Consulat
Premier Empire

Les combats d'Hollabrunn

16 novembre 1805


(Ordre de bataille français) - (Ordre de bataille russe)

Après la prise de Vienne

Après la prise des ponts de Vienne, Murat ne perd pas une minute: il continue sa marche en avant, voulant devancer Kutusov, et arriver à Hollabrunn, voire Znaim, avant ce dernier. Le soir même, les grenadiers d'Oudinot sont à Korneuburg, les cavaliers de Walther et Treillard atteignant même Stockerau.

Source: Rainer Egger, Das Gefecht bei Dürnstein-LoibenMurat reste à Vienne, passant la nuit au palais du prince Albert (l'actuel Albertina). Le lendemain il donne l'ordre au gros de ses troupes (la cavalerie, le IVe et le Ve corps, commandés respectivement par Soult et Lannes. Lui même atteint, à la tombée de la nuit du 14, Stockerau  que les troupes de Lannes ont traversé dans la journée, faisant même prisonnier, usant de la même ruse qu'à Vienne, un bataillon entier du régiment frontalier Perterwardeiner.

Ce même jour, entre 11 heures et midi, les premiers cavaliers des 9e et 10e hussard atteignent le village de Siendorf. L'après-midi, l'avant garde française s'avance, en direction d'Hollabrunn, jusqu'à Ober-Mallerbarn.

Murat passe la nuit à Stockerau. L'armée française a pris possession d'un dépôt d'armes et de munitions, ainsi que de nombreux chevaux: cette importante prise de guerre est immédiatement distribuée aux régiments qui en ont bien besoin.

Dumas: "L'on a trouvé dans cette place plusieurs magasins autrichiens, contenant des bottes, des souliers, capotes, pantalons, caleçons, tout fut distribué à la troupe. Cette distribution ressemblait parfaitement à un pillage."

Dans la nuit, l'avant garde de Murat - emmenée par le général Sébastiani - entre en contact, à Göllersdorf, avec des soldats russes, et atteint peu après midi Hollabrunn, que les hussards d'Hessen-Combourg viennent d'abandonner.

Le gros des troupes françaises suit rapidement l'avant-garde, en direction d'Hollabrunn, par Schönborn et Göllersdorf. Pourtant, Murat ignore encore quelles sont les forces ennemies de ce coté, dont il suppose (et il a raison) qu'elles ont leur quartier général à Jetzelsdorf.

Dans l'après-midi du 15 novembre, les deux armées ne sont qu'à peu de distance l'une de l'autre. L'arrière garde russe (sous le commandement de Nostitz) se trouve devant Schöngrabern. Bagration lui-même est juste derrière, le long de la route qui mène, par Grund et Guntersdorf, à Jetzelsdorf. Murat occupe Hollabrunn et les environs, avec sa cavalerie et les grenadiers d'Oudinot.

Dumas: "La division dans le plus grand ordre s'avance en colonne par pelotons, nous traversons le village d'Hollabrünn. Avant d'entrer dans le village on a pris un convoi considérable de chariots, de canons, de bagages, appartenant au corps d'armée de Koutousov qui le croyait là en sûreté parce qu'il ne s'attendait pas que nous passions si promptement le Danube à Vienne. C'était un parc de réserve."

Mais Murat préfère attendre le gros des troupes des corps de Lannes et Soult, encore en mouvement vers Hollabrunn. C'est à ce moment que, de nouveau, on fait place à la ruse, et l'on fait croire qu'un armistice est sur le point d'être signé. Sébastiani et Murat rencontrent, vraisemblablement  à Suttenbrunn, le général Nostitz, et réussissent à le convaincre de reculer au delà de Schöngrabern, que les grenadiers russes doivent évacuer. A ce moment, la situation pour l'armée de Koutousov, qui se trouve en train traverser Jetzelsdorf, est critique: les soldats sont fatigués par des marches répétées, et peu disposés au combat.

Pourtant, Murat n'attaque pas. Au contraire, il discute, avec Wintzingerode et Dolgorouki (envoyés par Koutousov) et signe, le soir du 15 novembre, un cessez-le-feu, qui prévoit que les armées russes quitteront le territoire autrichien par le même chemin qu'ils y sont entrés, et que Murat arrêtera sa marche vers la Moravie ! Par précaution, Murat obtient que cet accord prendra effet lorsque Napoléon l'aura lui-même signé; en attendant, les troupes des deux armées resteront sur leurs positions.

Langeron: On resta en présence à trois ou quatre cent pas les uns des autres, et l'on convint de se prévenir quatre heures avant de recommencer les hostilités..."

Marbot: "Pour se tirer de ce mauvais pas, le vieux maréchal russe (Koutousov) employant à son tour la ruse, envoya le général prince Bagration en parlementaire vers Murat auquel il assura qu'un aide de camp de l'empereur venait de conclure à Vienne un armistice avec l'empereur napoléon, et qu'indubitablement la paix s'ensuivrait sous peu. Le prince Bagration était un homme fort aimable; il sut si bien flatter Murat que celui-ci, trompé à son tour par le général russe, s'empressa d'accepter l'armistice, malgré les observations du maréchal Lannes, qui voulait combattre; mais Murat ayant le commandement supérieur, force fut au maréchal Lannes d'obéir."

Bien évidemment, Koutousov n'attend pas la volonté de Napoléon. Dans la nuit du 15 au 16, l'armée russe marche vers Pohrlitz (non loin de Znaim), qu'elle va atteindre le 17. Il gagne ainsi deux marches sur ses poursuivants.

Murat, confiant que la coalition austro-russes s'est brisée (sinon, comment expliquer l'accord de Koutousov), a envoyé le "traité" à ratifier à Napoléon. Il l'informe même, le 16, que les russes s'en tiennent à leur signature, et sont restés dans leurs positions !

La réponse de Napoléon est sans appel: le cessez-le-feu doit être rompu, et Murat doit passer à l'attaque ! Car Napoléon a lu dans le jeu des russes et il craint de perdre le bénéfice des opérations antérieures, dont le but a été d'empêcher la réunion des deux armées.

Murat se rend compte de sa faute et obéit: le samedi 16 novembre, en fin d'après-midi, il passe à l'attaque.

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