1 – 9 mai 1809
Braunau, 1er mai 1809
Au comte Fouché, ministre de la police
générale, à Paris
Je ne puis voir qu'avec peine que les
journaux impriment les proclamations françaises d'après les traductions
allemandes, de manière qu'ils font qu'on ne parle pas français. Quand on ne les
leur fait pas mettre, ils devraient bien attendre et ne pas me faire parler
comme un traducteur. En pareil cas, les journaux doivent ne pas mettre mon nom,
et de la traduction faire une analyse, en la mettant eux-mêmes en bon français,
s'ils ne veulent pas attendre la proclamation originale.
Braunau, 1er mai 1809, dix heures du matin
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne
Le général Vandamme aura son quartier général
à Altheim, y réunira son infanterie légère et tout ce qu'il pourra des
Wurtembergeois, dans le jour ou dans la nuit.
Braunau, 1er mai 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne
Donnez l'ordre qu'il soit formé à Braunau un
dépôt de cavalerie et un d'infanterie, et que tous les hommes fatigués des
deux armes y soient laissés. Mettez à la suite des dépôts de cavalerie un
officier de cavalerie. Les petits dépôts formés entre le Danube et l'Isar
seront laissés à Landshut, et ceux formés entre l'Isar et l'Inn seront laissés
à Braunau.
Braunau, 1er mai 1809.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne
Le point de dépôt principal de l'armée est
Passau. C'est là où, en cas de retraite, mon intention est de passer l'Inn, et
c'est autour de Passau que j'ai le projet de constamment manœuvrer en cas
d'un mouvement rétrograde de l'armée. Braunau, Schärding, Burghaus en
sont pour moi des points indifférents. Mon intention est de laisser constamment
à Passau au moins 10,000 hommes de garnison; Passau doit donc être le centre de
toutes mes munitions de guerre, magasins de réserve et de tous mes hôpitaux.
Communiquez la copie de cette dépêche au
général d'artillerie, au général du génie et à l'intendant de l'armée, pour que
chacun s'y conforme dans les détails de son service.
GÉNIE.
Passau a un fort sur la rive gauche du
Danube, à l'abri d'un coup de main; il faut qu'il soit constamment
approvisionné pour 1,000 hommes pendant quatre mois.
Passau est un isthme de 400 toises, ayant
ancienne enceinte, fossé et contrescarpe. Il est nécessaire que cette enceinte
soit armée, le fossé nettoyé et une demi-lune établie devant la porte, qui
flanque toute l'enceinte. Par ce moyen, cette place sera à l'abri d'un coup de
main, même avec une petite garnison. Mais cette enceinte est dominée par une
hauteur sur laquelle il sera établi un fort revêtu en bois comme l'est celui de
Praga; mais, en attendant, il aura toute la force d'un ouvrage de campagne.
Enfin, lorsque ces premiers ouvrages seront avancés, on fera sur la rive gauche
du Danube un ouvrage qui augmentera la solidité et la force de ce fort. On
prendra tous les moyens pour remplir les trois buts suivants:
1° Se rendre maître absolu du cours de l'Inn
et de celui du Danube, de manière que rien ne puisse passer sans être coulé
bas;
2° Être maître du pont du Danube et pouvoir
manœuvrer sur les deux rives sans que l'ennemi puisse l'empêcher;
3° Être maître du pont de l'Inn de manière à
pouvoir manœuvrer sur les deux rives sans que l'ennemi puisse l'empêcher.
Comme il n'y a point de temps à perdre en
discussion, vous ferez connaître au général du génie que je lui donne plein
pouvoir pour commencer les travaux, en remplissant ces différents buts.
Comme je suis dans l'intention de laisser une
garnison à Passau, il y aura suffisamment d'hommes pour sa défense. La place
sera inattaquable, parce que l'ennemi devra ouvrir la tranchée contre l'ouvrage
en terre, situé favorablement, avant d'approcher l'enceinte de la place. On déblayera
le pourtour de la ville sur le côté qui fait face à l'Inn et sur celui qui
fait face au Danube, et l'on cherchera à placer des pièces sur l'enceinte et là
où cela pourra être favorable à la défense de la place.
On établira sur la rive droite de l'Inn un
camp retranché et un réduit, de manière que le pont soit situé à l'abri de
toute attaque et que 1,000 hommes puissent le défendre contre 10,000, et de
manière aussi que 12 ou 15,000 hommes puissent y trouver un refuge et s'y
battre avec avantage.
Ordonnez au général du génie qu'il y ait deux
compagnies de sapeurs. Le général Chambarlhiac sera chargé en chef de conduire
ces travaux. Il faut qu'il ait suffisamment d'officiers du génie pour
travailler à tous les ouvrages à la fois. Qu'il donne au général Chambarlhiac
l'argent nécessaire pour les travaux. Comme je laisse là 10,000 hommes de
garnison, ils pourront fournir 5,000 travailleurs par jour, indépendamment de
4, ou 5,000 paysans.
On reconnaîtra bien les routes qui arrivent à
Passau et particulièrement celle de la rive droite du Danube qui le descend
sans passer à Schärding et qui remonte du côté de Straubing, de manière que, si
l'ennemi était maître de l'Inn, on pût se retirer sans lui prêter le
flanc.
ARTILLERIE
Le travail de l'artillerie pour Passau
doit être considéré sous deux points de vue, comme devant contribuer à la
défense de la place et comme dépôt de l'armée.
Comme contribuant à la défense de la place:
on fera venir toute l'artillerie prise à l'ennemi sur le champ de bataille de
Ratisbonne, les douze pièces du pont de Rain, dont j'ai ordonné que six
fussent à Schärding; enfin on fera venir des pièces de 21 et des obusiers soit
d'Augsbourg, Würzburg et du haut Palatinat; mais il faut que l'artillerie soit
en grande quantité. L'isthme ayant 400 toises, le pourtour autour de la
rivière et les ouvrages, tout cela doit demander l'emploi au moins de cent
pièces de canon. On y placera un colonel d'artillerie, deux officiers en
résidence, deux compagnies d'artillerie, une escouade d'ouvriers, un artificier
et, en outre, trois compagnies d'artillerie bavaroise.
Comme dépôt de l'armée: c'est là où doivent
être les armes de rechange, les ateliers d'armuriers, les cartouches de canon
et d'infanterie qui doivent être en première ligne. On fera venir d'Ulm et
d'Augsbourg les munitions qui s'y trouvent, sauf à remplacer à Augsbourg les
munitions qui doivent être en deuxième ligne. On observera que tout le pays
entre Vienne et Passau peut être franchi en peu de jours; que Passau n'est qu'à
80 lieues de Vienne, que l'on peut faire en dix jours. Il n'y aura plus aucun
transport d'artillerie ni sur Burghausen, Braunau ou Schärding; tout doit être
à Passau et à Augsbourg.
INTENDANT
GÉNÉRAL
Ce service se considère également sous deux points de vue:
Pour la défense de Passau, il faut des
magasins, en biscuit, farine et eau-de-vie, pour 10,000 hommes pendant quarante
jours, des hôpitaux pour 3,000 malades et enfin tous les dépôts de
l'armée.
