Général de cavalerie George (Egorii) Arsenievich Emmanuel

(13 avril 1775 - 26 janvier 1837)

George (Egorii) Arsenievich Emmanuel naît en Serbie, où, très jeune, il participe à des actions contre les turcs. En 1791, il entre au service de l'Autriche, pour combattre contre la Porte. A la bataille de Landau, en 1792, il est sérieusement blessé d'un coup de baïonnette à l'estomac, d'un éclat de boulet de canon sur la main droite. . La même année, il est encore blessé d'une grenade sur la jambe gauche. Cela lui vaut une médaille d'or avec la mention "Pour le Courage", et, malgré ses origines humbles, il est admis dans la garde hongroise avec le rang de second lieutenant, en 1794.

Pourtant, il démissionne bientôt, car il considère que l'Autriche rechigne à fournir des moyens à la cause serbe. Il arrive à Moscou en avril 1797 et rencontre le tsar Paul Ier, qui apprécie son uniforme hongrois. Le même jour, il entre dans le régiment de la Garde avec le rang de lieutenant. L'année suivante, il devient capitaine en second  (staff rotmistr) et, en 1799, il est promu capitaine (rotmistr) (1). Paul Ier l'apprécie et le fait colonel en octobre 1800. 

Avec l'arrivée au pouvoir d'Alexandre Ier, la promotion rapide d'Emmanuel se ralentit. En 1802, il est transféré au régiment de dragons de Kiev, avec lequel il participe à la campagne de 1806-1807. A Pultusk, il commande deux escadrons et est sérieusement blessé, mais ne quitte pas les rangs. Pour son courage, il reçoit une épée en or, marqué de la mention "Pour le Courage". Une fois rétabli, il sert dans le Ier corps du général Essen. En juin 1807, il est à Guttstadt, conduisant lui-même son escadron à la charge et capturant 100 français. Il est alors décoré de l'Ordre de Saint-Vladimir (4e Classe). Il se distingue ensuite à Heilsberg, où il reçoit l'Ordre de Saint-Anne (2e Classe) A la bataille de Friedland, le 14 juin 1807, il sert dans les dragons de Kiev, couvre la retraite de l'armée principale, et détruit les ponts sur le Niémen.

Le 24 mai 1808, il est nommé "commander"  du régiment des dragons de Kiev et le 23 décembre 1808, "chef" (2) des dragons de Courlande. Deux mois plus tard, le 2 février, il est nommé à la tête du régiment de dragons Kiev. Pendant la campagne de 1809 contre l'Autriche, son régiment fait partie de l'armée principale, mais Emmanuel demande à Alexandre la permission de ne pas servir, car il a déjà servi chez les autrichiens. Il obtient gain de cause et ne participe à aucune action.

En 1812, Emmanuel est dans la 2e armée de l'Ouest, et combat à Mir le 9 juillet. Il y gagne l'Ordre de Saint-Vladamir (3e Classe). Il est à Novoselk et Saltanovka, et aux batailles de Smolensk et Shevardino. A Shevardino, il conduit plusieurs charges contre les français, et est blessé à la poitrine. Il est décoré de l'Ordre de Saint-Georges (4e Classe). Il passe les semaines suivantes à se reposer et rejoint l'armée en septembre, à Tarutino. En octobre, il est envoyé à l'avant-garde, et il combat à Vyazma, ainsi que dans différentes actions de moindre importance.

Le 7 janvier 1813, il est promu major-général. Pendant la campagne d'Allemagne, il participe aux sièges de Modlin, Glogau, puis commande un détachement autour de Zwenkau. Il est un des premiers à franchir l'Elbe, et participe à des actions mineures avant la bataille de Bautzen, où il se distingue contre Macdonald. Pendant l'armistice, il surveille la ligne de démarcation sur la frontière de la Bohème. Pour sa bonne tenue avant et après Bautzen, il est décoré de l'ordre de Saint-Anne (1e Classe), et de l'Ordre prussien de l'Aigle rouge (2e Classe). Lorsque les hostilités reprennent, Emmanuel commande la cavalerie de l'avant-garde de Langeron. Le 19 août, il combat contre les français près de Niben-Eichen, sur la Bobr, puis participe à différentes actions peu importantes, jusqu'à la bataille de Katzbach, où, selon les rapports officiels, il s'empare de 7 canons et de 1137 hommes. Il retrouve les français à Levenberg le 29 août, et combat à Stolpen, Rotmeritz, Bischofewerd, Duben, Rodefeld et Badefeld. Il est alors décoré de l'Ordre de Saint-Georges (3e Classe).

Emmanuel participe à la bataille de Leipzig (16-128 octobre 1813), se distinguant en capturant deux généraux, dont Lauriston, 1 officiers et400 soldats. Il ne reçoit cette fois-ci aucune décoration, car il a un différent avec Blücher. Il est transféré dans le corps de Saint-Priest et combat à Reims, où il couvre la retraite des troupes russes. Il participe à la prise de Paris et est promu lieutenant-général, le 8 mai 1814. Il reçoit également la 1e Classe de l'Ordre prussien de l'Aigle rouge, et l'Ordre suédois de l'Épée (2e Classe)

En 1815, Emmanuel reçoit le commandement de la 4e division de dragons et reste à ce poste durant les dix années qui suivent.

En juillet 1826, il est nommé commandant des forces russes dans le Caucase et réussi à réduite la rébellion locale. Pour cela, il est décoré de l'Ordre Alexandre de la Neva. Pendant la guerre russo-turque de 1828-1829, il vainc et annexe plusieurs régions importantes du nord Caucase, parmi lesquelles Karacheavo, et annihile la rébellion de la Vallée du Kuban. En juin 1828, il est promu général de cavalerie, et deux ans plus tard il se voit attribué une pension et un bien à vie.

Emmanuel quitte le service actif en 1831, et se retire à Elizavetgrad, où il demeure jusqu'à sa mort, le 26 janvier 1837.

(1) Précisions aimablement fournie par Gunter

(2) Le "commander" d'un régiment est généralement l'officie qui commande réellement le régiment. Les officiers supérieurs , à partir de colonel, peuvent recevoir le titre de "chef"; c'est une sorte de rang honorifique, qui peut cependant conférer le commandement à un niveau supérieur à celui d'un régiment. (Précisions aimablement fournie par Gunter)