Schönbrunn, 17 mai 1809
A Eugène Napoléon, vice -roi d'Italie, à Tarvis
Mon Fil, vous trouverez ci-joint des pièces qui ont été
publiées ici. Faîtes-les imprimer en français et en italien et répandre dans la
presqu'île. On n'a ici aucune nouvelle du général Marmont. Le duc de Danzig a
battu, le 13, le général Chasteler entre Kufstein et Innsbruck, et est enté le
15 à Innsbruck. Votre aide de camp, d'Anthouard, vous aura fait connaître
les évènements qui se sont passés à la prise de Vienne. J'ai donné ordre au duc
de Danzig de marcher sur Leoben par Salzburg : le général Lauriston, parti de
Vienne, est arrivé sur les hauteurs qui séparent Leoben de Vienne; du moment
que vous serez arrivé à Klagenfurt, la jonction pourra se faire promptement.
Envoyez-moi donc un officier ou un courrier tous les jours; vous pouvez
m'envoyer des officiers des corps. Envoyez-moi des détails, des états de
situation de mon armée, et faîtes-moi connaître les lieux où se trouvent tous
les corps. L'archiduc Ferdinand, commandant l'armée autrichienne de Galicie,
s'était d'abord emparé de Varsovie, par capitulation; mais, depuis, ayant battu
en retraite, les Polonais ont tout repris; le 29 ils lui ont enlevé un
pont sur la Vistule et fait 2.000 prisonniers. L'ennemi est donc battu de tous
côtés. Les immenses matériaux qu'il faut pour faire un pont sur le Danube sont
rassemblés. J'espère passer le 18 ou le 19 e dissiper les armées qui se sont
réunies entre le Danube et la Moravie.
P.S. Faîtes passer en Hongrie les exemplaires de ma
proclamation aux Hongrois.
Schönbrunn, 17 mai 1809.
A Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples.
J'ai ordonné que les troupes des Etats du Pape fassent
partie de mon armée de Naples; vous en aurez le commandement, l'armée d'Italie
étant occupée ailleurs. Vous trouverez ci-joint les décrets que j'ai pris sur
Rome. Lorsque Miollis et Saliceti y seront, vous prendrez vos mesures afin d'y
avoir des forces suffisantes pour ne craindre aucun mouvement ni rumeur. Je
pense que tout doit rester secret jusqu'au 1er juin. J'ai chargé le ministre
des finances de donner à la consulte des instructions, dont je vous envoie
copie pour plus de célérité. Elle correspondra avec lui pour tout ce qui tient
au gouvernement et à l'administration, et avec vous pour les affaires
militaires et pour la tranquillité du pays.
Schönbrunn, 18 mai 1809
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e
corps de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 17, qui m'annonce
que le général Duppelin est arrivé à Maria-Zell. Envoyez-lui les imprimés
ci-joints pour qu'il les répande en Styrie. Écrivez-lui de charger les
bourgmestres et les moines de Maria-Zell de maintenir la tranquillité, en les
prévenant que, si les rassemblements recommencent, on brûlera la ville.
P. S. Qu'il tâche d'avoir des nouvelles de ce qui se
passe à Graz. Il est nécessaire que, lorsque vous réunirez votre corps,
ces bataillons rejoignent. Les matériaux pour le pont commencent à être
réunis. Nous commencerons l'opération ce soir; elle durera probablement deux
jours. S'il n'y a rien de nouveau, dirigez le général Friant sur Vienne et le
général Gudin à mi-chemin. Le général Friant peut partir à une heure du
matin et être rendu à neuf ou dix heures à Vienne.
NOTE POUR LE GÉNÉRAL
ARMSTRONG, MINISTRE DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE A PARIS.
(Cette note, dictée à Schönbrunn le 18 mai
1809, devait porter la signature du ministre des relations extérieures: elle
fut envoyée à M. de Champagny, qui se trouvait alors à Vienne.)
Le soussigné, ministre des relations extérieures, a mis
sons les yeux de S. M. l'Empereur et Roi les différentes lettres de Son
Excellence le ministre des États-Unis d'Amériquc, il
a reçu ordre d'y faire la réponse suivante :
Les mers appartiennent à toutes les nations. Tout
bâtiment naviguant sous le pavillon d'une nation quelconque, reconnu et avoué
par elle, doit être au milieu des mers comme s'il était dans ses propres ports.
Le pavillon arboré au mât d'un vaisseau marchand doit être respecté comme s'il
était au haut d'un clocher dans un village.
En cas de guerre entre deux puissances maritimes, les
neutres ne doivent suivre la législation ni de l'une ni de l'autre. Tout
bâtiment doit être garanti par son pavillon, et toute puissance qui le viole se
met en état de guerre avec la puissance à laquelle il appartient. Insulter
un vaisseau marchand qui porte le pavillon d'une puissance, c'est faire une
incursion dans un village ou dans une colonie appartenant à cette
puissance, Sa Majesté déclare qu'elle considère les bâtiments de toutes les
nations comme des colonies flottantes appartenant aux dites nations. Par une
suite de cc principe, la souveraineté et
l'indépendance d'une nation est une propriété de ses
voisins. Si un citoyen français était insulté dans un port ou dans une colonie
américaine, le gouvernement des Etats-Unis ne nierait pas qu'il en est
responsable; de même, le gouvernement des États-Unis doit être responsable de
la violation d'une propriété française à bord d'un bâtiment ou colonie
flottante américaine; ou, ce gouvernement ne pouvant point garantir l'intégrité
de ses droits et l'indépendance de son pavillon, Sa Majesté ne peut considérer
les bâtiments américains violés par des visites, par des contributions ou
autres actes arbitraires, que comme n'appartenant plus aux Etats-Unis et
dénationalisés,
Mais, toutes les fois que le gouvernement des États-Unis
d'Amérique ordonnera que ses bâtiments marchands soient armés pour repousser
l'injuste agression de l'Angleterre, pour soutenir son droit et sa souveraineté
contre le refus que fait cette puissance de reconnaître ce grand principe que
le pavillon couvre la marchandise, et contre son injuste prétention de
soumettre à sa législation les pavillons neutres, Sa Majesté est prête
à les reconnaître et à les traiter comme neutres.
Schönbrunn, 18 mai 1809
NOTE POUR LA RÉUNION DU
LOUVRE ET DES TUILERIES.
Faire la réunion par une galerie semblable à celle
du bord de l'eau, en adoptant l'idée d'avoir tout l'espace entre les deux
palais vide, comme il a été proposé par le Bernin: ce projet sera le plus
simple et le moins dispendieux. Il n'y aura à regretter que l'arc de
triomphe, qu'il faudra nécessairement abattre, à moins qu'on ne trouve
moyen de placer des monuments entre lui et le Louvre, de manière à cacher
la fausse direction. Il faudrait chercher à conserver ce beau monument.
Il sera facile de partager par des grilles l'espace entre les deux palais, que
l'on trouve trop grand. On pourra en faire une partie en jardin.
