'en assure et leur fasse signer des paroles
d'honneur, afin qu'il ne m'arrive pas ce qui m'est arrivé en Prusse pour le
général Rüchel; qu'il me paraît difficile de croire que l'ennemi ne se
retire pas par Znaym; que la route de Prague par Znaym est plus courte que
celle qui passe par Horn; quant au côté de Krems, il ne me paraît pas possible
que l'ennemi s'enfonce de ce côté; qu'il faut se contenter d'envoyer quelques
patrouilles pour ramasser les traînards, bagages, etc., qui auraient suivi
la rive gauche du Danube.
Wolkersdorf,
8 juillet 1809.
A Jérôme
napoléon, roi de Westphalie, commandant le 10e corps
d'armée d'Allemagne, à Lichtenstein
Votre Majesté
est informée que l'Empereur a remporté, dans les
journées du 5 et du 6, une
victoire complète sur la grande armée de l'archiduc
Charles, que nous
poursuivons. Si Votre Majesté se décide à entrer
à Dresde, le duc d'Abrantès
a ordre de la soutenir, pour de là marcher en Bohème;
vous auriez alors 20 à 25,000 hommes qui donneraient les
plus vives inquiétudes à l'armée
autrichienne dans l'accablement où elle se trouve. Si cependant
les besoins de
votre royaume, Sire, vous rappelaient à Cassel, l'intention de
l'Empereur
n'est point que le duc d'Abrantès avec son corps vous y suive.
Camp impérial
de Wolkersdorf, 8 juillet 1809
DÉCRET
1° Il sera
formé une seconde légion de la Vistule à notre service.
2° Cette
légion sera composée de trois régiments, chaque régiment de deux bataillons,
chaque bataillon de six compagnies, chaque compagnie forte de 160 hommes.
3° Cette
légion sera organisée dans une ville aux environs de Vienne, où son habillement
sera confectionné.
4° Les soldats
seront pris parmi les Polonais prisonniers ou déserteurs servant
dans les armées autrichiennes.
5° Notre
major général nous présentera sans délai un général pour commander la légion,
deux majors et les officiers nécessaires pour commander les deux premiers
régiments.
6° Notre
major général et notre intendant général sont chargés de l'exécution du
présent décret.
Wolkersdorf, 8 juillet 1809
VINGT-QUATRIÈME BULLETIN DE L'ARMÉE D'ALLEMAGNE
Les travaux du général comte Bertrand et du corps qu'il
commande avaient, dès les premiers jours du mois, dompté entièrement
le Danube.
Sa
Majesté résolut sur-le-champ de réunir son
armée dans l'île Lobau, de déboucher
sur l'armée autrichienne et de lui livrer une bataille
générale. Ce n'était pas
que la position de l'armée française ne fût
très-belle à Vienne; maîtresse de
toute la rive droite du Danube, ayant en son pouvoir l'Autriche et une
forte
partie de la Hongrie, elle se trouvait dans la plus grande abondance.
Si l'on
éprouvait quelques difficultés pour l'approvisionnement
de la population de
Vienne, cela tenait à la mauvaise organisation de
l'administration, à quelques
embarras que chaque jour aurait fait cesser, et aux difficultés
qui naissent
naturellement de circonstances telles que celles où l'on se
trouvait, et dans
un pays où le commerce des grains est un privilège
exclusif du gouvernement. Mais
comment rester ainsi séparé de l'armée ennemie par
un canal de trois ou quatre
cents toises, lorsque les moyens de passage avaient été
préparés et assurés ? C'eût
été accréditer les impostures que l'ennemi a
débitées et répandues avec tant de
profusion dans son pays et dans les pays voisins; c'était
laisser du doute sur
les événements d'Essling; c'était enfin autoriser
à supposer qu'il y avait
une égalité de consistance entre deux armées
si différentes, dont l'une était
animée et en quelque sorte renforcée par des
succès et des victoires
multipliées, et l'autre était découragée
par les revers les plus mémorables.
Tous les
renseignements que l'on avait sur l'armée autrichienne portaient qu'elle était
considérable, qu'elle avait été recrûtee par de nombreuses réserves, par les
levées de Moravie et de Hongrie, par toutes les landwehre des provinces,
qu'elle avait remonté sa cavalerie par des réquisitions dans tous les cercles,
et triplé ses attelages d'artillerie en faisant d'immenses levées de charrettes
et de chevaux en Moravie, en Bohème et en Hongrie. Pour ajouter de nouvelles
chances en leur faveur, les généraux autrichiens avaient établi des ouvrages de
campagne, dont la droite était appuyée à Aspern et la gauche à
Enzersdorf. Les villages d'Aspern, d'Essling et d'Enzersdorf, et les
intervalles qui les séparaient étaient couverts de redoutes palissadées,
fraisées et armées de plus de cent cinquante pièces de canon de position,
tirées des places de la Bohème et de la Moravie. On ne concevait pas comment il
était possible qu'avec son expérience de la guerre l'Empereur voulût attaquer
des ouvrages si puissamment défendus, soutenus par une armée qu'on évaluait à
200,000 hommes, tant de troupes de ligne que des milices et de l'insurrection (ndlr : les tropes de l'Insurrection hongroise),
et qui étaient appuyés par une artillerie de huit ou neuf cents pièces de
campagne. Il paraissait plus simple de jeter de nouveaux ponts sur le Danube
quelques lieues plus bas et de rendre ainsi inutile le champ de bataille
préparé par l'ennemi. Mais, dans ce dernier cas, on ne voyait pas comment
écarter les inconvénients qui avaient déjà failli être funestes à l'armée, et
parvenir, en deux ou trois jours, à mettre ces nouveaux ponts à l'abri des
machines de l'ennemi
D'un autre
côté, l'Empereur était tranquille. On voyait élever ouvrages sur ouvrages dans
l'île Lobau, et établir sur le même point plusieurs ponts sur pilotis et
plusieurs rangs d'estacades.
Celte
situation de l'armée française placée entre ces deux grandes difficultés
n'avait pas échappé à l'ennemi. Il convenait que son armée, trop nombreuse et
pas assez maniable, s'exposerait à une perte certaine si elle prenait
l'offensive; mais en même temps il croyait qu'il était impossible de le
déposter de la position centrale où il couvrait la Bohême, la Moravie et une
partie de la Hongrie. Il est vrai que cette position ne couvrait pas Vienne et
que les Français étaient en possession de cette capitale; mais cette possession
était, jusqu'à un certain point, disputée, puisque les Autrichiens se
maintenaient maîtres d'une rive du Danube et empêchaient les arrivages des
choses les plus nécessaires à la subsistance d'une si grande cité. Telles
étaient les raisons d'espérance et de crainte, et la matière des conversations
des deux armées.
Lorsque le 1er
juillet, à quatre heures du matin, l'Empereur porta son quartier
général à
l'île Lobau, qui avait déjà été
nommée par les ingénieurs île Napoléon, une
petite île, à laquelle on avait donné le nom du duc de
Montebello et qui
battait Enzersdorf, avait été armée de dix
mortiers et de vingt pièces de 18;
une autre île nommée l'île Espagne avait
été armée de six pièces de position
de 12 et de quatre mortiers. Entre ces deux îles on avait
établi une batterie
égale en force à celle de l'île Montebello et battant
également Enzersdorf. Ces
soixante-deux pièces de position avaient le même but et
devaient en deux heures
de temps raser la petite ville d'Enzersdorf, en chasser l'ennemi et en
détruire les ouvrages. Sur la droite, l'île Alexandre
était armée de quatre
mortiers, de dix pièces de 12 et de douze pièces de 6 de
position, qui avaient
pour but de battre la plaine et de protéger le ploiement et le
déploiement de
nos ponts.
Le 2, le (chef de bataillon Pelet), aide de camp du duc de Rivoli,
passa avec 500
voltigeurs dans l'île du Moulin, et s'en empara. On arma cette
île; on la
joignit au continent par un petit pont qui allait à la rive
gauche; en avant,
on construisit une petite flèche que l'on appela Redoute
Petit. Le soir,
les redoutes d'Essling en parurent jalouses; ne doutant pas que ce lieu
fut une première batterie que l'on voulait
faire agir contre elles, elles tirèrent avec la plus grande
activité. C'était
précisément l'intention que l'on avait eue en s'emparant
de cette île : on
voulait y attirer l'attention de l'ennemi pour le détourner du
véritable but de
l'opération.
PASSAGE DU BRAS DU DANUBE A L'ÎLE LOBAU
Le 4, à dix
heures du soir, le général Oudinot fit embarquer sur le grand bras du
Danube 1,500 voltigeurs commandés par le général Conroux. Le colonel Baste,
avec dix chaloupes canonnières, les convoya et les débarqua au delà du petit
bras de l'île Lobau dans le Danube. Les batteries de l'ennemi furent bientôt
écrasées, et il fut chassé des bois jusqu'au village de Mühlleuten.
A onze heures
du soir, les batteries dirigées contre Enzersdorf reçurent l'ordre de commencer
leur feu. Les obus brûlèrent cette infortunée petite ville, et en moins d'une
demi-heure les batteries ennemies furent éteintes.
Le chef de
bataillon Dessalles, directeur des équipages des ponts, et
l'ingénieur de
marine. . . . . . . . . . .. avaient préparé, dans le
bras de l'île Alexandre, un pont de 80 toises, d'une seule
pièce, et cinq gros bacs.
Le colonel
Sainte-Croix, aide de camp du duc de Rivoli, se jeta dans des barques avec
1,500 hommes et débarqua sur la rive gauche.
Le pont d'une
seule pièce, le premier de cette espèce qui jusqu'à ce jour ait été construit,
fut placé en moins de cinq minutes, et l'infanterie y passa au pas accéléré.
Le capitaine
Bazelles jeta un pont de bateaux en une heure et demie.
Le capitaine
Peyerimoff jeta un pont de radeaux en deux heures.
