1 – 15 mars 1809
Paris,
1er mars 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations
extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, je vous renvoie votre
portefeuille. Faites une note à M. de Metternich, fort simple, dans laquelle vous
lui transcrirez les passages des dépêches de mon ministre à Constantinople et
de mon consul en Bosnie, relatifs à la conduite des agents autrichiens. Faites
mettre aussi dans les journaux un article qui fasse connaître légèrement la
conduite que tiennent ces deux agents contre la France.
Présentez-moi un projet de note en réponse à celle de M.
Ver Huell, pour lui faire connaître que non-seulement il m'est impossible de
renvoyer les troupes que le roi de Hollande a dans le nord, mais qu'il est
nécessaire que ce prince mette promptement le reste de son armée en situation
de défendre le pays contre les agressions de l'Angleterre.
Paris, 1er mars 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations
extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, vous trouverez ci-joint un rapport
sur des fabrications d'armes que l'on fait à Coburg pour le compte de
l'Autriche. Vous donnerez ordre au sieur Bacher de se rendre sur-le-champ à
Coburg, de témoigner mon extrême mécontentement de la conduite que tient cette
Maison, et de déclarer qu'elle ait à rappeler sans délai ceux de ses membres
qui sont au service d'Autriche; à défaut de quoi, je la citerai devant le
Protecteur, pour rendre compte de sa conduite. Le sieur Bacher se mettra en
route au reçu de cette lettre et fera diligence.
Paris 1er mars 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, j'ai à l'île d'Aix une
escadre de douze vaisseaux de guerre et de six frégates. Il est donc
indispensable d'avoir à l'île d'Aix assez de troupes pour la mettre à l'abri de
toute attaque.
Donnez l'ordre au général commandant la 12e division de
se rendre avec tout son état-major, à la Rochelle, où le siége de la division
militaire sera fixé désormais.
Donnez ordre que le général de brigade commandant à l'île
d'Aix n'en découche jamais.
Réunissez à l'île d'Aix, à Rochefort et à Oléron tout ce
qu'il y a de disponible des 66e, 86e et 26e. Mon intention est qu'il y ait
1,800 hommes à l'île d'Aix, et à la Rochelle autant, pouvant se diriger sur
l'île d'Aix, si elle était attaquée. Un général de brigade se tiendra
constamment dans l'île d'Aix. Le général commandant la division sera prêt à se
porter partout, de la Rochelle.
Donnez ordre à un officier général d'artillerie d'aller
inspecter les batteries des îles d'Aix et d'Oléron et de s'assurer qu'elles
sont suffisamment approvisionnées. Renouvelez l'ordre que l'approvisionnement
de siège soit rétabli à l'île d'Aix.
Paris, 1er mars 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
Vous donnerez ordre au général du génie Chambarlhiac de
se rendre à Augsbourg; il commandera le génie du corps du général Oudinot.
Après qu'il aura fait toutes ses dispositions pour organiser son arme à ce
corps, il se rendra à Munich et à Passau. Il sera accompagné des capitaines du
génie Mallet et Maillard et des gardes du génie Macaire et Poittier, qui ont
dirigé les travaux de Praga. Vous lui ferez connaître que, arrivé à Passau, mon
intention est qu'il reconnaisse la place, pour remplir le croquis ci-joint. Ce
croquis est fait indépendamment du terrain, pour expliquer mon idée. Le réduit
a été fermé à la gorge, loin de la rivière, parce qu'on se souvient que le
faubourg est bas et que le coteau de la rivière est extrêmement rapide.
Voici l'instruction générale que vous lui donnerez:
1° Faire établir, sous la protection de la citadelle
actuelle, sur les bords de la rivière, un local où 5 à 600,000 rations de
biscuits, quelques milliers de quintaux de farine, quelques millions de
cartouches, se trouvent en sûreté si l'ennemi prenait Passau;
2° Faire armer la citadelle de pièces de 24 et de 16 dans
les parties basses qui battent la rivière (on m'assure qu'il n'y a que des
pièces de 3);
3° Faire entrer dans la citadelle quelques autres pièces
de 24;
4° Faire une reconnaissance de toute la ville, qui est
environnée de murs;
5° Mettre des petites pièces dans les différentes tours,
pour défendre les quais;
6° Faire un projet pour la défense de l'isthme, qui a je
crois, un fossé plein d'eau et une contrescarpe, mais qui est dominé par une
hauteur dont il faut projeter l'occupation; il paraît que Passau est couvert
par le Danube et l'Inn, deux rivières importantes;
7° Tracer un ouvrage selon le croquis et les instructions
ci-joints, de manière qu'il y ait une tête de pont pour résister à une attaque
de vive force et empêcher le passage de l'Inn.
Vous ordonnerez à deux ingénieurs géographes de lever le
pays aux environs de la place, de reconnaître les routes de Passau à Ratisbonne,
en Bohême et à Linz, sur la rive gauche; la rive droite est suffisamment
connue.
Vous écrirez au sieur Otto une lettre dont le général
Chambarlhiac sera porteur. Vous le chargerez, après qu'il aura fini son travail
sur Passau, de voir Burghausen, et de s'assurer s'il ne serait pas possible
d'établir 3 à 4,000 hommes à l'abri de toute attaque.
Paris, 1er mars 1809
NOTE SUR PASSAU.
Passau est un poste important, surtout pour l'offensive.
En marchant en Autriche, rien ne peut être plus avantageux que de suivre le
Danube. Dès ce moment' l'armée ne peut manquer de munition, ni de vivres, et
alors elle peut manoeuvrer comme elle veut.
Dans ce plan de campagne, Passau est appelé à jouer un
grand rôle. Centre de l'armée, il doit contenir tous les magasins et en être
l'entrepôt. Tout doit arriver par le Danube. Il faut donc avoir des magasins
sur le bord de ce fleuve; il faut les avoir sur la rive gauche, c'est-à-dire du
côté de la citadelle. Il est donc nécessaire de faire l'inventaire de ces
magasins et de connaître la quantité de poudre et de biscuit qu'on peut y
déposer. Il y a là des bâtiments qui paraissent considérables. Il faut que tout
cela soit entreposé dans la citadelle, ou en bas dans les bâtiments qui seront
protégés par elle. Ainsi ce premier besoin sera rempli.
La position de la citadelle de Passau rend maître du pont
du Danube et aussi de celui de l'Inn, que la citadelle domine entièrement; mais
on n'est pas maître du passage de l'Inn.
D'un autre côté, l'espace défendu par la citadelle est
bien petit pour pouvoir être défendu par une armée; la ville tout entière ne
serait point de trop. Cette ville parait d'une facile défense. Il faudrait un
plan qui fit connaître la situation des murs et des quais sur une plus grande
échelle. Il y a une muraille, et un fossé que sans doute on peut remplir d'eau,
et qui dès lors est à l'abri d'un coup de main.
La hauteur qui est de ce côté n'est qu'à 200 toises et
paraît devoir être facilement occupée. Moyennant cette occupation, la place se
trouverait à l'abri d'un coup de main, Les troupes, les magasins, et 3 à 4,000
hommes qui se trouvent toujours sur les derrières d'une grande armée seraient à
l'abri des attaques d'une division ennemie qui porterait sur les derrières de
l'armée.
La citadelle actuelle exerce son action sur toute la rive
gauche du Danube; mais la rive droite de l'Inn domine entièrement la rive
gauche et la ville. Il est donc indispensable , par ces considérations et par
des considérations plus importantes encore, d'être maître de ce passage de l'Inn,
d'établir in un ouvrage sur la rive droite de l'Inn. Cet ouvrage, devant avoir
plusieurs buts, doit pouvoir être défendu avec 400 hommes, et cependant doit
avoir un développement assez grand pour servir de retraite à une armée. Dans
cette situation, un système de fortification analogue au croquis qu'on joint
ici paraît propre à remplir ce double but. Un réduit de quatre ou cinq cents
toises, vêtu en bois de pin, et trois bastions détachés, se flanquant entre eux
sur les hauteurs, construits comme des ouvrages de campagne réunis par un
chemin couvert, semblent atteindre le but qu'on se propose.
Il y a, entre la tête de pont de Praga et celle de
Passau, cette différence qu'à Praga on pouvait s'appuyer à la Vistule, le
terrain étant à niveau, et qu'ici il faut occuper la hauteur, en se réunissant
au fleuve par de simples lignes.
Ainsi donc on désire trois choses : 1 ° une
reconnaissance exacte du pourtour de Passau; 2° Un tracé des ouvrages qu'on
vient d'indiquer sur la rive droite de l'Inn; 3° un tracé de la gorge de la
ville du côté de l'isthme, avec un projet pour occuper la hauteur.
La citadelle serait à l'abri d'un coup de main avec 4 ou
500 hommes; les ouvrages sur la droite de l'Inn seraient défendus avec 5 ou 600
hommes. On aurait 1,800 hommes pour surveiller la place et occuper la hauteur
du côté de l'isthme. Ainsi, avec 3,000 hommes, on obligerait l'ennemi à un
grand siége, et on aurait pour la guerre d'Autriche le plus grand avantage
qu'on puisse avoir : un pont sur l'Inn et un pont sur le Danube. Il faut que
ces ouvrages soient poussés de manière qu'à la fin de mai ils soient exécutés.
On fera le plan des environs de la place à douze cents toises. Ainsi le premier
dépôt de l'armée serait Ulm, Passau ensuite, el l'intermédiaire serait
Ratisbonne ou Ingolstadt.
Paris, 1er mars 1809.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre lettre du 23 février. Rien
n'est imminent entre l'Autriche et nous. La saison n'est pas assez avancée pour
faire camper les troupes; je crains les maladies. Cependant j'approuve tout ce
qui tend à approvisionner les magasins, à organiser les équipages d'artillerie,
à armer les places et à faire avancer les corps qui sont le plus loin. Je
suppose que vous avez un chiffre avec le général Marmont; cependant vous ne me
le dites pas positivement; je désire savoir si vous lui en avez envoyé un. Ne
lui écrivez plus désormais qu'en chiffre. D'ailleurs, de petits bateaux peuvent
lui être expédiés facilement de Venise. Chargez-le de faire reconnaître les
frontières de la Croatie et la position qu'il faudrait prendre pour tenir en
échec le plus grand nombre de forces possible, et si peut-être le travail de
quelques fortifications sur la ligne des frontières ne serait pas utile; car
faîtes-lui bien comprendre qu'il faut qu'il serve à contenir une force
autrichienne un tiers plus forte que lui, et que, s'il restait inactif sur
Zara, il serait nul pour l'armée d'Italie.
Paris, 1er mars 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je vois avec plaisir que la frégate la Caroline et les deux bricks le Lépante et le Mameluk sont entrés à Ancône. J'ai ordonné à toute la division
que j'ai à Corfou de se rendre à Ancône; elle est composée de deux frégates et
de plusieurs bricks. Nous aurons alors des moyens de communication avec la
Dalmatie. J'ai fait remplacer les deux frégates de Corfou par deux frégates
neuves. Je verrai avec plaisir que la frégate la Corona se rende également à
Ancône.
Paris, 1er mars 1809.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, le mois de mars est encore trop froid pour
réunir la division italienne à Montecchiaro; préparez tout pour cela, mais
réunissez-la un peu plus tard. Il me semble que je vous ai fait venir deux bons
généraux de brigade d'infanterie de l'armée de Naples. Je sens que vous avez
besoin de deux généraux de brigades de cavalerie; je vous destine le général de
brigade Broc, qui a été grand maréchal du roi de Hollande. Il faut penser à un
bon général pour commander à Palmanova et à un bon colonel pour commander à
Osoppo, à de bons gouverneurs pour Venise, Mantoue. Faites-moi connaître quand
on commencera l'armement de Malghera. Faites-moi connaître la situation de
Palmanova et quel est l'approvisionnement de siége et de guerre qui a été fixé
pour cette place, ainsi que l'approvisionnement actuel, et quand il sera
complet.
Paris, 1er mars
1809
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon fils, vous
trouverez ci-joint l’extrait d’une lettre de mon consul en Bosnie.
Faites vérifier ce qu’il peut y avoir de réel dans cette dépêche et
instruisez-m’en : « Je cherche encore des renseignements positifs sur la
marche des troupes autrichiennes de la Slavonie, et sur les bruits de guerre
qui se sont répandus ici. Des marchands venus de Brood prétendent avoir vu
passer trois régiments de cavalerie aux environs de la ville, et se dirigeant
vers la Croatie. Des Turcs assurent que ces troupes se rassemblent avec
beaucoup d’artillerie à Dubitza, où l’on a formé une espèce de camp
retranché ; les Autrichiens ont déjà 12,000 hommes devant Isachich,
Bihatsch et Ostrovitza, frontières ottomanes, très-rapprochées de la Dalmatie.
En attendant, les
intrigues du consul d’Autriche semblent plus actives que jamais. Il a des
correspondants à Zara, Sebénico, Spàlatro, Raguse et Cattaro. Je vais envoyer
encore le messager infidèle qu’il a corrompu ; il sera adressé aux
premières autorités de Dalmatie avec des dépêches peu importantes ; mais
par un autre j’invite les fonctionnaires à faire observer mon messager
pour savoir à qui il remet des lettres.
(prince Eugène)
Paris, 2 mars 1809.
Au comte de Champagny, ministre des relations
extérieures, à Paris
Témoignez mon mécontentement au chef de division chargé
de cette partie de ce qu'on a poussé la négligence au point de ne pas se faire
adresser les journaux officiels des différentes cours de l’Europe. Il est
honteux qu'on n'ait point aux relations extérieures les journaux de Vienne, de
Saint-Pétersbourg, etc. Ce n'est pas la faute des ambassadeurs, mais de ceux chargés
de correspondre avec eux. En général, les bureaux des relations extérieures ont
besoin d'être remués.
Je désire que vous me présentiez un travail sur le budget
des relations extérieures, qui va toujours en augmentant, et que vous me
fassiez faire un état comparatif, chapitre par chapitre, des budgets des années
IX, X, XI, XII, XIII, XIV, 1806, 1807 et 1808, avec les demandes que vous
faites pour 1809. Les dépenses seront divisées en deux colonnes : la première,
pour les sommes décrétées au commencement de l'année, et l'autre, des sommes
dépensées; la seconde colonne sera intitulée Dépenses réelles. Les dépenses des
relations extérieures augmentent, et cependant nous n'avons ni légation de
Londres, ni légation de Lisbonne, de Rome, de Suède, etc.
Paris, 2 mars 1809
Au comte Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice, à
Paris
On m'assure qu'à Gènes, en 1808, il y a eu huit cents
naissances qui n'ont pas été portées sur l'état civil. Probablement il y en
aura davantage en Toscane, et u plus grand nombre dans les montagnes. N'y
aurait-il pas quelques mesures à prendre pour obliger les parents à faire
inscrire leurs enfants sur les registres de l'État civil ?
Paris, 2 mars 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
J'ai reçu votre rapport du ler mars sur les officiers à
employer au corps d'observation de l'armée du Rhin. Nous ne connaissons pas de
sous-chef d'état-major; cela complique l'administration et est même dangereux.
Le général d'Hastrel se rendra au corps d'Oudinot, d'où il sera retiré selon
les circonstances.
L'adjudant commandant Fourn a-t-il servi dans la
cavalerie ?
Paris, 2 mars 1809.
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, écrivez au général
Mathieu-Dumas, qui se trouve à Grenoble, de passer en revue les régiments
portugais et de vous faire connaître dans quel esprit ils sont, le cas qu'on
peut en faire, et si on peut les employer dans une guerre en Allemagne.
Paris, 2 mars 1809.
A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart
Monsieur mon Frère, je reçois votre lettre du 21 février.
Je vois avec plaisir que Votre Majesté est contente des troupes du général
Oudinot. Dans le courant de mars, j'aurai un corps d'armée de vingt régiments
d'infanterie et de cinq régiments de cavalerie, en Alsace. Le maréchal duc de
Rivoli en prendra le commandement et aura son quartier général à Strasbourg. Si
les circonstances me portent en Allemagne, je serai fort aise de passer
quelques jours dans votre belle maison de Ludwigsburg. Votre Majesté ne doute
point du plaisir que j'aurai de la revoir et de présenter mes hommages à la
Reine.
Paris, 2 mars
1809
Au prince
Cambacérès, archichancelier de l’Empire, à Paris
Présentez cette
pièce à M. Regnaud et dîtes-lui que pareilles recommandations pour des Juifs ne
peuvent lui faire que du tort.
(Brotonne)
Paris, 2 mars
1809
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je
vous ai mandé de faire armer Palmanova, mais il ne faut point pour cela faire d
fausses dépenses. Cet armement doit consister à palissader les chemins
couverts, ils l’étaient, je crois, déjà, et à armer les bastions et
cavaliers de la place où l’on ne travaille pas. On armera les lunettes si
cela peut se faire sans augmentation de dépenses ; on ne les armera pas
s’il doit en résulter de nouveaux travaux, vu qu’après même une
déclaration de guerre, on serait à temps de le faire. Cet armement se ferait
sous la protection des cavaliers et batteries de rempart. Expliquez bien mon
idée, et veillez à ce qu’elle soit suivie ; car e génie va me faire
pour deux ou trois cent mille francs de dépenses et retarder d’un an les
travaux de Palmanova et d’Osopo.
(prince Eugène)
Paris, 3 mars 1809.
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures,
à Paris
Monsieur de Champagny, faîtes connaître au sieur Bignon
la réponse que j'ai faite, que je comprenais point le traité qui appelle les
comtes de Hochberg à la succession de Bade; que, du jour où je l'aurai reconnu,
je ne pourrais m'empêche de traiter les jeunes comtes comme princes de sang de
Bade, et la définition de cette qualité est celle du droit du trône. Écrivez au
sieur Bignon de n'être pas contraire à cette affaire, d'avoir beaucoup
d'honnêtetés et d'égards pour les jeunes comtes, de cultiver leurs bonnes
dispositions, de s'expliquer peu sur ces affaires, de dire à la comtesse que je
ne suis point en opposition avec elle. Mais c'est une affaire à propos de
laquelle il faut marcher avec circonspection, ménager le margrave et se tenir
dans une mesure prudente. Recommandez au sieur Bignon d'envoyer fréquemment une
chronique de cette cour sur le grand-duc, sur le prince héréditaire, sur la
princesse, sur la comtesse, sur les comtes; faire connaître leurs noms, leur
âge, leurs dispositions; également pour les filles, s'il y en a. Recommandez,
en général, cela à tous mes ministres.
Le sieur Bignon doit éviter toute discussion avec le
ministre de Russie et être bien avec lui.
Paris, 3 mars 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre,
à Paris
Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de
formation d'une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous
me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a
des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner les marches aux
troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5e bataillons
pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite
formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à
compléter les 5e bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes
nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser
indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur
monde; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la
Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à La
Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500
pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500
à Metz et 10.000 Français en Italie; total ; 45,500 hommes.
Paris, 3 mars
1809
A M. Bigot de
Préameneu, ministre des cultes, à Paris
Faites moi connaître pourquoi l'archevêque d'Aix a
ordonné une neuvaine parce que la reine Louise était malade, et pourquoi l'on
fait prier les peuples pour des individus, sans la permission du gouvernement.
(Lecestre)
Paris, 3 mars 1809
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant l'armée
du Rhin, à Erfurt
Mon Cousin, expédiez un officier au général Oudinot pour
savoir si les têtes de pont du Lech, que j'avais fait faire dans la dernière
guerre, on été conservées, et combien de jours il faudrait pour les rétablir.
Paris, 3 mars 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, le 15 mars, vous ferez tracer la tête de pont
du Tagliamento, et on y travaillera de suite. Je désire avoir sur ce pont un
fort à étoiles de trois à quatre cents toises de développement, ayant de bons
fossés pleins d'eau, faisant réduit, et quatre redoutes formant trois fronts de
bastion ou un demi-hexagone de neuf cents à mille toises de développement. Ces
redoutes seront fermées à la gorge; on mettra de l'eau dans les fossés, si cela
est possible, pour qu'elles puissent se défendre isolément, et elles seront
flanquées de manière à pouvoir se défendre entre elles. On liera, par la suite,
ces redoutes par des fossés, des palissades et des chemins couverts, ce qui
formera la tête de pont; le réduit en assurera le passage. Vous me ferez
connaître ce qu'est devenue l'ancienne tête de pont de la Piave, et s'il y a
des ouvrages de campagne à faire sur les rivières en avant de Palmanova.
Paris, 3 mars 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre lettre du 25 février, où vous
me rappelez que j'ai trois camps en Italie: celui de Montecchiaro, celui
d'Udine et celui de San-Daniele. Je connais le camp de Montecchiaro, mais je ne
connais pas les deux autres; envoyez-m'en le tracé, et faîtes-moi connaître combien
de bataillons ils peuvent contenir et de quelle manière ils sont disposés.
