16 - 31 Janvier 1808

Paris, 16 janvier 1808

DÉCISION

La veuve du général Gardanne écrit à l'Empereur : « Votre Majesté a eu la bonté de me promettre, lorsqu'elle me fit la grâce de me recevoir à Fontainebleau, de me donner une pension pour moi et une pour mon fils âgé de six ans. Renvoyé au ministre de la guerre pour me faire un rapport .

 

 

(Chuquet)


Paris, 17 janvier 1808.

A M. Cretet, ministre de l'intérieur

Monsieur Cretet, je vous envoie une correspondance entre le général Menou et le préfet du Pô. Vous témoignerez mon mécontentement à ce préfet. Sa lettre montre qu'il porte bien peu 'd'attention à mes décrets, et même qu'il en ignore les dispositions les plus précises, puisque mes décrets rendus le 24 floréal an XIII , c'est-à-dire il y a plus de deux ans, exigent qu'il corresponde directement avec le général Menou, qui fait les fonctions de gouverneur général et qui doit. en exercer toutes les attributions. Ce mauvais esprit a excité du désordre à Turin et donné lieu à de fausses opérations très-contraires à mes intérêts et à mon service. Vous trouverez ci-joint des copies de mes décrets du 24 floréal, qui, d'ailleurs, ont été envoyés dans le temps à votre ministère et sont insérés dans. le Bulletin des lois.


Paris, 17 janvier 1808

A M. Béranger. directeur de la caisse d'amortissement

J'ai reçu le compte des fonds de la Grande Armée. Mon intention est de tenir séparément et de n'additionner jamais les comptes des troisième et quatrième coalitions. Dans le compte de la troisième coalition, vous devez comprendre le produit des marchandises vendues à Neuchâtel, et, dans celui de la quatrième coalition , le produit des différents bâtiments saisis et vendus à Hambourg.

Pour les comptes de la troisième et de la quatrième coalition, il faut toujours relater les décrets que j'ai pris, qui fixaient les sommes qui devaient rentrer à la caisse d'amortissement.

J'ai donné l'ordre au ministre des finances pour que les fonds provenant de la quatrième coalition, à verser à la caisse d'amortissement, fussent portés à 100 millions. Il faut tâcher de les employer de manière à leur faire rendre de l'argent.


Paris, 17 janvier 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, qu'est-ce que c'est que l'affaire du mariage de M. de Merveldt ? Il parait que c'est une affaire scandaleuse qu'il serait bon de connaître.

(Brotonne)


Paris, 18 janvier 1808

A Eugène Napoléon,vice-roi d'Italie  

Mon Fils, témoignez mon mécontentement au commandant de Cività-Vecchia de ce qu'il tolère les correspondances entre la Sicile, et Rome, et faites-lui connaître que je le rends désormais responsable.

Tout bâtiment ayant touché en Sicile doit être séquestré. Il y a, dans le port de Cività-Vecchia, des bâtiments portant pavillon romain, mais beaucoup de bâtiments sont réellement siciliens; donnez ordre qu'ils soient sur-le-champ séquestrés.


Paris, 18 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je pense que, du moment que j'ai nommé des aumôniers-évêques , ils cessent par là même d'être aumôniers ; qu'ils doivent cependant faire les fonctions d'aumôniers jusqu'à ce qu'ils soient installés. Vous dites que j'ai nommé le fils de M. de Brème aumônier : il faut le mettre en exercice. Quant aux aumôniers- évêques, nous verrons avec le temps s'il convient d'en nommer. Tous les aumôniers sont sur la même ligne de prétention à cette place.


Paris, 18 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, j'ai signé le décret relatif au bataillon de gardes nationales sédentaires de Venise. Je crains bien que la ville de Venise ne puisse pas nourrir ce bataillon. Toutefois, nommez un bon chef de bataillon pour le commander. C'est le principal.

(prince Eugène)


Paris, 18 janvier 1808

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, l'empereur de Russie a fort bien reçu votre aide de camp; il a nommé un ministre pour résider près de vous. M. de Mondragone sera reçu avec plaisir. J'avais pensé que vous l'aviez 
déjà mis en route pour Paris ; faites-le donc partir sans délai. Un courrier que j'attends dans quatre jours sera porteur de la réponse de l'empereur, mais vous ne devez pas l'attendre pour faire partir Mondragone.


Paris, 18 janvier 1808

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, il n'y a point de doute que les troupes qui sont à Corfou doivent rester sous votre commandement, comme commandant en chef de mon armée de Naples. Vous me dites que les Russes ont trois magasins remplis de poudre : écrivez au général César Berthier de la prendre ; il ne doit pas y avoir de difficulté là-dessus. Si vous avez des renseignements sur la quantité de poudre que renferment ces magasins, faites-le-moi connaître. Il ne doit pas y avoir de Russes actuellement à Corfou.


Paris, 18 janvier 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie

Mon Frère, je reçois, avec votre lettre du 12 janvier, la pétition du duc de Brunswick. Je pense que vous ne devez pas répondre à ce prince, puisqu'il n'a pas mis dans sa lettre le mot sujet, et que vous ne devez reconnaître à Brunswick que des sujets. La présence d'un prince de la Maison de Brunswick ne peut être que nuisible dans le pays, et la politique ne peut le permettre. Mais, lorsque le temps sera arrivé, c'est-à-dire dans un ou deux ans, il n'y aura aucun inconvénient à lui permettre de se retirer dans quelque endroit. En attendant, je pense que vous ne devez point lui répondre.


Paris, 18 janvier 1808

A Feht-Ali, pacha de Perse

Salut au souverain qui étend la gloire de la Perse et qui règne avec sagesse et fermeté !

J'ai reçu les lettres que Votre Majesté m'a écrites. Les assurances qu'elle me donne de son amitié m'ont été et me seront toujours agréables. Votre serviteur Jusuf-Aga remettra ma lettre à Votre Majesté. J'ai vu avec plaisir qu'il ait passé quelque temps au milieu de ma capitale. Il a été traité comme l'envoyé d' un prince qui m'est cher, et j'ai été satisfait de sa conduite. Je le charge de répéter à Votre Majesté que j'ai pour elle l'attachement le plus sincère, que je désire voir multiplier les relations de bonne intelligence si heureusement établies entre nous. Il ne nous reste plus qu'un ennemi à combattre, c'est l'Angleterre. J'ai déterminé les puissances de l'Europe à me seconder pour la forcer de renoncer à ses tyranniques prétentions. Que Votre Majesté unisse ses efforts aux miens , elle participera à la gloire de donner la paix au monde.

Je prie Dieu, très-grand, très-puissant et très-glorieux Prince, qu'il veille sans cesse à la prospérité de votre empire, et qu'il augmente le nombre de vos années. 

Écrit en mon palais impérial des Tuileries, le 18 janvier 1808.


Paris, 18 janvier 1808

A Alexandre. prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée

Mon Cousin, témoignez au maréchal Soult ma satisfaction des mesures qu'a prises le général Molitor dans la Poméranie suédoise de faire juger par une commission militaire les individus convaincus de trahison et de mettre en arrestation dans le pays ou d'envoyer dans la citadelle de Magdeburg ceux qui n'auraient pas encore encouru une punition exemplaire. Donnez-lui l'ordre de punir sévèrement tous ceux qui entretiendraient des communications avec la Suède, d'établir un gouvernement provisoire pour gouverner le pays, d'y mettre une commission française et de me faire un rapport qui me fasse connaître à quoi se montent les contributions extraordinaires.

(Brotonne)


Paris, 18 janvier 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre

Donnez une expédition au général Montrichard pour l'armée de Dalmatie puisque le général Marmont le demande.