Ainsi, à deux
heures après minuit, l'armée avait quatre ponts et avait
débouché, la gauche à
1,500 toises au-dessous d'Enzersdorf, protégés par les
batteries, et la droite sur Wittau. Le corps du duc de Rivoli
forma la gauche, celui du comte Oudinot le centre, et celui du duc
d'Auerstaedt la droite. Les corps du prince de Ponte-Corvo, du vice-roi
et du
duc de Raguse, la Garde et les cuirassiers, formaient la seconde ligne
et les
réserves. Une profonde obscurité, un violent orage
et une pluie qui tombait
par torrents rendaient cette nuit aussi affreuse qu'elle était
propice à l'armée
française et qu'elle devait lui être glorieuse.
Le 5, aux
premiers rayons du soleil, tout le monde reconnut quel avait
été le projet de l'Empereur, qui se trouvait alors avec
son armée en bataille sur l'extrémité
de la gauche de l'ennemi, ayant tourné tous
ses camps retranchés, ayant rendu tous ses ouvrages inutiles, et obligeant
ainsi les Autrichiens à sortir de leurs positions et à venir lui livrer
bataille dans le terrain qui lui convenait. Ce grand problème était résolu, et,
sans passer le Danube ailleurs, sans recevoir aucune protection des ouvrages
qu'on avait construits, on forçait l'ennemi à se battre à trois quarts de lieue
de ses redoutes.
On présagea
dès lors les plus grands et les plus heureux résultats.
A huit heures
du matin, les batteries qui tiraient sur Enzersdorf avaient produit un tel
effet, que l'ennemi s'était borné à laisser occuper cette ville par quatre
bataillons. Le duc de Rivoli fit marcher contre elle son premier aide de camp
Sainte-Croix, qui n'éprouva pas une grande résistance, s'en empara, et fit
prisonnier tout ce qui s'y trouvait.
Le comte
Oudinot cerna le château de Sachsengang, que l'ennemi avait fortifié, fit
capituler les 900 hommes qui le défendaient, et prit douze pièces de canon.
L'Empereur fit
alors déployer toute l'armée dans l'immense plaine d'Enzersdorf.
BATAILLE D'ENZERSDORF.
Cependant
l'ennemi, confondu dans ses projets, revint peu à peu de sa surprise et tenta
de ressaisir quelques avantages dans ce nouveau champ de bataille. A cet effet,
il détacha plusieurs colonnes d'infanterie, un bon nombre de pièces
d'artillerie et toute sa cavalerie, tant de ligne que d'insurgés, pour essayer
de déborder la droite de l'armée française. En conséquence il vint occuper le
village de Rutzendorf. L'Empereur ordonna au général Oudinot de faire enlever ce
village, à la droite duquel il fit passer le duc d'Auerstaedt pour se diriger
sur le quartier général du prince Charles, en marchant toujours de la droite à
la gauche.
Depuis midi
jusqu'à neuf heures du soir, on manœuvra dans cette immense plaine, on occupa
tous les villages; et à mesure qu'on arrivait à la hauteur des camps retranchés
de l'ennemi, ils tombaient d'eux-mêmes et comme par enchantement. Le duc de
Rivoli les faisait occuper sans résistance. C'est ainsi que nous nous sommes
emparés des ouvrages d'Essling et d'Aspern, et que le travail de quarante
jours n'a été d'aucune utilité à l'ennemi. Il fit quelque résistance au village
de Raasdorf, que le prince de Ponte-Corvo fit attaquer et enlever par les
Saxons. L'ennemi fut partout mené battant et écrasé par la supériorité de
notre feu. Cet immense champ de bataille resta couvert de ses débris.
BATAILLE DE
WAGRAM.
Vivement
effrayé des progrès de l'armée française et
des grands résultats qu'elle
obtenait presque sans efforts, l'ennemi fît marcher toutes ses
troupes, et à
six heures du soir il occupa la position suivante : sa droite, de
Stadelau à
Gerasdorf; son centre, de Gerasdorf à Wagram, et sa gauche,
de Wagram à
Neusiedl (ndlr : Marktgraf-Neusiedl). L'armée française
avait sa gauche à Aspern, son centre à
Raasdorf, et sa droite à Glinzensdorf. Dans cette position, la
journée
paraissait presque finie, et il fallait s'attendre à avoir le
lendemain une
grande bataille; mais on l'évitait, et on coupait la position de
l'ennemi en
l'empêchant de concevoir aucun système, si dans la nuit on
s'emparait du
village de Wagram. Alors sa ligne, déjà immense, prise
à la hâte et par les
chances du combat, laissait errer les différents corps de
l'armée sans ordre et
sans direction, et on en aurait eu bon marché, sans engagement
sérieux. L'attaque
de Wagram eut lieu; nos troupes emportèrent ce village; mais une
colonne de
Saxons et une colonne de Français se prirent dans
l'obscurité pour des
troupes ennemies, et cette opération fut manquée.
(ndlr : une place de Deutsch-Wagram se nomme Saxen-Klemm, rappelant
cette malencontreuse méprise).
On se prépara
alors à la bataille de Wagram. Il paraît que les
dispositions du général français et du
général autrichien furent inverses. L'Empereur passa
toute
la nuit à rassembler ses forces sur son centre, où il
était de sa personne,
à une portée de canon de Wagram. A cet effet, le duc de
Rivoli se porta sur la
gauche d'Aderklaa, en laissant sur Aspern une seule division, qui eut
ordre
de se replier en cas d'évènements sur l'île
Lobau. Le duc d'Auerstaedt
recevait l'ordre de dépasser le village de Grosshofen pour
s'approcher du
centre. Le général autrichien, au contraire,
affaiblissait son centre pour
garnir et augmenter ses extrémités, auxquelles il donnait
une nouvelle étendue.
Le 6, à la
pointe du jour, le prince de Ponte-Corvo occupa la gauche, ayant en seconde
ligne le duc de Rivoli. Le vice-roi le liait au centre, où le corps du comte
Oudinot, celui du duc de Raguse, ceux de la Garde impériale et les divisions de
cuirassiers formaient sept ou huit lignes.
Le duc
d'Auerstaedt marcha de la droite pour arriver au centre.
L'ennemi, au
contraire, mettait le corps de Bellegarde en marche sur Stadelau. Les corps
de Kollowrat, de Lichtenstein et de Hiller liaient cette droite à la position
de Wagram, où était le prince de Hohenzollern, et à l'extrémité de la
gauche à Neusiedel, où débouchait le corps de Rosenberg pour déborder
également le duc d'Auerstaedt. Le
corps de Rosenberg et celui du duc d'Auerstaedt, faisant un mouvement inverse,
se rencontrèrent aux premiers rayons du soleil et donnèrent le signal de la
bataille. L'Empereur se porta aussitôt sur ce point, fit renforcer le duc
d'Auerstaedt par la division de cuirassiers du duc de Padoue, et fit prendre le
corps de Rosenberg en flanc par une batterie de douze pièces de la division du
général comte de Nansouty. En moins de trois quarts d'heure, le beau corps du
duc d'Auerstaedt eut fait raison du corps de Rosenberg, le culbuta et le rejeta
au delà de Neusiedel, après lui avoir fait beaucoup de mal.
Pendant ce
temps la canonnade s'engageait sur toute la ligne, et les dispositions de
l'ennemi se développaient de moment en moment.
Toute sa
gauche se garnissait d'artillerie. On eût dit que le général autrichien ne se
battait pas pour la victoire, mais qu'il n'avait en vue que le moyen d'en
profiter. Cette disposition de l'ennemi paraissait si insensée que l'on
craignait quelque piége, et que l'Empereur différa quelque temps avant
d'ordonner les faciles dispositions qu'il avait à faire pour annuler celles de
l'ennemi et les lui rendre funestes.
Il ordonna au
duc de Rivoli de faire une attaque sur le village qu'occupait l'ennemi,
et qui
pressait un peu l'extrémité du centre de l'armée.
Il ordonna au duc
d'Auerstaedt de tourner la position de Neusiedel et de pousser de
là sur Wagram, et il fit former en colonnes le duc de Raguse et
le général Macdonald
pour enlever Wagram au moment où déboucherait le duc
d'Auerstaedt.
Sur ces
entrefaites, on vint prévenir que l'ennemi attaquait avec fureur le village
qu'avait enlevé le duc de Rivoli, que notre gauche était débordée de 3,000
toises, qu'une vive canonnade se faisait déjà entendre à Aspern, et que
l'intervalle d'Aspern à Wagram paraissait couvert d'une immense ligne
d'artillerie. Il n'y eut plus à douter.
L'ennemi
commettait une énorme faute; il ne s'agissait que d'en profiter. L'Empereur
ordonna sur-le-champ au général Macdonald de disposer les divisions Broussier
et Lamarque en colonnes d'attaque.
Il les fit
soutenir par la division du général Nansouty, par la Garde à cheval et par
une batterie de soixante pièces de la Garde et de quarante pièces des
différents corps. Le général comte de Lauriston, à la tête de cette batterie de
cent pièces d'artillerie, marcha au trot à l'ennemi, s'avança sans tirer
jusqu'à la demi-portée du canon, et là commença un feu prodigieux qui éteignit
celui de l'ennemi et porta la mort dans ses rangs. Le général Macdonald
marcha alors au pas de charge. Le général de division Reille, avec la brigade
de fusiliers et de tirailleurs de la Garde, soutenait le général Macdonald. La Garde avait
fait un changement de front pour rendre cette attaque infaillible. Dans un clin
d'œil, le centre de l'ennemi perdit une lieue de terrain, sa droite épouvantée
sentit le danger de la position où elle s'était placée et rétrograda en
grande hâte. Le duc de Rivoli l'attaqua alors en tête. Pendant que la déroute
du centre portait la consternation et forçait les mouvements de la
droite de l'ennemi, sa gauche était attaquée et débordée par le duc
d'Auerstaedt, qui avait enlevé Neusiedel et qui, étant monté sur le
plateau, marchait sur Wagram. La division Broussier et la division Gudin se
sont couvertes de gloire.