La nouvelle galerie devra être d'une architecture
uniforme. On ne s'arrêtera pas à chercher à la rendre absolument
semblable à celle en face, qui est de différents ordres. Le grand espace
dérobera nonseulement cette différence
d'architecture, mais aussi les différentes directions des galeries et les
différentes ouvertures des angles de la place. On admire bien la place
Saint-Marc à Venise, qui est tout irrégulière dans ses dimensions et dans
son architecture. Je reproche au nouveau projet de M. Fontaine de ne pas cacher
entièrement les défauts de la réunion, d'être inexécutable et excessivement
cher comme galerie avec terrasse ,enfin de ne pas
donner de grands jardins d'hiver suffisants pour la population de Paris, comme
l'Empereur le demande.
Les autres projets surchargent l'espace de bâtiments
inutiles et qui coûteront très-cher, sans remplir le
principal objet de la demande de Sa Majesté, qui est d'avoir un beau et grand
jardin d'hiver.
La cour habite habituellement peu Paris. Les Tuileries et
le Louvre arrangés suffiront pour le logement du souverain de la France et des
souverains étrangers qui viendront le visiter.
Il est préférable que les grands fonctionnaires habitent
des hôtels à eux appartenant ou écartés du palais. Les appartements que l'on
fera dans la nouvelle galerie seront mal distribués, incommodes, d'un entretien
dispendieux pour le souverain. Il arrivera par la suite du temps ce qui est
toujours arrivé: ces appartements, donnés à la place, finiront par
devenir en jouissance aux officiers en faveur ou à leurs familles; chacun
y fera des distributions et changements à sa fantaisie et pour sa plus
grande commodité, et par là on ruinera les bâtiments comme on avait fait
dans le Louvre et la galerie; on compromettra même la sûreté de tout le palais.
Je pense qu'il vaudrait mieux placer la bibliothèque dans
les étages supérieurs de la nouvelle galerie. Le rez-de-chaussée servirait pour
les écuries du palais et les remises. Des constructions se trouveraient en face
pour les archives. On pourrait aussi avoir une orangerie au rez-de-chaussée, en
place des galeries ouvertes actuellement, que l'on fermerait en hiver pour les
transformer en orangerie. On conserverait pour le trésorier et le secrétaire
d'Etat, qui ont besoin d'être logés près du palais, les logements commencés
déjà dans la nouvelle galerie.
Le projet, en conservant l'espace vide, a l'avantage de
coûter moins cher, d'être plus tôt et plus certainement terminé. Il sera bâti
ailleurs, pour remplacer les bâtiments que l'on ne fera pas dans son enceinte.
Il économisera les frais de construction d'une bibliothèque, qu'il faut bien
placer ailleurs qu'elle est à présent.
Ebersdorf, 19 mai 1809
Au général Clarke, duc d'Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, vous avez beaucoup trop
alarmé Paris sur les affaires de Prusse; si même il était vrai qu'elle nous eût
attaqués, c'est bien peu de chose que la Prusse, et je ne manquerais pas de
moyens de la soumettre, à plus forte raison lorsque ces bruits sont
controuvés.
Vous n'avez pas mis assez de prudence dans cette affaire;
il est d'un mauvais effet qu'une puissance s'imagine que je suis au dépourvu.
Il y a un tas de mesures qui ne signifient rien et qui font sensation.
La surveillance du ministre de la police sur le ministre
de Prusse ne vaut rien. Le ministre de la police est parti de là pour
faire mille bavardages qui sont déplacés.
Ebersdorf,
19 mai 1809
Au
général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je vois dans
votre lettre du 13 qu'on a des alarmes à Paris. On ferait mieux de dormir, d'aller
à l'Opéra, à des fêtes, au bois de Boulogne, etc. Le général Blücher n'a point
remué. La Prusse ne pense guère à me faire la guerre; les Russes marchent
contre les Autrichiens. Le maréchal Davout est à Vienne et le prince de Ponte-Corvo
à Linz. Il y a peu d'esprit à Paris; mais aussi il ne faut pas que le
gouvernement prenne des mesures qui alarment. Vous n'avez pas besoin de parler
à Fouché ni à Cambacérès de la plaisante guerre de la Prusse, ni de laisser
voir des choses que l'art consiste à cacher. C'est montrer la corde que de faire
marcher de misérables compagnies de conscrits en poste (Cette mesure aurait été prise sur la nouvelle d’une invasion de
Schill en Westphalie).
Si le ministre
de la police pense qu'il soit nécessaire d'envoyer des troupes à Beaupreau, vous pouvez tirer un bataillon de 500 hommes du
corps que commande le général Dufour, en les prenant à Rochefort, à la Rochelle
ou à l'île d'Aix. Il faut faire une punition exemplaire de la commune qui a
laissé assassiner un gendarme.
(Lecestre)
Ebersdorf, 19 mai 1809
Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Vice-Amiral Decrès, la conduite du sieur
Victor Hugues à Cayenne, aussi bien que celle du capitaine général de la
Martinique, mérite une enquête. Donnez ordre à l'un et à l'autre de
s'éloigner de trente lieues de Paris, dans une ville que vous désignerez.
Demandez des notes au capitaine général de la Martinique sur le peu de défense
qu'a opposé le fort Bourbon. Comment a-t-il pu se rendre si promptement ? Pourquoi
la garnison n'a-t-elle pas été libre et non prisonnière ? Enfin pourquoi
n'a-t-il pas fait excepter de la capitulation le préfet colonial, qui est un
employé civil ? Quant au sieur Victor Hugues, il m'importe d'avoir des
indications sur sa fortune, pour savoir si ce n'est pas pour la sauver qu'il a
abandonné mon île de Cayenne sans défense. J'ai besoin d'avoir des enquêtes et
des rapports détaillés sur ces colonies.
Puisque vous n'avez pas pu débarquer tous vos
approvisionnements à Barcelone, faites-les débarquer à Rosas.
Ebersdorf, 19 mai 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de
l'armée d'Allemagne, à Ebersdorf
Mon Cousin, donnez l'ordre le plus formel au duc de Valmy
de ne rien détourner pour le corps de Hanau de ce qui est destiné pour l'armée,
ni troupes, ni artillerie, ni équipages militaires, S'il n'exécute pas
rigoureusement cet ordre, je serai obligé de lui ôter le commandement de ce
corps.
