1 – 15 Octobre 1809
Schönbrunn, 1er octobre
1809.
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Schönbrunn
Monsieur de Champagny,
j'avais demandé cinq cercles de l'ancienne Galicie: Bochnia, 171,459 habitants;
Myslenice, 247.455 ; Zolkiew, 197,430; Lemberg, 131,831; Zloczow, 191,531;
total, 939 706 habitants; indépendamment de la nouvelle Galicie en entier,
1,286,000 habitants, et du cercle de Zamosc, 188,000; total, 1 474,000
habitants.
Ce dernier article
étant consenti, la difficulté roule sur les cinq cercles dont la population est
de 940,000 habitants.
J'ai dans ma conférence
d'hier, cédé la moitié; il reste donc 470,000 âmes. Je désire qu'on les prenne
ainsi, savoir: le cercle de Zolkiew, 197000 habitants ; le cercle de
Zloczow, 191,000; un arrondissement autour de Wieliczka, 82,000; total, 470,000
habitants. Vous remarquerez que le cercle de Cracovie passe déjà sur la rive
droite de la Vistule et entoure Podgorze. C'est cette enclave, que je veux
augmenter de 82,000 âmes, mais de manière que Wieliczka et sa saline y soient
compris; je ne me départirai pas de cela.
Vous trouverez
ci-joint, sur une petite carte, tout ce qui doit appartenir au duché de
Varsovie, couvert d'une teinte. Sa population, par ce moyen, sera de 1,556,000
habitants , savoir : la nouvelle Galicie en entier, 1,286,000 habitants; le
cercle de Zamosc , 188,000, l'arrondissement de Wieliczka, 82,000; total,
1,556,000 habitants.
Pour la Russie: le
cercle de Zolkiew, 197,000 habitants; le cercle de Zloczow, 191,000; total,
388, 000 habitants.
Voici maintenant mon
raisonnement sur la Galicie, présenté sous un second rapport. La population
entière de la Galicie est de 4,800,000 habitants ; la moitié, de
2,400,000; voilà ce que les Autrichiens doivent.
Ils offraient, dans la
Galicie, le cercle de Zamosc et la nouvelle Galicie; nouvelle Galicie,
1,286,000 habitants; cercle de Zamosc 188,000; ce qui fait en tout 1 474
000 ; la différence est donc de 926,000 habitants.
J'ai renoncé hier à la
moitié de cette différence pour aplanir les difficultés de la négociation et
laisser à l'Autriche le chemin qui conduit de Moravie en Galicie. Cette moitié
est de 463,000 âmes.
Les Autrichiens
n’auront donc cédé que 1,937,000 âmes ; ils en auront gagné 468,000.
Voilà tout ce que je
puis faire pour accélérer les négociations Il est clair que je me relâche de
mon ultimatum de quelques cents milliers d’habitants.
Quant aux frontières de
Bavière je me suis désisté hier du territoire de Gmünd, compris entre la Traun
et le lac Kammer. La limite depuis Schwannstadt remontera la rive droite de la
rivière Ager et du lac Kammer jusqu'aux frontières de Salzburg. Je ne réclame
point d’équivalent sur la rive gauche du Danube.
Quant aux articles de
renvoi des citoyens français, je n'ai pas voulu me relâcher, j’ai sentir
l'importance de cette mesure comme conservatrice.
Quant à l'article de la
réduction des troupes, j’ai consenti à ce qu’elle n’ait lieu que jusqu'à la
paix avec l'Angleterre.
Schönbrunn, 1er octobre
1809
Au général Clarke
Monsieur le général
Clarke, notre militaire est peu instruit;
Il faut s'occuper de
deux ouvrages, l'un pour l'école de Metz, l'autre pour celle de Saint-Cyr.
L'ouvrage pour l'école
de Metz doit contenir les ordonnances sur les places, les jugements qu'ont encourus
tous les commandants qui ont rendu légèrement la place dont la défense leur
était confiée, enfin toutes les ordonnances de
1.- Comment de vrais
militaires, prenant le commandement de places presque démantelées, les ont en
peu de temps mises en état de soutenir un long siège.
Il faut entrer, à cet
égard, dans de grands détails et citer une quinzaine d'exemples, tels que celui
du duc de Guise à Metz et celui du chevalier Bayard à Mézières.
2.- Comment ces braves
commandants, prévoyant l'attaque de l'ennemi, ont sur-le-champ rectifié la
brèche, retranché le bastion; comment, d'ailleurs, le moindre petit ouvrage et
une bonne défense des derniers travaux ont considérablement retardé le
cheminement des assiégeants.
On peut citer le
dernier siège de Danzig, où un simple blockhaus nous a fait passer quinze jours
pour le couronnement du chemin couvert et le passage du fossé. Il faut, à cette
occasion, se récrier contre cette manie qu'ont les officiers du génie de croire
qu'une place ne peut se défendre que tant de jours; faire sentir combien cela
est absurde et citer des exemples connus de sièges où, au lieu du nombre de
jours qu'on avait calculé devoir mettre à faire cheminer les parallèles, on a
été forcé d'y employer un temps bien plus considérable, soit par des sorties de
la place, soit par des feux croisés, soit par toute autre espèce de retards que
la défense de la place a fait naître; faire voir, lorsqu'il existe une brèche,
toutes les ressources qui restent encore si la contrescarpe n'a pas sauté, si
tous les feux ne sont pas éteints, et comment l'assaut même de la brèche peut
manquer si l'on s'est retranché derrière.
Je ne trace là qu'un
aperçu des idées qui doivent entrer dans cet ouvrage; c'est un travail complet
à faire, et je crois que Carnot, ou tout autre de cette classe, serait
très propre à s'en charger. (Carnot fut effectivement
chargé de ce travail, qui lui fut payé 10 000 francs
Le but doit être de
faire sentir de quelle importance est la défense des places, et d'exciter
l'enthousiasme de mes jeunes militaires par un grand nombre d'exemples; faire
connaître combien, dans tous les cas, les délais qu'on a mis en avant comme
règles du cheminement ont constamment éprouvé des retards dans l'application.
Enfin, dans cet ouvrage, on doit faire entrer un grand nombre de faits
héroïques, par lesquels se sont immortalisés les commandants qui ont défendu
longtemps les places les plus médiocres, et rappeler en même temps les
sentences qui, chez toutes les nations, ont flétri ceux qui n'ont pas rempli leur
devoir.
L'auteur seul peut
concevoir les divisions de cet ouvrage, dont je ne donne l'idée qu'en bloc. Il
doit traiter non-seulement ce qui regarde l'officier du génie, mais aussi le
commandant et le gouverneur d'une place; il doit apprendre le peu de cas qu'il
faut faire des faux bruits que l'ennemi peut répandre, et poser en principe
qu'un commandant de place assiégée ne doit faire aucune espèce de raisonnement
étranger à ce dont il est chargé; qu'il doit se regarder comme isolé de tout;
qu'il doit enfin n'avoir d'autre idée que de défendre sa place, avec tort ou
raison, jusqu'à la dernière minute, conformément à ce que prescrivent les
ordonnances de
J'attache une grande
importance à cet ouvrage, et celui qui le fera bien méritera beaucoup de moi.
Il faut que ce soit à la fois un ouvrage de science et d'histoire; que les
récits soient même quelquefois amusants; qu'il y ait de l'intérêt, des détails,
et que, s'il le faut, des plans y soient joints.
Cependant il ne faut
pas sortir des bornes d'un ouvrage propre à être mis dans les mains des jeunes
gens.
Quant à l'ouvrage pour
l'Ecole militaire, je désire qu'on y traite de l'administration en campagne,
des règles du campement, pour que chacun sache comment se trace un camp, enfin
des devoirs d'un colonel ou d'un commandant de colonne d'infanterie. Il
faut surtout appuyer sur les devoirs de l'officier qui commande une colonne
détachée; bien exprimer l'idée qu'il ne doit jamais désespérer; que, fût-il
cerné, il ne doit pas capituler; qu'en pleine campagne il n'y a pour de braves
gens qu'une seule manière de se rendre, c'est, comme François Ier et le roi
Jean, au milieu de la mêlée et sous les coups de crosse; que capituler, c'est
chercher à sauver tout hors l'honneur; mais que, lorsqu'on fait comme François
Ier, on peut du moins dire comme lui: Tout est perdu fors l'honneur ! Il faut
citer là des exemples, tels que celui du maréchal Mortier à Krems, et un grand
nombre d'autres qui remplissent nos annales, pour prouver que des colonnes
armées ont trouvé moyen de se faire passage en cherchant toutes leurs
ressources dans leur courage; que quiconque préfère la mort à l'ignominie se
sauve et vit avec honneur, et qu'au contraire celui qui préfère la vie meurt en
se couvrant de honte. On peut ainsi prendre dans les histoires modernes tous
les traits faits pour exciter l'admiration ou le mépris. Au nombre des actions
honteuses, il faut mettre les affaires de Blenheim et de Höchstädt, et celle du
corps de grenadiers français qui, dans la guerre de Sept-Ans, a capitulé. On
peut même citer l'affaire du général Dupont, qui, tandis que des colonnes de
secours s'avançaient, se tint pour battu dans une première attaque, préféra,
pour sauver des bagages, obtenir une prétendue capitulation qui ne fut point
exécutée, et entraîna ainsi les autres divisions dans sa perte.
Il y a un grand nombre
de traits historiques pour et contre, qu'il faudra choisir et citer, de manière
à inspirer toujours l'admiration pour les uns et le mépris pour les autres.
Beaucoup d'autres
ouvrages seraient nécessaires pour les écoles et il faudrait peut-être nommer
une commission de militaires instruits, que vous chargeriez de faire le
prospectus de ces différents ouvrages.
Schönbrunn, 2 octobre
1809
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Schönbrunn
Monsieur de Champagny,
témoignez mon mécontentement au sieur Bourrienne de ce qu'il ne vous rend pas
compte des démarches du roi de
Westphalie à Hambourg. On assure que le cabinet de Cassel veut obliger les
villes hanséatiques à lui faire un prêt. Si cela est, il doit s'y opposer de
toutes ses forces, sans cependant empêcher un emprunt qui serait volontaire de
la part des citoyens.
Schönbrunn, 2 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Écrivez au roi
d'Espagne que les Anglais, dans leurs relations, disent avoir pris du canon,
qu'ils détaillent le nombre des pièces, que toutes les lettres de l'armée le
certifient, et qu'enfin le général Sénarmont dans son rapport, accuse qu'il y a
six pièces de canon prises. Écrivez au général Sénarmont et au directeur du
parc de donner l’état de l'artillerie perdue à la bataille de Talavera; que la
moindre omission serait criminelle; que ce n'est pas pour imprimer, mais pour,
savoir la vérité.
Témoignez au général
Suchet ma satisfaction sur sa manière de marcher, et faites-lui connaître que
je m'en rapporte à lui pour assurer la possession du fort important de Jaca, et
qu’il y mette la garnison qu'il jugera convenable. Informez-le que j'ai nommé
colonel, comme il le demande, le chef de bataillon Lapeyrolière du 117e.
Schönbrunn, 2 octobre
1809
Au comte Fouché, chargé
par intérim du portefeuille de l’intérieur, à Paris
Je reçois votre lettre
du 25 septembre. Je suppose que vous avez détruit le régiment des
chevau-légers. S'ils veulent faire la guerre,
c'est bien; sans cela, il est inutile qu'ils occupent de bons chevaux et
dépensent l'argent de leurs parents. Les gardes nationales de Paris, en 1789,
n'avaient pas d'hommes à cheval. Cela finira la querelle des colonels. A ce
sujet, j'ai lieu d'être mécontent que vous ayez arrêté l'effet de mon décret.
Personne n'a ce droit en France. Lorsque vous avez reçu mon décret, vous deviez
l'exécuter comme vous avez fait pour le maréchal Sérurier. En général, j'ai
toujours le même reproche à vous faire : vous ne mettez pas assez de légalité
dans votre conduite. Vous devez ne pas faire ce qui vous paraître plus
convenable, mais accorder tout avec la règle.
On me rend compte qu'un
nommé Julian porte les épaulettes de colonel; faites-les-lui retirer, si vous
ne voulez pas que je les lui fasse honteusement arracher. J'ai écrit au
ministre de la guerre pour lui faire connaître mon intention. Que personne ne
porte d'épaulettes d'officier sans avoir un brevet de moi. J'en excepte les
officiers des gardes nationales des cinq divisions des côtes, qui pourront
porter les épaulettes, jusqu'à celles de capitaine, lorsque le ministre les
aura prévenus qu'il a mis leur nom sous mes yeux. Mais je désire que cela se
fasse sans blesser personne, car ceux qui se sont mis en avant ont voulu être
utiles; il ne faut point les dégoûter.
Je m'étonne qu'à la
course du Champ-de-Mars il n'y ait eu que quatre chevaux. Il devait y en avoir
autant que de départements. Cette institution est encore dans l'enfance.
Schönbrunn, 2 octobre
1809
A Joachim, roi des
Deux-Siciles, à Naples.
L'idée de m'envoyer des
brigands pour recruter les régiments napolitains qui sont à mon service ne vaut
rien. Vous savez que la plus grande partie de ceux que vous m'avez envoyés ont
déserté. Il y a trop de brigands en Espagne. Il ne faut donc pas songer à ce
que vous me proposez.
Je donne ordre au
ministre de la guerre de vous envoyer tous les officiers napolitains qui sont
dans les troupes françaises ou italiennes.
Schönbrunn, 3 octobre
1809.
NOTE SUR DES
INSCRIPTIONS PROPOSÉES POUR L'ARC DE TRIOMPHE.
L'Institut propose de
donner à l'Empereur le titre d'Auguste et de Germanicus. Auguste n'a eu que la
bataille d'Actium. Germanicus a pu intéresser les Romains par ses malheurs,
mais il n'a illustré sa vie que par des souvenirs très-médiocres.
