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Le
Royal Corsican Rangers (1) |
Septembre
1798. Les Anglais décident
de former une compagnie d’Infanterie
légère,
constituée d’émigrés et de
réfugiés venus de l’île de
Minorque. Cette
première unité va être
formée de 7
officiers et de 226 sous-officiers et soldats. On ne sait pas grand
chose
d’elle jusqu’en juillet 1800, lorsqu’un
certain
Hudson Lowe (qui se rendra
tristement célèbre plus tard), capitaine au 50e
Foot, en reçoit le
commandement, avec le grade de major. Lowe a servi en Corse au moment
de
l’occupation anglaise (il parle couramment français et l'italien), entre 1794 et 1796, et avait
établi de bons rapports avec les Corses.
Connue
alors
sous le nom de « Franc Tireurs
Corses », l'unité est envoyée
à
Gibraltar, où elle impressionne le gouverneur Abercombry,
qui décide de l’équiper
de carabines Baker, et de l’incorporer dans les forces de sa
prochaine
expédition en Egypte. Elle y est encadrée par le
23e fusiliers, les
28e et 42e Highlanders,
les 58e et
11e dragons légers ainsi que
par les carabiniers montés Hompesch, dans la
réserve commandée par le
général Moore.
Après
le
débarquement à Aboukir (7 mars 1801), cette nouvelle formation
reçoit le nom de Corsican
Rangers, alors composée de 9 officiers (corses), un
chirurgien (anglais), 9
sergents, 3 tambours et 209 caporaux et hommes de troupe. Ils sont
toujours sous
le commandement d’Hudson Lowe.
L'unité va se comporter de fort belle façon ("troupe solide, bien entraînée et courageuse") et
recevra même des éloges après
la reddition de Menou (le 2 septembre), se voyant accorder l'honneur de porter un sphinx
sur les
boutons de ses uniformes, tandis que tous ses officiers
reçoivent l'ordre du
Croissant turc. Lorsque la campagne se termine, elle ne se compose plus
que de
2 officiers, 4 capitaines et 167 sous-officiers et hommes de troupe.
Après l'Egypte, l’unité est envoyée à Malte puis dissoute, le 1er juillet.
Mais un an plus tard, plus
exactement le 14 août 1803, Hudson Lowe, devenu major du 7e
fusilier, reçoit l’ordre de lever un
deuxième régiment corse, plus
conséquent,
destiné aux opérations en
Méditerranée. Les trois officiers qui lui sont
adjoints ont des noms à consonance italienne ou corse. Le
régiment devra
comprendre six compagnies de fusiliers, de 60 sous-officiers et soldats
chacune. Ils seront tous corses et tireurs
expérimentés. Le complément en
hommes est recruté en Sicile, en Sardaigne et dans la
région de Naples
En
octobre 1804, le régiment fait officiellement partie de
l’armée britannique et
se compose alors : du lieutenant-colonel Hudson Lowe (promu à ce poste le 25 octobre, du
major John Mac Combe, d'un
adjudant, d'un quartier maître, d'un officier payeur, d'un
chirurgien, de deux
assistants chirurgiens et de dix compagnies, chacune à 60 hommes. Six
capitaines sont corses, comme le sont 11 des 12 lieutenants, 4 des 9
enseignes,
le quartier maître et l’adjudant. Le reste des
officiers est de nationalité
anglaise, allemande ou italienne. Le régiment est reconnu
comme discipliné,
solide et loyal.
En
novembre 1805, le régiment embarque pour Naples, au sein de
l’expédition commandée
par le lieutenant-general Craig. Puis il intègre
l’armée anglo-russe dans le
sud de l’Italie, sous les ordres du
général russe Lacsy. Toutefois, lorsque le
roi Ferdinand rejoint, avec sa cour, la Sicile, le régiment
est envoyé en
Calabre, sous les ordres du général Sir John
Stuart. Plusieurs de ses officiers
corses sont envoyés instruire un corps de Siciliens
destinés à rejoindre l’armée
britannique.
Le
4 juillet 1806, le régiment participe, brillamment,
à la
bataille de Maida, au
sein de la brigade Kempt. Puis il participe à la prise de Monte Leone
et à la
levée du siège de Scylla. Il a subit de
sévères pertes et doit se reformer en
Sicile à la fin de l’été
1806, avant
d’être envoyé sur
l’île de Capri, en
septembre. Il va y rester deux années,
jusqu’à la
prise de l’île par Murat,
durant laquelle, fidèle à la couronne, ils
combattront
contre les Français. En
octobre 1808, 19 officiers, sous-officiers et soldats auront
été tués, 26
sous-officiers et soldats blesses. Confronté au dilemme de devoir
combattre
contre leurs compatriotes, un sergent avait
déserté avec
plusieurs de ses
hommes. Hudson Lowe mentionnera le courage particulier d’un
major, de cinq
capitaines, de huit lieutenants et de l’adjudant.
En
1809, le régiment passe sous le commandement du
lieutenant-colonel John McCombe
et participe, de nouveau sous les ordres de Stuart, à
l’attaque des îles d’Ischia
et Procida. A partir de cette date il ne sera utilisé que
dans les garnisons de
ces avant-postes. Il comprendra alors jusqu’à 12
compagnies (1543
sous-officiers et soldats). 14 de ses officiers formeront les cadres
des régiments
d’infanterie légère grecque,
formés entre 1809 et 1810. Il combattra de nouveau
en 1813-1814, prenant part à la campagne qui verra la
défaite de Murat.
Le Royal Corsican Rangers ne
sera dissous, à Corfou,
qu’à la fin de 1817. Beaucoup de ses soldats
restèrent alors sur l’île, en
Italie et en Sicile, d’autres rejoignirent la Corse. Tous les
officiers furent
mis en demi-solde, la plupart rejoignant l’île de
beauté, avec la bénédiction
des Bourbons. (2)