Mon Cousin, donnez ordre au général Pajol de se porter
avec un régiment de cavalerie d'abord sur Tulln, où il se mettra en
communication avec un autre régiment de cavalerie que vous enverrez, sous les
ordres d'un officier intelligent, à Sieghartskirchen; avec cette brigade
de cavalerie il se portera au secours du général Vandamme, qui aujourd'hui
s'est porté entre Mauthausen et Altenburg pour attaquer l'ennemi qui menaçait
de passer. Prévenez le général Vandamme du nom de ces deux régiments, de la
direction qu'ils prennent et de l'heure à laquelle ils arriveront, par un
officier qui pourra rapporter des nouvelles de ce qui se passerait ce soir et
cette nuit. Chargez le général Pajol et l'officier supérieur que vous enverrez à Sieghartskirchen de correspondre
fréquemment avec vous et de laisser à cet effet quelques postes sur la
route. Tenez-vous prêt, avec les divisions Friant, Morand et Gudin, à
partir à deux heures de la nuit pour vous porter partout où il sera
nécessaire, en faisant faire cependant le moins de mouvements possible ce soir
à ces divisions. Il me paraît que la division Friant seule aura besoin de
sortir de la ville, afin d'être relevée par la division Claparède. La division
Friant peut se réunir tout entière entre Schönbrunn et Vienne, en bataille,
ayant son artillerie et prête à partir. Si vos parcs et quelques autres
choses appartenant à votre corps d'armée se trouvent sur la route de
Saint-Pölten, faites-les marcher sur Vienne,
Il est nécessaire, du reste, de faire le moins de
mouvements possible jusqu'à ce qu'on voie ce que veut faire l'ennemi. Il
ne serait pas impossible que je ne fasse pas bouger votre corps de la journée
de demain. Je donne ordre que les deux brigades de la division Claparède
occupent Vienne, et qu'une division occupe Nussdorf jusqu'à
Klosterneuburg. Ayez bien soin que tous les postes du général Morand soient
relevés dans la nuit.
Ebersdorf, 19 mai 1809, trois heures du soir.
Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant la
réserve de cavalerie de l'armée d'Allemagne.
L'intention de l'Empereur, Monsieur le Duc, est que la
division Espagne soit rendue ici demain à cinq heures du matin, avec son
artillerie et prête à passer le Danube; que la division Saint-Sulpice
soit également rendue à un quart de lieue d'Ebersdorf à six heures
du matin, et enfin la division Nansouty à huit heures.
Je vous préviens que l'Empereur donne au général Lasalle
une division composée des brigades Piré et Bruyère. L'intention de Sa Majesté
est que ces deux brigades soient rendues demain, à cinq heures du matin,
à Ebersdorf, pour passer le pont.
Je vous prie également de donner l'ordre au général
Colbert de partir de sa personne, avec deux de ses régiments, pour être le plus
tôt qu'il pourra devant Ebersdorf, pour y passer le Danube.
Vous ordonnerez au général Colbert de laisser 500 chevaux
au général Lauriston; il faut que le général Colbert prévienne le général
Lauriston de son mouvement. Je vous préviens que je donne l'ordre au général
Marulaz de reployer ses postes et de se rendre devant Ebersdorf avec sa
brigade, pour y passer le pont.
Le prince de Neuchâtel, major général.
Ebersdorf, 19 mai 1809, trois heures et demie du soir.
Au maréchal Masséna, duc de Rivoli, commandant le 4e
corps de l'armée d'Allemagne, à Vienne.
L'Empereur, Monsieur le Duc de Rivoli, ordonne que le
général Marulaz reploie tous ses postes, et que demain, à cinq heures du matin ,il soit rendu avec sa brigade à Ebersdorf pour
passer le pont.
Le général Montbrun, qui est à Bruck, couvrira la
route de Presbourg; vous direz au général Marulaz de faire prévenir le général
Montbrun.
L'Empereur ordonne également que tout votre corps d'armée
soit prêt à passer le pont demain de bonne heure.
Ebersdorf, 19 mai 1809, quatre heures du soir.
Au maréchal Lannes, duc de Montebello, commandant le 2e
corps de l'armée d'Allemagne, à Nussdorf
L'intention de l'Empereur, Monsieur le Duc, est que votre
corps d'armée soit prêt à passer le Danube demain à neuf heures du matin.
Ebersdorf, 19 mai 1809, quatre heures du soir.
Au général comte Gudin, commandant la 3e division du 3e
corps, à Sieghartskirchen.
Il est ordonné au général Gudin de partir demain à trois heures du matin de Sieghartskirchen, pour être rendu à neuf heures du matin à Nussdorf, entre Klosterneuburg et Vienne, sur la rive droite du Danube; il surveillera toute la rive de ce fleuve jusqu'à Vienne. Je préviens de cet ordre M. le duc d'Auerstaedt.
Ebersdorf, 19 mai 1809,huit
heures du soir.
Au maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, commandant
le 9e corps de l'armée d'Allemagne, à Linz.
L'intention de l'Empereur, Prince, est que vous entriez
en Bohême et que vous manoeuvriez soit sur Budweis, soit sur Zwettel, selon les
circonstances et les mouvements de l'ennemi.
L'Empereur espère que le pont qu'il fait jeter au-dessous
de Vienne sera prêt demain avant midi, et que dans la journée toute son armée
sera sur la rive gauche.
Votre premier but, Prince, doit toujours être de couvrir
Linz; le second, d'éloigner l'ennemi du Danube, de Krems jusqu'à Vienne.
Le général Vandamme a l'ordre de mettre son quartier général à Enns, de laisser 2,000 hommes à la tête de pont de Linz et d'occuper Steyr. Ainsi cela laisse votre corps disponible .
Ebersdorf, 19 mai 1809, huit heures du soir.
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e
corps de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten.
L'intention de l'Empereur, Monsieur le Duc, est que vous
fassiez retirer tout ce que vous avez du côté de Maria-Zell, en y laissant
seulement une forte patrouille d'observation. S'il n'y a rien de nouveau,
l'intention de l'Empereur est que vous partiez de Saint-Pölten
, de manière à être rendu demain à midi à Vienne. Avant
le jour, vous ferez partir vos pontonniers, vos sapeurs et vos outils, pour se
rendre à Nussdorf, où vous donnerez l'ordre qu'on jette un pont. Vous
savez que Nussdorf est entre Klosterneuburg et Vienne. J'ai envoyé directement
l'ordre au général Gudin de partir demain, à quatre heures du matin, de
Sieghartskirchen, pour se rendre à Nussdorf et surveiller toute la rive
droite du Danube jusqu'à Vienne.
Vous ordonnerez qu'on ramasse toutes les barques aussitôt
que la rive gauche sera libre; ce qui doit être dans la journée de demain,
puisque les ponts que l'Empereur fait faire à Ebersdorf, à deux lieues
au-dessous de Vienne, seront faits avant midi, et que notre cavalerie inondera la
plaine.
Vos pontonniers seront très-nécessaires
pour établir des trailles à l'emplacement des ponts brûlés de Vienne, pour
pouvoir communiquer par la route la plus directe sur Brünn; car noire pont,
comme je vous l'ai dit, est à deux grandes lieues au-dessous de Vienne.
L'intention de l'Empereur est que vous fassiez filer
votre cavalerie par Mautern et Tulln, ce qui éclairera la rive droite du
Danube; hormis cependant un régiment qu'il sera nécessaire de laisser du côté
de Krems.
Quant à la division Morand, vous la placerez de
manière à remplir le double but de couvrir, depuis Melk
jusqu'à Vienne, la rive droite, de garder Saint-Pölten et de pouvoir se
réunir sur Vienne aussitôt que l'ennemi aura abandonné la rive gauche.
Je donne l'ordre au prince de Ponte-Corvo d'entrer en
Bohême en manoeuvrant sur Budweis ou Zwettel, suivant les circonstances et les
mouvements de l'ennemi.
