Le Premier Empire a existé de
1804 à 1814 (il fut brièvement restauré de mars à juin 1815,
période connue sous le vocable des "Cent-Jours").
Il résultait de la
transformation de la République française, en place depuis le
22 septembre 1792, en un Empire. Stricto sensus,
l'appellation "République" perdurait. Le Sénat
français votait, le 28 Floréal an XII (18 mai 1804), un
sénatus-consulte organique :
ARTICLE PREMIER. - Le Gouvernement de la République est confié à un Empereur, qui prend le titre d'Empereur des Français. - La justice se rend, au nom de l'Empereur, par les officiers qu'il institue.
ART. 2. - Napoléon Bonaparte, Premier consul actuel de la République, est Empereur des Français.
La loi fut proclamée le 20 mai
1804. On ne voyait pas de contradiction , en france, à ce que la
République soit dirigée par un Empereur. D'ailleurs, jusqu'en
1808, les pièces de monnaie françaises montreront, sur une
face, la mention "République française", et sur
l'autre face : "Napoléon Empereur", suite au décret
du 26 juin 1804, qui modifiait seulement l'avers de la légende
de l'avers, remplaçant "Napoléon Bonaparte" par
"Napoléon Empereur". La légende de l'envers ne sera
modifié que le 22 octobre, qui remplace "République
française" par "Empire français" à partir du
1er janvier 1809. C'était un retour à l'usage romain du terme
"Empereur" (Auguste n'ayant été que le premier
citoyen de la République romaine)
Un referendum fut organisé à
la fin de 1804. Il ne portait ni sur la dignité impériale ni
sur son attribution à Napoléon, mais sur la question de
l'hérédité de cette dignité. Le texte du referendum était :
Le titre officiel de
Napoléon était "Napoléon, par la grâce de Dieu et les
Constitutions de la République, Empereur des français".
Plusieurs autres titres furent ajoutés : Roi d'Italie (1805) -
Protecteur de la Confédération du Rhin (1806), Médiateur de la
Confédération Helvétique (1809)
Les territoires de l'Empire
français dépassaient déjà les frontières de la France de
1789, par suite d'annexiosn : Comtat-Venaissin(1791), Savoie
(1792), Belgique et Allemagne jusqu'au Rhin (1795), toutes
confirmées par le traité de paix de Lunéville, en 1801. Le
territoire s'agrandit ensuite, par suite d'autres annexions :
Les règles d'héritage de la
dignité impériale sont décrites en détails dans la loi du 18
mai. Les femmes et leurs progénitures sont définitivement
exclues. Napoléon pouvait adopter un fils ou un petit-fils de
ses frères Joseph et Louis, s'il n'avait pas lui-même d'enfant.
Aucune autre adoption n'était permise. Joseph et Louis et leurs
descendants venaient après les propres descendants de Napoléon.
Les Princes se voyait interdire le mariage sans consentement
préalable, sous peine de perte de leurs droits de succession et
de l'exclusion de leurs lignées; mais si le mariage ne donnait
pas d'enfants, le Prince retrouvait ses droits.
Un décret du 30 mars 1806 définit le statut de la famille
impériale. Elle se compose 1° des Princes aptes à succéder,
comme le définit la Constitution , leurs épouses et leurs descendants issus de
mariages légitimes 2° des soeurs de l'Empereur, de leurs époux
et de leur descendants légitimes jusqu'à et y incluse la
cinquième génération; 3° les enfants adoptés de l'Empereur
et leurs descendants légitimes. Le décret fixe de nombreuses
règles concernant le comportement des membres de la famille; la
plus importante est celle concernant l'agrément formel et écrit
de l'Empereur (dans une lettre scellée par le Chancelier)
rendant tout mariage valide; en l'absence de consentement, tout
descendant devient illégitime. Beaucoup d'autres règles sont
instituées : l'Empereur peut prononcer l'exile de membres de sa
famille, ou exiler des personnes dont il désapprouve
l'influence; il décide de leur éducation, où ils doivent
séjourner; etc.
Le 14 avril
1814, les troupes alliées victorieuses occupent Paris, et le
tsar Alexandre Ier fait publier une proclamation par laquelle les
Alliés respecteront la Constitution que la France se choisira,
mais qu'ils ne traitrontpas avec Napoléon ou aucun des membres
de sa famille. Le Sénat se réunit le jour suivant et proclame :
"Napoléon Bonaparte est déchu du trône et le droit
d'hérédité établi dans sa famille est aboli."
Le jour suivant, le Corps
Législatif signale son accord : "Le Corps Législatif
[...] reconnaît et déclare la déchéance de Napoléon
Bonaparte et des membres de sa famille."
Napoléon lui-même avait
renoncé aux trônes de france et d'Italie, "pour lui
et sa descendance", le 11 avril 1814. Cette renonciation fut
scellée dans un traité entre lui-même d'un coté, et la
Russie, l'Autriche et la Russie de l'autre, signé à
Fontainebleau le même jour. L'Angleterre accède à ce
traité le 27 avril, le Gouvernement provisoire de la France
l'accepte le 11 avril, et une note officielle du ministre des
affaires étrangéres de Louis XVII, du 30 mai, indique
l'intention du roi de respecter les termes du traité.
L'abdication devient de ce fait un acte de loi international.
Le traité lui donnait la
souveraineté de l'île d'Elbe, et transformait Parme, Piacenza
et Guastalla en domaine héréditaire pour sa femme et leur fils
(mais le traité de Vienne - de juin 1815, n'attribuera Parme à
l'épouse de Napoléon que pour sa vie, laissant les détails de
sa transmission aux soins d'un traité ultérieur; ce traité,
signé à Paris le 10 juin 1817, laissera Parme à la maison de Bourbon-Parme;
mais, pour un court espace de temps, le fils de napoléon
sera appelé le "prince de parme"). Le traité de
Fontainebleau prévoyait également d'autres arrangements pour
les membres de la famille Bonaparte.
Napoléon fut exilé à l'île
d'Elbe, au large de l'Italie; il reçut la souveraineté de
l'île pour sa vie durant (les armes de l'île, durant la
période napoléonienne, sont ). Mais Napoléon décide de
profiter de la fragilité du régime restauré des Borbons, et de
revenir en france. Il débarque à Golfe-Juan, le 1er mars 1815,
retrouvant la dignité impériale. La défaite de Waterloo, le 18
juin, ne lui laisse pas d'autre choix que l#abdication, cette
fois en faveur de son fils, Napoléon II, qui est proclamé à
Paris le 22 juin 1815. Le 1er juillet, les Bourbons reviennent à
Paris, mettant fin aux "Cent-Jours".
Carte de l'Empire Français à son apogée en 1811.