Paris, 3 mars 1809.
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan
Mon Fils, Cesarotti a laissé une histoire des Papes;
faites-vous rendre compte de cet ouvrage, et, s'il tend à faire connaître le
mal que les Papes ont fait à la religion et à la chrétienté, faites-le imprimer
sans délai.
Paris, 3 mars
1809
Au comte
Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je vois dans
votre bulletin du 27 février que trois Piémontais très bornés parcourent le
Piémont, se disant commissaires autrichiens. Pourquoi ne les arrête-t-on
pas ? On dit que ceux qui ont reçu des bienfaits de moi ont demandé le
consentement du Roi de Sardaigne. Quelles preuves en a-t-on ? On dit que
le sieur Botton, juge de la cour de cassation, a tenu ce propos « que
depuis qu’il est venu à Paris, il méprise les Français » Qui prouve
ce propos-là et quel degré d’attention dois-je donner à ces
assertions ?
(Brotonne)
Paris, 3 mars
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin,
écrivez au maréchal Bessières pour savoir si le bataillon de Westphalie est
habillé comme je l’avais ordonné. Si cela n’est pas fait,
c’est très important à faire.
Donnez-lui l'ordre de faire
partir pour Madrid les 158 hommes du 32e et les 90 du 58e qui sont à
Duenas. Ces détachements formant 248
hommes rejoindront leur régiment. Dans l'état de la place de Bayonne du 12 au
13 février je ne vois point de troupes. On dirait qu'il n'y a personne.
Pourquoi n'ai-je l'état de situation de la place d'Aranda que du 15 février,
celui de Pampelune que du 10 ? Prenez des mesures pour que j'aie plus
promptement les états de situation,
(Brotonne)
Paris, 4 mars 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures
Monsieur de Champagny, je pense qu'il faut envoyer un
courrier à Saint-Pétersbourg.
Vous y enverrez la conversation que vous avez eue avec M.
de Metternich, et la note que vous devez lui remettre. Vous ferez connaître que
je fais réunir toutes les troupes de la Confédération, qu'il est indispensable
de sortir de cet état de choses; qu'il paraît que l'Autriche fait marcher ses
troupes; que je compte sur la promesse de l'Empereur de marché de son côté;
qu'enfin la paix avec l'Autriche n'est faisable que lorsque le continent sera
pacifié.
RAPPORT DE M. LE COMTE
DE CHAMPAGNY A SA MAJESTÉ L'EMPEREUR
Paris, 2 mars 1809.
Sire,
J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de Votre Majesté
le précis de mon entretien de ce jour avec M. l'ambassadeur de la cour de
Vienne.
L'Ambassadeur d'Autriche.
Monsieur le Comte, je viens vous annoncer l'arrivée du comte de Mier; il
a mis neuf jours à se rendre de Vienne à Paris. Il trouvé la route encombrée de
neige et de troupes. Je suis autorisé à vous prévenir que le courrier prochain
m'apportera la réponse de ma Cour à différentes notes que vous m'avez adressées
au sujet de cet officier italien insulté à Trieste et de l'acte de violence
exercé contre un homme d'Udine. Sa Majesté l'Empereur mon maître a ordonné à
cet égard des recherches dont on n'avait pas encore reçu à Vienne le résultat.
Le MINISTRE.
J'espère alors, Monsieur l'Ambassadeur, que votre courrier aura à
m'annoncer la répression de ces attentats, dont j'ai regretté d'avoie si
souvent de justes plaintes à vous porter.
L’Ambassadeur- J'ai aussi reçu l'ordre de ma Cour
de prévenir Votre Excel1ence que, ainsi que je l'avais prévu, le retour de
l'Empereur Napoléon, l'ordre donné aux princes de la Confédération du Rhin et
enfin quelques articles insérés dans les journaux français et allemands, ont
donné à ma Cour de justes inquiétudes, et qu'elle a cru devoir faire sortir ses
troupes du pied de paix où elles ont été jusqu'à présent; mais que l'Empereur,
mon maître, toujours animé des mêmes sentiments, ne prend de telles mesures que
parce qu'il s'y voit forcé, et qu'il conserve toujours à l'égard
de la France les dispositions les plus pacifiques.
LE MINISTRE. - Est-ce que vous voulez nous faire la
guerre, Monsieur l' Ambassadeur ?
L'Ambassadeur. Si nous avions voulu voua faire la guerre,
nous n'aurions pas attendu ce
moment : avant le mois de janvier, nos troupes auraient été sur le Rhin.
Le MINISTRE. Cela
n’eut pas été si facile, Monsieur de Metternich. Les moyens que avons à vous opposer en ce moment existaient au mois de janvier.
L’Ambassadeur. Mais l'Empereur était en Espagne
.....
LE MINISTRE. Oui,
mais en 1805, vous étiez à Ulm qu'il était encore à Boulogne, et il n’est
pas arrivé trop tard. Soyez vrai, si vous faîtes marcher des troupes, c'est que
la faction anglaise a pris le dessus à Vienne. On affecte des alarmes pour
séduire et entraîner l'Empereur; ceux qui sont au fait et qui dirigent ce qui
sr passe chez vous n'en ont pas ; d'ailleurs, ils ne peuvent pu avoir. Comment
seriez-vous alarmés dans ce moment, lorsque vous ne l'étiez pas au mois
d’août dernier ? Alors l'Empereur n'était pas en Espagne; alors il
couvrait toute l'Allemagne de ses troupes; il occupait sur vos derrières la
Silésie et le duché de Varsovie; les troupes de la Confédération du Rhin
étaient campées, et cependant vous
restiez tranquilles: vous vouliez attendre les évènements. Actuellement vous
feignez des inquiétudes, vous vous alarmez du retour de l'Empereur, comme s'il
avait dû rester toujours en Espagne; vous vous plaignez d'un avis donné aux
princes de la Confédération, comme si ces avis, qu'a rendus nécessaires la
continuation de vos armements, étaient autre chose que l'avis de se tenir
prêts; et vous m'annoncez que vous faites marcher vos troupes ! Pas un
homme n'a bougé de la part de la Confédération ni de la France. Si vous n'avez
pas fait la guerre à l'Empereur, vous lui avez ôté la sécurité de la paix; vous
avez précipité son retour; vous l'avez empêché de poursuivre les Anglais en
personne et de leur fermer le chemin de la mer, vous avez arrêté des
expéditions projetées contre l’Angleterre; des troupes qui se rendaient à Toulon et à Boulogne ont suspendu
leur marche à Lyon et à Metz. Par les menaces que vous avez faites, vous avez
servi l'Angleterre. Parlerais-je de cette fermentation dont on agite les États
autrichiens ? De cette opinion qu'on a dirigée contre la France ? Des insultes
faîtes à Trieste à des officiers français et italiens ? De l'assassinat de nos
courriers si longtemps impuni ? Des articles de la gazette de Presbourg ? Des fausses
nouvelles répandues sur l’Espagne ? De l'accueil fait à Trieste aux officiers de la frégate
espagnole envoyée par les insurgés ? Du
libelle de M. de Cevallos, répandus à Vienne avec profusion ?
L'AMBASSADEUR : Monsieur, cette brochure m’est
venue de Munich.
Le MINISTRE, Ne
pouvait-elle pas y être venue de Vienne ? Au reste, le livre s’est
vendu à Vienne ; il s’est vendu avec la permission de la
police. J’en ai vu l’annonce publique, et je sais qu’on annonce
ainsi que les livres dont elle permet la vente.
Je continue…. Partout vos agents se sont montrés les ennemis de la
France. Je cous mettrai sous les yeux des extraits de correspondance qui vous
feront connaître la conduite de votre internonce à Constantinople et celle de
votre consul en Bosnie.
L’AMBASSADEUR Mais n’avons-nous pas à nous plaindre
aussi de M. de Latour-Maubourg, qui a,
pour ainsi dire, déclaré la guerre entre la France et l’Autriche, en
rompant toute communication entre les Français et leurs alliés et les
Autrichiens ?
Le MINISTRE. Que devait donc faire M. de Latour-Maubourg
? Assister au triomphe des Anglais ? Vraiment, cela eût été trop
complaisant.
Voilà donc les griefs que nous pourrions alléguer contre
vous; et cependant vous savez si notre
conduite a été pacifique. A-t-on fait à votre cour une demande qui pût blesser
le plus faible de ses intérêts ? Vous a-t-on dit un mot dont vous puissiez vous
plaindre ? Vous avez répandu le bruit qu'on vous demandait Trieste, Fiume, la
Croatie .....
L'AMBASSADEUR. C'est dans la Gazette
d'Allemagne qu'on a imprimé cela.
LE MINISTRE. Mais par ordre de votre cabinet et par des
lettres venues de Vienne et de Presbourg; mais c'est en Autriche aussi qu' on
l'a imprimé. Et il vous était si facile de désabuser
votre peuple; avez-vous dit un mot pour cela ?
L'AMBASSADEUR. Mais ici me parle-t-on davantage ? Si
l'Empereur avait réellement des inquiétudes sur ce qu'on a appelé nos
armements, pourquoi, au lieu de se taire avec moi et d'appeler les troupes de
la Confédération, ne m'a-t-il pas parlé ? On se serait expliqué et probablement
entendu.
LE MINISTRE. A quoi cela aurait-il servi ? A quoi ont
servi des démarches semblables faites il y a cinq mois ? L'Empereur ne vous
parle plus, Monsieur, parce qu'alors il vous a parlé en vain, parce que vous
avez perdu auprès de lui, par des promesses trompeuses, le crédit qu'on accorde
au titre d'ambassadeur. Rappelez-vous
qu'alors vous promîtes qu'il ne serait plus donné suite à vos mesures
militaires; que les exercices de la milice discontinueraient avec la belle
saison, que la reconnaissance du roi Joseph ne souffrirait aucune difficulté,
et, sur tous ces points, vous vous disiez autorisé par votre Cour. D'ailleurs,
je répondrai en un seul mot : l'Empereur a pu être réservé avec un
ambassadeur que sa Cour avait, pour ainsi dire, désavoué, et qu'il a aussi
considéré comme auteur de démarches hasardées que les faits ont démenties; mais
il n'a pas fait appeler un seul homme de la Confédération. De l'avis de se
tenir prêt à celui de marcher que vous avez donné, il y a
loin. Les troupes qui étaient sur la Saône et la Meurthe y sont encore, et
n'ont pas bougé.
L'AMBASSADEUR.
Mais une partie de ces promesses a été effectuée; on n'a rien ajouté à
l'organisation militaire.
LE MINISTRE. On a tout fait pour inquiéter.
L'AMBASSADEUR. Je
ne crois pas que les exercices aient été continués pendant l'hiver.
LE MINISTRE. A Trieste, pendant l'hiver, les milices ont
été exercées dans le vieux théâtre.
L’AMBASSADEUR. Enfin, si le roi Joseph n'a pas été
reconnu, il faut l'attribuer à la conférence d'Erfurt. Certes, si l'Empereur
avait voulu admettre à cette conférence l'Empereur mon maître, ou seulement
s'il m'avait été permis d'y aller, ainsi que je l'avais proposé, la reconnaissance
aurait été prononcée. Elle ne l'a pas été, parce que cette conférence a donné
des soupçons, parce que la Russie est intervenue, parce que son langage, fort
peu amical, a offensé, parce que cette réunion de deux grandes puissances, dont
on ignorait les vues et les résolutions, a fait juger que cette affaire de la
reconnaissance se trouvait liée à d’autres arrangements dont on a cru
devoir exiger la connaissance.
LE MINISTRE. Votre promesse était absolue ; elle a
été faite dans un temps où la conférence d’Erfurt était prévue ;
elle était faite en retour d’une promesse du Gouvernement français
d’évacuer la Silésie, promesse qu'il a effectuée. Au surplus, ce résultat
de la conférence d'Erfurt vous a été connu. Vous savez bien qu’elle
n’était pas dirigée contre vous. Pourquoi donc n'avez-vous pas fait cette
reconnaissance.
L'AMBASSADEUR. - Mais le général Andréossy a rejeté la
reconnaissance conditionnelle que nous avions offerte. D'ailleurs, si nous
n'avons pas fait la reconnaissance, nous avons parlé de
conserver des relations amicales avec le roi Joseph, comme roi d'Espagne.
LE MINISTRE. Monsieur l'Ambassadeur, je crains que vous
ne vous trompiez; ces termes ne sont point dans la réponse de votre
cour !. Est-ce en faisant imprimer avec affectation les libelles des
insurgés, est-ce en quittant Madrid et en suivant les insurgés que votre chargé
d'affaires à Madrid a prouvé qu'il avait ordre d'être l'ami du roi .Joseph ? Au
surplus, que prétendaient la France et la Russie en vous demandant cette reconnaissance
? Faciliter la paix avec l'Angleterre, ne laisser à cette puissance aucune
chance de troubler le continent, et, par là, la porter à la paix dont tout le
monde a besoin. Vous êtes venus à la traverse, vous avez pris le langage et
embrassé la défense de l'Angleterre. Vous avez dit au public que vous armiez.
Vos gazettes, qui sont d'une si grande circonspection, ont été pires que les
plus mauvais libelles de Londres. La paix avec l'Angleterre n'a pas eu lieu.
L'Angleterre triomphe à Constantinople de vous voir courir à
la guerre. Qu'en espérez-vous ?
L'AMBASSADEUR.
Actuellement que nos troupes vont sortir de l'état de paix où elles
étaient, on verra la différence entre cet état et celui où elles vont se
placer.
LE MINISTRE. On verra les résultats de neuf mois de
préparatifs. Croyez-nous de bonne foi qu'ils puissent faire peur et en imposer
à personne ? Au surplus, je vous le répète, l'Empereur, qui ne vous demande
rien que de le faire jouir de la sécurité de la paix, ne veut pas la guerre; il
la fera si vous l'y contraignez. Il ne vous
en a pas donné le plus léger prétexte. Je lui rendrai compte de la
communication que vous de me faire. Je ne sais où vos mesures entraîneront;
mais, si la guerre a lieu, c'est parce que vous l'aurez voulue.
L'AMBASSADEUR (en s'en allant). Je ne parle jamais de
moi; mais vous savez comme je suis traité dans les cercles de la Cour. On m'a
dit que l'Empereur se plaignait du traitement fait à son ambassadeur à Vienne.
Je proteste que le général Andréossy a, jusqu'à ce dernier moment, été
parfaitement traité par l’Empereur mon maître.
LE MINISTRE. Vous savez, Monsieur l'Ambassadeur, qu'il
n'y a pas de rang établi à la Cour. L'Empereur ne se plaint pas de M. de
Metternich ; mais il ne peut plus
accorder la même confiance à l'ambassadeur qui a été, pour ainsi dire,
démenti par sa propre Cour. Votre Cour, en n'exécutant pas vos promesses, a
seule blessé la dignité de votre caractère.
Paris,
4 mars 1809.
Au
général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, mon intention est de changer
la direction des divisions Boudet et Molitor, et de les diriger sur-le-champ,
par le plus court chemin, sur Ulm. Je vous indiquerai demain la route
qu’elle devront suivre.
Je désire, en conséquence, que les divisions Saint-Cyr et
Legrand partent sans délai de Metz et arrivent le plus tôt possible à
Strasbourg. Je suppose que cs deux divisions pourront partir après-demain, 6,
de Metz, et pourront ainsi être arrivées à Strasbourg le 12 ou le 13.
Donnez ordre au général Montbrun d'être rendu à
Strasbourg le 12 mars.
Donnez ordre au général Gudin d'être rendu au quartier
général de Würzburg à la même époque.
Faîtes connaître au maréchal duc de Rivoli que je désire
que son quartier général soit établi à Strasbourg dès le 12 mars, au lieu de
l’être le I5.
Donnez ordre au général Songis d'être rendu le 15 de ce mois à Strasbourg, pour prendre le commandement en
chef de l'artillerie des troupes que j'ai en Allemagne.
Paris, 4 mars 1809.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Paris
Mon Cousin, écrivez au général Gouvion-Saint-Cyr, qu'une
division allemande de 6,000 hommes est dirigée sur l'armée, pour faire le siège
de Gérone, de concert avec une autre division de 10.000 hommes, qui est aux
ordres du général reille. Envoyez votre lettre au général Reille, pour
qu’il la fasse transcrire en chiffre et l’envoie par un exprès au
général saint-Cyr.
Paris, 4 mars 1809
A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid
Mon Frère, je reçois votre lettre du 22 février. Vous
avez eu tort d'envoyer du renfort à Saragosse; il y avait autant de troupes
qu'il en fallait; il était plus nécessaire d'y envoyer des mineurs et des
sapeurs. Les généraux demandent toujours; c'est dans la nature des choses. Il
n'y en a aucun sur lequel on puisse compter pour cela. Il est tout simple que
celui qui n’est chargé que d’une besogne ne pense qu’à
cela ; plus il a de monde et plus il a de sûreté pour ce qu’il a à
faire. C’est une grande faute qu’on fait lorsqu’on prend en
considération leur demande, si elle
n'est pas de nature à être accueillie.
Paris, 4 mars 1809
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon Frère, je reçois votre lettre du 28 février. Les
rapports que vous m'envoyez sur Vienne ne peuvent me servir, puisqu'ils sont
sans date et que je ne puis les comparer à ceux que j'ai déjà.
Il est possible
que les troupes qui sont de vos côtés (sic) partent; il faut alors une garnison
pour occuper Magdeburg.
Paris. 4 mars 1809
Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt,
commandant l’armée du Rhin, à Erfurt
Mon Cousin, les troupes de Saxe et de Pologne étant sous
vos ordres, vous devez, par le courrier expédié aujourd'hui pour porter aux
troupes de votre corps d'armée l'ordre de se réunir à Bamberg, prescrire que
toutes les troupes saxonnes se réunissent en deux camps autour de Dresde, de
manière qu’il y ait, pour la défense de cette capitale et du territoire, 23,000 hommes d'infanterie et 3,300 chevaux,
avec l'artillerie nécessaire. Envoyez des ordres en même temps pour que toutes
les troupes polonaises se réunissent en trois divisions sous Varsovie. Il est
nécessaire que les troupes saxonnes et polonaises soient ainsi placées pour le
20 mars. Les troupes qui sont en garnison dans les places de l’Oder doivent
y rester. Praga, Sierock et Modlin seront occupées par la droite des troupes,
de sorte que si les Autrichiens se dégarnissent en Galicie, ce corps, composé
de 15.000 hommes, infanterie et cavalerie, puisse se diriger sur Cracovie. Le
sieur Bacher cous donnera l’organisation de la 3e division,
des corps réunis de Nassau, formant deux régiments, mais dont l’un est en
Espagne ; d’un régiment de Würzburg, qui en a un autre en
Espagne ; du régiment des maisons ducale de Saxe ; du régiment de
Lippe et d’Anhalt et du régiment de Schwazburg, Reuss et Waldeck. Il est
nécessaire que vous preniez des mesures pour les y diriger. Vous causerez de
cela, en passant à Francfort, avec le sieur Bacher, qui est au fait de ces
affaires.
Paris, 4 mars 1809
A M. Otto, ministre plénipotentiaire de France, à Munich
J'envoie un officier d'ordonnance porter la réquisition
de réunir l'armée bavaroise; je me suis décidé à cette mesure, parce qu'il paraît
que les Autrichiens font sérieusement des mouvements. Cependant je ne les crois
pas assez insensés pour commencer les opérations ayant l'armée russe sur les
flancs. Recommandez au roi de faire armer et approvisionner Forchheim, Bamberg,
Passau et Kufstein. Le duc de Rivoli sera le 12 à Strasbourg. La division
Molitor et la division Boudet, que je voulais d'abord réunir à Strasbourg,
reçoivent l'ordre de se détourner à Belfort, de passer par Huningue et, de là,
de se diriger sur Ulm, où elles arriveront le 20; probablement qu'à cette
époque le duc de Rivoli aura son quartier général à Ulm.
Les Wurtembergeois se réunissent à Neresheim, les Hessois
à Mergentheim, les Saxons devant Dresde, et les Polonais entre Varsovie et
Cracovie. Le duc d'Auerstaedt aura réuni à la même époque tout son corps
d'armée à Bamberg. Ainsi les Autrichiens verront que nous sommes prêts. Je ne
me presse pas d'arriver, parce que je ne pense pas que l'Autriche attaque, et,
si je me prête à ces armements, ce n'est que pour éviter à la Confédération la
honte de trembler.
L'armée d'Italie se concentre également.
6,000 hommes d'infanterie et 2,000 hommes de cavalerie, qui appartiennent aux
régiments de l'armée du duc de Rivoli, vont traverser le Tyrol pour se rendre à
Ulm.
