|
Ferdinand von Schill (1776 - 1809) L'Andreas Hofer prussien |
Ferdinand von Schill est né à Dresde en 1776. C'est donc un saxon, mais c'est dans l'armée prussienne qu'il s'engage, en 1790, à l'âge de quatorze ans, et participe, 17 ans plus tard, à la campagne de 1806 contre la France, qui voit l'anéantissement de l'armée prussienne. Il est alors lieutenant de dragons et est blessé à la bataille d'Auerstaedt. Il se retire alors dans la ville de Kolberg (commandée alors par Gneisenau).
Osterode, 19 mars 1807 Au maréchal Lefebvre Le partisan Schill a été coupé de Kolberg. Ce misérable, qui est une espèce de brigand, s'est retiré sur Koeslin; le capitaine Darberg a marché contre lui, et l'en a chassé; il s'est alors retiré à Schlawe. Mettez à la poursuite de ce misérable quelques cavaliers saxons, badois ou polonais (...) Napoléon. |
C'est là qu'en janvier 1807, il reçoit du roi de Prusse l'autorisation de créer un corps franc, et de participer à la défense du pays. Ce corps franc est bientôt intégré dans l'armée prussienne et Schill est nommé major, et reçoit la plus haute décoration militaire : le voilà près à entrer en guerre contre Napoléon, son rôle étant de harceler les français, alors aux prises avec les russes. Lorsque, après Friedland, la paix de Tilsit intervient, il reçoit le commandement du 2e régiment de hussards de Mecklembourg, gardant en lui une haine féroce envers Napoléon.
Cette haine va trouver moyen de s'exprimer en 1809, lorsque l'Autriche entre en guerre contre la France, et qu'il croit trouver là le moment propice à un soulèvement de l'Allemagne contre Napoléon, pendant que ce dernier sera occupé sur les bords du Danube.
Le 28 avril 1809, Schill quitte, sans ordres, la garnison de Berlin avec son régiment de hussards, afin d'attirer Napoléon à se battre, et, surtout, de provoquer un soulèvement populaire en Allemagne. Il rentre alors en Westphalie, ce symbole de la domination napoléonienne
Passant par l'Elbe, il s'empare de Halle le 3 mai, puis de Bernbourg le lendemain.
Mais bientôt parvient la nouvelle des défaites autrichiennes sur le Danube. Il décide donc de se replier sur le Mecklembourg et la Poméranie (la Suède avait, en août 1807, du céder celle-ci à la France, sans pour autant signer la paix, de sorte que la ville, jusqu'en 1810, sera occupée par les troupes de Napoléon) De là, pense-t-il, il pourra s'embarquer pour l'Angleterre. Il franchit la frontière le 4 mai à Damgarten et Tribsee. Il triomphe des français, le 5 mai, puis s'empare, au nom du roi de Suède, de Stralsund (qui n'a qu'une faible garnison), pour y continuer son combat. Il espère y obtenir le soutien des alliés (la Poméranie suédoise étant encore en état de guerre contre Napoléon). A Stockholm le bruit se répand que Schill à l'intention de venir en Suède, pour libérer le roi Gustave-Adolphe IV, qui vient d'être renversé.
Prise de Stralsund - Forces en présence
Contingent hollandais (général Gratien - 5000 hommes) 6e, 9e de
ligne Contingent danois (Major Ewald - 2100 hommes) Régiment
d'infanterie Oldenburg |
Forces de Schill (1400 hommes) 4
compagnies d'infanterie |
Là, il résiste, durant trois jours, contre des forces en surnombre. Aux 5.000 hollando-danois (rangés du coté de Napoléon, et commandés par le général français Gratien) il n'en peut opposer que 1400 (au corps franc de Schill s'ajoutent la landwehr et des soldats suédois). Il est blessé mortellement le 31 mai 1809, par une soldat hollandais, derrière l'église Sankt-Johann, dans ce qui est aujourd'hui la Fährstrasse (un monument rappelle cet évènement). Après lui avoir enlevé son uniforme et ses décorations, son cadavre est décapité, et jeté, "comme un chien", dans une fosse, sans linceul ni prières, au cimetière militaire Sankt-Jürgen de Stralsund (cette tombe sera enfin reconnue lors du 50e anniversaire des évènements).
600 des soldats ayant combattu aux cotés de Schill furent envoyer, jusqu'à leur libération en 1813, aux galères de Brest et Cherbourg. 14 d'entre eux, choisis au hasard, furent, entre le 18 et le 22 juillet 1809, exécutés à Braunschweig (Brunswick). 11 officiers, voir le tableau, furent présentés à une cour martiale, à Wesel, et fusillés le 16 septembre 1809.
Plus tard, en 1813, Adolf von Lützow, prenant exemple sur Schill, sera plus heureux dans son entreprise. Beaucoup de survivants entrèrent au service de Blücher; d'autres rejoignirent les rebelles d'Andreas Hofer.
Liste des 11 officiers exécutés le 16 septembre 1809.
Nom |
Année de naissance |
Lieu de naissance |
Grade |
Ferdinand von Schill |
06.01.1776 |
Wilmsdorf |
Major |
Johann Leopold Jahn |
18.06.1778 |
Massau |
Lieutenant de hussards |
Johann Christian Daniel Schmidt |
16.01.1780 |
Berlin |
Lieutenant de chasseurs |
Johann Friedrich Wilhelm Galle |
16.10.1780 |
Berlin |
Lieutenant de hussards |
Karl Friedrich Wilhelm von Trachenberg |
12.09.1784 |
Rathenau |
Lieutenant d'infanterie |
Adolf Theodor Leopold von Keller |
13.09.1785 |
Strasbourg |
Lieutenant d'infanterie |
Friedrich Wilhelm Felgentreu |
08.05.1786 |
Berlin |
Lieutenant d'artillerie |
Carl Lupold Magnus Wilhelm von Wedell |
30.06.1786 |
Brausfort |
Lieutenant de hussards |
Konstantin Johann Wilhelm Gabain |
21.07.1786 |
Geldern |
Lieutenant d'infanterie |
Johann Friedrich Ludwig von Flemming |
23.10.1790 |
Glogau |
Lieutenant d'infanterie |
Albert von Wedell |
16.01.1791 |
Kriegsdorf |
Lieutenant d'infanterie |
Karl Gustav von Keffenbrink |
17.11.1791 |
Krien |
Lieutenant |
La tête de Schill, après son exécution, fut coupée par un chirurgien du nom de Genoux et envoyée en Hollande, à l'université de Leiden, où elle fut mise dans un récipient remplit d'alcool. Elle prit place dans la collection du professeur S.J. Brugmans, directeur en chef des services de santé des armées. Ce dernier était à l'origine de nombreuses études sur l'amélioration du traitement des blessés et la lutte contre la gangrène. Il était professeur à l'université de Leiden, donnant des cours aux chirurgiens militaires et aux étudiants. Cela l'avait amené a rassembler une grande collection de préparations osseuses, dont une grande partie est encore présentée. La tête de Schill fut exposée jusqu'en 1836, puis renvoyée en Allemagne, pour être inhumée à proximité d'un des monuments (crédit : Geert van Uythoven)