Il n'était
alors que dix heures du matin, et les hommes les moins clairvoyants voyaient
que la journée était décidée et que la victoire était à nous.
A midi, le
comte Oudinot marcha sur Wagram pour aider à l'attaque du duc d'Auerstaedt. Il
y réussit et enleva cette importante position. Dès dix heures, l'ennemi ne se
battait plus que pour sa retraite; dès midi, elle était prononcée et se faisait
en désordre; et, beaucoup avant la nuit, l'ennemi était hors de vue. Notre
gauche était placée à Jedlersee et Ebersdorf, notre centre sur Obersdorf; et
la cavalerie de notre droite avait des postes jusqu'à Schönkirchen.
Le 7 à la
pointe du jour, l'armée était en mouvement et marchait sur Kornneuburg et
Wolkersdorf, et avait des postes sur Nikolsburg.
L'ennemi,
coupé de la Hongrie et de la Moravie, se trouvait acculé du côté de la Bohême.
Tel est le
récit de la bataille de Wagram, bataille décisive et à jamais célèbre, où 3 à
400,000 hommes, douze à quinze cents pièces de canon se battaient pour de
grands intérêts sur un champ de bataille étudié, médité, fortifié par l'ennemi
depuis plusieurs mois. Dix drapeaux, quarante pièces de canon, 20,000
prisonniers, dont 3 à 400 officiers et bon nombre de généraux, de colonels
et de majors, sont les trophées de cette victoire. Les champs de bataille
sont couverts de morts, parmi lesquels on trouve les corps de plusieurs
généraux, et, entre autres, d'un nommé Nordmann, Français traître à sa
patrie, qui avait prostitué ses talents contre elle.
Tous les
blessés de l'ennemi sont tombés en notre pouvoir. Ceux
qu'il avait évacués au
commencement de l'action ont été trouvés
dans les villages environnants. On peut
calculer que le résultat de cette bataille sera de
réduire l'armée autrichienne à moins de
60,000 hommes.
Notre perte a
été considérable; on l'évalue à 1,500 tués et 3 ou 4,000 blessés (ndlr
: en fait, les pertes s'élèvent à environ 5000
tués, 28.000 blessés, 3 à 4.000 prisonniers...). Le duc
d'Istrie, au moment où il disposait l'attaque
de la
cavalerie, a eu son cheval emporté d'un coup de canon; le boulet
est tombé sur
sa selle et lui a fait une légère contusion à la
cuisse. Le général de division
Lasalle a été tué d'une balle. C'était un
officier du plus grand mérite, et
l'un de nos meilleurs généraux de cavalerie
légère. Le général bavarois de Wrede et les
généraux Seras, Grenier, Vignolle, Sahuc, Frère et
Defrance ont
été blessés.
Le colonel
prince Aldobrandini a été frappé au bras par une balle.
Les majors de
la Garde Daumesnil et Corbineau, et le colonel Sainte-Croix, ont aussi été
blessés. L'adjudant commandant Duprat a été tué. Le colonel du 9e d'infanterie
de ligne (le colonel Oudet) est resté sur le champ de bataille. Ce régiment s'est couvert de
gloire.
L'état-major
fait dresser l'état de nos pertes.
Une
circonstance particulière de cette grande bataille, c'est que les colonnes les
plus rapprochées de Vienne n'en étaient pas à 1,200 toises.
La nombreuse
population de cette capitale couvrait les tours, les clochers, les toits, les
monticules, pour être témoin de ce grand spectacle.
L'empereur
d'Autriche avait quitté Wolkersdorf le 6, à cinq heures du matin, et était
monté sur un belvédère d'où il voyait le champ de bataille et où il est resté
jusqu'à midi. Il est alors parti en toute hâte.
Le quartier
général français est arrivé à Wolkersdorf dans la matinée du 7.
Wolkersdorf, 8
juillet 1809
DÉCISION
Le général d'Agout
écrit que les douanes espagnoles confisquent les monnaies
françaises à leur sortie d'Espagne et qu'il en
résulte que l'argent exporté de France et mis en
circulation en Espagne ne rentre plus en France (Clarke - 28 juin 1809) |
Le ministre de la
guerre donnera des ordres pour que cela n'ait pas lieu et fera sentir
combien il est ridicule qu'on empêche de sortir mon argent
d'Espagne, quand j'en envoie une grande quantité. |
(de Brotonne)
Wolkersdorf, 9
juillet 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Stammersdorf
Monseigneur, l'Empereur ordonne que, demain, à une heure du
matin, vous fassiez partir votre cavalerie légère, la division du général Pully
et la cavalerie saxonne; ce qui formera.environ 4,000 hommes de cavalerie, que
vous ferez appuyer de plusieurs divisions d'artillerie légère et par 3 à 4,000
hommes d'infanterie; et que vous dirigiez ce corps sur la March, afin de jeter
sur la rive gauche tous les partis ennemis qui se trouvent encore sur la rive
droite de cette rivière, et de vous emparer des ponts. On suppose que
l'ennemi peut être à Hof, à Marchegg, à Anger ou Dürnkrut. Il faut tâcher que,
dans la journée de demain, la March soit couverte de vos postes jusqu'à la
hauteur de Göding.
Avec le reste
de votre corps d'armée, Votre Altesse partira dans le jour pour porter son
quartier général, soit à Leopoldsdorf, soit à Siebenbrunn, soit même plus à
gauche, suivant les circonstances et les renseignements que vous auriez.
Vous donnerez
l'ordre à la flottille aux ordres du capitaine Baste de descendre jusque
vis-à-vis Fischament. Vous aurez soin d'envoyer, plusieurs fois chaque jour et
par Ebersdorf, des officiers au général Baraguey d'Hilliers, afin de savoir
ce qui se passe de son côté. Donnez l'ordre au général Vandamme de porter son
quartier général à Fischament, d'où il pourra, suivant les évènements, se
porter soit sur le général Baraguey d'Hilliers, soit sur vous, soit sur
Neustadt.
Hier matin il
n'y avait rien de nouveau vis-à-vis Presbourg. Où était donc l'archiduc Jean ? Il
paraît qu'il voulait se réunir au prince Charles et que l'issue de la bataille
l'en a empêché. Ce qu'il y a de plus probable, c'est que l'archiduc Jean aura
laissé un corps d'observation sur la basse March et se sera porté, avec le
reste de ses forces et l'insurrection hongroise, sur Göding pour maintenir la
communication du prince Charles avec la Hongrie et inquiéter la droite de
notre armée qui marcherait sur Brünn. Vous sentez, Monseigneur, que tout ceci
n'est que conjectures, et, comme votre objet a pour but d'être opposé à
l'insurrection hongroise et au prince Jean, il faut vous tenir partout où il
sera. Ainsi, s'il est vrai que ce prince remonte la March, il faut que votre
quartier général soit placé de manière à rejoindre l'armée si le prince Jean se
rallie à celle du prince Charles. Mais s'il passait le Danube à Presbourg, le
général Baraguey d'Hilliers peut rompre son pont, et, réuni au général
Vandamme, retarder assez la marche du prince Jean pour que vous puissiez passer
le Danube au pont d'Ebersdorf et arriver à temps à sa rencontre.
Pour remplir
ces différents buts, il faut que Votre Altesse place les trois division de son
corps d'armée (formation que Sa Majesté approuve) et la division saxonne sur
quatre points différents, qui puissent permettre de réunir le corps d'armée
sur l'une ou l'autre de ces divisions, suivant les circonstances.
L'Empereur
espère que, dans la journée de demain, vous aurez balayé toute la rive droite
de la March, que vous serez maître des ponts et que cette rivière sera entre
vous et l'ennemi. Votre Altesse pourra passer la March, quand elle voudra,
par le moyen des bateaux que le colonel Baste pourra envoyer vis-à-vis Theben,
au confluent, et par là pouvoir jeter un pont en peu d'heures. Dans les
ordres que vous donnerez au général Vandamme, il faut, Monseigneur, lui
laisser beaucoup de latitude, car ce général ne doit pas dégarnir Melk tant que
l'ennemi n'aura pas dégarni la rive gauche.
D'ailleurs
c'est un officier plein de zèle et de talents.
Dans le
placement de vos troupes, il ne faut pas que les Saxons fassent la droite; il
est plus convenable qu'ils soient à la gauche, car ils ne doivent jamais être
destinés à passer sur la rive droite du Danube. Il est probable que l'Empereur
portera, cette nuit, son quartier général à Wilfersdorf; il est donc
nécessaire que votre cavalerie couvre son flanc droit et vous donne une communication
directe avec nous.
L'intention de
l'Empereur est que vous laissiez quelques bataillons à la tête du pont
de Jedlersdorf am Spitz. Cela est très-important pour mettre ce point à l'abri
des partisans ennemis.
Le prince de
Neuchâtel, major général.
Wolkersdorf,
9 juillet 1809
ORDRE
ARTICLE 1er. -
Le 9e corps de l'armée d'Allemagne est dissous.
Les
arrondissements de territoire qui faisaient partie de ce corps d'armée feront
partie du 10e corps, hormis la Pologne, qui formera un corps à part.
ART. 2. - Le
corps saxon fera un corps détaché, sous les ordres du général de division
Reynier.
ART. 3. - Le
général de division Dupas prendra le commandement de la division Frère, au 2e
corps de l'armée d'Allemagne, commandée par le général Oudinot.
ART. 4. --
Le 5e régiment d'infanterie légère fera partie de la division Boudet, ainsi que
l'artillerie de la division Dupas. Le 19e régiment d'infanterie de ligne fera
partie de la division Legrand.
ART. 5. Le
général Montrichard prendra le commandement de l'île Napoléon demain, à quatre
heures du matin.
Wolkersdorf, 9 juillet 1809.