Je suppose que le roi de Bavière aura
établi des magasins à Ulm et à Augsbourg. Je désire qu'il en établisse aussi à
Nördlingen, et qu'il fasse faire un million de rations de biscuit. Voyez
Montgelas pour que cette fabrication ait lieu sans délai; je payerai. Il faudrait que cet approvisionnement fût
préparé sur les points suivants: 200,000 rations à Ulm; 200,000 à Ingolstadt;
200,000 à Passau; 200,000 à Munich et 200,000 à
Augsbourg. Veillez à ce qu'on y travaille de suite.
Si des évènements extraordinaires
arrivaient, je serais comme un éclair à Munich. Dans ce
cas, voyez le Roi pour qu'il fasse tenir secrètement à ma disposition 5 ou 6
chevaux de main de ses écuries. Mais, encore une fois, je ne crois pas cela
nécessaire, et les Autrichiens ne tarderont pas à savoir qu'il y a plus de
troupes en Allemagne et en Italie qu'ils ne peuvent se l'imaginer.
Paris, 4 mars 1809
A Monsieur de Talhouet,
Officier d’ordonnance de l’Empereur, à Paris
Monsieur de Talhouet, vous partirez
sur-le-champ pour Karlsruhe; vous y porterez une lettre au grand-duc
de Bade. De là vous irez à Stuttgart, où vous
remettrez une lettre au roi de Wurtemberg. Vous continuerez votre route sur
Munich, où vous remettrez au roi de Bavière la lettre ci-jointe.
En passant à Augsbourg, vous verrez le
général Oudinot. Vous le préviendrez que j'établis une estafette de Mayence à Augsbourg, et que je désire qu'il écrive tous les jours
par cette estafette au major général, qui est le prince de Neuchâtel, et qu'il
corresponde fréquemment aussi avec le duc d'Auerstaedt.
Vous irez voir le prince de Neuchâtel, qui
a des lettres pour l'Allemagne; mais, si à neuf heures elles n’étaient
pas prêtes, vous ne les attendrez pas.
Vous descendrez
chez mes ministres, dans les différentes cours où vous irez, et vous attendrez
des réponses. Si on vous parle de guerre, vous aurez le ton rassurant et direz que de nombreuses troupes marchent de tous côtés
sur les frontières.
Paris, 4 mars
1809
A Charles,
prince primat de la Confédération, évêque de Ratisbonne, à Francfort
Mon Frère, les
nouvelles que je reçois de Vienne me font juger convenable de réunir sans délai
les troupes de la Confédération. Il est donc nécessaire que le régiment de
Nassau, celui des Maisons ducales de Saxe, celui de Würzburg, celui de Lippe et
d’Anhalt, et celui de Schwarzburg, Reuss et Waldeck, se mettent en marche
pour se réunir le 20 mars à Würzburg, où le maréchal duc d’Auerstaedt,
sous les ordres duquel doivent se trouver ces régiments, aura son quartier
général.
Paris, 4 mars 1809
A Charles-Frédéric, Grand-Duc de Bade, à
Karlsruhe
Mon Frère, les
nouvelles que je reçois de Vienne me font juger convenable de réunir sans délai
les troupes de la Confédération. Il est donc nécessaire que Votre Altesse Royale
donne des ordres pour que ses troupes, infanterie, cavalerie et artillerie,
soient réunies à Rastadt et à Pforzheim du 15 au 20
mars, savoir : trois régiments d’infanterie de ligne complets, un
bataillon d'infanterie légère, un régiment de cavalerie et douze pièces
d'artillerie. Le 15 mars le maréchal duc de Rivoli sera rendu à Strasbourg, où
il portera le quartier général du corps d'observation du Rhin, dont les troupes
de Votre Altesse font partie.
Paris, 4 mars 1809
A Frédéric, roi de
Wurtemberg, à Stuttgart
Monsieur mon Frère, les nouvelles que je reçois de Vienne me font juger
convenable de réunir sans délai les troupes de la Confédération. Il est donc
nécessaire que Votre Majesté donne des ordres pour que ses troupes, infanterie,
cavalerie et artillerie, soient réunies du 15 au 20 mars, et cantonnées entre
Aalen, Neresheim et Heidenheim. Dans peu de jours, le ministre de Votre Majesté
recevra une note de mon ministre des relations extérieures, qui lui fera
connaître l'état des choses et la convaincra de l'injustice et de la folie de
l'Autriche.
Paris, 4 mars 1809
A Maximilien-Joseph, roi de Bavière, à Munich
Monsieur mon Frère, les circonstances me
font juger convenable de réunir les contingents de la Confédération. Le 15 mars
le quartier général du maréchal duc de Rivoli, commandant le corps
d'observation du Rhin, sera à Strasbourg,
prêt à passer le Rhin si les circonstances le rendent nécessaire. Le maréchal
duc d'Auerstaedt aura son quartier général le 20 mars à Würzburg, et tout son
corps d'armée sera réuni de Bamberg à Bayreuth. Tous les contingents de la
Confédération ont ordre de se réunir.
Paris, 4 mars 1809
A Louis X, Grand-Duc de Hesse-Darmstadt, à Darmstadt
Mon Frère, les nouvelles que je reçois de
Vienne me font juger convenable de réunir sans délai les troupes de la
Confédération du Rhin, Il est donc nécessaire que Votre Altesse Royale donne
des ordres pour que ses troupes soient réunies à Mergentheim le 20 mars, savoir
: quatre bataillons d'infanterie de ligne, deux bataillons d'infanterie légère,
trois escadrons de chevau-légers et une artillerie de six pièces de canon. Le
12 mars le maréchal duc de Rivoli sera rendu à Strasbourg, où il portera le
quartier général du corps d'observation du Rhin, dont les troupes de Votre
Altesse font partie; je la prie de lui en faire envoyer l'état de situation.
Paris, 4 mars
1809
DÉCISION
Je viens d'être
informé que le général Jacopin, l'un des deux généraux de brigade que Sa
Majesté m'a ordonné d'envoyer au corps du général Oudinot, se trouve par sa
mauvaise santé hors d'état de pouvoir servir en ce moment à l'armée. J'ai l'honneur de
proposer à Sa Majesté pour le remplacer l'un des deux généraux de brigade
Dalesme et Sarrazin que j'avais présentés en concurrence avec cet officier
général et le général Lesuire qui est parti pour sa nouvelle destination. |
Le général Sarrazin est incapable. Je ne connais pas l'autre général. Il faut de bons généraux au corps du général Oudinot |
(Brotonne)
Paris, 5 mars 1809
Au vice-amiral Decrès, ministre de la
marine, à Paris
Monsieur le
Vice-Amiral Decrès, envoyez-moi, dans la journée, une relation de la sortie de
l’escadre de Brest et du combat des frégates, afin que je la fasse mettre
demain dans le Moniteur.
Paris, 5 mars 1809
A Eugène napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, le 1er régiment de
ligne italien a quatre bataillons en Italie, le 2e en a deux, le 3°
en a quatre; ces trois régiments feront dix bataillons, qui, avec l'infanterie
légère, pourront former une division active. Il faut presser le retour des 1er
et 3e bataillons du 8c de ligne, qui sont à Tarente. Le 4e de ligne a 1,400
hommes en Italie. Vous verrez, par le décret que je viens de prendre et que
vous enverra Aldini, que je donne ordre qu'il soit formé en Italie un nouveau
3c bataillon, en remplacement de celui qui est en Espagne avec les deux
premiers, parce que j'évalue que les pertes que ce régiment aura faites en
Espagne mettront dans le cas d'incorporer ce 3c bataillon dans les deux
premiers. Par ce moyen, ce régiment aura en ligne, en Italie, le nouveau 3e
bataillon et le 4c.
J'ordonne que le 5c
de ligne, qui a quatre bataillons en Espagne, soit réduit à trois; il
sera formé un nouveau 4e
bataillon en Italie. J'ai donné ordre que le 3c bataillon du
6e de ligne soit incorporé dans les deux premiers et que le cadre
rentre en Italie. Prenez des mesures pour que ce régiment ait en Italie les 3c
et 4c bataillons au grand complet et prêts à entrer en campagne.
Faîtes rentrer à Livourne les deux bataillons qui sont à l'île d'Elbe. Le 7c
régiment n'a que trois bataillons; j'ordonne que le 4e et le 5c
soient formés. J'ordonne que les trois premiers bataillons du 1er régiment d'infanterie légère, qui sont en Espagne,
soient réduits à deux; un nouveau 3e bataillon sera formé en Italie.
J'ordonne la même mesure pour les trois bataillons du 2c d'infanterie
légère. Cela fera donc onze bataillons, tant d'infanterie légère que
d'infanterie de ligne, à mettre en campagne. Il faudra reformer sept nouveaux
bataillons; alors l'armée d'Italie, composée de dix régiments, se trouvera
avoir cinquante bataillons, savoir : douze en Espagne, deux aux Sept-Îles, un
en Dalmatie et trente-cinq en Italie, dont vingt-cinq bataillons de guerre et
dix de dépôt. Faites organiser sans délai ces bataillons. Il est de la plus
grande importance que mes divisions soient complétées, car les dispositions de
l'Autriche deviennent de plus en plus hostiles. Complétez les deux escadrons de
chasseurs du Prince royal, ce qui, avec les cadres des dragons de la Reine,
formera six escadrons. Il faut donner ordre que
le 4e escadron des dragons Napoléon soit incorporé dans les trois
premiers, qui sont en Espagne, et que le cadre revienne en Italie; cela vous
fera sept escadrons pour l'armée, ce qui devrait former 1,400 chevaux.
Faites effacer des contrôles, pour être
portés à la suite, les hommes qui seraient prisonniers de guerre. Je vois qu'il
manque au complet encore 9.400 hommes; il faut me proposer des mesures pour les
compléter sans délai.
Paris, 6 mars 1809.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à
Paris
Monsieur le Vice-Amiral Decrès, j'ai reçu
votre lettre sur les allégations du contre-amiral Willaumez. Je désirerais
avoir la copie de la lettre que vous a écrite le préfet maritime de Brest, et
dans laquelle il assure que des signaux ont été faits. Pourquoi n'a-t-il pas
envoyé un courrier ? Du 21 à la pointe du jour au 22 à cinq heures du soir,
cela fait trente-six heures; et il n'y a de Brest à Lorient que trente-cinq
lieues, route qu'un courrier aurait pu faire en douze heures. Pourquoi n'a-t-il
pas établi des signaux par batteries de canon, puisqu'il est prouvé que la
transmission des signaux par les télégraphes n'est pas sûre ? Si tout ceci
avait été bien mené, comme le comportait le bien de mon service, on aurait été
prévenu à Lorient le 21, avant la fin de la journée à Rochefort. Je ne vois pas
non plus ce qui a empêché le contre-amiral d'appareiller de l'île d'Aix, ni ce qui
a pu l'autoriser à passer la nuit dans une rade où la sûreté de son escadre
était exposée. Quant au capitaine Bergeret, je ne vois pas ce qui peut
l'excuser de n'avoir pas appareillé; il devait appareiller avec un vaisseau,
s'il n'avait qu'un vaisseau disponible. Je crois vous avoir mandé d'appeler le
contre-amiral Willaumez et le capitaine
Bergeret, pour rendre compte de leur conduite.
Vous avez dû expédier un courrier au contre-amiral
Allemand, pour qu'il aille prendre le commandement de mon escadre de l'île
d'Aix. Faites-moi un rapport sur la situation actuelle de celte escadre; je
désire savoir si je puis encore m'en servir pour envoyer des secours à mes
colonies, qui en ont grand besoin. Cette expédition serait d'autant plus utile
que j'ai des troupes à l'île d'Aix, el qu'il serait possible d'embarquer sur
l'escadre environ 2,000 hommes; ce qui mettrait la Martinique à l'abri de
tout évènement.
Je suppose que vous avez fait passer les
équipages des Sables sur les frégates que j'ai à Nantes; ainsi, à
l’heure qu’il est, les frégates la
Clorinde et la Renommée doivent
être prêtes à partir. Donnez ordre qu’on profite de ce moment où il n’y a pas de croisière devant
Lorient pour y faire passer le Vétéran. Vous aurez sans doute donné
l’ordre que le vaisseau l'Eylau soit armé avec l'équipage de nos
frégates; ainsi je suppose que j'aurai prêtes à partir de Nantes deux frégates,
la Clorinde et la Renommée et de Lorient l'Eylau et le
Vétéran et la corvette la Diligente. Mon intention n'est donc pas
d'envoyer aucun homme de mon escadre de Boulogne à Nantes, ni au Havre. Je
désire ne retirer de Boulogne que ce qui est nécessaire pour armer mon escadre
de Flessingue et la porter à dix vaisseaux. Présentez-moi un projet de décret
là-dessus. La perte du Jean-Bart doit donner des marins disponibles pour
armer le Triomphant. Donnez des ordres et prenez des mesures pour que le
Triomphant soit mis en rade avant le 15 avril, et que l'équipage du Jean-Bart
lui soit destiné. Envoyez moi un état de la situation de ma marine au 1er
mars. Les frégates la Clorinde et la
Renommée se rendront à Cayenne et ensuite croiseront. Les troupes
d'embarquement à Bayonne, à Bordeaux, à la Rochelle, à Lorient et au Havre ne
manquent point. Présentez-moi à signer les ordres pour la partance de ces
bâtiments.
Activez les armements à Bayonne, afin que,
cet été, je puisse envoyer des mouches et des bricks dans mes colonies. Faites
faire des paquets de gazettes contenant les nouvelles des événements d'Espagne
et les proclamations du Roi. Écrivez même à M. Laforest, à Madrid, pour qu'il
demande aux ministres du Roi les paquets qu'ils auraient à faire passer aux
colonies. Beaucoup de lettres qui arrivent en Espagne disent que ces colonies
sont encore très-incertaines, et que les gens de bon sens y prévoient l'issue
qu'auront les événements d'Espagne.
Réitérez à mon escadre de Flessingue
l'ordre de se tenir prête à partir. Mandez à l'amiral qu'il visite lui-même les
batteries de la côte, pour s'assurer qu'elles sont en bon état.
Paris, 6 mars 1809.
Au général Clarke, comte
d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Faites-moi un
projet de lettres patentes sur parchemin, avec le grand sceau de l'État, qui
donne le commandement de Palmanova au général Walther .
Après la formule
et le préambule d'usage, qu'il lui soit ordonné expressément de ne s'éloigner
de l'intérieur de la place que d'une portée de fusil, et tout au plus d'une
portée de fusil; qu'il est spécialement chargé de conserver le complet de
l'organisation, de la surintendance, des approvisionnements d'artillerie et des
magasins; qu'il ne doit, sous aucun prétexte, rendre la place. Investi et
assiégé, être sourd à tout ce que l'ennemi pourra dire: que les Français
repassent les Alpes, que Paris est pris, etc., etc. En général, peu de
communications avec l'ennemi.
Enfin il perdra
notre estime, encourra la rigueur des lois qui condamnent à mort lui et tout
l'état-major s'il livre la place, même quand les deux lunettes seraient prises,
le corps de la place ouvert. Que si l'ennemi avait fait sauter la contrescarpe,
il doit alors retrancher le bastion et s'exposer aux hasards d'un assaut. Que
la vie d'un Français n'est rien en comparaison de son honneur et qu'il ne doit
pas avancer la reddition d'une heure, sous prétexte d'une rédaction honorable.
Rédigez ces lettres
patentes avec soin; elles serviront de lettres patentes pour les autres places.
Paris, 6 mars
1809.
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
12,000 prisonniers arrivent de Saragosse. Il en meurt 3 à 400 par jour; ainsi on peut calculer qu'il
n'en entrera pas en France plus de 6,000. Mon intention est que les officiers
soient séparés et envoyés du côté du nord. Quant aux soldats, vous en ferez
diriger 4,000 sur Niort, où on les emploiera au desséchement des marais de
cette côte. Ils seront répartis de la manière suivante: 1,000 à Niort, 1,000 à
Saintes, 1,000 à la Rochelle, et 1,000 à Rochefort.
Ces prisonniers seront sous les ordres du général Dufour,
qui les fera garder par la brigade qu'il réunit en ce moment. Le cinquième
mille sera envoyé en Dauphiné, où il sera employé aux travaux de desséchement
ordonnés dans cette contrée. Enfin le sixième mille sera dirigé sur le
Cotentin, où il travaillera au desséchement des marais. Vous recommanderez un
régime sévère, et que des mesures soient prises pour faire travailler ces
individus de gré ou de force. Ce sont pour la plupart des fanatiques qui
n'exigent aucun ménagement. Commencez par donner dans la journée vos ordres au
duc de Valmy et au général Dufour, et après concertez-vous avec le ministre de
l'intérieur.
(Lecestre)
Paris, 6 mars 1809.
A Alexandre, prince de
Neuchâtel, major-général, à Paris
Mon Cousin, prévenez le maréchal duc d'Auerstaedt que
j'ai donné ordre à M. Otto de demander au roi de Bavière qu'il soit fabriqué un
million de rations de biscuit, savoir : 200,000 à Ulm, 200,000 à Ingolstadt,
200,000 à Passau, 200,000 à Augsbourg et 200,000 à Munich. Chargez le maréchal
de tenir la main à l'exécution de cette disposition.
Donnez ordre au duc d'Auerstaedt de faire diriger sur le point le plus près du
Danube, soit sur Ratisbonne, sur Ingolstadt, soit sur Neuburg ou Donauwoerth,
la plus grande partie des souliers et biscuit qui sont dans les magasins de
l'armée d'Allemagne. Il y a des souliers à Magdeburg, à Hanovre: il faut les
faire venir; il faut faire venir ce qu'il y a dans les magasins de Stettin, de
Glogau et de Küstrin. Il y a aussi des souliers à
Mayence; il faudrait les diriger sur Ulm. Les magasins de Magdeburg contiennent
5,000 habits d'infanterie et d'artillerie, 1,200 vestes, 1,600 capotes, 10,000
chemises, etc. Faites diriger tout cela sur Ulm et Donauwoerth. Il y a 400,000
rations de biscuit à Magdeburg, 200.000 à Forsheim, 160.000 à Kronach, 130.000
à Bamberg, 220.000 à Würzburg, total, 1.110.000 rations ; je ne parle pas
de ce qui est à Dantzig, Stettin, Gloggau, Küstrin. Il serait bon de diriger
une grande partie de ces magasins sur Donauwoerth. Mon intention est que le
premier magasin de l’armée du Rhin soit formé à Donauwoerth. Il y aura
sur ce point un magasin d’habillement, un magasin de subsistances et un
magasin de cartouches. De là, ces effets pourront être dirigés sur le Danube,
selon les ordres que je donnerai.
Paris, 6 mars 1809
A
Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid
Mon Frère, je reçois votre lettre du 25.
Pourquoi le maréchal Ney n'enlève-t-il pas les Asturies ? A quoi sert-il qu'il
borde la côte ? Si les neiges ne rendent pas le pays impraticable, il devrait
déjà l'avoir soumis.
Paris, 6 mars 1809
A Louis Napoléon, roi de Hollande, à La Haye
Mon Frère, je m'empresse de vous annoncer
que j'ai jugé convenable de nommer le prince Napoléon-Louis, votre fils,
grand-duc de Berg.
Paris, 6 mars 1809
A M. de Lespinay, officier d’ordonnance de
l’Empereur, à Paris
Monsieur Lespinay, vous vous rendrez en toute diligence à
Metz. Vous vous informerez si la division de quatre ·régiments westphaliens est
arrivée dans cette place. Vous verrez dans quel état elle est et quelle
tournure ont les hommes. De là, vous irez à Mayence. Vous m'enverrez de cette
ville l'état de situation des troupes qui s'y trouvent, celui du régiment de
marche de l'armée du Rhin, en me faisant connaître leur tenue et s'il ne leur
manque rien. Vous me ferez, de Mayence comme de Metz, un rapport par écrit.
Vous continuerez votre route sur Dresde, et si le Roi n'y est pas, vous irez
jusqu'en Pologne, à Varsovie, où vous resterez deux ou trois jours, et vous me
rapporterez la réponse à la lettre ci-jointe que vous remettrez au roi de Saxe.
Arrivé à Erfurt, vous remettrez la lettre au roi de Westphalie à l'officier
qui commande dans celle place, pour qu'il l'envoie à Cassel par un exprès.
Vous me ferez connaître de Dresde, par un rapport, ce que fait l'armée saxonne
et dans quel état elle est.
Paris, 6 mars 1809
A Frédéric-Auguste, roi de Saxe, à Dresde
J’envoie à Voire Majesté, mais pour elle seule, la
conversation qui vient d'avoir lieu entre M. de Champagny et M. de Metternich,
qui lui fera connaître l'état des choses. Celle déclaration a été suivie
d'effets; car, depuis, il m'est revenu tous les jours de Trieste, de Munich, de
Dresde, de Vienne et de différents points de l'Autriche, que tout est sur pied.