On maintiendra toujours comme magasin de
réserve un million de rations de biscuit, deux millions de rations de farine,
de l'eau-de-vie en proportion, 200,000 rations d'avoine, de manière à avoir
pour toute l'armée pendant trente jours, et que 150,000 hommes puissent
manœuvrer autour pendant quinze jours. Un événement peut me forcer à
évacuer Vienne; mon intention est de manœuvrer autour de Passau.
Le dépôt général de la cavalerie sera établi
le long de l' Inn et du Danube; Passau sera le quartier général; c'est là où
seront les selles, brides, pour remonter la cavalerie.
Vous ferez comprendre aux trois chefs
d'administration combien le point que je leur donne est favorable pour le
transport et les arrivages; au commandant du génie combien ce point lui est
favorable, puisqu'il a à sa disposition les bois de l'Inn et du Danube.
Mon intention est que, sur les 810 marins du
bataillon qui est en marche, 210 restent à Passau pour activer les travaux, et
que l'on fasse dans le pays des réquisitions d'ouvriers, enfin que l'on
n'épargne rien pour activer ces travaux.
MARINE.
A la position de Passau est aussi attachée la
navigation du Danube.
Le bataillon de marins qui est à la hauteur
d'Augsbourg se dirigera sur Passau; vous ordonnerez au général du génie sous
les ordres de qui il sera, de faire faire, en s'entendant avec les ingénieurs
de la marine et le capitaine Baste, six barques bastinguées et armées, pour
être maître du Danube. On achètera pour mon compte des barques pour le double
objet de transporter des troupes et de construire des ponts sur le Danube et
sur l'Inn. On aura soin d'enrôler des pilotes, que l'on conservera en les
payant bien.
Braunau, 1er mai 1809
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt,
commandant le 3e corps de l'armé d'Allemagne, à Straubing
Mon Cousin, l'empereur était hier à
Sternberg. Le prince Louis était derrière l'Enns avec les débris de son
corps. Le général Hiller est près de Steyer. Demain je serai à Linz et sur la
Traun; arrivez le plus tôt possible à Passau. Il paraît qu'ils ont brûlé le
pont de Linz. Ils comptent sur le pont de Mauthausen pour communiquer avec
le prince Charles. Il est probable que nous leur enlèverons ce pont avant
qu'ils aient pu se joindre; le prince Charles ne pourra se réunir alors qu'à
Krems ou sous Vienne. La division Dupas se dirige par Donauvœrth et Ingolstadt
sur Ratisbonne et sur Passau; envoyez·-lui l'ordre, ainsi qu'à la division
Rouyer, de se porter sur Passau, vu que 8 ou 10,000 hommes me sont nécessaires
à Passau pour garder mes derrières. Si le général Dupas n'était pas arrivé, je
serais obligé d'y laisser une de vos divisions, cc qui serait fort malheureux.
Activez votre marche le plus que vous pourrez pour vous porter d'abord à Passau
et ensuite sur Linz tandis que nous marcherons en avant. Le général Dupas avec
un corps de 10,000 hommes sera suffisant pour garder Passau. Vous trouverez à
Passau le général Bertrand . J'ai ordonné qu'on travaillât aux ouvrages de
cette place avec la plus grande activité; qu'on établît sur l'Inn des ouvrages
tels que 40,000 hommes ne puissent pas forcer la division Dupas; qu'on rétablît
également l'enceinte qui forme la presqu'île; qu'on fît une demi-lune flanquée
et un ouvrage sur la hauteur; qu'on réunît sur-le-champ à Passau des vivres
pour 10,000 hommes pendant un mois. Quant à l'artillerie, le général Dupas a
ses onze pièces attelées. J'ordonne que les six pièces qui étaient à Straubing
avec la compagnie bavaroise se dirigent sur Passau; faites-y passer les pièces
autrichiennes qui ont été prises à l'ennemi sur les différents champs de
bataille, pour servir à l'armement de cette place. Il est convenable de ne rien
laisser à Ratisbonne; faites venir la division wurtembergeoise et autres corps
qui s'y trouveraient, à Passau. Cependant, jusqu'à ce que le prince de
Ponte-Corvo soit arrivé, il est prudent de laisser sur le Danube un ou deux
régiments de cavalerie légère, pour empêcher les incursions de l'ennemi du côté
de la Bohême.
A Passau, il y a un bourgeois qui a pris au
collet un capitaine de sapeurs et a failli le faire prendre prisonnier; faites
arrêter cet individu et faites-le juger par une commission militaire.
Accélérez votre marche. J'ai intercepté
beaucoup de courriers; l'alarme est à Vienne et on travaille à l'évacuer.
Braunau, 1er mai 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à
Caldiero.
Mon Fils, mon quartier général sera ce soir à
Ried. Je ne doute pas que l'ennemi ne se soit retiré devant vous; il faut le
poursuivre vivement, en venant me joindre le plus tôt possible par la
Carinthie. La jonction avec mon armée pourra se faire au delà de Bruck. Il est
probable que je serai à Vienne du 10 au 15 mai. Aussitôt que vous serez à
Villach, vous enverrez des partis sur Spital pour se joindre au corps que j'ai
à Salzburg.
Braunau, 1er mai 1809
A Frédéric, roi de Wurtemberg
Je reçois la
lettre de Votre Majesté du 28 avril. Les princes de Hohenlohe, de Stadion,
etc., doivent être jugés plus d'après le code politique que d'après le code
civil. Ce sont des princes qui ont cessé de l'être; leurs droits et leurs
prétentions font ombrage à la souveraineté. Dans tous les temps, leurs biens
auraient été confisqués. L'acte de la Confédération les a traités
favorablement; mais il leur a imposé des obligations. La première était
l'obéissance à leur souverain.
Je pense donc que Votre Majesté, sans
entrer dans des formes civiles, doit déposséder les Hohenlohe, etc., s'ils se
sont mal comportés, séquestrer leurs personnes et confisquer leurs propriétés,
en leur accordant une pension pour les mettre à l'abri de l'indigence. On ne
doit aucun ménagement à des hommes qui n'ont usé de l'existence que leur
donnait leur fortune, que pour exciter des désordres. Le seul moyen de leur
ôter leur influence est de leur ôter leurs propriétés. Votre Majesté aura
bientôt communication d'un décret qui a pour objet, comme mesure de haute
politique, de séquestrer les princes et les comtes qui ne se sont pas conformés
à l'acte de la Confédération. En France, les Français qui portent les armes
contre moi ne sont que du ressort de la justice criminelle; mais mon opinion
est qu'il est plus dans la nature des choses que tout ce qui était prince ou
immédiat soit jugé par le droit politique.
(Lecestre)
Wels, 3 mai 1809
Au maréchal Lannes, duc de Montebello,
commandant le 2e corps de l'armée d'Allemagne, à Kremsmünster
Je voulais attendre des nouvelles pour vous
expédier votre aide de camp; comme elles tardent, je vous le renvoie.
