1 – 15 avril 1809
Paris, 1er avril 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, répondez au sieur Otto que je ne veux point entendre
parler de subsides; que ce n'est point le principe de la France; que cela était
bon sous l'ancien gouvernement, parce qu'on avait peu de troupes; mais
qu'aujourd'hui la puissance de la France et l'énergie imprimée à mes peuples
produiront autant de soldats que je voudrai, et que mon argent est employé à
les équiper et à les mettre en campagne.
Faites mettre dans les journaux des articles sur tout ce qu'il y a de
provoquant et d'offensant pour la nation française dans tout ce qui se fait à
Vienne. Vous pouvez prendre votre texte depuis les premiers armements. Il faut
que tous les jours il y ait un article dans ce
sens dans le Journal
de l'Empire, ou dans le Publiciste, ou dans la Gazette de France. Le but
de ces articles est de bien établir qu'on veut nous faire la guerre.
Paris, 1er avril 1809
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, faîtes connaître au sieur Durant
que je blâme les relations qu’il a eues avec le prince Paul (Paul-Charles-Frédéric-Auguste, prince Paul de Wurtemberg, 19
Janvier 1785-16 avril 1852, fils du roi de Wurtemberg, Frédéric Ier, et beau
frère de Jérôme Napoléon), que mes ministres ne doivent avoir aucunes
relations avec les enfants, à moins qu’elles ne soient publiques et du
consentement des parents.
(de Brotonne)
Paris, 1er avril 1809
DÉCISION
Il n'y il que les
troupes ci jointes d'arrivées dans les environs de Würtzburg : les
contingents des maisons ducales de Saxe, trois compagnies de la Lippe, quatre
des maisons de Swarsbourg (sic), deux de Reuss et deux de Waldeck. L'uniforme diffère même par bataillon et la solde n'est
pas égale; quant à ce second objet j'ai ordonné qu'il n'y aurait, à dater du
rassemblement en régiments, qu'une même paye pour tous. (Würtzburg, 31 mars 1809). Rouyer |
Il faut laisser les uniformes différents, faire mettre
les épaulettes aux officiers et leur donner des distinctions pour les troupes
et laisser les cocardes différentes, puisque chacun appartient à un prince
particulier. |
(de Brotonne)
Paris, 1er avril 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, je vous renvoie les états de situation et les
dépêches de l'armée d’Espagne. Écrivez au général Reille pour lui
apprendre que, dès le 19 de ce mois, l’armée de Saragosse cernait Lérida
et occupait Morella, sur les frontières de Valence, à dix lieues de
Tortosa ; que le Mortier a de même envoyé reconnaître Montblanch, qui
n’est qu’à quatre lieues de Valls, où se trouvait le général
Saint-Cyr à cette époque. Tout porte à croire que général Saint-Cyr s'est réuni
à l'armée de Saragosse; que Jaca s’est rendu; que s'il attend les
Westphaliens pour assiéger Girone, il doit au moins envoyer des colonnes
mobiles pour soumettre les environs et faciliter ses communications. Il est
donc de la plus grande importance de rétablir et conserver les communications
avec le maréchal Ney et le duc de Dalmatie. Écrivez au général Kellermann, à
Valladolid, que je suis fort inquiet de ne pas recevoir de nouvelles du
maréchal Ney et de ce qui se passe dans la Galice; qu'il faut mettre fin aux
insurrections des Asturies, pacifier entièrement tout le nord de l'Espagne et
rétablir les communications avec le maréchal Ney. Il faut avoir un corps de réserve pour être prêt
à tout événement. Écrivez au général Junot de tenir tout son corps dans ses
mains, autant que possible; de placer une garnison à Jaca, d'envoyer des
colonnes mobiles pour rétablir les communications avec les frontières de France
et culbuter les retranchements que l'ennemi a pu faire, masquer Lerida et maintenir
des débouchés sur Valence; qu'il envoie commander à Jaca l'adjudant commandant
Lomet; qu'il peut diminuer la garnison de Pampelune, et surtout qu'il manoeuvre
de manière à rendre le 5e corps disponible.
Envoyez cette lettre au commandant de l'Aragon par un officier; celles au
maréchal Jourdan et au maréchal Kellermann par l'estafette. Enfin, réitérez au
Roi l'importance d'ouvrir et entretenir les communications avec le duc de
Dalmatie et le maréchal Ney; sans cela il n’y a rien à faire.
Écrivez au maître des requêtes Fréville qu'on ne sait comment il a pu
prétendre que l'Empereur avait voulu faire mettre sous le séquestre de la
commission des biens autres que ceux des dix condamnés; il est vrai que les
Espagnols ont eu tort de se faire justice eux-mêmes, de manquer par là aux
égards dus à l'Empereur; mais il avait eu tort le premier, en faisant
séquestrer plus que les biens des condamnés.
Paris, 1er avril 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin, donnez ordre au duc d'Auerstaedt de porter son quartier général
à Nuremberg, et de diriger sur Ratisbonne la division
Saint-Hilaire, la division de grosse cavalerie du général Nansouty et les sept
régiments de cavalerie légère de la division du général Montbrun; ce qui fera
cinq régiments d'infanterie et treize régiments de cavalerie à Ratisbonne. Vous
lui prescrirez de laisser du côté de Bayreuth une de ses divisions, d'en avoir
une avec lui à Nuremberg et d’en une troisième entre Nuremberg et
Ratisbonne. Donnez ordre au général Dupas de se rendre avec sa division à
Würzburg.
Paris, 1er avril 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Écrivez au général Kellermann de faire tout ce qu'il pourra pour rétablir
les communications avec le duc d’Elchingen et de réunir à cet effet le
plus de forces possible.
Écrivez au due d'Abrantès de réunir le 5e corps et de le diriger
sur Burgos.
Réitérez au Roi qu'il faut surtout qu'il porte son attention sur le nord,
et que, si la Romana continue à se maintenir
plus longtemps entre la Galice, le Portugal et la Vieille-Castille, il faut
s'attendre à beaucoup d'événements malheureux; qu'il faut donc marcher à lui et le défaire sur-le-champ; qu'il est
fort malheureux que cela ne soit pas fait depuis longtemps; que les Anglais
instruits de cela feront un débarquement à Vigo; ce qui pourra compromettre
sérieusement le duc d'Elchingen
Paris, 2 avril 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin, le corps d'Oudinot doit être à l'heure qu'il est, fort le
18,000 hommes, ou du moins ce qui peut manquer pour le compléter à ce nombre
est en route. Je viens d’ordonner la formation de douze bataillons de
marche d'Oudinot, indépendamment des quatorze premiers, que je regarde déjà
comme dissous. Ces nouveaux bataillons de marche comprendront soixante
compagnies, qui, à 140 hommes chacune, feront
un supplément de 8,400 hommes. Le corps d'Oudinot sera donc, vers la fin
d'avril, de près de 28,000 hommes, ce qui ferait 14,000 hommes par division.
Il ne tardera pas non plus à recevoir les quatre bataillons qui sont au camp de
Boulogne; ce qui porterait la force de ce corps à 30,000 hommes ou à 15,000
hommes par division. Ce serait évidemment·former des divisions trop fortes et
pas suffisamment maniables; mon intention sera alors de revenir à
l'organisation primitive que j'avais donnée à ce corps et d'en former trois
divisions, chacune de 8 à 10,000 hommes. Cela ne changera rien à la formation
des demi-brigades qui se trouveront toutes portées à 2,520 hommes; les
bataillons, de six compagnies, seront tous au complet de l'ordonnance; il n'y
aura égale ment rien à changer à chaque brigade, qui restera composée de deux
demi-brigades ou de 5,000 hommes; il n'y aura seulement qu'à retirer une
demi-brigade de ligne et une demi-brigade d'infanterie légère de chaque
division pour former la 3e division. Les
renseignements que je reçois de la plupart des dépôts m'annoncent qu'ils ont
déjà habillé et équipé tous leurs conscrits, et que l'on peut compter que, dans
le courant d'avril, le corps d'Oudinot recevra l'augmentation de 8 à 9,000
hommes, et l'armée du Rhin celle de 4 à 5,000 hommes, montant des deux
dernières compagnies de leurs 4e bataillons.
Paris, 2 avril 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin, donnez ordre que tous les sapeurs, mineurs, ouvriers
d'artillerie, compagnies d'artillerie, destinés pour le quartier général, les
officiers à la suite de l'état-major, etc., se rendent à Donauwoerth, où est
formé le quartier général. La division Saint-Hilaire est arrivée à Bamberg le
31 mars. Le duc d'Auerstaedt, conformément à l'ordre qu'il a reçu, l'aura
dirigée à Nuremberg.
L'ordre que vous lui avez expédié de se diriger sur Ratisbonne la rencontrera
probablement en marche. Je suppose que, du 6 au 10 avril, toute la
division Saint Hilaire sera réunie à Ratisbonne avec la division Nansouty et
la division Montbrun, et que le duc d'Auerstaedt aura son quartier général à
Nuremberg. Ainsi donc, du 6 au 10 avril, j'aurai à Ratisbonne et
aux environs la division Saint-Hilaire avec son artillerie et treize régiments
de cavalerie. Il sera nécessaire que le régiment provisoire de grosse cavalerie
qui est à Donauwoerth se mette en marche pour rejoindre ces régiments à
Ratisbonne.
Paris, 2 avril 1809
Au général comte Bertrand, commandant le génie de l’armée
d’Allemagne, à Strasbourg
Monsieur le Général Bertrand, faites reconnaître une ligne dont la droite
s'appuierait à Kufstein, dont le centre serait couvert par le lac dit
Chiem-See, et qui ensuite suivrait la rivière d'Alz jusqu'à son confluent dans
l'Inn près de Marktl.
Paris, 2 avril 1809
A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid
Mon Frère, les affaires d'Espagne vont mal. Comment est-il possible que
vous restiez tant de temps sans avoir des nouvelles du duc d'Elchingen, et que,
malgré les mouvements de La Romana entre la Galice et la Castille combinés avec
l'insurrection des Asturies, vous fassiez marcher la division Lapisse sur le
midi, au lieu de l'employer dans le nord ? Je ne comprends rien à tout cela, et
je ne puis prévoir que des malheurs. Le nord va de nouveau s'insurger, et les
pertes que je ferai pour apaiser tous ces soulèvements partiels équivaudront à
une grosse affaire perdue.
Vous vous leurrez de la soumission de La Romana et de fausses nouvelles.
Pendant ce temps, les débris de La Romana se réorganisent, et voilà un mois
qu'on les laisse tranquillement se reformer. Dans les affaires d'Espagne, le
nord passe avant tout. Le rétablissement des communications avec le duc
d'Elchingen est donc la première de toutes les opérations.
Paris, 2 avril 1809
A Eugène Napoléon,
vice-roi d’Italie
J'ai donné des lettres de service pour l'armée d'Italie
au général Macdonald; il va s'y rendre incessamment. Cet officier a des talents
et du nerf; mais je ne me fie point à ses opinions politiques. Cependant les
choses sont bien changées ; je suppose
qu'il vous servira de tous ses moyens, et qu'il voudra gagner le grade où ses
talents et ses anciens services l'appellent.
Je ne lui ai rien dit; il sera employé comme général de division; mais ce sera un
des généraux que vous pourrez employer à commander une aile. Cette grâce, qu'il
recevra de vous, vous l'attachera entièrement.
Je crois vous avoir mandé d'envoyer un de vos officiers
aux avant-postes bavarois, à la source de la Drave, pour avoir des renseignements.
Vous ne me parlez pas de la colonne qui doit être partie
de Vérone; on a mis, je ne sais pourquoi, quinze jours de retard dans la marche
de cette colonne. Faites-lui traverser, le Tyrol à grandes marches.
Il me semble que votre intention est de commencer votre
tournée par Montebaldo et Trente; vous reviendrez alors par les gorges de la
Brenta. Reconnaissez bien la position près de Caporetto, où je fis bâtir une
petite chiuse, et où je remportai, dans mes premières campagnes, un avantage
très important contre les Autrichiens.
Le général de division Caffarelli est un officier
important, qui a un grand usage de la guerre, une grande activité, beaucoup de
zèle, et qui vous sera fort utile.
(Lecestre)
Paris, 3 avril 1809
Au général baron Sahuc, commandant la 19e division militaire, à Lyon
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE
Les 1,400 Portugais qui ont passé à Lyon étaient-ils en bon état, bien armés,
équipés ? Se sont-ils bien comportés ? Ont-ils montré un bon esprit ?
Paris, 3 avril 1809
NOTES SUR LES
DEMI-BRIGADES PROVISOIRES DE RÉSERVE.
On pourrait réunir à Strasbourg et à
Mayence un corps d'armée de réserve, qui serait composé des six demi-brigades
ci-après : la 5e, qui se réunit à Sedan, forte de 2.400 hommes; la 9e,
à Wesel, de 2,520; la 10e, à Mayence, de
2,520; total, 7,140 hommes; la 11e, à Strasbourg, de 2 ,520; la 12e,
à Strasbourg, de 2,520; la 13e, à Metz, de 3,360; total, 8,100 hommes.
Ces deux brigades, composées de dix-neuf bataillons, présenteraient une force
de 15,840 hommes.
On en formerait deux divisions. La première se réunirait à Strasbourg et
serait composée des 11e, 12e et 13e; ce qui ferait une force de 8 à
9,000 hommes; elle pourrait se porter sur les derrières de l'armée et partout
où il serait nécessaire. La seconde division, composée des 5e, 9e
et 10e, serait d'environ 7 à 8,000 hommes;
elle pourrait se porter au secours du royaume de Westphalie, de Hambourg et de
la Hollande, et même se porter sur Boulogne, s'il était nécessaire. Mayence
serait le vrai point de réunion.