Je me suis donc décidé à faire un appel aux troupes de la Confédération. J'ai
dû faire lever mes cantonnements de la Saône, du Rhône et de la Meurthe, et
faire passer le Rhin à des troupes que j'avais
destinées aux camps de Boulogne et de Toulon, et que les mouvements hostiles de
l'Autriche m'avaient fait arrêter au milieu de la France. J'ai ordonné au
prince de Ponte-Corvo de se rendre à Dresde, pour prendre le commandement d'un
corps d'armée dont le contingent de Votre Majesté fait partie. Ainsi, au 20
mars, quand Votre Majesté recevra cette lettre, j'aurai des armées à Ulm, à Bamberg, à Augsbourg et sur tous les points de la
Confédération, pour en protéger le territoire. L'empereur de Russie est aussi
étonné que moi de l'esprit de vertige qui s'est emparé des Autrichiens. Ses
troupes doivent s'être approchées des frontières de la Hongrie.
Votre Majesté donnera sans doute le commandement des troupes polonaises au
prince Poniatowski; en attendant que les affaires se décident, il faut qu'elles
menacent la Galicie; ce qui obligera les Autrichiens à y tenir des forces considérables. Les postes de cavalerie polonaise doivent
s'avancer le plus possible vis-à-vis Cracovie,
sans quitter cependant le territoire du duché. Je ne vois pas
d'inconvénient à ce que Votre Majesté en retire tous les Saxons qui s'y
trouvent pour les réunir à Dresde, en laissant à Danzig ce qui
s'y trouve, et les garnisons des places de l'Oder. Encore Votre Majesté
pourrait-elle retirer de Danzig son beau régiment de cuirassiers, et, par ce
moyen, tâcher de compléter une trentaine de mille hommes, à Dresde, des troupes
de Votre Majesté, qui mettent son pays à l’abri de toute incursion.
Ces préparatifs vont tous nous ruiner.
L’Autriche est en train de se ruiner depuis longtemps. Tout ceci
amènera-t-il la guerre ? C’est ce qui est encore douteux. Quant à
moi, je n'ai point envie d’attaquer, car je n'ai pas l'habitude de me
battre sans raison. J’attendrai que le mystère de la conduite de
l'Autriche soit expliqué, el qu'on voie l'issue que tout ceci doit avoir.
Paris, 6 mars 1809
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon Frère, je reçois votre lettre du 1er
mars. Les armes de la division Morio vous seront renvoyées de Metz; je la ferai
armer avec des armes françaises. J'ai donné ordre au prince de Ponte-Corvo de
porter son quartier-général à Hanovre. Les Saxons prennent position devant
Dresde. Le duc d'Auerstaedt réunit tout son corps d'armée à Bamberg. Le
maréchal duc de Rivoli sera le 20 mars à Ulm, avec un corps venant de France.
Les Bavarois campent, en trois divisions, à Munich, à Straubing et à Landshut;
les Wurtembergeois, à Nereisheim; les troupes de Hesse-Darmstadt, à
Mergentheim; les Badois, à Pforzheim. Les
régiments de Nassau, des Maisons ducales de Saxe et des autres petits princes
se dirigent sur Würzburg, où le duc d'Auerstaedt aura, le 20 mars, son quartier
général. Je laisserai reposer, pendant quelques jours, votre division à Metz,
et, quand on m'aura rendu compte de sa situation, je verrai quel parti j'aurai
à prendre.
Renforcez vos troupes le plus possible, pour pouvoir d'abord maintenir l'ordre
chez vous, réprimer une insurrection qui éclaterait dans le Hanovre, et même,
si vous aviez un corps respectable, vous porter où les circonstances
l’exigeraient. Si vous pouvez former un corps de 10,000 hommes et de
1,500 chevaux avec douze pièces d'artillerie, vous pourrez faire parler de vous
d'autant plus glorieusement que vous agirez avec vos propres troupes. Mais il
ne faut point lever trop de corps, car je ne sais pas jusqu'à quel point on
peut se fier aux soldats que vous avez.
La Russie fait marcher ses armées sur les confins de
l'Autriche. La Prusse, du moins la Cour, paraît vouloir se bien comporter.
Envoyez-moi, tous les cinq jours, un état
de situation de vos troupes fait dans la forme de celui-ci. Ayez soin d'y faire
mettre le nombre de compagnies et de bataillons par régiment.
Paris, 6 mars 1809
A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart
Monsieur mon Frère, je reçois la lettre de
Votre Majesté du 2 mars; elle s'est croisée avec celle par laquelle je lui mandais
que le maréchal duc de Rivoli serait le 20 mars à Ulm avec un corps d'armée
assez considérable, dont une partie passera le Rhin à Huningue, du 12 au 15, et l'autre partie à Strasbourg, à la même époque.
Votre Majesté a dû recevoir l'avis de la réunion de ces troupes. L'empereur
Alexandre a témoigné à M. de Schwarzemberg son étonnement des mouvements de
l'Autriche; et ce prince m'annonce avoir fait marcher des troupes sur les
confins de la Hongrie. Je crois avoir déjà mandé à Votre Majesté que le duc
d'Auerstaedt aura, le 20 mars, son quartier général à Würzburg. J'envoie le duc
de Danzig pour prendre le commandement des troupes bavaroises qui sont campées
à Munich, à Landshut et à Straubing. Les troupes de Hesse-Darmstadt seront
réunies à Mergentheim, et les troupes de Bade à Pforzheim, à la même époque.
PS. Le prince de Ponte-Corvo se porte pour couvrir
Dresde, où le roi de Saxe fait réunir 30,000 hommes.
Paris, 6 mars 1809
A Eugène Napoléon,
vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois
votre lettre du 25 février à six heures du soir. Toute 1’Autriche est en
mouvement. J’ai requis toutes les troupes de la confédération. Les
divisions Saint-Cyr, Legrand, Molitor et Boudet, se portent sur Ulm, sous les
ordres du maréchal duc de Rivoli. Le Corps d’Oudinot est à Augsbourg; la
division de cuirassiers Espagne est avec ce corps. Le duc d’Auerstaedt
reste avec son corps d’armée sur les frontières de la Bavière. Il paraît
que les Autrichiens ont perdu la tête. Les Russes et moi sommes réunis. L’armée
russe campe sur les frontières de l’Autriche. Ayez soin de répandre et de
faire mettre dans les journaux des nouvelles qui fassent connaître que les
Russes et nous, sommes ensemble. Il n’est pas convenable qu’aucun
officier français passe sur le territoire autrichien pour se rendre en
Dalmatie. Si le général Vignolle est à Milan, gardez-le, c’est un bon
officier qui connaît l’Italie, et qui sera plus utile qu’en
Dalmatie.
(prince Eugène)
Paris, 6 mars 1809
Au général
Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg
J'ai reçu votre lettre du 3 février. J'ai vu avec plaisir
les détails que vous me donnez sur la présentation de M. de Schwartzenberg.
Cette fameuse lettre à l'empereur d'Autriche dont on se plaint, M. de Romanzoff
l'a entre les mains. Si vous ne la connaissez pas encore, vous pouvez lui en
demander la communication. Quant aux propos que j'ai tenus à M. de Vincent, ils
sont dans le même sens que ceux que j'ai tenus à M. de Metternich devant tout
le corps diplomatique. L'Autriche aurait-elle cherché ses principes de conduite
dans la fable du Loup et l'Agneau ? Il serait curieux qu'elle m'apprit que je
suis l'agneau, et qu'elle eût envie d'être le loup. Le sieur de Champagny vous
a expédié un courrier qui vous porte sa conversation avec M. de Metternich. Vous
aurez soin de montrer cette pièce à l'empereur. Je vous envoie une lettre de
Dresde, qui vous fera connaître jusqu'à quel point on est alarmé à la cour de
Saxe; il en est de même à celle de Bavière.
Après la déclaration de
M. de Metternich, j'ai dû faire marcher mes troupes, qui étaient en route pour
le camp de Boulogne, pour Brest et pour Toulon, mais que les mouvements
insensés de l'Autriche m'avaient obligé de faire arrêter sur la Saône et la
Meurthe. Depuis cette déclaration, tout est en mouvement sur tous les points de
la France. Le 20 mars, le duc de Rivoli sera à Ulm avec 20 régiments
d'infanterie, 10 régiments de cavalerie, el 60 pièces de canon. Le général
Oudinot, avec un corps double de celui qu'il avait dans les campagnes
précédentes, c'est-à-dire 18,000 hommes d'infanterie, 8,000 de cavalerie et 40
pièces de canon, est à Augsbourg. Le duc d'Auerstaedt, avec 4 divisions
d'infanterie formées de 20 régiments, une division composée de tous les
régiments de cuirassiers, et 15 régiments de cavalerie légère, est à Bamberg,
Bayreuth et Würzburg. Les troupes bavaroises forment 3 divisions qui campent à
Munich, Straubing et Landshut : cette armée est de 40,000 hommes, et sera
commandée par le duc de Dantzig. Les Wurtembergeois sont rassemblés à Neresheim;
les troupes de Hesse-Darmstadt à Mergentheim; celles de Bade, au nombre de
6,000 hommes, sont à Pforzheim. L’armée saxonne, forte de 30,000 hommes,
se réunit à Dresde. Le prince de Ponte-Corvo s'y porte avec des troupes de
Saxe. Le roi de Westphalie commandera une réserve prête à se porter partout où
cela sera nécessaire. Le prince Poniatowski commande les Polonais, qui appuient
leur gauche à Varsovie et étendent leur droite jusque devant Cracovie. Dans peu
de jours, je fais partir de Paris 1,500 chevaux de ma garde, ainsi que 3,000
hommes d'infanterie. Tout le reste est en route. La tête a déjà passé Bordeaux.
Mon armée de Dalmatie campera sur les confins de la Croatie, ayant son
quartier général à Zara, où elle a un camp retranché et des vivres pour une année.
L'armée d'Italie, composée de 6 divisions d'infanterie française et de 2 divisions
d'infanterie italienne, sera réunie à la fin de mars dans le Frioul. Elle
approche de 100,000 combattants. Les Autrichiens s'apercevront que nous n'avons
pas tous été tués sur le fameux champ de bataille de Roncevaux.
Tout ce qui arrive de
Vienne n'est que folie. Je compte que l'empereur Alexandre tiendra sa promesse
et fera marcher ses armées. Alors, si l'Autriche veut en tâter, j'ai fort en
idée que nous pourrons nous réunir à Vienne. Le sieur de Champagny vous expédiera
demain un courrier, par lequel vous recevrez la note qui va être remise à M. de
Metternich; elle vous fera connaître l'état de la question. Les Anglais ont
publié les pièces de la négociation et la lettre d'Erfurt. Tout cela est
tronqué et falsifié: ce qui m'oblige à faire une communication au Sénat, afin
de rétablir le texte de toutes ces pièces. Ayez le ton haut et ferme envers M.
de Schwartzenberg. L'état actuel des choses ne peut durer. Je veux la paix
avec l'Autriche, mais une paix solide, et telle que j'ai droit de l'exiger,
après avoir sauve trois fois l'indépendance de cette puissance.
J’ai fait sortir ma flotte de Brest. J'avais pour
but de faire débloquer Lorient, afin d'en faire sortir 5 vaisseaux: que
j'envoie dans les colonies. Cette première opération a réussi. Secondement, la
flotte devait se rendre à Rochefort, pour se joindre à l'escadre de l'île d'Aix
et s'emparer de 4 vaisseaux anglais qui avaient eu la sottise de venir mouiller
dans la rade du Pertuis-Breton. Mon imbécile de contre-amiral s'est amusé à
chasser 4 vaisseaux ennemis qu'il a rencontrés sur sa route, ce qui a donné aux
4 autres vaisseaux qui étaient à l'ancre le temps d'être avertis et de gagner
le large. On ne les a manqués que de quelques heures, et leur prise eût été
infaillible sans cette perte de temps; mais la jonction a eu lieu à l'île
d'Aix, et j'y ai 16 vaisseaux de ligne et 5 frégates. Si le camp de Boulogne
avait été formé, si j'avais eu 30,000 hommes à Brest et 30,000 à Toulon, je
donnais de la besogne aux Anglais : c'est ce que j’espérais de mon
alliance avec la Russie.
Vous avez vu dans le Moniteur deux lettres du gazetier de
Vienne au rédacteur de la Gazette de Hambourg. Ces lettres paraissent peu
importantes au premier abord; mais, pour les hommes qui veulent réfléchir,
c'est une manière de correspondre avec l'Angleterre et d'entretenir les
espérances des ennemis de la France en étalant les forces de la maison
d'Autriche. On y parle des dispositions
peu favorables de la Russie, parce qu'on sait qu'il ne serait pas possible d'en
imposer à cet égard, et qu'en avouant sans détour son alliance avec la France,
on veut persuader que l'Autriche est en état de soutenir la lutte contre ces
deux empires.
L'Autriche doit désarmer tout à fait et se contenter de
nos garanties réciproques, ainsi que M. de Romanoff l'avait proposé. Quant aux
provinces de cette monarchie vaincue, je n'en veux rien pour moi: nous en
ferons ce que nous jugerons convenable. On pourrait séparer les trois couronnes
de l'empire d'Autriche, ce qui serait également avantageux à la France et à la
Russie, puisque cette opération affaiblirait en même temps la Hongrie, qui
menace la Pologne, le royaume de Bohême, qui jalousera longtemps les pays de la
Confédération, et l'Autriche, qui regrette sa domination sur l'Italie.
Quant à la crainte qu'on pourrait inspirer de moi à la
Russie, ne sommes-nous pas séparés par la Prusse, à qui j'ai rendu intactes des
places que je pouvais démanteler, et ne sommes-nous pas aussi séparés par les
États de l'Autriche ?
Lorsque ces derniers
États auront été ainsi divisés, nous pourrons diminuer le nombre de nos
troupes, substituer à ces levées générales qui tendent à armer jusqu'aux
femmes, un petit nombre de troupes régulières et changer ainsi le système des
grandes armées qu'a introduit le feu roi de Prusse. Les casernes deviendront
des dépôts de mendicité, et les conscrits resteront au labourage. La Prusse en
est déjà là : il faut en faire autant de l'Autriche. Quant à l'exécution, je me
charge de tout, soit que l'empereur Alexandre veuille venir me joindre à Dresde
à la tête de 40,000 hommes, soit qu'il marche directement sur Vienne avec 60 ou
80,000 hommes. Dans toutes les hypothèses, je me charge de faire les trois quarts
du chemin.
Si les choses en venaient au point que vous eussiez
besoin de signer quelque chose de relatif à la séparation des trois États, vous
pouvez vous y regarder comme suffisamment autorisé. Si l'on veut même, après la
conquête, garantir l'intégrité de la monarchie, j'y souscrirai également,
pourvu qu'elle soit entièrement désarmée. J'ai été de bonne foi à Vienne. Je
pouvais démembrer l'Autriche. J'ai cru aux promesses de l'empereur et à
l'efficacité de la leçon qu'il avait reçue. J'ai pensé qu'il me laisserait me
livrer entièrement à la guerre maritime. L'expérience, depuis trois ans, m'a
prouvé que je me suis trompé, que la raison et la politique ne peuvent rien
contre la passion et l'amour-propre humilié. Il serait possible
que la Pologne autrichienne pût devenir un objet d'inquiétude à
Saint-Pétersbourg; mais elle n'est un obstacle à rien. On pourrait la partager
entre la Russie et la Saxe, ou bien en former un État indépendant.
L'empereur Alexandre doit être convaincu par la
déclaration du roi d'Angleterre que, tant qu'il aura l'espoir de brouiller le
continent, il n'y aura point de paix maritime, et que, si l'Autriche ne
consent pas à désarmer et qu'on perde du temps, c'est autant de temps de gagné
pour l'Angleterre et de perdu pour l'Europe. Cependant un, deux ou trois mois
me sont égaux; mes troupes resteront campées en Allemagne jusqu'à ce que mon
concert avec la Russie soit bien établi. Nous sommes encore dans le mois de
mars : on peut parlementer jusqu'au mois d'août; mais, à cette époque, il faut
que l'Autriche ait pris son parti ou qu'on l'y force. L'honneur de nos
couronnes l'exige, et l'intérêt du monde nous en fait la loi.
(Lecestre)
Paris, 7 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le Général
Clarke, la légion portugaise est composée de cinq régiments; ce qui devrait
donner dix compagnies de grenadiers et dix de voltigeurs; mais ces régiments
sont si faibles, que la plupart n'ont pas même l'effectif de 560 hommes qu'il faudrait, par régiment, pour
les compagnies de grenadiers et voltigeurs.
Je désirerais tirer de ces régiments trois bataillons
d’élite, qui auraient l’organisation suivante :
1er bataillon : deux compagnies de
grenadiers, tirées du 1er régiment, à 120 hommes par compagnie, 240
hommes ; deux compagnies de voltigeurs, tirées du même régiment, 240
hommes ; total 480 hommes.
2e bataillon : une compagnie de
grenadiers du 2e régiment, 120 hommes ; une compagnie de
grenadiers du 5e régiment, 120 hommes ; deux compagnies de
voltigeurs du 2e régiment, 240 hommes ; total : 480
hommes.
3e bataillon : une compagnie de grenadiers du 4e régiment,
120 hommes; une compagnie de grenadiers du 3e régiment, 120 hommes; et deux
compagnies de voltigeurs du 4e, 240 hommes; total, 480 hommes;
Ce qui ferait une demi-brigade d'élite d'à
peu près 1.500 hommes, qui prendrait le n° 13. Elle serait commandée par le
meilleur général de brigade portugais, par un colonel, trois chefs de
bataillon; chaque bataillon ayant un adjudant-major et un adjudant sous-officier,
et chaque compagnie commandée par quatre officiers.
Vous chargerez le général Muller, s'il est
de ce côté, ou le général qui commande la division, de faire sur-le-champ
l'organisation de cette demi-brigade et de la diriger sur Besançon.
Aussitôt que les trois bataillons seront
formés, on mettra à l'ordre que, ayant eu lieu d'être satisfait de la conduite
de la légion portugaise, à son passage à Bayonne et pendant son séjour en
France, j'ai voulu en donner une preuve en appelant quelques-uns de ses
bataillons à faire partie du corps des grenadiers; que je compte sur leur
fidélité et sur leur bravoure; que, si quelque soldat voulait rester, il en est
fort le maître, parce que je ne veux que des hommes de bonne volonté.
Présentez-moi un projet de décret pour
cette formation, et consultez le général Mathieu Dumas, qui vient de faire
l'inspection de ces régiments. Donnez des ordres pour que l'on active
l'habillement, et que ces hommes partent bien habillés, bien armés et bien
équipés.
J'ai deux vues en faisant ceci: d'abord de
rendre utiles ces 1,500 hommes, ensuite de dégarnir les provinces méridionales
d'un rassemblement trop considérable d'étrangers.
Présentez-moi aussi les moyens d'employer les généraux de
brigade portugais, qui pourraient être plus utiles ailleurs qu'en restant là
oisifs. Vous ne laisserez que les officiers supérieurs strictement nécessaires
pour commander les légions. Enfin donnez ordre aux autres bataillons portugais
de se recruter, pour que je puisse les appeler
aussi à l'artillerie, lorsqu'ils seront complets. Autorisez-les, à cet
effet, à recevoir des Espagnols, des Portugais, des Suédois, des
Prussiens, tous déserteurs quelconques. Proposez-moi d'envoyer un cadre à
Strasbourg, où il sera plus à portée de recevoir les déserteurs et d'arriver
promptement à son complet.
Paris 8 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le général Clarke, j'ai au delà
du Rhin dix-sept régiments de cavalerie légère; mon intention est de prendre
tous les moyens pour porter chacun de ces régiments à une force d'environ 900
ou 1,000 hommes. Pour cela, il y a deux moyens :
d'abord, envoyer aux dépôts de ces dix-sept régiments l'ordre de diriger sans
délai tout ce qu'ils ont de disponible sur Strasbourg, où les détachements
seront organisés en escadrons de marche pour rejoindre les escadrons de guerre;
le deuxième moyen, c'est de prendre dans les dépôts des régiments de chasseurs
et de hussards qui sont en Espagne tout ce qui est disponible, pour renforcer les
régiments des armées d' Allemagne et les y
incorporer.
Pour le premier moyen, il suffit d'un
simple ordre, que vous expédierez aux dépôts des 5e, 7e, 8e et
9e de hussards, et à ceux des 1er, 2e, 3e, 7e,
11e, 12e, 13e, 16e , 20e de
chasseurs, d'envoyer à Strasbourg tout ce
qu'ils ont de disponible. Faites-moi connaître combien ces treize régiments
pourront envoyer à Strasbourg.