Portez-vous aujourd'hui sur Steyr; envoyez un
régiment de cavalerie légère sur Kronsdorf par Neuhofen.
Le duc d'Istrie et le général Oudinot
arrivent aujourd'hui à Enns, et probablement le duc de Rivoli.
Je resterai aujourd'hui à Wels. Donnez-moi
des renseignements sur l'état du chemin, dans cette saison, de Steyr à
Amstetten; on le dit bien mauvais.
Le duc d'Auerstaedt est aujourd'hui à Passau
avec son corps; il sera après-demain à Linz.
P. S. Toute l'instruction générale
aujourd'hui est de faire le plus de mal possible au corps qui se retire à Linz.
Enns, 4 mai 1809
Au général Clarke, comte d'Hunebourg,
ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, mon ministre de
la guerre, j'avais ordonné que trois régiments provisoires de dragons se
rendissent à Hanau. Je viens d'ordonner que deux de ces régiments se dirigent
sur Augsbourg; un seul restera à Hanau. J'ai désigné le 6e, si ce régiment
fait partie des trois qui ont marché de ce côté.
Ayez soin que le régiment provisoire qui est
à Hanau soit formé le plus tôt possible, et qu'à cet effet les hommes destinés
pour ce régiment se dirigent sur Mayence, au lieu d'aller à Strasbourg.
J'ai passé la Traun, comme vous le verrez dans
le bulletin; je jette un pont sur l'Enns, que je passerai demain. M'éloignant
ainsi, j'ai ordonné que, indépendamment du corps d'observation du Weser qui se
réunit à Hanau, il se forme à Augsbourg une division de réserve composée de
cinq régiments provisoires de dragons, du régiment de Berg, d'un régiment de
Wurtemberg et de plusieurs corps tirés de la Bavière.
Correspondez avec le général Beaumont, afin
que, s'il y avait quelques mouvements du côté du Tyrol, mes frontières en
soient instruites de bonne heure.
Le but de cette réserve est de protéger les
terres de la confédération des partisans et de toute espèce de mouvements.
Activez le plus que vous
pourrez la formation des régiments provisoires.
Je vous ai déjà écrit pour la formation
à Augsbourg du 65e régiment. Il y a déjà les officiers et 200 hommes ;il y
arrivera encore 400 hommes sortant des hôpitaux. Dirigez sur Augsbourg ce qu'il
y a au dépôt et les conscrits destinés pour ce régiment. Concertez-vous avec le
général Dejean pour diriger sur Augsbourg tout ce qui est nécessaire pour ce
régiment.
Je ne reçois aucun compte d'Italie. Envoyez des officiers pour savoir ce qui
s'y passe et connaître les pertes que l'on a faites, soit dans les batailles,
soit dans le Tyrol, afin que le général Dejean les porte en compte et que l'on
donne aux régiments de cavalerie dont les dépôts sont en Piémont de quoi les
réparer.
Le 14e régiment de chasseurs à cheval a
beaucoup perdu dans une charge à Ratisbonne; ayez soin de lui faire donner ce
qui lui manque.
Les deux excellents bataillons de tirailleurs
corses et les tirailleurs du Pô ont beaucoup perdu au combat d'hier; ayez soin
que le général Lacuée leur donne tous les Corses et 300 hommes de plus des
conscrits du Piémont. Ces bataillons ont un excellent esprit.
Ayez soin que tous les hommes qui partent de
Strasbourg soient formés en bataillons de marche de 600 hommes, avec
numéro. Dirigez-les d'abord sur Augsbourg, et ensuite sur Passau, qui devient
le centre des mouvements, administrations et magasins de l'armée.
Les régiments de cuirassiers qui ont leurs
dépôts en Piémont sont faibles; j'ai ordonné que tout ce qui est en Espagne
soit effacé; ne perdez pas un moment pour les compléter, afin que dès que ma
jonction sera faite avec l'armée d'Italie, ces détachements puissent venir me
joindre.
Il faut calculer que mes régiments de
carabiniers et de cuirassiers ont perdu, l'un dans l'autre, chacun 100 chevaux;
il faut donc qu'on leur donne des hommes et des chevaux; mais surtout
recommandez qu'on prenne des chevaux vieux, car des jeunes chevaux ne servent à
rien.
Enns, 4 mai 1809.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne, à Enns
Donnez ordre au général Vandamme de partir sur-le-champ
pour prendre position à Linz avec sa division. Il fera rétablir le pont et
former une tête de pont. Il organisera les magasins et prendra le commandement
de toute la province. Si son infanterie ne pouvait pas y être aujourd'hui,
qu'au moins il y soit avec sa cavalerie, et qu'il prenne des mesures pour
qu'aucun prisonnier ne se sauve.
Enns, 4 mai 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne, à Enns
Donnez l'ordre à M. Daru de nommer un
intendant pour la province de la haute Autriche et un commissaire
ordonnateur pour le service de l'armée.
Donnez l'ordre au duc d'Auerstaedt, aussitôt
qu'il sera à Linz, de faire réparer le pont et de faire travailler à une tête
de pont.
Le général Vandamme placera des troupes
de cavalerie, infanterie et artillerie sur la rive gauche, aussitôt que le pont
sera avancé; il organisera la province. Vous lui ferez connaître que pendant
tout le temps que le duc d'Auerstaedt sera à Linz il aura le commandement
supérieur de la province, et que lui-même sera sous les ordres du duc
d'Auerstaedt.
Enns, 4 mai 1809.
Au maréchal Lannes, duc de Montebello,
commandant le 2e corps de l'armée d'Allemagne, à Steyer
Mon Cousin, le général
Claparède avec sa division a passé hier, à midi, le pont d'EbeIsberg, a
pris de vive force la ville. Toute l'armée autrichienne, forte de 30 ou 40,000
hommes, était rangée en bataille dans la plus belle position. L'ennemi ayant
tiré des obus sur la ville y a mis le feu, qui a pris avec une telle rapidité
qu'on n'a pu, pendant trois heures, communiquer avec le général Claparède, qui
a tenu contre cette multitude. Le général Legrand est arrivé, qui a décidé la
retraite de l'ennemi avec deux régiments. On a fait 4,000 prisonniers et pris
quatre pièces de canon et un drapeau. Mais notre perte est forte; on ne
peut l'évaluer
à moins de 400 tués et 8 à 900 blessés. Je suis arrivé avec les divisions
Nansouty et Molitor, et l'affaire était déjà finie. Aussitôt que j'ai su qu'ils
avaient la sottise d'attaquer de vive force cette position renommée, et la
seule redoutable sur la Traun qu'il fallu enlever, je me suis douté de
quelque échauffourée.
L'ennemi a passé en désordre toute la nuit. Nous sommes entrés à la pointe du
jour à Enns. :Il y a laissé tous ses magasins et a brûlé le pont,
qu'on va remplacer par un pont de radeaux, qu'on espère finir dans la
journée.
Les divisions Oudinot et Molitor sont ici avec le corps du duc de Rivoli.