Donnez l'ordre au général Merle de se rendre à l'armée des côtes de l'Océan pour servir sous les ordres du maréchal Moncey.

Donnez ordre au général Grandjean de se rendre à Orléans pour y être employé dans la division de réserve d'infanterie.

Donnez ordre au général Drouet de se rendre à Bordeaux  pour prendre le commandement de la IIe division militaire.

Donnez ordre au généra1 Heudelet de se rendre à Rennes pour prendre le commandement de la 13e division militaire; au général Leva1 de se rendre à Caen pour prendre le commandement de la 14e division militaire; au général Rouyer de se rendre à Rouen pour prendre le commandement de la 15e division militaire.

Donnez ordre au général de brigade Bron de se rendre à Poitiers pour y commander une brigade de la division de cavalerie de réserve.

Donnez le même ordre au général Laplanche.

Donnez ordre au généra1 Rostollant et au généra1 Roize de se rendre au 2e corps de la Gironde pour y être employé sous les ordres du général Dupont.

Donnez ordre au général de brigade Cassagne de se rendre à Paris.

Donnez le même ordre au généra1 Thouvenot s'il n’a plus de mission.

Donnez du service au général de brigade Lagrange dans la division de cavalerie qui se réunit à Poitiers, ainsi qu’au major Ségur.

Donnez ordre au général Solignac et au général de division Quesnel de se rendre en Portugal pour servir sous les ordres du général Junot.

Du moment que le général Heudelet sera arrivé à Rennes, vous ferez connaître au sénateur Demont qu'il peut rentrer au Sénat.

(Chuquet)


Paris, 19 janvier 1808

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, mon intention est d'accorder à chaque chef de bataillon de la Garde 6,000 francs, à chaque capitaine 2,000 francs, et à chaque lieutenant et sous-lieutenant 1,000 francs, sur ce qui peut leur revenir pour leur part des contributions de la Grande Armée. Mon intention est également de donner au général Hulin 100,000 fr. au général Dorsenne 100,000 fr. ; an général Soulès 100,000 fr. aux généraux de brigade Gros, Curial, Lepic, Guyot, et au colonel du 2e régiment, Boyer, chacun 50,000 francs; aux colonels Friederichs, du 1er régiment, Michel , major en second des grenadiers à pied, Chastel, major au 2e de grenadiers à cheval, Doguereau, major d'artillerie, et Digeon, major directeur du parc d'artillerie, chacun 30,000 francs; au colonel Jacquin, major de la gendarmerie d'élite, Henry, chef d'escadron du même corps, par extraordinaire, chacun 30,000 francs : total, 790,000 francs.

Vous me ferez connaître à combien se montent les gratifications que j'accorde aux chefs de bataillon , capitaines, etc. Je ne pense pas qu'elles dépassent 610,000 francs; ce qui ferait 1,400,000.

Vous trouverez ci-joint un ordre au ministre des finances de vous remettre deux millions. Comme ces deux millions seront plus que suffisants pour ces gratifications, faites-moi un petit état de ceux de
mes écuyers, officiers d'ordonnance et autres personnes de ma Mai son qui ont fait la dernière campagne avec moi et auxquels je n'ai rien donné. Il est bien entendu que mon intention est de ne donner qu'aux officiers de ma Garde qui ont fait la campagne de la Grande Armée. Dressez en conséquence les états de toutes ces gratifications, et soumettez-les à mon approbation.


Paris, 19 janvier 1808

Au maréchal Bernadotte, chargé du 5e commandement de la Grande Armée, à Hambourg

Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 10 janvier. J'ai lu avec plaisir les renseignements que vous me donnez sur l'esprit des troupes espagnoles; je désirerais connaître dans quel sens est cet esprit: sont-elles amies du prince de la Paix ou du prince des Asturies ? Quelle espèce d'intérêt accordent-elles à ce jeune prince ? Je ne vois pas assez dans votre lettre dans quelle direction était l'espèce de mouvement qu'elles avaient.


Paris, 20 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, mon intention est que, pendant le reste de l'hiver, on continue à s'occuper de tenir sur un bon pied l'armée de Dalmatie. Je vois, par l'état de situation du 30 décembre de cette armée, que m'a envoyé le général Marmont, qu'il y a un bataillon italien, dont l'effectif n'est que de 879 hommes : il faut faire partir un détachement pour porter l'effectif de ce bataillon à 140 hommes par compagnie; que les carabiniers n'ont que 175 hommes et les vélites 532 hommes: il faut également augmenter l'effectif des uns et des autres. Je voudrais également compléter tous les régiments français à 140 hommes par compagnie. Je suppose que dans l'état du général Marmont, du 30 décembre, qui porte l'armée de Dalmatie à 18,400 hommes, ne sont pas compris les 3,000 hommes que j'ai fait partir pendant mon dernier voyage en Italie. Je désirerais qu'un autre détachement de 2 ou 3,000 hommes put être formé du dépôt de l'armée de Dalmatie et se réunît à Trévise. Il faudrait que ces hommes fussent choisis de manière à ce que les régiments se trouvassent, par leur incorporation , avoir un effectif de 140 hommes par compagnie. J'ai quinze bataillons français en Dalmatie : ce serait donc 18,900 hommes qu'il y faudrait, tant d'infanterie de ligne que d'infanterie légère, et il n'y a que 14,400 Français sur le dernier état de situation. Si , comme je le suppose, le détachement de 3,000 hommes que j'ai fait partir dernièrement n'est pas encore arrivé, et qu'il renforce de 2,000 hommes ces 14,400 Français, il manquerait encore 2,500 hommes pour arriver au complet désiré. Les dépôts de l'armée de Dalmatie peuvent fournir ces 2,500 hommes. Mon intention est qu'ils soient réunis sans délai à Trévise, afin qu'ils puissent se mettre en marche au 1er février, dès que la revue en aura été passée.

La cavalerie n'est que de 240 hommes : mon intention est de la porter sans délai à 1,000 hommes. Je vois, par votre état de situation du 1er janvier, que vous avez fait partir 80 hommes de cavalerie; ce qui, avec 240 hommes, fera 320. Ce sera donc encore 680 hommes à envoyer. Le 3e et le 24e régiment de chasseurs peuvent encore fournir une cinquantaine d'hommes à cheval; ce qui compléterait les escadrons à près de 200 hommes et porterait la force en cavalerie à 400 chevaux. Ces deux régiments doivent encore pouvoir fournir beaucoup d'hommes, qui seraient montés et équipés en Dalmatie. Par ce moyen, l'armée de Dalmatie se trouverait ainsi composée au 1er mars :

Troupes françaises : infanterie de ligne et infanterie légère, 18,900 hommes ; cavalerie , 1, 000 ; artillerie, 1,000 ; gendarmerie, 30 ; sapeurs, 200. Total, 21,130 hommes.

Troupes italiennes : Garde royale, 1,200 hommes ; infanterie légère, 1,200 ; artillerie 400 ; sapeurs , 100. Total, 2,900. Total général , 24,030 hommes.

Vous devez avoir reçu les ordres pour compléter les régiments de l'armée de Naples à 140 hommes par compagnie. Formez de tous les dépôts une bonne colonne de 2 ou 3,000 hommes, pour renforcer
les bataillons de guerre. Vous devez avoir des renseignements sur ce qui manque à chaque corps pour être audit complet.