Les 3e et4e demi-brigades provisoires qui se réunissent à Paris,
fortes de 4,800 hommes, formeraient une autre réserve qui pourrait se porter
également sur Boulogne, le Havre, Cherbourg et sur la Bretagne. Cette réserve,
combinée avec celle des côtes de Boulogne, pourrait former un corps de 10,000
hommes, soit sur Boulogne, soit sur le Havre, soit sur Cherbourg; combinée avec
la réserve de Pontivy, elle formerait avec la même promptitude un corps de
10,000 hommes en Bretagne.
Quant aux réserves d'Italie, elles ont leur but fixe.
Paris, 3 avril 1809
Au comte Fouché,
ministre de la police générale, à Paris
Il Y a
un ouvrage sur Souwarow où se trouvent beaucoup de mauvaises notes. On dit cet
ouvrage fait par un abbé. Il faut mettre les scellés sur les papiers de cet
abbé, faire cartonner toutes les notes et même faire arrêter la publication de
l'ouvrage, qui est tout à fait antinational.
(Lecestre)
Paris, 4 avril 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, renvoyez-moi le projet de note que vous devez passer
en réponse à M, de Metternich. J'ai voulu le relire hier au soir et ce
matin, et je ne l'ai point trouvé dans mes papiers.
Paris, 4 avril 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, remettez demain votre note à M. de Metternich. Je
vous renvoie les deux notes de cet ambassadeur.
NOTE REMISE PAR LE COMTE DE CHAMPAGNY M. LE COMTE DE METTERNOCH
Paris, 4 avril 1809.
Le soussigné, ministre des relations extérieures, a l'honneur de répondre
aux notes de S. Exc. M. l'ambassadeur d'Autriche, des 1er et 3
avril, par lesquelles Son Excellence réclame le visa du ministre sur le
passe-port d'un courrier qu'elle se propose d'expédier. Si ce visa n'a pas
encore été apposé, c'est qu'il n'est pas au pouvoir du ministre de garantir,
par aucune formalité quelconque, les dépêches de M. l'ambassadeur des suites de
la représaille que Sa Majesté a ordonné aussitôt qu'elle a été instruite de la
violence exercée à Braunau sur un officiel français, porteur des dépêches de
son chargé d'affaires à Vienne, et de l'attentat inouï dont l'ouverture de ces
dépêches, faite en présence même de celui qui en était porteur, a présenté
l'exemple . Jusqu'à ce que la cour de Vienne ait donné sur ce procédé les
explications satisfaisantes qu'on est en droit d'attendre, et que les dépêches
enlevées soient parvenues au soussigné dans leur intégrité, cette juste
représaille sera maintenue. Les dépêches qui seraient saisies, mises en dépôt,
serviront à garantir la sûreté de la correspondance du chargé d'affaires de
France à Vienne. Il en coûte
beaucoup à l'Empereur d'avoir à exercer une pareille représaille;
mais le même principe qui l'a déterminé à opposer des armements à des armements
lui impose le devoir de venger une insulte par une insulte, comme aussi, si le
cas se présentait, de repousser la force par la force. Entre gouvernements
indépendants, il n'y a d'autre justice qu'une stricte réciprocité. Ainsi,
contraint à des mesures qui contrarient tous ses vœux et qui étaient loin
de sa pensée, l'Empereur peut au moins se rendre le témoignage qu'il n'a eu
l'initiative d'aucune d'elles.
Paris, 4 avril 1809
Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, je ne vois pas de difficulté à ratifier le traité
qu'a fait le sieur Bourgoing. Je suis seulement fâché qu'il n'ait pas spécifié
ce que devait coûter chaque chose. J’écris au ministre de la guerre
d'envoyer à Varsovie un sous-inspecteur de aux revues, probe et instruit,
pour régler tous les détails d et
vérifier l’accroissement en hommes des différents corps. Envoyez-lui la
copie de la convention. Faites en même temps connaître au sieur Bourgoing que
j'ai ordonné qu'on fît passer à Varsovie les sommes nécessaires pour payer ce
qui sera dû pour mars, avril et mai, en partant du jour où l’on a
commencé à lever des hommes.
Répondez à mon ministre près le roi de Wurtemberg que je partage les
sentiments du Roi sur un acte aussi inouï que la déclaration du ministre
d'Autriche; mais il a toujours été dans l'arrière-pensée de celte puissance de
redevenir souveraine maîtresse de l'Allemagne. Le Roi a très-bien fait de
rappeler son ministre. La lettre du Roi et celle du général autrichien sont
propres à mettre dans la collection des pièces relatives à l'Autriche. Faites
prendre des renseignements sur cet officier général, et sachez comment il se
conduit dans les différents événements.
Paris, 4 avril 1809
Au comte Defermon, directeur général de la liquidation de la dette
publique, à Paris
Monsieur Defermon, la grande-duchesse de Toscane m'écrit que, dans le seul
département de l'Arno, il y a 400 curés qui se trouvent sans pain. Ils avaient leur portion
congrue sur les monastères et sur la dépositairerie générale; mais, lorsqu'on a
réuni tous ces fonds au Domaine, on n'a pris aucunes mesures pour payer les
curés. Je désire que vous approfondissiez cette affaire, et que dans la
première conférence vous me proposiez les moyens d'y remédier. Tout ce qui con
cerne la Toscane est très-important. Apportez-moi votre travail jeudi. Je
désire faire ce qui sera convenable pour contenter le pays.
Paris, 4 avril 1809
NAPOLÉON.
A M. Germain,
officier d’ordonnance de l’Empereur, à Paris
Monsieur
Germain, officier d'ordonnance, vous vous rendrez à Munich en toute diligence,
et, après avoir vu M. Otto et vous être fait présenter au Roi, vous vous
dirigerez sur Kufstein, où vous resterez jusqu'à nouvel ordre, Vous m'écrirez
tous les jours et vous adresserez vos lettres à M. Otto, Vous conviendrez avec
ce ministre d'un chiffre pour correspondre. Si Kufstein était assiégé, vous
vous enfermeriez dans la place avec la garnison, que vous engagerez à faire son
devoir. Jusqu'à ce que les hostilités commencent, parcourez toutes les
frontières voisines, que vous étudierez pour bien connaître le pays. Enfin vous
me rendrez compte de tout ce qui se passera de votre côté, en adressant tous
vos rapports à M. Otto. Vos chevaux suivront le quartier général.
Paris, 4 avril
1809
A M. de
Montesquiou, officier d’ordonnance de l’Empereur, à Paris
Vous vous
rendrez à Munich en toute diligence, et, après avoir vu M. Otto, le maréchal
duc de Danzig, et vous être fait présenter au Roi, vous irez à Passau, où vous
resterez jusqu'à nouvel ordre. Vous conviendrez avec M. Otto d'un chiffre pour
correspondre, si les chemins devenaient peu sûrs. Vous écrirez tous les jours,
en adressant vos lettres à M. Otto, et les lui faisant parvenir par estafette
s'il s'agit de quelque chose d'important. Vous m'enverrez tous les
renseignements que vous pourrez recueillir sur les mouvements de l'ennemi et
sur sa force à Linz et le long de l'Inn. Vous m'informerez tous les jours du
progrès des travaux que l'on fait aux fortifications, ainsi que de l'état des
magasins, enfin de tout ce qui peut m'intéresser. En cas de siége, vous vous
enfermerez dans la place.
Paris, 4 avril
1809
Au comte
Aldini. Ministre secrétaire d’État du royaume d’Italie, en
résidence à Paris
Le Vice-Roi va
faire une tournée. Il emmène probablement avec lui le ministre de la
guerre ; mais je suppose que le ministre des finances restera à Milan.
Écrivez à ce dernier pour que tous les jours il corresponde avec vous et vous
fasse connaître ce qui vient à sa connaissance, afin que je sache ce qui se
passe à Milan. Dès le 15, on pourra correspondre avec Milan par le télégraphe.
Il faut que tous les jours vous écriviez et qu'on vous écrive par cette voie. Si le ministre de la guerre
restait à Milan, ce serait avec lui que je désirerais que cette
correspondance eût lieu.
Paris, 4 avril
1809
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, il paraît
que le résultat du voyage du prince Ferdinand à Vienne a été de faire renforcer
leur armée d'Italie. Ces messieurs s'étaient imaginé que vous n'aviez
personne ; mais, d'après les mouvements
que vous avez faits, ils commencent à être persuadés que vous êtes
très-nombreux. Faites tout ce qui sera possible pour menacer Trieste. Je crois
qu'il serait convenable de faire faire des baraques dans le camp d'Osoppo, de
manière à pouvoir y placer 8 à 10,000
hommes; ce qui, avec une division de même force, qui serait au camp de
San-Daniele, et une autre aux environs de Gemona, ferait trois divisions, qui
pourraient se porter, en une marche et demie, sur la Pontebana, sans que
l'ennemi en sût rien.
Pendant votre
absence, je désire correspondre tous les jours avec Milan. Chargez le ministre
des finances d'écrire exactement à Aldini. A dater du 15 avril, il pourra se
servir du télégraphe; chargez-le également de recevoir tons les jours les
communications télégraphiques. Si le ministre de la guerre restait à Milan, je
désirerais que ce fût lui qui fût chargé de cette correspondance. Il est
nécessaire qu'il y ait un chiffre entre vous et mon cabinet, afin de pouvoir
correspondre sûrement pour les choses les plus importantes; je donne ordre
qu'on vous en envoie un.
Paris, 4 avril
1809
A Élisa, grande
duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur,
j'ai reçu votre lettre du 24 mars. J'approuve que le cardinal Zondadari donne
sa démission de son siège de Sienne et vous soit attaché comme premier
aumônier. Il est nécessaire que vous présentiez les personnes que l'on peut
nommer pour composer votre Maison.
Il faut aussi
faire des propositions positives pour le remplacement des maires de Florence,
de Livourne, et pour les nominations qui doivent placer partout des
sous-préfets capables.
Paris, 5 avril
1809
NOTE POUR M. CRETET, COMTE DE CHAMPMOL, MINISTRE DE
L’INTÉRIEUR, À PARIS
Faire un
rapport sur l'État de la navigation du Pô, pour le Tanaro. Faire connaître
quels sont les auditeurs attachés aux ponts et chaussées, quelle répartition en
a été faite, quels sont ceux qui ont commencé leurs tournées. Rédiger une
instruction sur leur service et la présenter à Sa Majesté.
Paris, 5 avril
1809
Au comte
Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je voudrais
avoir un homme parlant parfaitement l'allemand et un peu relevé, pour mettre à
la tête de mon espionnage en Allemagne. Je voudrais un homme probe, auquel on
pût confier de fortes sommes sans craindre qu'il les détournât à son profit, un
homme connaissant l'Autriche et la Bohême. Il aurait sous ses ordres des agents
de police. Il pourrait même en ramasser beaucoup de ceux qui ont servi les
armées autrichiennes, du côté de Strasbourg. Faites une enquête là-dessus, et
rendez-moi compte du résultat.
Paris, 5 avril 1809
Au comté Fouché, ministre de la police générale, à paris
Faîtes insinuer à la comtesse d’Albany
qu’elle ait à quitter Florence et l’Italie et à se rendre en France
(Louise-Maximilienne-Caroline-Emmanuelle,
princesse de Stolberg-Gedern, née le 21 septembre 1752, décédée à Florence le
29 janvier 1824, veuve de Charles (1lI) Stuart, amie d'Alfieri.)
(de Brotonne)
Paris, 5 avril
1809
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le
Général Clarke, donnez l’ordre au général Suchet de rendre à Saragosse et de prendre
le commandement du 3e corps. Le duc d'Abrantès reviendra aussitôt qu’il sera remplacé par le général
Suchet.
Paris, 5 avril
1809
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général
Clarke, écrivez au duc d'Abrantès qu'avant de quitter l'Aragon il s'occupe de
régler trois points importants: 1° d'arrêter avec le commandant du général le
plan d'une forteresse à Tudela et d'un réduit sur les hauteurs, avec des
flèches détachées qui maintiennent la communication avec la rivière; ces
ouvrages seront d’abord faits en terre, mais de manière à pouvoir être
revêtus successivement et à devenir une bonne forteresse; 2° de mettre en état
siége le fort de Saragosse, et d'y faire placer dix mortiers pour commander la
ville; 3° de faire évacuer toute l'artillerie sur la France.
Il est
nécessaire qu'il y ait à Saragosse un
colonel du génie formant direction et chargé de la conservation des
fortifications de Jaca et des détails de celles de Tudela, et de la citadelle
de Burgos.
Il faut qu'il y
ait également à Burgos un autre directeur chargé du détail des fortifications
de Burgos, de Miranda, et de tout ce qui est relatif au Passage et à
Saint-Sébastien.
Donnez des
ordres pour qu'on travaille sans délai aux ouvrages que j'ai arrêtés pour
Miranda, tout en continuant avec la plus grande activité les ouvrages de
Burgos.
Ayez soin de
suivre de temps en temps la correspondance relative aux fortifications de
Tudela, de Miranda, de Burgos et du fort de Jaca. Il faut que Jaca rétablisse
promptement et maintienne sa communication avec la France, par Pau.
Paris, 5 avril 1809
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le
Général Clarke, il ne faut point placer de prisonniers de guerre dans aucun des
dix-huit départements de l'Ouest. Je vois avec peine qu'il y en a à Angers;
faites-les-en partir sur-le-champ. Ces prisonniers fourniront des déserteurs,
qui formeront promptement un noyau de bandits. Cela a été recommandé depuis
longtemps; on a eu tort de violer ce principe.