Aussitôt que j'aurai reçu vos lettres de Steyr et que je saurai si vous avez pu
rétablir le pont, je vous ferai connaître les mouvements de demain.
Enns,
4 mai 1809
A
Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à San-Pietro.
Mon
Fils, j'ai passé la Traun et l'Enns. J'ai eu hier un combat à Ebelsberg,
où j'ai fait 6,000 prisonniers. Je n'ai point de vos nouvelles depuis le 23,
c'est-à-dire depuis onze jours. Je ne sais rien, si ce n'est par
les gazettes autrichiennes. Vous me dites qu'une colonne s'est laissé
couper dans le Tyrol, mais vous ne me dites pas quelle était sa force, ni
de quels corps d'infanterie et de cavalerie elle était composée. Si vous
n'envoyez pas au ministre de la guerre un état de vos pertes, comment peut-il
les connaître ? Quant à moi, mes manœuvres sont en l'air 1 parce que je ne sais ni où
vous êtes, ni ce que vous avez fait, ni ce que vous avez perdu. Le monde
ne pourra pas croire que je ne sache pas encore ce que vous avez fait depuis le
1l avril. Je vous l'ai écrit, depuis, tant de fois, que je suppose que vous
m'enverrez relation et état de situation. Je suppose, quand vous lirez cette
lettre, que je serai à Vienne. Je devrais savoir par vous-même l'état de
l'armée ennemie qui est contre vous, et qui va tomber sur mon flanc droit.
Comme je suis trop loin pour protéger les Alpes et les départements de la 27°
division, ayez soin d'envoyer l'état de vos pertes au ministre de la guerre. Le
pire de tout est de ne pas connaître la vérité. Comment est-il possible au
Gouvernement de réparer les pertes s'il ne les connaît pas ?
Enns, 4 mai 1809
A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart
Monsieur mon Frère, j'ai passé hier la Traun. Il y a eu un combat à Ebelsberg,
où j'ai fait 6,000 prisonniers. On travaille aujourd'hui à rétablir le
pont sur l'Enns. M'éloignant ainsi de mes derrières, j'ai formé un corps
d'observation à Hanau et une division de réserve à Augsbourg. Elle sera
commandée par le général sénateur Beaumont, composée de cinq régiments
provisoires de dragons, forte de près de 3,000 hommes. Je désire que le
régiment que Votre Majesté veut me donner pour garantir la Souabe
soit joint à cette division. Le général Beaumont a particulièrement pour
instruction de correspondre avec mes ministres à Munich, Stuttgart et
Carlsruhe, de veiller à la sûreté des trois cours, de surveiller ce qui viendrait
du Tyrol et de se porter partout où il y aurait des insurrections.
Enns, 5 mai 1809, huit heures
du matin
Au maréchal Davout, duc
d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Baierbach
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 3 mai.
Je suppose que vous arrivez aujourd'hui à LInz. Vous y trouverez
les instructions du major général pour l'organisation de la province. Faites
abattre partout les armes de la Maison d'Autriche. Laissez la garde bourgeoise,
si elle est peu nombreuse. Ordonnez un désarmement général. Faites mettre le
séquestre sur les caisses et magasins. Nommez une commission pour administrer
la province. Faites réparer le pont de Linz. Le général Vandamme avec les
Wurtembergeois doit se trouver à Linz; le pont une fois réparé, il faut
travailler à une tête de pont où les Wurtembergeois puissent tenir contre une
force égale ou double. Le pont fini, faites une incursion pour avoir des
nouvelles de ce qui se fait en Bohême. Ralliez votre corps à Linz, où je
suppose qu'il sera rallié demain; approvisionnez-vous de vivres et donnez-lui
un peu de repos. Prenez des mesures pour vous réparer de toutes les
consommations faites; écrivez-moi un mot là-dessus.
Correspondez tous les jours avec le général
Dupas. Laissez-lui le 12e régiment de chasseurs. Faites
rentrer tous les escadrons de marche, afin de les incorporer dans les corps
respectifs. Ordonnez aux généraux Dupas et Rouyer de ne pas garder une seule
ordonnance des escadrons de marche; rien n'est plus nuisible au service. Envoyez-moi
l'état de situation de la division Dupas. Recommandez-lui d'activer les mesures
pour faire arriver des cartouches d'infanterie et à canon, et de faire travailler jour et
nuit aux fortifications qu'a tracées le général Bertrand, afin que dans huit ou
dix jours sa division puisse se défendre contre des forces quadruples.
Prescrivez-lui d'avoir des détachements d'infanterie et des piquets de
cavalerie sur Deckendorf et de veiller sur ce que fait l'ennemi de ce côté.
Tant qu'il n'est pas menacé d'être attaqué, il peut avoir trois colonnes de 4
ou 500 hommes avec des pelotons de cavalerie et deux ou trois pièces
d'artillerie légère, longeant le Danube et protégeant cette partie contre les
partisans ennemis; bien entendu que la division française restera toujours
réunie. Il doit se mettre en correspondance avec les baillis bavarois pour
avoir des nouvelles de ce qui se passe.
On entend ce matin du canon; je suppose que
c'est vous qui passez le long du Danube. Recommandez qu'on ne prenne pas cette
route et qu'on passe par Efferding, en faisant un détour par Strasam, Dirnau,
etc. Le duc de Montebello passe à Steyr. Ici, à Enns, le pont est entièrement
brûlé. Je fais jeter un pont de bateaux qui sera fini à midi. L'ennemi a
disparu de ce côté; même à Mauthausen et sur la rive gauche du Danube on ne
voit plus rien. J'attends avee impatience mes 2,000 marins qui sont partis le
28 de Strasbourg, pour avoir quelques bateaux armés sur le Danube.
Il résulte des correspondances interceptées
que l'on a intérêt de cacher beaucoup de choses à Linz.
Enns, 5 mai 1809
Au maréchal Lannes, duc de Montebello,
commandant le 2e corps de l'armée d'Allemagne, à Steyr
Il est sept heures; les bateaux sont encore à
une lieue du pont; on me rend compte qu'ils seront placés avant midi;
ainsi, probablement, le pont sera terminé ce soir. Calculez là-dessus et
ne vous avancez pas. De ce côté-ci, nous ne voyons pas d'ennemi sur
la rive gauche du Danube, ni sur la rive droite de l'Enns. Je suppose que
c'est votre mouvement qui les a fait disparaître sur la rive droite de
l'Enns. Si le pont est fini à
huit heures, la cavalerie ira près de Strengberg.
Enns, 5 mai 1809
A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie,
commandant le 10e corps de l'armée d'Allemagne, à Cassel
Monsieur mon Frère, on vous a envoyé de
Mayence mon régiment d'infanterie du grand-duc de Berg. Actuellement vous
devez avoir des Hollandais et des Français, qui, dans ces circonstances, sont
plus sûrs. Je désire donc que, dès que ce régiment ne vous sera plus
nécessaire, vous le dirigiez sur Augsbourg, où j'en ai besoin. J'ai également
pensé qu'à Hanau le 6e régiment provisoire de dragons, fort de 600
hommes et qui le sera de 1,000, suffisait; j'en ai tiré deux compagnies
provisoires. Si vous préfériez garder le régiment du grand-duché de Berg et
envoyer en place un de vos régiments d'infanterie, je ne vois point de
difficulté à ce changement, qui peut avoir de l'utilité
Il y a eu hier un combat à Ebelsberg, où
j'ai fait 6,000 prisonniers. Il est probable que sous peu de jours je serai à
Vienne.
