Le siège et la prise de Vienne (10 - 14 mai 1809)
La reddition
L’archiduc Maximilien, dans l’impossibilité de communiquer soit avec l’empereur François, soit avec l’archiduc Charles, se rend compte que s’il laisse le bombardement de la ville continuer, des pertes irréparables seront infligées à ses richesses historiques. Au matin du 12, il transmet le commandement au maréchal O’Reilly, et quitte la ville, par Tabor et Florisdorf, non sans donner l’ordre de faire brûler le pont de Spitz, après le passage des dernière troupes de Nordmann, qu’il emmène avec lui.
Le 13 mai, à deux heures et demi du matin, le drapeau blanc est hissé sur les murs de la ville, un trompette est envoyé aux avant-postes français: Vienne capitule. Deux heures plus tard, les troupes françaises pénètrent, en ordre de parade, dans la ville. 15 000 défenseurs sont faits prisonniers.
Entre temps, des troupes françaises ont pénétré jusque dans Leopolstadt, mettant la main sur 500000 Gulden en pièces, quatre millions en billets et 5 millions en or et argent.
Larrey: "Quelques dispositions de siège et quelques heures de bombardement suffirent pour déterminer les troupes assiégées et les Viennois à proposer la capitulation: elle fut acceptée, et dès le lendemain on pris possession de la ville."
Chlapowski: "Les remparts étaient couverts non de la foule, mais d'un grand nombre de Viennois très bien vêtus. L'Empereur, toujours à cheval, s'avança jusqu'au glacis; un fossé de 10 toises le séparait seul des Viennois. Ceux-ci reconnurent l'Empereur pour l'avoir déjà vu à Vienne en 1805, ôtèrent leurs chapeaux, ce que je trouvai assez naturel et commencèrent à l'acclamer en poussant des « vivats ! », ce qui me parut moins digne et tout à fait déplacé. Je ne puis m'expliquer cette action que par l'indifférence habituelle aux habitants d'une grande ville, et surtout par le charme qu'un homme comme l'empereur exerçait sur tout le monde".
Opinion quelque peu contredite par Joseph Carl Rosenbaum, qui note dans son Journal: "Le peuple ne les accueillit pas, comme jadis (c’est-à-dire en 1805), à bras ouverts. Ils avançaient dans des rues vidées de leurs habitants, le long de maisons aux portes fermées, eux-mêmes sombres et maussades devant la résistance et l’aversion qu’ils rencontraient".
Quant à Grillparzer: "Je ressentais tout ceci, sauf la peur. Pourtant, lorsque mon voisin, un jeune homme des plus silencieux et calme, réclama avec véhémence d'aller au-delà des murs de la ville à la rencontre des ennemis, je fis remarquer non sans circonspection, quelle stupidité ce serait d'envoyer des troupes sans entraînement, comme nous, à la rencontre d'une armée aguerrie. La nouvelle de la reddition de la ville nous remplit d'indignation. J'exprimai la mienne par une sortie contre nos concitoyens, pour qui leurs toits avaient plus de prix que l'honneur, qui fût aussitôt reprise par notre commandant, un jeune et bel officier de cavalerie, le bras en écharpe et répétée à toute la compagnie. Mais en fait, nous étions tous contents de retourner à la maison, d'autant plus que depuis 16 ou 18 heures, nous n'avions rien mangé"
Napoléon s’était installé dès le 10 au soir, dans les appartements qu’il occupait en 1805 .
Boulart: "Schönbrunn est à une lieue de Vienne..... l'empereur Napoléon s'y était établi dans le château impérial et son quartier général, ainsi que les troupes de sa Garde, étaient logés chez les habitants ou bivouaquaient non loin du château."
Constant: "L'Empereur ne séjourna point à Vienne; il établit son quartier général au château de Schönbrunn, résidence impériale située à une demi-heure environ de la ville. On arrangea le terrain en avant du château pour le campement de la garde"
C'est là qu'il reçoit une délégation de la ville à Schönbrunn.
Czernin: "Vers huit heures du matin, une députation s'était dirigée vers Schönbrunn, afin d'ouvrir au vainqueur qui y résidait, les portes de la ville impériale. Le vieux prince-archevêque Hohenwart se tenait à la tête des envoyés ; à ses côtés se trouvaient les prélats de Klosterneuburg et des Schotten, le gros maréchal du Palais, le comte Dietrichstein, et parmi les délégués permanents de la Basse-Autriche, le vieux comte Veterani, les seigneurs de Bartenstein, Haan et Mayenburg, le commandant de la ville baron Lederer, le maire Wohlleben et plusieurs magistrats, nains effarouchés rampant vers le puissant géant."
Le gouverneur Andréossy préfère la Hofburg au palais Kaunitz, Lannes installe son quartier général dans le palais du prince Albert de Saxe-Teschen (le palais Albertina), près de la porte de Carinthie (lui même loge dans une maison privée à Schönbrunn), tandis que le général Lasalle élit domicile au palais Rasumovski.
Beethoven déménage à Heiligenstadt, où la division Saint-Sulpice bivouaque.
Quant à Girault: "On nous logea dans un des faubourgs où nous étions tout un corps d’armée. Nous étions tous les uns sur les autres. Dans une seule habitation, nous étions une compagnie, les sapeurs et la musique, c’est à dire environ 130 hommes. Et les habitants étaient obligés de pourvoir à nos besoins, de nous fournir à boire et à manger, et cela dura pendant cinq jours".
Le 13 mai, une proclamation à l'armée place la population de Vienne sous la protection impériale. Le soir, les théâtres sont de nouveau ouverts, les cafés et les restaurants pleins à craquer.
Le 14 mai, l’archiduc Charles, général en chef de l’armée autrichienne, venant de Bohème, était arrivé à Stockerau, où il avait appris la capitulation de Vienne. Le 16, il installe son quartier général à Ebersdorf, sur la route de Brünn.
Trois jours durant, à Schönbrunn et sur la Schmelz, Napoléon fait parader ses troupes. Et lorsqu'il inspecte les fortifications, il est rapidement acclamé par la foule....
Général Chlabowsky: "Je ne pu me l'expliquer que par l'indifférence qui caractérise les habitants des grandes villes, et particulièrement les viennois, ou par la magie que l'Empereur exerçait sur tous les individus."
FIN