Paris, 20 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, je vois dans le dernier état de situation de l'armée d'Italie, au 1er janvier, que le 23e léger a un dépôt de 248 hommes à Pésaro, le 29e de ligne un dépôt de 282 hommes à Ferma. Dirigez tout cela sur Rome. La division de grenadiers de Toscane est toute composée de grenadiers et de voltigeurs de l'armée de Naples; mais celle de l'Adriatique, a des compagnies d'élite du 5e de ligne, du 23e, du 18e, du 60e, du 11e. Ces régiments tiennent à l'armée de Dalmatie; il faut donner l'ordre que cela revienne dans les États de Venise. Les armées de Naples et d'Italie doivent seules composer la division de Rome; mon intention étant de former une division de sept bataillons, de quatre compagnies chacun, et chaque compagnie de l40 à 150 hommes, savoir : 1er bataillon, une compagnie de grenadiers et une de voltigeurs du 8e léger, une compagnie idem, et une idem du 18e. 2e bataillon, quatre compagnies de grenadiers des 3e et 4e bataillons du 5e régiment. 3e bataillon, quatre compagnies du 11e. 4e bataillon, quatre compagnies du 23e. 5e bataillon, quatre compagnies du 60e. 6e bataillon, quatre compagnies du 79e. 7e bataillon de quatre compagnies de grenadiers et voltigeurs du 81e. Ces sept bataillons de grenadiers et de voltigeurs formeront un effectif de 3,400 hommes. Le général Souham prendra le commandement de cette division qui se réunira à Trévise. Chacun des sept bataillons sera commandé par un chef de bataillon, deux majors commanderont l'un trois bataillons, l'autre quatre, sous l'ordre du général de division. Il faut que cette division soit formée et prête à partir pour l'armée de Dalmatie, du 1er au 10 mars. Vous m'en ferez faire l'état, corps par corps, après avoir retiré du dépôt tout ce qui est dans le cas de servir; ainsi donc réunissez d'abord à Venise tout ce qui est disponible et propre à renforcer le régiment de Dalmatie; conformément à ma lettre de ce jour, formez -en des régiments provisoires, et mettez  un bon général pour les conduire. Au 1er février, ces 2,300 hommes doivent titre prêts à partir, et à renforcer l'armée de Dalmatie. Après cela, donnez les ordres nécessaires pour que, sans faire tort à l'envoi de ces 2,500 hommes, on réunisse les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des dépôts de l'armée de Dalmatie. Elles seront réunies sous les ordres du général Souham, au 1er février; elles se formeront insensiblement, de manière à ce que, du 4 au 5 mars, elles soient prêtes à partir. Vous me ferez connaître ce qu'il restera aux dépôts après la formation de ces détachements; mon intention étant de faire venir la 4e restant à Turin, où je leur fournirai une grande quantité de conscrits pour les compléter; je préfère que ces conscrits s'arrêtent à Turin pour leur santé, au lieu d'aller faire le long voyage de Venise. Faites faire l'état des hommes et des embarras que les dépôts pourraient avoir avec eux, pour que je puisse leur transmettre l'ordre de quitter les États de Venise en février, et de s'approcher de France. Vous donnerez l'ordre que l'habillement et les autres objets qui seront prêts aux dépôts de l'armée de Dalmatie soient envoyés aux bataillons provisoires, afin qu'au 4 mars les hommes soient habillés, armés et prêts à entrer en campagne. Envoyez le général Charpentier passer la revue des magasins, afin qu'on envoie aux bataillons de guerre tout ce qui leur est nécessaire.

(prince Eugène)


Paris, 20 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, mon intention est que, pendant le reste de l'hiver, on continue à s'occuper de tenir sur un bon pied l'armée de Dalmatie. Je vois par l'état de situation du 30 décembre de cette armée que m'a envoyé le général Marmont qu'il y a un bataillon italien dont l'effectif n'est que de 879 hommes. Il faut faire partir un détachement pour porter l'effectif de ce bataillon à 140 hommes par compagnie ; que les carabiniers n'ont que 475 hommes et les vélites 532 hommes. Il faut également augmenter l'effectif des uns et des autres. Je voudrais également compléter tous les régiments français  à 140 hommes par compagnie. Je suppose que, dans l'état du général Marmont, du 30 décembre, qui porte l'armée de Dalmatie à 18,400 hommes, ne sont pas compris les 5,000 hommes que j'ai fait partir pendant mon dernier voyage en Italie. Je désirerais qu'un autre détachement de 2 ou 5,000 put être formé du dépôt de l'armée de Dalmatie, et se réunît à Venise. Il faudrait que ces hommes fussent choisis de manière à ce que les régiments se trouvassent par leur incorporation avoir un effectif de 140 hommes par compagnie. J'ai quinze bataillons français en Dalmatie; ce serait donc 18,900 hommes qu'il y faudrait, tant d'infanterie de ligne que d'infanterie  légère et il n'y a que 14,400 Français sur le premier état de situation. Si, comme je le suppose, le détachement de 3,000 hommes que j'ai fait partir dernièrement n'est pas encore arrivé, et qu'il renforce de 2,000 hommes ces 14,400 Français, il manquerait encore 2,500 hommes pour arriver au complet désiré. Les dépôts de l'armée de Dalmatie peuvent fournir ces 2,500 hommes. Mon intention est qu'ils soient réunis sans délai à Trévise, afin qu'ils puissent se mettre en marche au 1er février, dès que la revue en aura été passée. La cavalerie n'est que de 240 hommes. Mon intention est de la porter sans délai à 1,000 hommes. Je vois par votre état de situation du 1er janvier que vous avez fait partir 80 hommes de cavalerie, ce qui, avec 240 hommes, fera 320. Ce sera donc encore 680 hommes à envoyer; le 3e et le 24e régiment de chasseurs peuvent encore fournir une cinquantaine d'hommes à cheval, ce qui compléterait les escadrons à près de 200 hommes, et porterait la force en cavalerie à 400 chevaux. Ces deux régiments doivent encore pouvoir fournir beaucoup d'hommes, qui seraient montés et équipés en Dalmatie. Par ce moyen, l'armée de Dalmatie se trouverait ainsi composée, au 1er mars : troupes françaises, infanterie de ligne et infanterie légère, 18,900 hommes : cavalerie, 1,000 ; artillerie, 1,000 ; gendarmerie, 30 ; sapeurs, 200; troupes italiennes, garde royale, 1,200 ; infanterie légère, 1,200 ; artillerie, 400 ; sapeurs, 100. Total 24,030 hommes. Vous devez avoir reçu les ordres pour compléter les régiments de l'armée de Naples à 140 hommes par compagnie. Formez de tous les dépôts une bonne colonne de 2 ou 3,000  hommes, pour renforcer les bataillons de guerre. Vous devez avoir des renseignements sur ce qui manque à chaque corps pour être au dit complet.

(prince Eugène)


Paris, 20 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, faites en sorte que le camp de Montechiaro soit prêt au 1er avril, parce que, immédiatement après la saison des pluies, mon intention est d'y réunir le ler d'infanterie légère, le 7e, le 42e et le 112e de ligne. Les trois bataillons de ces régiments y seront ; ce qui fera douze bataillons, formant au moins 8,000 hommes. Ces bataillons s'exerceront là aux manoeuvres et se formeront à la discipline.


Palais des Tuileries, 21 janvier 1808

NOTES DICTÉES DANS LE CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'INTÉRIEUR

Après avoir entendu plusieurs observations sur les états dit ministère de l'intérieur, l'Empereur prend la parole :

Il résulte de ces observations que les états du ministre de l'intérieur doivent être refaits, mis d'accord avec ceux du trésor et établis dans un meilleur système d'analyse, pour qu'ils puissent être compris, et qu'ils présentent la véritable situation des budgets de l'an XIII et exercices postérieurs.

Ces nouveaux états seront apportés au conseil de jeudi en huit.

Le ministre de l'intérieur présente des états concernant la dette arriérée des départements; il en résulte qu'au ler janvier 1808 celle dette s'élève à 5,979,000 francs; dans cette somme, six départements doivent 2,888,563 fr.; vingt départements ne doivent rien; un certain nombre de départements ont en excédant un actif de 172,231 francs.