Indépendamment du corps d'observation du
Weser que j'ai réuni à Hanau, j'ai formé une division de réserve que commande
le général sénateur Beaumont et qui est réunie à Augsbourg.
Enns, 5 mai 1809, neuf heures du matin
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt,
commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Baierbach
Mon Cousin, je suppose que vous êtes arrivé à
Linz.
Le général Vandamme a 3 ou 4,000 hommes sur
la rive gauche.
Il me semble que ces hommes sont bien exposés
si le pont n'est pas promptement rétabli; n'omettez donc rien pour qu'il le
soit le plus promptement possible.
J'ai ordonné qu'on travaillât à une tête de
pont ; mettez-y la plus grande activité.
La journée d'aujourd'hui reposera un peu
votre corps, mais j'ai bien besoin d'avoir des renseignements sur ce que
fait le prince Charles. Le duc de Montebello a passé hier Steyer; ce matin, le
corps d'Oudinot et une division du duc de Rivoli ont passé l'Enns ici; tout
cela va se réunir à Amstetten. Le mouvement qu'ont fait l'archiduc Louis et le
général Hiller sur Linz, dans la journée du 3, fait penser qu'ils espéraient se
joindre là avec l'archiduc Charles. Un général-major qui a été fait prisonnier
par le général Vandamme, et qui commandait la landwehr de Bohême, m'a dit ce
matin qu'il était sous les ordres du général Klenau, mais qu'il avait reçu
l'ordre de l'état-major de passer sous ceux du général Hiller. Tout cela fait
supposer que le prince Charles espérait d'abord se réunir à Linz. Selon les
renseignements que vous m'avez envoyés, il m'a paru que le prince Charles ne
pouvait pas être sur Linz avant le 6 ou le 7. Je suppose qu'il aura pris aujourd'hui
la direction de Krems ou de Vienne.
Enns,
5 mai 1809
Au
comte Fouché, ministre de la police général, à Paris
Qu’est-ce
qu’un nommé La Chalumelle, avocat, qu’on me désigne comme un
malveillant, et qui tient de très mauvais propos au palais de justice ?
(Brotonne)
Enns, 6 mai 1809, dix heures du soir
Au maréchal Lannes, duc de Montebello, commandant
le 2e corps de l'armée d'Allemagne, à Steyr
Le duc d'Istrie a passé à quatre heures
du matin le pont d'Enns, se dirigeant sur Amstetten. Le général Oudinot, les
divisions Molitor et Boudet l'ont passé. La division Claparède va suivre.
Le duc d'Auerstaedt est à Linz avec tout
son corps d'armée; le général Vandamme a passé le Danube à Linz et
envoie des partis sur Budweis pour avoir des nouvelles de l'ennemi.
Enns, 6 mai 1809, midi
A L'Impératrice Joséphine, à Strasbourg
Mon amie, j'ai reçu ta lettre. La
balle qui m'a touché ne m'a pas blessé; elle a à peine rasé le tendon
d'Achille. Ma santé est fort bonne; tu as tort de t'inquiéter. Mes affaires ici
vont fort bien. Tout à toi.
P. S. Dis
bien des choses à Hortense et au duc de Berg
Enns, 6 mai 1809
Au comte de Champagny,
ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur de Champagny, je vous envoie un
courrier de Pétersbourg que j'ai reçu ici. Expédiez à M. de Caulaincourt un
courrier pour lui faire part de nos succès. Écrivez-lui en chiffre qu'il doit
ne rien signer sur l'état futur de la Maison d'Autriche et ne plus s'en
entretenir, mais écouter et m'instruire, regardant les circonstances comme
changées.
P. S. Je vous envoie des lettres du sieur
Bourgoing et un long mémoire, que je n'ai pas lu, sur un individu. Prenez les mesures que vous
jugerez convenables.
Enns, 6 mai 1809, dix heures du matin
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt,
commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Baierbach
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 6 mai,
à une heure après midi. Les ducs de Montebello et d'Istrie ont passé
l'Ybbs et l'Erlaf. On a fait 500 prisonniers; l'armée ennemie se sauve dans le
plus grand désordre. Nous serons demain à Melk. Faites aller vos 300,000
rations de pain en trois convois de 100,000 rations chacun. Mettez des hommes
intelligents à la tête de chaque convoi. Ordonnez-leur de ne jamais aborder sur
la rive gauche, mais toujours sur la rive droite. Que le premier convoi vienne
aborder au village d'Ybbs, près l'embouchure de la rivière de ce nom, d'où on
lui donnera l'ordre de continuer sur Melk, selon les circonstances. Le deuxième
convoi peut aborder plus loin et se faire avertir par le premier s'il peut
avancer. Indépendamment de l'avantage d'avoir du pain, nous aurons celui de pouvoir
faire un pont à Krems avec ces bateaux, ce qui est d'une grande
importance.
J'avais fait préparer, dans la campagne
dernière, une tête de pont à Linz. Cette tête de pont doit être une espèce
de camp retranché, où 10,000 hommes puissent se défendre contre une force
triple ou quadruple, avec un réduit. Faites-y travailler avec la plus grande
activité; c'est extrêmement important. Être dominé n'est rien; le principal est
de donner le temps à des troupes d'arriver et de déboucher par là, ou à ceux
qui défendent le pont, de se retirer et de le brûler.
Enns, 6 mai 1809
A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à
Castelfranco.
Mon Fils, c'est aujourd'hui le 6 mai, et je
n'ai pas de nouvelles de vous. Mon avant-garde est à Amstetten; nous serons
dans peu de jours à Vienne, et j'ignore tout de mon armée d'Italie. Les
Autrichiens disent dans leur rapport qu'ils vous ont pris trois aigles, seize
pièces de canon et 6.000 prisonniers. Vos lettres ne me disent rien;
j'ignore si ces relations sont vraies ou fausses. J'ai besoin aussi d'avoir des
renseignements sur l'armée qui vous est opposée. Vous devriez m'écrire trois
fois par jour, et vous ne m'écrivez pas une seule fois en huit jours. Par un
courrier que je vous ai expédié avant-hier, je vous ai mandé qu'en passant la Traun j'avais
fait 7,000 prisonniers. J'espère qu'à l'heure qu'il est vous m'avez envoyé tous
les renseignements que je demande et qu'il me tarde fort d'avoir.
Enns, 6 mai 1809
A Catherine, reine de Westphalie, à Cassel
Madame ma Sœur, j'ai reçu vos deux lettres
des 29 et 30 avril. Je vois avec plaisir que vous êtes arrivée à Strasbourg. Ce
qu'on a dit de ma blessure est controuvé; une balle m'a frappé, mais ne m'a pas
blessé. Le Roi m'a écrit que tout allait mieux. Je réunis d'ailleurs
60.000 hommes à Hanau pour obvier à tout.