Quant au général Vandamme, il doit se placer de sa
personne à Enns et laisser 2,000 hommes à la tête de pont de Linz. Il
occupera Steyer pour contenir l'Alt-Mark
et Enns; il observera les débouchés de Mauthausen; il fera occuper Wallsee et
Ybbs, et il renverra à Vienne les troupes qui se trouvent dans ces
derniers points, et enfin se tiendra prêt à se porter, avec toute la masse
de ses forces, sur Steyer, suivant les événements.
Dans le dernier cas, il laisserait 2,000 hommes à la tête de pont de Linz,
de manière à ce que le prince de Ponte-Corvo fût disponible.
Vienne, 19 mai 1809.
NEUVIÈME BULLETIN DE
L'ARMÉE D'ALLEMAGNE.
Pendant que l'armée prenait quelque repos dans Vienne,
que ses corps se ralliaient, que l'Empereur passait des revues pour accorder
des récompenses aux braves qui s'étaient distingués et pour nommer aux emplois
vacants, on préparait tout ce qui était nécessaire pour l'importante opération
du passage du Danube.
Le prince Charles, après la bataille d'Eckmühl, jeté sur
l'autre rive du Danube, n'eut d'autre refuge que les montagnes de la Bohême. En
suivant les débris de l'armée du prince Charles dans l'intérieur de la Bohême,
l'Empereur lui aurait enlevé son artillerie et ses bagages; mais cet avantage
ne valait pas l'inconvénient de promener son armée, pendant quinze jours, dans
des pays pauvres, montagneux et dévastés.
L'Empereur n'adopta aucun plan qui pût retardé d'un jour
son entrée à Vienne, se doutant bien que, dans l'état d'irritation qu'on
avait excité, on songerait à défendre cette ville, qui a une excellente
enceinte bastionnée, et à opposer quelque obstacle. D'un autre côté, son
armée d'Italie attirait son attention, et l'idée que les Autrichiens occupaient
ses belles provinces du Frioul et de la Piave ne lui laissait point de repos.
Le maréchal duc d'Auerstaedt resta en position en avant
de Ratisbonne pendant le temps que mit le prince Charles à déboucher en Bohême,
et immédiatement après il se dirigea par Passau et Linz sur la rive gauche du
Danube, gagnant quatre marches sur ce prince. Le corps du prince de Ponte-Corvo
fut dirigé dans le même système. D'abord il fit un mouvement sur Egra, ce qui obligea le prince Charles à y détacher
le corps du général Bellegarde; mais par une contremarche il se porta
brusquement sur Linz, où il arriva avant le général Bellegarde, qui, ayant
appris cette contre-marche, se dirigea aussi sur le
Danube.
Ces manoeuvres habiles, faites jour par jour selon les
circonstances, ont dégagé l'Italie, livré sans défense les barrières de l'Inn,
de la Salza, de la Traun et tous les magasins ennemis, soumis Vienne,
désorganisé les milices et la landwehr, terminé la défaite des corps de l'archiduc
Louis et du général Hiller et achevé de perdre la réputation du général ennemi.
Celui-ci, voyant la marche de l'Empereur, devait penser à se porter sur
Linz, passer le pont et s'y réunir aux corps de l'archiduc Louis et du général
Hiller; mais l'armée française y était réunie plusieurs jours avant qu'il pût y
arriver. Il aurait pu espérer de faire sa jonction à Krems; vains calculs
! il était encore en retard de quatre jours, et le
général Hiller, en repassant le Danube, fut obligé de brûler le beau pont de
Krems. Il espérait enfin se réunir devant Vienne; il était encore en retard de
plusieurs jours.
L'Empereur a fait jeter un pont sur le Danube, vis-à-vis
le village d'Ebersdorf, à deux lieues au-dessous de Vienne. Le fleuve,
divisé en cet endroit en plusieurs bras, a quatre cents toises de largeur.
L'opération a commencé hier 18, à quatre heures après midi. La division
Molitor a été jetée sur la rive gauche, et a culbuté les faibles détachements
qui voulaient lui disputer le terrain et couvrir le dernier bras du fleuve.
Les généraux Bertrand et Pernety ont fait travailler aux
deux ponts, l'un de plus de deux cent quarante, l'autre de plus de cent trente
toises, communiquant entre eux par une île. On espère que les travaux seront
finis demain.
Tous les renseignements qu'on a recueillis portent
à penser que l'empereur d'Autriche est à Znaym.
Il n'y a encore aucune levée en Hongrie. Sans armes, sans
selles, sans argent, et fort peu attachée à la Maison d'Autriche, cette
nation paraît avoir refusé toute espèce de secours.
Le général Lauriston, aide de camp de Sa Majesté,
à la tête de la brigade d'infanterie badoise et de la brigade de cavalerie
légère du général Colbert, s'est porté à Neustadt sur Bruck et sur le Semmering-Berg, haute montagne qui sépare les eaux qui
coulent dans la mer Noire et dans la Méditerranée. Dans ce passage difficile,
il a fait quelques centaines de prisonniers.
Le général Duppelin a marché sur Maria-Zell, où il a
désarmé un millier de landwehr et fait quelques centaines de prisonniers.
Le maréchal duc de Danzig s'est porté sur Innsbruck; il a
rencontré, le 14, à Wörgl, le général Chasteler avec ses Tyroliens; il
l'a culbuté et lui a pris 700 hommes et onze pièces d'artillerie.
Kufstein a été débloqué le 12. Le chambellan de Sa Majesté,
Germain, qui s'était renfermé dans cette place, s'est bien montré.
Voici quelle est aujourd'hui la position de l'armée. Les
corps des maréchaux ducs de Rivoli et de Montebello et le corps des grenadiers
du général Oudinot sont à Vienne, ainsi que la Garde impériale. Le corps
du maréchal duc d'Auerstaedt est réparti entre Saint-Pölten et Vienne. Le
maréchal prince de Ponte-Corvo est à Linz avec les Saxons et les
Wurtembergeois; il a une réserve à Passau. Le maréchal duc de Danzig est avec
les Bavarois à Salzburg et à Innsbruck.
Le colonel comte de Czernitchef, aide de camp de
l'empereur de Russie, qui avait été expédié pour Paris, est arrivé au moment où
l'armée entrait à Vienne. Depuis ce moment, il fait le service et suit Sa
Majesté. Il a apporté des nouvelles de l'armée russe, qui n'aura pu sortir de
ses cantonnements que vers le 10 ou 12 mai.
Ebersdorf, 20 mai 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, je réponds à votre
lettre du 12. Il faut envoyer les 941 hommes destinés aux 15e et 10e légers et
au 57e régiment en Portugal, comme je l'ai ordonné.
Encore une fois, la Prusse ne bougera pas; si elle bouge,
je suis là pour la punir. Des événements extraordinaires ne peuvent plus
avoir lieu. Je suis d'ailleurs en mesure de pourvoir à tout. La seule
chose que vous puissiez faire sans mon ordre, c'est de faire des dispositions,
en cas d'événements imprévus, pour Wesel, Mayence ou Strasbourg; pour le reste
de l'Allemagne, n'y pensez pas.
