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Le passage du Niémen et la marche sur Wilna
24 juin - 25 juin 1812
Première partie : le passage
Le Niémen aujourd'hui : l'album photo
Quatre routes s'offraient, en principe, à Napoléon, au début de la campagne de Russie :
Les deux routes extrêmes (au nord et au sud) sont vite abandonnées, présentant trop de risques d'attaques de flanc de la part des russes. Et c'est finalement la route passant par Kowno et Wilna qui est choisie par Napoléon. Les russes, à cette époque de l'année, s'ils ont des avant postes le long de leur frontière naturelle, c'est-à-dire le long du Bug, de la Narev et du Niémen, ont cependant leur véritable ligne de défense le long de la Dwina et du Dniepr. La première coule vers le nord et la Baltique, le second vers le sud et la Mer Noire.
Napoléon décide de se porter sur Kowno, à l'endroit où le Niémen fait un angle, coulant jusque là du nord au sud, pour prendre ici la direction ouest. Son idée est de se porter sur Wilna, où il sera entre les deux armées russes, qu'il pourra séparer et affronter séparément. Il fait alors venir à lui les corps d'armée de Davout, Oudinot et Ney, la Garde ainsi que deux des quatre corps de cavalerie de réserve, soit près de 200.000 hommes. Macdonald passera le fleuve plus à l'ouest, à Tilsitt. Avec ses 30.000 hommes il assurera ainsi la sécurité du fleuve et opérera ensuite vers la Courlande. Par ailleurs, Napoléon charge Eugène (80.000 hommes) de passer le fleuve à Prem, et, plus à droite (à l'est) encore, le roi Jérôme (70.000 hommes) devra en faire autant à Grodno. Napoléon quitte Königsberg le 17 juin et, longeant la Pregel, passe à Velhau, Insterbourg, Grumbinnen, où il inspecte les troupes. Général comte Guyot : "18 juin à Gumbinnen. J'escorte l'Empereur. Beau temps, pays plat bien cultivé et bien arrosé. Les habitants sont propres et bien logés; le costume du paysan est français, on y parle plus volontiers l'allemand que le polonais. Sa Majesté a passé en revue le 18 deux divisions du 1er corps." Il est le 22 à Wilkowisk. Le général Guyot est toujours avec l'Empereur : "Par Stalouponen et Virballen. Cette dernière qui est déjà du grand-duché de Varsovie est fort sale parce que la population est en partie juive. Arrivé à Vilkoviski le 20 à 9 heures du matin. Jusqu'au 22 à 4 heures et demi du matin, que l'Empereur est parti." De même que le commissaire des guerres Alexandre Bellot de Kergorre : "Au bout de quatre à cinq jours, nous nous rendîmes à Gumbinen, puis à Wilkowisky, ce méchant trou d'où l'Empereur, le 22 juin, déclara la guerre à la Russie." De là au Niémen, une grande forêt. Il écrit à Marie-Louise (il le fait presque tous les jours, depuis qu'il a quitté Dresde) : "Ma bonne Louise, Je suis ici, je pars dans une heure. La chaleur est excessive, c'est la canicule. Ma santé est bonne. Je recevrai ce soir une lettre de toi. Je te prie de te ménager et de te bien porter, tu sais combien je prends intérêt à toi. J'espère dans trois mois te trouver bien. Le petit roi se porte, à ce que l'on me mande, à merveille. Fais moi connaître quand tu as le projet de partir. Ai soin de marcher de nuit, car la poussière, la chaleur est bien fatigante et pourrait altérer ta santé; mais en allant la nuit, à petite journée, tu supporteras bien la route. Adieu, ma douce amie. Sentiments sincères d'amour." Le 23 juin, après avoir passé la nuit dans une petite ferme à Nouragaviki, l'empereur arrive, au sortir de la forêt, aux abords du Niémen. Rapp : " Nous marchâmes en avant, nous arrivâmes au Niémen : cinq ans auparavant il avait été témoin de nos victoires; l’armée ne l’aperçut qu’avec des cris de joie." De ce coté du fleuve, la rive est haute et domine l'autre rive, en forme de plaine, sur laquelle rien n'annonce la présence de l'ennemi. Montesquiou : "En