Vous recommanderez au général chargé d'organiser les
escadrons de marche d'avoir bien soin de se conformer, pour cette formation, à
celle des brigades de cavalerie légère de l'armée du Rhin. En conséquence, il
réunira les différents détachements, et escadrons de marche, de la manière
suivante, savoir: 1er escadron de
marche, composé des détachements des 1er, 2e et 12e de chasseurs,; 2e escadron, des détachements
des 5e, 7e de hussards et 11e de chasseurs; 3e escadron,
des détachements des 8e de hussards et 16e de chasseurs,
4e escadron, des détachements du 13e de chasseurs; 5e escadron, des détachements des
9e de hussards, 7e et 20e de chasseurs. On dressera
procès-verbal de cette opération, et vous m'en rendrez compte à temps, pour que
je puisse ordonner le mouvement de ces escadrons au delà du Rhin.
Quant au deuxième moyen, qui est de tirer
des dépôts de cavalerie légère de l’armée d’Espagne, j’y ai
pourvu par le décret qui vous sera adressé.
Je sais que le 10e, le 22e,
et le 26e de chasseurs ne sont pas compris dans cette mesure ;
mais ces trois régiments exigent un rapport particulier, vus qu’ils
peuvent me fournir un ou deux escadrons, et que je serai toujours à temps de
les faire agir sans incorporation.
Quant aux cinq régiments qui ont leurs
dépôts en Piémont, j’ai ordonné que ces dépôts dirigeassent sans délai
des détachements sur Plaisance. Donnez ordre que de Plaisance ces détachements
continuent leur route sur Vérone. Le 15e de chasseurs, ayant ses
escadrons de guerre en Espagne, incorporera dans le 14e les 100 hommes qu'il a
disponibles à son dépôt.
Lorsque toutes ces opérations seront
terminées, je désire que vous me fassiez connaître quel sera l'effectif de mes
dix-sept régiments de cavalerie légère en Allemagne.
Je désirerais avoir en Allemagne 14,000
chasseurs ou hussards, 13,000 cuirassiers et 3,000 dragons; total, 30,000 hommes
de cavalerie. J'attends votre rapport sur les dragons, pour la formation des
quatre ou cinq régiments provisoires de dragons.
Chargez le général sénateur Beaumont de se rendre à
Strasbourg, pour y être spécialement chargé
de la formation de cette division.
Paris, 8 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
J'ai formé seize cohortes de 10,000
conscrits de ma Garde. Présentez-moi la nomination de quatre élèves de l'école
militaire de Saint-Cyr pour remplir les places de sous-lieutenant dans chacune
de ces cohortes; ce qui fera l'emploi de 64 élèves. Ces jeunes gens seront sons
les ordres des officiers de ma Garde, les aideront à former les conscrits el
rempliront le rôle d'adjudant. Ils pourront servir aussi à marcher avec les détachements pour les régiments où ils auront une
destination définitive; ce qui, avec les 104 élèves nécessaires pour les 5e
bataillons, fera 168 élèves que l'école devra fournir cette année.
Présentez-moi 168 jeunes gens pour remplacer ceux-là à Saint-Cyr.
Faites-moi connaître ce que l'école de la
Flèche et les lycées pourraient fournir.
J'ai quarante lycées; si chacun peut fournir 10 élèves âgés de dix- huit
ans, ce serait 400 caporaux fourriers que j'enverrais, 200 dans les différents
régiments, et 200 dans les corps de l'armée du Rhin. Il faut voir si l’École polytechnique ne pourrait pas fournir une
cinquantaine d'officiers. Faites demander aussi si l'école de Compiègne ne
pourrait pas fournir une cinquantaine de jeunes gens âgés de plus de dix-sept
ans, pour incorporer dans les compagnies d'ouvriers d'artillerie.
Paris, 8 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
J'ai été voir hier l'école militaire de
Saint-Cyr; je l'ai trouvée moins bien qu'à Fontainebleau. Il m'a paru qu'on
s'était relâché beaucoup sur la tenue et l'instruction. J'en ai témoigné mon
mécontentement au commandant et au vice-connétable, qui aurait dû y faire de fréquentes visites pour s'assurer que l'intégrité
des règlements était maintenue.
Il m'a paru mauvais: 1° qu'on n'ait point
mis l'infirmerie dans le nouveau bâtiment, au lieu de la placer an milieu des
corps de logis; 2° qu'il n'y eut que 18 élèves qui travaillassent à
l'équitation. Cependant il y a 18 chevaux qui peuvent servir à exercer 72
élèves. Vous savez le besoin qu'a la cavalerie d'officiers intelligents et
connaissant le cheval. Il me semble que tenir un manége pour 18 élèves, c'est
ne pas remplir mon but et perdre un temps utile. 3° Je n'ai pu qu'être
très-mécontent de voir que les règlements n'étaient point exécutés; que les
chambrées étaient détruites, des servants introduits; que les élèves ne vont
plus à la cuisine prendre leur ordinaire, et n’apprennent plus à
connaître le détail de la vie du soldat, ce qui rend ridicule de les faire
manger à la gamelle. 4° Les travaux en terre sont négligés ; aucun élève ne
manie la hache ni la pioche; aucun ne sait faire un gabion ou un saucisson. 5°
L'artifice est encore plus négligé. La plupart des élèves m'ont dit qu'il
fallait une livre de poudre pour faire dix cartouches; on ne leur a donné
aucune idée sur la confection des artifices; ils ne connaissent ni la poudre,
ni aucune des manières de l'employer. 6° Les détails de l'artillerie sont aussi
négligés; les pièces sont sans prolonges. Les élèves n'ont aucune idée des
manœuvres de force. Aucun n'a jamais prononcé le mot de but-en-blanc.
Beaucoup m'ont dit qu'un fusil portait à dix-huit cents mètres.
Aucun n'a idée du poids et de la charge d'un canon.
Ils ne savent pas, , comme officiers d’artillerie, ce qu’il importe
à un officier d’infanterie de savoir. Ce qu'ils ne sauront qu'avec le
temps, on pourrait le leur apprendre en quinze jours avec l'intelligence
naturelle à leur âge. Je les ai trouvés plus avancés sur l'administration
militaire; mais peu savent ce que c'est que du biscuit, une ration d’eau
de vie, etc. Quant à des gabions, à des palissades, saucissons, jamais ils n'en
ont fait, ni vu faire; aucun n'a manié un outil de pionnier. Je n'ai pas
reconnu l'école de Fontainebleau. J'irai visiter cette école tous les mois. Il
faut qu'on revienne, en tout et pour tout, à ce qui se faisait à Fontainebleau
et ne s'en éloigner en rien. A-t-on pu oublier mes intentions au point de faire
entrer en ligne des hommes qui n'ont fait d'exercice qu'en blanc, qui n'ont
jamais fait l'exercice à feu, tiré à la cible ? Tandis que j'entendais qu'un
élève sortant de l'école militaire tirât comme un chasseur baléare. Il faut que
chaque élève use dix cartouches à balle par jour en tirant an but, et apprenne
à manier son fusil. En effet, ils ont moins d'expérience et sont plus jeunes
que le dernier soldat de la compagnie qu'ils sont appelés à commander. On m'a
donné pour raison qu'on n'avait pas de magasin à poudre; mais un seul caisson suffit, et la poudre ne gâte rien, ni ne fait
mal à rien. Que, sous quinze jours, il y ait à Saint-Cyr un caisson chargé de
vingt mille cartouches à poudre et de dix mille à balle. Les élèves feront les
cartouches, les étoupilles, les lances à feu, etc. Qu'une cible soit établie
sous quarante-huit heures, et que les 150 élèves qui me sont nécessaires pour
entrer dans la ligne tirent dix cartouches à balle par jour. Donnez l'ordre
qu'on leur fasse faire des pieux, des palissades, qu'on trace sans retard un
ouvrage de fortification et qu'on les y fasse travailler.
L'artillerie est entièrement négligée à
cette école. L'officier qui y est m'a paru peu apte; d'ailleurs il est seul.
J'avais établi à Fontainebleau deux maréchaux des logis. Il faudrait un
officier d'examen qui portât plus de zèle dans l'instruction des jeunes gens,
et auquel vous prescrirez d'employer plusieurs heures par jour à faire répéter
aux élèves les détails de l'artillerie et la théorie des armes.
L'officier du génie n'est point logé,
parce que, dit-on, il n'y a pas de logement; c'est une mauvaise raison; qu'il
soit établi dans le bâtiment de l'École dès lundi prochain, et qu'il fasse
travailler ces jeunes gens aux détails d'exécution de son arme. Les ouvrages de
campagne doivent être tracés par l'officier du génie; un officier d'infanterie
doit lui servir d'aide et diriger les élèves dans les travaux à faire.
Les élèves sont plus instruits sur la
première partie de l'administration militaire, mais peu connaissent l'administration
d'une armée en campagne; que cette seconde partie soit imprimée sans délai et
montrée aux premières classes, et que le commissaire des guerres chargé de
cette partie de l'instruction ne découche point.
Il faut que les élèves arrivant à leur
corps en sachent plus que les vieux officiers d'infanterie; qu'ils connaissent
un peu de mathématiques, un peu de fortification, moins de littérature; pourvu
qu'ils sachent écrire, cela leur importe moins que de savoir, à leur entrée au
corps, ce qu'ils ne sauront qu'en cinq ou six ans d'expérience, si on ne leur
montre point au collège.
Je n'ai pas vu de grue, de chèvres, etc.
Donnez des ordres pour que le système actuel soit promptement changé, qu'on en
revienne à la stricte exécution des règlements, et pour que je n'aie que des
louanges à donner à un établissement qui, sous tant de titres , a des droits à
mon approbation, à ma première visite, que je ferai à la fin de mars.
Paris, 8 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le général Clarke, il y a
quelques bandes de voleurs qui s'organisent dans les départements de
Maine-et-Loire el de la Sarthe. Donnez l'ordre qu'un chef d'escadron du 26e
de chasseurs, et, s'il n'y a pas de chef d'escadron, un capitaine, parte
de Saumur avec un escadron de 200 chasseurs, composé d'hommes de choix, et dans
lequel il entre beaucoup d'officiers et de sous-officiers, afin de pouvoir
former de cet escadron huit pelotons composés de 25 hommes chacun et commandés par un officier. Cet escadron se
rendra à Angers, où il sera sous les ordres du colonel de la gendarmerie, et se
mettra à la poursuite des brigands.
Mandez au préfet et au commandant de la
division cet ordre, que vous enverrez, par un de vos aides de camp, qui ira sur
les lieux. Écrivez que j'attends de la bravoure et de l'activité de cette
troupe que ces brigands seront bientôt arrêtés.
Je donne ordre au colonel Henry, de la
gendarmerie d'élite, de partir demain, à la pointe du jour, avec 80 gendarmes
d'élite, pour se rendre en toute diligence au Mans, où il sera rendu en six
jours.
Vous donnerez l'ordre, à Tours, au
régiment provisoire de dragons qui s'y trouve, de faire partir un chef
d’escadron ou un capitaine, avec un escadron de 250 dragons partagés
ainsi qu’il suit : un officier et 50 hommes d du 3e, un officier et
50 hommes du 10e ; un officier et 50 hommes du 8e ;
un officier et 50 hommes du 14e ; un officier et 50 hommes du
25e ; lesquels se rendront au Mans, où ils seront sous les
ordres du colonel Henry.
Vus donnerez ordre au colonel Henry d'être
rendu au Mans demain dans la nuit. Il prendra ces 250 dragons qui, avec ses 80 gendarmes d’élite, lui feront 330 hommes, et, de concert avec les 200 chasseurs qui partent
de Saumur, il se mettra à la poursuite des brigands de ce département. Vous
donnerez au colonel Henry l'ordre de se porter partout où les brigands se
réfugieraient, et de ne pas revenir qu'il ne les ait entièrement extirpés; il
verra, avant de partir, le ministre de la police, que je charge de lui donner
l2,000 francs pour les dépenses extraordinaires et secrètes de cette
expédition.
Vous chargerez le colonel Henry d'une
lettre par laquelle vous le constituerez commandant d'une colonne mobile pour
poursuivre les brigands partout où ils se
réfugieraient.
Paris, 8 mars
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je ne puis approuver la mesure que propose le général
Morgan de capituler avec les brigands. Un fonctionnaire public ne doit point
faire de pacte avec des brigands. Veut-on par cette faiblesse ressusciter la
Vendée ? Ordonnez à ce général de rendre compte de sa conduite et de ne se
mêler à l'avenir que de faire exécuter les lois.
(Lecestre)
Paris, 8 mars 1809
Au comte Fouché, ministre de la police
générale, à Paris
Il y a des mouvements dans la Mayenne et
la Sarthe; il ne faut point jouer avec. J'ai ordonné au ministre de la guerre
de faire partir de Tours 250 dragons. J'ordonne qu'on fasse partir demain de
Paris 80 gendarmes, qui seront réunis au Mans en six jours, et de
Saumur 200 hommes du 26e de chasseurs; ce qui,
joint à la gendarmerie du département et de la compagnie départementale, fera une force de 600 hommes. Le colonel de la
gendarmerie d'élite Henry sera rendu au Mans demain, dans la nuit. Il viendra
prendre vos instructions avant de partir. Vous lui remettrez 12,000 francs pour
dépenses secrètes, dont il emploiera la moitié en frais d'espionnage el
dépenses secrètes, et l'autre moitié à faire des
avances à la troupe, pour qu'elle ne fasse point essuyer de vexations aux
habitants et qu'elle soit bien.
Vous lui remettrez des lettres pour les
préfets de la Sarthe, de la Mayenne, de Maine-et-Loire, et pour les colonels de
gendarmerie. Vans leur ferez connaître que le colonel Henry est constitué
commandant de forces mobiles, et qu'ils aient à le seconder dans la recherche
et la poursuite des brigands sur le territoire de ces départements, de la
division militaire et de toute la légion de gendarmerie. Le colonel Henry ne
doit pas revenir que tous les rassemblements ne soient dispersés.
Paris, 8 mars 1809
Au général
Savary, duc de Rovigo, commandant la gendarmerie d’élite, à Paris
Monsieur le Général Savary, il a paru dans
le département de la Sarthe trois ou quatre bandes de brigands de dix à douze
hommes chacune. Mon intention est que 80 gendarmes d'élite partent demain, à la
pointe du jour, et arrivent en six jours au Mans. Ils seront commandés par
quatre officiers des plus intelligents. Je donne ordre également que 250 hommes
des dragons qui sont à Tours se rendent an Mans (ils y seront dans trois
jours), et que 200 hommes du 26e de chasseurs se rendent à Angers.
Tontes ces forces, auxquelles se réunira la gendarmerie du pays et, s'il est
nécessaire, la garde départementale, formeront plus de 600 hommes.
Donnez ordre au colonel Henry de se rendre
demain, avant neuf heures, chez le ministre de la police, qui lui remettra
12,000 francs, dont 6,000 seront pour dépenses secrètes, et 6,000 pour avances
à faire aux troupes, afin qu'il n'y ait aucun prétexte pour vexer le pays. Le
ministre lui remettra en outre des lettres qui feront connaître aux autorités
que je l'ai nommé commandant des colonnes mobiles; enfin il lui remettra une
note instructive sur les événements qui se sont passés dans ces deux
départements. Vous recommanderez au colonel Henry de s’entendre avec les
préfets de la Sarthe et de Maine-et-Loire et avec les commandants de
gendarmerie. Il fera donner des cartouches à ses troupes; il les divisera en
douze colonnes, chacune de 50 hommes, composée de gendarmes d'élite, de
gendarmes du département, de dragons et de chasseurs. Il prendra ainsi ses
mesures pour arrêter tous ces brigands; il les poursuivra partout où ils se
retireraient, et ne devra point retenir qu'ils ne soient tous pris. Il aura
soin de maintenir la plus sévère discipline. Je n'approuve aucune espèce de
pardon que s'est permis le préfet de la Sarthe : il n'y a pas de pardon pour
les criminels; ils doivent être arrêtés, traduits devant les tribunaux de
Paris.
Il est nécessaire que le colonel Henry
soit de sa personne, demain dans la nuit, au Mans, pour prendre tous les
renseignements sur les lieux et faire toutes les dispositions convenables avant
l'arrivée de sa troupe. Il partira après avoir pris les ordres des ministres de
la guerre et de la police.
Paris, 8 mars 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi
d’Italie, à Milan
Mon Fils, je suppose que vous avez écrit
en chiffre au général Marmont, par terre et par mer, pour lui apprendre mes
préparatifs en Allemagne, et lui faire connaître qu'au 20 mars mes armées
seront en présence. Je n'ai point l'intention d'attaquer. Je suppose qu'à la
même époque les divisions Seras, Broussier, Grenier, Lamarque et Barbou seront
en ligne, c'est-à-dire sur la rive gauche de l'Adige. Aussitôt que les
probabilités d'hostilités deviendraient plus imminentes, il faudra que Miollis
s'approche avec sa division. J'ordonnerai dans ce cas au roi de Naples
d'envoyer occuper Rome. Faites connaître au général Marmont qu'il doit choisir
et tracer son camp retranché sur les frontières de la Croatie, afin de tenir en
échec une force égale à la sienne, ou de ne pas compromettre le pays s'il
l'abandonnait.
Paris, 8 mars 1809
A Joachin Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples
Toutes les troupes autrichiennes sont
campées sur les frontières de la Bohême et de la Bavière et couronnent les
Alpes Juliennes et l'Isonzo. Vous avez dû recevoir l'ordre du ministre de la
guerre de disposer vos troupes de manière à avoir une division disponible pour
marcher sur Rome. J'attends que ces dispositions soient faites, pour faire
entrer dans la haute Italie les troupes du général Miollis.
Paris, 9 mars 1809
Au comte de Champagny, ministre des
relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, faites connaître à M.
de Dreyer que j'ai ordonné qu'il fût remis au roi de Danemark cent milliers de
poudre, indépendamment des cent milliers qui lui ont déjà été livrés. Je viens
de donner un nouvel ordre pour mettre à la disposition de ce prince trois cents
pièces de canon en fer, qui se trouvent dans la Poméranie suédoise, avec
affûts, et la moitié des fers coulés de la Poméranie pour approvisionnement.
Paris, 9 mars 1809
A M. Cretet, comte de Champmol, ministre
de l’intérieur, à Paris
Monsieur Cretet, mon intention est que le
projet du sieur Legrand pour Saint-Denis, qui a été approuvé, soit exécuté et
qu'il n'y soit rien changé. Ainsi, au lieu de 500,000 francs, il ne faudra plus
que 300,000 francs. Vous avez un crédit de 130,000 francs pour cet objet.
Lorsque ce crédit sera épuisé, on pourvoira aux autres 130,000 francs.
Je désire que vous me fassiez le détail
des travaux qui doivent coûter les 500,000 francs qu'on demande, pouvoir s'il
n'y a pas des économies à faire. Ce qu'on propose me paraît une folie: on
propose de faire un rang de chapelles parallèles. J'ai été à Saint Denis, je
n'y ai vu que deux choses à faire, le carrelage el le revêtement en marbre de
deux colonnes. Voyez si vous pouvez, avec le crédit que vous avez, faire faire
ce carrelage et revêtir de marbre les colonnes. Faîtes faire la statue de
Charlemagne en marbre. Mon intention est que le Chapitre puisse officier le 1er
août prochain.
Il restera à voir ce qu'on doit faire des
bâtiments. La nature des choses demande un établissement religieux; on peut y établir, ou les Sœurs de la charité, ou l'école
normale, ou le séminaire métropolitain de Paris, ou tout autre établissement de
ce genre. Faites-moi un rapport là-dessus. Faites-moi aussi un rapport sur
Sainte Geneviève; il ne faut point qu'on m'entraîne dans de folles dépenses.
Paris, 9 mars 1809
Au comte Régnier, Grand-Juge, ministre de
la justice, à Paris
Vous écrirez aux procureurs criminels de
Mayenne, Sarthe et Maine-et-Loire que des crimes ont été commis ce mois sur
divers points de ces départements, concernant des individus affiliés, des chefs
de bandes organisées. Les magistrats paraissent pactiser avec ces brigands et
accorder l’impunité à leurs crimes. Ni préfets ni généraux n’ont le
droit de faire grâce et de faire taire le respect des lois. Poursuivre les
individus réunis en bandes et criminels
de crimes quelconques compromettant la
société et l’État.
Paris, 9 mars 1809
Au général Clarke, comte
d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, je reçois
votre rapport du 8. Je vois que l'artillerie, les bataillons du train, qui sont
en Allemagne, manquent de soldats. Ne serait-il pas possible de tirer de ceux
d'Espagne, qui sont trop considérables, des hommes pour les incorporer dans les
premières compagnies ? .Je l'ai fait pour les régiments de chasseurs et de
hussards. Cela porterait au complet les bataillons du train en Allemagne.
Le général Lemoine est nommé commandant d'armes de Wesel.