J'approuve les mesures que vous avez prises pour porter
au grand complet les sept régiments polonais, les régiments de la Tour
d'Auvergne et d'Isembourg, et les régiments irlandais.
Je désire que les prisonniers autrichiens ne me coûtent
rien et qu'ils soient répartis entre les paysans.
Faites un travail sur les mineurs, sapeurs et
pontonniers, et faites partir des dépôts tout ce que vous pourrez pour les
compléter.
Ebersdorf, 20 mai 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, je reçois vos lettres du 13.
Je vois que la 3e demi-brigade provisoire n'est qu'à 1,200
hommes et la 4e à 600 hommes. Cependant tous les corps qui doivent fournir
à ces demi-brigades ont beaucoup de monde; faites donc accélérer la
formation de ces demi-brigades.
Vous avez eu tort de diriger les détachements de dragons
des dépôts de Versailles sur Hanau, puisqu'il n'y a point de régiments
provisoires de dragons à Hanau. Continuez à les diriger sur
Strasbourg, où se forment ces régiments.
Je suppose qu'en cas d'événements du côté de l'Escaut
vous avez pris des mesures pour y diriger le général Rampon avec ses 6.000
gardes nationaux; que le général Sainte-Suzanne, avec ce qu'il a de disponible
au camp de Boulogne, peut se réunir à Gand avec les demi-brigades de
Gand, de Maestricht et de Saint-Omer; enfin que vous
prenez des mesures à Paris pour les deux demi-brigades qui s'y forment.
Tout cela a besoin d'être activé.
Les deux demi-brigades qui se forment à Paris
doivent être fortes de 5,000 hommes; il est nécessaire qu'elles soient prêtes
et à la main, pour les porter sur tous les points de la côte qui seraient menacés.
Ebersdorf, 20
mai 1809
Au prince
Cambacérès, archichancelier de l’Empire
Je vois avec
pitié le peu de consistance de l'opinion de Paris, les craintes perpétuelles et
les effets de la badauderie et de la malveillance. J'en suis fâché pour le
peuple de Paris, et pour vous qui y êtes. Il faut
avoir peu d'esprit pour croire à ces inepties et donner tête baissée dans la
croyance que la Prusse nous déclare la guerre. Il est vrai aussi que le
ministre de la guerre a fait ce qu'il a pu pour alarmer le public, et qu'on a
donné ainsi source à des bruits qui n'ont pas le sens commun.
(Lecestre)
Ebersdorf, 20
mai 1809
Au comte
Fouché, ministre de la police général, à Paris
Vos bulletins
de police ne sont que des bulletins d'Angleterre et des relations extérieures;
il n'y est point question de ce qui se passe dans l'intérieur de la France. J'apprends
par le ministre de la guerre un événement qui s'est passé dans le département
de la Loire-Inférieure, l'assassinat d'un gendarme à
Chaudron par une bande de brigands qui, après avoir promené ce militaire
pendant six heures, l'ont percé de neuf coups de fusil. Je vous envoie le rapport
du ministre. Si le fait est vrai, lancez un mandat d'arrêt contre le maire et
les dix principaux habitants, et faites-les venir à Paris. Concertez-vous avec
le ministre de la guerre pour qu'un bataillon soit envoyé à Beaupréau, si cette,
mesure est jugée nécessaire; on le prendra parmi les troupes qui sont à Roche
fort.
Je vous invite
à laisser la politique de côté et à me donner fréquemment des nouvelles de ce
qui regarde l'intérieur des départements. Le fait que je viens de citer, je
devais l'apprendre par vous avant de l'apprendre par aucun ministre. J'attache
de l'importance à ces faits et non à des balourdises sur la Russie et la
Prusse, à l'égard desquelles on ne peut rien savoir.
(Lecestre)
Au bivouac sur le Danube, 21 mai 1809, neuf heures du
soir.
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps
de l'armée d'Allemagne, à Vienne.
Le pont s'étant rompu, on a perdu du temps. L'ennemi a
attaqué avec toutes ses forces, et nous n'avions que 20,000 hommes de passés.
L'affaire a été chaude. Le champ de bataille nous est resté.
Il faut nous envoyer ici tout votre parc, le plus de
munitions possible. Envoyez ici le plus de troupes que vous pourrez, en gardant
celles qui sont nécessaires pour garder Vienne. Envoyez-nous aussi des vivres.
Faites venir, en échelons, de Saint-Pölten, ce qu'il
faudra pour garder Vienne.
Rive gauche du Danube, à la tête de pont, 22 mai
1809, midi et demi.
(Il n'a pas été retrouvé d'autre pièce
relative aux opérations de la journée du 22 mai).
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e
corps de l'armée d'Allemagne, à Vienne.
L'interruption du pont nous a empêchés de nous
approvisionner; à dix heures nous n'avions plus de munitions. L'ennemi
s'en est aperçu et a marché sur nous. Deux cents bouches à feu, auxquelles
depuis dix heures nous ne pouvions répondre, nous ont fait beaucoup de mal.
Dans cette situation de choses, raccommoder les ponts,
nous envoyer des munitions et des vivres, faire surveiller Vienne, est
extrêmement important. Écrivez au prince de Ponte-Corvo pour qu'il ne s'engage
pas dans la Bohême, et au général Lauriston pour qu'il soit prêt à se
rapprocher de nous. Voyez M. Daru pour qu'il nous envoie des effets d'ambulance
et des vivres de toute espèce.
Aussitôt que le pont sera prêt, ou dans la nuit, venez
vous aboucher avec l'Empereur.
Ebersdorf, 23 mai 1809, après minuit.
Au maréchal Masséna, duc de Rivoli, commandant le 4e
corps de l'armée d'Allemagne, dans l'île Lobau.
L'Empereur arrive au premier pont sur le petit bras. Le
pont de chevalets est rompu. On donne des ordres pour le réparer; mais il est
nécessaire que vous y envoyiez des sapeurs pour faire deux ponts de chevalets
au lieu d'un. Mais ce qui sera plus long, c'est le premier pont sur le grand
bras, qui est à moitié défait et qui ne peut être reconstruit au plus tôt
que vers la fin de la journée de demain. Il est donc nécessaire que vous teniez
fortement la tête du premier pont, que vous passerez demain matin, c'est-à-dire
de placer de l'artillerie et de retirer les pontons pour faire croire à
l'ennemi, d'après votre disposition, que nous nous réservons les moyens de
rejeter le pont pour passer; ce qui tiendra l'ennemi en respect. Mais le fait
est qu'il faudra, aussitôt que les pontons seront retirés, les faire charger
sur les haquets, avec les cordages, ancres, poutrelles, madriers, etc., pour
les envoyer de suite au pont du grand bras, pour lequel il manque quatorze ou
quinze bateaux. Vous enverrez les compagnies de pontonniers qui sont avec vous,
pour aider à faire le pont. Vous sentez combien tout ceci demande d'activité,
etc.