Paris, 5 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin, la
route de l'armée sera par Strasbourg, Stuttgart et Ulm. La route du corps du
duc d'Auerstaedt sera par Anspach, Ellwangen, Stuttgart et Strasbourg. Ce
changement de direction aura lieu à dater du 15 avril.
Paris, 5 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin, je
vous renvoie les lettres du duc d'Auerstaedt, du 30 mars. Faites-en part aux
généraux Songis et Bertrand, pour qu'ils réunissent l'artillerie et les sapeurs
qui ne sont pas nécessaires aux différents services de l'armée, sur Ingolstadt.
Répondez au duc d'Auerstaedt qu'il faut garder Stettin comme il est, et laisser
les habitants tranquilles. Donnez ordre au général Dupas, quand il passera par
Würzburg, d'incorporer le 4e bataillon du l9e , qui s'y trouve, et
de renvoyer le cadre au dépôt.
Paris, 5 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin,
témoignez mon mécontentement au duc d'Auerstaedt de ce que ses avant-postes ont
violé le territoire autrichien. Il y a un moyen de ne pas s'exposer à de
pareils évènements, c'est de se tenir à une ou deux
lieues en arrière.
Paris, 5 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin,
répondez au duc d' Auerstaedt que, la Saxe étant menacée, il est juste que les
troupes saxonnes se concentrent toutes devant Dresde; que le duché de Varsovie
n'est pas menacé; qu'il y a plus de forces qu'il n'en faut pour le garder, et
que d'ailleurs, d'après les dispositions de la Russie, l'Autriche aura bien
autre chose à penser. Envoyez des ordres directement pour que les troupes
saxonnes reviennent du duché de Varsovie à Dresde, en laissant le Roi maître de
faire rester une compagnie d'artillerie saxonne avec les Polonais. Je vois
qu'il y a déjà aux environs de Dresde 10,200 hommes d'infanterie, 2,400 de
cavalerie et 1,000 d'artillerie; au total, 14,000 hommes autour de la ville; il
va en revenir de Pologne à peu près 4,000; ce qui fera en tout 18,000. II y a
en outre 4,200 hommes en garnison dans la ville, 1,123 hommes de cavalerie non
montés et en marche sur Dresde, et 800 hommes formant deux bataillons de dépôt
près de Meissen; total, 6,123 hommes; total général, 24,000 hommes. Vous
trouverez ci-joint l'état d'où je tire ces renseignements.
Écrivez au
prince de Ponte-Corvo pour qu'il fasse connaître si Dresde se trouverait à
l'abri d'un coup de main, en y laissant un bon commandant et 4 à 5,000 hommes;
et, en supposant que la famille royale se retirât sur Leipzig, si l'on pourrait
avoir ainsi le reste des troupes saxonnes disponibles, c'est-à-dire 18,000
Saxons prêts à se porter partout où il serait nécessaire. Recommandez au prince
de Ponte-Corvo, dans le cas où la guerre viendrait à être déclarée inopinément,
de faire retirer la famille royale sur Leipzig et Erfurt, et même sur la France
si cela convenait au Roi; de laisser garnison à Dresde, et de se diriger avec
toutes les troupes saxonnes disponibles sur l'armée française, en
manœuvrant pour la joindre du côté du Danube. Faites connaître ma
satisfaction au duc d'Auerstaedt des mesures qu'il a prises relativement aux
sapeurs.
Paris, 5 avril
1809
A Eugène Napoléon,
vice-toi d’Italie, à Milan
Mon Fils, vous
m'avez envoyé un état d'après lequel je vois qu'il y a 140 places d'officiers vacantes dans votre armée; j'ai écrit au ministre de
la guerre à ce sujet; mais, avant que les remplacements puissent avoir lieu par
cette voie, il s'écoulera trop de temps. En voyez-moi, sans délai, des
propositions pour toutes les places vacantes. Deux heures après la réception du
projet de décret, je vous le renverrai signé. Attachez-vous à faire de bons
choix; ne prenez pas trop de jeunes gens; il y a beaucoup de vieux capitaines,
de vieux lieutenants, de vieux sous-lieutenants, qui ont fait la guerre el
qu'il faut pousser de préférence.
Paris, 5 avril
1809
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils,
j'approuve fort que vous ayez préparé six pièces de 6 sur affûts de montagne,
pour suivre l'armée; mais voici ce qu'il faudrait faire pour compléter cette
idée : organiser un équipage de montagne à la suite de l'armée, qui
consisterait en quatre pièces de 6 sur affûts de traîneau et deux obusiers. Les
pièces et les obusiers existent à votre parc de campagne; Vous n'aurez pas
besoin de les avoir doubles. A Mantoue, on construira, en dix jours, ces affûts
de traîneau tels que je m'en suis servi dans ma guerre des Alpes. Vous aurez
ainsi douze pièces d'artillerie de montagne; ce qui fait un équipage raisonnable,
et qui va partout où peut passer un cheval.
Il faudra 150
coups à tirer par pièce, c'est-à-dire 600 coups pour les quatre pièces de 6 et
300 pour les deux obusiers.
Il est
nécessaire d'avoir pour cet approvisionnement dix petits caissons portés à dos
de mulet. Il faut aussi organiser deux brigades de mulets de bât, chacune de 36
mulets, dont vingt chargés de cartouches de 6, trente chargés de cartouches
d'obusiers, et vingt-deux charges de cartouches d'infanterie. Moyennant cela,
vous pouvez tenir une division de 8 à 10,000 hommes dans la montagne, et être
certain qu'elle ne manquera pas d'artillerie et de cartouches.
Paris, 5 avril
1809
A Joachim
Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples
J'ai donné
ordre qu'on finît les affaires de Rome et qu’on détruisît ce foyer
d’insurrection. D’ailleurs des correspondances ont été trouvées
entre les agents de la cour de Rome et les Anglais, qui prouvent que le Pape
prête son influence pour agiter les Italiens. Au reçu de lettre, faites diriger
des colonnes sur la frontière, pour ensuite les porter avec la rapidité de
l’éclair sur Rome. Je donne le même ordre en Toscane. Je désire que
Saliceti reste à Rome pour conseiller le général Miollis, qui doit organiser un
nouveau gouvernement. Vous pouvez donner l’assurance que le Pape restera
évêque et ne se mêlera plus des affaires temporelles.
Paris, 5 avril
1809
A Frédéric, roi
de Wurtemberg, à Stuttgart
Monsieur mon
Frère, je reçois votre lettre du 1er. Je suis bien aise que l'affaire du
général Vandamme soit arrangée; c'est un officier qui a beaucoup de mérite
militaire. La démarche de l'Autriche est injuste, révoltante et insensée. Avant
que Votre Majesté fasse occuper Mergentheim, je pense qu'il est nécessaire que
son ministre soit arrivé. Il faut encore voir
jusqu'à la fin du mois comment tout ceci va se passer.
Paris, 6 avril
1809
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Donnez ordre
que les citadelles de l'île d'Oléron et de l’île de Ré soient armées et
mises en état de défense.
Paris, 6 avril
1809.
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin,
vous devez avoir reçu l'ordre de faire diriger de Hanovre sur Würzburg la division
Dupas. Si vous ne l'aviez pas encore expédié, ne perdez pas un moment à le
faire. Vous avez dû donner l'ordre à la division Saint-Hilaire, à la division
de cavalerie légère du général Montbrun et à la division de grosse cavalerie du
général Nansouty, de se porter sur Ratisbonne. Vous avez dû donner l'ordre au
duc d'Auerstaedt de porter son quartier général à Nuremberg. Mandez-lui
d'approcher sa division de cuirassiers et une ou deux de ses divisions de
Ratisbonne, de manière qu'elles puissent s'y réunir en un jour. A cet effet, la
division Saint-Hilaire aura tous ses postes sur la rive droite du Danube, ainsi
que les divisions Montbrun et Nansouty. La division Saint-Hilaire n'en aura sur
la rive gauche que tout au plus à deux ou trois lieues de Ratisbonne. Les
Badois et les Hessois doivent avoir rejoint leurs divisions respectives.
J'attends avec impatience de savoir quand ces mouvements auront lieu. Vous
ferez connaître au général Dupas que la division Rouyer, composée des
contingents des petits princes, formant 11,000 hommes, est sous ses ordres.
Ainsi le général Dupas aura une belle division de deux brigades, une française
de 5,000 hommes; et l'autre allemande de 6,000 hommes, formant 11,000, et douze
pièces de canon. Vous donnerez l'ordre que les sapeurs de Würzburg soient
dirigés sur le parc général du génie, à Ingolstadt. Aussitôt que vous serez
informé de l'arrivée à Ratisbonne de la division Saint-Hilaire et des divisions
Montbrun et Nansouty, vous donnerez l'ordre au quartier général et aux parcs du
génie et de l'artillerie de se rendre de Donauwoerth à Ingolstadt.
Paris, 6 avril
1809
Au général
comte Bertrand, commandant le génie de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
Je vous envoie un
projet du général Chambarlhiac. 1° La manière dont il propose d'occuper le
Spitzberg paraît défectueuse et contraire aux principes. Sur une étendue de 500
toises, il se trouve trois points attaquables; il faut donc que ces trois
points soient bien également fortifiés, et de plus ôter la crainte d'un
débarquement, en gardant 400 toises de flanc du côté
de l'Inn et 350 du côte du Danube. Il doit exister sur le Spitzberg un
point culminant, soit au centre de la position, soit sur l'un des côtés. C'est
sur ce point qu'il faut construire un fort ferme. Une fois ce fort construit,
il n'y aura rien à craindre; l'ennemi n'ira pas se placer entre le fort et la
ville dans un rentrant de 400 toises ; il ne cherchera pas à débarquer par
l’Inn ou par le Danube ; il serait foudroyé pr ce fort et par
l’enceinte.
2° L'enceinte.
Il faut chercher à la fortifier. Une bonne demi-lune placée vis-à-vis une des
portes, dans un endroit non domin´´e, flanquerait bien l'enceinte et
favoriserait la rentrée des troupes. Il faut chasser les particuliers des
tours de l’enceinte, dans
lesquelles ils se sont établis, et armer ces tours avec du petit calibre.
3° Le Fuchsberg
doit avoir une petite redoute de 2 à 300 toises de développement. Ce serait une
position bien dominante, déjà favorisée par la disposition du terrain.
4° La tête de
pont de l'Inn est nécessaire ; mais, puisqu’il est nécessaire
d'occuper le Hammerberg, on ne voit pas pourquoi on se place du côté de gauche
aux Jésuites et à droite à la Madelaine; c'est exposer ces deux points à être
attaqués par l'ennemi; il paraît bien plus conforme aux règles de se placer
comme nous l'avons tracé, de manière que toute cette branche soit flanquée par
la tour n° 2 et par l'enceinte de la place. Il y a, du bord de la rivière au
sommet de la redoute, 220 toises; il faudrait que cela formât un seul front;
enfin il faut le tracer de manière qu'on soit défendu par la tour n° 2.
Même
observation pour le Voglauberg.
Ainsi l'on
voudrait que les deux redoutes du Voglauberg et du Hammerberg tirassent leur
défense de la rive gauche de l'Inn, ou du moins des ouvrages qu'on établirait
sur la rive droite et sur le bord de l'Inn; qu'ils tirassent également défense
du réduit, et que les palissades du chemin couvert fussent tracées de manière à
n'être point attaquées et à faire un rentrant sur les bords de l'Inn.
Quant au
réduit, il me paraît d'une figure bien bizarre; il me semble qu'il serait
possible de le simplifier dans son tracé. Pourquoi trois petits bastions, au
lieu d'un beau front ? Je désirerais donc, 1° que les deux redoutes de
Voglauberg el de Hammerberg, éloignées de 250 toises du réduit, tirassent leur
défense des bords de l'Inn et du réduit même; 2° que le réduit opposât un front
simple de 200 toises, se fermant à gauche par des ouvrages et réduits. Le
réduit, tel qu'il est tracé, n'offre pas assez de capacité. Qu'est-ce qu'un
ouvrage qui n'a pas 40 toises de profondeur sur une longueur de 200 toises ?
Cet ouvrage, ainsi étranglé, ne peut rien contenir. Il serait plus convenable
d'embrasser toute la montagne, Si elle forme un trapèze, ainsi que l'annonce le
dessin, il faudrait y tracer un triangle
équilatéral de 150 toises de côté ; ce qui
donnerait des défenses pour les lunettes.
Donnez des
instructions là-dessus. Ce projet me paraît médiocrement conçu.
Paris, 6 avril
1809.
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Je fais donner
l'ordre au contre-amiral Leissègues de se rendre à Venise. Il mènera avec lui
un capitaine de vaisseau, chef des mouvements, 3 capitaines de frégate, 18
lieutenants ou enseignes, 30 contre maîtres et l50
canonniers de marine; ce qui fera environ 200 hommes de marine indispensables
pour la défense de Venise, et qui serviront avec la marine vénitienne. Ces
officiers n'auront à se mêler en rien de ce qui regarde l'arsenal et seront
sous les ordres du gouverneur de la ville. Donnez des ordres pour qu'on
réunisse un grand nombre de radeaux et autres bâtiments armés de canons et
d'obusiers, pour défendre les canaux et les lagunes et présenter partout un
grand feu. On pourrait préparer six grands radeaux portant chacun quatre
grosses pièces de 24, lesquels pourraient se réunir et se concentrer partout où
l'ennemi travaillerait. Ces radeaux devraient avoir des épaulements pour mettre
à l'abri du boulet. Le temps arrive de s'occuper de l'approvisionnement de
Venise, Mantoue et Legnago.