Paris, 9 mars 1809
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à
Paris
Monsieur le Vice-Amiral Decrès, je désire
avoir un des bataillons de la flottille à l'armée du Rhin. Voici quel serait
mon but; faites moi connaître s'il serait rempli. 1,200 marins seraient fort
utiles cette année pour le passage des rivières et pour la navigation du
Danube. Mes marins de la Garde m'ont rendu de grands services dans les
dernières campagnes, mais ils faisaient un service qui était indigne d'eux. Les
marins qui composent les bataillons de la flottille savent- ils tous nager ?
Sont-ils tous capables de mener un bateau dans une rade ou dans une rivière ?
Savent-ils l'exercice d'infanterie ? S'ils ont cette instruction, ils me seront
fort utiles. Il faudrait envoyer avec eux quelques officiers d'artillerie de
marine et une centaine d'ouvriers avec leurs outils. Ce serait d'une grande
ressource pour le passage el la navigation des rivières.
Paris, 9 mars 1809
Au vice amiral comte Decrès, ministre de la marine, à
Paris
Je vois qu'il n'y a plus de vaisseaux en
construction. Je vois que les ateliers diminuent beaucoup. Si les trois
bâtiments qui sont à la mer éprouvaient un accident, ils ne seraient pas
réparés cette année. Il doit y avoir à Anvers neuf vaisseaux; il n'y en a que
sept. Quand le Conquérant et le Superbe seront-ils commencés ? Combien
à l'eau cette année ? Le Tilsit et le Friedland pourront-ils
être finis celle année et porter Flessingue à douze vaisseaux ? A Brest,
il n'y a plus rien sur le chantier; serait-il possible de finir le Nestor ? A
Lorient, il n'y a plus que trois vaisseaux sur le chantier ; il n’y en a
jamais eu moins. A Rochefort, il n'y en a que trois, Je suppose que le Triomphant
pourra remplacer le Jean-Bart, et que vous mettrez à l'eau l’Iéna
pour remplacer un des vaisseaux de l'escadre qui aurait des accidents et
maintenir Rochefort à onze vaisseaux. Il faudrait commencer à élever un autre
bâtiment sur le chantier à Toulon. Je ne vois pas pourquoi l'Annibal n'est
pas réparé, de manière à avoir quatorze vaisseaux français et deux russes. Je
vois sur le chantier l'Ulm; sa mise à l'eau portera l'escadre de Toulon
à quinze vaisseaux. Il faut se dépêcher de mettre à Toulon deux vaisseaux sur
le chantier.
Faîtes-moi un rapport qui me fasse
connaître où en est le port de la Spezia. Pourquoi n'y a-t-on pas mis un
bâtiment en construction ? Je vois deux frégates et un brick; est-ce à Gènes ou
à la Spezia qu'ils sont en construction ? .Ie ne le vois pas bien par l'état de
situation.
Paris, 9 mars 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel,
major-général, à Paris
Mon Cousin, donnez ordre que la partie de
ma Garde qui est restée à Valladolid, c'est-à-dire l'infanterie, la cavalerie
et l'artillerie, se dirige sur Vitoria, où elle recevra de nouveaux ordres, de
sorte qu'il n'y ait plus personne de ma Garde au delà de Vitoria. Donnez le
même ordre pour mes chevaux et le service de mes écuries qui seraient encore à
Valladolid.
Paris 9 mars 1809
Au vice-amiral Ganteaume, commandant l’escadre de
la Méditerranée, à Toulon
Monsieur le Vice-Amiral Ganteaume, je
reçois votre lettre du ler mars, j'ai appris avec plaisir la prise de la
frégate anglaise la Proserpine.
En faisant sortir fréquemment des escadres légères, vous obtiendrez beaucoup de
succès de cette espèce, vous prendrez même des vaisseaux; mais, pour cela, il
faut bien organiser vos signaux jusqu'à la Spezia et Livourne, et, lorsque vous
serez instruit de la station de quelques bâtiments anglais, les faire
envelopper par des forces supérieures. Quel que soit le résultat de ces
expéditions, j'en approuverai toujours la conception, quand même je devrais y
perdre quelques bâtiments. C'est l'inaction dans laquelle on s'est constamment
renfermé qui a inspiré aux Anglais cet excès d'audace de bloquer nos côtes avec
des bricks, el de ne pas même se donner la peine de tenir des vaisseaux contre
les escadres renfermées dans mes rades.
Paris, 9 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, le commandant du Mont Cenis
ne donne pas de paille aux détachements qui passent.
Il me revient que, dans la 27e et dans la
28e division militaire, les commandants et les municipalités envoient les
détachements beaucoup trop loin, et à cinq ou six lieues dans les terres; ce
qui fatigue et excède le soldat. Recommandez aux commandants de veiller à ce
que les détachements ne soient point fatigués.
Rambouillet, 11 mars 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi
d’Italie, à Milan
Mon Fils, faites partir le régiment de marche de
cuirassiers, qui est à Brescia, pour
Augsbourg, où chaque détachement rejoindra con corps; qu'il franchisse le Tyrol
aussi promptement que possible, en faisant de bonnes journées et sans séjours.
Faîtes-lui donner en partant la solde jusqu'au ler avril. Je ne sais où en est
la Chiusa vénitienne, près de Pontebba. Si on peut la mettre à l'abri d'un coup
de main en six semaines ou deux mois, vous pouvez y faire
travailler. Faites bien reconnaître la position entre Tarvis et Osoppo, pour
empêcher les Autrichiens de passer par là. Je suppose que les hauteurs d'Osoppo
sont en état de défense; pressez tous les petits ouvrages d'Osoppo. Je suppose
que vous aurez placé un poste sur les confins, du côté de Tarvis, avec un
officier intelligent pour explorer ce qui se passe en interrogeant tous les
passants et empêchant tontes les communications.
Faites-moi connaître comment les régiments
qui sont en Italie se procurent des souliers. Ceux qui ont leurs dépôts en
Italie ne sont pas en peine, mais comment feront ceux dont les dépôts sont en
France ? Les souliers sont-ils bons en Italie ? Y sont-ils chers ?
Rambouillet, 11 mars 1809
A Louis Napoléon, roi de Hollande, à La Haye
Je reçois votre lettre du 26 février. Pourvoyez à la défense de la
Hollande et organisez au moins 20,000 hommes présents sous les armes, sans
compter ce que vous avez en Allemagne et en Espagne, afin de mettre votre pays
à l'abri de toute incursion, car la guerre est imminente. Toutes mes troupes
sont employées, et vous serez sûrement attaqué au mois de juin ou de septembre.
Rambouillet, 11 mars
1809
A Joseph Napoléon, roi
d’Espagne
J'ai lu un article de la Gazette de Madrid qui rend
compte de la prise de Saragosse. On y fait l'éloge
des brigands qui ont défendu cette ville, sans doute pour encourager ceux de
Valence et de Séville. Voilà en vérité une singulière politique !
Certainement il n'y a pas un Français qui n'ait le plus grand mépris pour ceux
qui ont défendu Saragosse. Ceux qui se permettent de pareils écarts sont plus
dangereux pour nous que les insurgés. Je crois bien qu'O'Farill ne l'a pas fait
dans une mauvaise intention; mais j'ai déjà eu occasion de remarquer de
pareilles inconvenances dans une proclamation où il parla de Sagonte, de
Numance, etc.
(Lecestre)
Rambouillet, 12 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, il y a à l'armée du Rhin vingt et un régiments d'infanterie; treize ont les
grenadiers et voltigeurs de leur 4e bataillon avec les bataillons de guerre et
viennent de recevoir l’ordre d'envoyer les 1e et 2e compagnies de fusiliers,
pour porter ces 4e bataillons à quatre
compagnies.
Le 7e d'infanterie légère doit recevoir le
même ordre. C’est par erreur que, dans mes lettres précédentes, on a mis
le 5e régiment d’infanterie légère. Les grenadiers etr voltigeurs de ce
régiment sont au 4e bataillon. ; faîtes-les partir, sans délai, avec ce
qu’il y a de disponible des compagnies de fusiliers, de sorte que ce
régiment ait quatre compagnies de son 4e
bataillon avec ses bataillons de guerre.
Le 17e de ligne et le 21e ont déjà leur 4e
bataillon à l’armée du Rhin.
Quatre régiments, savoir : le 13e
régiment d’infanterie légère, le 25e, le 48e et le
108e, ont leur 4e bataillon aux camps de Boulogne et
d’Anvers. Ces 4e bataillons ne pourront partir pour
l’Allemagne que lorsqu’on aura pourvu, par l'organisation des
réserves, à la défense des camps. Le 15e régiment d'infanterie légère a son 4e
bataillon en Espagne. Ainsi l'armée du Rhin devrait avoir 84 bataillons; mais un bataillon est en Espagne et quatre sont retenus
momentanément dans les camps de Boulogne et d'Anvers; total, cinq bataillons à
déduire. Il devrait rester à l'armée du Rhin 79 bataillons. Mais il y a encore
une autre déduction à faire sur ce nombre. Quatorze régiments ne pourront
envoyer les 5e et 6e compagnies de leur 4e bataillon que lorsqu'elles auront
été complétées par la conscription de 1810; ce qui fait vingt et une compagnies
de moins, ou la valeur de près de quatre bataillons à déduire. Ainsi l'armée du
Rhin aura donc, au 1er avril, 75 bataillons, qui, à 840 hommes chacun, doivent
donner une force de 63,000 hommes.
Lorsque l'armée du Rhin aura reçu les
quatre bataillons de Boulogne, 3,360 hommes, sa force se trouvera portée à 66,360 hommes, Enfin, lorsqu'elle aura reçu
les vingt et une compagnies que les 4e bataillons ont
de moins en ce moment, 2,940 hommes, la force totale de l'armée sera
définitivement de 69,000 hommes.
Le corps d'Oudinot doit être composé de
douze demi-brigades, chacune forte de trois bataillons, ce qui devrait faire
trente-six bataillons; mais il y en a quatre, savoir :
le bataillon du 28e, celui du 46e, celui du 50e et celui
du 75e, qui ne pourront passer
le Rhin que lorsqu'il aura été pourvu à la défense des côtes. Resteraient donc trente-deux
bataillons. Mais ces trente-deux bataillons n'ont encore chacun que quatre
compagnies, hormis les tirailleurs corses et les tirailleurs du Pô, qui en ont
chacun neuf; il manque donc deux compagnies à chacun des trente autres
bataillons, ce qui fait soixante compagnies de moins, ou la valeur de dix
bataillons à déduire.
Ainsi l'armée d'Oudinot aura donc, au 1er
avril, vingt-deux bataillons, qui, au complet de 840 hommes, doivent présenter
une force de 18,480 hommes. A quoi il faut ajouter une treizième demi brigade,
formée de trois bataillons portugais et forte de 1,500 hommes environ; ce qui
portera la force du corps du général Oudinot, au 1er avril, à 19,980
hommes. Lorsque ce corps aura reçu les quatre bataillons de Boulogne, il devra
former un total de 23,340 hommes. Enfin, lorsqu'il aura reçu les 5e
et 6e compagnies que les 4e bataillons
complètent en ce moment (soixante compagnies à 140 hommes, 8,400 hommes), le
corps du général Oudinot devra définitivement être fort de 31, 740 hommes.
Le corps d'observation du Rhin est de
douze régiments, ce qui devrait faire 48 bataillons ; mais sept bataillons sont
en Espagne, un au camp de Boulogne et quatre sont au corps du général Oudinot;
total, douze bataillons à déduire. Le corps d'observation du Rhin, au lieu de
48 bataillons, ne peut être composé, au 1er avril, que de 36, ce qui doit faire une force de 30,240 hommes, et, lorsque
le bataillon que ce corps d’armée a sur les côtes aura pu le rejoindre,
sa force totale sera alors de 37 bataillons et de 31,080 hommes.
Le corps des villes hanséatiques a deux
régiments, ce qui devrait faire huit bataillons; mais le 5e
d'infanterie légère a deux bataillons en Espagne et le 19e de ligne en a un au
camp de Boulogne, ce qui fait trois bataillons à déduire; restent donc cinq
bataillons, qui, au 1cr avril, doivent présenter une force de 4,200 hommes, et,
lorsque le bataillon que ce corps a au camp de Boulogne aura pu rejoindre en
Allemagne, la force du corps des villes hanséatiques se trouvera être de 5,040
hommes.
Ainsi on peut résumer des trois manières suivantes
l'aperçu de la situation de mes armées en Allemagne :
|
1°Au 1er avril. |
2° Après le retour des bataillons de Boulogne. |
3° Après l'arrivée des 5e et 6e compagnies des 4e
bataillons |
|||
|
||||||
CORPS |
||||||
|
Bataillons. |
Hommes. |
Bataillons. |
Hommes. |
Bataillons. |
Hommes. |
Armée du Rhin |
73 |
63.000 |
79 |
66,360 |
83 |
69,000 |
Corps des villes hanséatiques |
5 |
4.200 |
6 |
5,040 |
6 |
5,040 |
Corps
d’Oudinot |
25 |
19.980 |
29 |
23,340 |
39 |
31,740 |
Corps d'observation du Rhin |
36 |
30,240 |
37 |
31,080 |
37 |
31.080 |
|
141 |
117,420 |
151 |
125,820 |
165 |
136,860 |
Rambouillet, 12 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la
guerre, à Paris
J'approuve l'organisation de
l’artillerie du corps d'observation du Rhin, avec cette modification,
qu’au lieu de 32 caissons d'infanterie, il faut en mettre 44, pour avoir
1,500,000 rations attelées, et calculer sur 25,000 baïonnettes. Il faut, pour
chaque division, une compagnie d’artillerie à pied et quatre à
cheval ; ce qui fait quatre compagnies à pied et quatre à cheval. Il
n’y a que trois compagnies d’artillerie à pied et une à
cheval ; c’est donc trois compagnies à cheval et une à pied à
envoyer. En ajoutant deux compagnies au
parc, cela ferait trois compagnies d’artillerie à pied et trois à cheval
à envoyer, ou six compagnies.
Il y a cinq compagnies à pied qui arrivent de Valence; il
y en aura donc deux de reste, qui seraient à la disposition du général Songis
pour le parc général. Il vient de Valence deux compagnies à cheval; ce sera donc une autre à fournir. Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Rambouillet, 12 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
J'ai donné l'ordre, et vous le réitérerez,
pour que les cadres des 3e et 4e escadrons des
vingt-quatre régiments de dragons qui sont en Espagne se rendissent en France.
Vous donnerez ordre au dépôt d'Auch que tous les officiers et sous-officiers
des 3e et 4e escadrons des mêmes
régiments de dragons se dirigent sur-le-champ sur Versailles.
J'ai donné l'ordre, et vous le réitérerez,
que les hommes sans chevaux des régiments qui sont en Espagne se dirigent sur Bayonne.
Donnez ordre à Bayonne qu'ils soient dirigés sur leurs dépôts.
J'ai donné des ordres, et vous les
réitérerez, pour que tous les hommes montés ou non montés du dépôt de Niort, ou
qui y arriveront, se dirigeassent sur leurs dépôts, hormis les hommes montés
en état d'entrer en campagne, qui se dirigeront sur Strasbourg.
J'aurai, par ce moyen, en France
quarante-huit escadrons de dragons. Ces quarante-huit escadrons, à 200 hommes
chaque, feront 9,600 hommes. Je composerai alors douze régiments provisoires de
quatre escadrons des 3e et 4e escadrons de chaque régiment.
Faites-moi un état à plusieurs colonnes,
indiquant 1° le nombre de chevaux existant en France, y compris les
dépôts d'Auch, de Niort, et le régiment provisoire de Tours; 2° le nombre de dragons
annoncés comme partis d'Espagne et sans chevaux; 3° le nombre de conscrits à
recevoir de 1810. Je suppose que toutes ces parties réunies ne doivent pas
former moins de 10,000 hommes. Vous me ferez faire un second état, indiquant le
nombre de chevaux existant aux dépôts, en comprenant les dépôts de Niort,
d'Auch, et le régiment provisoire de Tours, le nombre de chevaux dont les
marchés ont été passés, enfin ceux pour l'achat desquels le ministre Dejean a
pour six millions dans son budget de 1809. Je suppose que tout cela ne doit pas
aller loin de 9 à 10,000 chevaux. Faites-moi faire le même travail sur les
selles.
Je verrai alors ce qu'il faudra faire pour
compléter mes quarante huit escadrons ou mes douze régiments provisoires. Mais
mon intention est d'utiliser ceux que j'ai aujourd'hui, puisque je ne puis
maîtriser les circonstances et qu'il serait ridicule que je laissasse
oisifs 4 ou 5,000 chevaux de dragons que
j'ai, lorsqu'ils peuvent être de quelque poids dans la balance.
Donnez donc l'ordre, demain matin: aux
hommes montés en état de faire la guerre, appartenant aux 3e et 4e escadrons
qui sont au dépôt d'Auch, officiers, sous-officiers et soldats, de se diriger
sur Strasbourg; à tous les hommes montés en état de faire la guerre du dépôt de
Niort, de se diriger sur Strasbourg; à tout le régiment provisoire de Tours, de
se diriger sur Strasbourg. Deux cents hommes ont été mis sous les ordres du
colonel Henry; donnez-lui l'ordre de les renvoyer sur Strasbourg dès qu'il n'en
aura plus besoin. Envoyez en même temps des ordres aux dépôts des régiments de
dragons qui sont en France de faire partir, vingt-quatre heures après la
réception de votre ordre, tous les hommes disponibles montés, pour Strasbourg.
Prenez vos mesures pour que les plus éloignés effectuent leur départ avant le
15 mars. Donnez également l'ordre à ces dépôts de faire partir, du 20 mars au
1er avril, pour Strasbourg, tous les hommes qu'ils auront disponibles, et
toutes les fois qu'ils en auront dix en état de partir, en faisant comprendre
aux commandants des dépôts quel est mon but. J’aurai ainsi à Strasbourg,
le ….. les cadres de vingt-quatre compagnies de dragons.
Par des états que j'ai, plus récents que
les vôtres, les dépôts de France peuvent fournir, au lieu de 900 hommes, 1,500
hommes; 200, an moins, partiront d'Auch, 1,000 de Tours, 200 de Niort. J'aurai
donc 3,000 dragons rendus à Strasbourg dans les premiers jours d'avril.
Chargez le sénateur, général de division
Beaumont, de se rendre à Strasbourg avant le 20 mars, afin de passer la revue
et d'organiser quatre régiments provisoires. Vous désignerez quatre majors pour
commander les quatre régiments provisoires.
Le 1er régiment provisoire se
compose de six compagnies des 4e escadrons des 1er, 3e, 4e, 5e, 9e et 15e de
dragons ; le 1er de dragons peut faire partir, après-demain, 120 hommes de
Versailles ; il peut en faire partir 13 de Niort ; ce qui portera le
cadre de cette compagnie à 130 hommes. Le 3e peut faire partir 110 hommes de
Versailles et 16 de Niort ; ce qui, comme vous voyez, fera un bel escadron
de 250 hommes. Le 4e régiment peut faire partir sur-le-champ 30 hommes de son
dépôt ; il recevra 110 hommes du régiment provisoire de Tours et 20 hommes
de Niort ; ce qui portera cette compagnie à 160 hommes. Le 5e peut faire partir 88 hommes de
Versailles; le dépôt de Niort fournira 65 hommes; ce qui portera cette
compagnie à 148 hommes. Le 9e recevra de son dépôt 90 hommes et 40 hommes de
Niort. Le 15e recevra de son dépôt 78 hommes et 80 hommes du dépôt
de Niort; ce qui fera qu'au 1er avril ce 1er régiment
provisoire sera composé de 800 hommes prêts à entrer
en campagne, indépendamment de ce que le dépôt d'Auch pourra envoyer
directement.
Le 2c régiment pourra fournir
140 hommes de son dépôt ; il recevra 78 hommes du
régiment provisoire de Tours, ce qui fera plus de 200 hommes; ainsi de suite
pour les autres régiments. Il en est plusieurs, tels que le 25c,
qui, ayant 120 hommes an régiment provisoire de Tours, 100 hommes à recevoir de
son dépôt, pouvant en
recevoir encore une vingtaine du dépôt d'Auch, auraient 250 hommes. Dans ce
cas, vous devez recommander qu'au lieu de faire partir le cadre d'une compagnie
on fasse partir tout le 4c escadron.
Mettez-moi sous les yeux un projet qui
organise ces quatre régiments provisoires conformément au présent ordre. Vous
aurez le temps, en expédiant les ordres demain matin, d'arrêter l'organisation
et la formation de ces régiments avant l'arrivée des détachements à Strasbourg.