L'Empereur passe de l'autre côté pour activer tous les
moyens, et surtout pour vous faire passer des vivres. L'important est donc de
vous tenir fortement et avec beaucoup de canons dans la première île, et
d'envoyer vos pontons pour le pont rompu.
Ebersdorf, 23 mai 1809, une heure du matin.
Au comte Daru, intendant général de l'armée d'Allemagne,
à Vienne.
Il est de la plus grande importance, Monsieur l'Intendant
général, qu'aussitôt la réception de cette lettre vous nous fassiez charger sur
des bateaux 100,000 rations de pain ou de biscuit, si vous pouvez les fournir,
et autant de rations d'eau-de-vie; que vous leur fassiez descendre le Danube
pour se rendre à la grande île, où est notre pont de bateaux, c'est-à-dire
au deuxième bras à gauche. Une grande partie de l'armée se trouvera cette
nuit dans cette île et y aura besoin de vivres. Envoyez un employé qui
descendra avec les bateaux, et, arrivé à la tête du pont, il fera
prévenir le duc de Rivoli, qui se trouvera dans la grande île vis-à-vis
Ebersdorf, afin qu'il ordonne la distribution de ces vivres, dont il a le plus
grand besoin.
Dans la situation des choses, rien n'est plus pressant
que l'arrivée de ces vivres.
Ebersdorf, 23 mai 1809
DIXIÈME BULLETIN DE
L'ARMÉE D'ALLEMAGNE.
Vis-à-vis Ebersdorf, le Danube est divisé en trois bras
séparés par deux îles. De la rive droite à la première île, il y a deux cent
quarante toises; cette île a à peu près mille toises de tour. De cette île
à la grande île, où est le principal courant, le canal est de cent vingt
toises. La grande île, appelée In-der-Lobau, a sept
mille toises de tour, et le canal qui la sépare du continent a soixante et dix
toises. Les premiers villages que l'on rencontre ensuite sont Aspern, Essling
et Enzersdorf. Le passage d'une rivière comme le Danube, devant un ennemi
connaissant parfaitement les localités et ayant les habitants pour lui, est une
des plus grandes opérations de guerre qu'il soit possible de concevoir.
Le pont de la rive droite à la première île et celui
de la première île à celle d'ln-der-Lobau ont été
faits dans la journée du 19, et, dès le 18, la division Molitor avait été jetée
par des bateaux à rames dans la grande île.
Le 20, l'Empereur passa dans cette île et fit établir un
pont sur le dernier bras, entre Aspern et Essling. Ce bras n'ayant que
soixante-dix toises, le pont n'exigea que quinze pontons et fut jeté en trois
heures par le colonel d'artillerie Aubry.
Le colonel Sainte-Croix, aide de camp du maréchal duc de
Rivoli, passa le premier dans un bateau sur la rive gauche.
La division de cavalerie légère du général Lasalle et les
divisions Molitor et Boudet passèrent dans la nuit.
Le 21, l'Empereur, accompagné du prince de Neuchâtel et
des maréchaux ducs de Rivoli et de Montebello, reconnut la position de la rive
gauche et établit son champ de bataille, la droite au village d'Essling et la
gauche à celui d'Aspern, qui furent sur-le-champ
occupés.
Le 21, à quatre heures après midi, l'armée ennemie
se montra et parut avoir le dessein de culbuter notre avant-garde et de la
jeter dans le fleuve : vain projet ! Le maréchal duc de Rivoli fut le premier
attaqué, à Aspern, par le corps du général Bellegarde. Il manoeuvra avec
les divisions Molitor et Legrand, et, pendant toute la soirée, fit tourner
à la confusion de l'ennemi toutes les attaques qui furent entreprises. Le
duc de Montebello défendit le village d'Essling, que le maréchal duc d'Istrie,
avec la cavalerie légère et la division de cuirassiers Espagne, couvrit la plaine et protégea Enzersdorf. L'affaire fut
vive; l'ennemi déploya deux cents pièces de canon et à peu près 90,000
hommes, composés des débris de tous les corps de l'armée autrichienne.
La division de cuirassiers Espagne fit plusieurs belles
charges, enfonça deux carrés et s'empara de quatorze pièces de canon. Un boulet
tua le général Espagne, combattant glorieusement à la tête des troupes,
officier brave, distingué et recommandable sous tous les points de vue. Le
général de brigade Fouler fut tué dans une charge (Fouler,
que l'on croyait mort, avait été blessé et fait prisonnier).
Le général Nansouty, avec la seule brigade commandée par
le général Saint-Germain, arriva sur le champ de bataille vers la fin du jour.
Celte brigade se distingua par plusieurs belles charges. A huit heures du soir
le combat cessa, et nous restâmes entièrement maîtres du champ de bataille.
Pendant la nuit, le corps du général Oudinot, la division
SaintHilaire, deux brigades de cavalerie légère et
le train d'artillerie passèrent les trois ponts.
Le 22, à quatre heures du matin, le duc de Rivoli
fut le premier engagé. L'ennemi fit successivement plusieurs attaques pour
reprendre le village. Enfin, ennuyé de rester sur la défensive, le duc de
Rivoli, attaqua à son tour et culbuta l'ennemi. Le général de division Legrand
s'est fait remarquer par ce sang-froid et cette intrépidité qui le distinguent.
Le général de division Boudet, placé au village
d'Essling, était chargé de défendre ce poste important.
Voyant que l'ennemi occupait un grand espace de la droite
à la gauche, on conçut le projet de le percer par le centre. Le duc de
Montebello se mit à la tête de l'attaque, ayant le général Oudinot à la
gauche, la division Saint-Hilaire au centre et la division Boudet à la
droite. Le centre de l'armée ennemie ne soutint pas les regards de nos troupes.
Dans un moment tout fut culbuté. Le duc d'Istrie fit faire plusieurs belles
charges qui toutes eurent du succès. Trois colonnes d'infanterie ennemie furent
chargées par les cuirassiers et sabrées. C'en était fait de l'armée autrichienne,
lorsqu'à sept heures du matin un aide de camp vint annoncer
à l'Empereur que, la crue subite du Danube ayant mis à flot un grand
nombre de gros arbres et de radeaux coupés et jetés sur les rives dans les
événements qui ont eu lieu lors de la prise de Vienne, les ponts qui
communiquaient de la rive droite à la petite île et de celle-ci à
l'île d'ln-der-Lobau venaient d'être rompus. Cette
crue périodique, qui n'a ordinairement lieu qu'à la mi-juin par la fonte
des neiges, a été accélérée par la chaleur prématurée qui se fait sentir depuis
quelques jours. Tous les parcs de réserve qui défilaient se trouvèrent retenus
sur la rive droite par la rupture des ponts, ainsi qu'une partie de notre
grosse cavalerie et le corps entier du maréchal duc d'Auerstaedt. Ce terrible contre-temps décida l'Empereur à arrêter le mouvement
en avant. Il ordonna au duc de Montebello de garder le champ de bataille qui
avait été reconnu et de prendre position, la gauche appuyée à un rideau
qui couvrait le duc de Rivoli et la droite à Essling. Les cartouches à
canon et d'infanterie que portait notre parc de réserve ne pouvaient plus
passer.
