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Promenades Impériales |
190 ans après les affrontements sanglants de Wagram, le promeneur curieux d'histoire n'aura pas trop de difficultés à retrouver (reconnaître ?) les différents lieux où ceux-ci se déroulèrent.
L'espace qui fût le champ de bataille de Wagram, s'est, bien sûr, modifié au cours des ans: le Rußbach, comme le Danube, régulé, les villages se sont agrandis, les puits de pétrole sont apparus. Pourtant, la plaine du Marchfeld et les hauteurs du plateau de Wagram ont gardé leur caractère, et le promeneur peut encore, à peu de choses près, emprunter les mêmes chemins que, en 1809, les autrichiens et les français.
La visite du champ de bataille de Wagram , compte tenu de son ampleur et des nombreux monuments à visiter, ne peut se faire qu'en voiture, et demande une longue journée d'été, surtout si l'on inclut la visite (très recommandée) du musée de Deutsch-Wagram.
Nous commençons notre visite par le village de Groß-Enzersdorf, que nous atteignons en empruntant, à partir de Vienne, d'abord la Reichsbrücke, puis, sur notre droite, la Erzherzog Karl-Strasse. Puis, continuant toujours tout droit, et traversant les anciens villages d'Aspern et Essling, nous atteindrons les remparts de ce petit village qui en juillet 1809, après une intensive canonnade, subit les premiers assauts de la Grande Armée qui venait de franchir le Danube, non loin de là (voir la Promenade Lobau-Essling), après s'être retranchée et préparée, pendant un mois et demi, dans la Lobau.
En arrivant à Groß-Enzersdorf, on découvre les puissants murs de l'enceinte médiévale datant du XVe siècle, hauts de 7 m, qui entourent encore le village.
A gauche de l’église, une stèle rappelle le bombardement de Groß-Enzersdorf, à partir de la Lobau, le 4 juillet au soir, qui mis le village en flammes. Elle précise que le village fût pris par les français, à leur troisième tentative, le lendemain 5 juillet à 9 heures, ce qui marqua le début de la bataille de Wagram.
La "petite ville" au bord de Vienne possède un intéressant musée municipal, hébergé dans le Rathaus.
Si nous continuons jusqu’à l’embranchement de Mülheiten et prenons à gauche, nous arrivons au château de Sachsengang. Le parc, qui accueille aujourd'hui un club équestre, est accessible au public (parking). Nous pouvons ainsi aller jusqu’au pont qui enjambe les anciennes douves (vue sur la tour nord). Le château lui-même est propriété privée et ne se visite pas.
Sur l’emplacement de l’actuel château, situé sur une colline artificielle, se trouvait, dès le 11ème siècle, sur l’île "Sahsonaganc" le plus vieux château du Marchfeld, propriété de l’évêché bavarois de Freising. Il avait pour but de protéger le passage du Danube à hauteur de son confluent de Fichamend et constituait un maillon important de la chaîne de châteaux Marchegg, Hainburg, Stopfenreuth, Eckartsau, Orth, Groß-Enzensdorf, Essling.
L’ensemble, situé dans un petit bois, a encore, en particulier du côté nord, son aspect moyenâgeux. La tour, malgré les transformations successives, laisse deviner son rôle défensif. Devenu la propriété, au 16ème siècle, des princes régionaux, le château devient domaine de chasse princier, même si, encore au 17ème siècle, il était considéré comme un lieu de refuge, parfaitement défendable, en cas d’agression ennemie.
Le 5 juillet 1809, la droite française va remporter sa première victoire.
Nous pouvons maintenant commencer la visite du champ de bataille de Wagram. C'est à partir d'ici, en effet, que, le 5 juillet au matin, les soldats de la grande Armée, dans un ordre parfait, se déployèrent, pour venir se placer face aux autrichiens de l'empereur François I, placés sous le commandement de l'archiduc Charles.
Empruntant la route qui mène à Gänzersdorf (où, par ailleurs, se trouve un parc animalier) nous passons à Glinzensdorf.
L’église paroissiale occupe une charmante place pleine de verdure. A gauche de la grille donnant accès au cimetière, une plaque (cachée par un arbre) rappelle les combats qui eurent lieu, le 6 juillet au matin, entre les avant-gardes du Maréchal Davout et les troupes du 4ème corps autrichien du General-Marschal Radetsky, qui dut finalement reprendre ses positions de départ, au pied de Marktgrafneusiedl. Dans le cimetière, à gauche, une tombe où sont ensevelis les restes de soldats français.