Mandez aux chefs des dépôts que les
officiers qui sont au dépôt de Niort ou au régiment provisoire de Tours doivent
se joindre à Strasbourg avec les régiments; qu'ainsi ils doivent
calculer en conséquence. Toutes les fois que les détachements réunis d'un même
régiment feraient moins de 150 hommes, le cadre seul d'une compagnie sera
suffisant; s'ils passent 200 hommes, le cadre du 4e escadron entier partira,
de manière à former deux compagnies.
Dans la destination que j'ai donnée aux
détachements des différents régiments qui concourent à la formation d'un même
régiment provisoire, j'ai eu égard à l'emplacement des dépôts.
Si les circonstances ne deviennent pas
pressantes, je laisserai à ces quatre régiments
provisoires le temps de s'organiser à Strasbourg et d'y recevoir des renforts.
Vous sentez qu'il me sera facile de former huit régiments de ces quatre,
aussitôt que chaque régiment pourra envoyer son escadron complet, puisqu'alors
j'aurai vingt-quatre escadrons que j'organiserai à trois escadrons par
régiment. Du moment que j'aurai les quarante-huit escadrons, je ferai douze
régiments provisoires que je porterai à quatre escadrons, mais en réunissant
toujours les escadrons d'un même régiment dans le même régiment provisoire.
C'est dans cet esprit que je n'ai point adopté la proposition que vous m'avez
faite de laisser subsister le régiment provisoire de Tours. Il s'ensuivrait que
le 25e, par exemple, qui a à son dépôt plus de 100 hommes, aurait au
régiment provisoire de Tours 100 autres hommes. Ce serait du désordre el de la
confusion, et il n'y aurait rien à attendre de ce régiment. J'ai en Espagne
trop de régiments de dragons, je n'en rappelle aucun; je me contente de
rappeler les cadres et les hommes qui n'ont pas de chevaux. Avant la fin de
l'année, les quarante-huit escadrons qui s'y trouvent n'en formeront pas probablement
vingt-quatre.
Rambouillet, 13 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, je désire que
dimanche on me présente, à la parade, une compagnie de chacun des 5e
bataillons des 32e et 58e de ligne, 2e, 4e, 12e et 15e d'infanterie légère,
complétée à 140 hommes; ce qui ferait un beau bataillon provisoire de six
compagnies. Il faut que tous les hommes soient bien équipés et bien habillés,
On me présentera également 300 hommes du 3e bataillon du 122e, en
bon état.
Faites-moi connaître le nombre de conscrits de 1810
arrivés aux corps, et le nombre de ceux qui sont habillés.
Les conscrits de la Garde de 1810 me présenteront, à la
parade de dimanche, tout ce qu'ils auront d'habillé et en formeront autant de
compagnies qu'il y aura de fois 200 hommes. Quant aux conscrits des quatre années antérieures à 1810, on me les présentera dans l'uniforme des corps auxquels
ils sont destinés.
On me présentera également, à la parade de dimanche, les
chasseurs du grand-duché de Berg, s'ils sont en état de paraître.
Vous donnerez ordre au général Durosnel de
passer la revue de 1,300 chevaux des dépôts qui sont à Versailles, et vous
m’en rendrez un compte particulier . On pourrait faire partir pour
l’armée un millier de ces 1,300 chevaux.
Vous donnerez ordre au général Mouton de
passe une revue particulière des 3,000 hommes des dépôts d’infanterie qui
sont à Paris, de réformer tout ce qui est à réformer, et de vous faire
connaître ce que le reste pourra fournir de disponible.
Rambouillet, 13 mars 1809, minuit.
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, je reçois
votre travail du 12 mars sur la formation d'un corps de réserve, composé des 5e
bataillons de l'armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez faire quelques changements que je vais vous indiquer.
Lorsque j'ai passé la revue du 86e en
Espagne, j'ai ordonné que les quatorze compagnies revenant de Portugal fussent
formées en douze compagnies et composassent les deux premiers bataillons; ce
qui, avec le 4c bataillon, qui était de l'ancienne armée d'Espagne,
fait trois bataillons au delà des Pyrénées. Le 8c bataillon, qui doit être
réorganisé, et le 5e se trouvent donc en Bretagne. Donnez ordre que tout ce qui
appartient à ce régiment et se trouve en ce moment à Bordeaux et à Saintes,
arrivant du Portugal, rentre dans la 18e division militaire, et que le 3c
bataillon soit reformé sans délai. Ce 3e bataillon complété à 800 hommes, et le
5e bataillon fort de 800 hommes, feront partie du 1er régiment, qui se réunira
à Pontivy.
J'ai donné l'ordre que le 8e bataillon du 70c, qui était à
Saragosse, envoyât tous ses hommes disponibles à Madrid, et que le cadre
retournât en Bretagne. Il faut réitérer cet ordre et prendre des mesures pour
que le 8e bataillon soit également formé à 840 hommes; ce qui, avec le 5c
bataillon du 70c, formé à 800 hommes, réunira 1,640
hommes.
Vous formerez alors de la manière suivante
la brigade destinée à la défense de Pontivy:
1er régiment, composé du 3e bataillon du 70e, 840
hommes; du 5e bataillon du 70e, 800 hommes; du 5e bataillon du 70e, 800 hommes; total, 2,440 hommes; 2e régiment, composé du
3e bataillon du 86e, 840 hommes; du 5e bataillon du 86e, 840 hommes; du 5e bataillon du 15e de
ligne, 800 hommes; total, 2,440 hommes. Total de la brigade qui se réunira à
Pontivy, 4,880 hommes, près de 5,000 hommes .
Je n'ai aucune observation à faire sur le 2e régiment, qui désormais sera le 3e, ni sur le suivant.
Au 4e régiment, je vois que le
12e de ligne est porté comme devant faire partir pour l'armée du Rhin 560
hommes, c'est-à-dire les quatre compagnies de fusiliers du 4e bataillon; mais
il serait nécessaire aussi de porter en compte le nombre d'hommes nécessaire
pour compléter les grenadiers et voltigeurs de ce même 4e bataillon; or vous
n'avez rien porté pour cette destination. En général, on a bien complété les grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, mais on
n’a pas complété les grenadiers et voltigeurs des 4e bataillons de
l'armée du Rhin. Il est vrai qu'ils doivent être complétés dans les 3e
bataillons de guerre; mais alors c'est autant d'hommes à envoyer de plus aux
bataillons de guerre.
Il faut faire ces changements sur votre état, qui,
d'ailleurs, me paraît bien conçu.
Quant au 10e régiment, qui a été oublié, il
faut en former un nouveau régiment qu'on réunira à Metz.
Il y il déjà à Metz le 12e régiment, qui devient le 13e, par suite des changements
faits pour la formation de la brigade de Pontivy. Le nouveau régiment sera
alors le 14e; ces deux régiments formeront une brigade. Il me semble que ce 14e
régiment pourra être composé de la manière suivante: 1er bataillon,
deux compagnies du 25e léger, deux compagnies
du 6e léger, deux compagnies du 24e léger; 2e bataillon, deux compagnies du 26e léger, deux du 16e léger, deux du 32e léger; 3e bataillon, deux compagnies du 96e de ligne, deux du 22e de ligne, deux du 54e, deux du 15e de ligne. Il
manque deux compagnies pour le 2e bataillon; on prendra les deux compagnies du 32e léger qui sont à Toulon.
Ainsi une brigade composée de deux régiments et forte de 5,000 hommes se réunira à
Pontivy; une brigade composée de trois régiments et forte de 9,000 hommes se
réunira à Paris; une brigade composée de deux régiments et forte de 5,000
hommes se réunira à Boulogne; une brigade
composée de deux régiments et forte de 5,000 hommes se réunira à Gand et à
Wesel; un régiment de 2,500 hommes se réunira à Madrid; une brigade forte de
5,000 hommes se réunira à Strasbourg; une brigade forte de 5,000 hommes se
réunira à Metz; enfin deux brigades formant cinq régiments seront en Italie.
Quant à la formation de cette réserve,
rien ne presse. Il me paraît qu’il est d’abord nécessaire d’achever
de compléter les bataillons de guerre qui sont en Allemagne et les 4e
bataillons qui doivent les rejoindre. Pour terminer cette opération importante,
j’ai besoin que vous me remettiez les états suivants : !° un
état de l’armée du Rhin, qui me fasse connaître la situation de
l’effectif de tous les corps ; cette situation comprendra
l’effectif des bataillons de guerre au 1er février, et
l’augmentation résultant des envois de détachements partis jusqu’au
15 mars, et que l’on supposera arrivés au même nombre qu’ils sont
partis ; une colonne fera connaître ce qui manque encore pour porter ces
bataillons au grand complet; 2° un état de situation détaillé des 4e bataillons de l'armée du Rhin; cet état indiquera
l'emplacement, le cadre, la situation de chaque compagnie et le nombre
d'hommes, en comptant comme reçus ceux dont vous aurez appris le départ, et
faisant connaître ce qui manque au complet.
Tous les 4e bataillons de l'armée du Rhin doivent avoir leurs grenadiers et voltigeurs
et deux compagnies de fusiliers déjà partis; mais je crois que ces compagnies
partent très-incomplètes, et qu'il y manque beaucoup
de monde. Une colonne fera connaître les dispositions que j'ai prises pour
distribuer en leur faveur une portion des conscrits de la Garde. Une autre
colonne fera connaître ce qu'il faut prendre encore pour compléter les
grenadiers et voltigeurs et les deux premières compagnies de fusiliers. Cela
fait, il faudra pourvoir à compléter les 3e et 4e compagnies de fusiliers.
Les deux états que je viens de vous
demander pour l'armée du Rhin, je vous les demande aussi pour le corps
d'Oudinot et pour le corps d'observation. Enfin vous me présenterez dans une
récapitulation : 1° le total de mes armées en Allemagne au 1er avril, en
supposant reçu ce qui est parti pour les renforcer; 2° ce que devrait être leur
situation au complet; 3° ce qui manque. Par là
je connaîtrai ce qui me reste encore à envoyer pour porter mes armées
d'Allemagne au complet, et ce n'est qu'après que ces armées et les 4e
bataillons qui doivent les rejoindre seront complétés, qu'on pourra travailler
à la formation du corps de réserve.
Les régiments du corps de réserve qu'il importe le plus
de former promptement sont les deux de Saint-Omer et celui de Gand; mais il
manque 3,300 hommes pour les compléter. Il est donc convenable que vous me
proposiez de faire venir les cadres de ces différents régiments à Paris, pour y
prendre 3,000 conscrits de la Garde et les conduire à Saint-Omer et à Gand, où
ils compléteront les régiments; mais, pour cela, il faudrait que les cadres des
bataillons fussent déjà formés. Vous me ferez donc connaître ceux des régiments
qui, dès aujourd'hui, ont le cadre du 5e bataillon et ceux qui ne l'ont pas.
Par ce moyen, ces trois régiments se
trouveront organisés; ce qui me mettra à même de disposer des dix 4e bataillons
qui sont actuellement au camp de Boulogne, composés de conscrits des quatre
années, et que je destine aussi à rejoindre les bataillons de guerre en
Allemagne. Proposez-moi cette mesure, qui est des plus urgentes. Il me tarde
aussi d'apprendre que les officiers de l'École militaire et les sous-officiers
des vélites sont partis.
Je désire que vous m’apportiez mercredi l'état
ci-joint, avec les changements et avec le travail que je viens de vous
demander.
Paris, 13 mars 1809
ORDRE POUR LES TRAVAUX
DES FORTIFICATIONS A EXÉCUTER EN 1809.
Kehl, 300,000 francs. - Finir entièrement
l'escarpe des deux fronts d'attaque, de manière qu'on puisse les armer à la fin
du mois d'août, 150,000 francs; faire l'escarpe de la lunette H, de manière
qu'elle puisse être armée au mois d'août, si cela est nécessaire, 120,000
francs; épis, 30,000 francs; total, 300,000 francs. Le pont sera fait l'année
prochaine, et, si Kehl était menacé, on ferait le barrage en bois
provisoirement.
KASTEL, 620,000 francs. - Pour achever
l'escarpe et contrescarpe des trois lunettes, 250,000 francs; achever les
escarpes des deux fronts commencés, 200,000 francs; de manière qu'au mois
d'août on puisse armer les trois lunettes et les deux fronts. Pour faire les
terrassements et l'escarpe de la lunette n° 12, 150,000 francs; de manière que
les quatre lunettes soient finies et puissent être armées au mois d'août. Pour
achever de masser le front de gauche, de manière qu'il puisse être armé, 20,000
francs; total, 620,000 francs. Le réduit sera fait une autre année.
Quant à Mombach, le tracé qui m’est
présenté ne me plaît pas. Revêtir tout ce fort, me paraît fort inutile et me
paraît d’une grand dépense. Approcher de 2550 toises le bastion n° 2 de
la hauteur, c’est le soumettre immédiatement au commandement de ladite
hauteur. Je crois qu’il n’y a d’utile que de revêtir le
bastion n° 4 et de donner à ce bastion un tracé tel que les faces n’en
soient pas enfilées de la hauteur. A la manière dont il est tracé, il y a une
face qui est tout à fait enfilée. Je désire donc qu’on ne fasse rien à
cet ouvrage, jusqu’à ce qu’on m’ait présenté un autre tracé
qui soit économique.
Les bastions 1, 2, 3, peuvent être en
terre. Je n’ai désiré un réduit en maçonnerie que pour garder cet ouvrage
avec moins de monde, et le mettre à l’abri d’une attaque de vive
force, contre une colonne qui passerait sous le fort Meusnier et qui
descendrait perpendiculairement sur le Rhin ; or du moment qu'il y a un
réduit de maçonnerie qui met à l'abri de cette insulte, l'ennemi n'attaquera
plus par Mombach, qui était précédemment un des points les plus faibles de la
place. On sait assez les inconvénients qu'il y a à cheminer dans un marais.
La position de la France étant aujourd'hui
plutôt offensive que défensive, je préfère donc que tous les moyens soient
portés cette année sur Kastel, qu'il est important de finir. Les ouvrages 39,
38, 37 sont tout à fait à créer. Il faut donc affecter tous les fonds aux
travaux de Kastel, suivant la répartition de 620,000 francs que j'ai faite.
WESEL, 500,000 francs. - Pour finir l'escarpe des trois fronts d'attaque de la citadelle
Napoléon, 350,000 francs; pour continuer les bâtiments à l'épreuve de la bombe dans la citadelle de la place, 100,000 francs; pour divers travaux d'amélioration dans la place, 40,000 francs; fascinages, plantations, etc. dans la citadelle
Bonaparte, 10,000 francs; total, 500,000 francs.
La citadelle Bonaparte semble la partie la
plus forte de la place de Wesel, et les choses ont été arrangées pour que la
citadelle de Wesel, la citadelle Bonaparte et la citadelle Napoléon forment une
place très-forte. Ainsi l'ennemi ne s'amusera pas à prendre la ville, puisque,
après l'avoir prise, il n'aura rien du tout. Il attaquera donc la citadelle de
la place ou la citadelle Napoléon. S'il attaque la citadelle Napoléon, il faut
que la citadelle Bonaparte soit tellement élevée que les ouvrages A, C battent
l'ennemi dans la citadelle Napoléon. Dans ce cas, on reste toujours maître de
la place de Wesel, de la citadelle et de l'île de Büderich. C'est donc en
réalité dans la citadelle Bonaparte que devraient être faits les magasins à poudre qu'on propose de construire; c'est là que
devraient être les magasins de vivres et de bouche. L'étendue du camp retranché
est de près de 600 toises; la courtine de la pièce A à la pièce B est de 150
toises , les courtines de la pièce B à la pièce C et de la pièce C à la pièce A
sont chacune d'environ 150 toises et cela fait donc 300
toises de bâtiments qu'on peut construire à l'abri de la bombe; ce qui doit
être un espace suffisant pour renfermer tous les magasins de la place, magasins
d'artillerie, de vivres, manutentions, magasins d'habillement. Je désire donc
que le magasin à poudre qu'on propose de construire soit placé dans la
citadelle Bonaparte. La citadelle Napoléon sera longtemps la partie la plus
faible de la place; les magasins doivent donc être dans l'île, puisque cette
citadelle est conservée dans tous les cas, qu'elle est prise la dernière, et peut
résister fort long temps lorsque tout le reste est pris.
JULIERS, 200,000 francs. - Pour achever le
front 13, 10, 14, 100,000 francs, de manière que ce front soit terminé et que
la place soit terminé et que la place soit fermée ; pour finir la lunette
E, 15,000 francs; pour finir les trois lunettes A, B, C, 15,000 francs; pour
fonder l'escarpe des trois lunettes A, B, C, 70,000 francs; total, 200,000
francs.
VENLOO, 50,000 francs. - Pour continuer les escarpes du
fort Saint-Michel, 50,000 francs.
ANVERS, 110,000 francs. - Pour achever
l'escarpe, les terrassements et chemins couverts de la lunette E, 40,000
francs; pour achever la lunette H et commencer le second souterrain, 10,000
francs; pour achever la lunette F et construire un souterrain, 30,000 francs;
pour achever la lunette 1, 30,000 francs; total, 110,000 francs.
Il faut diriger les travaux de manière que
les trois ouvrages de la rive gauche et de la lunette y soient entièrement finis avant juillet, époque à laquelle commencent les
opérations de l'ennemi sur l'Escaut ; et, si les
fonds pour la lunette 1 n'étaient pas suffisants, on en attribuerait sur les
fonds de réserve de cette année.
FLESSINGUE, 300,000 francs. - Pour finir
sur-le-champ et avant le mois de juillet les lunettes A et B, de manière
qu'elles puissent être armées à la fin de juillet, tant pour battre le fleuve
que pour défendre les approches de la place, 300,000 francs. Il faut me faire
un rapport particulier sur Flessingue, me faire connaître combien on y a dépenser depuis mon passage, jusqu'où s'étend
l'inondation, et me remettre à cet effet un grand plan.
ILE DE CADZAND, 500,000 francs. - Pour
terminer l'ouvrage en terre cette année, s'il est possible, j'accorde 500,000
francs. Il faut tracer cet ouvrage autour de la batterie A, suivant les règles
de l’art et le terrain, m’en adresser le projet, et le plus tôt
possible commencer les travaux.
OSTENDE, 50,000 francs. Pavé et fascinage
de la digue, 30,000 francs ; autres travaux, 20,000 francs ; total,
50,000 francs.
BOULOGNE, 300,000 francs – Pour le
fort du moulin à huile, 100,000 francs ; pour le fort du renard, 150,000
francs ; Mont-Lambert, 40,000 francs ; fond de réparations, 10,000
francs ; total, 300,000 francs.
ILE SAINT-MARCOUF, 50,000 francs –
Pour fermer les voûtes, 45,000 francs ; réparation, blockhaus, etc., etc.
5,000 francs ; total, 50,000 francs.
QUIBERON ; 50,000 francs - pour
achever la caserne, 50,000 francs.
BELLE-ÎLE, 100,000 francs. Pour achever
les mouvements de terre de cinq lunettes et de leurs chemins couverts, 60,000
francs; et pour construire un réduit dans une des lunettes et en fonder un
second ,1,0,000 francs.
ÎLE D’AIX, 150,000 francs. Pour
achever le réduit de la gorge, creuser son fossé et améliorer le front de
terre, 60,000 francs; pour construire deux lunettes, 80,000 francs; pour les
baraques à construire, 10,000 francs; total, 150,000 francs.
ALEXANDRIE, 3,600,000 francs. - Article
ler. Demi-couronne de Saorgio, 390,000 francs. - Art. 2. Demi-couronne de
Montenotte, 210,000 francs. - Art. 3. Couronne de Dega, 535,000 francs. - Art.
4. Demi-couronne de Marengo et pour les quais, déversoirs, écluses, 680,000
francs.- Art. 5. Demi-couronne de Mondovi, 285,000 francs. - Art. 6.
Demi-couronne de Lodi, 290,000 francs. - Art. 7. Demi-lune CD, 58,000 francs. -
Art. 8. Mur du quai du Tanaro, 305,000 francs. -Art. 9. Polygone d'artillerie,
25,000 francs. -Art. 10 Entretien, 2,000 francs. - Art. 11. Citadelle du
Tanaro, 246,000 francs. - Art. 12. Fonder l'ouvrage de l'île du Tanaro, 145,000
francs. - Art. 13. Entretien, 4,000 francs. - Art. 14. bâtiments, etc. 425,000
francs. - Total, 3,600,000 francs.
GÊNES, 40,000 francs. - Pour achever les
forts Richelieu et Quezzi, 30,000 francs; réparer les deux môles et le mur
d'enceinte du côté de la mer, 10,000 francs.
LA SPEZIA. - Il faut m'en
présenter les projets dans l'année.
CORFOU, 100,000 francs. - Pour la place, les batteries et
les îles dépendantes, 100,000 francs.
VINCENNES; 70,000 francs. - Pour rétablir
l'arche du pont du parc, 15,000 francs; un chemin de ronde, 20,000 francs;
achever les deux tours, 30,000 francs; réparations, 5,000francs; total, 70,000
francs.