L'ennemi était dans la plus épouvantable déroute,
lorsqu'il apprit que nos ponts étaient rompus. Le ralentissement de notre feu
et le mouvement concentré que faisait notre armée ne lui laissaient
aucun doute sur cet événement imprévu. Tous ses canons et ses équipages
d'artillerie qui étaient en retraite se représentèrent sur la ligne, et, depuis
neuf heures du matin jusqu'à sept heures du soir, il fit des efforts
inouïs, secondés par le feu de deux cents pièces de canon, pour culbuter
l'armée française. Ses efforts tournèrent à sa honte; il attaqua trois
fois les villages d'Essling et d'Aspern, et trois fois il les remplit de ses morts.
Les fusiliers de la Garde, commandés par le général Mouton, se couvrirent de
gloire et culbutèrent la réserve, composée de tous les grenadiers de l'armée
autrichienne, les seules troupes fraîches qui restassent à l'ennemi. Le
général Gros fit passer au fil de l'épée 700 Hongrois, qui s'étaient
déjà logés dans le cimetière du village d'Essling. Les tirailleurs, sous
les ordres du général Curial, firent leurs premières armes dans cette journée
et montrèrent de la vigueur. Le général Dorsenne, colonel-commandant
la vieille Garde, la plaça en troisième ligne, formant un mur d'airain seul
capable d'arrêter tous les efforts de l'armée autrichienne. L'ennemi tira
quarante mille coups de canon, tandis que, privés de nos parcs de réserve, nous
étions dans la nécessité de ménager nos munitions pour quelques circonstances
imprévues.
Le soir, l'ennemi reprit les anciennes positions qu'il
avait quittées pour l'attaque, et nous restâmes maîtres du champ de bataille.
Sa perte est immense. Les militaires dont le coup d'oeil est le plus exercé ont
évalué à plus de 12,000 les morts qu'il a laissés sur le champ de
bataille. Selon le rapport des prisonniers, il a eu 23 généraux et officiers
supérieurs tués ou blessés. Le feld-maréchal-lieutenant
Weber, 1,500 hommes et quatre drapeaux sont restés en notre pouvoir.
La perte de notre côté a été considérable : nous avons eu
1,100 tués et 3.000 blessés. Le duc de Montebello a eu la cuisse emportée par
un boulet, le 22, sur les six heures du soir. L'amputation a été faite, et sa
vie est hors de danger. Au premier moment on le crut mort; transporté sur un
brancard auprès de l'Empereur, ses adieux furent touchants. Au milieu des
sollicitudes de cette journée, l'Empereur se livra à la tendre amitié
qu'il porte depuis tant d'années à ce brave compagnon d'armes. Quelques
larmes coulèrent de ses yeux, et, se tournant vers ceux qui l'environnaient :
"Il fallait, dit-il, que dans cette journée mon coeur fût frappé par un
coup aussi sensible, pour que je pusse m'abandonner à d'autres soins
qu'à ceux de mon armée ". Le duc de Montebello avait perdu
connaissance; la présence de l'Empereur le fit revenir; il se jeta à son
cou en lui disant : "Dans une heure vous aurez perdu celui qui meurt avec
la gloire et la conviction d'avoir été et d'être votre meilleur ami."
Le général de division Saint-Hilaire a été blessé; c'est
un des généraux les plus distingués de la France.
Le général Durosnel, aide de camp de l'Empereur, a été
enlevé par un boulet, en portant un ordre.
Le soldat a montré un sang-froid et une intrépidité qui
n'appartiennent qu'à des Français.
Les eaux du Danube croissant toujours, les ponts n'ont pu
être rétablis pendant la nuit. L'Empereur a fait repasser, le 23,
à l'armée, le petit bras de la rive gauche, et a fait prendre position
dans l'île d'In-der-Lobau, en gardant les têtes de
pont.
On travaille à rétablir les ponts. On
n'entreprendra rien qu'ils ne soient à l'abri des accidents des eaux et
même de tout ce que l'on pourrait tenter contre eux. L'élévation du fleuve et
la rapidité du courant obligent à des travaux considérables et de
grandes précautions.
Lorsque, le 23 au matin, on fit connaître à l'armée
que l'Empereur avait ordonné qu'elle repassât dans la grande île, l'étonnement
de ces braves fut extrême. Vainqueurs dans les deux journées, ils croyaient que
le reste de l'armée allait les rejoindre; et, quand on leur dit que les grandes
eaux, ayant rompu les ponts et augmentait sans cesse, rendaient le
renouvellement des munitions et des vivres impossible, et que tout mouvement en
avant serait insensé, on eut de la peine à les persuader.
C'est un malheur très-grand et
tout à fait imprévu que des ponts formés des plus grands bateaux du
Danube, amarrés par de doubles ancres et par des cinquenelles, aient été
enlevés; mais c'est un grand bonheur que l'Empereur ne l'ait pas appris deux
heures plus tard: l'armée poursuivant l'ennemi aurait épuisé ses munitions et
se serait trouvée sans moyen de les renouveler.
Le 23, on a fait passer une grande quantité de vivres au
camp d'In-der-Lobau.
La bataille d'Essling, dont il sera fait une relation
plus détaillée qui fera connaître les braves qui se sont distingués, sera aux
yeux de la postérité un nouveau monument de la gloire et de l'inébranlable
fermeté de l'armée française.
Les maréchaux ducs de Montebello et de Rivoli ont montré
dans cette journée toute la force de leur caractère militaire.
L'Empereur a donné le commandement du 2e corps au comte
Oudinot, général éprouvé dans cent combats, où il a montré autant d'intrépidité
que de savoir.
(Moniteur du 31 mai 1809)
Ebersdorf, 24 mai 1809, quatre heures du matin.
Au général comte de Lauriston, commandant les troupes
détachées du 1er corps, à Stuppach.
Monsieur le Général Lauriston, je reçois votre lettre du
23. Le général de brigade Colbert va venir vous joindre avec le reste de sa
cavalerie. Votre corps d'observation est utile pour avoir des nouvelles de la
marche de l'armée d'Italie; mais aujourd'hui que le pays est calmé, il me
semble que des partis de cavalerie sont suffisants. Le vice-roi me mande que,
le 14 ou le 15, une partie de l'armée ennemie, battant en retraite et fuyant
devant lui, devait se trouver près de Villach. Si de là elle avait suivi
la route de Bruck, vous devriez commencer à en avoir des nouvelles. Si au
contraire elle a suivi la route de Cilli et Marburg,
afin d'avoir son flanc droit appuyé à la Hongrie, il serait toujours
important d'en avoir des nouvelles. Je me serais défait dans la journée du 22
de l'armée du prince Charles; mais, à six heures du matin, lorsque l'affaire
s'engageait, mes ponts ont été rompus, et j'ai manqué d'artillerie et de
munitions; ce qui m'a arrêté toute la journée en panne et m'a forcé de me
contenter de garder le champ de bataille.