Enns, 7 mai 1809, dix heures du matin.
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt,
commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Linz.
Mon Cousin, je pars à l'instant pour porter
mon quartier général à Melk, où je suppose qu'est arrivé le duc de
Montebello. Le duc de Rivoli est à Amstetten, où sera aujourd'hui ma Garde. Le
grand quartier général est à Strengberg. Envoyez aujourd'hui une division
occuper Enns. Je vous ai mandé de faire filer vos convois sur Ybbs, Wallsee et
Melk. Dans chacun de ces endroits il y aura un commandant français, de
l'infanterie, de la cavalerie et de l'artillerie. J'ai nommé le général Puthod
pour commander la province de Linz. Traitez bien le général Vandamme et ne vous
disputez pas. L'empereur d'Autriche doit avoir dit, il y a peu de jours,
à Amstetten, à la députation de Linz, qu'il était certain que le général
Hiller tiendrait trois jours; ce qui me fait supposer qu'aujourd'hui 7, ou
demain 8, le prince Charles doit arriver sur Linz. S'il se présente en force,
je n'ai pas besoin de vous dire que vous devez brûler le pont, et vous m'en
rendrez compte; mais je suppose qu'il se dirige sur Krems, où j'espère que vous
arriverez avant lui. J'espère avoir assez de bateaux pour jeter là un pont j et
peut-être me déciderai-je alors à manœuvrer sur les deux rives. J'attends
de vos nouvelles avec impatience. Tenez-vous prêt à partir à tout moment pour
venir en deux jours à Melk. Peut-être serait-ce une bonne précaution de placer
votre seconde division entre Ebelsberg et Linz, de manière que, recevant
l'ordre de partir dans la nuit, vos trois divisions puissent se mettre en
marche à la fois. J'espère
recevoir avant minuit de vos nouvelles.
Enns, 7 mai 1809, dix heures du matin.
Au maréchal Masséna, duc de Rivoli,
commandant le 4e corps de l'armee d'Allemagne, à Amstetten
Envoyez un officier intelligent pour
commander la place de Wallsee, avec un piquet de 60 chevaux, une compagnie de
80 à 100 hommes et une pièce de canon des troupes alliées. Vous lui
recommanderez de surveiller la rive droite du Danube, surtout d'être aux aguets
sur la rive droite, pour que pas un seul bâtiment ne puisse passer, s'il n'est
pour l'armée. 3 à 400,000 rations de pain et de biscuit partent de Linz
et de Passau; je leur donne l'ordre de mouiller à Wallsee et d'y prendre
langue pour continuer leur route.
Vous ferez le même détachement pour Ybbs, où
les bateaux prendront également langue. Les deux commandants correspondront
entre eux et avec celui qui sera place à Melk. Les patrouilles sur la rive
droite du Danube se croiseront avec les différents postes et vous instruiront
de tout ce qu'elles apprendraient de nouveau sur la rive opposée. Elles ne
laisseront passer aucun bateau de commerce, s'il n'est destiné pour l'armée.
Elles réuniront tous les bateaux qu'elles pourront rassembler pour pouvoir
jeter un pont sous Vienne au moment où on le demanderait.
Envoyez un rapport, tous les jours, sur ce
qui se passera de Linz à Melk et sur les mouvements du Danube. Ordonnez
aux commandants de faire faire du pain et de vous l'envoyer.
Saint-Pölten, 9 mai 1809, deux heures du
matin.
Au maréchal Bessières, duc d'Istrie,
commandant la cavalerie de l'armée d'Allemagne devant Mautern.
Mon Cousin, quelques coups de canon de la batterie
des cuirassiers auraient pu décider hier l'ennemi à évacuer Mautern. Le général
Saint-Hilaire part pour s'y rendre, à trois heures du matin. Il faut
obliger l'ennemi à brûler son pont, et s'emparer de Mautern. Si l'ennemi avait
brûlé le pont et évacué, il sera bien d'arrêter la marche de la division
Saint-Hilaire, afin de ne pas fatiguer la troupe. Un bataillon ou deux
suffiront pour occuper Mautern. Envoyez la brigade Jacquinot à Traismauer; elle
veillera sur la rive du Danube jusqu'à Tulln, fera faire du pain dans tous ces
endroits et se dirigera aussitôt sur Saint-Pölten. Elle ramassera les bateaux
qu'elle pourra trouver et se mettra en communication avec le général Colbert,
qui est ce soir à Sieghartskirchen.
Saint-Pölten, 9 mai, quatre heures du matin
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Rivoli de
porter son quartier général à Saint-Pölten et de placer ses divisions en
échelons, celle qui est en tête aux portes de Saint-Pölten, et celle qui est en
queue à Melk. Recommandez qu'on continue de surveiller les points d'Ybbs et de
Melk, où aboutissent les routes de Bohème, et chargez le général de division
qui commandera ces postes d'avertir de ce qui se passerait de l'autre côté du
Danube. Chargez-le de recevoir les rapports du poste de Wallsee et de le
renforcer, si cela était nécessaire, et mettez à cet effet sous ses ordres un
régiment de cavalerie wurtembergeois,.
Donnez ordre au duc de Montebello de placer
les divisions Claparède et Demont en colonnes sur la route de Vienne, entre
Saint-Pölten et Diendorf, afin de faire place, entre Saint-Pölten et Melk,
au corps du duc de Rivoli
Donnez ordre au général Nansouty de faire
monter sa division à cheval aujourd'hui à huit heures du matin, d'arriver
jusqu'aux portes de la ville et de venir prendre des ordres.
Saint-Pölten, 9 mai 1809, quatre heures du
matin.
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten.
Mon Cousin, faites connaître au duc
d'Auerstaedt que, conformément à mes derniers ordres, deux de ses divisions
doivent être en ce moment en marche de Linz sur Melk; qu'il est trop éloigné
pour que je puisse lui donner des ordres jour par jour, qu'il serait
convenable qu'une de ses divisions arrivât à Melk aussitôt que possible et que
l'autre également en approchât; qu'il est maître, avec sa 3e division, de se
porter sur Enns ou de rester encore à Linz, selon les nouvelles qu'il aura; que
l'important est de nous faire filer beaucoup de pain; que j'ai placé
à Wallsee et à Ybbs des commandants; qu'il est nécessaire que le général
Vandamme corresponde avec ces commandants pour être instruit de ce qui se
passerait de nouveau; qu'il sera convenable qu'il fasse filer de sa
cavalerie légère dans cette direction, pour surveiller la rive droite du
Danube; qu'il envoie un parti de cavalerie et d'infanterie wurtembergeoise avec
un officier français sur Steyr, pour savoir s'il n'y a rien de nouveau de
ce côté; qu'il place un bataillon wurtembergeois avec un officier intelligent à
Enns, et ait toujours des postes au confluent de l'Enns et du Danube, afin de
surveiller Mauthausen et la route de Bohême qui aboutit à ce point; qu'il
instruise, en cas de mouvements sur la rive gauche, les commandants de Linz, de
Wallsee, d'Ybbs, de Melk, le quartier général et toute la ligne. Vous ferez
connaître au duc d'Auerstaedt la situation de tous les corps de l'armée.