Pologne et en Russie, la rive occidentale de tous les fleuves qui coulent du Midi au Nord et réciproquement est haute et abrupte. La rive opposée est basse et plate. La berge proéminente n'est pas toujours près du bord. Elle en est ou voisine ou peu éloignée, comme si le courant inégal du fleuve l'avait abandonnée. Celle du Niémen n'en est qu'à un petit nombre de toises, de sorte qu'elle est cultivée." Jean-François Boulard, major de l'artillerie des chasseurs à pied de la Garde : "Les rives du Niémen, sur la rive gauche par où nous arrivions sont bordées de hauteurs et le long de la rive droite s'étendaient de vastes plaines." Alexandre Bellot de Kergorre, commissaire des guerres : "Des collines escarpées le commandaient et sur la rive s'étendait une plage assez grande entourée de bois en amphithéâtres." Au cours d'une reconnaissance quelques jours plus tôt, le général Haxo a découvert, à un endroit portant le nom de Poniémon, une courbure très marquée du Niémen, entourant une rive droite plate à cet endroit, et où le passage sera aisé et que l'on pourra aisément protéger par de l'artillerie postée sur la rive gauche. Napoléon emprunte le manteau d'un lancier polonais et s'en va reconnaître la position, accompagné de Haxo. Rapp : "Napoléon se rendit aux avant-postes, se déguisa en chasseur et reconnut les bords du fleuve avec le général Axo." Général comte Guyot : "L'Empereur, sans s'arrêter que pour se déguiser en officier polonais, est monté à cheval pour aller avec un officier du génie et le prince de Neuchâtel seulement jusque sur le bord en face de Kowno, deux lieue, et de là en remontant la rive gauche du Niémen jusqu'à trois lieues pour reconnaître une position propice à établir trois ponts de passage." Comte Roman Soltyk : "Le 23 juin, nos cavaliers reposaient encore dans les bivouacs, lorsqu'une voiture de voyage, attelée de six rapides coursiers et arrivant au grand trot par la route de Königsberg, s'arrêta tout à coup au milieu de notre camp ; elle n'était escortée que de quelques chasseurs de la Garde, dont les chevaux étaient haletants et harassés de fatigue. La portière s'ouvrit, et l'on vit Napoléon sortir avec vivacité de la voiture, accompagné du prince de Neufchâtel ; aucun aide de camp, aucun officier d'ordonnance ne se montraient. Peu après, le général Bruyères arriva seul, au galop. Napoléon était vêtu de son uniforme de chasseur de la Garde ; il paraissait très fatigué du voyage, et ses traits offraient l'empreinte de la préoccupation. Quelques officiers, parmi lesquels je me trouvais, ainsi que le major du régiment (Suchorzewski) accoururent. Napoléon demanda la route du Niémen, et s'informa où étaient les avant-postes. Il fit diverses autres questions sur la position des Moscovites... Il mit bas son habit, le prince de Neufchâtel de même ; Suchorzewski, moi et le colonel Pagowski, qui venait d'accourir, suivîmes son exemple, ainsi que le général Bruyères ; de sorte que nous nous trouvâmes cinq ou six personnes en chemise au milieu du bivouac, entourant l'Empereur, et chacun de nous tenant son uniforme à la main. Les Polonais offraient les leurs aux Français, ce qui présentait un tableau singulièrement original. De tous nos uniformes, la redingote du colonel Pagowski et son bonnet de police convinrent le mieux à l'Empereur. On lui avait d'abord présenté un bonnet d'officier de lanciers ; mais il avait refusé, disant qu'il était trop lourd. Tout cela fut l'affaire de quelques minutes. Berthier se revêtit aussi d'un uniforme polonais... L'Empereur s'élança vers le fleuve. A son retour, nous remarquâmes un changement visible dans sa figure ; il avait l'air gai, et même d'une humeur enjouée, étant sans doute satisfait de l'idée de la surprise qu'il préparait aux Moscovites pour le lendemain, dont il avait calculé d'avance les