A Alexandre, empereur de Russie, à Saint-Pétersbourg
Monsieur mon
Frère, je remercie Votre Majesté Impériale de ses aimables
attentions pendant ces trois mois. J'ai tardé à lui écrire, parce que j'ai
d'abord voulu lui écrire de Vienne. Après cela, je n'ai voulu lui écrire que
lorsque j'aurais chassé l'armée autrichienne de la rive gauche du Danube. Les
obstacles que l'ennemi a opposés à la construction de mes ponts m'ont obligé à
les faire en pilotis; cela m'a retardé jusqu'à cette époque. La bataille de
Wagram, dont l'aide de camp de Votre Majesté (Mr de Czernichef), qui a toujours été sur le champ
de bataille, pourra lui rendre compte, a réalisé mes espérances. L'armée
autrichienne, coupée de la Hongrie, se retire en Bohême. Je suis à sa
poursuite; mes avant-postes sont à Nikolsburg et sur Znaym. Pendant tout le
mois que nous avons été en présence, où j'étais maître de Vienne, et eux à
mille toises sur l'autre rive, non-seulement ils ne m'ont fait aucune
insinuation de paix, mais même je n'ai eu à recueillir que des témoignages
d'aigreur, et à me convaincre de leur folle présomption. Cela ne peut se
concevoir, mais cela est exact.
Wolkersdorf,
9 juillet 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Stammersdorf
Mon Fils, la division Pully vpous
rejoint. Le parc du duc d'Auerstaedt est à Neusiedl, et il
était le 7 et le 8 inquiété par des patrouilles
ennemies de cavalerie. Envoyez un fort parti de cavalerie.
(Eugène)
Wolkersdorf, 9
juillet 1809
A l'Impératrice à Plombières
Tout va ici selon mes désirs,
mon amie. Mes ennemis sont défaits, battus, tout-à-fait
en déroute; ils étaient très nombreux, je les ai
écrasés.
Ma santé est bonne
aujourd'hui; hier, j'ai été un peu malade d'un
débordement de bile, occasionné par tant de fatigues;
mais cela me fait grand bien.
Adieu, mon amie, je me porte fort bien.
(Joséphine)
Wolkersdorf, 10 juillet 1809.
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Vienne
Monsieur de
Champagny, envoyez la lettre ci-jointe (Lettre du prince Poniatowski, en date du 21 juin, annonçant
l'évacuation de Sandomir par le général Sokolnicki. Cc général avait
abandonné la ville après avoir vainement réclamé le secours du prince
Galitzine, qui se trouvait près de là, sur la San, avec deux
divisions russes fortes de 24,000 hommes. Cette évacuation de Sandomir
éveilla l'attention de l'Empereur et lui fit concevoir des soupçons sur la
sincérité de l'alliance russe) à M. de Caulaincourt, par un courrier
extraordinaire, et enjoignez-lui de faire les plus fortes représentations sur
cette traîtreuse conduite.
Wolkersdorf,
10 juillet 1809, huit heures et demie du matin.
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, devant Nikolsburg
(ndlr : aujourd'hui Mikulov)
Le duc de
Rivoli a eu hier, Monsieur le Maréchal, un engagement, à trois heures
après midi, à Hollabrunn. Toute l'armée ennemie se retire sur
Znaym; il est donc nécessaire de marcher en toute hâte sur le
général Marmont. Ce général a couché hier à Laa, et marche aujourd'hui
sur Znaym; dans la journée, il doit être aux prises avec l'ennemi. Il est donc
important que vous marchiez pour arriver à son secours d'ici à une heure.
L'Empereur se mettra en marche à la tête de la cavalerie de sa Garde et de son
artillerie, pour se diriger vers le général Marmont, et aller où il entendra le
canon. Le général Oudinot et la Garde à pied suivront la même direction ce
soir, quand ils seront reposés. Laissez, Monsieur le Duc, quelques troupes à
Nikolsburg pour garder la tête de la grande route, et, pour peu que vous
croyiez qu'on ait besoin de renforcer ce point, mandez-le-moi, afin que
l'Empereur y envoie une division du général Oudinot. Faites-moi connaître, par
le retour de mon aide de camp, la route que vous tiendrez pour vous porter sur
le général Marmont, à quelle heure vous partez et à quelle heure vous comptez
arriver. Tout porte à croire que, s'il n'y a pas d'engagement sérieux
aujourd'hui, il y en aura un très-sérieux demain.
Wilfersdorf,
10 juillet 1809.
(ndlr : Napoléon séjourne au château du prince de Lichtenstein)
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Wilfersdorf
Mon Cousin, envoyez ordre au général Nansouty de quitter la
route de Nikolsburg à Schriek, et de prendre celle de Mistelbach, Siebenhirten,
Staats et Laa.
Wilfersdorf,
10 juillet 1809.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Wilfersdorf
Le général
Walther fera monter à cheval, à midi, les quatre régiments de la Garde avec
seize pièces d'artillerie légère. Ils se dirigeront sur Poysdorf, Hadersdorf,
Fœllin, Neudorf et Laa. L'infanterie de la Garde partira à une heure avec le
reste de l'artillerie.
Laa, 10
juillet 1809
A Louis Barbier, bibliothécaire de l'Empereur, à Paris
Je dois
prévenir Monsieur Barbier que deux ouvrages importants
sont parvenus à Sa Majesté par le courrier
d'avant-hier: Le fragment d'histoire d'Angleterre, de Fox, en deux volumes, et un ouvrage de M. de Montgaillard,
intitulé: De l'établissement du royaume d'Italie, et du droit de la couronne
de France sur le duché de Rome. Le premier a été pris chez le libraire et
envoyé à M. Maret; l'autre m'a été envoyé par l'auteur. M. Barbier doit
sentir la nécessité d'être le plus promptement possible au courant des
nouveautés. Il faudrait faire prendre les ouvrages chez les libraires avant
qu'ils soient livrés au public. Il me semble que l'Empereur peut bien avoir ce
droit.
Par ordre de
l'Empereur, Méneval.
Laa, 11 juillet 1809, deux heures du matin.
Au général Marmont, duc de Raguse, commandant le 2e corps de l'armée d'Allemagne, devant Znaym
L'officier du
génie italien que vous avez expédié est
arrivé à minuit; il a donc mis six heures pour faire
cette mission. Depuis, il n'est arrivé personne. Cet
officier pouvait s'égarer. Les règles de la
guerre voulaient que vous en
envoyassiez trois à une demie-heure de distance les uns des
autres. Je n'ai trouvé à Laa aucun commandant,
aucune garnison, pas même un poste à vos
ponts; cependant si les hussards, qui rôdent dans la plaine,
étaient venus les
brûler, votre retraite eût été compromise.
Vous n'avez pas appris cette insouciance en servant avec. Comment
n'avez-vous pas laissé des postes de
cavalerie pour jalonner la route et pour que vos nouvelles
arrivassent
promptement ?
Le duc
d'Auerstaedt avait ordre de vous appuyer; vous l'avez si peu pressé de venir
à vous, qu'il s'est porté à Nikolsburg, c'est-à-dire à deux journées de vous;
heureusement qu'hier je l'ai fait revenir. La lettre que vous lui écrivez n'est
pas assez pressante. Il est tout simple qu'aucun général n'aime à venir en
seconde ligne. Je monte à cheval avec toute la cavalerie, mais il est déjà
deux heures du matin. Ayez soin de ne rien engager de sérieux jusqu'à ce
que je sois à portée.
Le général Oudinot, qui a pris une direction à gauche, a dû vous envoyer un
officier pour avoir des nouvelles.
Envoyez-moi quelqu'un qui connaisse bien votre position et celle de
l'ennemi. Quel est le village pris et repris ? Faites-m'en un croquis, que vous
m'enverrez en route.
Au camp devant Znaym, 12 juillet 1809.
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, devant Znaym
Je vous envoie, Monsieur le Duc, ampliation de la suspension d'armes que
j'ai signée ce matin avec M. le baron de Wimpffen.
L'intention de l'Empereur, Monsieur le Duc, est que votre corps d'armée
occupe Brünn et le cercle de même nom, et qu'il soit baraqué de manière à
travailler à l'instruction, maintenir une bonne discipline, réorganiser les
corps, l'artillerie, les équipages militaires, veiller à ce que l'on protège
les habitants des campagnes et les moissons.
Je vous préviens, Monsieur le Duc, que l'Empereur a accordé à M. le
prince de Lichtenstein que le même arrondissement tracé à quelques lieues
autour de Holitsch, comme il le fut il y a trois ans et demi dans l'armistice
conclu après Austerlitz, soit considéré comme neutre, et qu'il n'y ait aucune
troupe des deux armées. M. le général Dumas vous fera connaître cette ligne.
Le prince de Neuchâtel, major général.
Znaym, 13 juillet 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, envoyez-moi des compagnies d'artillerie. Faites
relever toutes celles qui sont à Boulogne, sur les côtes de Bretagne, de
Provence et ailleurs. Elles seront remplacées par des canonniers de la marine.
Entendez-vous avec le ministre de la marine, auquel j'en écris et
renvoyez-moi tous mes vieux canonniers.
Au camp devant Znaym, 13 juillet 1809.
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Vienne
Monsieur de Champagny, vous trouverez ci-joint la suspension d'armes que
j'ai conclue. Vous 1'enverrez par un courrier extraordinaire à mon ministre à
Saint-Petersbourg et à tous mes autres ministres près les différentes cours. Des
plénipotentiaires vont venir pour traiter de la paix. Comme je ne tarderai pas
à me rendre à Vienne, je vous donnerai là mes instructions.
SUSPENSION D'ARMES.
ARTICLE 1er. - Il y aura suspension d'armes entre les armées de S. M.
l'Empereur des Français et Roi d'Italie et de S. M. l'Empereur d'Autriche.
ART. 2. - La ligne de démarcation sera, du côté de la haute Autriche, la
frontière qui sépare l'Autriche de la Bohême, le cercle de Znaym, celui de
Brünn, et une ligne tracée de la frontière de Moravie sur Raab, qui
commencera au point où la frontière du cercle de Brünn touche la March, et en
descendant la March jusqu'au confluent de la Taya; de là à Sankt-Johann et la
route jusqu'à Presbourg, Presbourg et une demi-lieue autour de la ville, le
grand Danube jusqu'à l'embouchure de la Raab et une lieue autour, la Raab
jusqu'à la frontière de la Styrie, la Styrie, la Carniole, l'Istrie et Fiume.