L'Empereur s'exprime ainsi :

Pour rendre plus satisfaisant le tableau de la dette arriérée des départements, il convient d'ajouter une colonne où seront portées les sommes des départements qui auront un actif disponible après que leurs dettes auront été acquittées. Cette colonne contiendra le détail de la somme de 172,231 francs ci-dessus. Il faut également ôter de cet état les calculs hypothétiques sur ce qui pourra être accordé en 1808, et sur la situation de la dette arriérée au 1er janvier 1809. L'état de situation demandé, et qui doit être apporté au premier conseil, présentera l'état de situation positif et sans hypothèses au 31 décembre 1807.

Indépendamment de cet état général, on présentera en même temps des états de la dette arriérée, pour chaque nature de dépense et chaque chapitre du budget des départements.

Sa Majesté s'occupe ensuite des moyens d'éteindre la dette arriérée des départements. Elle invite le ministre à faire, au prochain conseil, des rapports sur les vues ci-après, et à y joindre les états et documents propres à éclairer la discussion.

1° Il faut d'abord examiner les différents chapitres de dépense sur lesquels porte la dette arriérée, et proposer, par département et par article du budget, toutes les réductions qui paraîtront. justes. Il est probable qu'elles seront assez fortes, particulièrement pour certains chapitres et pour les exercices antérieurs à l'an XIII.

2° Il faudrait avoir un dépouillement de l'emploi du fonds de non-valeurs, qui fit connaître ce qui se trouvait disponible au 31 décembre 1807, département par département. On proposerait alors une compensation, non pas générale et en masse, mais spéciale et par département. Il est probable qu'au moyen de cette ressource et en y ajoutant, si cela était nécessaire, une partie du fonds de non-valeurs de 1808, on parviendrait à éteindre une grande partie de la dette arriérée dont la légitimité aurait été constatée.

Quant aux six départements qui doivent à eux seuls à peu près la moitié de la dette totale, il faut proposer, par un projet de décret en plusieurs titres, de les imposer en 1808, de manière à ce qu'ils ne doivent plus rien au 1er janvier 1809.

Enfin si, nonobstant l'emploi de ces divers moyens, la dette de quelques départements n'était pas épuisée, on pourrait recourir à des mesures extraordinaires, telles que la disposition d'un 40e sur les fonds disponibles des communes du département.

L'intention de Sa Majesté est que les départements commencent l'année 1809 sans dettes. Le ministre, dans son travail, peut non-seulement proposer et développer les moyens indiqués ci-dessus ; il est encore invité à présenter toutes autres mesures qui conduiraient à ce but.

Le ministre de l'intérieur présente un rapport sur le fonds de non-valeurs; il fait connaître la nature et l'objet de ce fonds; mais il ne peut rendre compte de l'emploi, attendu que cette comptabilité est dans les attributions du ministre des finances.

Sa Majesté ordonne le renvoi de ce rapport an ministre des finances, qui sera invité à faire lui-même un rapport spécial sur cette partie du service et à en présenter la comptabilité.

Le ministre des finances fera connaître d'abord l'historique du fonds de non-valeurs, afin de bien établir la théorie. Il fera connaître ensuite : 1° la somme du fonds de non-valeurs qui, depuis l'an VIII, a servi à sa véritable destination, c'est-à-dire à couvrir, dans la caisse du receveur général, les cotes qui n'auraient pas pu être acquittées par les contribuables ; 2° quelle est la somme qui a servi à fournir 
des indemnités pour les accidents fortuits survenus à la propriété des citoyens; 3° quelle partie du fonds de non-valeurs a été employée sur des autorisations du Gouvernement, et quelle partie l'a été en conséquence des décisions des préfets, pour des motifs ou des services quelconques ; 4° quelle est la portion du fonds de non-valeurs existante en caisse, et dont on peut disposer.

Le ministre des finances doit ce compte à Sa Majesté, parce qu'il est responsable de ce fonds et que ce compte est nécessaire.

Il apportera au conseil de dimanche prochain tous les documents qui se trouvent dans son ministère, en faisant autant de mémoires et d'états qu'il y a d'exercices, depuis et y compris l'an XIII.

S'il n'a pas tous les documents nécessaires, il les demandera, par des circulaires, aux receveurs généraux, aux directeurs des contributions, etc. L'intention de Sa Majesté est que cette matière soit tellement éclaircie, qu'il n'y ait aucune opération masquée qu'elle ne connaisse, afin de pouvoir approuver celles qui seraient légitimes, mais irrégulières par la forme, ou rendre responsables de celles qui ne pourraient être justifiées les administrateurs qui se les seraient permises.

Sa Majesté désire aussi que le ministre des finances lui fasse connaître de quelle manière on procède à la réimposition; elle avait pensé que le fonds de non-valeurs avait été imaginé pour empêcher la réimposition, et qu'en conséquence il ne pouvait y avoir lieu à réimposer que lorsque ce fonds était insuffisant.

Le ministre fera connaître en même temps ce qui garantit, dans ces opérations, que les contribuables ne payent pas plus que le trésor ne reçoit.  Il joindra à son rapport les états, par exercice, des réimpositions qui ont eu lieu depuis l'an VIII.


Paris, 22 janvier 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, le 25 janvier l'armée française sera à Perugia; le 3 février elle sera à Rome. L'estafette partant le 23 arrivera à Rome le ler février, et portera ainsi vos ordres au sieur Alquier deux jours avant que les troupes arrivent. Vous devez faire connaître au sieur Alquier que le général Miollis, qui commande mes troupes et qui a l'air de se diriger sur Naples, s'arrêtera à Rome et prendra possession du château Saint-Ange; que ce général prendra le titre de commandant de la division de l'Adriatique. Il n'aura à se mêler de rien , arrêtera prisonniers le consul du roi Ferdinand et les brigands napolitains qui trouvent refuge dans les faubourgs de Rome. Du reste, qu'on lui fournisse la solde et le logement, et qu'on mette les troupes du Pape sous ses ordres, et il ne se mêlera de rien.

Lorsque le sieur Alquier saura que les troupes sont à la porte de Rome, il présentera au cardinal secrétaire d'Etat une note conçue en ces termes :

« Le soussigné, ministre de S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, est chargé de faire connaître à Son Éminence le cardinal secrétaire d'État les dispositions que Sa Majesté a jugé à propos de prendre pour assurer les derrières de son armée de Naples et les communications de cette armée avec son armée d'Italie. Sa Majesté a ordonné, 1° que tous les brigands napolitains qui, dégoûtants du sang français, ont jusqu'à cette heure trouvé refuge dans les États de Rome et jusque dans les faubourgs mêmes de la ville, soient arrêtés et reconduits à Naples pour y être jugés par des commissions militaires ; 2° que le rassemblement de sujets rebelles napolitains qui a lieu à Rome soit dissous, et que ces individus soient tenus de retourner sur-le-champ à Naples pour y être à la disposition de leur souverain. Quant aux cardinaux, Sa Majesté a lieu de se flatter que Sa Sainteté donnera l'ordre aux cardinaux napolitains de donner les premiers l'exemple de l'obéissance, en se rendant sous quarante-huit heures à Naples pour y prêter serment à leur souverain; s'il en était autrement, Sa Majesté ne pourrait qu'ajouter foi à ceux qui les accusent d'être les instigateurs et les protecteurs des brigands napolitains déjà couverts de tant de crimes, et ils seraient responsables à ses yeux d'une conduite aussi contraire à l'honneur et aux devoirs qu'aux principes de l'Evangile ; et, dès lors, Sa Majesté donnerait des ordres opposés aux égards qu'elle désirerait que l'on conservât pour leur caractère. Sa Majesté a également ordonné que tous les agents de la reine Caroline, réfugiés à Rome pour y tramer ses différentes intrigues, soient arrêtés, ainsi que tous les agents de l'Angleterre qui, du sein de cette ville, agitent la tranquillité de l'Italie. Le général Miollis, commandant la division d'observation de l'Adriatique, chargé par Sa Majesté de prêter main-forte pour l'exécution de ces mesures, a ordre de se rendre à Rome, d'où il ne sortira que lorsque cette ville sera purgée de tous les ennemis de la France. Le soussigné désire que, dans cette circonstance, le gouvernement romain donne des ordres et prenne des mesures pour empêcher, après la menace qu'ont faite les brigands , que la faiblesse du gouvernement romain tolère à Rome, qu'ils ne se portent à aucun excès contre les hôpitaux, et pour que les troupes du général Miollis soient reçues, à Rome avec les égards qui sont dus à des troupes amies. Son Eminence est trop éclairée pour ne pas sentir les conséquences qui pourraient résulter de toute autre conduite. »