résultats. On lui apporta quelques rafraîchissements, qu'il mangea au milieu de nous, sur la grande route ; il semblait prendre plaisir à son travestissement, et nous demanda, à deux reprises, si l'uniforme polonais lui allait bien. Après avoir déjeuné, il nous dit en riant - « A présent, il faut rendre ce qui n'est pas à nous. » Puis il ôta les vêtements qu'il avait empruntés, reprit son uniforme de chasseur de la Garde, remonta en voiture, accompagné de Berthier, et partit brusquement. Le même jour, il visita d'autres points du Niémen, et choisit celui de Poniémon pour franchir le fleuve. Le général Haxo l'accompagnait dans cette course." Victor de Castellane, aide de camp du général Mouton : "L'Empereur a pris la redingote d'un officier; suivi seulement du grand écuyer auquel j'avais prêté mon manteau, du prince de Neuchâtel, du prince d'Eckmühl dans un costume semblable, ils sont allés visiter les bords du Niémen." Montesquiou :"A minuit, l'Empereur visita les bords du fleuve sous un déguisement. On a dit que, dans cette promenade, il tomba de cheval. Il était persuadé que le passage du fleuve lui serait disputé, et il se plaisait à le croire. Dans une bataille, il était sûr du succès ; mais une longue marche pouvait lui ravir tous les éléments de la victoire. Un chef de bataillon eut l'idée de traverser à lui tout seul le fleuve pour savoir ce qui se passait sur l'autre rive. Il n'y trouva aucun poste, aucun soldat. Il s'avança, interrogea de rares habitants, apprit d'eux que l'armée s'était retirée et vint en informer l'Empereur. C'était assurément rendre un important service, mais ce service improvisé en dehors de la hiérarchie manquait de légalité." Satisfait de ce qu'il voit, il ordonne que les ponts soient jetés la nuit même. "C'est le général Éblé qui a dirigé la position des ponts" (Général comte Guyot), avec l'aide de la 1e division du corps d'armée de Davout, la division Morand. L'opération commence donc le soir même. Quelques voltigeurs de Morand traversent en barques le Niémen et aident les pontonniers, qui fixent les amarres devant assurer les bateaux qui constitueront les ponts. Le lieutenant Gervais raconte : "On voyait sur la rive droite des éclaireurs russes, la plupart cavaliers, qui allaient et venaient sans trop s'approcher. A une certaine distance en arrière, on voyait quelques troupes sur des hauteurs, hors la portée du canon. Tout cela pouvait faire croire que les Russes étaient en grand nombre dans ces parages. Les équipages des pontons arrivèrent. Des ouvriers du génie tranchèrent la pente de la berge du fleuve pour la rendre accessible aux voitures. On travailla à construire trois ponts ; dans le courant de la nuit, ils furent terminés." Trois sont rapidement jetés (un quatrième restera en réserve). Rapp : "Éblé se mit à l'ouvrage; les pontons furent placés à minuit : à une heure, nous étions sur la rive droite et le général Pajol à Kowsno ; Bagawouth l’avait évacué, nous l’occupâmes sans coup férir. " Général comte Guyot : "C'est dans la nuit du 23 au 24 que dans trois heures ces ponts ont été placés dans une position où le passage a pu être protégé par du canon." Le comte Soltyk : "Les ponts que l'on allait construire étaient uniquement composés de pontons amenés avec l'armée ; on n'avait trouvé sur les lieux, aucune embarcation, grande ou petite, qui aurait pu servir, même pour faire traverser le fleuve aux troupes légères destinées à couvrir les travaux des ponts ; c'est pourquoi l'Empereur eut d'abord l'idée de faire traverser à la nage le Niémen par la cavalerie légère et de me confier la direction de cette opération." La nuit est courte, en ces premiers jours de l'été, sur les bords du Niémen. Le médecin Henri de Roos : "La nuit était très belle, à peine obscure; le crépuscule et l'aurore se rejoignaient pour nous éclairer