Nous continuons notre route en direction de Markgrafneusiedl. La célèbre tour s'aperçoit très, sur une butte. Se garer à proximité et prendre la roue qui longe le bas de la butte (Le Napoleonweg - ! - n'est malheureusement plus accessible, car la tour est depuis peu propriété privée), puis prendre le premier petit chemin qui l'escalade, à droite, pour accéder à la tour.
A l 'époque de la bataille de Wagram, la tour était carrée, le bâtiment étant, depuis le 12ème siècle, une église dédiée à Saint-Martin. La tour ronde actuelle, qui date du milieu du 19ème, remplaça l'ancienne lorsque l'on construisit une nouvelle église située en contre-bas, et que l'on installa ici un moulin à vent. L'ensemble est en cours de restauration. Au moment de notre dernière visite, on accédait encore, par derrière, à l'intérieur de la propriété, ce qui permettait d'accéder à la stèle portant une plaque qui rappelle l’importance de la manœuvre de Davout dans le déroulement de la bataille de Wagram.
Redescendre jusqu'à l'église paroissiale située en contre-bas. Entrer dans le cimetière pour aller jusqu'à l'entrée de la crypte, à l'arrière de l'église. On ne peut entrer dans la crypte que sur autorisation de la paroisse.
Nous reprenons notre voiture et prenons la route qui mène à Deutsch-Wagram. Elle est tracée entre le Russbach et le bas du plateau. Le ruisseau (que l'on peut d'ailleurs suivre en partie à pied, si on le souhaite) constitua la ligne de front entre les français, établis entre le Danube et le Russbach, et les autrichiens, qui tenaient le plateau. Le ruisseau, à cette époque, constituait un obstacle non négligeable pour la cavalerie et même l'infanterie. Il a été régularisé à la fin du XIXe siècle.
Avant d'arriver à Deutsch-Wagram, nous entrerons dans le village de Parbarsdorf, qui, à l'époque napoléonienne, s'appelait Baumersdorf. Nous le traversons dans son entier : une stèle se trouve après le dernier virage à droite, dans un enclos de verdure. Elle rappelle la défense héroïque du village par le général-major Hardegg et précise que Napoléon lui-même aurait assisté au combat.
Nous arrivons bientôt à Deutsch-Wagram. Traverser la route qui vient de Vienne, et se garer à proximité du bel édifice, classé monument historique, qui abrite le musée napoléonien. L'archiduc Charles avait établi ici son quartier-général, après l'incendie de celui qui se situait à Markgrafneusiedl. Il est aujourd'hui presque entièrement occupé par un très intéressant musée napoléonien, où sont rassemblés la majeure partie des objets trouvés sur le champ de bataille.
Un peu plus loin, en continuant la rue qui longe ce musée, on arrive sur la place du Sachsenklemm. La plaque, apposée dans le mur entourant l'église, est en fait le point de référence pour les souvenirs de Wagram, car elle mentionne (en plus du nombre de soldats autrichiens morts pendant la bataille) tous les endroits où d'autres plaques furent, installées, en 1960. Sur cette même place, le monument aux morts de Franz Seifert, datant de 1909. En face de ce monument, sur une façade, à peine visible, une autre plaque rappelle les évènements liés à cette place. Si l'on prend le chemin qui part de l'arrière de l'église, on longe le bâtiment qui abrita la poste de l'armée impériale en 1809 (plaque).
Dans le parc Sahulka qui se trouve un peu plus loin, à l'embranchement de la rue principale et de la route qui mène à Bockfließ, se trouve une chapelle, érigée en 1859, en souvenir de la bataille et des maréchaux Nordmann, Vecsey, d'Aspre et Vukassovich.
Enfin, sur cette même route qui mène à Bockfließ, tourner à gauche à hauteur du panneau "Kindergarten", et continuer jusqu'à une petite place plantée d'arbres. Ici se trouvait la réserve de munitions de l'infanterie autrichienne, comme le rappelle une plaque (à peine lisible) apposée sur le mur du grand bâtiment au fond à gauche en arrivant.