Paris, 6 avril
1809
A Elisa,
grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur,
ayez soin qu'on n'établisse à Florence aucune espèce de jeux. Je n'en souffre
ni à Turin ni dans aucun point de l'Empire; c'est un sujet de ruine pour les
familles et un mauvais exemple à donner. J'en tolère seulement à Paris, parce
que, dans cette immense ville, on ne pourrait pas les empêcher, et que c'est un
moyen dont se sert la police. Mais mon intention est qu'il n'yen ait dans
aucune autre partie de mon empire.
Paris, 6 avril 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Qu’est-ce que c’est que le baron de Montry,
émigré français au service de l’Autriche ? Quest-ce que c’est
qu’un M. de Fresnel qui sert dans l’armée de Bohême avec MM. De
Rohan et Wacquant, Français ?
(de Brotonne)
Paris, 7 avril 1809
A Elisa, Grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur,
j'ai donné ordre que la place de Livourne fût mise en état de défense et armée
sans délai ainsi que ses trois forts. Il est donc nécessaire que, sans perdre
un moment, vous donniez l’ordre aux directeurs d’artillerie et du
génie. De faire mettre quarante à cinquante pièces de canon sur les remparts,
de relever les parapets, de rétablir les plates-formes et de réparer la ville.
Il est nécessaire que vous la fassiez approvisionner de poudre, de cartouches
et de tout ce qui est nécessaire pour soutenir un siége. Indépendamment de l’armement général, il
doit y avoir un armement particulier pour les trois forts qui serviraient de
réduit à la garnison si elle ôtait forcée, ou en cas d'insurrection. La
garnison, étant moindre de 1,000 hommes, couchera dans les forts; et les
principaux magasins seront dans les forts. La consigne doit y être très-sévère, et aucun bourgeois ne doit y entrer. Après le relèvement des parapets, le plus
important est de s'assurer que les fossés sont pleins d'eau et qu'il y a des écluses et des batardeaux qui permettent d'y faire
passer les eaux. Après cet objet important, le palissadement des chemins
couverts, le rétablissement des ponts-levis pour fermer les portes, des
barrières aux glacis, sont de la plus grande urgence. Faites travailler, dès à
présent, à ces différentes réparations.
Je sais qu'on
objectera que les faubourgs sont près de la ville. En temps de paix on peut les
laisser subsister; mais il faudrait les brûler, si l'on avait une garnison
moindre de 12 à 1500 hommes. Si elle est plus considérable, on pourrait établir
à la tête des faubourgs des ouvrages de campagne avec des fossés pleins d'eau
qui les défendraient. Mais ceci est une question à résoudre plus tard. Ordonnez
d'abord l'armement de la place et les travaux nécessaires pour la mettre en
état, afin que, si 4 à 5,000 Anglais s'y présentaient, la ville eût le temps de
recevoir du secours, ou que, les paysans des environs venant à s'insurger, la
ville fût à l'abri de tout événement.
Faites faire,
par le directeur du génie, une description de la place qui me fasse bien
connaître ce qu'il y a à objecter contre elle; les maisons qui sont bâties sur
les glacis , de quels matériaux elles sont construites, ce qu'elles
contiennent, et si elles ont du commandement sur les remparts; quel moyen il y
a de réunir le vieux fort au fort Murat, en démolissant, s'il le faut, ce qu'on
appelle, je crois, le pavillon des officiers, et construisant une espèce de
citadelle qui renfermerait le môle, le fort Murat, le vieux fort, l'ouvrage à
corne et les deux darses.
Faites-lui faire
également le projet de défense des faubourgs avec des ouvrages en terre
entourés d'eau. Cela est un ouvrage qui demande du temps, et qui doit être
soumis à mon approbation; mais ce qui n'a pas besoin de mon approbation, c'est
la mise en état de la place, sans faire attention aux faubourgs qu'on
détruirait en cas de nécessité et dans le temps que l'ennemi investirait la
place. Le génie recevra les ordres du ministre de la guerre, mais ils tarderont
beaucoup; qu'on ne les attende pas. J'ai mis, pour les travaux à faire,
100,000 francs à la disposition du génie.
Paris, 7 avril
1809.
A Elisa,
Grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur,
j'ai reçu votre lettre du 28 mars. J'ai ordonné que l'île d'Elbe serait
comprise dans votre gouvernement et ferait partie de la 29e division militaire.
Paris, 8 avril
1809.
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le
Général Clarke, faites connaître au roi de Naples que dorénavant il ait à faire
marcher avec plus de règle les troupes qu'il envoie à Rome; que, si cela eût
été bien mené, je les aurais eues le 1er ou le 2 à Rome; qu'il ne fallait pas
les faire marcher par bataillon, mais en masse; que les craintes qu'il témoigne
des Anglais ne sont pas fondées; que, occupés comme ils le sont en Espagne, ils
se trouveront fort heureux de n'être pas inquiétés en Sicile.
Paris, 8 avril
1809
Au vice-amiral,
comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Vous trouverez
ci-joint l'ordre pour la Victorieuse et le Mohawk d'aller à
Venise. Cela me ferait donc 600 matelots français qui se trouveront à Venise en
cas d'attaque.
Faîtes-moi
connaître quel inconvénient il y aurait que je donnasse le même ordre à l’Étourdi
et au Coureur, deux bricks neufs, je crois, que j'ai à
Toulon; je les ferais également partir ensemble. Y aurait-il de l'inconvénient que je donnasse le même
ordre à la Tactique, au Cerf et à la Flèche ?
Si la guerre se
déclarait, il serait bien avantageux pour moi d’être pendant quinze ou
vingt jours maître de l’Adriatique. Ne pourrait-on pas faire partir deux vaisseaux de 74, bons marcheurs, qui
iraient droit à Ancône et me donneraient
la supériorité dans cette mer avant que les Anglais en soient instruits.
Cette seconde expédition demande du temps, et il faut y penser. Mais le départ des divisions (que je viens d'arrêter, savoir, les
deux pour lesquelles je vais envoyer des lettes et les deux pour lesquelles je
vous demande un rapport) , est important. Venise ne peut être défendue que par
eau, et un matelot peut la servir plus que deux hommes de terre. Si j'avais là
15 à 1800 matelots français, cela donnerait de l'émulation et du mouvement aux
4,000 matelots du pays, et ce serait d'un prodigieux secours.
J'ai donné
ordre que l'île d'Elbe ferait partie du gouvernement de la Toscane. Donnez
ordre aux bâtiments que j'ai dans cette île de recevoir des ordres de la
grande-duchesse.
Proposez-moi la
composition d'une division de six petits bâtiments pour être stationnaires sur
la côte, et sous les ordres de la grande duchesse. Ayez un officier sur lequel
on puisse compter, à Livourne, auquel on puisse transmettre les ordres.
Envoyez le
dessin d'une de nos mouches à Venise, pour qu'on en construise une; et, si cela
est jugé plus avantageux que les barques du pays, on en construira plusieurs pour
la navigation de la Dalmatie.
Je vois neuf
bâtiments employés à la défense de la côte de Gênes; je n'en vois qu'un à
Livourne et trois à l'île d'Elbe. Je vous ai déjà mandé que je désirais
plusieurs bâtiments à Livourne. Proposez-moi la composition de six bâtiments,
gros et petits, pour Livourne et l'île d'Elbe.
Paris, 8 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin, à
dater du 1er avril, toutes les troupes que j'ai en Allemagne seront connues
sous le titre d'Armée d'Allemagne, dont je me réserve le commandement en
chef. Vous en êtes le major général; le général Songis, commandant
l'artillerie; le général Bertrand, le génie; le duc d'Istrie, commandant la
cavalerie; le conseiller d'État Daru, intendant général; le sieur Villemanzy,
chargé de la perception des revenus et contributions des pays qui
m'appartiennent et inspecteur en chef aux
revues de l'armée; le sieur Roguin, payeur général. Ainsi, dès à présent, le
payeur du corps du duc de Rivoli doit correspondre avec le payeur général
Roguin et recevoir ses ordres pour le service. Le sieur Roguin doit donc se
rendre à Donauwoerth, où est le quartier général.
Le dépôt de
l'armée, en France, est Strasbourg. C'est à Strasbourg qu'on passera le Rhin;
on ne doit plus le passer ni à Mayence ni sur aucun autre point. La route doit
être désormais par Stuttgart et Ulm; de là, elle doit passer par Nuremberg,
pour le corps du duc d'Auerstaedt, et par Augsbourg, pour les autres corps.
Après Strasbourg, le premier dépôt de l'armée sera Ulm; le deuxième dépôt sera
Augsbourg; Je troisième, Donauwoerth ; le quatrième, Ingolstadt. Augsbourg et
Ingolstadt doivent être mis à l'abri d'un coup de
main.
L'armée doit
être composée ainsi :
Le 2e corps,
commandé par le duc de Montebello et composé du corps du général Oudinot, formé
de trois divisions : la 1e commandée par le général Tharreau; la 2°,
par le général Claparède, et, la 3w, par le général
Grandjean. Chaque division est composée de trois demi-brigades commandées par
trois généraux de brigade ; il doit y avoir un adjudant commandant à chaque
division. Le général Grandjean est arrivé à Paris. Chaque division aura douze
pièces de canon et sera forte de 8,000 hommes. Le général Oudinot n'aura que
deux divisions jusqu'au 1er mai, époque à laquelle
se fera l'organisation de la 3e division. La
division Saint-Hilaire fera partie du 2e corps; elle est
de cinq régiments, dont un d'infanterie légère, et commandée par trois généraux
de brigade; elle aura quinze pièces de canon. Une brigade de cavalerie légère
de trois régiments, la division de cuirassiers Espagne de quatre régiments, et
six pièces de canon, seront attachées au 2e corps; ce qui
le portera à 40,000 hommes d'infanterie, 6,000 de cavalerie, et, avec
l'artillerie et les sapeurs, à près de 50,000 hommes,
ayant cinquante-sept pièces de canon.
Le 3e corps sera commandé par le duc d'Auerstaedt et composé de
quatre divisions, dont trois de cinq régiments chacune, et la 4e
composée de quatorze 4e bataillons; chaque division commandée par trois généraux de brigade et ayant quinze pièces de
canon. Une division de cavalerie légère de….. régiments, la division de
cuirassiers Saint-Sulpice de quatre régiments, et six pièces de canon, seront
attachées à ce corps, ce qui le portera à 45,000 hommes d'infanterie, 6,000
hommes de cavalerie, et, avec l’artillerie, les sapeurs et les mineurs, à
près de 60,000 hommes, ayant soixante-six pièces de canon.
Le 4e corps
sera commandé par le duc de Rivoli et composé de quatre divisions françaises
formant 30,000 hommes, de 10,000 hommes d’infanterie, alliés, d’une
division de cavalerie légère de quatre régiments français et deux régiments
alliés formant plus de 5,000 hommes, et de soixante-huit pièces de canon
françaises ou alliées ; total, près de 50,000 hommes.
Le 7e corps
sera commandé par le duc de Danzig et composé du corps bavarois, fort de 30,000 hommes
d'infanterie et de 4,000 chevaux, avec près de soixante pièces de canon.
Le 8c corps·sera
composé de la division Dupas, forte de cinq bataillons français formant 4,000
hommes, el de quatre régiments des princes confédérés formant plus de 6,000
hommes; total : l0,000 hommes d'infanterie et douze pièces de canon; et
d'une division wurtembergeoise commandée par le général Vandamme, forte de
10,000 hommes d'infanterie et de 3,000 hommes de cavalerie; total, 20,000
hommes d'infanterie et trente pièces de canon. Ce corps sera commandé par le
duc de Castiglione.
Le 9e corps
sera formé par l’armée saxonne aux ordres du prince de Ponte-Corvo, et
composé de trois divisions réunies à Dresde et de deux du duché de Varsovie,
formant près de 50,000 hommes. Le prince de Ponte-Corvo aura sous ses ordres
l'armée saxonne, toutes les troupes du duché de Varsovie et les garnisons de
Glogau et de Danzig.
Le 10e corps
sera formé par la réserve, que commandera le roi de Westphalie, composé des
troupes westphaliennes , de 8,000 Hollandais qui sont à Hambourg, et des
troupes qui seront à Magdeburg, Stettin, Küstrin et Hambourg.
La réserve de
cavalerie sera commandée par le duc d'Istrie et composée de deux divisions de
cavalerie légère commandées, l'une par le général Lasalle et l'autre par le
général Montbrun, ayant deux généraux de brigade; de la division Nansouty,
formant six régiments et ayant douze pièces de canon; et de la division des six
régiments de dragons provisoires, formant 6,000 hommes et ayant six pièces de
canon.
La Garde
impériale sera composée de dix régiments d'infanterie, chacun de l,600 hommes,
de quatre régiments de cavalerie et de soixante pièces de canon, formant un
présent sous les armes de plus de 22,000 hommes.
Donnez tous les
ordres en conséquence.
Paris, 8 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
Mon Cousin,
j'ai reçu vos lettres du 4 et du 5. Je vois avec plaisir, par celle du 4, que
les divisions du 3e corps auront quinze pièces de canon chacune; ce qui fait
soixante pièces de canon, et, avec l'artillerie de la division de cuirassiers
Saint-Sulpice, soixante-six pièces de canon pour le corps aux ordres du duc
d'Auerstaedt. Je vois que la division Nansouty sera le 5 avril à la hauteur de
Donauwoerth. Je pense que vous avez donné ordre au régiment de marche de grosse
cavalerie de se diriger sur Donauwoerth pour y être dissous et incorporé. Je
suppose que, aussitôt que le 1er détachement de ma Garde et mes chevaux seront
arrivés à Strasbourg, vous les aurez passés en revue, et que, après avoir fait
donner à ma Garde ce qui lui aurait manqué, vous l'aurez dirigée avec mes
chevaux sur Stuttgart, où je désire qu'ils restent jusqu'à nouvel ordre. Il n'y
a aucune espèce de doute que le bataillon de marche du 19e, qui est
dans la citadelle de Würzburg, doive être incorporé dans ce régiment, et le
cadre retourner au dépôt. Donnez ordre au général Beaumont d'envoyer tous les
jours un état pareil à celui qui était joint à votre lettre du 5, sur la
formation des six régiments provisoires de dragons. Je vois qu'ils ont déjà
1,200 chevaux. Je suppose qu'avant le 1er ils auront 4,000 chevaux. Je n'ai pas
besoin de recommander qu'on les exerce fréquemment.
