Historique des régiments

Le 11e régiment d'infanterie légère

Têtes de Maures

  Jérôme CROYET.

Docteur en Histoire, archiviste adjoint aux A.D. Ain

Conférencier à l'Université Lumière Lyon II


Le 11 août  1811, Napoléon décide de la dissolution du bataillon des Tirailleurs Corses et de le fondre en un seul régiment d’infanterie légère qui prendra le n° 11, vacant depuis 1803, avec les bataillons autonomes. (1)

Son commandement est confié au Major Casabianca. Le dépôt est à Trêves et sera complété par l’arrivée de 1800 conscrits Corses et Italiens. Le régiment compte alors trois aigles: celle des Tirailleurs du Pô, celle d'un bataillon de la Légion du Midi celle des Tirailleurs Corses. A l'issue de sa formation, une seule aigle est gardée. 

Le 11e Régiment d'Infanterie Légère est affecté à la 8e division du Corps d’Observation de l’Elbe, aux ordres du Maréchal Oudinot. Il est à la division du Général Verdier, 1e brigade aux ordres du Général Viviez, avec le 2e de ligne. 

Le 11e Régiment d'Infanterie Légère part en campagne avec un drapeau modèle 1812, avec ULM AUSTERLITZ IENA EYLAU ESSLING WAGRAM. Le 18 février 1812, le régiment est à Wesel, où il laisse son drapeau au dépôt, à Brunswick et Magdebourg. Le 3 juin, le régiment franchit la Vistule. Il est passé en revue par l’Empereur à Gumbinnen. Le 24 juin, il passe le Niemen, et le 29 juin, premiers accrochages avec les Russes. 

Le 1er août, le régiment  renforce la division Legrand qui est aux prises avec les Russes. Ces derniers sont culbutés. Il se porte en avant mais tombe sur l’armée russe qui est déployée. Il est contraint de se replier. Le général Verdier est gravement blessé, les capitaines Peretti, Pianelli sont tués, les lieutenants Venturini et Marcaggi sont blessés. 

Colonels & Chefs-de-Brigade
1791: Becdelievre (Gabriel-François-Louis de) – Lieutenant-Colonel
1792: Fontenille (François du Contant de la Molette de) – Lieutenant-Colonel
1792: Garnier (Pierre-Dominique) – Lieutenant-Colonel
1793: Marnas (Paul-Dominique Chabannacy de) – Lieutenant-Colonel
1794: Gazan (Honoré-Theodore-Maxime) - Chef-de-Brigade
1796: Giuseppi (?) - Chef-de-Brigade
1796: Recco (Etienne-Antoine) - Chef-de-Brigade
1797: Fiorella (?) - Chef-de-Brigade
1799: Simon (Dominique) - Chef-de-Brigade
1802: Dubreton (Jean-Louis) - Chef-de-Brigade
1811: Casabianca (Pierre-François-Vincent) -Colonel
1813: Poinsot (Charles) - Colonel
1814: Sebastiani (Jean-André-Tiburce) - Colonel

Le 4 août,  le 11e Léger est engagé sur la Duna. Le 11 août, il participe au violent combat sur la Svolna (11 août). Le régiment est très éprouvé, son colonel, Casablanca, est tué. 

Le maréchal Oudinot amène ses troupes à Polotsk où il trouve le VIe Corps commandé par Gouvion Saint-Cyr.  Celui-ci prend le commandement du corps d’armée car après le rude combat de Polotsk (16-18 août), le général Verdier est grièvement blessé. Entre le 4 et le 16 août, les pertes s’élèvent à 13 officiers et 152 hommes hors de combat. Le régiment n’ira pas jusqu’à Moscou, et restera deux mois en cantonnement, où il recevra quelques renforts. 

Le 28 novembre, le 11e léger est à la Berezina (26-28 novembre), où les capitaines Buttafuoco et Spoturno sont tués, les capitaines Pianelli, Rocca-Serra et Morelli, ainsi que le lieutenant Panzani sont blessés. 

Le régiment participe à la campagne de Saxe en 1813. Il est aux batailles de Dresde et de Leipzig, du 16 au 18 octobre. Puis c'est la Campagne de France, en 1814, où il est à Brienne, La Rothière, Nogent, Ligny Auray, Montereau, Troyes, Paris.  

Le 11e Régiment d'Infanterie Légère conserve son aigle durant la Première Restauration. 

Officiers tués et blessés de 1811 à 1815.