comme le jour." Caulaincourt : " L'Empereur rejoignit le quartier général (...) à deux heures du matin (...) le jour pointait" Général Bro : "Napoléon allait coucher le lundi 21, sous la tente, devant la ferme de Naugaraidski, à une demi-lieue du Niémen. Là fut rédigée la fameuse proclamation aux troupes." Les troupes, à l'aube, écoutent cette proclamation de l'Empereur : "Soldats, la seconde guerre de Pologne est commencée. La première s'est terminée à Tilsit ! A Tilsit la Russie a juré une éternelle alliance à la France et la guerre à l'Angleterre. Elle viole aujourd'hui ses serments; elle ne veut donner aucune explication de son étrange conduite, que les aigles françaises n'aient repassé le Rhin, laissant par là nos alliés à sa discrétion... La Russie est entraînée par la fatalité; ses dessins doivent s'accomplir. Nous croit-elle donc dégénérée ? Ne serions-nous plus les soldats d'Austerlitz ? Elle nous place entre le déshonneur et la guerre : notre choix ne saurait être douteux. Marchons donc en avant, passons le Niémen, portons la guerre sur son territoire. La seconde guerre de Pologne sera glorieuse aux armes françaises. Mais la paix que nous conclurons portera avec elle sa garantie; elle mettra un terme à la funeste influence que la Russie exerce depuis cinquante ans sur les affaires de l'Europe." Général Bro : "Cette proclamation devait enthousiasmer les vieux soldats et aguerrir les recrues qui étaient très nombreuses dans les légions de la Grande Armée. Bref, l’avant-garde de cavalerie, commandée par mon ancien chef, le général Pajol, passait les trois ponts du Niémen, construits par Eblé, le 23 juin, après deux heures du matin, suivie du corps de Davoust et de la cavalerie du roi de Naples." Comte Soltyk : "La proclamation de l'Empereur, quoiqu'elle fût une répétition monotone des mêmes idées tant de fois exprimées, avait excité l'ardeur de nos soldats, toujours prêts à écouter tout ce qui pouvait flatter leur courage. Fiers, d'entrer sur le territoire russe, ils voyaient avec orgueil qu'en commençant la seconde campagne de Pologne, ils laissaient derrière eux le fleuve où l'on s'était arrêté vers la fin de la première. Ce mot de Niémen enflammait l'imagination, chacun brûlait de le passer ; et ce désir était d'autant plus naturel, qu'indépendamment de notre esprit de conquête, l'état misérable du duché de Varsovie augmentait chaque jour nos privations et nos souffrances . Pour faire cesser nos plaintes, on nous montrait le pays ennemi comme la terre promise." Dans la nuit, l'ordre de passage des troupes a été minutieusement mis au point par Napoléon et son état-major. Bientôt, le 24 juin au matin, devant l'empereur et ses officiers, qui assistent au passage depuis la tente impériale, le passage commence, la cavalerie légère passant la première sur la rive droite du Niémen. Montesquiou de Fezensac, aide de camp de Berthier : "Les tentes de l'Empereur furent placées sur une hauteur qui domine la rive opposée" Le sergent Bourgogne : "Le 25 juin au matin, par un beau temps, non pas par un temps affreux, comme le dit M. de Ségur, nous traversâmes le Niémen sur plusieurs ponts de bateaux que l'on venait de jeter, et nous entrâmes en Lithuanie, première province de Russie." Le général comte de Ségur fait partie de l'état-major et assiste au passage :
C'est l'infanterie de Davout qui, comme ordonné, passe la première, précédée de la cavalerie légère. Général comte Guyot : "A 1 heures du matin le 24 juin on passait déjà; l'ennemi n'a que quelques cosaques sur la rive droite et dans Kowno même (...) Les corps du prince d'Eckmühl et du maréchal Oudinot forts ensemble de 120.000 hommes et une partie de la cavalerie aux ordres du roi de Naples ont passé (...) en se portant de suite en avant, le 1er et la cavalerie remontant la rive droite de la rivière."