Immédiatement après que cette note aura été remise, le sieur Alquier aura soin de veiller à ce que tout soit préparé au château Saint-Ange pour recevoir l'armée. Le sieur Alquier doit connaître les intentions de l'Empereur tout entières. L'Empereur n'ambitionne pas une extension de territoire pour ses États d'Italie et ne veut en réalité rien ôter an Pape; mais il veut que le Pape se trouve dans son système et exercer dans ses États la même influence qu'il exerce à Naples, en Espagne, en Bavière et dans les États de la Fédération, Si , cependant, la cour de Rome, par une suite de l'aveuglement qui la pousse, fait de nouvelles imprudences, elle perdra pour jamais ses États temporels. La conduite que le Pape tiendra décidera ces mesures.

Le sieur Alquier s'opposera à toute circulation d'imprimés ou actes quelconques, contraires à la France, que le gouvernement romain pourrait publier, et en rendra responsables la police et les libraires de Rome. Les agents de la reine Caroline, les agents anglais, les brigands seront arrêtés sans délai; les Napolitains qui n'ont point prêté serment au Roi, les cardinaux napolitains et autres prêtres du pays, seront tenus de se rendre sur-le-champ à Naples. Le sieur Alquier ne manquera pas de se plaindre dans la conversation de l'indigne conduite de quelques cardinaux, et surtout des cardinaux-évèques de Capri et de Syracuse qui montrent tant de passion et d'intérêt pour nos ennemis. Du reste, il doit faire appeler le gouverneur de Rome et le chef de la police, et les rendre responsables sur leur tête de la moindre insulte qui sera faite à un Français. Vous mettrez en chiffres, dans votre dépêche au sieur Alquier, le paragraphe suivant :

L'intention de l'Empereur est d'accoutumer par cette note et ces démarches le peuple de Rome et les troupes françaises à vivre ensemble, afin que, si la cour de Rome continue à se montrer aussi insensée qu'elle l'est, elle ait cessé insensiblement d'exister comme puissance temporelle, sans qu'on s'en soit aperçu.

Il est convenable, du reste, si tout se passe tranquillement, que le sieur Alquier donne une fête aux officiers français, à laquelle il invitera les principales dames de Rome, et qu'il présente les officiers au Pape, pour lequel vous recommanderez qu'on ait les plus grands égards. Il est surtout essentiel de ne lui donner aucune garde française, et d'avoir soin qu'aucune troupe n'approche du palais où il fait sa demeure. Le sieur Alquier lui fera d'ailleurs connaître que tout peut s'arranger, et que tout ceci est pour arriver au résultat que sa faiblesse l'empêcherait d'obtenir. Il aura soin que les gazettes parlent sans ostentation de l'entrée des Français, et dans le sens de la note. La note elle-même peut y être insérée, s'il le juge sans inconvénient. Le gouvernement romain peut aussi faire une proclamation au peuple, pour lui annoncer que le château Saint-Ange est occupé par des troupes françaises dans le but de protéger les derrières de l'armée de Naples. Mais il vaudra encore mieux ne rien écrire , si cela est possible. Toutefois, en désirant éviter l'éclat et laisser les choses in statu quo, je suis décidé à en faire beaucoup à la première bulle ou publication que le Pape se permettrait, car il y aura immédiatement un décret qui cassera la donation de Charlemagne et réunira les États de l'Eglise au royaume d'Italie, en fournissant la preuve des maux que la souveraineté de Rome a faits à la religion, et faisant sentir le contraste de Jésus-Christ mourant sur une croix avec son successeur qui se fait roi. Il est essentiel que l'on s'étudie à rendre impossible toute communication de Rome avec la Sicile et la Sardaigne.


Paris, 23 janvier 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre

Je vous renvoie le rapport du chef d'état-major de l'armée de Naples. Au lieu de phrases, j'aimerais mieux qu'on me fit connaître combien il est dû de solde et les mois qui sont payés.


Paris, 23 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je reçois votre lettre du 16. Je vois que, le 1er février, mon armée sera à Rome. Envoyez l'ordre au général Miollis de se concerter avec le sieur Alquier pour toutes les opérations, de bien établir sa troupe à Rome, de bien faire soigner mes hôpitaux, et de prendre le titre de Général commandant la division d'observation de l'Adriatique. Pendant tout le temps qu'il restera à Rome, il prendra le commandement de toutes les troupes du Pape, afin qu'il y ait unité dans l'exécution. Il aura soin qu'on n'imprime rien dans les gazettes de Rome de contraire à la France. Il fera connaître au gouvernement romain que, s'il a envie de faire quelques publications, il a ordre de faire arrêter les gouverneurs et les agents qui se les permettraient et de les envoyer en France, et de faire pendre le libraire qui les imprimerait. Du reste, le général Miollis ne doit faire aucun écrit ni aucun acte ostensible.

Je suppose que vous avez envoyé de la cavalerie et quelques troupes à Lemarois, pour le mettre à même de bien maintenir sa communication avec Rome et réprimer le brigandage, s'il y en avait. Écrivez au général Miollis de bien s'entendre avec le sieur Alquier pour l'arrestation des brigands réfugiés dans les faubourgs de Rome; de bien interdire toute correspondance entre la Sicile, la Sardaigne et Rome, et de vous écrire tous les jours dans le plus grand détail.

Je vous ai écrit avant-hier pour que vous fassiez partir tout ce qu'il y a au dépôt de l'armée de Naples, pour renforcer cette armée; ces détachements rafraîchiront la communication de Naples avec Ancône. Je vous ai écrit aussi de former la division de grenadiers et voltigeurs de l'armée de Dalmatie; mais vous pouvez toujours la laisser à Rome jusqu'à ce que cette opération soit décidée, puisqu'il suffit que ces compagnies se trouvent à Venise à la fin de février.


Paris, 23 janvier 1808

Au prince Eugène

Mon fils, les troupes entreront le 2 février à Rome. Il faut que, dès cette époque, les courriers de malles soient visités sur toutes les directions, soit en Toscane, soit dans la Romagne ; que toutes les lettres pour Vienne, pour la France, pour l'Allemagne, soient mises de côté; que celles pour le royaume d'Italie soient lues et jetées au feu si elles contiennent quelques diatribes contre la France, ou, si l'on y rend compte de quelque démarche folle du pape, on ne les laissera passer que quelques jours après, après avoir eu soin d'en retirer les bulles, brefs, formulaires de prières, et autres écrits composés dans le but d'agiter le peuple. Le directeur général des postes fera partir, à cet effet, une vingtaine d'agents pour les différents points de la Toscane et pour surveiller les postes de Rome. Vous  ferez renforcer de quelques brigades de gendarmerie la ligne des douanes des frontières des États du pape, pour arrêter tous les individus porteurs de lettres, et les courriers qui iraient en Allemagne par la Toscane. Enfin, il faut bien s'entendre avec le directeur des Douanes pour donner les ordres les plus positifs de veiller scrupuleusement sur toute cette frontière.