ART. 3. - Les citadelles de Brünn et de Graz seront évacuées immédiatement
après la signature de la présente suspension d'armes.
ART. 4. - Les détachements des troupes autrichiennes qui sont
dans le Tyrol et le Vorarlberg évacueront ces deux pays. Le fort de
Sachsenburg sera remis aux troupes françaises.
ART. 5. - Les magasins de subsistances qui se trouvent dans le pays
qui doit être évacué par l'armée autrichienne et qui lui appartiennent
pourront être évacués.
ART. 6. - Quant à la Pologne, les deux armées prendront la ligne qu'elles
occupent aujourd'hui.
ART. 7. - La présente suspension d'armes durera un mois; et, avant de
recommencer les hostilités, on se préviendra quinze jours d'avance.
ART. 8. - Il sera nommé des commissaires respectifs pour l'exécution des
présentes dispositions.
ART. 9. - A dater de demain, 13, les troupes autrichiennes évacueront les
pays désignés dans la présente suspension d'armes et se retireront par journées
d'étapes.
Le fort de Brünn sera remis le 14 à l'armée française, et celui de Graz
le 16 juillet.
Le présent armistice fait et arrêté entre nous, soussignés, chargés des
pleins pouvoirs de nos souverains respectifs. M. le baron de Wimpffen,
général-major et chef d'état-major de l'armée autrichienne, et S. A. S. le
prince de Neuchâtel, major général de l'armée française.
Au camp devant Znaym, le 12 juillet 1809.
ALEXANDRE - WIMPFFEN.
Camp impérial de Znaym, 13 juillet 1809.
AUX ÉVÊQUES DE FRANCE
Monsieur l'évêque de. . . . . . . , les victoires d'Enzersdorf et de
Wagram, où le Dieu des armées a si visiblement protégé les armes françaises,
doivent exciter la plus vive reconnaissance dans le cœur de nos peuples. Notre
intention est donc qu'au reçu de la présente vous vous concertiez avec qui de
droit pour réunir nos peuples dans les églises et adresser au ciel des actions
de grâces et des prières conformes aux sentiments qui nous animent.
Notre
Seigneur Jésus-Christ, quoique issu du sang de David, ne
voulut aucun
règne temporel; il voulut, au contraire, qu'on
obéît à César dans le
règlement des affaires de la terre. Il ne fut animé que
du grand objet de la
rédemption et du salut des âmes. Héritier du
pouvoir de César, nous sommes résolu à maintenir
l'indépendance de notre trône et l'intégrité
de nos droits. Nous
persévérerons dans la grande œuvre du
rétablissement de la religion. Nous
environnerons ses ministres de la considération que nous seul
pouvons leur
donner. Nous écouterons leur voix dans tout ce qui a rapport au
spirituel et au
règlement des consciences.
Au milieu des soins des camps, des
alarmes et des sollicitudes de la guerre, nous avons été
bien aise de vous donner connaissance de ces sentiments,
afin de faire tomber dans le mépris ces œuvres de
l'ignorance et de la
faiblesse, de la méchanceté ou de la démence,
par lesquelles on voudrait
semer le trouble et le désordre dans nos provinces. On ne nous
détournera pas
du grand but vers lequel nous tendons et que nous avons
déjà en partie
heureusement atteint, le rétablissement des autels de notre
religion, en nous
portant à croire que ses principes sont incompatibles,
comme l'ont prétendu les Grecs, les
Anglais, les Protestants et les Calvinistes, avec l'indépendance
des trônes et
des nations. Dieu nous a assez éclairé pour que nous
soyons loin de partager de
pareilles erreurs; notre cœur et ceux de nos sujets
n'éprouvrent point de semblables craintes. Nous savons que
ceux qui voudraient faire dépendre
de l'intérêt d'un temporel périssable
l'intérêt éternel des consciences
et des affaires spirituelles sont hors de la charité, de
l'esprit et de la
religion de celui qui a dit: Mon empire n'est pas de ce monde.
Au camp devant Znaym, 13 juillet 1809.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Siebenbrunn
(ndlr : en fait Siebenbrunn - aujourd'hui Ober-Siebenbrunn)
Mon Fils, je vous envoie copie de l'armistice que j'ai conclu.
Faites occuper la March et Presbourg.
Il faut me présenter un
projet d'organisation pour votre corps
d'armée, de manière que les 3e et 4e bataillons qui
appartiennent au corps de Marmont le rejoignent. La division
Grouchy vous sera rendue; je l'ai destinée à occuper
OEdenburg, Graz, Laybach, Klagenfurt et Trieste. Le
général Mathieu Dumas est commissaire pour
l'armée.
Vous chargerez le
général Rusca de prendre possession du fort de
Sachsenburg. Vous pourrez envoyer le corps saxon sur Stockerau. Je
serai demain de bonne heure à Vienne. Vous m'enverrez
là vos rapports, et je vous
donnerai mes instructions.
Schönbrunn, 13 juillet 1809
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le vice-amiral Decrès, j'ai besoin de beaucoup
d'artillerie. Mon intention est que vous fassiez renouveler à
Boulogne, en Bretagne, aux îles Marcouff, à Belle-Isle, et
sur les côtes de l'océan et de la
Méditerranée tous les canonniers de la marine. Si
même cela était nécessaire, je vous autorise
à désarmer quelques vaisseaux. Mais il est indispensable
que cet ordre soir strictement exécuté, et que ces
canonniers m'arrivent sans délai.
(ministre de la marine)
Au camp, devant Znaym, 13 juillet 1809
A l'Impératrice, à Plombières
Je t'envoie la suspension d'armes qui a été conclue hier avec le général autrichien.
Eugène est du côté de la Hongrie, et se porte bien.
Envoie une copie de la suspension
d'armes à Cambacérès, en cas qu'il ne l'a pas
déjà reçue.
Je t'embrasse et me porte bien.
PS. Tu peux faire imprimer, à Namcy, cette suspension d'armes
(Joséphine)
Schönbrunn, 14 juillet 1809
Au prince Cambacérès, archi-chancelier de l'empire, à Paris
Mon Cousin, j'ai reçu votre
lettre du 11 juillet. Il faudrait s'occuper au Conseil
d'État d'un règlement sur les agents de change. Vous
voyez combien cela est nécessaire. On fait courir les
bruits les plus criminels, et cela tient, non à la
malveillance, mais à des spéculations sur la hausse
ou la baisse. Il est instant de faire cesser un jeu
d'agiotage qui compromet
la tranquillité publique. Réunissez un petit
comité composé des
ministres des finances, du trésor, des
ministres d'État, des sieurs Bérenger et Jaubert,
gouverneur de la Banque, et
présentez un projet au Conseil d'État.
Schönbrunnn, 14 juillet 1809.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn
Le major général enverra un de ses aides de camp à Bayreuth.
Cet aide de camp passera par Egra, et fera connaître que l'ennemi doit
évacuer Bayreuth et occuper les frontières de la Confédération.
Le major général écrira à M. de Wimpffen que je donne l'ordre à Bayreuth
et à Dresde de se tenir sur les frontières de la Confédération, et qu'il est
nécessaire que l'archiduc Charles donne le même ordre.
Votre aide de camp sera accompagné par un autre officier, qui rappellera
la réponse de M. de Wimpffen, auquel vous ferez connaître que, s'il n'avait
pas envoyé des ordres aux troupes autrichiennes qui sont du côté de Bayreuth,
il les envoie sur-le-champ pour éviter un versement de sang inutile.
Schönbrunn, 14 juillet 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de
l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn
Mon Cousin, l'armée d'Italie sera organisée
de la manière suivante:
le division, commandée par le général Broussier, les 9e, 84e et 92e,
2e division, commandée par le général Lamarque, les 13e, 29e, 32e et 53e.
3e division, commandée par le général Durutte, les 23e léger, 62e et
105e.
4e division, commandée par le général Pacthod, les 1er de ligne, 52e,
106e, et 112e
Division Severoli, tous les Italiens.
Les 4e bataillons du ler léger et du 12e, avec le parc, au quartier
général.
Deux brigades de cavalerie légère, composées chacune de deux
régiments; un des cinq régiments continuera à rester avec la brigade Thiry.
Enfin, les deux divisions de dragons des généraux Grouchy et Pully.
Les 3e et 4e bataillons des régiments de l'armée de Dalmatie
rejoindront le maréchal Marmont.
Vous donnerez ordre que le maréchal Macdonald, avec deux divisions et une
brigade de cavalerie légère, se porte sur Graz; que la division Severoli se
porte sur Klagenfurt. Vous donnerez ordre que les deux autres divisions, une
brigade de cavalerie légère et les deux divisions de dragons restent jusqu'à
nouvel ordre sur la March.
Schönbrunn, 14 juillet 1809.
A M. Germain, chambellan de l'Empereur
Rendez-vous le long du Danube,
à Klosterneuburg, Kornneuburg, Stockerau,
Tulln, Krems et dans les villes situées sur les deux rives du
Danube jusqu'à
Passau. Parlez aux bourgmestres, baillis, mariniers et commandants
français,
pour qu'ils fassent partir des bateaux chargés de blé et
autres objets nécessaires à la consommation de Vienne.
Rassurez tout le monde.
Schönbrunn, 14 juillet 1809
Au comte Daru, intendant général de l'armée d'Allemagne, à Vienne
Monsieur Daru, je ne puis voir qu'avec la plus grande surprise que les
18,000 prisonniers qui sont dans l'île Napoléon meurent de faim.
Cela est inhumain et impardonnable.
Envoyez-y dans la journée de demain 20,000 rations de pain.
Envoyez aussi de la farine pour alimenter la manutention. J'ai
ordonné qu'il y eût du pain pour quatre jours, et il n'y en
a pas.