 
Officiers tués : 19
Officiers morts des suites de blessures : 9        
Officiers blessés : 113  

Pendant les Cent-Jours,  le 11e Régiment d'Infanterie Légère est à l’Armée du Nord. Il reçoit un aigle modèle 1815. Il est affecté au IIe Corps sous Reille, 7e division d'infanterie, sous Girard, brigade Devilliers.  Il est au combat de Ligny, Quatre-Bras et Waterloo : 

Batailles & Combats

1794: Schanzel, Kaiserlautern, Mayence, Mombach
1795: Loano
1796: La Bochetta-di-Campione, La Corona, Lonato, Saint-Georges, Tyrol, Lavis, Brixen
1797: Rivoli, Mantoue, Valvasonne
1798: Malte
1799: Offenburg, Stockach, Rivière Trebbia
1800: Fischbach
1802: Gros-Morne, Crête-a-Pierrot, La Cap, Vertieres
1812: Sivotschina, Soolna, Polotsk, Berezina
1813: Dresde, Leipzig, Hanau
1814: Brienne, La Rothière, Valjouan, Montereau, Troyes
1815: Ligny, Waterloo.

 

A Waterloo, à la bataille des Quatre-Bras, 16 juin 1815 avant 16 h, la position trop tardivement attaquée par les troupes du maréchal Ney sans cesse consolidée par l’arrivée de nouveaux renforts, demeura finalement aux mains de Wellington.  Le général Girard avait lancé sur le hameau de La Haye, le 11e léger, qui était composé des anciens Tirailleurs Corses et des Tirailleurs du Pô.  Sa division formée face à l’est enlève le village. Hardi les gars ! Guide à droite ! Serrez les rangs ! La charge ! On est à la crête de Brye. L’artillerie va taper dans le dos des “verdurets” qui défendent Ligny… La droite de Blücher est enveloppée…Trop tard, près du vieux moulin de Bussy, le vieux Vorwaerts voit le danger, lance de front une brigade d’infanterie et de flanc deux régiments de cavalerie. Dans la Haye, l’épouvante….Aux poursuites à travers les rues succèdent les mêlées sanglantes du 4e de ligne, du 12e léger, du 6e prussien. Girard refoule devant lui les Westphaliens et tombe mortellement blessé. “Kinder ! Haltet euch brav ! Vorwaerts, im Gottes Namen !" hurle Blücher aux soldats de Pirch II qui poussent devant eux les débris de la division Girard rassemblés par le colonel Mathis. 20 officiers du 11e léger, presque tous Corses sont mis hors de combat : Parmegiani, chef de bataillon, Mattei, Casalito capitaines, Bonnifacci, lieutenant, Bastiani, porte-aigle…le 12e léger en perd 25, le 4e  de ligne 25, le 86e…pendant qu’à Wagnelée les 2e et 25e prussiens sont décimés par la division Habert" [2].  

Lors de la seconde Restauration, l'aigle du 11e Régiment d'Infanterie Légère est brûlé à Bourges.


[1] Filiation du régiment :

1788: Création des  Chasseurs des Ardennes

1791: 11e Bataillon de Chasseurs

1794: 11e demi-brigade d'Infanterie Légère (de 1e formation, à partir de 11e  Bataillon de Chasseurs,  5e Bataillon, Volontaires du Doubs,  6e Bataillon, Volontaires de la Drome.

1796: 11e demi-brigade d'Infanterie Légère (de 2e formation, à partir de 3e demi-brigade d'Infanterie Légère (de 1e formation ex-Chasseurs Royaux Corses), Bataillon Chasseurs des Haute-Alpes.

1799: 11e Demi-brigade d'Infanterie Légère (3e formation, à partir de détachements des 9e et 24e demi-brigades d'Infanterie Légère, détachements de conscrits.

1803: Dissolution du 11e et vacance du numéro jusqu’en 1811.

1811: Création du 11e Régiment d'Infanterie Légère (formé à partir de : Bataillon des Tirailleurs Corses, Bataillon des Tirailleurs du Pô,  Bataillon de Tirailleurs de la Légion de Midi, Bataillon Valaisan. Par la présence des Corses, il existe bien une continuité entre le 11e Léger de 2e formation à partir de l’ex-bataillon des Chasseurs Royaux Corses et le nouveau 11e dont le 1er Bataillon et le commandement sera donné aux Tirailleurs Corses.

(2) Texte de Jean Pieri