J'ai vu avec
plaisir que les fours d'Augsbourg ont été réparés, et que 25,000 quintaux de
farine vont être réunis dans cette place. Je vois par les états qu'il y a à
Augsbourg une pièce de 24, six de 18, vingt de 12, ce qui fait vingt-sept
pièces de gros calibre, quarante cinq de 6, neuf obusiers et six mortiers, en
tout quatre-vingt-sept pièces de canon, Si tout cela est approvisionné, c'est
déjà beaucoup. Cependant il est bon de faire venir, soit du côté de Nuremberg,
soit de Munich, quelques pièces de 24. Je me souviens qu'il y en avait beaucoup
et de très-belles du côté de Kronach. Vous pouvez aussi en tirer de Würzburg et
de Forchheim. Il faut qu'il y ait dans la place d'Augsbourg beaucoup de
cartouches et d'approvisionnements. Donnez ordre qu'on palissade les
demi-lunes, qu'ou emplisse d'eau les fossés et qu'on travaille avec la plus
grande activité; car mon intention est de rester maître d'Augsbourg et d'y
appuyer ma droite. Laissons les Autrichiens faire ce qu’ils veulent dans
le Tyrol, vu que je ne veux point m'engager dans une guerre de montagne.
Ecrivez à Varsovie que tous les Saxons doivent concentrés autour de Dresde; que
cependant le Roi peut laisser 2 ou 300 hommes d’artillerie saxonne dans
le grand-duché. Quand je dis de réunir tous les Saxons à Dresde, je ne veux
point parler de ceux qui sont à Danzig et dans les places de l'Oder, qui
doivent rester dans ces places. Ecrivez an prince Poniatowski qu'il doit former
la garde à cheval polonaise, qui doit lui fournir une dizaine de mille hommes;
ce qui, avec l'armée polonaise, fera beaucoup plus de monde qu'il n'en faut.
J'approuve que
tous les corps renvoient leurs aigles en France, hormis une, qu'ils garderont.
En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire
pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de
celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de
ralliement; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront
seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général
Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple
morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et
de l'autre le numéro du bataillon, comme par exemple, 4e bataillon du 6e
d'infanterie légère d'un côté, et de l'autre 1e demi-brigade
légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire
de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible.
Paris, 8 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
Mon Cousin, je
reçois votre lettre du 6 avril, dans laquelle vous me rendez compte que
quatre-vingt-dix bateaux ont été frétés. Faites moi connaître combien chacun
de ces bateaux peut porter. Aussitôt qu'il y aura un officier de marine
d'arrivé, il faudra l'envoyer parcourir le cours du Danube, d'Ulm à Passau,
pour bien connaître cette navigation. Mon intention est d'acheter beaucoup de
bateaux à Ratisbonne et à Passau. Ceux-là, je les achèterai à mon compte, et je
les ferai monter par les marins français. Il est important d'être maître de
manœuvrer sur les deux rives, afin de pouvoir faire, par la réunion de ces
bateaux, un ou deux ponts dans un moment.
Je vois que
vous ne savez pas trop la marche que vous devez suivre pour l'incorporation des
escadrons de marche. Je vous envoie le décret que j'ai pris, qui vous fera
connaître l'état de la question. Réglez-vous là-dessus.
Paris, 8 avril
1809
Au maréchal
Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, commandant le 9e corps de l’armée
d’Allemagne, à Dresde
Mon Cousin,
j'ai reçu votre lettre du 30 mars, avec celle du général suédois, du 15 mars,
et la réponse que vous lui avez faite. Ce malheureux roi de Suède a fini comme
tout le monde le lui avait prédit. Le major général a dû vous faire connaître
l'étendue de votre commandement et la direction que vous devez donner à votre mouvement en cas d'hostilités imminentes et qui
auraient lieu sans déclaration de guerre.
Paris, 8 avril
1809
Au capitaine
Lambert, commandant des frégates la Danaé
et la Flore, à Corfou.
Monsieur le
Commandant de nos frégates la Danaé et la Flore, vous partirez
sans délai pour Ancône. Vous embarquerez sur votre bord le cadre du 3c bataillon
du 2e régiment de ligne italien, ainsi qu'un bataillon de 600 Albanais, qui
montreraient de la bonne volonté pour venir servir en Italie. Si le gouverneur
n'avait pas reçu l'ordre du ministre de la guerre, vous lui présenteriez le
présent ordre, et l'exécutera comme s'il l'avait reçu directement de notre
ministre.
Dans le cas où
des forces supérieures ennemies seraient devant Ancône, vous vous rendriez à
Venise.
Vous
préférerez, en cas d'évènement, les ports de Dalmatie, de Cattaro, de Raguse ;
vous éviterez le port de Trieste et même les ports d’Istrie.
Si quelques
hommes des cadres des 3e bataillons du 14e régiment
d'infanterie légère et du 6e d’infanterie de ligne étaient
restés à Corfou, vous les embarquerez également pour qu'ils rejoignent leurs
corps.
Paris, 8 avril
1809
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan
Mon Fils, j'ai
lu avec intérêt les deux lettres du général Marmont, des 24 et 29 mars.
Continuez à l'instruire par le moyen de ces petites barques.
J'ai donné
ordre que deux corvettes, bonnes marcheuses, de 200 hommes d'équipage, qui
puissent entrer et sortir de Venise, partissent de Toulon pour s'y rendre. J'ai
également ordonné aux deux frégates que j'ai à Corfou de se rendre à Ancône. An
moyen de ces mesures réunies, vous vous trouverez avoir à Venise, en cas
d'événement, 600 matelots français des bâtiments qui sont à Ancône
actuellement, 1,100 des quatre bâtiments auxquels j'ordonne d'aller à Ancône;
total, 1,700 matelots français; ce qui, avec le double que j'ai de matelots
italiens, rendra Venise imprenable.
Paris, 8 avril
1809
A Elisa,
Grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Je reçois votre
lettre du 31 mars, Vous recevrez incessamment le décret que j'ai pris
pour régler toutes les affaires de la Toscane.
J'ai donné
ordre au ministre de la marine de mettre six petits bâtiments à votre
disposition, pour stationner entre Livourne et l'île d'Elbe.
Des quatre
compagnies de gendarmerie que j'envoie en Toscane, une est déjà arrivée à
Plaisance. J'ai ordonné qu'elle fût dirigée sur Florence. Mon intention est de
diriger cette force auxiliaire de gendarmerie, avec le général Radet, sur Rome.
Paris, 8 avril 1809
A Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples.
Il est nécessaire qu’il y ait un chiffre entre vous
et mon cabinet, afin de pouvoir correspondre sur des objets importants et dans
les cas où les chemins ne seraient pas sûrs. Je donne ordre qu’on vous en
envoie un.
(de Brotonne)
Paris, 9 avril
1809
Au comte de
Champagny, ministre des relations extérieure, à Paris
Monsieur de
Champagny, donnez ordre qu'on laisse continuer sa route au courrier autrichien
Beck, qui est retenu à Châlons. Il marchera à petites journées et sera
accompagné par un gendarme jusqu'à Munich. L'officier de gendarmerie qui l'a
arrêté lui donnera un reçu de ses dépêches conçu en ces termes : " Les paquets dont le sieur Beck,
courrier autrichien, était porteur, ont été mis à la poste et parviendront à Vienne par cette voie, et ce par
représaille de l'attentat inouï et contraire au droit des gens qui a été commis
par la police de Braunau envers un officier français, porteur de paquets du
chargé d'affaires de France pour sa cour, paquets qu'on a retenus et violés.
"
Paris, 9 avril 1809
Au général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Je reçois vos lettres
des 22 et 23 mars. Je suis fort aise de ce que vous me mandez des dispositions
de la Russie et surtout de M. de Romanzoff. Champagny vous envoie un courrier
pour vous faire connaître la situation des choses. Les Autrichiens, après
s'être rassemblés en Bohême, sont revenus sur Salzbourg. Ils rétrogradent
aujourd'hui sur Wels. Ils sont fort surpris de la force de mes armées, à
laquelle ils ne s'attendaient pas. Effectivement, soit en Dalmatie, soit en
Italie, soit sur le Rhin, je leur opposerai 400,000 hommes. Tout est en état.
Le prince de Neuchâtel est au quartier général. Daru, tout le monde, est à
l'armée. Une partie de ma garde et mes chevaux sont arrivés, il y a deux jours, à Strasbourg. L'autre partie est ici ou
arrive d'Espagne. J'ai augmenté ma garde de deux régiments de tirailleurs et de
quatre régiments de conscrits. Je vous ai écrit par ma lettre du 24 mars que,
si l'empereur voulait m'envoyer trois ou quatre divisions, du moment qu 'elles
auraient passé la Vistule, je me chargerais de leur nourriture et de leur
entretien; que, s'il veut agir isolément, il fasse marcher un corps de troupes
sur la Galicie. Un aide de camp du duc de Sudermanie arrive demain à Paris. Je vous expédierai dans quelques jours un nouveau
courrier; j'attends d'apprendre l'effet qu'aura fait la révolution de Suède en
Russie. Je vous envoie l'ordre que j'ai donné au commandant de l'escadre
russe à Trieste.
(Lecestre)
Paris, 9 avril 1809
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je vous renvoie
votre correspondance de l'armée d'Espagne. Écrivez au maréchal Jourdan qu'il
rend compte des événements comme s'il était historien; qu'il est inconcevable
qu'on laisse La Romana , sur les confins de la Galice, ravager les derrières du
duc d'Elchingen et du duc de Dalmatie; qu'il n'est pas question de discuter si
le duc d'Elchingen a bien ou mal manœuvré; qu'il était plus naturel
d'envoyer la division Lapisse culbuter La Romana et rouvrir les communications
avec le duc d'Elchingen; que je vois avec peine que l'armée n'est pas
commandée, et que ce défaut d'activité occasionnera des événements fâcheux; que
donner l'ordre au général Kellermann de marcher sur Villafranca est une
absurdité, puisqu'il n'a que de la cavalerie; qu'il peut bien marcher sur
Astorga et Benavente, mais non s'engager dans les montagnes; que lui ôter son
artillerie est une mesure fausse; que ce général se trouvera ainsi sans aucuns
moyens pour enfoncer une maison; que vous lui réitérez, ce que vous n'avez
cessé de lui mander, que la première opération à faire est de se mettre en
communication avec le duc d'Elchingen; que les plus grands malheurs peuvent
résulter de cette apathie et de cet oubli des premiers principes de la guerre;
que la division Lapisse est le corps le plus près, qu'il faut l'envoyer
sur-le-champ pour rétablir la communication entre le duc d’Elchingen et
Valladolid, et faire passer au duc d’Elchingen des instructions pour
qu’il s’organise mieux ; qu’il est inconcevable que, La
Romana étant aussi près d’Astorga et de Benavente, on s’expose
ainsi les garnisons de ces villes, qu’on n’en évacue pas les
hôpitaux, enfin qu’on ne prenne aucune mesure ; que ce n’est
pas ainsi qu’on commande une armée ; qu’il est de toute nécessité
de ne pas s’avancer dans le sud que le nord ne soit tranquille,
qu’on ne sache au vrai la situation des ducs d’Elchingen et de
Dalmatie, et qu’on ne se soit défait de La Romana ; qu’en
dirigeant les troupes avec tant d lenteur et de mollesse on ne fera pas, avec
les immenses armées qu’on a, ce qu’on ferait avec le quart ;
que marcher en Andalousie par deux routes nécessitera le maintien de deux
communications ; que cela ne peut dépendre désormais que de la situation
où l’on se trouvera. Engagez le général Kellermann à ne pas disséminer sa
cavalerie ni son artillerie, et à ne pas compromettre la tête de ses postes;
que sa conduite relativement à Astorga et Benavente est inconcevable, et qu'il
a très-mal fait de ne pas prendre des mesures dans des circonstances si
importantes.
Paris, 9 avril
1809
Au général Clarke,
comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Écrivez au
maréchal Jourdan que j'ai vu avec plaisir le rapport du général Sebastiani;
qu'il faut établir, de la Sierra Morena à Madrid, deux ou trois postes qu'on
pourrait placer dans de vieux châteaux, ou dans des positions naturelles, et où
l'on mettrait 800 hommes et un commandant
ferme, quatre pièces de canon et deux mois de vivres. Ces postes seraient là à
l'abri d'un coup de main et donneraient le temps de venir à leur secours.
Lorsque, par suite de l'expédition de Portugal ou de toute autre circonstance,
il s'agira de faire l'expédition d'Andalousie, ou même lorsqu'on voudra passer
la Sierra Morena, ces postes serviront de point d'appui pour l'évacuation des
malades, etc. Il ne manque pas de vieux châteaux et de belles positions dont
on peut profiter pour cela. Rien n'est faisable en Espagne si la communication
avec le duc de Dalmatie n'est pas rétablie, soit en passant par Alcantara, soit
du côté de Badajoz; répétez cela au maréchal Jourdan. Dites-lui que j'ai
l'espérance que le duc de Dalmatie sera arrivé le 15 mars à Oporto et le 30 à
Lisbonne; que ce ne sera que lorsque la jonction avec ce maréchal sera faite,
que lorsque Elvas et Badajoz seront investies par lui, qu'il sera possible de
s'engager dans l'Andalousie; qu'il faut, en attendant, assurer le passage du
Tage au pont d'Almaraz, et profiter de quelques positions naturelles ou
châteaux pour établir la communication de Merida avec Madrid.