Car, sur l'autre rive, aucune troupe russe ne s'oppose au passage, comme se le rappelle le soldat Gervais : "Notre corps d'armée passa. Nous fûmes portés à cinq cents pas en avant. Nous entendîmes quelques légers bruits occasionnés par les éclaireurs ennemis, mais pas un coup de feu ne fut entendu. Un autre corps d'armée passa, vint nous remplacer. Nous nous portâmes de nouveau cinq cents pas en avant, éclairés par une compagnie de voltigeurs. Deux ou trois coups de fusil se firent entendre, mais ils n'eurent aucune suite. Toujours quelques éclaireurs russes, point de colonne. L'espoir d'une bataille s'évanouit. Nous étions bien réellement en campagne, mais c'était une campagne sans guerre." Suivent les corps d'armée d'Oudinot, de Ney, puis la Garde, enfin, l'artillerie. L'officier d'intendance de Puisbusque : "L'armée continua le passage pendant toute la journée du 24 ; ceux qui furent témoins de cette opération ne s'étonnaient pas moins de la précision et de la célérité avec laquelle elle fut exécutée, que de la beauté et du nombre des troupes de toutes les nations de l'Europe, qu'ils voyaient affluer et marcher réunies, sous les ordres- d'un même chef." Le passage dure toute la journée (et se poursuivra le 25). Constant : "L'opération du passage de l'armée commença le soir et dura près e 48 heures, pendant lesquelles l'Empereur fut presque constamment à cheval; tant il savait que sa présence activait les travaux." Au bout de quelques heures, Napoléon, visiblement impatient, était monté à cheval, avait franchit à son tour le Niémen et, précédé de quelques escadrons, s'était dirigé vers Kowno. Il avait pu se rendre compte que l'armée russe avait disparue. Général comte Guyot : "L'Empereur a passé la rivière le 24 dans la matinée et est allé occuper la petite ville de Kowno dont la position est au pied de la pointe d'une haute colline qui la couvre au Nord." Caulaincourt : "L'Empereur passa le Niémen, le matin du 24 juin, dès que la 1e division fut établie, et il parut fort étonné d'apprendre que l'armée russe se retirait depuis trois jours. Il fallut que plusieurs rapports et que des individus qui en revenaient lui fussent amenés pour qu'il ajoutât foi à cette nouvelle. Il suivit le mouvement de l'avant-garde jusqu'à plus de deux lieues, pressa le mouvement de toute l'armée, questionna tous les gens du pays qu'on put rencontrer, mais n'en tira rien de positif." Général Bro : "Le 24, à midi et demi, entouré des lanciers de Krasinski, l’Empereur passa le fleuve et se rendit à Kowno. On lui procura l’abri d’un petit couvent. Il aimait loger en ces lieux." Le soir, il couche au couvent de la Sainte-Croix. Le lendemain 25, il écrit à Marie-Louise : Kowno, le 25 juin 1812 Mon amie, J'ai passé le Niémen le 24, à 2 heures du matin. J'ai passé la Vilia le soir. Je suis maître de Kowno. Aucune affaire importante n'a eu lieu. Ma santé est bonne, mais la chaleur est excessive. Je reçois ta lettre du 16, je sais bien bon gré à l'empereur (note . l'empereur François, son beau-père) de tout ce qu'il te témoigne et des soins qu'il te donne. Ne m'oublie pas auprès de lui. Tu peux donner à l'Université une collection de livres et de gravures. Cela lui sera fort agréable et ne te coûtera rien. J'en ai beaucoup. Adieu mon amie, tout à toi." Ce même jour, le sergent Bourgogne : " (...) par un beau temps, non pas par un temps affreux, comme le dit M. de Ségur, nous traversâmes le Niémen sur plusieurs ponts de bateaux que l'on venait de jeter, et nous entrâmes en Lithuanie, première province de Russie." Simultanément, les français passent le Niémen sur trois autres points : Grodno, Pilony et Tilsitt. |