On ne voit rien dans le
souvenir des empereurs romains que l'on puisse envier. Un des plus grands soins
de l'Institut et des hommes de lettres doit être de s'attacher à mettre une
grande différence entre eux et les faits de notre histoire. Quel horrible
souvenir pour les générations que celui de Tibère, Caligula, Néron, Domitien et
de tous ces princes qui régnèrent sans lois légitimes, sans transmission
d'hérédité, et, par des raisons inutiles à définir, commirent tant de crimes et
firent peser tant de maux sur Rome !
Le seul homme, et il
n'était pas empereur, qui s'illustra par caractère et par tant d'illustres
actions, c'est César. S'il était un titre que l'Empereur pût désirer, ce serait
celui de César. Mais tant de petits princes ont tellement déshonoré ce titre
(si cela était possible), que cela ne se rapproche plus de la mémoire du grand
César, mais de celle de ce tas de princes allemands aussi faibles qu'ignorants
et dont aucun n'a laissé de souvenirs parmi les hommes.
Le titre de l'Empereur
est celui d'Empereur des Français. Il ne veut donc aucune assimilation, ni le
titre d'Auguste, ni celui de Germanicus, ni même celui de César.
Quant à la langue dans
laquelle les inscriptions doivent être rédigées, c'est la langue française. Les
Romains se servirent quelquefois de la langue grecque dans leurs inscriptions,
mais c'était un reste de l'influence des Grecs sur les arts et les sciences à
Rome. La langue française est la plus cultivée de toutes les langues modernes;
elle est plus définie, plus répandue que les langues mortes. On ne veut donc
point d'autres langues pour les inscriptions que la langue française.
Schönbrunn, 3 octobre
1809
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Schönbrunn
Monsieur de Champagny,
il faut approfondir ce que c'est que des effets qui courent sur la place sous
le titre de billets de Carniole et de billets de Trieste, si c'est au compte
des provinces ou de la Maison d'Autriche, afin qu'on ne nous mette pas des
dettes sur le corps.
Schönbrunn, 3 octobre
1809
Au comte de Préameneu,
ministre des Cultes, à Paris
Monsieur Bigot
Préameneu, je désire que vous fassiez faire deux ouvrages soignés et qui
passeront sous vos yeux: l'un sur la grande discussion qui eut lieu à
l'occasion du concordat de Léon X, sous François ler et sous le ministère du
chancelier Duprat. Il faut qu'il n'y ait que des citations dans cet ouvrage, en
rapportant les phrases originales des historiens, les requêtes de l'Université,
les discours des gens du roi, les remontrances du Parlement et tout ce qui a
été dit il cette importante époque contre la cour de Rome et pour
l'indépendance de l’église gallicane. Je désire qu'un recueil de toutes ces
pièces soit fait en un volume, qui aura le titre d'Histoire du Concordat de
Léon X. Chargez de ce travail un homme versé dans ces matières et qui se tienne
dans la limite; qu'en général il mette peu du sien; qu'il fasse un récit
intéressant des faits, mais qu'il cite tout ce qui est émané de l'Université,
de la Sorbonne, du Parlement, à cette célèbre époque. Le second ouvrage aura
pour titre : Histoire des guerres que les Papes ont faites à la puissance qui
avait de la prépondérance en Italie, et spécialement à la France. L'idée
primordiale de cet ouvrage doit être que les Papes ont constamment fait la
guerre à toute puissance qui acquérait de la prépondérance en Italie; qu'alors
ils employaient les armes spirituelles pour soutenir le temporel; de là des
désordres incalculables dans l'Église; que les Papes n'ont jamais été engagés
dans des guerres que dans des vues temporelles et pour avoir les moyens de
donner des souverainetés à leurs neveux. Cet ouvrage doit être fait par un
homme qui reste constamment dans les principes de la religion, mais se tienne
rigoureusement sur la limite qui distingue le temporel du spirituel.
Schönbrunn, 3 octobre
1809
Au comte Bigot de
Préameneu, ministre des Cultes, à Paris
Monsieur Bigot
Préameneu, en lisant l'ensemble du mandement de l'évêque de Saint-Brieuc, je
pense comme vous. La phrase qu'on m'avait mise sous les yeux m'avait paru
douteuse; cela prouve le danger d'isoler des passages. Il me semble que
l'ensemble du mandement est bon, j'ai lu avec intérêt l'extrait que vous m'avez
remis sur les mandements des évêques. Je désire que vous me fassiez relier tous
ces mandements en un seul volume et que vous me le remettiez.
Faites mettre dans les
journaux ecclésiastiques un extrait des mandements des principaux évêques sur
ma lettre, à peu près comme celui que vous m'avez remis, en en retranchant les
mandements mauvais ou douteux, et en développant mieux ce qui caractérise, dans
les bons mandements, l'attachement au Gouvernement et les lumières de leurs
auteurs sur la limite des deux pouvoirs.
Schönbrunn, 3 octobre
1809.
Au comte Bigot de
Préameneu, ministre des Cultes, à Paris
Monsieur Bigot
Préameneu, quelles sont les trois meilleures têtes du clergé de France comme
théologiens gallicans ?
Schönbrunn, 3 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre des Cultes, à Paris
Écrivez au roi
d'Espagne qu'il est nécessaire de faire construire et d'occuper une forte tête
de pont sur la rive gauche du Tage et de faire travailler à plusieurs ponts,
afin de pouvoir manœuvrer facilement sur les deux rives.
Faites connaître au Roi
que mes troupes en Espagne manquent de tout, parce que mes généraux n'ont aucun
pouvoir dans les provinces, et que, les autorités espagnoles étant faibles, les
agents de la junte en profitent pour lui faire passer l'argent ; qu'il
faut donc que les commandants des provinces aient l'administration du pays;
que, dans la saison actuelle, qui est la bonne pour l'Espagne, il ne doit pas
souffrir que l'ennemi approche de plusieurs marches du Tage, en tombant sur le
premier qui se présente; que c'est d'ailleurs le moyen d'avoir des subsistances
et d'ôter à l'ennemi des ressources en recrues, et en vivres; qu'il est contre
toutes les règles de la guerre que, quand on occupe une position comme Plasencia,
on laisse l'ennemi en position de couper les différents corps; qu'il ne faut
donc pas souffrir que l'ennemi approche de plusieurs marches d'Almaraz; que la
position qu'occupe l'armée est timide, mauvaise, et ne peut donner lieu qu'à
des malheurs; qu'en ayant, au contraire, des ponts sur le Tage, avec de bonnes
têtes de pont pour assurer sa retraite, et en battant sans cesse la plaine sans
en laisser approcher l'ennemi, on saura ce qu'il fait, on empêchera sa réunion
et on se ménagera les moyens d'être réuni à temps; que la position actuelle est
absurde et contraire à tous les principes: pourquoi, du moment que 7 à 8,000
hommes sont venus bivouaquer devant Belvis de Monroy, ne les a-t-on pas
attaqués et battus ?
Écrivez aux généraux
Kellermann et Thiebault et au général commandant en Aragon de ne pas se laisser
trahir par les Espagnols et de prendre des mesures pour garnir les magasins, se
procurer des vivres, des moyens de charroi et tout ce qui est nécessaire à la
troupe.
Schönbrunn, 3 octobre
1809
A Alexandre, prince de
Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn
Mon Cousin, le régiment
des chevau-légers polonais se trouvant dans des cantonnements infectés d'une
fièvre contagieuse, mon intention est qu'il monte à cheval à midi et parte pour
Saint-Pölten, où il sera cantonné dans la ville et environs. Ce régiment
emmènera avec lui son dépôt et ses convalescents.
Schönbrunn, 5 octobre
1809
Au comte Mollien,
ministre du trésor public, à Paris
Monsieur Mollien, Maret
vous aura envoyé le budget du quatrième trimestre de l'année. Il est probable
que, dans le courant de novembre, toute la Garde sera rentrée en France, et que
probablement une partie de l'armée y sera également de retour. Il est donc
nécessaire que vous preniez des précautions pour que la solde ne soit pas payée
deux fois, à l'armée et en France. Cette campagne ne m'a pas rendu autant que
la précédente. Cependant, par les articles secrets des traités, je recevrai 100
millions sur la contribution; mais je ne crois pas que, y compris les magasins
que je vendrai, j'aie reçu, jusqu'à cette heure, plus de 50 millions. Cette
campagne ne m'aura donc rendu que 150 millions.
Schönbrunn, 5 octobre
1809
A Elisa Napoléon,
Grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur, je reçois
votre lettre du 28 septembre. Vous me dites que soixante cures sont vacantes
dans le pays d'Arezzo; je ne vois pas pourquoi ces cures sont restées vacantes.
Je désire que vous ayez soin qu'on y nomme promptement des bons sujets et qui
me soient attachés, Vous me dites aussi que le superbe domaine de la liste
civile dans le val de Chiana n'a pas de directeur: voyez l'intendant de ma
liste civile et faites nommer un directeur capable; cela ne dépasse pas vos
attributions. Quant aux curés, c'est à l'évêque à les nommer, et je désire
qu'il s'en occupe sans retard. Vous me dites que les chemins sont en mauvais
état; il faut vous occuper de les faire rétablir; j'ai accordé des fonds
suffisants pour les travaux de cette année; levez tous les obstacles.
Schönbrunn, 6 octobre
1809, trois heures du matin
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Schönbrunn
Monsieur de Champagny,
je reçois votre lettre. Je vais aujourd'hui jusqu'aux frontières de la Styrie,
pour voir le pays et le débouché des montagnes. Vous pouvez dire que j'ai été
voir les troupes de l'armée d'Italie au delà de Neustadt.
Ayez aujourd'hui une
conférence peu parleuse, dans laquelle vous direz au prince de Liechtenstein
qu'il connaît mon ultimatum et que la paix est à ces conditions. S'il ne répond
pas d'une manière satisfaisante, vous remettrez la note ci-jointe, que vous
tiendrez toute faite. Vous ne manquerez pas d'ajouter que le prince de
Liechtenstein me marque peu d'égards; que, depuis quatre ou cinq jours que je
le presse de finir, il tend à dénaturer la négociation; que je pensais toujours
que la moitié des mines pouvait le satisfaire; que la question de l'Inn ne
pouvait être renouvelée, ni aucune modification admise, sans faire rétrograder
la négociation au delà de ce qu'elle était; que c'est enfin se moquer de vous
et de moi. Parlez clair; dites-lui qu'il réfléchisse sur la note, et que ce
soir, à mon retour, je désire en connaître le résultat; que, voulant faire une
campagne avant l'hiver, je ne puis attendre plus longtemps. Si cela est bien
fait, je dois trouver la paix faite à mon arrivée; et cela sera bien fait, si
c'est dit solennellement et d'un ton positif. Au fond, la négociation devient
ridicule. Vous ne manquerez pas de faire connaître que cet ultimatum a été
donné ce matin avant mon départ.
NOTE.
Le soussigné, ministre
des relations extérieures, est chargé de faire connaître au prince de
Liechtenstein que le sine qua non des négociations est dans les conditions
qu'il lui a fait connaître hier; que, depuis trois mois, les négociations
traînent sans arriver à aucun résultat; que S. M. l'Empereur, dans son
ultimatum qu'il avait donné dans sa lettre à l'empereur d'Autriche, avait
demandé 1,600, 000 âmes sur la frontière de l'Inn et sur celle de l'Italie, et
que cependant, par son sine qua non, il se contente entre 1,400,000 et
1,500,000 âmes; qu'il avait demandé en Galicie 2,500,000 habitants; qu'il se
contente cependant de 1,900,000 ; qu'admettre d'autres conditions serait
contraire à son honneur et aux promesses qu'il avait faîtes en annonçant à
l'empereur d'Autriche, dans sa lettre, que les conditions qu'elle renfermait
étaient son ultimatum; que, d'ailleurs, Sa Majesté est résolue à ne pas se
désister de son sine qua non ; que c'est donc au prince de Liechtenstein à
prendre son parti sur cette déclaration.
Schönbrunn, 6 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général
Clarke, je vois dans les journaux une lettre du général Sénarmont à la cour de
Carlsruhe, dans laquelle il lui rend compte de la bravoure qu'ont montrée les
troupes de Bade, etc.
Je trouve ces rapports
extrêmement déplacés. Faites une circulaire aux généraux qui ont des troupes
alliées sous leurs ordres pour leur interdire toute correspondance avec les
cours étrangères ,et faites-leur connaître que j'ai témoigné mon mécontentement
au général Sénarmont pour avoir écrit cette lettre.
Un autre général a
écrit au roi de Hollande. Tour cela est ridicule.
Schönbrunn, 7 octobre
1809.
NOTE POUR LES
MINISTRES DE L’INTÉRIEUR ET DE LA JUSTICE
De ce que la Spezia est
devenue port militaire, on en conclut qu'il est inutile de former à Bouc un
port militaire et de construction de vaisseaux de guerre. La Spezia et le port
de Bouc n'ont rien de commun, et l'on pourrait même dire que c'est parce que la
Spezia est devenue port de guerre, qu'il faut former à Bouc des établissements
pour la construction de trois ou quatre vaisseaux de ligne. On ne ferait plus
de construction à Toulon, qui deviendrait exclusivement port d'armement et de
radoub. Bouc a une qualité essentielle pour être port de construction,
puisqu'il se trouve à l'embouchure d'un fleuve qui communique, par les moyens
de navigation, tant exécutés qu'en exécution, avec l'Océan et toutes les
grandes rivières de France.
Schönbrunn, 7 octobre
1809
Au général comte
Dejean, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris
Dans le dernier état de
situation, au ler août, il y avait à Bayonne 9,000 habits de ligne et 1,500
légers. Cela sera suffisant pour habiller les 7,000 hommes que j'ai ordonné d'y
diriger. Je vois qu'il y avait 20,000 chemises, 80,000 paires de souliers et
tout ce qui est nécessaire.