Paris, 9 avril
1809
Au général
Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le
Général Clarke, donnez ordre au directeur d'artillerie de se rendre à l'île
d'Aix et d'y séjourner jusqu'à nouvel ordre, afin de veiller au bon service des
batteries et à la défense de ce point important. Il vérifiera s’il y a
des cartouches en quantité suffisante. Donnez ordre que la garnison de l'île
d'Aix et de la côte vis-à-vis soit portée à 4,000 hommes, tout compris.
Paris, 9 avril 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Les colonels des
régiments étrangers au service d'Espagne recrutent des soldats français.
Faites-leur connaître que je les ferai arrêter et traduire à une commission
militaire pour être punis comme embaucheurs.
Le colonel Hugo entre
autres se permet de pareilles impertinences. Notifiez-lui qu'il ait à renvoyer
tous les soldats français qu'il a pris dans son corps, et qu'au défaut d'obéir
promptement à cet ordre, je le ferai arrêter et juger par une commission
militaire comme transfuge et embaucheur. Louez le général Kellermann de la
fermeté qu'il a montrée dans cette circonstance.
(Lecestre)
Paris, 9 avril
1809
Au comte
Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Je vois à
l'article de Strasbourg, dans le Journal de Paris, un détail des mesures,
que j'ai ordonnées en Allemagne, comme la construction de fours et autres
objets importants. Si ce journal a mis cet article de son chef, tancez-le
vertement; s'il le tient du journal de Strasbourg, défendez à tout autre journal que ce soit de parler de ce qui se
fait à mes armées d'Allemagne. Il est singulier qu'on ne puisse rien faire sans
que les journaux servent d'espions.
Paris, 9 avril
1809
A Elisa,
Grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur,
le ministre de la guerre vous enverra un décret que je viens de prendre pour
l'armement de la Toscane. Vous pourrez sur-le-champ faire transporter une
partie des pièces nécessaires pour les châteaux de Florence, sans cependant
trop dégarnir Livourne. Il faut placer six pièces au moins dans les châteaux de
Florence et six dans le château de Sienne. Donnez des ordres pour assurer
l'exécution de toutes les mesures que j'ai prescrites dans le décret; ordonnez
que les commandants des différents châteaux s’y logent ; enfin
veillez à ce que le service se fasse conformément à mes intentions. Quant à
Orbitello, je manque de renseignements sur l’armement de cette place. Il
faut qu'il y ait à demeure, dans chacun de ces forts, un fond de garnison. .
Ainsi, faîtes placer vétérans dans chacun de des forts de Florence, pour y
faire le service des portes et y être à poste fixe ; faîtes-en placer 100
à Sienne, 100 à Orbitello, et 60 dans
chacun des forts de Livourne : cela emploiera ·4 à 500 vétérans. N’y aurait-il d’abord que ce nombre, cela serait
suffisant pour, dans un premier moment, mettre ces forts à l'abri d'un coup de
main et en état d'attendre des secours. Vous verrez par mon décret que j'ai
pourvu à ce que tous les Français qui sont à Livourne, à Sienne, à Florence,
aient au besoin des lieux de refuge assurés, et, en même temps, à ce que ces
villes puissent toujours être contenues en respect, en si petit nombre que s'y
trouvent les Français.
Paris, 9 avril
1809
A Jérôme
Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon Frère, le major
général vous fera connaître que je vous ai donné le commandement du 10e corps
de l'armée d'Allemagne, composé de vos troupes, des troupes hollandaises qui
sont à Hambourg, et des garnisons de Küstrin et de Stettin. Votre principale
fonction sera de maintenir la tranquillité depuis Hambourg jusqu'au Main. Dans
le courant de mai, je vous enverrai deux demi-brigades provisoires que je forme
à Wesel et à Mayence. Vous devez avoir 14,000 hommes de vos troupes. Il doit y
avoir clans la citadelle d'Erfurt un bataillon du prince Primat; je vous ferai
envoyer un bataillon de Würzburg; ce qui vous fera une vingtaine de mille
hommes, indépendamment des garnisons des places. Jusqu'à cette heure vous
n'avez autre chose à faire que d'exercer ces
troupes, de recevoir les états de situation des garnisons el de renforcer
autant que possible votre armée.
Si les Anglais
débarquaient à Hambourg ou à l'embouchure du Weser, vous seriez en état de vous
y porter et de dissiper les rassemblements d'insurgés qui se formeraient. Tâchez
d'avoir 18 ou 20 pièces de canon attelées, avec des cartouches et tout ce qui
est nécessaire. Il n'y a pas de mal, en attendant, de répandre le bruit que
vous commandez une armée de 40,000 hommes, formée de vos troupes, de troupes
hollandaises et d'un supplément de Français.
Paris, 9 avril 1809
Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris
Il faut faire venir La Rochejaquelein à Paris. Quand vous
L’aurez vu, vous lui ferez connaître que mon intention est qu’il
prenne du service.
(Lecestre)
Paris, 10 avril
I809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général, à Strasbourg
Mon Cousin, je
réponds à votre lettre du 7. J'ai arrêté le travail proposé par le ministre de
la guerre, parce qu'enfin on ne peut pas faire des choses impossibles. On doit
trouver en Bavière des munitions de guerre; on doit en envoyer de Mayence,
Neuf-Brisach, Huningue, par les charrois du pays, et d'Ulm sur Passau par le
Danube. Toute l'artillerie de l'armée est approvisionnée. Il y a une grande
quantité de cartouches d'infanterie. La proposition de ne mettre que 25 forges
au lieu de 45, et de ne pas donner d'approvisionnement attelé au parc général,
afin d'obtenir une réduction de 200 voitures, m'a parut raisonnable; cela
épargnera des attelages et des hommes du train. Si l'armée d'Allemagne a un
double approvisionnement attelé, soit aux divisions, soit aux parcs des corps
d'armée, soit au parc général, elle est bien. Avec double approvisionnement, il
y a de quoi soutenir trois grandes batailles comme celle d'Austerlitz; en
porter davantage est un embarras inutile. Mais il n'est pas douteux qu'un
double approvisionnement ne serait pas suffisant, si l'on n'en avait un
troisième en dépôt à quatre ou cinq journées sur les derrières de l'armée.
Ainsi, dans la situation actuelle, on doit avoir une réserve de cartouches
entre Ulm, Donauwoerth et Ingolstadt, dans des caisses qui se portent sur des
charrettes. Si l'armée marche du côté de l'Inn, par exemple, cet
approvisionnement de réserve devra venir à Passau, et l'armée qui serait en
avant de l'Inn aura ses deux approvisionnements et un troisième à Passau. Si
l'armée se portait sur Vienne, elle ne se trouverait éloignée que de 8 ou 10
jours de son troisième approvisionnement. Sans doute il en faudrait alors un
quatrième pour remplacer le troisième et pour que l'armée pût le trouver en cas
d'un évènement de retraite. Un principe que le général Songis ne doit pas
perdre de vue, c'est qu'il n'y a rien de pis que d'avoir des voitures non
attelées; ce n'est qu'un embarras. Il faut avoir des caisses qu'on transporte
sur les charrettes du pays, et à cinq ou six jours derrière l’armée, et
dans des lieux désignés pour servir de dépôts. Il n’y a point une
division de l’armée qui n’ait 60 cartouches par homme portant fusil
attelées á sa suite ; ainsi il y a donc à la suite de chaque corps
d’armée 100 à 120 cartouches. Le parc général en a quelques-unes à sa
suite ; le soldat en a 50 dans le sax, et il en a 60 dans les dépôts, qui
peuvent arriver à quatre ou cinq jours de distance pour renouveler celles
consommées.
Ainsi donc 150
cartouches attelées, soit à la division, soit au corps d’armée, feraient
pour l’armée 15 millions de
cartouches ou 900 caissons ; 50 cartouches dans le sac feraient 5
millions, et 5 millions dans les dépôts sur les derrières, en échelons,
feraient 25 millions de cartouches, ou 200 par homme. Les dépôts doivent être à
Ulm, Donauwoerth, Passau, Ingolstadt, et faire leur mouvement en échelons.
En résumé, je
suis satisfait si les corps de l'armée ont 10 millions le cartouches, soit à la
division, soit au parc du corps d'armée; je le suis si l'armée en a 5 millions
pour les soldats, 5 millions au parc général et 5 millions en réserve à
transporter par eau ou par les voitures du pays; enfin je le suis s'il y a un approvisionnement simple de coups de canon réparti
dans les différents dépôts, en échelons, et se remplaçant successivement.
Paris, 10 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
Mon Cousin, les
4,000 hommes d'infanterie, les 600 hommes de cavalerie et les deux pièces de
canon qui traversent le Tyrol pour rejoindre le corps du duc de Rivoli, me sont
relatés comme devant arriver à Augsbourg le 19; ce qui me ferait penser qu'ils
arriveraient le 12 ou le 13 à Innsbruck. Envoyez-leur des instructions pour
que, si l'ennemi faisait des mouvements, il ne leur arrive aucune mauvaise
venture, et qu'ils ne prennent point une fausse direction.
Paris, 10 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
Mon Cousin,
faites bien connaître au général Oudinot, aux ducs de Rivoli et d'Auerstaedt,
qu'on ne doit se servir des outils attachés aux corps d'armée que devant
l'ennemi, et que les travaux d'Augsbourg, d'Ingolstadt, de Passau, des têtes de
pont, doivent être faits avec des outils du pays ou des outils de réserve;
qu'il faut faire reposer les chevaux des voitures qui portent les 6,000 outils
des corps, et qu'il est bon qu'il y ait sur ces voitures
quelques câbles pour faciliter le raccommodage des ponts el le passage des
rivières. Donnez le même ordre au commandant du génie, afin que ces 6,000 outils partent toujours avec l'armée et en
suivent les mouvements.
Paris, 10 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
Mon Cousin,
donnez ordre sur toute la ligne aux commandants des divisions militaires, aux
commandants d'armes et commandants de gendarmerie, qu'on ne laisse passer le
Rhin à aucun soldat isolé, autre part qu'à Strasbourg. Donnez ordre qu'il soit
mis sur le pont de Strasbourg un poste d'un officier et de.15 hommes, el d'un
officier de gendarmerie et de 4 gendarmes, qui empêcheront le passage de tout
homme marchant isolément. On doit former à Strasbourg autant de dépôts qu'il y
a de corps d'armée, où les hommes isolés se reposeront, seront habillés, armés
et formés en compagnies. Ces compagnies devront être au moins fortes de 200
hommes et ne partiront que par les ordres du major général. Chaque compagnie
prendra le nom de première ou deuxième compagnie du 2e corps d'armée, par
exemple, etc. L'inspection de ces compagnies doit toujours être passée par le
général commandant à Strasbourg, afin d'être assuré que tous les hommes out
leurs habits, leurs souliers, leurs armes et leurs cartouches, et qu'ils
parlent dans le plus grand ordre.
Paris, 10 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE PARVENUE À STRASBOURG LE 13 À
MIDI
Je pense que
l'empereur d’Autriche doit bientôt attaquer.
Rendez-vous à
Augsbourg pour agir conformément à mes instructions, et, si l’ennemi a
attaqué avant le 15, vous devez concentrer les troupes sur Augsbourg et
Donauwoerth, et que tout soit prêt à marcher.
Envoyez ma
Garde et mes chevaux à Stuttgart.
(En
marge de la dépêche on lit ces mots écrits par le major général : «J'ai
l'honneur d'observer à Sa
Majesté que cette dépêche télégraphique ne me parvient qu'aujourd'hui à Augsbourg, le16 avril, à six heures du matin)
Paris, 10 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Strasbourg
Mon Cousin, je
vous ai écrit par le télégraphe la dépêche ci-jointe.
Des dépêches
interceptées, adressées à M. de Metternich par sa cour , et la demande qu'il fait
de ses passeports, font assez comprendre que l’Autriche va commencer les hostilités, si elle ne les a déjà commencées. Il
est convenable que le duc de Rivoli se rende à Augsbourg avec son corps, que
les Wurtembergeois se rendent également à Augsbourg, et que vous vous y
rendiez de votre personne. Ainsi vous aurez en peu de temps réuni à Augsbourg
beaucoup de troupes. Communiquez cet avis au duc de Danzig. La division Saint
Hilaire, les divisions Nansouty el Montbrun doivent être à Ratisbonne depuis le
6. Le duc d'Auerstaedt doit avoir son quartier général à Nuremberg. Prévenez-le
que tout porte à penser que les Autrichiens vont commencer l'attaque, et que,
s'ils attaquent avant le 15, tout se reploie sur le Lech. Vous communiquerez
tout cela confidentiellement au roi de Bavière. Écrivez au prince de Ponte-Corvo
que l'Autriche va attaquer; que, si elle ne l'a pas fait, le langage et les
dépêches de M. de Metternich font juger que cela est très-imminent; qu'il
serait convenable que le roi de Saxe se retirât sur une de ses maisons de
campagne du côté de Leipzig. Prévenez le général Dupas pour qu'il ne se trouve
point exposé et pour que, en cas que l'ennemi attaque avant que son mouvement
ne soit fini, il se concentre sur Augsbourg. Comme les Autrichiens sont fort
lents, il serait possible qu'ils n'attaquassent pas
avant le 15; alors ce serait différent, car moi-même je vais partir. Dans tous
les cas, il n'y aurait pas d'inconvénient que la cour
de Bavière se tint prête à faire un voyage à Augsbourg.