(Prince Eugène)


Paris, 24 janvier 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Italie

Mon Frère, le 17 janvier mon escadre de Rochefort est partie avec un bon vent; elle a ordre de se rendre à Toulon. Là elle ralliera mon escadre de Toulon; de sorte que je suppose que du 10 au 15 février elle se présentera devant Naples. Il faut d'abord que la rade de Baia soit fortifiée de manière que, si mon escadre y était attaquée par une escadre supérieure, vous puissiez la protéger et la mettre à l'abri de tout événement. Il faut que vous fassiez mettre en armement vos frégates, vos chaloupes canonnières, et que vous fassiez rallier ceux de mes bricks qui seraient répandus sur vos côtes, afin que vous puissiez y réunir un bon nombre de transports pour l'expédition de Sicile. Mon intention est que le maréchal Jourdan avec le général Salligny et 9,000 hommes s'embarquent à bord de cette escadre, qui les conduira en droite ligne sur la plage de Sicile, le plus près de Messine , où ils opéreront leur débarquement dans le même temps que le général Reynier, avec 9,000 autres hommes, s'embarquera à Reggio et à Scilla sur des chaloupes canonnières, bricks, barques et autres bâtiments légers du pays, ce qui composera une armée de 18,000 hommes. On construira sur-le-champ une batterie de dix-huit pièces de canon et six mortiers sur la pointe du Phare, vis-à-vis Scilla. On en construira une pareille à Scilla. On retranchera la batterie du Phare, et on la fortifiera de manière qu'elle soit à l'abri , même par terre. Ces deux formidables batteries feront disparaître la mer, et la communication entre Scilla et le Phare deviendra facile en tout temps. On continuera à y faire passer, par le moyen des barques, des chaloupes canonnières, etc., tous les renforts qui seront nécessaires. Avec 13,000 Français, 2 on 3,000 Napolitains et autres troupes, et une communication sûre établie, la Sicile est conquise; car les Anglais ne s'obstineront pas à défendre cette île, s'il leur est impossible de m'interdire la communication de Messine à Scilla. Si mon escadre, en se présentant devint le Phare, peut enlever quelques vaisseaux et faire du mal à l'ennemi, elle peut le faire; mais je désire qu'elle ne reste pas plus de quarante-huit heures ancrée sur la côte de Sicile, et qu'elle reprenne le large pour, selon les vents, se rendre à Tarente ou retourner à Toulon. Le cas arrivant, et vos troupes étant parties, celles qui arrivent à Rome le 1er février se dirigeront sur Naples; et j'ai pris, en outre, des mesures pour vous envoyer le nombre de troupes qui vous sont nécessaires, de manière que Reggio, Scilla, Tarente et Naples soient tenus avec une main de fer. Vous recevrez cette lettre le 2 février, je pourrai avoir votre réponse le 10, et mes derniers ordres pourront être à Toulon le 14, avant, probablement, que mon escadre soit arrivée. Voici les questions auxquelles je désire que vous répondiez :

1° Dans la rade de Baia , douze vaisseaux et quelques frégates seront-ils à l'abri de tout événement ? Envoyez-m'en un croquis, et faites-moi connaître les batteries que vous y avez.

2° La même escadre serait-elle, à Tarente, à l'abri d'une force supérieure ennemie ?

3° Scilla est-il en votre pouvoir ? Est-il certain que les mortiers et les canons de la batterie de Scilla croiseraient leurs feux avec celle qui serait établie au Phare ?

4° Combien avez-vous de chaloupes canonnières, de spéronares (petit bâtiment maltais, des XVIIIe-XIXe  siècles, non ponté, c'est-à-dire avec un "cockpit" ouvert - Merci à  Jonathan) ou autres barques qui pourront faciliter l'embarquement du général Reynier ?

5° Vos trois frégates seront-elles armées et pourront-elles se joindre à mon escadre, ce qui serait toujours un moyen de plus pour le transport des troupes ?

6° Avez-vous 500,000 rations de biscuit ? Si vous ne les avez pas, faites-les faire pour les embarquer sur les bâtiments et pouvoir les débarquer en même temps que l'armée.

7° Dans Reggio et Scilla, les barques, spéronares, sont-elles en sûreté de la mer et d'une force supérieure ennemie ?

8° Où pense-t-on que l'escadre puisse venir mouiller pour opérer son débarquement, de manière à être sur-le-champ maître du Phare ?

9° Pouvez-vous faire embarquer sur des transports six mortiers de 12 pouces, trois mille bombes avec l'armement et la poudre, neuf crapauds, dix-huit pièces de 24 ou de 36 en fer ou en bronze avec 500 coups par pièce, pour pouvoir armer sur-le-champ la batterie du Phare ?

10° Avez-vous des bâtiments pour construire sur-le-champ des écuries pour 400 chevaux du train ?

Ces mêmes bâtiments feront la navette, de Scilla à la plage de Messine, pour débarquer toute la cavalerie.

11° Quelle est la quantité de spéronares, gondoles, petits bâtiments, que vous mettrez à la suite de l'escadre pour accélérer le débarquement ? J'ai fait donner à chaque vaisseau une chaloupe de plus.

Vous mettrez dans le secret Saliceti, Jourdan et un officier de marine seulement; mais vous leur tairez que mon escadre vient de Rochefort et de Toulon; gardez cela pour vous seul.

Dans les vingt-quatre heures de l'arrivée de mon escadre à Baia, vous ferez embarquer les 8,000 hommes d'infanterie, 1,000 hommes d'artillerie et sapeurs; vous y joindrez 20 pièces de canon de campagne, avec un seul caisson. Le reste sera embarqué sur des bâtiments de transport et même sur vos trois frégates, que vous pouvez, si vous voulez, faire armer en flûte. Vous ferez embarquer vos biscuits sur des transports. Mon escadre pourra, de son côté, si cela est nécessaire, en débarquant les troupes, débarquer 3 à 400,000 rations de biscuit. Faites embarquer aussi une trentaine de maçons, avec tout ce qui est nécessaire pour construire six fours, et des escouades de boulangers. Vous ferez embarquer des chevaux du train ou des mulets. Mais tout cela doit se faire de manière que l'on ne s'aperçoive d'aucun mouvement extraordinaire. L'escadre pourrait facilement porter 18,000 hommes; mais il y a toujours des domestiques et non-combattants, de sorte que je pense que vous pouvez embarquer à l'aise 9,000 hommes de bonne infanterie, c'est-à-dire six régiments, en ayant soin que chaque régiment laisse à Naples quatre compagnies. Ainsi, au lieu de dix-huit compagnies, il n'en  partira que quatorze, formant un présent sous les armes de 1,400 hommes. La cavalerie s'embarquera à Reggio. Du moment, d'ailleurs, que le mouvement sera démasqué, vous pourrez diriger votre cavalerie sur des points où la protection des batteries la fera arriver sans danger. Vous savez que la transformation des bâtiments de 30 à 40 tonneaux en écuries est l'affaire d'un moment.