NAPOLÉON-VILLE, 50,000 francs. - Pour construire la
caserne, 50,000 francs.
LANS-LE-BOURG, 60,000 francs. – Pour élever les
maçonneries el couvrir la caserne, 60,000 francs.
CHAMBÉRY, 200,000 francs. - Pour les casernes et le
pavillon, 200,000 francs.
AJACCIO. - Je désire pour l'hôpital d'Ajaccio un projet
qui ne coûte pas plus de 100,000 francs.
TRAVAUX ORDINAIRES ; Fortifications. - 10 Communications
maritimes, 120,000 francs; 2° réparations de vieilles places, 1,600,000
francs; 30 fonds imprévus, 164,000
francs; 4°· Écoles et dépôts, 110,000 francs; total, 2,000,000 francs.
Bâtiments. - 1 ° Loyers de
casernes, 145,000 francs; 2° traitements de portiers, concierges, 75,000
francs; 3° établissements de paratonnerres, 30,000 francs; 4 ° réparation
de vieilles casernes dans les places de guerre, 1,750,000 francs; total,
2,000,000 francs.
RÉCAPlTULATION. - Travaux extraordinaires,
7,450,000 francs; travaux ordinaires, 4,000,000 francs; total général, 11,450,000 francs.
Rambouillet, 14 mars 1809
A M. de Champagny, ministre des relations
extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, je pense qu'il est convenable
d'envoyer aux sieurs Otto à Munich, Durand à Stuttgart, Bourgoing à Dresde, et
à mes ministres à Carlsruhe et à Darmstadt, une copie de votre note à M. de Metternich el de votre conférence avec l'ambassadeur
(voir plus haut). L’une et l'autre
de ces pièces sont bonnes à montrer.
NOTE DU COMTE DE
CHAMPAGNY AU COMTE DE METTERNICH
Paris, 10 mars 1809.
Le soussigné, ministre des relations
extérieures, a rendu compte à S. M. l'Empereur, son
maître, de la communication qui lui a été faite par S. Ex. M. le comte de
Metternich du retour de M. le comte de Mier, et de la résolution qu'avait prise
le cabinet de Vienne de mettre ses armées sur le pied de guerre.
L'Empereur Napoléon a été peiné de cette
résolution. Les armements de l'Autriche, la conduite peu amicale de ses
légations à Constantinople et en Bosnie, des écrits répandus avec profusion
dans toute la monarchie contre la France, faisant craindre à Sa Majesté que la
faction anglaise ne prît du crédit à Vienne, l'avaient décidée à arrêter sur la
Meurthe et la Saône la marche de ses divisions qui se portaient sur Boulogne,
Brest et Toulon. Sa Majesté avait en
même temps engagé les princes de la Confédération à se tenir prêts à tout
événement, pour pouvoir, au besoin, réunir leurs troupes et être en état, s'il
le fallait, de repousser toute agression. Mais, après la déclaration de M. de
Metternich, Sa Majesté a donné l’ordre que ses troupes se portassent de
l'intérieur de la France au delà du Rhin, pour veiller à la sécurité de ses
alliés et confédérés, et que les troupes de ceux-ci fussent mises, sans délai,
sur le pied de guerre.
Ainsi des armées seront opposées à des
armées. L'initiative de l'inquiétude, des menaces et des armements, sera
provenue de l'Autriche. C'est à elle à faire connaître quand cet état devra
cesser. Comme aucun différend n'existe entre les eux cours, et que, depuis le
traité qui a été suivi de l'évacuation de Braunau par l'armée française, il n'y
a aucun sujet de litige entre les deux puissances, Sa Majesté ignore
entièrement à qui on en veut et ce qu'on prétend. Mais de son côté elle désire
voir l'Europe jouir du calme et de la sécurité de la paix, et ses peuples
recueillir le fruit des économies qui en sont le résultat. Le soussigné est
chargé d'exprimer ce vœu à Monsieur l'ambassadeur. Il prie Son Excellence,
etc.
Rambouillet, 14 mars 1809
Au comte de Champagny, ministre des
relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, j’avais
demandé les gazettes de Vienne, de Presbourg et de Cracovie depuis le mois
d’octobre de l’année dernière ; je ne les ai pas encore
reçues.
Rambouillet, 14 mars 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Faire faire au dépôt de la guerre une
carte des étapes d'Allemagne, telles que je les avais marquées dans mes guerres
en Allemagne, depuis le Rhin jusqu'à Austerlitz et la Vistule. Je désire que
cette carte ne soit pas plus grande qu'une carte d'étapes de France, et que j'y
voie bien le nombre de journées.
Rambouillet, 14 mars 1809.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de
la marine, à Paris
Monsieur le Vice-Amiral Decrès, je
désirerais avoir à l'armée du Rhin 2,000 hommes de marine. D'abord un équipage
de la flottille, qui serait armé de fusils et porterait, au lieu de briquets,
des outils. La première compagnie, par exemple, aurait des haches, la seconde
des pioches, la troisième des pics-boyaux, la quatrième des pelles. Ces outils
seraient portés en bandoulière en place de briquets. Je voudrais ensuite avoir
un bataillon de conscrits ouvriers de la marine, de quatre compagnies, qui
seraient commandées par des officiers d'artillerie de la marine qui eussent
servi, s'il est possible, dans les ouvriers. Chaque compagnie serait de 140
hommes. Le bataillon serait commandé par un chef de bataillon d'artillerie de
la marine qui ait servi dans les ouvriers. Ces ouvriers porteront également des
outils en bandoulière en guise de briquets et seront armés de fusils. Ces
compagnies d'ouvriers seront du même ordre que celles qui sont dans
l'artillerie. Ces deux corps seront attachés au génie de l'armée. Ils seront
utiles pour le passage des grandes rivières et pour conduire de petites
embarcations armées ou des bateaux pour la navigation. Il faudrait qu'il y eût
dans ces compagnies d'ouvriers quelques calfats, contremaîtres, charpentiers,
et par compagnie un officier-ingénieur de marine ayant l'habitude de construire
des vaisseaux, des bateaux, ou de les réparer.
Occupez-vous de cela sans délai, et présentez-moi un
projet mercredi.
Rambouillet, 14 mars 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Paris
Mon Cousin, je remarque que, dans le
projet remis par le général Songis, il porte seize pièces en excédant de ce
qu'il demande. Mais il ne faut pas les réformer; il est nécessaire qu'il y ait
quelques pièces à chacun des parcs des trois armées. Je voudrais bien qu'il fut
possible, sans faire trop de dérangement, de n'avoir qu'une seule espèce
d'obusiers à l'armée.
Les 200 hommes d'artillerie qui sont à
Danzig peuvent être réduits à 100. Les 100 hommes
d'artillerie qui sont à Stralsund y sont inutiles. Les 200 hommes qui sont à
Magdeburg peuvent être réduits, également à 100. Les 3,400 canonniers à pied
que demande le général Songis ne me paraissent pas suffisants. Il y aura Passau
et d'autres places à garnir. Il faut porter à 4,500 les canonniers à pied.
1,000 hommes d'artillerie à cheval ne sont pas non plus suffisants; il faut les
porter à 1,500 hommes, ce qui ferait 6,000 hommes artillerie. Les 600
pontonniers ne me paraissent pas suffisants; il faudrait au moins huit
compagnies à 120 hommes chacune.
Il faut également me présenter un projet
pour l’organisation de l’arme du génie, répartie entre les trois
corps suivants : armée du Rhin, corps du général Oudinot, corps
d’observation du Rhin. Il faut à chacun un officier du génie, au moins
huit officiers, au moins deux compagnies de sapeurs, une compagnie de mineurs
au moins par corps, et trente mille outils pour toute l'armée, à raison de dix
mille outils par corps. Je nomme le général du génie Bertrand, mon aide de
camp, pour commander le génie de mes armées d'Allemagne. Concertez-vous avec
lui pour l'organisation de son arme et des propositions à me faire.
J'ai demandé au ministre de la marine un
des quatre équipages de la flottille de Boulogne formant 1,200 marins, pour
servir au passage et à la navigation des rivières. Entendez-vous avec ce
ministre pour pourvoir à l'armement et à l'habillement de cet équipage, et
proposez moi sans délai sa mise en activité. Il faut qu'il soit commandé par
un officier de marine intelligent. On pourrait y nommer le capitaine Baste, qui
a déjà fait la guerre de terre et qui paraît s'y être distingué.
Rambouillet t, 14 mars 1809
Au général Lacuée, comte de Cessac, directeur général des
revues et de la conscription militaire, à Paris
La conscription en Toscane va mal; la
cause en est bien simple, c'est qu'il n'y a pas
d'officiers pour ramener les conscrits. On a confié cette mission à des
vétérans qui se sont comportés comme partout, c'est-à-dire avec négligence. Je
pense donc nécessaire que vous chargiez un détachement d'officiers et de
sous-officiers du 113e d'être répartis dans la Toscane comme pour les autres
départements.
Rambouillet, 14 mars 1809
À Davout
Mon cousin, je désire avoir un itinéraire des routes qui,
de la Bohême, aboutissent sur le Danube depuis Passau jusqu'à Ulm, surtout de
celles de la traversée des montagnes. Envoyez-moi également une note sur la
situation actuelle des fortifications de Prague.
A Rambouillet, 14 mars 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois votre lettre du 8. Je
pense qu'il est indispensable d'envoyer deux régiments de cavalerie au général
Seras, le 6e de hussards et le 8e de
chasseurs; il les placera sur l'Isonzo et le Tagliamento, en ayant soin de les
mettre dans des lieux sains, et de leur faire faire le service d'avant-postes
pour savoir ce que font les Autrichiens.
Passé le 20 mars, je vous laisse maître de
faire occuper les camps d'Udine, de San-Daniele et de Montecchiaro, et d'approcher
davantage mes troupes; mais ce que je vous recommande, c'est de faire ces
mouvements doucement et sans précipitation, et surtout de ménager la santé de
mes troupes. Il n'y a pas grand'chose à craindre des Autrichiens, les maladies
sont plus redoutables. Si les pluies de la saison rendaient les camps peu
sains, vous ferez cantonner mes troupes dans les villages; je vous recommande
d'en avoir grand soin.
Écrivez au général Marmont par mer, et
instruisez-le des mouvements des Autrichiens; réitérez-lui l'ordre de prendre
des positions sur les frontières, de manière à les menacer au moindre
événement. Il peut même commencer à faire travailler à quelques redoutes pour
former un camp retranché et à assurer sa communication avec Zara. Faites-lui
bien comprendre que, la guerre déclarée, il doit envahir tout le pays et
marcher à la rencontre des Autrichiens, s'ils n'ont pas devant lui un corps
plus considérable que le sien.
Rambouillet, 14 mars 1809
A Maximilien-Joseph, roi de Bavière, à Munich
Monsieur mon Frère, je reçois le lettre de Votre Majesté
du 4 mars. Votre Majesté aura reçu, depuis, la mienne, qui lui aura fait
connaître les positions que je désirais que prissent ses troupes. Je dois lui
parler franchement. Si la guerre a lieu, ses troupes doivent agir sérieusement.
Le prince royal, quelque privilégié qu’il puisse être de la nature,
n’a jamais appris ni fait la guerre, il ne peut la savoir. Ce serait donc me priver de l’utilité
que j’attends de vos 40,000 hommes que de ne pas mettre à leur tête un
homme sûr et ferme. J’ai nommé pour les commander le duc de Danzig, qui
est un vieux soldat. Les troupes bavaroises sont aujourd’hui trop
nombreuses et les circonstances sont trop graves pour que je dissimule la
pensée à Votre Majesté. Quand le Prince Royal aura fait six ou sept campagnes
dans tous les grades, il pourra les commander. Du reste, on peut se tirer
facilement de là; le Prince Royal pourra venir avec moi. J'ai ordonné qu'une
estafette fût établie de Paris à Munich, afin d'être instruit le plus
promptement possible. J'ai fait connaître à Votre Majesté mes dernières
dispositions : Bamberg, Würzburg et Bayreuth sont les points de réunion de mes
troupes. Du 20 au 30 mars, mes armées seront
concentrées; toutes les troupes de la Confédération seront également réunies et
prêtes à recevoir les Autrichiens, s’ils se présentent. Le maréchal duc
de Rivoli sera rendu pour cette époque à Ulm. Les nouvelles de Russie sont
toujours les mêmes. L’empereur de Russie est indigné de la conduite de
l'Autriche et fait marcher des troupes. Le colonel Gorgoli, aide de camp de ce
prince, qui arrive à l'instant, m'apporte de nouvelles assurances de ces
dispositions.
Rambouillet, 14 mars
1809
Au comte Fouché,
ministre de la police générale, à Paris
Palafox, sa mère et sa femme
doivent être arrivés ou arriver (sic) à Bayonne. Palafox sera conduit comme un
criminel à Vincennes, et il sera mis au secret, de manière qu'on ne sache pas
qui il est. Sa mère et sa femme seront envoyées au château de Ham pour rester
comme otages pour une quantité de Français qui sont aux mains des insurgés.
Vous ferez transporter le prince de Castelfranco de
Fénestrelle à Naples, où il sera mis au château de Gaëte et à la disposition du
roi de Naples.
Faites arrêter le vicaire de Noyon qui s'est permis, dans
un sermon, des expressions inconvenantes sur la conscription. Vous le ferez
venir à Paris et interroger par un des conseillers d'État. Vous me rendrez
compte de l'interrogatoire.
(Lecestre)
Rambouillet, 15 mars 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations
extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, la réponse du duc d'Oldenbourg
m'étonne. Il faut écrire à son ministre une lettre dans laquelle on fasse
sentir légèrement que, lorsqu'on a pris des engagements, on doit les remplir,
et qu'il y a peu de loyauté dans cette conduite.
Parlez au ministre de Mecklenburg pour qu'il envoie un
courrier, afin que les troupes de Strelitz se rendent sur-le-champ à Stralsund
Il ne faut point ratifier les traités
faits avec les princes de Lippe, mais les approuver. Vous en enverrez une copie
au ministre de la guerre; faites-en faire
aussi une copie pour mon cabinet.
Rambouillet, 15 mars 1809.
Eugène Napoléon,
vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, il paraît que les Autrichiens
veulent opposer à l'armée d'Italie deux corps: l'un de 30 à 40,000 hommes,
qu'ils réunissent à Klagenfurt ou à Villach; l'autre de 20 à 30,000 hommes,
qu'ils réunissent à Laybach. Il serait nécessaire d'avoir un officier d'état
major intelligent, parlant allemand, établi à l'extrémité de la frontière du
côté de Pontebba, qui reçut les déserteurs, les encourageât et vous en envoyât
tes interrogatoires sur la force de l'ennemi de ce côté; un aux débouchés de
Cividale par Caporetto, et un sur la grande route de Palmanova à Trieste. La
comparaison de ces trois rapports réunis vous fera bientôt connaître ce qu'il y
a d'ennemis de ce côté et le projet qu'ils pourraient nourrir.
Vous sentez que, s'il arrivait que le
corps de Klagenfurt eût l'intention de se porter sur Lienz dans le Tyrol, il
serait important que, moyennant le mouvement que vous feriez sur Klagenfurt, il
fût retenu et obligé de vous faire tête.
Rambouillet, 15 mars 1809
Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon fils, l'ouvrage que j'ai ordonné sur
la tête de pont du Tagliamento doit être construit de manière que l'on puisse,
successivement, sans en déranger le tracé, et profitant de ce qu'on a fait le
premier jour, finir par avoir une place importante. Le Tagliamento n'a pas d'eau
les trois quarts de l'année; cependant très-souvent il déborde. Mon but est
que, lorsqu'il déborde, cet ouvrage serve de tête de pont et puisse favoriser
le passage de l'armée. Mais, indépendamment de cet avantage, je veux aussi
obtenir celui de pouvoir laisser là des magasins de cartouches, de biscuit et
des hôpitaux, à l'abri d'un coup de main; eu sorte que, l'armée étant en avant,
un parti ennemi de plusieurs milliers d'hommes, qui, avec de l'artillerie de
campagne, viendrait à se porter sur le Tagliamento et à le passer, ne pût pas
forcer cet ouvrage placé à la tête du pont, et fût du moins arrêté assez de
temps pour que l’armée puisse revenir. Je désire également que, dans le
cas où l'on prendrait position sur la rive droite du Tagliamento, pour observer
le siège de Palmanova, cette tête de pont puisse, ainsi qu’Osoppo, servir
de point d'appui à l'armée. Toutes ces propriétés ne pourront probablement pas
s’obtenir dès cette campagne ; mais il est nécessaire de les avoir
en vue, pour ne pas construire des ouvrages qu’il faille ensuite défaire.
Rambouillet, 15 mars
1809
A Eugène Napoléon,
vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois le projet
d’approvisionnement des places de Palmanova et d’Osoppo. Je pense
qu’il faut mettre à Osoppo trois autres pièces de 24, enfin
d’autant plus que les boulets y existent. Je remarque qu’à Osoppo
il n’y a plus d’obus de 24. Il n’y a pas suffisamment
d’outils de pionniers, ni à Palmanova ni à Osoppo. Il n’y en a à
Palmanova qu’un millier, tandis qu’il en faudrait 1,200 pour
l’artillerie au moins, 6 mille pour le génie et 4 mille pour être
distribués à l’armée qui aura toujours besoin d’en prendre, quoi
qu’on fasse. Il faudra donc encore 10 mille outils à Palmanova, il en
faudra 2 milles à Osoppo. Cet objet est très-important, car, sans outils, on ne
peut remuer la terre : ne perdez pas de temps à y en envoyer. Je vois à
Palmanova 600 milliers de poudre de 16 onces ou de 1 kilogramme. Cette quantité
me parait très-considérable. Je vois que l’approvisionnement de Palmanova
est de 3,000 hommes pendant six mois; cet approvisionnement me parait assez
satisfaisant. Je désirerais qu’il y eût de la farine, du froment ou du
biscuit pour un an. L’approvisionnement
d’Osopo pour quatre mois me parait également suffisant, mais il faut y
mettre de la farine ou du biscuit pour un an. Ordonnez ces augmentations;
indépendamment de cela, ayez, entre
Palmanova, Osopo et la
tête de pont de Tagliamento, 1 million de rations de biscuit, et 2 millions de
rations de farine. Je suppose que vous vous êtes assuré qu’il y a à
Palmanova des moyens de moudre le blé. S’il n’y en a pas, il faut
donner ordre que le blé soit converti en farine.
(prince Eugène)
Paris, 15 mars 1809
A Eugène Napoléon,
vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, je reçois
votre lettre du 9. Faîtes-moi connaître si la place de Venise,
c’est-à-dire Brandolo et la Malghera peuvent être armées. Il faut
préparer cet armement. Faîtes travailler en toute hâte, pour que Brandolo et
Malghera puissent être armées.
(prince Eugène)
Rambouillet, 15 mars
1809
A Jérôme Napoléon, roi
de Westphalie, à Cassel
Je reçois votre lettre du 7. Je n'ai pu la lire qu'avec
étonnement.
Personne en France ne parle de vous. J'ignore ce qu'a pu
vous faire écrire Madame. Vous croyez que je suis mécontent de votre luxe, et
en cela vous ne vous trompez pas. Mais, puisque vous me parlez de votre luxe et
que vous me mettez à même de vous dire là dessus ma façon de penser, je ne
vous cache pas que je le trouve impolitique et ruineux pour vos États.
Je ne vous connais pas de dettes envers moi à moins que
ce ne soit celle de la caisse d'amortissement. Je croyais que vous l'aviez
payée; car elle vous l'a fait à terme. Il faut être scrupuleux, et il vaut
mieux tenir ses engagements que de faire des présents. Un nommé Morio est venu
ici; je ne l'ai pas vu. Il vous a fait du tort par ses propos indiscrets ... (plusieurs
lignes illisibles)
Ne faites point de
folles dépenses. Vous dites que vous implorez mon indulgence; je ne puis juger
que par vos actions. Réformez donc vos dépenses de manière à avoir sur votre
liste civile de grosses économies. Le roi de Prusse, dans sa plus grande
prospérité, n'a jamais mangé plus de 3 millions. Vienne a encore un état de
maison qui ne va pas à la moitié du vôtre. De fausses idées de grandeur, une
générosité peu réfléchie vous ont fait donner une baronnie à Morio (une
ligne illisible) ... Si cela est, je
puis penser que vous êtes peu désireux de me plaire, et que, faisant peu de cas
de mes conseils, je ne dois plus vous en donner.
Je vous ai demandé de me faire connaître l'état exact de
vos troupes, afin de faire mes calculs en conséquence.
Je suis fâché d'apprendre que votre santé est mauvaise.
Couchez vous de nonne heure, et ayez un peu de régime.
(Lecestre)