Ebersdorf, 24 mai 1809, onze heures du matin
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e
corps de l'armée d'Allemagne, au camp Ebersdorf.
L'Empereur, Monsieur le Maréchal
,trouve qu'il est nécessaire de répartir les pièces de 12 que vous aviez
données au général Demont dans les divisions de votre corps d'armée. Il y a de
l'inconvénient à réunir toutes ces pièces en une seule division. On sera
toujours à même de les réunir sur un seul point ,dans
un jour de bataille, si on le trouve utile.
Je donne l'ordre au général Songis de vous faire remettre
de suite trente pièces de canon autrichiennes de 3 ou de 5 avec trente
caissons. Je vous préviens que le général Songis ne pourra mettre à votre
disposition ni canonniers ni attelages de chevaux; il faut donc que vous vous
procuriez par le moyen des corps des canonniers et des attelages. Vous
attacherez deux de ces pièces à chaque régiment. Il ne faut pas, Monsieur
le Duc, envoyer des caissons sur Passau; s'il y en a de partis, faites courir
après pour les faire revenir. Si les approvisionnements vous manquent, changez
des calibres français contre des calibres autrichiens. Cette mesure, qui peut
se faire sur les lieux, est préférable à toute autre, car il ne faut rien
envoyer à Passau; c'est trop loin.
Ebersdorf, 24 mai 1809, cinq heures du soir.
Au général Vandamme, commandant les troupes
wurtembergeoises (8e corps), à Enns.
L'Empereur, Monsieur le Général Vandamme, ordonne que
vous vous mettiez en marche avec toutes vos troupes réunies pour porter votre
quartier général à Saint-Pölten. Vous vous
ferez successivement suivre par les troupes que vous avez à Steyr, Linz
et partout ailleurs en arrière de Melk. Il est très-important
que vous arriviez le plus tôt possible, afin que toutes les troupes du duc
d'Auerstaedt qui sont à Saint-Pölten et environs puissent se rendre
à Vienne. Vous ferez occuper la position de Melk et de Mautern avec une
partie de votre corps pour contenir celui de l'ennemi qui est à Krems;
vous aurez aussi un corps d'observation qui éclairera le Danube depuis Mautern
jusqu'à Vienne, sur la rive droite; celui de Melk éclairera jusqu'à
Mautern : ainsi tout sera gardé.
Vous tiendrez un parti entre Maria-Zell et Lilienfeld;
tout a été soumis dans cette partie, où il ne faut plus qu'observer. Vous
retirerez tous les postes que vous avez à Linz, Enns, Steyer,
etc., qui seront occupés par les troupes du prince de Ponte-Corvo.
Ebersdorf, 24 mai 1809, cinq heures du soir.
Au maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, commandant
le 9e corps de l'armée d'Allemagne, à Auhof
Nous avons eu, le 21 et le 22, Prince, une bataille assez
sérieuse sur la rive gauche du Danube, aux villages d'Essling et d'Aspern.
L'ennemi était dans la plus parfaite déroute à huit heures du matin, quand
nos deux ponts sur les deux grands bras du Danube ont été emportés par la crue
des eaux, ce qui a obligé l'Empereur à rester en position, une partie de
notre cavalerie, les parcs de nos divisions et le corps du duc d'Auerstaedt
étant restés sur la rive droite. Notre perte se monte à 4,000 blessés
environ; l'ennemi a perdu beaucoup plus de monde. Nous avons fait 1,500
prisonniers, dont un feldmaréchal, pris quatre
drapeaux, plusieurs pièces de canon. Le prince Charles avait réuni toutes ses
forces; le corps de Bellegarde et celui de Kollowrath s'y trouvaient; il ne
peut donc y avoir en Bohème que la division autrichienne de Jellachich.
Sur le compte que j'ai rendu à Sa Majesté, elle vous
laisse les officiers d'artillerie français qui sont avec vous.
Je vous ai fait écrire par le duc d'Auerstaedt que vous
ne deviez pas entrer trop avant en Bohême, jusqu'à ce que nos ponts soient
rétablis et que l'Empereur ait pris lui-même le parti de déboucher de nouveau
sur la rive gauche.
Le duc de Danzig a pris Innsbruck. Ainsi les
insurrections de ce côté sont finies, et il n'y a plus d'inquiétudes à
avoir. L'Empereur ordonne au général Vandamme de se porter à Melk et de
mettre son quartier général à Saint-Pölten. Ce général a l'ordre de
marcher avec tout son corps.
La tête de pont de Linz doit donc être gardée par vous,
Prince, ainsi que les points d'Enns et de Steyr. Les points d'Ybbs et de
Wallsee doivent être également surveillés par vos troupes. L'intention de
l'Empereur est que vous fassiez faire autour de vous de fortes incursions, même
sur la rive gauche; que vous ne souffriez pas d'ennemis à deux ou trois
marches de vous. Poussez donc le plus promptement possible le général Vandamme
sur Melk avec toutes ses forces réunies, afin que l'Empereur puisse attirer
à lui et disposer de toutes les troupes du duc d'Auerstaedt, et même, s'il
y avait lieu , de toutes les troupes du général
Vandamme. Il n'est pas impossible, Prince, que l'Empereur vous fasse remplacer
par le duc de Danzig à Linz et vous appelle sur Vienne. Comme l'île de
Lobau forme notre tête de pont sur la rive gauche du Danube, aussitôt que
l'Empereur pourra être assuré que ses ponts sont solides, il pourra se décider
à une bataille générale. Si vous pouviez organiser six pièces de 3 ou de 5,
dont trois au 19e régiment et trois au 5e d'infanterie légère, cela vous ferait
dix-huit pièces françaises, ce qui serait bien important, car l'ennemi a une
grande quantité d'artillerie.
Ebersdorf, 21 mai 1809, neuf heures du soir.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de
l'armée d'Allemagne, à Ebersdorf.
Mon Cousin, donnez ordre que la division Montbrun soit
placée à Bruck, que la brigade Colbert se porte à Neustadt, et la
division Lasalle à Hainburg; qu'à trois heures du matin le 7e de
hussards rejoigne la division Montbrun; ce régiment est à Neudorf et fait partie du corps du duc d'Auerstaedt. Donnez ordre que la division
Nansouty soit placée à Fischament et Schwechat; que
la 2e division de cuirassiers soit placée entre Laxenburg et Neustadt, et la
3e division de cuirassiers entre Laxenburg et Bruck. Recommandez au duc
d'Istrie de donner ces ordres de manière qu'il n'y ait aucune
interruption, que la frontière soit toujours couverte, qu'on sache ce qui se
passe du côté de Presbourg, et qu'on éclaire cette rive, pour savoir si
l'ennemi ne travaille pas à quelque pont ou passage
dans cette direction. Écrivez au duc d'Auerstaedt de prendre des mesures pour
annoncer son quartier général à Neustadt et du côté de Bruck avec 40 à 50,000 hommes; qu'il fasse faire cette annonce par la brigade Colbert.