Si l'ennemi ne
fait aucun mouvement, vous ferez toujours faire celui du duc de Rivoli sur
Augsbourg, celui des Wurtembergeois sur Augsbourg ou Rain, selon que vous le
jugerez convenable, et celui de la cavalerie légère des divisions Nansouty et
Saint-Hilaire sur Landshut ou Freising, selon les événements. Le duc
d'Auerstaedt aura son quartier général à Ratisbonne; son armée se pelotonnera à une journée autour de cette ville, et cela dans tous les
événements. Les Bavarois ne feront aucun mouvement si l'ennemi n'en fait pas.
Quant à la division Rouyer, elle se rapprochera de Donauwoerth si elle ne peut
pas attendre la division Dupas.
Paris, 10 avril
1809
Au général
comte Bertrand, commandant le génie de l’armée d’Allemagne, à
Augsbourg
Monsieur le
Général Bertrand, j'ai reçu votre lettre du 7. Je suppose que celle-ci vous
trouvera à Augsbourg. Pourrait-on mettre de l'eau dans les fossés de la
citadelle d'Augsbourg ? Ne serait-il pas convenable de construire au pont de
Neubourg une petite tête de pont, qui serait protégée par l'enceinte même de la
place ? Cet ouvrage aurait l'avantage de flanquer toute la face. Ne serait-il
pas convenable de fermer les batteries MM
de manière qu'on ne pût pas les tourner à la gorge ? Cela aurait l'avantage
que, si l'ennemi passait le Lech, il ne pourrait pas s'avancer sur les troupes
qui seraient dans l'enceinte de la tête de pont. Quelle est la partie des
environs qui serait inondée, si les fossés d'Augsbourg étaient pleins d'eau ?
Il me semble que le seul point attaquable d'Augsbourg est la hauteur du côté de
la Wertach, ou bien de l'autre côté, du côté de Landsberg. Faites travailler
avec la plus grande activité dans cette place, afin que, mon armée marchant en
avant, je puisse y centraliser mes dépôts
et que, avec un ramassis de 5 à 6,000 hommes qui se trouvent toujours sur les
derrières d'une grande armée, je n'aie rien à craindre d'une division d'élite
de l'ennemi de 15 à 20,000 hommes.
Je pense
qu’il est inutile que vous alliez à Wurtzbourg. Il est plus utile que
vous alliez à Ingolstadt. Mon intention est de mettre mes dépôts dans cette
place lorsque je prendrai la ligne du Lech, et d’y laisser garnison.
Je vous ai
envoyé, il y a peu de jours, mes mémoires sur Passau. Il sera nécessaire que
vous vous y rendiez pour voir ce qu’on peut faire. Faîtes reconnaître le
cours du Danube depuis Donauwoerth jusqu’à Passau, pour bien avoir la
situation des rives, savoir s’il y a des ponts en pierre, et quels moyens
il y aurait de les défendre. Faîtes faire une reconnaissance particulière de
Ratisbonne. Je lis dans votre lettre que les trois têtes de pont du Lech
doivent être armées et terminées : je voudrais qu’il fut possible
d’établir de doubles têtes de pont sur les deux rives, d’abord pour
s’en servir dans tous les sens, et pour que les troupes n’aient
rien à craindre du premier cavalier qu’elles verraient sur l’autre
rive ou du bruit d’une tentative de l’ennemi pour passer la
rivière : c’est ce qui arrive ordinairement et rend peu utiles les
têtes de pont, au lieu que, lorsqu'on est fermé de tous côtés, qu'on a des
baraques et des vivres pour douze jours, on a du sang-froid et le temps de
voir. Bien entendu que la partie de la rive droite du Lech doit être la plus
forte.
Paris, 10 avril
1809, onze heures du matin
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Udine
Mon Fils, tout
porte à croire que les Autrichiens auront commencé les hostilités hier,
aujourd'hui ou demain. S'ils attaquent avant le 15, j'ai donné ordre que mon
armée d'Allemagne se repliât sur Augsbourg et sur le Lech, afin de pouvoir m'y trouver moi-même pour diriger les premiers coups. Portez
sans retard votre quartier à Pordenone; placez la division Broussier entre
Pontebba et la Chiusa, la division
Grenier entre la Chiusa et Venzone, la division Lamarque à Osoppo, la division
Barbou à Udine, la division italienne du côté d'Udine, l'autre du
côté de Codroipo. Concentrez toute l'armée, car les hostilités sont imminentes.
Donnez le commandement de Venise au général Vial; ordonnez l'armement et
l’approvisionnement de cette place, et de la forteresse de Porto-Legnago.
La division Barbou, une division italienne et quelques régiments de cavalerie sons les ordres du général Baraguey d'Hilliers
doivent suffire pour tenir en respect ce que l'ennemi peut avoir du côté de
Goritz et sur le chemin de Trieste, et vous, avec les divisions Grenier, Seras,
Broussier, Lamarque, la garde italienne, une division italienne, la cavalerie
nécessaire , et même la division Barbou si l'ennemi n'était pas en force sur la
gauche de l'Isonzo, tenez-vous prêt à déboucher et à attaquer à Tarvis, en
évitant les retranchements de l'ennemi et de vous casser le cou sur ses
redoutes.
On m'assure que
le 15 le télégraphe doit communiquer avec Milan; il me tarde bien de savoir que
cette communication est ouverte. Je ne perds pas un moment à vous envoyer cette
lettre; je donne l'ordre à Lavalette de vous l'envoyer par une estafette
extraordinaire, qui partira ce matin à midi au lieu de minuit.
P. S. Vous pouvez, si vous le jugez convenable, employer Grenier, Macdonald,
Baraguey d'Hilliers comme vos lieutenants.
Écrivez en
chiffre à Marmont.
Donnez ordre
aux bricks italiens et français qui sont à Ancône de se rendre à Trieste.
Paris, 10 avril
1809
A Joseph
Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid
Mon Frère, je reçois
votre lettre du 2 avril, avec la nouvelle de la victoire du maréchal Vidor.
J'avais reçu, deux jours avant, la nouvelle du succès du général Sebastiani. Le
ministre de la guerre vous envoie des nouvelles de ce qui se passe en
Catalogne. Il paraît que le défaut de subsistances a fait penser au général
Saint-Cyr qu'il devait se rapprocher de Barcelone.
Le roi de Suède
a été culbuté. Le duc de Sudermanie m'a écrit pour me demander la paix; il est
régent du royaume. L'Autriche pousse ses mouvements. Je suis fondé à penser
qu'elle attaquera le 15. Demain ou après je pars pour l'armée.
Ne vous engagez
point imprudemment, et, par-dessus tout, empêchez La Romana de soulever le
nord; la division Lapisse paraît placée pour cette opération.
Je manque de
généraux de cavalerie. Le général Lasalle a eu ordre de revenir; je ne sais
pourquoi on ne l'a pas fait partir. Il y a en Espagne plus de généraux de
cavalerie qu'il ne faut, et l’Espagne est le pays où il y en a le moins
besoin, puisqu’il n’y a pas de manœuvres de cavalerie à faire.
Je ne sais pas
comment le général Junot pourrait marcher sur Valence, à moins d’y
envoyer le 5e corps, et je le fais venir dan la Biscaye, pour le
diriger ou sur le nord ou sur la France, selon les évènements. Les Asturies et
la Galice finiront par vous jouer un mauvais tour, si vous les négligez.
Paris, 10 avril 1809
Au général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Il résulte des
mouvements des Autrichiens et des lettres que j'ai interceptées, qu'ils
commenceront les hostilités au plus tard du 15 au 20. Le prince Kourakine m'a
remis ce matin la lettre de l'empereur. J'ai reçu du duc de Sudermanie une
lettre que j'ai montrée à Kourakine. J'attendrai pour lui répondre si je
recevrai (sic) encore des nouvelles de Russie.
Toutefois ma réponse sera vague. Champagny vous écrit plus en détail. Si
l'empereur ne se presse pas d'entrer en pays ennemi, il ne sera d'aucune
utilité. Ses généraux seront prévenus du moment où les hostilités auront
commencé, quoique je pense que vous en serez instruit avant par le chargé
d'affaires russe à Vienne. Il
paraît, par les lettres
interceptées, que l'empereur d'Autriche se rend lui-même à un quartier
général, probablement à Salzbourg.
(Lecestre)
Paris, 11 avril
1809
Au général
Lacuée, comte de Cessac,
Faites-moi
connaître si deux régiments de co0nscrits de la Garde me coûtent plus ou moins
cher qu'un régiment de ligne de cinq bataillons de 3,900 hommes, et quelle est
la différence. J'ai idée que je dois avoir une grande économie dans les
formations de conscrits; j'ai de l'économie dans l'administration et dans le
moindre nombre d'officiers. En ayant deux régiments de vieille Garde, 3,600
hommes, deux régiments d'infanterie, 3,600 hommes, quatre régiments de
tirailleurs, 6,400 hommes, quatre régiments de conscrits, 6,400 hommes, cela
fait 20,000 hommes; ce qui forme un beau corps d'armée. En temps de paix, on
peut faire entrer les sous-officiers dans la vieille Garde et n'avoir que deux
régiments de vieille Garde, deux de tirailleurs et deux de conscrits, et même
moins, et cependant, en temps de guerre, en appelant la réserve, on aurait
reformé le corps tel qu'il est aujourd'hui en moins de trois mois.
Paris, 11 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Augsbourg
Mon Cousin,
donnez ordre au duc d'Auerstaedt de faire lever tous les ponts qu'il avait
laissés sur le Main el de rappeler tous les pontonniers qui s'y trouvent.
Paris, 11 avril
1809
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Udine
Mon Fils, la 4e
demi-brigade provisoire, qui se réunit à Milan, doit être forte de 2,520
hommes. Les 15e, 16e et 17e demi-brigades
provisoires, qui se réunissent à Alexandrie, et la
demi-brigade provisoire italienne, doivent être de la même force; ce qui fera
une réserve de 13,000 hommes, existant sur les derrières de l'armée. Les dépôts
doivent, je crois, près de 5,000 hommes pour compléter les régiments qui sont à
votre armée; donnez ordre qu'ils comblent ce déficit. Les compagnies des 5e
bataillons sont partout en marche pour former ces quatre demi-brigades. Pour
bien former la 14e demi brigade, que vous devez fournir avec les 5e bataillons
qui sont à Milan, ordonnez que chacun de ces bataillons ait à envoyer une
compagnie à Lodi, ce qui fera neuf compagnies, et, aussi tôt qu'il sera
possible, la seconde compagnie. Lorsque cette demi-brigade sera formée,
dirigez-la sur Vérone. Le colonel en second qui doit la commander doit être
arrivé. Aussitôt que la demi-brigade italienne sera formée, envoyez-la
également à Vérone ; nommez un de vos vieux généraux pour la commander. Elles
seront à Vérone en bon air et en bonne situation pour se former; et vous serez
en mesure d'occuper et d'éclairer soit Montebaldo, soit les gorges du Tyrol, ou
de jeter des garnisons dans les places. Je ferai avancer sur Plaisance les
trois autres demi-brigades qui se forment à Alexandrie, aussitôt qu'elles
seront formées. Faites-moi connaître si je puis compter que ces demi-brigades
seront formées et auront plus de 13,000 hommes au 25 avril.
Paris, 11 avril
1809
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Udine
Mon Fils, vous
devez tenir à Cadore un officier italien intelligent; vous l'autoriserez à
lever des compagnies de tirailleurs de Cadore, de 100 hommes chacune. Ces
tirailleurs seront habillés le plus à la légère possible. On choisira, autant
que faire se pourra, des hommes qui aient servi et sur lesquels on puisse le
plus compter. Cet officier correspondra avec les Bavarois, et pourra vous
transmettre rapidement des nouvelles des mouvements que les Autrichiens
feraient dans la vallée de la Drave. En revenant de Trente par Tolmezzo, si
vous êtes dans le Frioul, vous serez instruit très promptement de ce qui se
passe. Faites-moi tracer par un ingénieur topographe la route de Cadore dans la vallée de la
Piave, celle qui est carrossable, en faisant connaître combien de jours il
faudrait pour la mettre en état. Il faut faire reconnaître aussi une route qui
de Sacile irait à Cadore. Faites également reconnaître par un ingénieur géographe et bien tracer la route de Tolmezzo à Osoppo, par la rive
droite du Tagliamento. Faîtes bien
reconnaître la route qui déboucherait entre les retranchements des Autrichiens
et Tarvis.
Paris, 11 avril
1809
A Elisa,
Grande-Duchesse de Toscane, à Florence
Ma Sœur, quand
le 62e de ligne et le 23e léger seront arrivés, faites-les partir pour Bologne, car
les hostilités sont imminentes. La guerre commencera du 15 au 20. Ce sont les
Autrichiens qui attaquent. Les Russes sont avec moi .Je vais partir ces
jours-ci pour mon armée d'Allemagne.
J'avais ordonné
la formation d'un bataillon de vélites et d'une garde d'honneur; vous ne me
parlez point de cette formation. Je vous enverrai d'ailleurs bientôt une
demi-brigade de marche, composée de conscrits de cette année et forte de 2,500 hommes. Les quatre compagnies de gendarmerie que je vous
envoie vous donneront aussi un renfort de 300 gendarmes.