Schönbrunn, 7 octobre
1809.
Au prince de Neuchâtel
et de Wagram, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn
Mon Cousin, mettez à
l'ordre l'enquête faite sur l'adjudant commandant Mériage et les réponses de
cet officier, en faisant connaître que, en conséquence de ces pièces, Sa
Majesté le déclare exempt de tout blâme.
Je vous ai recommandé de faire imprimer l'ordre du jour dans le
Moniteur. Faîtes-y mettre également le résultat de la présente enquête.
ORDRE DU JOUR
Quartier impérial de
Schönbrunn, 1er octobre 1809.
Le nommé Guéniard,
secrétaire de l'adjudant commandant Mériage, commandant de la place de Vienne,
ayant été convaincu d'après le jugement d'une commission militaire, d'avoir eu
des intelligences avec l'ennemi et d'en avoir reçu de l’argent, a été condamné
à la peine de mort et exécuté aujourd’hui.
L’Empereur ordonne que
l'adjudant commandant Mériage, commandant de la Ville de Vienne, soit remplacé
dans ce commandement, et qu'il soit nommé une commission d’enquête, composée de
quatre officiers généraux, pour informer :
1° Si M. Mériage
connaissait le sieur Guéniard quand il l'a pris pour secrétaire;
2° Quelles mesures a
prises l’adjudant commandant Mériage pour s'assurer des mœurs, de l'honnêteté
et de la moralité de cet homme avant de lui conférer une place aussi importante
et dans laquelle il était à même de connaître les détails de l’armée ;
3° M. Mériage
s'était-il procuré des renseignements sur la conduite antérieure du sieur
Guéniard auprès des personnes auxquelles cet individu était attaché ?
Etait-il porteur de
papiers et de titres qui garantissaient sa conduite passée ?
4° Comment M. Mériage
a-t-il pu ignorer que le sieur Guéniard était mal famé depuis longtemps ?
Sa Majesté fait
connaître à MM. les officiers des états-majors, commandants d’armes et à MM.
les chefs d'administration, qu'ils doivent répondre des personnes auxquelles
ils accordent leur confiance. Leur premier devoir est de ne s’attacher que des
hommes bien famés et connus par leur conduite antérieure, et de repousser loin
d’eux ces individus tarés dans l'opinion publique et immoraux, qui, par leur
esprit d’intrigue, ont plus de facilité à se mettre en avant, à tromper ceux
qui les emploient et à trahir les secrets des cabinets où ils sont entrés.
Le prince de Neuchâtel,
major général, ALEXANDRE.
Schönbrunn, 7 octobre
1809.
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je reçois votre lettre,
du 30 septembre. Je vois avec plaisir qu'il y a en France plus de voitures
neuves que je ne pensais; qu'il y en a 600 à Strasbourg, parmi lesquelles 120 haquets à bateaux; les
bateaux y sont-ils ? Qu’entre Strasbourg et Mayence, Auxonne, Metz et la Fère
j'ai 900 voitures neuves; c'est la moitié de ce que je demande.
Ce qui existe à
Grenoble doit être tenu en réserve pour l'Italie, en cas de malheur et qu'il
fallût reformer une armée sur les Alpes. Je vois 300 voitures marquées en encre
rouge; je présume qu'elles sont à réparer. Au total, cet état est plus
satisfaisant que je ne le croyais, et ma croyance est simple: vous m'aviez
écrit que vous n'aviez pas de voitures. Vous avez justifié le directeur
d'artillerie de Mayence d'avoir donné de mauvaise artillerie au corps de Hanau,
en disant qu'il n'y avait pas d'artillerie; cependant il y avait là 120
voitures.
Il faut avoir un grand
nombre de forges de campagne, non seulement pour l'artillerie, mais pour que je
puisse au besoin en prendre pour la cavalerie. Cela étant, faites vos commandes
et organisez vos arsenaux de manière qu'on y travaille sans relâche.
Présentez-moi un nouveau projet. Je désire que vous regardiez comme à compte
sur les 2,200 voitures que j'ai demandées celles qui sont à Strasbourg, Metz,
la Fère, Auxonne et Mayence. Il faut également compter celles que vous faites
confectionner et qui entrent dans les budgets des années 1809 et 1810, parce
que j'estime que ce ne sera qu'en 1811 que vous pourrez avoir 3,000 voitures
que je demande, au lieu de 2,200. Il est probable que celles que vous avez
formeront un nombre de 1,000 à 1,200, et, comme je veux conserver les mêmes
fonds que j'ai accordés par le budget de cette année, on pourra employer le
surplus d'affûts de place et de côte.
Résumé. Je désire que
mes arsenaux soient organisés de manière qu'au 1er janvier 1811 j'aie dans mes
arsenaux du Rhin 2,500 voitures de campagne neuves , indépendamment de 3 ou 400
voitures que la Grande Armée y déposera. Ce nombre de 2,500 voitures se
compose: 1° des voitures neuves existant aujourd'hui, 2° de celles à faire par
le budget de 1809, 3° de celles à faire par le budget de 1810, 4° du supplément
à faire en conséquence du budget extraordinaire de cette année, c'est-à-dire
sur les fonds accordés par mon dernier décret. Présentez-moi, à mon retour à
Paris, un travail là-dessus.
Un second travail que
je désire que vous me fassiez faire est celui-ci : me faire connaître, 1° le
nombre d'affûts de côte, de siége et de place existant dans mes arsenaux, 2°
les commandes que vous avez faites en conséquence du budget de 1809, 3° les
commandes que vous avez faites sur le budget de 1810, 4° enfin
l'extraordinaire, pour consommer les fonds que j'ai mis cette année pour les
voitures d'artillerie.
Je vous prie de
considérer quatre choses: l° que j'ai pour principe, non seulement d'avoir une
grande quantité d'affûts et de canons à la Fère, comme place centrale et près
de Paris; 2° que je veux faire de Metz, comme place forte et éloignée des
frontières, le grand dépôt de mon matériel; 3° qu'il faut que Turin puisse
fournir à l'armement d'Alexandrie; 4° qu'il faut que le Nord puisse fournir au
grand armement d'Anvers et de l'Escaut, car je désire que les batteries du fort
Lillo et autres forts soient sur affûts de place et de côte, ainsi que celles
d'Anvers. Jusqu'à cette heure il n'y a que des batteries sur affûts marins; il
faut changer cet état de choses.
Faites travailler avec
la plus grande activité possible dans les arsenaux. L'Empire est vaste, et les
besoins sont considérables.
Schönbrunn, 7 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à paris
Monsieur le Général Clarke,
donnez l'ordre à Bayonne qu'on forme un régiment de marche tiré des dépôts des
34e, 114e , 115e, 116e, 117e, 118e,
119e et 120e. Ce régiment restera réuni à Bayonne jusqu'à
ce qu'il soit bien habillé, bien discipliné et fort de 3 à 4,000 hommes. Le 1er
novembre, le général Hédouville en passera la revue et me fera connaître sa
situation. Vous passerez à Paris la revue des deux bataillons de la Vistule et
des 200 lanciers. Vous dirigerez de Sedan tout ce qu'il y aurait de disponible
sur ces deux corps, en leur faisant donner ce qui leur est nécessaire pour les
porter à 1,500 hommes d'infanterie et 300 chevaux. Vous me ferez connaître, au
20 octobre, la situation de ces corps pou que j'indique leur destination, Vous
dirigerez sur Orléans le bataillon irlandais et les autres troupes que vous
destineriez pour l'Espagne.
Réunissez à Paris tout
ce que les dépôts de dragons pourront fournir après avoir complété les six
régiments provisoires à 6,000 hommes, et tâchez de porter ce nombre d'hommes à
3,000. Vous pourrez former de ces 3,000 hommes deux ou trois régiments de
marche. Ces régiments de marche attendront à Tours, et autres lieux où le
fourrage est abondant, l'arrivée des régiments provisoires, pour se joindre à
eux. Par là, j'aurai neuf régiments provisoires de dragons, composés des 3e et
4e escadrons et formant 9,000 chevaux.
Mon intention est de
réunir, pour le commencement de décembre, 80,000 hommes d'infanterie et 15 à
16,000 chevaux, pour entrer en Espagne avec ces renforts. Je suppose que
l'ennemi aura évacué l'île de Walcheren. Voici comment je suppose que je
pourrai former ce corps de 100,000 hommes.
Infanterie : 9,000
hommes, composés des 26e, 66e, 82e, d'un bataillon hanovrien et d'un bataillon
de la légion du Midi; 6,000 hommes des 47e, 15e, 86e et 76e; 3,000 hommes du
22e de ligne; 8,000 hommes des neuf bataillons du corps du duc d'Abrantès et du
régiment de Berg; 3,000 hommes du régiment de marche qui se forme à Strasbourg;
3,000 hommes du régiment de marche qui se forme à Maëstricht; 14,000 hommes des
six demi-brigades provisoires de l'armée du Nord; 3,000 hommes du régiment de
marche qui se forme à Bayonne; 19,000 hommes provenant de tout ce qui se trouve
disponible aux dépôts de tous les régiments , en France, qui seront dirigés sur
Bayonne et incorporés dans les régiments d’Espagne; 10,000 hommes de la Garde;
total : 80,000 hommes d’infanterie et 4 000 hommes de troupes alliées.
Cavalerie. 9,000
dragons des neuf régiments provisoires; 2,000 hommes provenant des dépôts de
chasseurs et hussards qui ont leurs régiments en Espagne; 1,000 hommes du
régiment provisoire; 600 hommes du régiment de chasseurs du grand-duché de
Berg; 3,400 hommes de tous les dépôts de chasseurs et hussards qui sont en
France, à incorporer dans les régiments de l'armée d'Espagne, y compris 1,000
hommes tirés des dépôts de cuirassiers pour le 13e de cuirassiers; total,
16,000 hommes de cavalerie.
Ce qui, avec les 80,000
hommes d'infanterie française et les 4,000 alliés, fera 100,000 hommes, que mon
intention est d’avoir réunis, entre Bayonne et Orléans, dans le mois de
décembre, pour entrer en Espagne.
Je désire que vous
fassiez faire ce travail dans vos bureaux, afin de rectifier ces calculs, et
que vous me présentiez la formation d’une réserve de 100,000 hommes, en n'y comprenant
aucun homme de l'armée d'Allemagne si ce n'est le corps du duc d'Abrantès.
Schönbrunn, 7 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
J'ai à l'armée une
grande quantité de chevaux d'artillerie, une partie se rendra à Laybach, où
sera le quartier général de d’Italie; une partie restera dans le nord de
l'Allemagne avec le duc d Auerstaedt. Mon intention est d’en envoyer 2 000 à
l'armée d’Espagne. Je suppose qu'il en rentrera en France au moins 8 ou 9,000.
Je désire que ces 8 ou 9, 000 chevaux soient répartis dans l'Alsace, la
Lorraine, la Franche-Comté et la 26e division militaire, chez les paysans.
Présentez-moi un projet là-dessus. Je désire qu’à peine arrivés, ces chevaux
soient distribués, afin qu'ils ne coûtent rien. Quant aux harnais, on les
placera à Metz, Strasbourg, Mayence. Je ferai la même chose pour ma Garde.
J'enverrai en Espagne un millier de ces chevaux, et j'en placerai un millier
autour de la Fère.
Schönbrunn, 7 octobre 1809
Au général Clarke, comte
d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Mon intention est de
faire construire un pont sur pilotis à Huningue. Concertez vous avec le
ministre de l'intérieur pour cela. Faîtes faire le projet d’un fort en avant de
Huningue, afin que je sois maître du pont. Toutes mes troupes venant par la
Franche-Comté sont obligées de passer par le pont de Bâle, si je n’ai point un
pont à Huningue. Faîtes-vous faire un rapport là-dessus par le génie. Cela sera
d'autant plus à propos que Huningue est, je crois, une place d'une certaine
force.
Schönbrunn, 7 octobre 1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je vous ai fait
connaître que la paix serait bientôt signée. Les plénipotentiaires sont
d'accord, et on rédige le traité. Je crois devoir vous renouveler cet avis,
pour que vous contremandiez les mesures que j’ai ordonnées, mais pour que vous
arrêtiez, dans quelque lieu qu’elles se trouvent, les troupes en marche pour
l'Allemagne et pour que vous m'en rendiez compte.
Schönbrunn, 7 octobre 1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Il y a à Magdeburg une
grande quantité d'artillerie qui m'appartient, qu'il faut faire venir en
France. Il y a dans les places frontières de France de l'artillerie de siége,
qui ne devrait pas y être: à Wesel, Mayence, Strasbourg, par exemple. Ces
places peuvent être investies un jour, il n'y faut donc laisser que
l'artillerie nécessaire pour leur défense. L'excédant doit être évacué sur les
places de seconde ligne, et spécialement sur Metz, qui doit être considéré
comme le grand arsenal et le grand dépôt.
Faites partir pour
Wesel toute l'artillerie de ces places qui peut être appropriée pour la défense
d'Anvers. Je suppose que deux cents pièces de canon, depuis le calibre de 3,
jusqu'à celui de 12, sont nécessaires pour Anvers. Je pense également qu'il
faut mettre le directeur d'artillerie à Anvers.
Je suppose que dans le
Hanovre il n'y a plus d'artillerie, et que celle de Hameln a été dirigée sur le
Rhin.
Schönbrunn, 8 octobre
1809
A Frédéric-Auguste, roi
de Saxe, à Dresde
J'expédie à Votre
Majesté mon officier d'ordonnance Marbeuf
pour lui donner des nouvelles de la situation des négociations. Tout
porte à croire que demain nous serons d'accord aux termes suivants: la nouvelle
Galicie avec la moitié des mines de Wie1iczka et le cercle de Zamosc, formant
une population de 1,500,000 habitants, seront réunis au duché de Varsovie;
toutes les enclaves que la Maison d'Autriche a en Saxe, consistant en cinq ou six
villages, seront réunies au royaume de Saxe. Je désire que cela reste encore
secret. Par cette réunion, le duché de Varsovie se trouvera avoir quatre
millions de population; Cracovie, avec un arrondissement sur la rive droite de
la Vistule, en fera partie.