Cette expédition est fondée sur ce seul principe : avoir Scilla el le Phare. Ne ferait-on que se maintenir au Phare pendant un certain temps, on serait maître de la Sicile. Faites charger sur des petits bâtiments une vingtaine de milliers de quintaux de farine que vous vous procurerez à Naples ou ailleurs, et l'on aura ce qui est nécessaire pour se maintenir maître du passage aussi longtemps qu'il le faudra, et faire passer autant de troupes que l'on voudra; et même les Anglais n'accepteront pas le gant. En parlant de biscuit, je parle aussi de riz et d'eau-de-vie. Si la fortune seconde mon entreprise, il est possible que je sois maître du passage de Naples pendant huit jours. Faites embarquer avec chaque bataillon deux cents outils de pionniers, afin que l'on ait le moyen de se retrancher sur-le-champ, de construire la batterie qui fermera le détroit, de construire des fours, de se baraquer, et alors la Sicile est prise. Vos connaissances locales peuvent apporter des modifications dans ce plan, mais pourvu qu'il repose toujours sur cette base, être maître du Phare et de Scilla, le reste tombe de soi-même. On pourra proposer d'aller droit à Palerme; mais ce sont des expéditions hasardeuses. La Sicile ne sera pas prise quand Palerme le sera, mais quand le Phare sera occupé; la communication est tout. Je suppose que vous enverrez avec l'armée quelques Napolitains affidés et adroits, pour donner les renseignements nécessaires.

Du Phare à Messine il y a deux lieues; ainsi on peut être maître du Phare sans l'être de Messine. On peut se former en camp retranché, dont la gauche serait appuyée à la mer, et la droite, du côté de
Messine, ou qui coupe le petit cap du Phare.

Je ne mets point en doute qu'il faille s'emparer sur-le-champ de Milazzo. On trouvera à Milazzo des moyens de subsistance. Qu'est-ce que c'est que Milazzo ? mes vaisseaux peuvent-ils y être à l'abri d'une force supérieure, en y établissant une batterie sur-le-champ ? De Milazzo au Phare et à Messine y a-t-il un chemin pour l'artillerie ?

De Milazzo au Phare, y a-t-il des rivières, des torrents qui s'opposent aux communications ? Il faut, dans mon opinion, débarquer le plus près possible du Phare; mais encore faut-il qu'on puisse débarquer et mouiller. Si on arrive promptement, on pourra s'emparer de Messine si les Anglais n'y sont pas, et je doute qu'ils veuillent s'enfermer dans cette place. Garderaient-ils la citadelle, ce serait avoir tout obtenu que d'avoir la ville. Je n'ai pas besoin de vous dire que chaque homme doit avoir cinquante cartouches dans le sac et cinquante dans sa caisse, et que vous devez en embarquer cent autres sur des petits bâtiments. Les hommes, en débarquant, débarqueront leur caisse et leur biscuit.

Cette opération me paraît probable, si le plus grand secret est gardé. J'attendrai la réponse que vous ferez à cette lettre, pour vous envoyer les dernières instructions.

Faites-moi connaître où vous avez nouvelle que se trouvent tous les bâtiments anglais.

Dans l'état de situation de votre armée au 15 décembre, qui est le dernier état que j'aie, je vois que vous avez à Naples les 29e, 52e et 102e, et que ces trois régiments peuvent vous fournir les 1,400 hommes que je demande. Vous avez les ouvriers d'artillerie, des mineurs, des sapeurs. Le 20e de ligne, qui est à Salerne, le 10e de ligne, qui est dans les Abruzzes, peuvent vous en fournir autant; ce qui complétera le nombre d'hommes dont vous avez besoin. Je suppose que vous avez augmenté la division Reynier, puisque vous avez envoyé des troupes à Reggio. En total, je vois que vous avez présents sous les armes 17,000 hommes d'infanterie française, 2,400 hommes de cavalerie, 1,100 hommes d'artillerie. Vous pouvez destiner à l'expédition 12,000 hommes d'infanterie, 2,000 hommes de cavalerie, 1,000 hommes d'artillerie et sapeurs; ce qui fera 15,000 hommes. Les 2,000 hommes d'infanterie italienne, les régiments d'Isembourg et de la Tour d'Auvergne, et votre armée napolitaine, peuvent offrir 3,000 hommes, sans un autre renfort de 4,000 hommes qui arriveraient par Reggio. Pendant ce temps , vous recevrez la division Miollis et d'autres troupes que je dirige sur Florence et qui vous rejoindront promptement. Il faut que les troupes qui s'embarqueront à Reggio forment deux divisions de 4,500 hommes; celles de Naples, de même; que ces divisions soient commandées par un général de division et deux généraux de brigade. Beaucoup de généraux sont nécessaires aux troupes françaises. D'ailleurs, vous avez l'initiative des mouvements, et vous enverrez toute votre armée de Naples.

La grande affaire, c'est que vous soyez maître de Scilla et de Messine, au moins du Phare. Les Anglais, qui sont loin de s'attendre à cette expédition, ne pourront pas, d'un mois, faire face à mes 9,000 hommes; et, pendant ce temps, vous les renforcerez des 9,000 autres hommes, et recevrez les troupes dont vous avez besoin dans votre royaume. 

P. S. Vous trouverez ci-joint l'état de l'armée comme je pense qu'elle doit être composée.
Je n'ai personne ici qui connaisse la côte de Sicile, et, dans la saison où nous sommes, il importe beaucoup que l'escadre entre dans une rade où elle puisse faire son débarquement tranquillement. Milazzo n'est pas à l'abri d'un coup de vent du nord : si mon escadre y était surprise par un vent du nord, courrait-elle risque d'être jetée à la côte ? Si mon escadre, soit en forçant le détroit, soit en doublant le Maritimo, arrivait à Reggio, aurait-elle une baie pour débarquer, entre Messine et Catane, de manière à y être à l'abri des vents ? Combien l'ennemi a-t-il de bâtiments à Messine ? Peuvent-ils être protégés par ses batteries ?

Si aucune rade n'existait, ni aucun autre part, entre Messine et Catane, il faudrait avoir recours au moyen d'aller droit à Palerme. Quelles sont les fortifications de cette place ? Où mouillerait l'escadre ? Serait-elle à l'abri de l'ennemi ? Mais, pour aller à Palerme, il faudrait avoir les trois quarts des troupes, dont je joins ici l'état, c'est-à-dire 15,000 hommes, On pourrait embarquer 1,500 cavaliers à pied, avec leurs selles; ils trouveraient des chevaux à Palerme. Mais mon escadre, et ce qui partira de Toulon, ne pourra embarquer que 11,000 hommes. Aurez-vous, du 10 au 15 février, de quoi embarquer à Naples 4,000 hommes d'infanterie et 600 chevaux ? Combien aurez-vous de bâtiments et de quelle grandeur ? Si vos trois frégates peuvent naviguer, il faut les armer en flûte; elles porteront
seules, par ce moyen, 1,500 hommes.

Vous sentez combien j'ai hâte que vous répondiez à ces questions. Dans tous les cas, je vous recommande beaucoup que les batteries de la rade de Baia soient en bon état. J'ai vu, sur le plan, trois points principaux: il faut à chacun de ces points vingt bouches à feu, dont ait moins quatre mortiers. Faites, tout doucement et sans extraordinaire, travailler aux batteries et préparer les plates-formes, pour qu'on puisse dans vingt-quatre heures y porter les pièces, lorsque le mouvement sera démasqué.

Je suppose que de Naples à Scilla il n'y a pas de rade passable où mon escadre puisse être à l'abri des vents du nord.

Envoyez-moi aussi l'état de votre marine et des lieux où elle se trouve, et tous les détails sur la côte de Sicile. Un officier de marine côtier, qui connaisse très-bien les ports de la côte de cette île, les golfes et les chemins, me serait bien utile, Envoyez-moi un Sicilien, ingénieur de terre et de marine, pratique. Qu'ils soient ici avant le 10 février.

Secret et secret ! 