Saint-Pölten, 9 mai 1809, quatre heures du
malin.
Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt,
commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Linz.
Mon Cousin, le major général vous
a envoyé l'ordre de mouvement de l'armée. Celle du prince Louis et du
général Hiller a évacué Saint-Pölten. Les trois quarts de cette armée ont passé
le pont de Krems, l'autre quart s'est dirigé sur Vienne. La proclamation
insérée dans les journaux de Vienne du 6 porte à penser qu'ils veulent défendre
la ville avec la landwehr et les habitants. L'empereur a passé à Krems. Tout
porte à penser que le prince Charles a pensé pouvoir se réunir à Linz aux
autres corps et que, ayant perdu cet espoir, il a cru se réunir à Krems ou à
Vienne. Tout cela est probable, mais n'est pas certain. Le général Oudinot est
ce matin à Sieghartskirchen; le général Saint-Hilaire avec le maréchal
Bessières, à l'abbaye de Göttweg, vis-à-vis Mautern, pour chercher à s'en
emparer et à brûler le pont qui va à Krems. Le duc de Rivoli, qui a couché
à Melk, y laisse une division, et les autres se rendent ici. Je suppose que
vos deux divisions sont en marche et que le prince de Ponte-Corvo se trouve
entre Passau et Ratisbonne. Vous ne m'avez point donné de nouvelles du
général Dupas; envoyez quelqu'un pour savoir comment vont ses travaux. Il est
convenable qu'il donne signe de vie.
Si de Budweis, où il paraît que le prince
Charles était il y a quelques jours, il voulait manœuvrer sur nos
derrières, il pourrait déboucher par les ponts de Mauthausen ou de Linz. Le
général Vandamme, qui sera chargé de surveiller ce point, devra avoir le
commandement d'Enns, et surveiller la route de Mauthausen et celle qui arrive à
Linz. Il faut aussi qu'il y ait un parti à Steyr pour surveiller les
routes qui y aboutissent. Je pense que votre présence est encore nécessaire à
Linz. Profitez- en pour bien placer vos postes vis-à-vis Mauthausen et Linz et
à Steyr, et le bien faire entendre au général Vandamme. ll doit avoir une
communication avec le prince de Ponte-Corvo. Vos deux divisions qui sont
en marche ne doivent pas trop se presser, mais mettre tout le temps nécessaire.
Le second débouché par où l'ennemi peut marcher sur nous est Krems et Melk, qui
peuvent être considérés comme un seul; mais l'un et l'autre sont si près de
Vienne que c'est presque dans le centre des opérations. Une des choses qui
peuvent nous embarrasser, c'est le pain. Envoyez-nous par eau et faites
débarquer sur Ybbs et Melk tout le pain que vous pourrez. De Melk on
l'enverra chercher par terre, car il ne faut pas songer à le faire passer
devant Krems. Envoyez-nous par terre des convois de pain, farine et biscuit.
Procurez-vous des voitures dans les environs de Linz, et au pis aller
envoyez-nous votre bataillon d'équipages chargé de biscuit ou de pain. Tâchez
de savoir positivement où se trouve le prince de Ponte-Corvo; il me tarde qu'il
se rapproche de nous. Envoyez-nous la plus grande partie de votre cavalerie
légère. Recommandez bien à vos convois de débarquer à Mayerhofen, premier
village avant Melk, et d'en prévenir sur-le-champ le commandant de Melk, pour
qu'il me le fasse savoir.
Saint-Pölten, 9 mai 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne
Le général Savary prendra 150 hommes du
régiment de Wurtemberg qui est ici et une compagnie de sapeurs, et se rendra sans
délai à Mautern pour surveiller les mouvements de l'ennemi et de toute ]a rive.
Il me fera connaître plusieurs fois dans la journée ce qu'il y a de nouveau.
Puisqu'il nous est impossible de profiter de ce pont, dont la défense est si
favorable à l'ennemi, il le fera brûler.
Saint-Pölten, 9 mai 1809.
Alexandre, prince de Neuchâtel, major général
de l'armée d'Allemagne
Mon Cousin, il est nécessaire que vous
fassiez placer au village de Mayerhofen, en avant de Melk, un parti de
cavalerie avec un officier intelligent, pour faire débarquer les convois de
pain et les faire venir par terre à Saint-Pölten; il serait même convenable d'y
mettre un commissaire des guerres. Il faut choisir un officier d'état-major
actif et intelligent, qui rendrait compte de tout ce qu'il apprendrait du
Danube, des barques qui arriveraient, etc. Il aurait soin de faire filer le
pain, et de cacher les barques dans les îles du Danube, afin que, lorsqu'on en
aurait une quantité suffisante, on puisse, le plus a l'improviste possible, faire
un pont du côté de Melk, si on le jugeait nécessaire.
Saint-Pölten, 9 mai 1809
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major
général de l'armée d'Allemagne
Mon Cousin, écrivez au
duc de Rivoli que je lui ai donné ordre de mettre un commandant
à Ybbs et un à Wallsee, avec une compagnie d'infanterie, un
piquet de 60 chevaux et une pièce de canon; qu'il n'a pas fait connaître si
cette disposition avait été exécutée; qu'il charge un officier de son
état-major, avec une centaine de chevaux, de se placer entre ces deux postes et
d'avoir l'œil sur la rive du Danube, afin de reconnaître l'ennemi et
l'empêcher de jeter des partis sur la droite de ce fleuve; qu'il est nécessaire
que ces commandants fassent des rapports journaliers; qu'il faut mettre à cet
effet des Français pour commander ces postes; que j'ai mis un commandant
Melk; qu'il y laisse
un dépôt d'une centaine d'hommes, les plus fatigués, qui, en même
temps, se reposeront; que des bateaux chargés de pain doivent arriver;
comme ils ne pourront pas passer à Krems, ils débarqueront au village
de Mayerhofen, en avant de Melk.
Saint-Pölten, 9 mai 1809.
Alexandre,
prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten
Mon
Cousin, donnez ordre au duc d'Istrie de se rendre avec les cuirassiers Espagne
et la brigade .Jacquinot sur Dienrdorf; de là, selon les nouvelles qu'il
recevra du général Colbert, il se dirigera sur Sieghartskirchen.
P-
S. Recommandez au maréchal Bessières de laisser à Mautern la valeur d'un
escadron de cavalerie, indépendamment du bataillon de voltigeurs, et deux
pièces d'artillerie de la division Espagne, et de reconnaître si l'ennemi a
beaucoup de bâtiments et s'il a laissé des forces. Dans ce cas, il faut brûler
les ponts. Si, au contraire, l'ennemi avait tout à fait abandonné l'autre
rive, il faudrait se contenter d'enlever deux travées de notre côté, de manière
que l'ennemi, en se l'accommodant de son côté, ne pût passer le pont.