J'expédierai un
courrier extraordinaire à Votre Majesté sitôt que cela sera signé. Je compte me
rendre moi-même immédiatement à Paris, et je ne pense pas avoir le temps ni
d'aller à Dresde ni de me rencontrer sur la route avec Votre Majesté.
En considérant la
situation des choses pour de nouvelles vicissitudes, les fortifications de
Dresde me paraissent devoir jouer peu de rôle dans nos mains, et il est à
craindre que, si les Autrichiens s'en emparaient, ils ne les rétablissent,
parce qu'ils ne tiendront pas à considération de conserver ou de brûler les
faubourgs. Je crois donc qu'il est convenable de faire sauter les remparts et
de mettre par là cette belle et grande ville à l'abri de tout événement
militaire. Mais Votre Majesté doit avoir une place forte où ses dépôts, ses
canons, ses chancelleries et tous les objets importants puissent être
renfermés.
Cette place me paraît
devoir être Wittenberg. Je voudrais là une grande place qui nous rendît maîtres
du pont et qui se coordonnât avec Magdeburg. Ce serait le boulevard de la
monarchie de Votre Majesté. Même dans l'état où je l'avais mise, cette place
était à l'abri d'un coup de main. Je prie Votre Majesté de me faire connaître
son opinion.
Les fortifications de
Praga nous ont rendu, cette année, de grands services. Peut-être serait-il
convenable d'entourer Varsovie par six ou sept forts d'un même échantillon qui
seraient liés par des lignes.
La population étant
d'un esprit qui la met à même de se défendre, ces lignes pourraient être d'un
grand intérêt.
Je prie Votre Majesté
de garder toutes ces nouvelles pour elle seule.
Elle connaît la
situation de l'Europe; elle doit être convaincue de l'importance de mettre son
infanterie, sa cavalerie, son artillerie sur un bon pied, afin que, dans tout
événement, elle puisse avoir un corps de 30, 000 Saxons, qui, avec son armée de
Varsovie, la mettrait en position de n'avoir jamais rien à craindre de la
Prusse.
Schönbrunn, 8 octobre
1809
Au maréchal Moncey, duc
de Conegliano, inspecteur général de la gendarmerie, à Lille
J'ai appris avec
intérêt la conduite distinguée que le sous-lieutenant de gendarmerie Foison, le
maréchal des logis Legras et le gendarme Poulain, ont tenue dans l'affaire du
brigand Daché. Je désire que vous fassiez connaître à toute ma gendarmerie les
preuves éclatantes que je viens de leur donner de ma satisfaction et
l'intention où je suis d'honorer et de récompenser les officiers,
sous-officiers et soldats de ma gendarmerie qui se distinguent par des actes de
courage et de dévouement, ou qui montrent une spéciale activité dans la
poursuite de ces restes impurs des guerres civiles que l'Angleterre solde et
vomit sur nos côtes, et pour réprimer les ennemis de l'ordre et des lois. Je
suis bien aise que ma gendarmerie trouve dans cette circonstance une preuve de
la satisfaction que j'ai de ses services.
Schönbrunn, 8 octobre
1809
ORDRE POUR M.
LABOURDONNAYE, OFFICIER D'ORDONNANCE DE L'EMPEREUR À SCHÖNBRUNN
L'officier d'ordonnance
Labourdonnaye portera la lettre ci-jointe au duc d'Istrie. Il restera huit ou
dix jours à Anvers, ira voir la situation des troupes dans le Sud-Beveland et
parcourra la ligne des avant-postes anglais, et viendra me rendre compte de la
situation des choses, où je serai.
Schönbrunn, 8 octobre
1809
Au maréchal Bessières,
duc d’Istrie, commandant l’armée du Nord, à Anvers
Mon Cousin, je reçois
votre lettre du 29 septembre. Je suis bien aise de vous savoir à la tête de mon
armée du Nord. Quoique je n'aie point lieu d'être mécontent du prince de
Ponte-Corvo, je n'ai cependant pas jugé devoir laisser un homme d'une opinion
si chancelante à la tête de forces si considérables. Il faut faire parfaitement
armer Anvers, ainsi que tous les ouvrages avancés, et il faut que l'artillerie
de terre fasse venir suffisamment de pièces de bronze et d'affûts de place pour
que cet armement soit en règle et conforme aux principes de l'artillerie. Je
suppose que tous les ouvrages avancés sont couverts par des fossés pleins
d'eau, que j'ai ordonnés il y a plusieurs années; je suppose également qu'ils
sont bien armés. Une partie des fortifications d'Anvers doit être soutenue par
des inondations; une autre partie a besoin d'être couverte par des forts et des
camps retranchés. Le génie doit avoir des notes que j’ai dictées et envoyées au
ministre de la guerre; faites-vous-en donner une copie. Parcourez les remparts
d'Anvers et envoyez-moi un détail, front par front, bastion par bastion, de
toutes les fortifications de la place et des ouvrages avancés, avec une carte
qui me fasse connaître la position comme si j'y étais. Faites ce travail
vous-même. Faites-moi faire un projet de camp retranché pour lier les
inondations, à peu près comme les ouvrages que j'ai fait faire à Spitz ou les
réduits de l'île Napoléon, afin que 20,000 hommes de gardes nationales soient là
inattaquables par 20 ou 30,000hommes de bonnes troupes. Il me semble que le
fort Lillo et Anvers sont liés par une inondation. Il sera nécessaire d'établir
des redoutes sur les différentes digues, pour que l'ennemi ne puisse pas se
porter sur le chemin d'Anvers à Lillo. J'ai donné des ordres pour construire à
Anvers un bassin capable de recevoir trente vaisseaux de guerre. Je désire que
la plupart des pièces de côte placées le long de l’Escaut soient sur affûts de
côte. Faites-moi connaître la force de chaque batterie, le calibre et la
qualité des pièces, l’état des affûts, espèce des mortiers, afin que je voie si
cela est suffisant.
Les Hollandais sont
sous vos ordres ; allez donc visiter l'île de Sud-Beveland, et ordonnez
qu'on tire de Berg-op-Zoom et des autres places l'artillerie nécessaire pour
établir des redoutes et des batteries devant l'île de Walcheren. J'attendrai
avec impatience le résultat de cette visite. Faites-moi connaître le détail des
bâtiments de la flottille française que vous avez. Envoyez à Boulogne pour
faire partir et presser l'arrivée de ceux qui sont déjà partis. Joignez-y
l'état de la flottille hollandaise. Le moment approche où il faut enlever l'île
de Walcheren. Les maladies, doivent avoir anéanti l'armée anglaise. Il est
nécessaire que vous écriviez tous les jours au ministre de la guerre, qui me
mettra vos lettres sous les yeux; entrez dans les plus grands détails. Il est
également nécessaire que vous me présentiez un projet d'attaque pour l'île de
Walcheren.
Tout porte à penser que
la paix sera signée sous peu de jours.
Schönbrunn, 8 octobre
1809
Au cardinal Fesch
J'ai reçu votre lettre
du 3o septembre. Je ne mets jamais en comparaison l'intérêt des affaires spirituelles
avec celui des affaires temporelles. Si les missions étrangères jugent
profitable de se mettre sous la protection de l'Angleterre, je le verrai avec
plaisir, puisque cette nation est plus en état que moi de protéger leur sainte
entreprise.
Qu'elles mettent donc
de côté toute considération de patrie et ne voient que la patrie du ciel.
Quant aux missions de
l'intérieur, on m'a rendu compte qu'elles faisaient du mal. Mon clergé séculier
est d'ailleurs trop bien composé pour que j'aie besoin de ces énergumènes dont
je ne connais pas les principes. Les intérêts de mes peuples sont ma plus chère
occupation. Ils m'ont fait prendre la résolution de proscrire ces missions
ambulantes dans mes provinces, d'autant plus que mes Etats, étendus par le
secours de la Providence divine, renferment des églises qui varient beaucoup
dans leurs opinions sur leurs relations avec l'autorité spirituelle, et qu'une
partie de ces missionnaires, élevés à Rome dans des principes anti-gallicans,
ne lisent leurs devoirs que dans les leçons d'orgueil et les maximes
d'usurpation de la cour de Rome.
Ma volonté est
irrévocable ; c'est à mon clergé de s'y conformer.
Je ne partage pas la
crainte que vous me faites entrevoir, parce qu'il est du devoir de mon clergé
de m'obéir et que le Saint- Esprit cesserait d'être avec lui le jour où il
tenterait de s'écarter de l'obéissance qu'il me doit.
Schönbrunn, 8 octobre
1809
Au comte de Montalivet,
ministre de l’intérieur, à Paris (il a été nommé à ce
poste le 1er octobre)
Monsieur de Montalivet,
les travaux de Lyon n'avancent pas. On m'assure qu'il y a un million dans la
caisse municipale. Les travaux du quai de Bourg-Neuf, du pont de Serin, de la
terrasse de Saint-Clair, ne vont pas. Donnez des ordres pour y remédier.
Schönbrunn, 8 octobre
1809.
Au comte Maret,
ministre Secrétaire d’État, à Paris
Envoyez la lettre
ci-jointe (il s’agit de la lettre de l’aide de camp du
prince Borghèse, adressée au prince, contenant le rapport de la mission qui lui
avait été donnée d’aller complimenter le pape et de s’informer de ses besoins)
au préfet Chabrol (Chabrol de Volvie, préfet du
département de Montenotte), et faites-lui connaître que je la lui envoie
à cause des mots de ce rapport que je transcris ici: " que le Pape
m'aurait écrit en secret deux fois qu'il ne dérangerait en rien mes projets
,sur Rome. " Je ne sais si l'aide de camp aura bien entendu ou non. Je
désire que Chabrol s'en assure; car je n'ai reçu aucune lettre du Pape et je ne
puis croire que le Pape m'ait écrit cela, puisqu'à Rome il s'était renfermé
sous une triple barrière et qu'il ne cessait de lancer des excommunications. Je
désire que Chabrol lui insinue qu'il a perdu ses Etats pour toujours, et que,
d'ailleurs, nous ne voulons pas mêler le spirituel au temporel.
Schönbrunn, 8 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Donnez l'ordre qu'il
soit placé à Tarare quatre brigades de gendarmerie à pied, c'est-à-dire
vingt-quatre hommes, afin que je n'entende plus parler de malles arrêtées ni de
diligences volées. Vous mettrez deux brigades au bas de la montagne, une de
chaque côté, et deux sur le col pour ne pas augmenter la dépense, vous tirerez
ces quatre brigades des départements de l'Ouest, qui seront affaiblis d'autant.
Schönbrunn, 9 octobre
1809
Au général comte de La
Riboisière, commandant l’artillerie de l’armée d’Allemagne, à Vienne
Monsieur le Général la
Riboisière, mon intention est de réunir à Passau toutes les pièces d'artillerie
autrichiennes qui sont à Vienne, à Brünn et à Linz; d'y réunir également tous
les boulets, la poudre, les affûts, objets de rechange et matériel d'artillerie
de toute espèce.
Vous organiserez à
Passau un magasin, et vous mettrez à la tête un garde-magasin français, qui
aura la comptabilité de tous ces objets.
Lorsque tout sera
arrivé à Passau, je le ferai évacuer sur la France ou je le laisserai pour la
défense de la place, mon intention étant d'avoir aux deux points de Passau et
de Salzburg deux places fortes.
Après la signature de
la paix, on aura un mois pour évacuer Vienne, un autre mois pour Melk et un
mois pour évacuer Linz. Toute l'artillerie de Raab, de Graz, sera dirigée sur
Laybach pour servir à l'armement de la place que j'ai l'intention d'établir sur
la Save. Tout ce qui se trouve à Klagenfurt doit être évacué sur Villach, qui
nous reste.
Schönbrunn, 9 octobre
1809
Au prince de Neuchâtel
et de Wagram, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn
De quel droit. le
général Dumas a-t-il écrit de ma part en Pologne d’évacuer le Dniester, surtout
l’ennemi n'ayant pas évacué la Dalmatie ?, Trahit-on ma confiance, ou
sacrifie-t-on mes intérêts pour une vaine urbanité ? Je suis fâché qu'on ait
écrit ainsi aux Polonais. Faites-moi un rapport dans la journée.
Schönbrunn, 9 octobre
1809
Au prince de Neuchâtel
et de Wagram, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn
Mon Cousin, écrivez au
roi de Westphalie qu'il fasse rétablir sur-le-champ la batterie de Cuxhaven et
y tienne ses troupes, au lieu de les tenir dans le Hanovre, où elles ne font
que manger le pays.
Schönbrunn, 9 octobre
1809
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Vienne
Monsieur de Champagny,
écrivez au sieur d'Hauterive qu'il doit faire connaître à l'ambassadeur de
Suède tout l'intérêt que je prends à ce pays; que je serai incessamment à
Paris, mais qu'en attendant je l'autorise à entendre ce que les Suédois
auraient à vous dire, et à vous le transmettre par l'estafette. Le sieur
d'Hauterive doit déplorer les événements passés et la superbe position que la
folie du dernier Roi a fait perdre à la Suède, et exprimer le vif intérêt que
je prends à ce pays.
Schönbrunn, 10 octobre
1809
A Alexandre 1er,
empereur de Russie, à Saint-Pétersbourg
Monsieur mon Frère, le
duc de Vicence m'instruit que Votre Majesté Impériale a conclu la paix avec la
Suède et qu'elle a obtenu les avantages qu'elle désirait. Votre Majesté
veut-elle me permettre de lui en faire mon compliment ?