Schönbrunn, 14 juillet 1809, une heure après midi
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, commandant le 10e corps de l'armée d'Allemagne, à Weimar
Mon Frère, je reçois votre lettre du 6. Vous avez
dû recevoir, par
la Bohême, un aide de camp du prince de Neuchâtel, qui
vous aura instruit du résultat de la bataille de Wagram et
de l'armistice de Znaym. Il
n'a pas été question de vous dans l'armistice, parce que,
de part et d'autre,
on est convenu que vous occuperiez les frontières de la
Confédération.
La lettre de votre ministre de Prusse ne signifie rien. Ce qu'on vous dit
de la Russie est faux; c'est mal connaître le caractère de l'empereur
Alexandre. Ce qu'on vous dit du caquetage de la cour de Königsberg est vrai. Pour
de la mauvaise volonté et de la mauvaise foi, il y en a beaucoup; mais la
Prusse est liée avec moi par des traités; d'ailleurs aujourd'hui tout est fini.
L'armistice de Znaym vous ôte toute inquiétude sur l'expédition des
Anglais, qui toutefois ne pouvait être que bien faible et qui n'était qu'un
épouvantail. Vous devez sentir la nécessité d'augmenter vos troupes. Le duc
d'Abrantès me mande qu'il a occupé Amberg, ayant été obligé d'évacuer Bayreuth
par la réunion du corps autrichien de Dresde à celui de Bayreuth; ce qui avait
porté les forces de l'ennemi à 12 ou 10,000 hommes. Je vois par votre lettre
du 6 que vous êtes à Chemnitz, c'est-à-dire que vous marcherez sur les
derrières du corps ennemi; par conséquent vous l'aurez forcé à rentrer en
Bohême avant l'armistice. Dans tout état de choses, vous devez occuper Bayreuth
et la Saxe. Je vais employer le temps que durera l'armistice à soumettre le
Tyrol. Le duc d'Abrantès sera augmenté de la division Lagrange, des corps de
Wurtemberg et de Bavière et de ce que pourra réunir la Saxe; de manière que, si
les hostilités recommencent, vous pourrez entrer en Bohême avec 30,000 hommes,
sans autre avis.
Surtout ne quittez point Dresde; reportez-y votre quartier général.
Laissez le corps du duc d'Abrantès à Bayreuth pour achever de former là son
corps. Il est probable, mais il n'est pas certain que la paix ait lieu; il faut
donc vous mettre en état de faire, avec votre corps fort de 30,000 hommes, une
forte diversion en Bohême, ou partout où besoin serait.
J'ai supprimé le 9e corps de l'armée (voir lettre du 9
juillet); ainsi la Saxe et les garnisons
de l'Oder font partie de votre corps. Il est nécessaire de
retirer des places
de l'Oder le 22e de ligne, qui est un fort bon régiment; ce
qui vous donnera 3 à 4,000 hommes qui valent ceux que vous
avez. Je vais
m'occuper de remplacer ce régiment dans le service de ces
places.
Aussitôt que l'armistice sera établi chez vous, renvoyez
les détachements
que vous avez qui appartiennent à l'armée et ceux qui
forment la 10e
demi-brigade provisoire, et donnez-m'en avis. Tout cela est
nécessaire pour
recruter mon armée. Il y a à Magdeburg plus de monde
qu'il ne faut. Renvoyez-moi toutes les compagnies d'artillerie
française, dont j'ai grand besoin ici.
Schönbrunn, 14 juillet 1809, deux heures après midi.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Schloss Hof
Mon Fils, Marbeuf m'apporte votre
lettre du 13 à huit heures du soir. Baraguey
d'Hilliers, à ce qu'il paraît, a pris possession de
Presbourg. S'il ne l'avait
pas encore fait, faites-lui passer le Danube sur-le-champ; un bataillon
suffit,
quant à présent, pour occuper Presbourg. J'approuve
la formation de votre
corps à quatre divisions. Vous pouvez envoyer Macdonald avec
deux divisions
prendre possession de Graz ; je pense que les autres devraient se tenir
à
OEdenburg, en occupant la ligne de Raab à OEdenburg. Votre
quartier général me
parait devoir être très-convenablement établi
à OEdenburg. Vous serez là à portée de
Presbourg et de Vienne, et dans un pays où votre cavalerie
pourra facilement se rétablir : c'est ce dont il faut s'occuper
aujourd'hui avec activité.
Le général Vandamme se
porte sur Neustadt et de là sur le Semmering avec ses troupes,
afin de presser l'évacuation de Graz. Il est
arrivé au général Rusca un
événement dont j'ignore les détails; il parait
qu'il s'est retiré du côté de Salzburg. Je
désire donc que Macdonald se
rende avec deux de vos divisions à Neustadt et de là sur
Graz. Les deux
autres peuvent rester avec les Saxons sur la March, pour occuper
Presbourg,
faire jeter un pont et occuper Raab et toute la ligne. Vous pourrez
porter
votre quartier général à OEdenburg dans quelques
jours. Je désire connaître le
lieu où il faudra construire un pont sur la March, et quelle est
la ligne de
cette rivière.
Schönbrunn, 14 juillet 1809, onze heures du soir.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Schloss Hof
Mon Fils, je reçois votre
lettre du 14 à midi. Il faut assurer le
passage de la March par un bon pont. En attendant, restez avec vos
deux divisions jusqu'à ce que Presbourg soit occupé.
Envoyez au-devant du général Grouchy pour qu'il vous
rejoigne.
Schönbrunn, 14 juillet 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris.
Je désire que vous veilliez
à ce que, toutes les fois qu'on mettra sur des colonnes, sur des
monuments ou ailleurs quelque chose de relatif à la bataille
d'Austerlitz, le nom d'Austerlitz ne soit jamais cité, ce mot
faisant beaucoup de peine et du tort à l'empereur Alexandre.
Vous recevrez un décret par
lequel j'ai nommé un commissaire général de police
à Wesel; ayaz soin que ce soit un Français et un homme
sûr et intelligent.
Je vous envoie une lettre dont
l'objet est important. Si ce Dessort est réellement le
misérable Argenton dont je vous ai envoyé des
pièces, faites-le venir à Paris avec les fers aux pieds
et aux mains. Cette affaire mérite toute votre sollicitude. Je
suppose qu'on aura saisi tous ses papiers. Il estr inconcevable qu'il
ait osé venir à Paris.
(Lecestre)
Schönbrunn, 15 juillet 1809.
Au comte Bigot de Preameneu, ministre des cultes, à Paris
Monsieur Rigot Preameneu, je réponds à vos lettres du 23 juin et du 4
juillet. La bulle d'excommunication est une pièce si ridicule qu'elle ne mérite
pas qu'on y fasse attention. Ce qui mérite attention, c'est de prendre des
mesures pour pourvoir aux évêchés vacants. Les archevêchés de Lyon, de Malines,
d'autres évêchés, sont vacants. Il est nécessaire de savoir quel est le parti
que le Pape veut prendre.
A cet effet, les cardinaux Fesch, Caprara, comme archevêque de Milan,
Caselli, comme archevêque de Parme, Maury, comme évêque de Montefiascone
aujourd'hui réuni à la France, l'archevêque de Tours et d'autres évêques de
cette réputation, doivent écrire au Saint-Père pour lui demander ce qu'il veut
faire, lui représenter que les affaires spirituelles et temporelles ne peuvent
être confondues, et que, s'il n'institue pas les évêques aux termes du
Concordat, il élèvera un schisme dans l'Église, et que, s'il y a des troubles,
ce sera au détriment de la religion; il faut donc lui demander qu'il institue
les évêques; que, dans les bulles d'institution, je ne demande pas mieux qu'il
ne soit pas fait mention de moi; que la demande n'en sera pas signée de moi,
mais sera faite par une lettre du ministre des cultes à la chancellerie du Pape,
qui dira que Sa Majesté ayant nommé un tel à tel évêché, la chancellerie est
priée d'envoyer l'institution canonique. Par cette cessation de correspondance
entre moi et le Pape, il ne sera pas question de moi dans ces pièces, il ne
faut pas cependant que le Pape dise qu'il nomme de son propre mouvement; mais
qu'il institue, sans raisons ou allégations inutiles.
Schönbrunn, 15 juillet 1809.
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général
Clarke, vous recevrez un décret relatif au recrutement
de l'armée, dans lequel vous verrez les mesures que j'ai
prescrites pour
dissoudre les 5e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 16e et
17e demi-brigades provisoires. La 15e demi-brigade provisoire sera
reformée à trois bataillons. Le 1er bataillon sera
composé de trois compagnies de chacun des
101e, 60e et 7e de ligne. Le 2e bataillon sera composé de
trois compagnies de chacun des 14e léger et 6e de ligne; le
3e bataillon, de trois compagnies de chacun des 10e et 20e de ligne.
Ainsi les trois compagnies du 60e et
les trois compagnies du 7e de ligne ne
suivront pas la destination des 16e et 17e demi-brigades provisoires,
dont
elles faisaient partie. Ces corps provisoires ne font qu'embrouiller
les choses, et tous les corps ont besoin aujourd'hui d'être
complétés.
Je
préfère donc que les 5e bataillons se rendent en
droite ligne aux bataillons de guerre. J'ai renvoyé aux
dépôts, il y a un mois, les cadres des
4e bataillons de la division Saint-Hilaire. J'ai renvoyé, il y a
peu de
jours, les cadres des 4es bataillons du corps du duc d'Auerstaedt,
ainsi que
ceux des régiments qui avaient leurs 4e bataillons à
l'armée, tels que
les 4e, 18e, 24e de ligne et 26e léger; de sorte qu'il n'y
a plus à
l'armée que des corps ayant trois bataillons, et
ensuite les 4e bataillons
qui sont au corps du maréchal Oudinot, et dont les trois
premiers sont en
Espagne.
Schönbrunn, 15 juillet 1809.