Paris, 11 avril 1809
Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de
la guerre, à Paris
Monsieur le général Clarke, le major Ameil (Auguste Amiel, 1775 – 1822), du 27e chasseurs,
qui est un bon soldat, mais une mauvaise tête, est en prison à Paris pour discussion avec son colonel
(le duc d’Arenberg). Il faut
l’envoyer au quartier général du général Montbrun qui
l’emploiera. Ce major se distinguera et fera oublier ses sottises.
(de Brotonne)
Paris, 12 avril
1809
Au général Clarke, comte de
Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Je ne veux
employer dans l'intérieur aucun des généraux qui n'ont pas passé le temps de la
révolution en France. Il faut, en général, que cela vous serve de règle.
Paris, 12 avril
1809
NOTE POUR LE COMTE TREILHARD, PRÉSIDENT DE LA SECTION DE
LÉGISLATION DU CONSEIL D'ÉTAT, A PARIS.
L'apanage de
Carignan existe-t-i1 en droit, nonobstant les circonstances politiques ?
S'il existe, et
dans le cas où Sa Majesté consentirait à transférer la jouissance des titres
d'apanage dans la possession des biens libres et dégagés de toute substitution
et réversibilité à la Couronne, quels sont les droits de la branche cadette et
quelle est la portion de l'apanage qu'en bonne et loyale justice on doit donner
à cette branche ?
Si l'apanage
est considéré comme éteint et n'existant plus, quel est le propriétaire des
biens constituant l'apanage, quels sont les ayants droit à l'usufruit et quelle
est la condition tant de la branche cadette que de la branche aînée ?
Le document le
plus important à prendre en considération dans l'examen de ces questions est le
traité du 19 frimaire an VII, par lequel il fut stipulé, article 8, que le
prince de Carignan, dont la conduite avait toujours été favorable aux Français,
et qui refusa de suivre le Roi, jouirait de ses biens, maisons et autres
propriétés s'il restait en Piémont, et pourrait toujours en sortir en vendant
ses biens, et en usant ainsi de la faculté accordée, article 5, à tous les
autres habitants du Piémont.
Paris, 12 avril
1809, huit heures du soir
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Augsburg
Mon Cousin, il
est huit heures du soir et le télégraphe me donne la moitié de votre dépêche,
d'où il résulte, par une lettre d'Otto, que les Autrichiens auraient passé
l'Inn et déclaré la guerre. Je suppose que vous êtes à Augsbourg et que vous
avez centralisé toute mon armée sur le Lech. Il faut envoyer des ordres à la
division Dupas de se rendre en droite ligne et à grandes marches sur
Donauwoerth, ainsi qu'au général Rouyer. Je me mettrai en route dans deux
heures; je serai le 14 à Strasbourg.
Paris, 12 avril
1809
A Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à
Augsbourg
Mon Cousin,
recommandez bien au maréchal duc d’Auerstaedt de ne rien laisser à
Nuremberg, Bamberg, Würzbourg et Bayreuth ; que les caisses de l'armée
restent avec lui ou se rendent à Mayence, de sorte que, Forchheim, Kronach,
Würzburg venant à être pris et la cavalerie ennemie inondant le pays, je ne
perde rien pour ce qui est nécessaire à la défense.
Paris, 12 avril
1809, onze heures du soir
A Eugène
Napoléon, vice-roi d’Italie, à Valvasone
Mon Fils, à
peine arrivé à Vérone ou à Trente, je suppose que vous aurez appris que les
Autrichiens ont commencé les hostilités, et que vous vous serez porté à votre
quartier général en Frioul. Le télégraphe m'apprend seulement que les
Autrichiens ont passé l'Inn et, par là, déclaré la guerre. Je crois vous avoir
déjà fait connaître que mes instructions étaient que, si les Autrichiens
attaquaient avant le 15, on se repliât derrière le Lech, où je serai de ma
personne le 15. J'attends avec impatience d'apprendre ce qu'ils auront fait en
Italie; mais toutes les nouvelles me portent à croire qu'ils veulent rester là
sur la défensive.
Vous aurez
centralisé votre armée dans le Frioul; vous aurez placé une division dans le
débouché de Pontebba, et pour menacer constamment de vous porter sur Tarvis. Je
pense que vous aurez eu soin qu'il n'y ait aucun embarras à Udine, que tous les
dépôts de cavalerie ainsi que les hôpitaux soient au delà de la Piave;
Palmanova, Osoppo, contiendront vos derniers embarras. Libre ainsi de tout,
vous vous conduirez selon les mouvements de l'ennemi. Autant que je peux le
calculer, les principales forces de l'ennemi seront à Tarvis ; si cela est, il
ne se portera pas sur Goritz et se concentrera à Laybach.
Laissez sur
l'Isonzo de la cavalerie et une douzaine de mille hommes, et portez-vous avec
toute l'armée sur Tarvis, en ne donnant rien au hasard et en évitant les
retranchements que l'ennemi a fait faire, afin de ne pas se casser le nez
contre des redoutes. Je suppose que la route du Tyrol sera difficile;
écrivez-moi par l' duplicata par le Saint-Gothard et par l'estafette ordinaire;
j'ai déjà donné l’ordre qu'elle passe par Chambéry et traverse la Suisse.
Réunissez bien toute votre armée; instruisez Marmont des hostilités. Je vous ai
déjà recommandé de placer la 14e demi-brigade provisoire à Vérone et de faire
venir la division composée du 62e, des 23e et 22e légers par Bologne et Ferrare
en grande marche sur Trévise, afin de vous servir de réserve. Laissez Miollis à
Rome. Vous pouvez nommer Grenier, Baraguey d'Hilliers et Macdonald vos
lieutenants généraux, en leur laissant leurs divisions; ils en commanderont
deux, puisqu'ils sont plus anciens.
Faites venir à
Venise les bricks italiens et français qui sont à Ancône. Je pense que vous
devez faire désarmer la frégate française l'Uranie et faire passer l'équipage, officiers, soldats et
matelots, à Venise, où ils seront d'un bon service pour la défense des lagunes.
Réitérez les
ordres pour que Venise soit bien armée et approvisionnée. Ne vous pressez pas,
voyez ce que fait l'ennemi ; ses dispositions doivent vous servir de règle.
Paris, 12 avril
1809
A Louis
Napoléon, roi de Hollande, à Amsterdam
La guerre est
déclarée. Les Autrichiens ont passé l'Inn le 9, sans déclaration de guerre et
sans manifeste, sans même prévenir leur ambassadeur. Levez des hommes,
organisez vos gardes nationales et vos troupes pour vous défendre. Il y a longtemps que je ne cesse de vous dire cela. Il ne sera
plus temps s'il vous arrive des malheurs.
Paris, 12 avril
1809, au soir.
A Jérôme
Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel
Mon Frère, vous
aurez sans doute appris que les Autrichiens ont passé l'Inn le 9. D'après les
ordres que j'ai donnés, mes troupes se concentrent sur le Lech. Je pars dans
une heure pour Strasbourg. Probablement je continuerai pour me rendre sur le
Lech.
Le major
général doit vous écrire pour votre commandement.
Faites
connaître ce qui se passe au général Dupas, qui marche sur Würzburg, afin qu'il
marche éclairé. Toutes mes troupes se concentrent sur le Danube. Ayez
l'œil sur tout ce qui se passe du côté de Dresde, en Hanovre et du côté de
Hambourg. Mais actuellement, c’est surtout du côté de Dresde et de
Bayreuth qu’il faut avoir l’oeil. Mettez-vous en communications avec
les commandants des provinces, et soyez prêt avec vos troupes pour contenir les
coureurs, s’il y en a.
Faites évacuer
Altona par mes troupes; les Danois l'occuperont.
Vous pouvez
prendre quelques Hollandais pour mener à votre camp volant.
Paris, 12 avril
1809
A Charles,
prince de Suède, duc de Sudermanie, à Stockholm
Mon Frère, j'ai
reçu la lettre de Votre Altesse Royale du 17 mars. Elle n'a pas tort de croire
au désir que j'ai de voir la Suède heureuse, tranquille et en paix avec ses voisins.
Ni la Russie, ni le Danemark, ni moi n'avons fait la guerre à la Suède de plein
gré; nous avons, au contraire, tout fait pour éviter des malheurs qui étaient
faciles à prévoir. Je me suis empressé de faire part à ces cours des
dispositions de Votre Altesse Royale. Je me flatte que leurs sentiments seront
conformes aux miens, et j'espère qu'il ne tiendra pas à nous que la Suède soit
rendue au bonheur et à la tranquillité. Aussitôt que je connaîtrai les
intentions de mes alliés, j'en ferai part à Votre Altesse. En attendant,
qu'elle ne doute pas de l'estime que je porte à sa nation, du bien que je lui
désire, et des sentiments que m'ont depuis longtemps inspirés les vertus et le
caractère de Votre Altesse.
NAPOLEON.
Paris des
Tuileries, 13 avril 1809
ORDRE DU SERVICE PENDANT
L'ABSENCE DE S. M. L'EMPEREUR ET ROI.
Nous avons
réglé, pour être exécutés pendant la durée de notre absence, les dispositions
suivantes.
Tous les
ministres correspondront avec nous pour les affaires de leur département.
Néanmoins, ils se rassembleront, le mercredi de chaque semaine, dans la salle
des séances du Conseil d'État et sous la présidence de l'archichancelier. Ils y
porteront les objets de détail et du contentieux de leur administration,
lesquels seront remis à l'archichancelier pour nous être transmis dans la forme
ordinaire.
Nous entendons,
en général, que toutes les affaires qui, dans l'ordre ordinaire du gouvernement
et de l'administration, ont besoin de notre signature, continuent à nous être
présentées à cet effet.
Toutes les fois
qu’un ministre jugera nécessaire une conférence avec d'autres ministres
pour traiter une affaire de son département, il en fera la demande à
l'archichancelier, qui convoquera à cet effet les ministres dont le concours
sera jugé nécessaire.
Les ministres
nous écriront tout aussi souvent qu'ils auront à nous entretenir des affaires
de leur département.
Toutes les
lettres nous seront adressées directement.
Paris, 13 avril
1809
Au général
Clarke, comte de Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le
Général Clarke, mon ministre de la guerre, il est nécessaire de remettre
sur-le-champ en réquisition les 6,000 gardes nationaux du camp de Saint-Omer,
en ajoutant le département de la Somme à ceux qui ont fourni. Vous vous
concerterez pour cela avec le ministre de l'intérieur et celui de la police.
Vous donnerez le commandement de cette garde au général Rampon et vous enverrez
le général Sainte-Suzanne pour commander le camp de Boulogne.
Envoyez le
général Degrave pour commander l'île d'Oléron; il faut qu'il y ait au moins
1,500 hommes de garnison. Faites fermer à la gorge la
batterie.
Aussitôt que le
bataillon qui se forme à Maëstricht sera réuni, envoyez-le à Gand, pour rejoindre la demi-brigade provisoire qui s'y
forme, et où doivent se trouver les trois autres bataillons de cette
demi-brigade. Pressez la formation de cette demi-brigade, qui est nécessaire
pour la défense de l'Escaut.
Envoyez Je
général Dumuy prendre le commandement de la 8e division militaire.
Strasbourg, 15
avril 1809
Au comte de
Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de
Champagny, je vous envoie des lettres de Burghausen. Il est convenable de faire
mettre dans les journaux l'extrait des nouvelles officielles de Munich, afin de
prévenir toute nouvelle. Il faut d'abord mettre la
lettre de l’archiduc Charles qui déclare que les hostilités sont
commencées et le lendemain l’extrait des dépêches des 10, 11 et 12. Il faut
avoir soin que M. de Metternich ne s’échappe point. J'apprends qu'on
retient mes légations, et celle de la Confédération du Rhin. Entendez-vous
là-dessus avec le ministre de la police. Il faut faire mettre dans les journaux
des articles qui fassent voir l'indignité de la conduite de l’Autriche
d’attaquer, tandis qu'elle déclare vouloir rester sur la défensive, et
lorsque les légations n’ont pas encore été rappelées.
Strasbourg, 15
avril 1809l.
A Eugène
Napoléon, vive-roi d’Italie, à Cassano
Mon Fils, je
suis à Strasbourg. Je vous ai écrit de Paris. Menacez beaucoup, mais ne vous pressez
en rien et marchez avec précaution.
Le 12, les
Autrichiens n'avaient pas dépassé Mühldorf. Je suppose que la colonne de 5,000
hommes venant d'Italie à Augsbourg par le Tyrol aura rétrogradé et n'aura pas
continué sa marche sur Innsbruck, que les Autrichiens pourraient occuper avant
elle.
L'Impératrice
est à Strasbourg, Dans une heure je passe le Rhin.
Je laisse les
Autrichiens maîtres du Tyrol, afin de les y envelopper s'ils s'enfournaient de
votre coté. Ayez soin
d'avoir deux barques armées à Peschiera, qui battent le lac.
Strasbourg, 15
avril 1809
A Jérôme
Napoléon, roi de Westphalie, à Brunswick.
Mon Frère,
ayant appris que les Autrichiens avaient passé l’Inn, je suis parti de
Paris. J'arrive à Strasbourg. Le 12, aucune affaire d'avant-garde n'avait eu
lieu, et les Bavarois ont ordre de se concentrer derrière le Lech et de rester
dans les mêmes positions.
Réunissez vos
troupes et faites passer par les armes le premier mutin qui remue chez vous.
Vous avez dans votre commandement Hambourg et les Hollandais qui y sont ;
vous aurez sans doute envoyé quelqu'un pour les reconnaître.
Je serai ce
soir à Stuttgart et probablement demain à Donauwoerth.
Envoyez-moi
toutes les nouvelles que vous auriez de la Saxe; et, s'il arrivait que les
Autrichiens attaquassent de ce côté-là et que les Saxons fussent obligés de se
retirer, faites tout ce qui vous sera possible pour les aider.