Les négociations
d'Altenburg ont été conduites à Vienne; le prince jean de Liechtenstein les
suit avec M. de Champagny, et j'espère pouvoir instruire bientôt Votre Majesté
de la conclusion de la paix avec l'Autriche. Elle y verra que, conformément à
ses désirs, la plus grande partie de la Galicie ne change point de maître, et
que j'ai ménagé ses intérêts comme elle eût pu le faire elle-même, en
conciliant le tout avec ce que l'honneur exige de moi. La prospérité et le
bien-être du duché de Varsovie exigent qu'il soit dans les bonnes grâces de
Votre Majesté, et les sujets de Votre Majesté peuvent tenir pour certain que,
dans aucun cas, dans aucune hypothèse, ils ne doivent espérer aucune protection
de moi.
J'ai donné à l'Autriche
la paix la plus avantageuse qu'elle pût espérer. Elle ne cède que Salzburg et
peu de chose du côté de 1'Inn; elle ne cède rien en Bohême; elle ne cède du
côté de l'Italie que ce qui m'est indispensable pour ma communication avec la
Dalmatie. La monarchie autrichienne reste donc entière. C'est un second essai
que j'ai voulu faire; j'ai usé envers elle d'une modération qu'elle n'était pas
en droit d'attendre. .J'espère avoir fait en cela une chose agréable à Votre
Majesté.
J'envoie à Votre
Majesté les derniers journaux anglais; elle y verra que les ministres se
battent, qu'il y a une révolution dans le ministère et une parfaite anarchie.
La folie et 1'inconséquence de ce cabinet n'ont pas de nom. Il vient de faire
périr 25 à 30,000 hommes dans le plus horrible pays du monde; autant eût-il
valu les jeter dans la mer, tant sont pestilentiels les marais de l'île de
Walcheren. En Espagne, ils ont perdu un monde très considérable. Le général
Wellesley a eu l'extrême imprudence de s'engager dans le cœur de l'Espagne avec
30,000 hommes, ayant sur ses flancs trois corps d'armée formant
quatre-vingt-dix bataillons et quarante à cinquante escadrons, tandis qu'il
avait en face l'armée commandée par le Roi, qui était d'égale force. On a peine
à se figurer une pareille présomption. Reste à savoir actuellement quel
ministère va remplacer l'ancien.
Les États-Unis sont au
plus mal avec l'Angleterre et paraissent vouloir se rapprocher sincèrement et
sérieusement de notre système.
Schönbrunn, 10 octobre
1809
Au prince Cambacérès,
archichancelier de l’empire, à Paris
Le projet (relatif à la dotation de la Couronne, au domaine privé de
l’Empereur et aux apanages) ne me paraît pas complet en ce qu'il
n'établit pas d'une manière claire l'exception des règles du Code civil dans
laquelle se trouvent les biens du domaine privé. L'Empereur peut en disposer
entre-vifs; il peut donner tout à l'un de ses héritiers et rien à l'autre, il
peut faire entre eux un partage inégal, et tous ces dispositions doivent avoir
une force indépendante du Code, puisque le domaine privé est excepté des
dispositions du Code.
Ce qui est meuble ne
parait pas assez défini. Les meubles peuvent être distingués en meubles
meublants, diamants ou pierres précieuses, et argent.
Les meubles meublants
doivent être distingués en meubles existant dans les palais de la liste civile
et en meubles existant dans les palais, du domaine privé.
Les meubles existant dans
les palais de la liste civile appartiennent de fait à la liste civile et
n'entrent point dans la succession du domaine privé. Mais il serait possible
que l'Empereur habitant un palais de son domaine privé, il s'y trouvât des
meubles pour des sommes considérables soit en meubles meublants, en argenterie,
en linge, en voitures, équipages et chevaux. Ceux de ces meubles qui, étant une
fois entrés dans les palais de la liste civile, auraient été transportés dans
les palais du domaine privé, devraient toujours être considérés comme
appartenant à la liste civile; le déplacement n’aurait pas changé le caractère
de cette propriété. Mais cette distinction serait insuffisante. On conçoit que
l'Empereur, après un long règne, se trouverait avoir dans les palais de son
domaine privé une grande partie des meubles nécessaires à la représentation du
trône, et que, si ses héritiers avaient le droit de s'en emparer, son
successeur serait entraîné dans des dépenses énormes que la liste civile ne
pourrait pas supporter. Cependant la plus grande partie de ces meubles aurait
été achetée avec les fonds de la liste civile. Il serait donc juste de
distinguer parmi ces meubles ceux qui proviennent de la liste civile et qui
doivent lui revenir. Cette distinction peut se faire en établissant, 1°, comme
il a été dit ci-dessus, que tous les meubles qui sont sortis des palais de la
liste civile lui appartiennent; 2° que tous ceux qui ont été achetés des fonds
de la liste civile, savoir, les meubles meublants, l'argenterie, le linge, les
tableaux, statues et autres objets d'art (sur le budget du grand maréchal ou de
l'intendant général), les équipages, les chevaux (sur le budget du grand
écuyer), les ornements d'église (sur le budget du grand aumônier),
appartiendraient tous à la liste civile. On dirait en même temps que tous les
meubles, de quelque nature qu'ils fussent, qui auraient été achetés des deniers
du prince et au moyen de fonds autres que ceux des budgets des divers services,
appartiendraient au domaine privé, et dès lors entreraient dans la succession.
Les pierres précieuses
ou diamants appartiennent au domaine privé de l'Empereur ou de l'Impératrice
lorsqu'ils n'ont point fait partie du trésor de la Couronne. Cependant on
pourrait aussi considérer comme devant revenir au trésor de la Couronne, à
l'ouverture de la succession, tout diamant ou pierre précieuse dont la valeur
individuelle excéderait 300,000 francs. L'argent appartient au domaine privé;
mais il faut dire d'une manière précise, l° que l'Empereur peut déclarer que telle
somme de son trésor fait partie du trésor de la Couronne; 2° que les souverains
étrangers qui se trouveraient parmi les héritiers de l'Empereur ne peuvent
hériter de l'argent; et il serait en effet fort ridicule que, s'il y avait
quelques millions dans les coffres de l'Empereur les souverains étrangers
vinssent s'en emparer.
Il paraîtrait même
convenable d'établir en principe général qu'aucun souverain étranger ne peut
hériter du domaine privé de l'Empereur. Non-seulement un souverain étranger
pourrait faire sortir de France de l'argent, mais aussi des tableaux, des
objets d'art; et d'ailleurs on évitera ainsi des contestations qui, entre
souverains, peuvent devenir dangereuses.
Ce serait aussi une
disposition qui paraîtrait convenable que celle qui établirait que l'empereur
régnant peut, dans tous les cas, se réserver soit l'argent, soit les meubles
qui auraient été achetés des deniers privés du prince et placés dans les palais
de la liste civile, en en donnant toutefois l'équivalent. .
On ne parle que des
pays conquis; il faut aussi parler des pays réunis, et dire que toutes les
réserves qui ont été faites par l'Empereur, ou toutes les dispositions qu'il a
prises avant la réunion, sont valables. Il faut même rédiger l'article d'une
manière plus vaste, et, au lieu de pays conquis, dire pays étrangers. En effet,
l'Empereur ne peut acquérir en France que par achat, puisque le droit d'aubaine
et les confiscations appartiennent à l'État; mais il peut acquérir en pays
étranger par des traités. Ainsi, en cédant, le grand-duché de Varsovie, Sa
Majesté s'est réservé 20 millions de domaines, qu'elle a distribués à l'armée.
En cédant les États vénitiens au royaume d'Italie, elle s'est réservée douze
duchés, dont elle a disposé. Cet article doit donc être étendu pour comprendre
tous les cas.
Ne donner aux filles et
aux petites filles de l'Empereur aucune part dans le domaine privé, si ce n'est
au mobilier seulement, n'est pas une chose juste. Il est possible qu'il n'y ait
pas de mobilier, il est possible aussi qu'il y ait beaucoup d'argent. L'argent,
étant meuble, appartiendrait à une fille ou petite-fille, ce qui pourrait être
fort dangereux. Il pourrait être plus convenable de ne pas faire de distinction
entre les biens du domaine privé et le mobilier, mais de fixer le maximum du
droit des filles à la succession dans le cas où elles n'auraient pas été
dotées. Il pourrait être de deux millions, comme l'apanage d'un prince, et même
élevé à quatre millions, sans inconvénient, si l'étendue du domaine privé le
permettait. L'argent et les meubles entreraient alors dans leur part de la
succession.
Il faut établir, en cas
de contestation sur la succession d'un empereur, par qui ces contestations
seront jugées. On conçoit que, si l'autorité de l'empereur influe sur le jugement,
il peut arriver qu'un arrière-cousin soit héritier du trône, qu'une fille ou
petite-fille soit héritière de l'empereur défunt, et que l'empereur régnant,
appartenant à une autre famille, ait intérêt à l'exclure de la succession. Le
premier statut de la Famille impériale a institué un conseil de famille qui
prononce sur les plaintes portées contre les princes et sur les actions
personnelles intentées par eux ou contre eux. Il renvoie les actions réelles et
mixtes devant les tribunaux ordinaires. Il ne distingue pas les actions des
princes les uns contre les autres, et, en renvoyant devant les tribunaux
ordinaires les actions réelles et mixtes, il s'ensuivrait que toutes les
discussions relatives à la succession de l'empereur iraient par-devant les tribunaux
ordinaires. Il y a là une lacune évidente. Il faut établir quel sera le
tribunal compétent, et, si ce tribunal est un tribunal d'exception, il faut
examiner jusqu'à quel point il conviendra que l'empereur n'ait point
d'influence sur ses jugements.
Camp impérial de
Schönbrunn, 10 octobre 1809
ORDRE.
1° La division
Grandjean sera cantonnée demain dans les faubourgs de Vienne. La division Dupas
sera cantonnée, depuis Wolkersdorf, entre le Danube et la March.
2° Les camps étant
levés, le corps du maréchal Oudinot fournira tous les jours un régiment entier
de garde à Spitz.
Schönbrunn, 10 octobre
1809
Au prince de Neuchâtel
et de Wagram, major général de l’armée d’Allemagne, à Vienne
Envoyez l’ordre au
Il11e corps de se rendre à Spitz. Il partira le 12 et arrivera le 14. A son
arrivée, il sera cantonné dans la ville de Vienne. Faîtes connaître au duc de
Rivoli que la province de Krems est à sa disposition; que le 11e corps en part
le 12 ; qu'ainsi le 13 il peut prendre le commandement de la province et y
répandre ses troupes et, et qu’il ne doit pas perdre un moment pour commencer
l’évacuation de ses malades et blessés sur Linz.
Donnez ordre au
régiment wurtembergeois qui est à Krems faisant partie, de rester aux
avant-postes. Le 11e corps ne mènera que le 25e de chasseurs.
Schönbrunn, 10 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général
Clarke, envoyez un officier à Saragosse me rapporter l’état de l'artillerie de
cette place et de celle de Pampelune, matériel et personnel.
Mandez par cet officier
au général Suchet que Blake et les autres corps ennemis sont occupés en
Catalogne ; qu’il est donc nécessaire qu’il en profite pour faire des
incursions contre le royaume de Valence, menacer Tarragone et autres places
pour faire diversion et inquiéter l’ennemi.
Schönbrunn, 10 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Le 11 juin 1806, le
ministre de la guerre m'a remis des tables de tout ce que coûte l'armée
française. Il y a quatre ans de cela ; beaucoup de choses ont varié
depuis. Je désire donc que vous me fassiez refaire ces tableaux.
Il faut qu’ils me
fassent connaître ce que coûte sur pied de guerre, 1° un régiment de
carabiniers, un régiment de cuirassiers, un régiment de dragons, de hussards et
de chasseurs, formé à cinq escadrons et au complet; 2° un régiment d'infanterie
de ligne à cinq bataillons et complète à 140 hommes par compagnie; 3° un
régiment d'infanterie légère, un régiment d'artillerie, un bataillon du train
et un bataillon d'équipages militaires, etc. Je désire un second état qui me
fasse connaître ce que coûteraient ces mêmes corps sur pied de paix, en les
supposant réduits de la manière suivante: l'infanterie à 100 hommes par
compagnie, officiers, sous-officiers compris et le 5e bataillon supprimé, de
manière qu'un régiment ne soit que de vingt-quatre compagnies; toute la
cavalerie réduite à quatre escadrons par régiment, le 5e escadron ou la
compagnie de dépôt supprimé; chaque régiment de grosse cavalerie garderait 600
chevaux et 800 hommes; les dragons et la cavalerie légère garderaient 500
chevaux et 700 hommes; l'artillerie réduite à 100 hommes par compagnie; tous
les bataillons du train ayant leurs chevaux chez les paysans; tous les
bataillons bis étant incorporés, dans les bataillons primitifs; les bataillons
des équipages militaires incorporés de manière à n'en former que six et
attachés aux différentes manutentions principales; aucun cheval d'artillerie
n'étant nourri par l'État, à l'exception de ceux qui seraient employés aux
transports en place des transports militaires. La Garde conserverait quatre
régiments de conscrits, quatre régiments de tirailleurs, deux de fusiliers et
deux de vieille Garde; total, douze régiments ou vingt-quatre bataillons. Les
fusiliers et la vieille Garde conserveraient le même nombre qu'aujourd'hui;
tous les autres bataillons seraient réduits à 100 hommes par compagnie; les
grenadiers à cheval seraient réduits à 800 chevaux; les dragons et chasseurs,
idem les chevau-légers polonais, à 600; tous les chevaux du train seraient
placés chez les cultivateurs.
Schönbrunn, 10 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Témoignez mon
mécontentement au général Hédouville de ce qu'il a laisse partir un trésor
important de Bayonne avec une escorte de 60 hommes. Faites-lui connaître que je
le rends responsable désormais s'il laisse partir de l'argent de Bayonne à
moins d'une escorte de 1,000 hommes d'infanterie et de 200 de cavalerie, avec
un officier supérieur intelligent.