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le
Général Clarke, j'ai reçu deux états, l'un
des détachements de toutes armes partis de Strasbourg pour
se rendre à l'armée d'Allemagne depuis le 10 juin
jusqu'au 3 juillet, duquel il reste que 6,500 hommes
d'infanterie, 1,700 chevaux et 1,500 hommes d'artillerie et
du
génie, formant 9,500 hommes, sont partis. Le second
état est celui des
détachements destinés à l'armée
d'Allemagne, partis ou devant partir de Strasbourg depuis le 4
juillet, duquel il résulte que 8,500 hommes
d'infanterie, 1,100 chevaux et 200 hommes d'artillerie et du
génie sont en marche; ce qui ferait la valeur de 20,000
hommes qui vont rejoindre l'armée.
Dans ces états n'est pas
compris ce qui a été fourni des dépôts du
Piémont et d'Italie. Faites-moi connaître ce qu'il y a
à ces dépôts et ce qu'ils peuvent envoyer;
faites-en dresser l'état. Je pense que cela ne va pas plus loin
de 8,000 hommes. Tous ces renforts réunis répareront
les pertes de l'armée depuis son entrée en campagne.
Je désire que vous fassiez partir pour l'armée tout
ce que les
5e bataillons peuvent fournir aux bataillons de guerre, ainsi
que les demi-brigades provisoires. Dirigez donc sur l'armée,
soit des demi-brigades
provisoires qui sont en France et en Italie, soit des
dépôts, tout ce qui est
disponible, armé et exercé, sans y comprendre cependant
la levée supplémentaire
de 40,000 hommes. Tous ces détachements se rendront d'abord sur
Passau et de là
sur Vienne.
Il faut excepter de cette mesure trois demi-brigades provisoires, les deux
qui sont à Boulogne et celle qui est à Gand, lesquelles doivent rester
entières. Toutes les autres doivent faire partir ce qu'elles ont de disponible
pour les corps respectifs. Il m'importe beaucoup que, dans le courant d'août, mes cadres soient le plus complets possible.
Organisez tous ces détachements de manière qu'ils partent de Strasbourg
par colonnes de 5 à 600 hommes, afin d'arriver en règle.
Cavalerie. Quant à la cavalerie, je ne puis que vous réitérer de compulser
vos états, et de renouveler aux généraux commandant les divisions l'ordre de
faire partir des dépôts de hussards et de chasseurs tous les hommes montés
disponibles dont les escadrons de guerre sont, soit en Allemagne, soit en
Espagne, On incorporera dans les corps qui sont en Allemagne les hommes dont
les corps sont en Espagne. Faites la même chose pour les cuirassiers, et portez
à 9,000 hommes les six régiments provisoires de dragons.
Artillerie. Faites-moi
faire des états pareils pour l'artillerie, qui me fassent
connaître: 1° ce qui
est parti; 2° ce qui n'était pas arrivé à
Vienne au 10 juillet; 3° ce qui
partira et pourra être arrivé avant la fin de septembre.
Je m'attends à avoir
un grand accroissement d'artillerie après l'ordre que j'ai
donné de faire
remplacer les canonniers garde-côtes par des canonniers de
marine, et
d'envoyer tout ce que les dépôts ont de disponible. Vous
m'enverrez un état
particulier pour cela. Le système de guerre régulier que
je suis exige une
grande quantité d'artillerie. Les immenses ouvrages que je fais
faire à Passau
et ailleurs m'en emploient beaucoup. Il me faudrait deux compagnies
à Augsburg,
deux à la tête de pont de Linz, une à l'abbaye de
Melk, une à l'abbaye de
Göttweig, deux à la tête de pont de Vienne, deux
à l'arsenal de Vienne, deux à
Raab, deux à Graz , une à Klagenfurt. Il m'en faut pour
compléter les pertes
faites dans les dernières batailles, et aussi pour augmenter mon
matériel. J'ai
été fort content de l'artillerie dans ces
dernières affaires. Avec l'artillerie
de ma Garde et la précaution de distribuer aux régiments
cent vingt pièces
d'artillerie autrichiennes, j'avais l'égalité et
peut-être la supériorité
sur l'artillerie ennemie. Mon intention est de compléter
l'artillerie des
régiments, mais je manque de petites pièces.
Il serait convenable d'envoyer de Strasbourg un bon nombre de
pièces de 3, avec
leurs caissons et munitions. Envoyez-moi des hommes et des chevaux des
dépôts
des bataillons du train, soit qu'ils aient leurs bataillons ou des
compagnies
en Espagne, soit qu'ils les aient en Allemagne. On incorporera dans les
bataillons qui sont à l'armée d'Allemagne les hommes des
dépôts dont les
bataillons sont en Espagne.
Génie. Envoyez ici toutes les compagnies de sapeurs qui sont en
France ou en Italie; il ne doit y en avoir nulle part, tous les
ouvrages permanents se font par des entrepreneurs; envoyez à l'armée
d'Allemagne celles qui sont employées à Kehl, à Wesel, à Juliers, à Mayence et
dans les places d'Italie, avec un bon nombre d'hommes pour les recruter.
Portez une attention
particulière aux ordres contenus dans cette
lettre. Il est important que pendant l'armistice les routes se couvrent
de troupes françaises, et que l'accroissement de l'armée
soit supérieur à tout ce que pourra recevoir
l'ennemi. Envoyez-moi 3 ou 400 milliers de poudre; ils pourront,
maintenant que le Danube est libre, s'embarquer à Ulm et venir
par eau jusqu'à Passau. Il est également
nécessaire de diriger 20,000 fusils, 2,000 paires de pistolets,
2,000 sabres de cuirassiers et 2,000 sabres de cavalerie
légère sur Passau. J'ai demandé, il y a plus de
six semaines, 2,000 cuirasses.
La quantité de chevaux tués aux différentes batailles est
très-considérable. En général, dans les batailles, j'ai constamment,
pour un homme de cavalerie tué ou blessé, perdu trois ou quatre chevaux.
J'ai ordonné aux
dépôts de Passau et de Schönbrunn qu'on en
achète et qu'on ne néglige rien pour cela; mais j'ai
encore 4,000 hommes de cavalerie à
pied. Cependant une partie sera montée dans le courant du mois.
Schönbrunn, 15 juillet 1809.
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
Je vois
par la correspondance de l'île de France que la mouche n° 6
est arrivée. Cela étant, expédiez de Bayonne
quatre autres mouches pour cette île, à distance de
quinze jours l'une de l'autre, avec des nouvelles du continent.
Schönbrunn, 15 juillet 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn
Mon Cousin, écrivez au colonel du 65e pour qu'il vous envoie la
situation de son régiment. Vous lui ferez connaître que
deux de ses bataillons
doivent se trouver réunis à Augsburg, que deux doivent
être formés à son
dépôt en Flandre, et que le 4e est en marche
de Vienne pour le rejoindre; qu'il recevra 2,000 hommes sur la
conscription,
dont 1,000 à son dépôt, et 1,000 qui rejoindront
à Strasbourg; que j'ai ordonné
que son 3e bataillon parle avec 1,000 hommes pour Augsburg, et qu'ainsi
j'espère qu'il aura dans le courant d'août quatre
bataillons formant 3 à 4,000
hommes en état de servir.
Demandez à ce colonel quels moyens il a pris pour l'habillement des 1,000
hommes qui doivent être arrivés à Strasbourg. Vous lui ferez connaître que
probablement les 900 hommes de son régiment qui sont prisonniers vont être
rendus; ce qui portera chaque bataillon à beaucoup plus que le complet, et
mettra ce régiment à même de former une belle réserve de 4,000 hommes à
Augsburg. Le bataillon du 46e qui doit être arrivé à Augsburg sera joint à
cette réserve; ce qui donnera à la division Lagrange une colonne de cinq
bataillons en bon état.
Schönbrunn, 15 juillet 1809.
Au général comte de La Riboisière, commandant l'artillerie de l'armée d'Allemagne, à Vienne.
Monsieur le Général La Riboisière, faites-moi un
rapport qui me fasse
connaître les besoins de l'artillerie, 1° en bouches à
feu de campagne; 2° en
munitions; 3° en poudre; 4° en ouvriers pour pouvoir se
procurer des affûts,
des fers et autres objets nécessaires à
l'approvisionnement de l'artillerie; 5°
en personnel, savoir, canonniers et train. Votre rapport doit reposer
sur les
bases suivantes : deux pièces de 3, de 4 ou de 6 par
régiment d'infanterie; ce qui fait, pour
le corps du duc de Rivoli, vingt-huit; pour le corps du duc
d'Auerstaedt,
vingt-huit; pour le corps du maréchal Oudinot (ndlr : Oudinot a
reçu son bâton de maréchal le 12 juillet
précédent), trente-quatre; pour le corps du
vice-roi, trente-deux; pour le corps du maréchal Marmont,
quatorze; ce qui
fait, pour les pièces de régiment, un total de cent
seize, desquelles il faut
ôter ce que vous avez déjà fourni. Faites-moi
connaître: 1° ce que vous pouvez
fournir ici en pièces de 3, de 4 ou de 6; 2° ce que
peuvent fournir encore Passau et
Linz; 3° ce qu'on peut faire venir d'Italie; 4° ce qu'on
peut faire venir de France.
Quant à l'organisation des
divisions, voici les besoins: le corps du duc de Rivoli, soixante
pièces; le corps du duc d'Auerstaedt, soixante; le corps du
maréchal Oudinot, quarante-cinq; le corps du
maréchal Marmont, trente; le corps du vice-roi, soixante;
total, deux cent-cinquante-cinq. Je ne comprends point dans ce compte
les alliés.
Pour la cavalerie, il faut une demi-batterie par chaque
régiment de
cuirassiers : ainsi, pour la division Nansouty, il faut dix-huit
pièces, pour
la division Saint-Germain, douze; pour la division du duc de Padoue,
douze. Une
demi-batterie de trois pièces pour chaque division de cavalerie
légère et ainsi
il faut, pour la division Montbrun et pour celle que commandait le
général Lasalle, quarante-huit
pièces d'artillerie 1légère. Pour la Garde, il
faut
compter d'abord
soixante pièces telles qu'elles existaient avant la
bataille,
en outre vingt-quatre pièces dont j'ai ordonné la
formation à Strasbourg.