Puisque nous sommes à Deutsch-Wagram, pourquoi ne pas en profiter pour nous restaurer au célèbre Marchfelder Hof ? Pour autant que nous aurons pris la précaution de réserver une table, nous ferons connaissance avec un établissement dont la visite ne laissera personne indifférent. Une plaque à l'entrée laisse imaginer que Napoléon y fit une visite.... mais rien n'est moins sûr !
Une fois restaurés, nous reprenons notre promenade, en direction de Vienne. Peu après avoir quitté Deutsch-Wagram, nous tournons à gauche, en direction de Raasdorf. Après environ 1 km, juste avant un petit bosquet, une stèle marque l'emplacement où se trouvait le quartier général de Napoléon, pendant le 2e jour de la bataille, le 6 juillet (en fait, dans le champ en face, mais il a fallu céder aux pressions du propriétaire...)
D'ici, très belle vue sur tout le champ de bataille, avec, à gauche, Deutsch-Wagram, puis, plus à droite, Parbarsdorf (Baumersdorf), enfin, Markgrafneusiedl, dont on distingue la tour. La ligne d'arbres marque l'emplacement du Rußbach.
La "grande batterie" se trouvait non loin d'ici, derrière cette stèle, à peu près dans l'alignement d'Aderklaa.
Rebroussant chemin, la route de Vienne nous amène en peu de temps, justement, au village d'Aderklaa, reconnaissable à ses forages pétrolifères et, en mai-juin, à ses champs d'asperges.
Le village est traversé par une rue principale, se dédoublant à hauteur de la place centrale. A une extrémité, près de la sortie vers Vienne, une plaque se trouve sur la façade de la maison portant le numéro 38, rappelant que le Quartier général de l’archiduc Charles se trouvait à cet emplacement le 16 mai 1809.
A l'autre bout, sur une petite place, se trouve le monument aux morts de la bataille. Il rappelle l’action des Saxons dans les combats qui se déroulèrent ici.
D'Aderklaa, nous retrouvons Vienne, par la route qui conduit directement au Reichsbrück. Au passage, sur la Kagraner Platz, peut-être aurons nous encore le temps de terminer notre journée au restaurant "Napoléon", dont la tradition veut qu'il fut visiter par l'empereur des français, un jour de juillet 1809 !
Mais il existe encore, dans cette plaine du Marchfeld et un peu au-delà, bien d'autres lieux qui rappelle le souvenir des terribles journées de juillet 1809.
Ainsi le château de Wolkersdorf, sur la route de Brünn (celle qui mène à Austerlitz !), dont les origines remontent jusqu'au XVe siècle, époque où il fut, sans succès, assiégé par le roi de Bohème, Podiebrad. Ici séjourna l'empereur François (c'est en particulier dans ce château qu'il signe, le 29 mai, dans l'enthousiasme des évènements d'Essling, le billet par lequel il donne son appui au combattants tyroliens) puis, peu après qu'il eut quitté les lieux, par l'empereur Napoléon. Mais les pièces qu'il occupa, les "Kaiser Zimmern", n'existent malheureusement plus. Une plaque commémorative, toutefois, se trouve à gauche de l'entrée.
À côté de l'église du village, sur la place, une plaque, apposée, sur la maison paroissiale, qui servit de quartier général aux autrichiens, du 16 mai au 7 juillet 1809.
Où encore, sur une petite hauteur située près du village de Pillischsdorf, au milieu des champs ( demander le "Kalvarienberg" - le Calvaire), l'endroit d'où l’empereur François suivi, à la lorgnette, la bataille de Wagram.
Et puis, ces nombreux châteaux qui, réquisitionnés, servirent d'hôpitaux de campagne, où furent soignés des centaines de blessés, français ou autrichiens. Par exemple ceux de Dürnkrut, de Schönkirchen, où d'Ulrichskirchen, où un obélisque, inauguré en 1909 par François-Joseph, a été érigé à la mémoire des autrichiens et des français soignés ici.
Mais il existe, à quelque distance du village, un endroit fortement chargé d'émotion, la Soldatenkreuz. À peu près à une heure de marche, par un charmant sous-bois, se trouve un petit cimetière, dont la solitude récompense de l'effort accompli. La plaque au pied de la croix indique qu'ici reposent les soldats des deux armées, qui succombèrent à leurs blessures malgré les soins qui leur furent prodigués dans l'hôpital d'Ulrichskirchen. L'endroit prête à la méditation sur l'absurdité des guerres....
© 2002 - Anovi - R. Ouvrard