Schönbrunn, 10 octobre
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je désire que vous
écriviez au roi d'Espagne pour lui faire comprendre que rien n:est plus contraire
aux règles militaires que de faire connaître les forces de son armée, soit dans
des ordres du jour et proclamations, soit dans les gazettes; que, lorsqu'on est
induit à parler de ses forces, on doit les exagérer et les présenter comme
redoutables en en doublant ou triplant le nombre, et que, lorsqu'on parle de
l'ennemi, on doit diminuer sa force de la moitié ou du tiers; que dans la
guerre tout est moral; que le Roi s'est éloigné de ce principe lorsqu'il a dit
qu'il n'avait que 40,000 hommes et lorsqu'il a publié que les insurgés en
avaient 120,000; que c'est porter le découragement dans les troupes françaises
que de leur présenter comme immense le nombre des ennemis, et donner à l'ennemi
une faible opinion des Français en les présentant comme peu nombreux; que c'est
proclamer dans toute l'Espagne, sa faiblesse; en un mot, donner de la force
morale à ses ennemis et se l'ôter à soi-même; qu'il est dans l'esprit de
l'homme de croire qu'à la longue le petit nombre doit être battu par le plus
grand. Les militaires les plus exercés ont peine, un jour de bataille, à
évaluer le nombre d'hommes dont est composée l'armée ennemie, et, en général,
l'instinct naturel porte à juger l'ennemi que l'on voit plus nombreux qu'il ne
l'est réellement. Mais, lorsque l'on a l'imprudence de laisser circuler des
idées, d'autoriser soi-même des calculs exagérés sur la force de l'ennemi, cela
a l'inconvénient que chaque colonel de cavalerie qui va en reconnaissance voit
une armée, et chaque capitaine de voltigeurs, des bataillons.
Je vois donc avec peine
la mauvaise direction que l'on donne à l'esprit de mon armée d'Espagne, en
répétant que nous étions 40,000 contre 120,000. On n'a obtenu qu'un seul but
par ces déclarations, c'est de diminuer notre crédit en Europe, en faisant croire
que notre crédit ne tenait à rien, et on a affaibli notre ressort moral en
augmentant celui de l'ennemi. Encore une fois, à la guerre, le moral et
l'opinion sont plus de la moitié de la réalité. L'art des grands capitaines a
toujours été de publier et faire apparaître à l’ennemi leurs troupes comme
très-nombreuses, et à leur propre armée l'ennemi comme très-inférieur. C'est la
première fois qu'on voit un chef déprimer ses moyens au-dessous de la vérité en
exaltant ceux de l'ennemi.
Le soldat ne juge point ;
mais les militaires de sens, dont l'opinion est estimable et qui jugent avec
connaissance des choses, il faut peu d'attention aux ordres du jour et aux
proclamations et savent apprécier les événements.
J'entends que de
pareilles inadvertances n'arrivent plus désormais, et que, sous aucun prétexte,
on ne fasse un ordre du jour ni proclamation qui tendrait à faire connaître le
nombre de mes armées, j'entends même qu'on prenne des mesures directes et
indirectes pour donner la plus haute opinion de leur force. J'ai en Espagne le
double et le triple en consistance, valeur et nombre, des troupes françaises
que je puis avoir en aucune partie du monde. Quand j’ai vaincu à Eckmühl
l'armée autrichienne, j'étais un contre cinq, et cependant mes soldats croyaient
être au moins égaux aux ennemis et encore aujourd'hui, malgré le long temps qui
s'est écoulé depuis que nous sommes en Allemagne, l'ennemi ne connaît pas notre
véritable force.
Nous nous étudions à
nous faire plus nombreux tous les jours. Loin d'avouer que je n'avais à Wagram
que 100,000 hommes, je m’attache à persuader que j'avais 220,000 hommes.
Constamment dans mes campagnes en Italie, où j'avais une poignée de monde,
j’ai exagéré ma force. Cela a servi mes
projets et n’a pas diminué ma gloire. Mes généraux et les militaires instruits
savaient bien, après les événements, reconnaître tout le mérite des opérations,
même celui d'avoir exagéré le nombre de mes troupes. Avec de vaines
considérations, de petites vanités et de petites passions, on ne fait jamais
rien de grand.
J'espère donc que des
fautes si énormes et si préjudiciables à mes armes et à mes intérêts ne se
renouvelleront plus dans mes armées.
Schönbrunn, 11 octobre
1809
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Vienne
Monsieur de Champagny,
écrivez au sieur la Rochefoucauld (ambassadeur en
Hollande) de demander que la division hollandaise qui, est dans l'île de
Sud-Beveland, soit portée à 16 000 hommes au lieu de 3,000 hommes, au lieu de 16 000 hommes, sa force actuelle, et que,
indépendamment de ces ^6.000 hommes, la Hollande fournisse deux cents chaloupes
canonnières, bateaux canonniers et de péniches, pour aider à la reprise de
l'île de Walcheren. Ces forces seront réunies à l'armée du duc d'Istrie.
Schönbrunn, 12 octobre
1809
Au comte Fouché,
ministre de la police générale, à Paris
Un jeune homme de
dix-sept ans, fils d'un ministre luthérien d'Erfurt, a cherché, à la parade
d'aujourd'hui, à s'approcher de moi (Frederic Staps,
1792-1809. Fils de pasteur luthérien d'Erfurt. Il
sera fusillé le 16 octobre 1809). Il a été arrêté par les officiers; et,
comme on a remarqué du trouble dans ce petit homme, cela a excité des soupçons;
on l'a fouillé et on lui a trouvé un poignard.
Je l'ai fait venir, et
ce petit misérable, qui m'a paru assez instruit, m'a dit qu'il voulait
m'assassiner pour délivrer l'Autriche de la présence des Français. je n'ai
démêlé en lui ni fanatisme religieux ni fanatisme politique. Il ne m'a pas paru
bien savoir ce que c'était que Brutus. La fièvre d'exaltation où il était a
empêché d'en savoir davantage.
On l'interrogera
lorsqu'il sera refroidi et à jeun. Il serait possible que ce ne fût rien. Il
sera traduit devant une commission militaire.
J'ai voulu vous
informer de cet événement, afin qu'on ne le fasse pas plus considérable qu'il
ne parait l'être. J'espère qu'il ne pénétrera pas; s'il en était question, il
faudrait faire passer cet individu pour fou.
Gardez cela pour vous
secrètement, si l'on n'en parle pas. Cela n'a fait à la parade aucun esclandre;
moi-même je ne m'en suis pas aperçu.
P. S. je vous répète de
nouveau et vous comprenez bien qu'il faut qu'il ne soit aucune question de ce
fait.
Schönbrunn, 13 octobre
1809
Au prince de Neuchâtel
et de Wagram, major général de l’armée d’Allemagne, à Vienne
M on Cousin, écrivez au
roi de Westphalie de tenir suffisamment de troupes dans Magdebourg pour
défendre cette place.
Schönbrunn, 14 octobre
1809.
A l’impératrice
Joséphine, à la Malmaison
Mon amie, je t'écris
pour t'apprendre que la paix a été signée
il y a deux heures, entre Champagny et le prince de Liechtenstein.
Adieu, mon amie.
Camp impérial de
Schönbrunn, 14 octobre 1809
DÉCRET FORMANT UN
EQUIPAGE DE SIEGE POUR L’ARMEE D’Espagne
TITRE Ier, MATÉRIEL.
ARTlCLE PREMIER, - Il y
aura pour l'armée d'Espagne un équipage de siège composé de
quatre--vingt-quinze bouches à feu, dont trente de 24, trente de 12, quinze
obusiers, quatre mortiers de 12 pouces, huit mortiers de 8 pouces, huit
mortiers de 6 pouces.
Art. 2, - L'équipage de
chaque pièce sera formé de la manière suivante: pièce de 24 ; la pièce
formera une première voiture, son affût une seconde; huit charrettes porteront
les boulets à raison de quatre-vingts par voiture, ce qui fera six cents
boulets; deux charrettes porteront la poudre. Il y aura donc douze voitures par
pièce de 24; il yen aura la moitié par pièce de 12, et ainsi de suite. Toutes
ces charrettes seront fournies par l'artillerie et viendront du Nord.
Art. 3. - Il y aura un
équipage de mine avec l'approvisionnement de poudre nécessaire pour un siége
pareil à celui de Saragosse.
Art. 4. - Notre
ministre de la guerre nous présentera un rapport qui nous fera connaître les
lieux d'où sont tirés les différents objets nécessaires pour l'organisation de
cet équipage de siége. L'équipage fixé pour l'armée d'Espagne, et qui se trouve
déjà à Burgos et à Madrid, fera partie de cette formation: l'autre partie sera
prise à Saragosse, Pampelune et Saint-Sébastien. Le supplément sera pris à
Bayonne.
Neuf cent mille
quintaux de poudre au moins (poids de 16 onces) seront destinés à l'équipage de
siége.
Art. 5. - Notre
ministre de la guerre nous présentera un projet d'organisation pour le matériel
du génie. Les objets existant en Espagne y seront compris; le surplus sera
tiré, tout attelé, de l'armée d'Allemagne.
TITRE II. – PERSONNEL
Art. 6. Il y aura un général d'artillerie commandant
l'équipage de siége, un colonel d'artillerie directeur, du parc, un chef de
bataillon d'artillerie chef d'état-major; un général du génie, un colonel du
génie directeur du parc, un chef de bataillon du génie chef de l'état major, et
quarante officiers du génie; dix compagnies d'artillerie à pied, deux
compagnies d'ouvriers, quatre compagnies de mineurs, six compagnies de
pionniers et quarante mille outils de pionniers.
Art. 7. - Tout ce qui
est disponible dans le personnel de l'artillerie et du génie, qui est en
Espagne, indépendamment de ce qui est employé au service de campagne, sera
attaché au service de l'équipage de siége.
TITRE III. - ATTELAGES.
Art. 8. - Il y aura
4,000 chevaux d'artillerie uniquement destinés au service de l'équipage de
siége de l'armée d'Espagne, savoir:
2,000 mulets seront
achetés en France, 1,000 en conséquence de l'ordre que nous en avons donné dans
le mois dernier et 1,000 en conséquence du présent ordre. Ces achats seront
faits dans les mois d'octobre, de novembre et de décembre. Les 2,000 mulets
seront servis par 600 hommes à pied venant des bataillons du train qui sont à
l'armée d'Espagne, et par 600 hommes à pied des différents dépôts et bataillons
du train qui sont en France. Ces 1,200 hommes formeront quatre bataillons de
marche du train. 1,200 chevaux seront pris parmi ceux du train qui étaient à
l'armée du Nord, et formeront deux bataillons de marche du train. Enfin 1,000
chevaux seront dirigés de l'armée d'Allemagne sur Strasbourg.
Art. 9. - Le ministre
de la guerre donnera des numéros à ces six bataillons de marche du train; les
détachements dont ils seront formés conserveront leur numéro primitif, pour que
l'incorporation puisse s'en faire facilement.
TITRE IV. -
DISPOSITIONS DIVERSES.
Art. 10. - Afin
d'éviter les frais de transport militaire, les 2,000 mulets dont il est
question dans l'article 8 seront, à mesure de leur formation, dirigés sur Rochefort,
la Rochelle et même sur Nantes et Orléans, si cela est nécessaire, pour prendre
les effets d'artillerie destinés au dit équipage de siége, et spécialement les
poudres.
Les 1,200 chevaux de
l'armée du Nord attelleront quatre ou six cents charrettes qui doivent exister
dans nos arsenaux du Nord, et se chargeront également des poudres et autres
objets nécessaires pour l'équipage de siége. .
Les 1,000 chevaux de
Strasbourg attelleront également des charrettes d'artillerie dans les places
qui seront désignées par le ministre de la guerre.
Art. 11. - Notre
ministre de la guerre est charge de l’exécution du présent décret.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
A Frédéric-Auguste, roi
de Saxe, à Dresde
Mon officier
d'ordonnance Marbeuf aura remis à Votre Majesté la lettre que je lui ai écrite
il y a peu de jours. Celle-ci a pour objet de l'instruire que la paix a été
signée ce matin à neuf heures, et qu'elle est en tout conforme à ce que j'en ai
écrit à Votre Majesté.
Je compte partir de
cette capitale après-demain pour me rendre à Paris.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
A Maximilien-Joseph,
roi de Bavière, à Munich (Des lettres dans les mêmes
termes ont été adressées an roi de Wurtemberg, au prince Primat, au grand-duc
de Hesse-Darmstadt, au grand-duc de Bade, an prince Borghèse, à la
grande-duchesse de Toscane.)
Monsieur mon Frère, je
m'empresse d'annoncer à Votre Majesté que la paix a été signée aujourd'hui, à
neuf heures du matin , entre M. de Champagny et M. de Liechtenstein. Je ne
tarderai pas de passer à Munich. Le comte de Champagny expédie une copie des
articles à votre ministre des relations extérieures.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
A Joachim Murat, roi
des Deux-Siciles, à Naples
Les draps de France
payent un droit. Rendre un décret pour exempter de ce droit les marchandises
françaises et surtout les draps.