Paris, 22 janvier 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, écrivez à M. Bessières pour qu'il fasse connaître à Ali-Pacha toutes les dispositions que j'ai prises et ce que j'attends de lui pour le transport des munitions de guerre et de bouche à Corfou, ainsi que pour le passage des troupes, si le cas arrivait.


Paris, 25 janvier 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre

Donnez ordre qu'il y ait, rendus à Toulon pour le 10 février, cent cinquante milliers de poudre, six mortiers de 12 pouces, à la Gomer, avec crapauds et armement, trois mille bombes, cinquante affûts, soit de 18, soit de 16, soit de 24, de place, de côte ou de siége, deux mille outils de pionniers, un million de cartouches ; tout cela sera à la disposition de l'amiral Ganteaume. Je sais que vous avez des poudres à Marseille : donnez ordre que sur-le-champ elles soient dirigées, par terre, sur Toulon, par un état que j'ai vu, il paraîtrait que vous n'avez que soixante milliers de poudre à Toulon; cela est honteux. Il faut toujours avoir quatre cents milliers de poudre à Toulon, soit pour la défense de la place, soit pour les expéditions maritimes.


Paris, 25 janvier 1808

NOTE POUR LE VICE-AMIRAL DECRÈS, MINISTRE DE LA MARINE.

Il faut donner l'ordre à l'amiral Ganteaume de partir dans la nuit, de se rendre à Toulon, d'arborer son pavillon sur la Ville-de-Paris, et lui donner le commandement supérieur de toute la côte et de l'arsenal.

Il arrivera à Toulon le 30. Le 6 février, vous pourrez avoir son rapport, tant sur la situation des croisières ennemies de la Méditerranée que sur les renseignements qu'il aura pris sur l'opération à faire. Il visitera ses vaisseaux et s'occupera de les mettre en bon état et de les approvisionner de tout ce qui pourrait leur manquer.

La question se réduit à ceci : lorsque mon escadre arrivera, il faut ne pas la laisser entrer, mais mettre sur-le-champ à la voile et filer sur Naples. On embarquera de 10 à 14,000 hommes, et on se dirigera sur Milazzo ou Catane, en passant le détroit à un jour du Phare, et le plus près possible; ou bien, de Naples on ira droit à Palerme ; mais pour cela, il faut au moins embarquer 14,000 hommes.

Ce parti ne doit être pris qu'autant que les renseignements que j'attends de Naples, et que l'amiral prendra à Toulon, me feront connaître qu'il n'y a pas de mouillage plus près du Phare.

Si l'on doit aller à Palerme, il faut avoir de quoi embarquer 14,000 hommes. Les dix vaisseaux de l'escadre, les trois frégates, les dix bagares peuvent, à ce que l'on m'assure, porter 10,000 hommes. Il faut, de toute nécessité, y joindre vingt bâtiments légers, savoir : dix bricks et dix tartanes, pinques, doubles felouques ou autres bâtiments de cette espèce. Un brick et une tartane on pinque seront attachés à chaque bâtiment de l'escadre, et on pourra mettre sur chacun de ces bricks ou tartanes une grosse chaloupe. Les dix bricks porteront , l'un portant l'autre, 100 hommes, et les dix tartanes, chacune 60 hommes ; de sorte que l'on pourra embarquer 11,000 hommes d'infanterie et 200 chevaux à bord de l'expédition de Toulon.

J'ai écrit au roi de Naples de faire préparer des écuries pour 300 chevaux et des bâtiments pour transporter 3,000 hommes ; ce qui permettra d'embarquer les 14,000 hommes qui devront aller droit à Palerme.

Il faut que l'amiral Ganteaume réunisse avec lui le plus de petits bâtiments qu'il pourra, afin d'avoir plus de moyens de débarquement et de transport. Ces bâtiments, trouvant partout des ports le long de la côte d'Italie, arriveront tous au rendez-vous.

Il n'y a point d'inconvénient à faire partir la Danaé de Gênes avec deux ou trois grosses flûtes et sept à huit pinques et autres bâtiments propres au débarquement. Au moment où le mouvement sera démasqué, en faisant mettre l'embargo sur les bâtiments de Toulon, et en faisant partir tous les bâtiments génois qui sont sur la côte, on aura les moyens suffisants.

L'amiral Ganteaume fera embarquer cent milliers de poudre sur une poudrière, fera bonder ses bâtiments de poudre, afin qu'en cas d'événement il puisse en débarquer un peu. Il fera mettre cent mille cartouches par vaisseau de guerre de l'escadre de Toulon, et deux cents outils de pionniers.

L'escadre de Rochefort pourra prendre cent mille cartouches par vaisseau, lors de l'embarquement.

S'il était possible qu'après les renseignements que je recevrai de Naples je me désistasse de l'expédition de Sicile, il se pourrait que j'envoyasse l'escadre à Corfou. Les poudres seraient débarquées dans cette place, et il faudrait avoir cinq mille quintaux de farine à y jeter. J'aurai des flûtes vides que je ferai remplir aussi des principaux objets d'artillerie dont cette place a besoin.

Je pense que vous devez envoyer un courrier à Gênes, pour que la Danaé y reste, pour que les bricks et autres petits bâtiments y soient réunis, et qu'il y soit mis en état les plus gros bâtiments qu'il y aura, de quelque nation qu'ils soient et capables de transporter un millier d'hommes.

Il faut donner l'ordre à l'amiral Ganteaume d'envoyer un brick à l'île d'Elbe, pour y réunir une dizaine de bâtiments les plus propres au débarquement, auxquels il donnera l'ordre de se diriger sur-le-champ sur Naples.

Plusieurs bricks que j'avais envoyés à Corfou sont encore à Cività-Vecchia, Ancône, Gênes, Naples ; on peut les réunir pour cette expédition.

Enfin l'amiral Ganteaume, pendant le peu de jours qu'il doit rester à Toulon, doit prendre les mesures les plus énergiques pour réunir le plus de moyens possible de transport et surtout de débarquement.

Je recevrai, le 6 février, l'état des bâtiments et des moyens de transport qu'aura prêts le roi de Naples. Pouvant ainsi embarquer 12 à 15,000 hommes, on sera maître d'aller sur tel point de la Sicile que l'on voudra.


Paris, 25 janvier 1808

A M. Daru, intendant général de la Grande Armée

Je Vous préviens , Monsieur l'Intendant Général, que, sur la demande qui avait été faite à l'Empereur d'autoriser les régiments de dragons de la Grande Armée à conserver les sapeurs qui y existent maintenant, Sa Majesté a décidé, le 12 de ce mois, qu'il en serait conservé huit par régiment. Je viens de faire connaître cette décision à M. le général Belliard, et je l'ai chargé de donner les ordres nécessaires pour son exécution.

Le major général, par ordre de l'Empereur. 


Paris, 25 janvier 1808

A Ferdinand-Joseph, grand-duc de Würzburg

J'ai les lettres de Votre Altesse Royale, du 22 novembre et du 1er janvier. Je la remercie de ce qu'elle m'y dit. J'ai donné des ordres à M. de Champagny, d'intercéder auprès du roi de Bavière pour arranger les affaires de son duché. Je suis lâché que les circonstances le portent à ne plus penser à la fille du roi de Saxe. Dans tous les cas, elle peut compter sur mon désir de lui être agréable.


Paris, 25 janvier 1808

DÉCISION

Le prince Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, annonce à l'Empereur que le général russe Nazimof se refuse à laisser passer une revue des troupes tant à Padoue qu'à Trévise, bien que cette revue ait été prescrite par l'Empereur pour régulariser la distribution des livres.

Renvoyé au ministre de la guerre, pour causer de cela avec M. de Tolstoï. Il lui fera connaître qu'il faut cependant une règle dans les troupes russes, soit pour les fournitures, soit pour la police et la direction.


26 - 31 janvier 1808