De plus, je désire, sous le commandement du
général de l'artillerie de ma Garde, pour suivre sa
destination, une réserve de douze pièces de 12 et six
obusiers servis par l'artillerie à pied, faisant dix-huit
pièces. Ce qui portera l'artillerie qui suivra la Garde à
cent deux pièces.
Plus, quatre divisions chacune de six pièces, savoir : seize
pièces de 6 et huit obusiers servis par l'artillerie de
la ligne, faisant vingt-quatre pièces; ce qui formera une
réserve de quarante-deux bouches à feu qui, avec les
quatre-vingt-quatre pièces de la garde, feront une
réserve de cent-vingt-six pièces.
Récapitulation : pièces de régiment, 116; pièces de division, 255; pièces de
la cavalerie, 48; pièces de la Garde et réserve, 126;
total,
545 bouches à feu; sans compter les alliés, qui doivent
avoir, les
Bavarois, 60 pièces; les Saxons, 36; les Wurtembergeois, 24; les
Badois, 18; les Hessois, 16; total, 154; total général,
699 bouches à feu.
Le personnel de l'artillerie
doit pouvoir fournir, indépendamment du service du corps,
deux compagnies à Passau, une ou deux à Linz, une
à Melk et
à Göttweig, deux à la tête de pont de Vienne,
deux dans Vienne, une à Raab,
une à Graz, deux dans d'autres forts.
Indépendamment de ces douze ou
treize compagnies, il en faut aujourd'hui au moins
huit pour le service des parcs et pour les
événements imprévus.
C'est donc plus de vingt, soit à pied, soit à cheval, qui sont
indispensables, indépendamment de celles destinées au service des corps.
Aussitôt que j'aurai votre
rapport, je prendrai des mesures convenables pour que tout ce qui
manque arrive. Nous trouverons à Graz une
grande quantité de boulets; on peut en ramasser cent mille sur
les champs de
bataille autour de Vienne; ainsi il paraît que nous en aurons
suffisamment. Si,
à Brünn, on n'a point trouvé 3 ou 400 milliers
de poudre, il faut en faire
venir d'Ulm. Il faut faire venir également des fusils, des
cuirasses, des
sabres et des pistolets. Il doit y avoir actuellement à
l'armée sept à huit
compagnies qui ne sont attachées à aucun corps; il en
arrive quatre d'Italie et
huit ou dix qui sont parties de France.
Schönbrunn, 15 juillet 1809.
Au général comte de Lauriston, commandant l'artillerie de la Garde, à Schönbrunn
Monsieur le Général Lauriston, je viens d'ordonner que, indépendamment des
soixante pièces d'artillerie de la Garde, il y en aurait vingt-quatre qui
viendront de Strasbourg et seront suivies par les trois compagnies attachées
aux brigades de conscrits, de tirailleurs et de fusiliers de la Garde, ce qui
fera quatre-vingt-quatre pièces servies par la Garde; qu'il y aurait outre
cela, attachée à la Garde, une réserve de douze pièces de 12 et de six
obusiers, servie par quatre compagnies à pied du 4e régiment; ces compagnies
sont parties d'Alexandrie et arriveront avant dix jours à Vienne; plus, deux
divisions, chacune de six pièces à cheval, servies par deux compagnies du
1er régiment d'artillerie, que fournira l'armée d'Italie. Il y aura donc,
attachées à la Garde, trente pièces de canon, qui, avec les
quatre-vingt-quatre, formeront un total de cent quatorze bouches à feu.
Voyez le général de la Riboisière, afin de prendre toutes les mesures
nécessaires pour se procurer le matériel et les attelages; le personnel est
trouvé moyennant ces dispositions.
Schönbrunn, 15 juillet 1809
Au comte Daru, intendant général de l'armée d'Allemagne, à Vienne
Monsieur Daru, je désire que vous me présentiez des rapports sur les
différents projets suivants:
1° Réunir à Vienne tout le biscuit qu'il peut y avoir
à Augsburg, à Passau, à Linz, à Enns
et à Melk, de manière à avoir à Vienne un
million
de rations de biscuit; en établir le magasin dans un des
bastions ou dans un
local qui serait désigné par le gouverneur;
2° Réunir à Vienne 21,000 quintaux de farine et 100,000 quintaux de blé,
dont on organiserait la mouture;
3° Se procurer 100 millions en papier, afin de pouvoir payer
sans délai juin, juillet et août à l'armée, et pourvoir à toutes
les dépenses de l'artillerie et du génie;
4° Établir des ateliers
d'habillement à Graz, à Linz, à
Vienne, et prendre des mesures pour avoir de quoi confectionner
dans chacun de
ces ateliers 20,000 capotes, habits, vestes et culottes; total,
60,000 capotes,
habits, vestes et culottes; un même nombre de baudriers et de
gibernes; le
double de chemises; la moitié de shakos et la moitié de
sacs à peau. Ces
trois ateliers seront d'une grande utilité, pour l'armée.
Faites-en établir un
à Znaym pour le corps du duc de Rivoli , un à Brünn
pour le corps du duc
d'Auerstaedt, et un à OEdenburg pour le corps du vice-roi.
Portez la
confection de chacun de ces ateliers des corps
d'armée à 3,000 capotes,
culottes, habits, vestes, etc., pour pouvoir servir aux
hôpitaux établis
dans ces lieux. Il faut établir tous ces
ateliers comme j'ai établi
ceux de Bordeaux. Faites-moi connaître sur quels lieux doivent
frapper les réquisitions en draps, toiles, tricots, etc. Par ce
moyen je pourrai entretenir mon armée.
Présentez-moi le plus tôt possible vos rapports, afin de mettre cela
promptement en vigueur. Quant aux façons, on les fera faire par les
tailleurs des villes, que le directeur de l'habillement payera
convenablement.
Schönbrunn, 15 juillet 1809
Au prince Camille Borghèse, gouverneur général des
départements au delà des Alpes, à Turin.
Mon Cousin, faites partir pour Vienne un bataillon de marche, qui
portera le titre de bataillon de marche de la 27e division
militaire, qui sera composé de 140 hommes du 5e bataillon du 2e
de ligne, de 140 hommes du 5e
bataillon du 28e, de 140 hommes du 5e bataillon du 37e, du 140 hommes
du 5e bataillon du 93e, de 140 hommes du 5e bataillons du 112e, et
de 140
hommes du 5e bataillon du 23e; ce qui formera un bataillon de marche de
840
hommes. Faites partir également pour Vienne la 5e et la 3e compagnie de pionniers; ce qui fera
500 pionniers. Faites partir un second bataillon de marche, qui portera le titre
de Bataillon de marche de la 28e division militaire et qui sera composé de tout
ce que le 3e léger, les 52e, ,67e et 102e peuvent fournir. Faites partir les
pontonniers qui sont à Valence et à Plaisance. Vous dirigerez d'abord tout cela
sur Osoppo. Que cela forme une seule colonne et marche ensemble.
Schönbrunn, 15 juillet 1809
A Frédéric, roi du Danemark, à Copenhague
Monsieur mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 6 juin.
Je l'avais prévenue en la remerciant de la preuve qu'elle m'a donnée de son
amitié en faisant marcher une partie de ses troupe contre Schill. J'ai été
sensible à cette attention de Votre Majesté; je l'ai été aussi à la bonne
conduite des troupes danoises et à la bravoure qu'elles ont montrée dans
cette circonstance. Votre Majesté veut-elle bien leur faire témoigner combien
j'en ai été satisfait, et disposer de deux ou trois décorations de la Légion
d'honneur de la manière qu'elle le jugera convenable ?
Schönbrunn, 15 juillet 1809
A Frédéric-Auguste, roi de Saxe, à Ratisbonne
Monsieur Mon Frère, j`'ai
reçu la lettre de Votre Majesté du 26 juin. Je partage la
peine que son conseil privé à Dresde lui a fait
éprouver. Ce conseil s'est considéré comme
une assemblée municipale; il aurait dû sentir qu'il avait
un plus haut carctère. Toutefois, je ne puis considérer
cet évènement que comme heureux, puisqu'il me donne
l'occasion d'apprécier les qualités et la manière
de voir de Votre Majesté.
(Brotonne)
Schönbrunn, 15 juillet 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je vous envoie une dépêche du ministre de Prusse. Il faut
faire naître des circonstances qui mettent en évidence la
mauvaise conduite et les mauvais sentiments de ce ministre.
(de Brotonne)
Schönbrunn, 15 juillet 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je ne sais pas pourquoi vous n'avez pas fait arrêter le sieur
Julien de Saint-Michel, attaché aux insurgés. Faites-le
mettre dans une prison.
(de Brotonne)
Schönbrunn, 15 juillet 1809
Au comte Gaudin, ministre des finances, à Paris
Donnez ordre au général Miollis de faire arrêter le
cardinal Pacca et tous les soi-disant ministres temporels du Pape et de
les envoyer en France. J'approuve la division des États romains
en deux départements, l'un du Tibre, l'autre du Trasimène
(Lecestre)
Schönbrunn, 15 juillet 1809
Au prince Cambacérès, archichancelier de l'empire
J'apprends qu'il y a des discussions dans la famille du
maréchal Lannes; un prêtre mauvais sujet voudrait
dépouiller ses enfants. Je désire que vous preniez des
mesures pour prévenir ce scandale, et que vous fassiez
connaître que je veux intervenir dans ces affaires. Mon intention
est de nommer un tuteur d'office. J'ai confiance dans la mère,
je n'en ai aucune dans les oncles. Je veux qu'ils ne se mêlent en
rien des affaires du maréchal. Parlez de cela à M.
Géhéneue et aux freres du maréchal, et faites les
dispositions convenables pour concilier cela avec les formes
juciciaires. Vous savez que les ducs ont été mis dans une
espèce d'exception par les statuts de famille. Il me serait fort
désagréable de voir ces enfants dépouillés
par de mauvais sujets.
(Lecestre)