Schönbrunn, 14 octobre
1809, midi
La paix a été signée à
neuf heures. Faites tirer cent coups de canon aux Invalides, et ordonnez qu'une
salve égale soit tirée sur mes côtes. Expédiez-en sur-le-champ la nouvelle en
Espagne, en Hollande et à Naples.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
Au prince Borghèse,
gouverneur des départements au-delà des Alpes, à Turin
Mon Cousin, je désire
que vous vous rendiez à Alexandrie et que vous y restiez plusieurs jours. Vous
visiterez en détail la place et les magasins, et vous me ferez connaître: 1° la
situation des ouvrages, pièce par pièce, avec des plans à l'appui; 2° la
situation des magasins, combien il y a de canons, d'affûts, de munitions et de
tout objet d'armement, afin que je sache si cette place, à laquelle j'attache
tant d'importance, a l'armement et les fortifications nécessaires pour offrir
une longue résistance
Schönbrunn, 14 octobre
1809
Au prince de Neuchâtel
et de Wagram, major général de l’armée d’Italie, à Vienne
Mon Cousin, vous
trouverez ci-jointes: 1 ° une instruction pour le vice-roi; 2° une instruction
générale pour vous; 3° une instruction pour le commandant de l'artillerie; 4°
une instruction pour le commandant du génie; 5° une instruction pour
l'intendant général.
Vous verrez dans
l'instruction du vice-roi que, lorsqu'il sera arrivé à Villach et en mesure
d'agir, vous ferez connaître au général Drouet qu'il est sous ses ordres et
qu'il doit agir de concert avec lui. La communication s'établira de Villach à
Salzburg par Spital. Je crois n'avoir oublié aucun corps et avoir tout prévu.
Si le duc de Rivoli
désire aller à Paris, vous pourrez l'y autoriser, mais seulement lorsque vous
quitterez l'armée et que tous les différents seront levés, que la première
époque d'évacuation aura eu lieu et que les lettres de change seront remises au
payeur. Alors le corps du duc de Rivoli sera commandé par le général Legrand.
Lorsque le duc de Rivoli sera parti, le corps du maréchal Oudinot et le 4e
corps seront sous les ordres du duc d'Auerstaedt. Ces opérations régleront
l'ordre de votre départ, puisqu'il y aura un commandant unique pour l'armée.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
INSTRUCTION
POUR LE VICE-ROI D'ITALIE, A VIENNE.
Je vous charge
spécialement, 1° de la soumission du Tyrol; 2° de la prise de possession et de
l'organisation des nouveaux pays, que mon intention est de désigner désormais
sous le nom de provinces d' Illyrie.
Vous resterez à Vienne jusqu'à l'échange des ratifications.
Vous passerez en revue le
11e corps, qui passe sous vos ordres, et vous lui ferez fournir, des magasins
de Vienne, tout ce dont il aurait besoin.
Vous ferez évacuer les
malades et blessés de l'armée d'Italie et du 11e corps sur Graz et sur Leoben.
EXPÉDITION DU
TYROL.
Le général Rusca a eu
ordre de réunir 6,000 hommes de la division italienne à Villach. Les deux
divisions du maréchal Macdonald peuvent se rendre à Graz en peu de jours ;
elles partiront après l'échange des ratifications; ce qui fera un corps de
20,000 hommes.
En portant votre
quartier général à Villach, vous vous trouverez en communication facile avec
Salzburg et avec les trois divisions bavaroises que commande le général Drouet,
qui marcheront sur Innsbruck.
Vous manœuvrerez pour
arriver à Brixen en même temps que le général Vial arrivera à Bolzano, et vous
rétablirez vos communications avec l'Italie ; au même moment, le général
Drouet arrivera à Innsbruck avec les trois divisions bavaroises, qui, à cet effet, recevront l'ordre du major
général de prendre vos ordres immédiatement après l'échange des ratifications.
Vous désarmerez le
pays, le soumettrez, signalerez les principaux fauteurs, entendrez les
réclamations des habitants et prendrez des mesures pour les contenter. Après
leur avoir signifié la paix et l'article qui est en leur faveur, s'ils
continuent d'opposer la force, vous désarmerez par la force leurs
rassemblements. Vous leur enverrez des commissaires pour écouter leurs
doléances, mais des doléances désarmées.
Vous serez à même, du
25 octobre au 1er novembre, de partir de Villach avec 18 ou20, 000 hommes. Le
général Vial aura 6,000 hommes à Trieste, et les Bavarois 20,000 à Salzburg.
Vous pourrez donc réunir dans ce pays 40 ou 50,000 hommes. Les magasins de
Villach et d'Italie vous nourriront.
Vous donnerez au
maréchal Macdonald la surveillance de la ligne de la Raab et des frontières de
Styrie, et vous le chargerez de régler l’évacuation.
Vous appellerez à vous
le général Baraguey d'Hilliers, qui est bon pour l'organisation, et vous le
laisserez dans le pays lorsque vous devrez vous porter ailleurs.
Vous mènerez avec vous
ma garde italienne, qui partira le 16 pour Neustadt, dans le même temps que le
11e corps se rendra à Graz pour remplacer les divisions Seras et Broussier.
PRISE DE
POSSESSION DES NOUVEAUX PAYS.
Une fois le Tyrol
pacifié et les communications rétablies entre Trieste et Innsbruck, il faudra
prendre possession de la Carniole et de la Save.
J'ai donné ordre au
conseiller d'État Dauchy de se rendre à Laybach pour y être chargé de
l'administration des finances. Mon intention est qu'il soit établi des douanes
sur la frontière autrichienne.
Vous ne dérangerez en
rien les douanes italiennes. Avant ce temps, le maréchal Marmont pourra être
arrivé. Il prendra le gouvernement général du pays. Les finances et
l'administration seront sous vos ordres, non comme vice-roi d'Italie, mais
comme général en chef de mon armée, me réservant de statuer plus tard sur la
destination que j'assignerai à ces provinces.
Lorsque, aux termes de
la convention militaire, mes troupes auront évacué les terres autrichiennes, le
maréchal Marmont et le 11e corps seront chargés de prendre possession des
provinces d'Illyrie et de soumettre la Dalmatie. Mais il sera important
d'envoyer 6,000 hommes pour tranquilliser l'Istrie et empêcher ce que les
Anglais pourraient tenter de ce côté.
Vous placerez une
partie de l'armée d'Italie à Villach dans la Carniole, et le reste dans le
Frioul, selon les ordres que je vous enverrai dans ce temps.
Je donne ordre aux 14e
et 19e de chasseurs, qui ont leurs dépôts en Italie, de rejoindre votre armée.
Vous aurez cinq régiments de dragons, qui sont ceux que vous avez aujourd'hui,
quatre régiments de chasseurs, les 6e, 9e, 8e et 25e, et le 6e de hussards; de
plus, le 14e et le 19e de chasseurs; ce qui vous fera
douze régiments de cavalerie. Si, comme tout porte à le penser, le Tyrol se
soumet, vous pourrez rester à Villach, en faisant agir le général Baraguey
d'Hilliers. Par là, vous vous trouverez à même de diriger toutes les
opérations, et même de donner des soins à mon royaume d'Italie.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
INSTRUCTION
POUR LE PRINCE DE WAGRAM
Mon Cousin, par le
traité de paix qui vient d'être signé il est dit qu'il se fera une convention
militaire pour l'évacuation. Mon intention est de partir demain et de vous
laisser le commandement de l’armée. Je le conserverai néanmoins et attendrai à
Passau ou à Munich l'échange des ratifications. Il y a six jours pour
l'échange. Vous vous servirez des pavillons (c’est-à-dire
du télégraphe) pour m'informer de l'échange des ratifications à Munich
ou à Passau. En conséquence, dès ce moment aucun pavillon ne sera arboré, et,
le 17, les ratifications étant échangées, vous ferez arborer le pavillon blanc,
et, en cas de discussion, le pavillon rouge, lequel restera constamment arboré.
Je vous ferai connaître que je l'ai reconnu en faisant arborer, de mon côté, le
pavillon blanc.
J'ai donné des ordres
pour la Garde. Avant de quitter Munich, vous aurez des ordres subséquents. Le
11e corps recevra l'ordre de se rendre le 17 à Vienne pour y remplacer la
Garde, qui devra avoir entièrement évacué pour cette époque. Le 11e corps
restera à Vienne jusqu'à ce que les ratifications aient été échangées, et, le
19, il partira pour Graz. Ce corps sera sous les ordres du vice-roi, ainsi que
toute l'armée d'Italie. Le 1er novembre, le duc de Rivoli aura évacué la
Moravie et se sera concentré, avec tout son corps d'armée sur Krems. Le duc
d'Auerstaedt aura évacué également la Moravie à la même époque et concentrera
son corps d'armée sur Vienne. A la même époque, le général Oudinot aura évacué
de même Vienne et se concentrera sur Saint-Pölten et Melk. Le duc d'Auerstaedt
destiné à faire l’arrière-garde, aura ses trois divisions d'infanterie, les six
régiments de cavalerie légère commandés par le général Montbrun et les trois
divisions de cuirassiers. Le corps du général Oudinot et celui du duc de Rivoli
resteront comme ils sont, hormis le régiment wurtembergeois, qui rejoindra son
corps, et les 14e et 19e régiments de chasseurs, qui, quelques jours après
l'échange des ratifications traverseront Vienne pour se rendre à Neustadt et
être là aux ordres du vice-roi. Le duc de Rivoli recevra, en place de ces deux
régiments la division du général Quesnel. Quelque temps après l'échange des ratifications,
cette division quittera ses positions et se rendra à Krems en traversant
Vienne, et par la rive gauche du Danube. Ainsi immédiatement après l'échange
des ratifications, les Wurtembergeois recevront l'ordre de se rendre à Linz, où
ils seront le 1er novembre. Les Saxons seront mi, sous les ordres du duc
d'Auerstaedt. Le vice-roi chargera le maréchal Macdonald du commandement de la
Hongrie, hormis Presbourg. Il sera commissaire, chargé de tous les détails de
l'évacuation de la Hongrie, hormis Presbourg, et de la Styrie. Les camps seront
levés et les troupes qui sont à Bruck se retireront sans délai du côté
d’OEdenburg. Le maréchal Macdonald pourra porter son quartier général entre
Graz et OEdenburg, afin d'être à portée de Raab, de la Hongrie et de la Styrie.
Les armées communiqueront par leur extrême droite.
Règle générale : mon
intention est que l'armée se retire méthodiquement, de manière qu'elle ne soit
pas un seul instant exposée aux caprices de la mauvaise foi. Le corps le plus
près de France sera ma Garde et le 8e corps. On ne fera pas de détachements
sans mon ordre précis. On vivra sur le territoire ennemi jusqu'aux derniers
instants indiqués au traité. Ainsi, depuis le 1er novembre, première époque de
l’évacuation marquée dans le traité, le duc d'Auerstaedt occupera Vienne par
40,000 hommes d'infanterie, avec les Saxons la division Montbrun, les
cuirassiers et la cavalerie saxonne; ce qui fera, avec les détachements
d'artillerie, une armée de près de 60,000hornmes. Le général Oudinot, à deux marches
de Vienne sur Saint-Pölten, avec tout son corps, comme il est composé
aujourd’hui ; le duc de Rivoli, avec 40,000 hommes, se concentrera à
Krems; les Bavarois à Salzburg ou sur le Tyrol; les Wurtembergeois à Linz pour
garder les communications. L'armée d'Italie et le 11e corps occuperont toujours
la Ville de Raab et se concentreront entre OEdenburg et Graz. Un corps
manœuvrera dans le Tyrol. A la seconde époque, ou celle de l'évacuation de
Vienne, du 15 au 18 novembre, le duc d'Auerstaedt sera à Saint-Pölten, l'armée
d'Italie sera en Styrie, les Wurtembergeois à Passau, le duc de Rivoli à Krems.
Enfin, à la troisième
époque, c'est-à-dire au 15 décembre le duc d'Auerstaedt sera à Linz, l'armée
d'Italie en Styrie, et alors, selon les circonstances, j'aurai fait connaître
mes intentions sur la destination des autres corps.
Mon intention est que
les ouvrages de Spitz soient entièrement démolis. On commencera la démolition
le ler novembre, et on y emploiera des soldats et des paysans. Quinze jours
suffisent à ce travail.
On fera sauter, le 15
octobre, sans attendre les ratifications, les remparts de la ville de Vienne.
On fera sauter la citadelle de Brünn quatre jours après les ratifications
échangées; on fera sauter les places de Raab el de Graz vingt-quatre heures
avant de les quitter.
Vous donnerez l'ordre
au régiment de Nassau de partir pour Passau le lendemain des ratifications.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
INSTRUCTION
POUR LE GÉNÉRAL DE LA RIBOISIÈRE, COMMANDANT L'ARTILLERIE DE L’ARMÉE D’ITALIE,
A VIENNE
Monsieur le Général, la
paix a été signée ce matin. Mon intention est que demain, ou au plus lard
après-demain avant midi, les fortifications de Vienne sautent. Si vous pouvez
même faire sauter de suite un bastion, vous le ferez; on ne saurait exécuter
trop tôt cette mesure.
La Garde reçoit des
ordres pour partir. Les trente pièces d'artillerie de la réserve ne feront pas
partie de l'artillerie de la Garde; elles rentreront à votre parc.
Voici les termes
d'évacuation: la Moravie sera évacuée en quinze jours, Vienne et la Hongrie
dans un mois; la haute Autriche et la Styrie dans deux mois et demi. Par les
conditions de la paix, tout le cercle de Villach, la Carniole (Région qui
correspond à une ancienne province de l'empire austro-hongrois (Cisleithanie),
et qui aujourd'hui correspond à peu près avec les deux tiers occidentaux de la
Slovénie. Elle confine au Nord à l'Autriche (Carinthie et Styrie), au Sud à la
Croatie, à l'Est à l'Italie. Le principal cours d'eau était la Save qui arrose
le Nord de la province, tandis que son affluent la Ljubiana en parcourt le
centre), et, depuis les confins de la Carniole, le thalweg de la Save, depuis la
Carniole jusqu'en Bosnie, m'est cédé. Toute l'artillerie qui est à Graz et à
Raab, je la destine à être déposée dans la Carniole, pour armer un camp
retranché que je veux établir sur la Save; ce qui fera plus de cent bouches à
feu avec ce qui est à Laybach. Toute l'artillerie qui est à Klagenfurt sera
évacuée sur Villach, où je veux établir une tête de pont sur la Drave, et d'où,
d'ailleurs, elle pourra être dirigée sur Osoppo. Il vient beaucoup' de convois
d'Italie; contremandez-les et chargez le général d'artillerie de l'armée
d'Italie de les faire diriger sur les dépôts d'Italie.