Saint-Pölten,
9 mai 1809
A
Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à
Saint-Pölten
Mon
Cousin, écrivez au général Beaumont, commandant le corps de réserve
d'Augsbourg, que je suppose qu'il est arrivé à Augsbourg, où il a sous ses
ordres 3,000 chevaux et 6 à 7,000 hommes d'infanterie que le général Moulin y
a retenus; que j'ai ordonné au duc de Danzig d'entrer à Innsbruck; que je
suppose que cela en imposera aux Tyroliens; mais qu'enfin, si l'on continuait à
avoir des inquiétudes dans la plaine, il va bientôt avoir des moyens d'y mettre
ordre; que le prince de Ponte-Corvo doit être arrivé à Passau avec son corps;
qu'aussitôt que les inquiétudes seront dissipées et tous les détachements
réunis, il les fasse filer sur l'armée par colonne de 4 à 5,000 hommes,
mêlée d'infanterie et de cavalerie, qui porterait le titre de colonne
de avec le nom de l'officier qui la commanderait. Par ce moyen, les
événements inattendus qui pourraient survenir sur la route, seraient au-dessous
de la force de cette colonne. Mandez-lui que vous espérez qu'il correspondra
fréquemment avec vous.
Saint-Pölten, 9 mai 1809
A Alexandre, prince de
Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne
Mon Cousin, écrivez au duc de
Danzig que j'espère que dans la journée d'hier il aura marché sur Kufstein et
culbuté tous ces Tyroliens; que cela est de la plus grande nécessité; que
jusqu'à cette heure il n'a fait que de petits piquets qui n'ont point réussi et
qui n'ont fait que compromettre les choses; qu'il doit se mettre en
correspondance avec Munich et Augsbourg, et que, s'il apprenait qu'il se fait
des incursions en Bavière, il marche sur Innsbruck, en laissant non-seulement
une forte garnison à Salzbourg, mais même un corps d'observation pour tenir en
respect ce qui serait à Rastadt; que son opération est de bloquer Kufstein, et
d'en imposer aux Tyroliens; que voilà quatre ou cinq jours qu'il est là et que
ce but n'est pas encore rempli.
Saint-Pölten, 9 mai 1809
A Alexandre, prince de
Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten
Mon Cousin, écrivez au général
Moulin que j'approuve le parti qu'il a pris de retenir à Augsbourg tout ce qui
arriverait pour l'armée, jusqu'à ce que les incursions des Tyroliens aient été
arrêtées. Il doit y avoir déjà aujourd'hui près de 6,000 hommes. Le général de
division Beaumont avec ses dragons ne doit pas tarder à y arriver. Je ne doute
pas non plus que la cavalerie de la Garde, si elle est arrivée, n'ait mis en
déroute ces Tyroliens j
si elle ne l'avait point fait, le général Beaumont le fera.
Aussitôt que les troupes désignées pour l'armée pourront rejoindre,
c'est-à-dire qu'on sera sans alarmes sur les incursions des Tyroliens, il les
dirigera par masse de 4 à 5.000 hommes. Les accidents sont à craindre; il est
donc bon de présenter toujours une masse imposante. Il est convenable qu'il
fasse connaître au prince de Ponte-Corvo, qui se trouve soit à Ratisbonne, soit
entre cette ville et Passau, la situation de ses environs; car, s'il était sur
le point ou même en danger d'être cerné, le prince de Ponte-Corvo pourrait le
dégager. Dites-lui que j'ai ordonné au duc de Danzig de se porter sur Innsbruck
pour dissiper les rassemblements des Tyroliens. Écrivez également au roi de
Bavière que j'ai donné au duc de Danzig l'ordre de se porter sur Innsbruck;
qu’à tout événement on aurait bientôt à Augsbourg 10 à 12,000 hommes
de troupes; que même dans ce moment on peut y rassembler 7 ou 8,000 hommes; que
le général Beaumont doit y arriver avec 3,000 hommes de cavalerie; qu'enfin en
cas de nécessité le prince de Ponte-Corvo se porterait à Augsbourg. Faites-lui
connaître la situation des choses ici.
Saint-Pölten, 9 mai 1809, six
heures après midi
Au maréchal Davout, duc
d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Linz.
Mon Cousin, l'ennemi a coupé
le pont de Krems. Demain à midi je serai devant Vienne. Les habitants sont
armés et paraissent vouloir se défendre. Nous verrons si ce sera une seconde
scène de Madrid. Je réunis sous Vienne les corps des ducs de Montebello et de
Rivoli. Je désire que vous réunissiez le vôtre à Saint-Pölten, ayant de la
cavalerie légère et un régiment d'infanterie à Mautern. Laissez aussi un
régiment d'infanterie, un détachement de cavalerie et du canon à Melk, pour
protéger notre communication. S'il n'y a rien de nouveau à Linz, je désire que
vous soyez demain de votre personne à Saint-Pölten, où les divisions Friant et
Gudin seront réunies. Quant à la division Morand, vous avez carte blanche. Si
rien n'exige sa présence à Linz, mettez-la en marche pour arriver en trois
jours sur Saint-Pölten. Ayez soin de disposer des Wurtembergeois comme je vous
l'ai fait connaître. J'ai mandé au prince de Ponte-Corvo, qui était le 6 à
Retz, de se rapprocher de Linz.
Saint-Pölten, 9 mai 1809
Au général Colbert, commandant
la cavalerie légère du 2e corps, à Freundorf
Le général Oudinot part à la
pointe du jour avec l'infanterie pour se porter au débouché du bois. Envoyez
des parties sur Tulln; tâchez de saisir des barques. Le général Jacquinot se
portera aujourd'hui à Traismauer; communiquez avec lui. Commandez du pain
partout, et dirigez-le sur Saint-Pölten, où l'armée se réunit.
Donnez-moi des nouvelles de Vienne; à Sieghartskirchen on doit en avoir d'hier.
Quels travaux, quelles batteries a-t-on faits ? Quelles portes de la ville
veut-on défendre ? Quelles proclamations a-t-on faites ? Vous ne m'avez rien
dit de tout cela. Envoyez-moi aussi ce que vous trouverez aux postes aux
lettres.
Saint-Pölten, 9 mai 1809
Au prince Cambacérès,
archichancelier de l'Empire, à Paris
Mon Cousin, j'ai reçu votre
lettre du 3 mai. Il y aura demain un mois que les Autrichiens ont déclaré la
guerre, et demain je serai devant Vienne. On dit que les milices et les levées
en masse s'y sont réunies et veulent s'y défendre.
Saint-Pölten,
9 mai 1809
A l’Impératrice
Joséphine, à Strasbourg
Mon
Amie, je t’écris de Saint-Pölten. Demain je serai devant Vienne ; ce
sera juste un mois après le même jour où les Autrichiens ont passé l’Inn,
et violé la paix.
Ma
santé est bonne ; le temps est superbe, et le soldat fort gai ; il y
a ici du vin.
Porte-toi
bien.
Tout
à toi.
(Lettres
Joséphine)