Toute l'artillerie qui
est à Vienne, à Brünn, à Linz, doit être évacuée sur Passau; mon intention
n'est pas de la céder à la Bavière, mais de la tenir à Passau pour l'armement
de la place, sous la garde d'un garde-magasin français; de sorte que je puisse
la faire venir en France, les circonstances changeant. Le temps d'évacuation
comptera à dater du 17; c'est donc le 17 novembre qu'il faudra avoir évacué
Vienne, et le 3 novembre qu'il faudra avoir évacué Brünn. Les fers coulés ne
manquent pas à l'Autriche; elle a une si grande quantité de forges qu'elle ne
peut manquer de réparer promptement cette perte. Mon intention est que vous
calculiez mes intérêts indépendamment de toute
idée politique, et que vous vendiez aux agents autrichiens les bombes et
boulets, s'ils ne sont pas nécessaires pour l'armement de Passau; mais il ne
faut pas prendre en considération l'idée d'enlever les fers coulés à l'ennemi.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
INSTRUCTION
POUR LE GÉNÉRAL DE LA RIBOISIÈRE, COMMANDANT L'ARTILLERIE DE L’ARMÉE D’ITALIE,
A VIENNE
Monsieur le Général,
l'armée va se diviser en deux parties, celle qui évacuera sur l'Italie et celle
qui évacuera sur le Rhin. Vous sentez que la distance entre elles sera énorme.
Il faut donc penser à réunir les mêmes corps d'artillerie qui se trouvent faire
partie de l'une et de l'autre. Les troupes qui évacuent sur l'Italie sont
celles connues sous le titre d'armée d'Italie et de 11e corps. Ayez
donc soin que les troupes d'artillerie pour l'Italie soient composées des 2e et
4e régiments d'artillerie à pied et 1er et 4e régiments d'artillerie
à cheval, des mêmes bataillons du train, des mêmes compagnies d'ouvriers et le
2° bataillon de pontonniers. Tout ce que vous aurez dans les autres corps
appartenant à ces régiments, bataillons et compagnies, doit être dirigé sur
l’Italie. Ayez soin que les quatre bataillons du train soient composés de deux
bataillons principaux et de leurs bataillons bis, afin que l'encadrement puisse
se faire sans déplacement de troupes; ayez soin que ces bataillons soient au
grand complet en hommes et en chevaux, même plus de chevaux que moins. Ainsi
donc l'artillerie de l'armée est divisée en deux, partie sur l'Italie et partie
sur le Rhin. Sur le Rhin, elle sera divisée en trois parties: une partie en
Allemagne, sous les ordres du duc d'Auerstaedt; une partie rentrera en France;
une partie ira en Espagne. Mon intention est qu'il n'aille en Espagne ni
matériel ni personnel, mais seulement des attelages avec le personnel des
attelages. J'ai, besoin, pour l'Espagne, de 2,500 chevaux. Je désire
qu'aussitôt que l'évacuation aura commencé, vous dirigiez 2,500 chevaux sur
Strasbourg, servant aux évacuations ; ils laisseront leur matériel dans
l'arsenal de Strasbourg et s’en iront haut le pied ou avec des munitions qui
seront désignées par le ministre, pour se rendre à Bayonne. Les chevaux qui
resteront en France seront sur le champ disséminés chez les paysans ;
mais, comme il faut trois mois avant que l’évacuation ne soit terminée,
j’aurais le temps de vous donner des ordres.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
INSTRUCTION
POUR LE GÉNÉRAL BERTRAND, COMMANDANT LE GENIE DE L’ARMEE D’ALLEMAGNE, A VIENNE
1° On emploiera les
journées du 15, du 16 et du 17 à faire sauter les fortifications de Vienne.
Onfera d’abord sauter toutes les galeries, ensuite les souterrains et galerie
de mines, de manière que les fronts qui n’ont pas été attaqués ne puissent être
rétablis sans des dépenses considérables.
2° On fera sauter la
forteresse de Brünn quatre jours après l’échange des ratifications et d'après
l'ordre que le commandant du génie prendra du major général.
3° On fera sauter Raab,
la forteresse de Graz et les remparts de Klagenfurt cinq jours avant de les
évacuer. J'attache une singulière importance à la démolition des ouvrages de
Klagenfurt; il ne doit pas rester trace de l’enceinte ;
4° On commencera le 1er
novembre, et par l’ordre qu’en donnera le duc d'Auerstaedt, à démolir le
Spitz ;
5° Le général Bertrand
visitera lui-même et, pendant les trois mois que durera l’évacuation, emploiera
tous les moyens possibles pour améliorer les ouvrages de Passau et de
Salzbourg.
6° Aussitôt que nous
serons en possession de la Carniole, il ira reconnaître les rives de la Drave,
de la Save et de la Laybach, et me rapportera à Paris un projet de place ou de
camp retranché pour la Carniole.
7° Le matériel et le
personnel du génie doivent se diviser en deux. La plus petite partie suivra
l’armée d’Italie et le 11e corps. On aura soin de composer les
bataillons d’artillerie, de sapeurs, etc., des mêmes compagnies. La plus grande
partie suivra l’armée du Rhin.
On me remettra un état
clair de cette division, afin que je puisse évacuer une partie du personnel et
matériel du génie de l'armée du Rhin sur l'Espagne, outils, attelages, etc., et
spécialement bataillon de marine et ouvriers de marine.
Schönbrunn, 14 octobre
1809
INSTRUCTION
POUR LE COMTE DARU, INTENDANT GENERAL DE L’ARMEE D’ALLEMAGNE, A VIENNE
Avant de quitter Vienne,
on doit remettre 80 millions en argent. Pour le surplus de la contribution, il
ne faut recevoir que de bonnes lettres de change.
Les domaines
m'appartiennent jusqu'au 1er novembre.
Il faut vendre les
magasins de sel, de tabac, de bois, etc., et en tirer le meilleur parti. Il
faut distribuer les effets d'habillement à l'armée afin de n'avoir rien à
évacuer des magasins, si ce n'est les 100,000 paires de souliers, qu'on tiendra
en réserve à Passau.
Dans les quinze jours
qu'on a pour évacuer la Moravie, il faut transporter les malades à Vienne. Dans
le mois qu'on a pour évacuer Vienne, on évacuera les malades sur Melk et
Saint-Florian. Il faut laisser les hôpitaux bien organisés et bien pourvus, en
y affectant tous nos magasins.
Schönbrunn, 14 octobre 1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général
Clarke, comme je vous l'ai mandé, la paix a été signée aujourd'hui.
J'ai ordonné à deux
régiments provisoires que j'ai à Stuttgart de se rendre à Strasbourg. Mon intention
est que de là ils continuent leur route sur Versailles. Ils pourront cependant
séjourner quelques jours à Strasbourg pour s'y reposer. Trois autres régiments
de marche partent de Bayreuth. Un autre régiment, qui est à Donauwörth, ne
tardera pas à partir pour se rendre en droite ligne à Bayonne. Retenez jusqu'à
nouvel ordre à Versailles les deux régiments provisoires de dragons qui s'y
trouvent, et augmentez-les de tout ce que les dépôts peuvent fournir. Ces
régiments provisoires seront ainsi portés à près de 9,000 hommes.
Tout ce que les dépôts
de cavalerie des régiments de la Grande Armée, qui sont dans le Nord ou sur le
Rhin, pourraient fournir, dirigez-le sur Versailles, où on le réunira à ce
qu'on pourra tirer des dix dépôts de hussards ou de chasseurs qui sont dans
cette ville, pour en former trois ou quatre régiments de marche; cela fera
encore 3 ou 4,000 hommes de cavalerie, ce qui portera le renfort de cavalerie
destiné pour l'armée d'Espagne à 12 ou 15,000 hommes.
Mais, pour ne pas
réunir une aussi grande quantité de cavalerie à Versailles, vous pouvez
ordonner que tous les détachements de chasseurs et de hussards, même ceux qui
sont à Versailles, se réunissent à Tours, et vous chargerez un officier
supérieur de se rendre dans cette ville pour y organiser ces quatre régiments
de marche.
J'ai ordonné au duc
d'Abrantès de se rendre à Mayence avec le 22e de ligne et les huit 4es
bataillons qui sont sous ses ordres. Je destine ces douze bataillons, qui,
cette année, ne se sont pas battus, à aller en Espagne. Le duc d'Abrantès
mènera avec lui son artillerie.
Il pourra laisser le
matériel à Mayence et ne mener avec lui que les attelages, puisqu'il pourra
prendre en Espagne ou à Bayonne l'artillerie de campagne qui lui sera
nécessaire.
Je donne ordre au
général Loison de se rendre à Paris, d'où vous l'enverrez à Bordeaux prendre le
commandement d'une division que vous ferez former de la manière suivante: onze
bataillons, dont trois du 26e, trois du 66e, trois du 82e, un hanovrien, un de
la légion du Midi. Ces onze bataillons doivent former 8 à 9,000 hommes.
Vous donnerez ordre
qu'on forme à Nantes une autre division qui sera composée de huit bataillons,
dont deux du 13e de ligne, deux du 47e, deux du 70e, et deux du 86e.
Vous donnerez ordre
qu'on réunisse à Orléans deux bataillons polonais de la légion de la Vistule et
un bataillon irlandais, total trois bataillons; ce qui, avec un détachement de
lanciers et tout ce que l'on pourra encore tirer des dépôts, fera un objet de
8,000 hommes.
Vous donnerez ordre au
général Desbureaux, à Strasbourg, de diriger sur Orléans le régiment de marche
qu'il organise, aussitôt que ce corps présentera une force de plus de 1,500
hommes. Enfin vous chargerez votre bureau du mouvement de me préparer un projet
pour réunir depuis Tours jusqu'à Bayonne des bataillons de marche composés de
tous les hommes disponibles que les dépôts pourront fournir, en ayant soin de
distinguer ceux qui appartiennent à des régiments de l'armée d'Espagne, qu'ils
doivent aller recruter, de ceux qui ne sont pas dans ce cas. Il me semble qu'il
doit être facile de rassembler ici 40,000 hommes; je vous ai déjà écrit
là-dessus.
Schönbrunn, 15 octobre
1809
A Caroline Napoléon,
reine des Deux-Siciles, à Naples.
J'ai conclu la paix et
je vais partir cette nuit pour Paris. Si vous n’étiez pas si loin et la saison
si avancée, j'aurais engagé Murat à venir passer deux mois à Paris. Mais vous
ne pouvez pas y être avant décembre, qui est une bonne saison, surtout pour une
Napolitaine.
Il faut donc remettre à
une autre année ce voyage de Fontainebleau.
Croyez à mon désir
constant de vous donner des preuves de mon amitié.
Schönbrunn, 15 octobre
1809
A Joachim Napoléon, roi
des Deux-Siciles, à Naples
La paix a été signée hier
par MM .de Champagny et Liechtenstein, et je pars cette nuit pour Paris, où je
serai rendu quand vous recevrez cette lettre. Par ce traité, Trieste, Fiume, le
littoral de la côte, la Carniole, Villach, l'Esclavonie et le pays sur la
droite de la Save, depuis la Carniole jusqu'à la Bosnie, me sont cédés;
Cracovie, la nouvelle Galicie, le cercle de Zamosc, sont réunis au duché de
Varsovie; j'acquiers Salzburg, l'Innviertel et une ligne prise entre l'Inn et
la Traun ; je céderai probablement cela à la Bavière.
Ainsi désormais toute
l'Adriatique, depuis Cattaro jusqu'à Tarente, est dans le même système. La
possession de Trieste sera d'un bon résu1tat pour ce qui regarde la Sicile, qui
désormais n'aura plus aucun contact direct avec l'Autriche. Je m'empresse de
vous donner ces nouvelles.
Vous m'avez envoyé un
beau sabre; je vous en remercie.
Schönbrunn, 15 octobre
1809
Au général Clarke, duc
de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Il serait bien
important de faire rédiger un code de procédure criminel1e militaire, qui fut
fait avec assez de latitude pour qu’on put regarder comme non avenus et qu'il
pût remplacer les lois, actes, rassemblés en un volume Guide des juges
militaires. Je vois une loi qui condamne à mort tout individu qui reçoit un
déserteur ou trompette après le coucher du soleil, et en général cela est plein
des lois de circonstances de la Convention.
Schönbrunn, 15 octobre
1809
A François, empereur
d’Autriche, à Dotis (aujourd’hui Tata, en Hongrie)
Monsieur Mon frère,
j'ai reçu la lettre de Votre Majesté Impériale du 25 septembre. J'ai vu avec
plaisir le feld-maréchal prince de Liechtenstein. Sa mission a eu le
succès que Votre Majesté désirait, et la pax a été signée hier entre nous.
Votre Majesté ne pouvait pas avoir près de moi un ministre qui me fût plus
agréable et qui fût plus propre à arranger ses affaires. Voici donc la
quatrième guerre entre Votre Majesté et moi terminée. Je vais bientôt quitter
Vienne; je la quitte avec l'espoir que tous nos différents sont réglés, que la
paix sera éternelle entre nous et que la guerre ne saurait plus renaÎtre. Que
Votre Majesté confie le soin de ses affaires à des ministres qui connaissent
bien la position respective des deux États. Ils seront alors convaincus que
l'amitié de la France et la paix peuvent seules faire son bonheur, celui de sa
famille et de ses peuples. La guerre et la haine que le Cabinet de Votre
Majesté a nourries jusqu'ici contre la France ont fait le malheur de Votre
Majesté; la paix et l'amitié de la France feront bientôt renaître toutes ses
propriétés.
Napoléon